Les températures plus clémentes de ce début de mois d’avril invitent nombre d’habitants de la ville à une déplorable flânerie qui insupporte profondément l’ancienne reine de Westeros, qui a toujours trouvé à ces lambinages une totale vacuité. Et pourtant, en cet instant, on ne peut pas dire qu’elle se distingue de la masse des promeneurs venus profiter des rayons du soleil de ce début d’après-midi. Cersei n’a jamais vraiment compris quel intérêt l’on pouvait trouver à ces simples promenades naïves qui n’avaient que pour effet d’abrutir des cerveaux déjà peu habitués à la réflexion. Certes, le cerveau s’active, constamment, même quand il donne l’impression d’être au repos. Mais ce n’est pas pour autant que les pensées qui en émergent sont dignes d’intérêt en quoi que ce soit.
Elle-même a le sentiment, en cet instant, de perdre magistralement son temps, en employant ce dernier à une activité d’une frivolité tout à fait absurde, malheureusement, il n’est pas question que d’elle. Malheureusement et heureusement en même temps, car à la prunelle de ses yeux, Cersei ne renoncerait jamais. Tywald, son fils, réclame son attention, et de sortir, direction le parc, donc, le tout pour réclamer sa poussette après n’avoir marché que quelques minutes, et s’y endormir quelques minutes plus tard encore. Ici, nulle servante au service seul de l’éducation et du soin de son seul fils restant, elle ne peut, ne veut pas le permettre. Le faire garder exige d’ores et déjà de sa part un effort presque surnaturel tant elle a conscience que tout, absolument tout pourrait arriver en son absence. Elle ne laissera personne réserver à Tywald le même sort qu’à ses enfants, Joffrey, Tommen et Myrcella… c’est un deuil qu’elle ne serait pas en mesure d’endurer une fois de plus. Alors oui, elle sacrifie de son emploi du temps précieux pour le confort de Tywald, tout en s’exaspérant de ce qu’elle n’est pas en mesure de faire dans l’intervalle… mais peut-être qu’il fallait qu’elle se rende en cet endroit, tout compte fait, puisqu’elle devait le trouver ici.
Tyrion, le frère indigne, le nabot, tranquillement installé sur un banc du parc. Sourcils froncés, Cersei l’observe, incertaine de ce qu’elle voit, mais non, elle n’est pas la victime d’une illusion : il ne peut s’agir que de lui. Cette silhouette qu’elle estime ingrate ne peut être que la sienne. Il n’y en a pas deux comme lui, et à dire vrai, c’est préférable. Au fond, ça ne devrait pas être une surprise. Elle a retrouvé Jaime, certes, mais également la reine des dragons et l’insupportable Lyanna Stark… Retrouver son frère parmi les nombreux fantômes de son passé devait être, par conséquent, dans la suite logique des choses. Affairé à elle ne sait quoi, il n’a pas l’air de constater sa présence avant qu’elle ne vienne l’aborder directement, ce qui l’exaspère encore davantage (et sans doute le sait-il).
« J’aurais dû me douter que ce monde viendrait y recracher mon nabot de frère. »
Son ton est direct, et bien sûr méprisant. Avec Tyrion, impossible de jouer la carte de l’amnésie qui lui a autrement tant de fois servie. La confrontation se doit d’être directe. Et pourtant, elle n’est pas en présence de qui elle pense avoir retrouvé.
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Mer 13 Avr - 18:39
I have a sister now?
Cyrano & Cersei
Quelqu'un a dit que le meilleur des poètes trouvait inspiration en chaque chose. Ce quelqu'un était probablement Cyrano, mais chaque expression n'était que répétition constante des propos d'autrui, siècles après siècles, et il serait arrogant de sa part de se clamer auteur d'une quelconque phrase.
Les assembler avec harmonie, en revanche, faisait de lui un auteur, et c'était exactement ce qu'il tentait de faire, puisant en ce qui l'entourait pour donner vie à ses pensées. Le regard légèrement levé de son carnet, Cyrano traçait distraitement ses lettres, donnant libre cours à sa cervelle. Il aurait tout le temps de peaufiner ses mots davantage plus tard. Ce n'était que l'esquisse d'une pièce qu'il posait sur le papier, loin des œuvres d'amour qu'il avait pu enchaîner pour la belle Roxane.
Son coeur pinça brièvement en pensant à ce doux nom, et les souvenirs qui y étaient associés. Il semblerait que, quel que soit le cheminement de ses pensées, Cyrano était destiné à revenir étreindre la douleur qui avait été compagne forcée toutes ces années. Même au sein de ce nouveau monde, où il s'était construit hors de la guerre et des obligations qui étaient les siennes en tant que soldat, il ne parvenait pas à échapper complètement à ses tourments.
