☾☾ Le monde entier d'Astoria venait de s'écrouler mais contre toute attente, elle restait victorieuse, droite et cherchant le bon dans l'avenir proche. Elle avait retrouvé Scorpius, et son être tout entier c'était attristé en pensant que son fils, la prunelle de ses yeux étaient également mort et c'était réincarné. Sauf que bien vite, la vérité lui avait été exposé. Elle n'avait jamais été réincarné, simplement transporté dans ce monde. Et soudainement plusieurs choses avaient fait tilt dans l'esprit de l'ancienne sorcière. Le plus grand, étant la "coïncidence" du nom de son époux. Elle n'avait pas encore pris la décision de l'interrogé concernant son identité, car en soit ça ne changeait pas les sentiments qu'elle éprouvait pour lui. Et puis surtout, elle avait plus important à faire sur le moment. Car si Scorpius l'avait retrouvé et qu'il lui avait annoncé bon nombre de choses, la présence de son père était assez importante dans l'esprit de la brune. Mais il lui avait également appris que Drago n'avait pas de souvenir d'elle. Astoria ne savait pas si c'était ou non une bonne chose. Elle aimait Drago, ça n'allait probablement jamais changé, il était son premier amour. Sauf que pour elle, une trentaine d'années s'était écoulé, elle avait eu une seconde vie. Alors peut-être que dans le fond elle était contente qu'il n'ait pas de souvenirs d'elle, qu'il n'ait pas à souffrir de son absence.
Elle avait demandé à son fils l'adresse à laquelle l'héritier des Malefoy travaillait, il fallait qu'elle le voit, et cela même s'il ne se souvenait pas d'elle. Drago était une immense partie de son ancienne vie. Elle l'avait longtemps admiré de loin, gardant sa place de jeune élève, celle de la petite sœur de Daphné. Et puis, elle avait réussit à attraper son cœur au vol, comme l'attrapeuse qu'elle n'a jamais été.
Poussant la porte du bâtiment, un fin sourire étira les lèvres de la jeune femme. C'était la même atmosphère qu'au manoir Malefoy, le genre d'endroit qu'elle évitait en temps normal. Elle avait toujours été auprès de Drago, mais ça ne voulait pas dire qu'elle appréciait pour autant sa famille et les idéologies de celle-ci. Et c'était l'une des raisons pour laquelle elle avait tellement aimé son ancien époux, parce que pour elle, il avait rejeté toutes les choses dans lesquels il avait baigné durant son enfance. Elle s'arrêta devant le bureau de la secrétaire et plongea son regard dans le sien avec douceur. « Bonjour, excusez de vous déranger, j'aurais aimé savoir s'il était possible de voir Monsieur Malefoy juste quelques minutes. C'est important.» La petite dame face à elle la fixa étrangement, l'air de penser qu'Astoria était dingue de seulement poser cette question. « Je suis désolée Madame mais si vous n'avez pas de rendez-vous ça ne sera pas possible.» Elle n'allait pas lâcher la chose. « Je vous promets que c'est juste l'espace de quelques minutes. Je n'ai pas vu Drago depuis des années et il faut réellement que je le vois.» La secrétaire secoua la tête. « Je ne peux rien pour vous.» La brune soupira avant de lâcher sa dernière carte. « Même si je vous dit être la mère du fils de votre patron ?» Mais la secrétaire semblait connaître son travail sur le bout des doigts, peut-être lui avait-on déjà fait le coup. « Qu'est ce qui me prouve que c'est la vérité ?» Un soupir s'échappa des lèvres de l'ancienne sorcière. « Vous voulez peut-être que je vous apporte mon fils pour voir la ressemblance ?» Puis lui vint l'idée de demander à la secrétaire de carrément appeler Drago, mais c'était peine perdu, car d'après les dires de Scorpius, Drago ne la reconnaitrait même pas. « Le pire c'est qu'il ne pourra même pas confirmer mes propos...» Dit-elle pour elle-même. Elle passa une main sur son visage. Avant de reporter son regard sur la secrétaire. « Si ça ne pose pas de problème, je vais attendre ici, jusqu'à ce que je puisse le voir.» Cette fois-ci, pas de réticence de sa part. Alors Astoria s'installa sur l'un des sièges de la "salle d'attente" et elle patienta en silence. La persévérance avant tout. Et parfois ça portait ses fruits. La voix de la secrétaire se fit à nouveau entendre. « Bon Madame... Je ne devrais pas mais... Lorsque le rendez-vous de Maître Malefoy se termine, vous pouvez aller le voir. Mais seulement quelques minutes !» Le visage de la brune s'illumina. « Merci beaucoup. Vous êtes une âme aimable.»
