(abandonné) Hush now, Dear Child. [Walburga & Scorpius]

Aussi surprenant que cela puisse paraître, Scorpius s’entendait très bien avec son arrière-grand-tante. Walburga était littéralement le type de personne que le jeune homme fuyait farouchement, poussé par sa timidité extrême. Scorpius était si maladroit que, dès l’instant où quelqu’un d’un tant soit peu austère, froid, rigide ou tout simplement loin d’être chaleureux se présentait à lui, il se fermait comme une huitre, balbutiait, devenait rouge pétard et faisait tout son possible pour abréger la conversation. La preuve en était qu’il avait passé son enfance à fuir son grand-père en se cachant dans les jambes de son père le plus souvent. Il n’allait pas mentir, la première fois qu’il rendit visite à Walburga, il eut immédiatement envie de prendre ses jambes à son cou, mais comme c’était son arrière-grand-tante, le jeune Malefoy avait alors consenti à faire un effort. Leur rendez-vous hebdomadaire lui prouvait qu’il avait bien fait de passer au-dessus de ses préjugés et d’aller au-delà de sa timidité puisqu’il avait eu le plaisir de découvrir Walburga qui restait une femme avec laquelle il aimait faire la conversation. Il avait l’impression qu’il pouvait aborder n’importe quel sujet avec elle-même si sur certains, ils n’étaient absolument pas d’accord — ce qui donnait lieu à des débats animés, mais sans jamais hausser le ton et toujours dans le respect. Leurs discussions étaient très enrichissantes pour lui, heureux de se confronter à d’autres points de vue et d’avoir des conversations plus matures et sérieuses. Le temps avait donné à Scorpius l’occasion d’apprécier cette femme de sa famille qui était possiblement incomprise par ses pairs, à ses yeux. Certains voyaient sûrement cela comme un défaut, mais Scorpius avait cette qualité de rendre appréciable n’importe qui en cherchant le bon en eux. Il n’aimait pas être radical, préférant se faire lui-même un avis sur les gens qu’ils fréquentaient. Bon, cette dynamique ne s’appliquait pas à des gens comme Voldemort, bien entendu.

L’appréhension dissipée, Scorpius prenait donc plaisir à rendre visite à Walburga. Il essayait toujours de lui ramener un petit quelque chose, comme une fleur, un livre qui lui avait fait penser à elle ou des petits bijoux chinés ici ou là. Il n’était pas du tout obligé, mais il le faisait de bon cœur, n’attendant absolument rien en retour. Sa famille était tellement éparse et disloquée qu’il n’avait pas réellement l’occasion de gâter qui que ce soit. Puis même, c’était bien son genre de vouloir faire plaisir sans attendre une occasion particulière. Cette fois-ci, comme il n’avait pas vu sa tante depuis très longtemps, il avait au bras un immense bouquet de fleurs. Il avait veillé à ce que la fleuriste ne le compose que de fleurs aux couleurs pâles, vieillies ou délavées afin d’éviter que la couleur ne jure avec les vêtements et la demeure plus sombres de Walburga.

Bref, une fois son bouquet en main, le jeune homme se rendit à la demeure de sa tante non sans joie. Il sonna. Elle ouvrit immédiatement et Scorpius ne put s’empêcher de lui offrir un immense sourire. « Bonjour ma tante ! » La voir lui faisait du bien vis-à-vis de tout ce qu’il avait vécu ces derniers temps. « Excusez-moi, j’ai un peu de retard. » D’une minute seulement. Mais pour lui cela restait du retard, étant très pointilleux et tatillon sur ces choses-là. Lorsqu’il y fut invité, il entra dans la demeure des Black puis suivit Walburga jusqu’au salon où ils avaient l’habitude de prendre le thé. Il attendit qu’elle s’assoie sur son fauteuil pour lui tendre le bouquet. « Tenez, c’est pour vous. J’ai pensé à vous en les voyant. » Ses pommettes se teintèrent brièvement de rouge, couronné d’un sourire si discret qu’il était à peine perceptible. Une fois débarrassé de son bouquet et le thé servi, Scorpius prit place à côté de sa tante. Par politesse, il attendit qu’elle boive la première pour en faire de même. « Et bien… J’ai repris les cours cette semaine. J’aime toujours autant ce que j’étudie. » Il ne lui mentionnait pas le fait qu’il avait redoublé sa première année à cause de ce qu’il s’était passé pour lui l’année dernière entre la perte d’Albus, Voldemort et tout le reste. Puis, en dehors de ça, Scorpius en avait même un peu honte comme il avait toujours été un élève extrêmement studieux et assidu. Parfois, la vie ne nous laissait pas le choix de déroger à nos habitudes de toute façon… Il ne s’attardait pas trop, enchainant. « C’est très enrichissant. Je sais que, vous et moi, nous n’avons pas le même avis sur la question, mais… J’apprends beaucoup des moldus. Étudier la chimie, c’est comme une sorte de magie pour eux. J’ai même l’impression parfois de me retrouver dans mes cours de potions, à Poudlard ! Ils sont très ingénieux. Ils arrivent à pallier beaucoup de problèmes qu’on résout de notre côté à coups de sorts et autres. » Une oreille extérieure pourrait croire que Scorpius voyait les humains dépourvus de magie comme des curiosités à étudier, mais c’était ce que les moldus étaient pour la quasi-totalité du monde magique. Il n’y avait cependant rien de condescendant ou de méprisant dans ses propos, contrairement à bien des sorciers (surtout les sangs purs) dès qu’ils abordaient le sujet. « J’ai retrouvé mes amis aussi. Ça m’a fait du bien parce qu’ils… m’ont beaucoup manqué… ces derniers temps. » ajoutait-il, le regard et le sourire fanés. Scorpius éludait beaucoup de choses aux côtés de Wlaburga parce qu’il ne savait pas s’il avait bien envie de parler d’Albus et des soucis qu’il avait avec elle. Il voulait aborder… quelque chose de plus léger, pour une fois. « Et vous, votre semaine ? Vous ne vous êtes pas trop ennuyée de moi ? » concluait-il, étouffant un bref rire à la suite de sa remarque un brin narcissique qui n’avait rien de sérieux.