Quelques mots de plus sur le papier. Les lettres du nom de Roxane finissent de se tracer lorsqu'une voix inconnue se fait entendre à quelques pas de lui. Cyrano releva la tête, regardant brièvement autour de lui, avant de constater que cette parfaite inconnue et lui-même étaient seuls. Personne dans un rayon pouvant laisser penser que ces paroles seraient destinées à un autre.
Cyrano haussa un sourcil, intrigué. L'insulte l'avait à peine effleuré, comme la piqûre d'un insecte à laquelle il était habitué depuis trop longtemps, mais c'était bien le mot "frère" qui avait retenu son attention, une incongruité pour l'homme qui était né fils unique.
Ses parents avaient eu tant de mal à concevoir, des efforts et des prières interminables pour que Dieu, dans son infinie générosité, daigne leur accorder leur souhait, pour le plus grand de leurs regrets. Une fratrie n'avait certainement pas été envisageable, pas sans risquer la vie de sa mère, pas sans craindre un autre Cyrano dans leur existence.
Fermant son carnet avec précaution, Cyrano le glissa dans sa sacoche, avant de reporter son attention sur l'inconnue qui, de toute évidence, s'adressait à lui comme s'il le connaissait.
Un simple "vous vous trompez de personne" pourrait trop rapidement mettre fin à une interaction bienvenue pour éloigner ses pensées de Roxane et des regrets qu'il nourrissait. Au lieu de cela, Cyrano se décida pour une réponse légèrement effrontée, comme il en avait l'habitude :
"N'est-il pas de coutume de commencer toute discussion par de courtoises salutations ? Dans ce monde ou dans un autre, c'est bien la seule chose qui n'ait pas changé à ce jour."
Un léger sourire aux lèvres, il ajouta ensuite, tapotant le bois du banc du bout de ses doigts :
"Mes salutations. Il est regrettable que vos manières n'aient pas été transportées avec vous dans cette ville. La politesse constitue la noblesse de l'âme, après tout."
Une politesse savamment maniée, en tout cas... Entre les bonnes mains, elle pouvait s'avérer aussi tranchante que la plus affilée des lames.
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Dernière édition par Cyrano de Bergerac le Ven 22 Avr - 16:26, édité 2 fois
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Jeu 21 Avr - 18:23
If you're not my brother, who are you?
feat. Cyrano
Il suffit à Cyrano de quelques mots pour convaincre Cersei sans le vouloir qu’elle se trouve bien, en cet instant, en présence de cet avorton de frère dont elle reconnaît aussitôt, en plus du voix et du visage, l’insupportable verve et ce besoin constant d’avoir un dernier mot que sa sœur a toujours catégoriquement refusé de lui accorder. D’aucuns mériteraient de sa part quelques salutations hypocrites, c'est un privilège (relativement rare) qu’elle accorde aux quelques-uns dans les bonnes grâces desquels elle espère se trouver. Mais elle ne ressent ni l’envie, ni la nécessité, ni la nécessité de rentrer dans les bonnes grâces de Tyrion.
Elle garde pour elle le souvenir de leur dernier véritable échange, ce qui aurait pu laisser, peut-être, suggérer entre eux la perspective d’une trêve qui n’eut finalement jamais eu lieu. Cersei n’envisage pas que le nabot ait pu pleurer sa dépouille autant que celle de son frère. Le revoir ici, et en pleine disposition de ses moyens, réveille son animosité sans réserve… Et c’est presque, quelque part, un privilège qu’elle lui accorde, en autorisant leurs joutes verbales plutôt que de jouer la carte de l’amnésie, en lui offrant son vrai visage, elle lui offre, sans même y réfléchir, davantage d’égard qu’elle ne se serait crue capable d’en accorder à son frère.
Alors oui, elle ignore sublimement sa réflexion, le jaugeant de toute sa hauteur. En toutes circonstances, les airs hautains de Cersei l’accompagnent comme une seconde peau, mais en présence de Tyrion, elle a toujours eu tendance de se redresser encore davantage, comme si elle devait nécessairement insister sur leur différence pourtant manifeste de taille.
« Tyrion Lannister entend m’adresser des leçons élémentaires de courtoisie. C’est d’une ironie consommée », fait-elle toujours sans envisager de lui adresser la déférence qu’il réclame.