Elle attendit encore une bonne vingtaine de minutes avant que la porte du bureau de Drago ne s'ouvre, laissant une vieille femme sortir. La porte se referma derrière elle, signe qu'Astoria interpréta comme étant son signal de départ. Elle se leva et vint donner quelques coups avant d'ouvrir la porte. N'attendant pas une quelconque réponse. Déposant son regard sur la silhouette de son ancien époux, un sourire se dessina sur ses lèvres. « Bonjour Drago.» Elle referma la porte derrière elle avant de s'avancer de quelques pas vers lui. « Je me doute que tu ne sais pas qui je suis. Scorpius m'a dit.»
☾☾ Les minutes interminables défilent. Le temps file, comme les grains de sable dans le sablier en verre qui trône entre deux ouvrages de procédure civile, dans sa grande bibliothèque. Il acquiesce silencieusement aux requêtes de l’un de ses meilleurs clients, avant de prendre quelques notes en ce qui concerne l’établissement d’un certain nombre d’actes notariés. « Ce sera délivré à votre adresse d’ici une petite semaine. » confesse-t-il avec un sérieux exemplaire. « Je vous remercie, une fois encore, pour votre confiance. » Drago Malefoy est faussement courtois, dissimulant sa profonde lassitude. Il est las d’un métier qui ne lui inspire qu’ennui et dégoût, mais c’est sa vie maintenant. Son monde, la magie, tout cela est désormais bien loin derrière lui. Bien qu’il conserve sa baguette, pour une raison inconnue, celle-ci refuse de faire de la magie. Il se retrouve comme un simple Moldu, avec une double vie implantée dans son esprit. Une vie qu’il aurait mené jusqu’à maintenant sur cette île, comme propriétaire d’un office notarial hérité de son père. Quelle ironie. Jamais Lucius n’aurait consenti à ce genre d’absurdités. Il referme ses dossiers et se lève de son fauteuil en cuir marron chocolat, une main levée poliment en direction de la porte de son cabinet. « Je ne vous raccompagne pas, ma secrétaire s’en chargera. » précise-t-il, non sans arrogance. Drago est le meilleur en ville, voilà au moins une grande satisfaction pour lui. En sortant, le vieil homme croise deux femmes sur son chemin. Drago est distrait, encore en train de prendre des notes, si bien qu’il ne réalise pas que sa secrétaire entre avec une invitée surprise. Lorsqu’il relève la tête de son calepin, ce qu’il aperçoit le foudroie sur place. Une jeune femme, âgée d’une trentaine d’années se tient fièrement aux côtés de sa secrétaire. Une jeune femme qu’il ne semble pas connaître. Une cliente ? Un rendez-vous de dernière minute qui s’est greffé entre temps ? Drago maudit pendant une fraction de seconde sa secrétaire de ne pas l’en avoir averti, avant que les premiers mots de la jeune femme ne le fassent basculer. Soudainement pris de vertiges, le jeune Malefoy reste debout derrière son imposant bureau en chêne massif. Il se tient fermement aux bords du meuble et soutient son regard avec une certaine défiance.
