This one's for you [Orpheus & Igor]

This one's for you

feat Igor

La nature était une éternelle source d'inspiration pour Orpheus. L'endroit d'où il venait, avant d'arriver dans cette ville, avait été souillé par l'industrie et la pollution, un endroit sans printemps ni automne, aux températures glaciales ou, au contraire, à la chaleur infernale, sans jamais de juste milieu. Dans ce contexte, il avait recherché, parfois désespérément, le contact de la nature. La fraîcheur de l'herbe couverte de rosée, les murmures du vent et ses caresses contre les joues... Oui, une véritable source d'inspiration pour le poète.

En arrivant en ville, il avait d'abord été catastrophé de constater qu'en ville,  peu d'espaces verts étaient présents. Mais sa panique s'était immédiatement apaisée lorsqu'il avait découvert les abords de la ville, avec ses rivières, sa forêt, la plage... Jusque-là, c'était la forêt qui avait sa préférence.

Eurydice travaillait, et Orpheus, lui, voulait passer la journée à composer. Il avait besoin de calme et de cet environnement qu'il chérissait tant. Il fit le choix, très naturellement, de s'enfoncer dans la forêt, là où l'ombre des arbres le protégerait du soleil et où les sons des animaux ne manqueraient pas d'accompagner ses tentatives de mélodie et de rimes.

Cela faisait près de vingt minutes qu'il s'était aventuré dans la forêt. Il pensait être seul, chantonnant pour lui-même pendant qu'il marchait, mais fut surpris de découvrir la présence d'un autre homme. D'abord stupéfait, Orpheus se détendit après quelques secondes.

- Je vous reconnais. Vous venez souvent à mes concerts, non ? Je vous aperçois quelques fois.

Il n'osa pas lui avouer que chaque fois, il était bouleversé par ce qu'il reconnaissait de mélancolie dans son regard. La sensibilité et la vulnérabilité des autres était extrêmement émouvante pour Orpheus. Autrefois, il pouvait exprimer librement son amour des hommes et sa volonté de tous les mener à pouvoir se défendre, s'émanciper et s'épanouir. Mais ici, il avait compris que son engouement lui attirait souvent des regards de travers, et il était trop doux en son coeur pour vouloir s'acharner à contrarier ceux qu'il aimait tant pour leur humanité, avec tous leurs défauts mais avant tout avec toutes leurs qualités.

- Avez-vous besoin d'aide ? s'inquiéta-t-il de sa voix douce.

Orpheus 

This one's for you

feat Igor

Le chanteur songea à s'excuser d'avoir visiblement troublé les songes de ce jeune homme. Mais sa curiosité et son intérêt naturel pour les autres avaient été plus rapides que lui, et il était à présent trop tard pour formuler des excuses puisque déjà, son interlocuteur lui répondait. Et il ne semblait pas lui en tenir rigueur, ce qui acheva de rassurer Orpheus, qui afficha un sourire ravi en entendant les compliments sur sa musique.

- Merci, répondit-il humblement sans manquer de continuer son observation silencieuse.

Il ne savait pas comment interpréter les propos de ce jeune homme, mais il se permit de s'approcher. Il voulut continuer de chercher sur son visage le moindre signe pouvant lui donner plus d'indications quant aux interprétations à faire, mais il se douta que c'était une observation qui pouvait le rendre mal à l'aise. Et ce n'était pas ce qu'il souhaitait. Orpheus voulait aider les hommes, non pas les incommoder.

- Si ma musique vous vient en aide, alors je peux m'estimer heureux d'avoir accompli ce pour quoi toute musique devrait être écrite.

Il s'exprimait doucement, posément. Il était conscient de son talent pour la musique et le chant : en tant que fils d'une Muse, il aurait été sot de le nier. Mais il n'en tirait aucune fierté excessive, se contentant de se réjouir de pouvoir apaiser, à son échelle, les âmes tourmentées.

La dernière question de son admirateur l'amusa. Il n'était pas entièrement surpris, puisqu'Alexander, rencontré quelques semaines plus tôt, avait déjà mentionné le fait que leur histoire, à lui et à Eurydice, était connue depuis des siècles chez certaines civilisations.

- C'est mon histoire. Ou en tout cas... L'histoire de mon épouse et de moi-même. Eurydice est en ville elle aussi. Mais je suis curieux de savoir ce que vous savez de notre relation.