Drago Malefoy pense certainement qu’il est l’un des moins bien lotis, parmi toutes les personnes arrivées sur cette île. Il est persuadé ne pas avoir eu de chance, malgré le fait que ses souvenirs soient encore fortement imprimés en lui, ce n’est pas le cas de l’amour de sa vie, la femme de son fils unique Scorpius. Lorsqu’elle apparaît sur le pas de la porte de son bureau, accompagné de sa secrétaire, quelque chose se passe alors en lui. Drago est incapable de la reconnaître, mais il sent bien qu’elle ne lui est pas inconnue. Il ignore jusqu’à son prénom ou son nom de famille, mais une douloureuse contracture au niveau de son palpitant réveille en lui toute la force de ses sentiments. Lorsqu’elle évoque son fils et sa perte de mémoire manifeste, ce n’est que la confirmation de ce qu’il redoute. « Astoria. » souffle-t-il doucement, sans réellement comprendre ce que ce prénom signifie vraiment pour lui. Du moins, ce que ce prénom signifiait par le passé, dans leur monde. Une famille heureuse. Une famille soudée. Scorpius lui a souvent décrit Astoria comme la femme de sa vie. Il lui a souvent parlé de leur couple idyllique et de l’amour froid mais profond qu’ils se sont voués au fil des années en quittant Poudlard. Elle semble surprise d’être appelée par son prénom, comme s’il avait eu l’air de l’identifier. C’est à moitié vrai. Il ne se souvient pas, mais il a deviné qu’il ne pouvait s’agir que d’Astoria. Elle n’aurait pas eu besoin de citer leur fils pour qu’il s’en rende compte. Il le sent, quelque part et profondément en lui, Drago sait simplement que c’est elle. Chaque fibre de son corps est fortement éprise de cette femme. « Scorpius dit vrai. » affirme-t-il, douloureusement. Drago voudrait que son fils ait tort, mais ce n’est pas le cas. Devant elle, le notaire est désarmé. Son palpitant bat fortement dans sa cage thoracique, désespérément, en manquant un battement sous l’effort. Drago retient son souffle quelques instants, avant de poursuivre toujours aussi calmement, avec un léger tremblement dans le son de sa voix : « Je ne me souviens pas de toi. » Cela a au moins le mérite d’être clair. Drago la coupe avant qu’elle ne s’apprête à dire quoi que ce soit. « Je ne me souviens pas, mais je ressens quelque chose. » confesse-t-il avant de plonger ses deux orbes d’acier dans les siens, appréciant chaque détail de son visage de porcelaine. Il essaie de se souvenir avec force en analysant chaque ride d’expression, chaque ligne, chaque rictus. Drago veut se souvenir en capturant chaque détail d’elle, afin de l’imprimer en lui. Plus que tout au monde. Drago veut se rappeler de tout, au prix d’être de nouveau assiégé par toute cette souffrance et ces émotions négatives. Il n’en a aucune preuve, mais une voix chuchote dans son esprit qu’il a occulté son existence dans un but d’auto-préservation. « Je t’en prie. Assieds-toi. » D’un geste poli de la main, Drago désigne le fauteuil encore chaud qui se trouve devant son bureau. Pas une seule fois, il ne l’a quitté du regard. Ses yeux sont intenses, tout comme la force de ses résolutions. Drago veut mettre un visage et un corps sur ces sentiments comprimés en lui.
CODAGE PAR AMATIS
@Astoria Greengrass Je me permets de te "piquer" ton modèle de RP mais je le trouve tellement beau
Invité
Sam 9 Juil - 17:52
Long time no see
Your future needs you. Your past doesn't.
☾☾ Astoria n'avait jamais été quelqu'un qui appréciait rester derrière un bureau pour travailler. Le fait d'avoir passé la majeure partie de son adolescence coincée dans un lit de l'infirmerie n'aidant pas sa vision des choses. L'idée d'être enfermé et de faire pratiquement tout les jours la même action, c'était impensable pour elle. Alors ce n'était pas surprenant de la voir institutrice, chacun des enfants à qui elle avait eu le plaisir d'apprendre une nouvelle information lui apportait quelque chose en retour. Chacune de ses journées était différente. Et aujourd'hui encore plus que d'ordinaire. Elle allait revoir celui qu'elle avait tellement aimé. Celui qu'elle avait admiré durant son enfance. Et celui avec qui elle avait fondé une famille.
Astoria ne savait pas exactement ce qu'elle attendait de cette rencontre. Parce qu'il ne se souvenait pas d'elle, de quoi pourraient-ils bien parler ? Est ce qu'ils allaient devoir se parler formellement, comme deux inconnus alors qu'ils avaient partagés leur vie pendant plusieurs années. Alors qu'ils avaient eu Scorpius ensembles ? L'ancienne sorcière voulait absolument que les choses fonctionnent. Pas comme avant, car beaucoup de choses avaient changés. Astoria ne souhaitait pas retrouvé l'amour de Drago, du moins pas celui qu'ils avaient échangés en tant que mari et femme. Non, elle voulait juste retrouver son meilleur ami, son plus grand allié. Elle voulait que leur relation soit assez cordiale pour que toutes les décisions concernant Scorpius ne soient pas un problème. Car si Astoria avait manqué quelques années de la vie de son fils, elle refusait d'être mise de côté maintenant qu'elle l'avait retrouvé.
Avec un sourire digne de la gentillesse émanant de la jeune Greengrass, elle accueillit le client sortant du bureau. Le remerciant silencieusement de lui laisser la place, celui-ci ignorant complètement la raison de l'acte de la brune mais il lui rendit tout de même. Et Astoria disparu à l'intérieur du bureau. C'était comme avant. Ce n'était pas le même endroit, mais le bureau que Drago possédait dans leur ancienne demeure avait exactement le même style. Astoria ne s'y était jamais sentit vraiment à sa place, mais elle avait souvent apporté de quoi boire à son époux, le dérangeant pour le forcer à faire une pause. Elle voudrait faire demi tour, elle sait très bien qu'elle n'a rien à faire ici dans ce bureau, Drago n'est plus celui qui lui avait offert son cœur, et même Astoria n'était plus la même. Mais elle devait le faire, pour Scorpius.
Et puis comment résister à l'envie de parler avec Drago lorsque malgré les souvenirs disparus, il prononce son prénom. Le cœur de la jeune femme manqua à battement alors qu'elle le fixait, interdite. Scorpius lui avait probablement dit, mais ça n'empêchait pas la jeune femme d'espérer que sa seule vision avait pu ramener quelques souvenirs agréables à l'esprit du blond. Mais elle fut durement ramené à la réalité lorsqu'il confirme les dires de leur fils. Elle voudrait répondre, mais quoi ? Elle ouvre la bouche, cherchant encore ses mots, mais avant de pouvoir sortir une seule parole, Drago reprends la parole. Et elle pourrait presque défaillir. Elle doit se forcer à respirer pour garder un minimum de consistance. Elle aime son époux, ce monde fut bien décidé de lui compliquer la tache en l'attachant à cet autre homme alors qu'elle retrouve son ancien mari. Drago fut son premier amour, et personne n'oublie cela. Alors savoir qu'il avait toujours des sentiments présents, c'était forcément un sacré coup à digérer. Après, il fallait encore savoir de quoi était fait ces dits sentiments. Parce qu'Astoria avait beau être son épouse pendant plusieurs années, elle avait aussi été pendant autant de temps la petite sœur malade et presque insupportable de Daphné.
Elle accepta la requête du blond, se détachant à son regard, le défier lui semblant bien trop compliqué pour le moment. Elle s'installa sur le fauteuil avant de prendre une grande inspiration et de plonger son regard dans le sien. La douceur de son regard chocolat contre la brutalité de ses yeux bleus. « De quoi tu te souviens exactement ?» C'était une question droite au but, histoire de savoir où se situer au maximum.
☾☾ En la regardant de plus près, c’est un sentiment bien étrange qui s’empare de lui. De l’amour. Un amour doux, nostalgique, lancinant. Une douleur grondante, qui remonte dans ses tripes, jusqu’aux haut-le-coeurs. Drago Malefoy est frappé par cette dualité sordide. Une part de lui a envie de la chérir plus que tout, de la prendre dans ses bras et de lui promettre que plus jamais, il ne l’abandonnera. Que plus jamais, il ne la quittera. Une autre part, s’efforce de demeurer froide et lointaine, parce qu’Astoria Greengrass incarne un éclat solaire dont il ne se sent pas spécialement digne, faute d’avoir recouvré ses souvenirs. C’est un vrai tumulte des sentiments au fond de lui. La contradiction de ses sentiments le dévore lentement, si bien qu’il n’ose défier son regard. Il ne se sent pas prêt à exprimer toute la dureté de ses orbes bleutés. Pas avec elle. Pas devant elle. Astoria est… elle est la mère de son fils, elle est son deuxième amour, elle est sa première femme. Elle est surtout sa part de bonté, de lumière. Astoria a éveillé en lui, il y a bien longtemps, autre chose que l’adolescent arrogant et capricieux qu’il a été durant toute sa scolarité à Poudlard. Astoria a rencontré la froideur de son âme pour en sortir toute la clémence et la bienveillance dont celle-ci est capable. Parce que Drago Malefoy est capable de bonté. Il le peut. Il l’a prouvé à maintes reprises, en élevant leur fils autrement que dans les convictions suprémacistes qui furent celles de leurs familles respectives. Astoria est sa lumière, son phare dans la nuit noire. Pendant des années, ce fut son rôle, celui d’épouse et d’amoureuse. Astoria est sa confidente, sa meilleure amie. Astoria, cette douce créature aux yeux si tendres, d’un marron chocolat sucré. Des yeux qu’il chérit encore aujourd’hui, aussi étrange cela soit-il.
Drago inspire une bouffée d’air, tout en contractant les muscles de ses mains, plaquées contre le bord vernis de son grand bureau en chêne massif — il s’efforce tant bien que mal de dissimuler la violence en lui. Drago Malefoy est encore amoureux d’Astoria Greengrass. Elle est sa femme et la mère de son fils unique. On n’oublie pas ainsi des sentiments aussi sincères, pas d’un claquement de doigt. Drago sent bien qu’au fond, cette femme élégante et douce signifie énormément pour lui. Astoria l’apaise par la douceur de son regard, la chaleur dans le timbre de sa voix. Il y a quelque chose de réellement apaisant dans son intonation cristalline. Dieu comme il a envie de se lever, de la prendre dans ses bras et de la serrer si fort, jusqu’à lui briser les os. Il désire tant l’aimer, comme au premier jour. Parce que c’est ce qu’il ressent, avec la puissance d’un ouragan. Il l’aime, mais il ne se souvient pas d’elle. Comment est-ce possible ? Drago est frappé par la violence de son coeur, au point d’en avoir le souffle presque coupé. Et lorsqu’enfin, elle accepta de prendre place sur le fauteuil situé en face de son bureau en chêne, le coeur de Drago sembla ralentir la cadence, pour en adopter une plus lente et rassurée. Astoria le soulage. Astoria le conforte. Astoria est son point d’ancrage. Elle lui pose enfin cette fatidique question : « De quoi tu te souviens exactement ? » Vraiment… Lui-même n’est pas certain d’être capable d’y répondre sans prendre le risque de plonger encore plus dans la noirceur de son âme.
Spontanément, il répond d’une voix grave, légèrement tremblante : « Je… Le plus drôle est sans doute que je ne m’en souviens pas. »Un sourire étrange et amer se dessine sur ses lèvres fines. Drago hausse les épaules, en détournant encore plus le regard du marron tendre de ceux de sa femme. « Je me souviens de toute ma vie, dans les moindres détails. De la naissance de Drago, de notre mariage, des sentiments que j’éprouve encore pour toi, mais… Ton visage ne m’apparait pas, comme ton corps. C’est comme s’il y avait un voile entre nous, comme si on avait gommé ton existence de tous mes souvenirs. Je ressens… Je ne sais pas comment je me sens, en vérité. Je sais juste que ta présence est ce qui m’est arrivé de mieux depuis des années. » confesse-t-il sans se plier à une stratégie de langue de bois. Il préfère être honnête, quitte à ce que ses propos soient durs, ils ont au moins le mérite d’être sincères et émouvants. Malgré la brutalité de ses mots, son regard se dirige lentement vers celui d’Astoria. Drago le capture, ne pouvant désormais plus s’empêcher d’en admirer toutes les facettes. Astoria est magnifique, elle possède ce petit quelque chose de réconfortant qu’il est bien incapable d’expliquer.
Drago ne dissimule pas son soulagement. Les traits de son visage s’adoucissent lentement, comme par magie. Astoria est actuellement à la place qu’elle a toujours occupé dans sa vie et dans son coeur. En face de lui. A ses côtés. Leurs mains ne se touchent pas, pas encore, mais c’est comme un supplice. Elle est là, si proche de lui, et pourtant si loin en même temps. Drago se sent soudainement frappé par de terribles vertiges. Il se serait senti vraiment bête et perdu, si elle avait décliné sa proposition, et s’en était allée sans demander son reste. Il ne l’aurait pas montré, parce que son éducation stricte lui impose de conserver ses émotions — les plus vulnérables d’entre elles, mais il aurait été réellement brisé par cet abandon. Pourtant, n’est-ce pas lui qui l’a honteusement abandonnée, en perdant la mémoire ? En perdant tous leurs beaux souvenirs, leurs étreintes, leurs sourires, leurs éclats de rire partagés… Ces éclats de rire, qu’il entend presque distinctement à ce moment même, et qu’il ne peut d’ailleurs s’empêcher de commenter, d’une voix aussi caressante qu’un murmure : « Je les entends… J’entends des rires, constamment. J’entends ta voix, dans mes rêves et dans les moments les plus… difficiles. Je t’entends, Astoria. Je m’y accroche, mais quelque chose m’empêche de prendre ta main, de mettre une image sur ce rire ou ces paroles. Parce que tu me parles souvent. J’ai ces souvenirs confus en tête depuis mon arrivée sur cette foutue île… » déplore-t-il, en cherchant de la main celle de celle qu'il a longtemps aimé comme sa femme. Le geste est maladroit et hésitant, mais il exprime-là un besoin de caresser un terrain familier. Du moins, qu'il ressent comme tel, même si tout dans la femme qui se trouve sous ses yeux n'a absolument rien de familier.