Elle n’estime pas lui en devoir la moindre, et elle ne compte pas rentrer dans ce qu’elle estime être le jeu qu’il cherche à instaurer en cet instant. Elle ne sait pas ce qu’il recherche exactement, si ce n’est peut-être jouer avec ses nerfs (et dans ces cas, cela se révèle particulièrement efficace), mais quoi qu’il en soit, il ne saurait être question pour elle de lui permettre d’obtenir gain de cause. Non, nulle politesse n’est ici admise, au contraire, cette amorce d’échange lui donne plutôt l’envie de se montrer d’autant plus acerbe et virulente. Et elle ne se prive pas de l’être, d’ailleurs.
« Ce monde t’a fait du bien, l’on dirait, il t’a presque rendu moins hideux », constate-t-elle en référence à la balafre qu’il devrait avoir au visage et qui en est absente. « En revanche tu as toujours la langue aussi bien pendue. A se demander au nom de quel miracle nul ne te l’a jamais arrachée. »
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Invité
Jeu 21 Avr - 22:52
I have a sister now?
Cyrano & Cersei
Tyrion Lannister... C'était donc le nom qu'elle lui prêtait, la personne qu'il était supposé être aux yeux de cette inconnue. Qui qu'il puisse être, il ne semblait pas être aimé, ou bien de cette étrange manière qui semblait transcender la haine pour donner naissance à quelque chose de plus fort et incompréhensible encore.
Cyrano était observateur, et il avait vite compris que les "géants", comme il aimait parfois à penser des gens "normaux", appréciaient de lui rappeler constamment, par leurs mots et leur attitude, leur différence de taille. Il n'y voyait plus une offense, pas après tout ce temps. Non, c'était presque pathétique, comme s'il leur fallait absolument se reposer sur ce détail plus qu'évident pour qu'ils se sentent confortables dans leur impression de supériorité.
Malgré tout, son ego restait piqué, et Cyrano s'était tant et si bien habitué à parler pour un autre que se glisser dans le rôle de ce Tyrion était presque une seconde nature. Il ne connaissait cet homme ni d'Eve ni d'Adam, mais s'il lui était semblable et si peu aimé de ceux qui auraient dû être là pour lui, s'il n'avait pas eu de Roxane pour aimer et espérer être aimé, Tyrion était un être bien triste, et Cyrano se dévouait volontiers à prendre les armes et les mots pour lui.
"Vous parlez, parlez, mais il n'y a toujours pas l'ombre d'une salutation. Il me semble que mon rappel sur la courtoisie était loin d'être déplacé, peu importe qu'il vienne de ma personne."
Cyrano ne put s'empêcher de rire lorsque l'inconnue lui fit tout bonnement savoir qu'il était moins "hideux" que l'homme auquel il ressemblait. Qui qu'elle puisse être, cette dame était décidée à ne pas prendre de gants avec lui, et Cyrano s'en amusait diablement. C'était une chose de jouster verbalement avec des nobliaux et de mauvais acteurs, c'en était une autre d'avoir une dispute avec la soeur qu'il n'avait jamais eue. Une soeur qui ne prenait pas même la peine de dissimuler ses sentiments derrière des flagorneries, comme bien d'autres le feraient...
"Un exploit, n'est-ce pas ? Jusqu'alors, ma laideur faisait fuir femmes, enfants et bêtes en tout genre. Ici, il semblerait que les animaux me tolèrent davantage. Certains viennent même me faire la conversation, dans l'espoir d'occuper la vacuité de leur existence."
Cyrano tapota doucement la place libre sur le banc sur lequel il était toujours assis, un sourire aux lèvres. Il avait refusé de se lever, cela aurait donné davantage d'importance à son interlocutrice s'il avait vainement tenté de se mettre à sa hauteur, les pieds sur terre. Après tout, pourquoi ne se mettrait-elle pas à son niveau ? Elle resterait supérieure de taille, quoi qu'il puisse se passer.
"Beaucoup ont essayé de m'arracher la langue, ils ont tous échoué, comme vous pouvez le constater, très chère. Il serait dommage de priver ce monde ou un autre de ma verve et de mes mots, quand votre propre répertoire semble se limiter tristement à des attaques sur le physique. Pensez-vous sincèrement que je n'ai pas mille fois entendu que j'étais hideux ? A faire pleurer ou rire les pauvres personnes qui ont assisté à ma naissance ? Il en faudra davantage pour me désarçonner."
Cyrano indiqua brièvement la poussette dans laquelle se trouvait l'enfant de cette parfaite inconnue. Son neveu, s'il en venait à assumer complètement l'identité de Tyrion Lannister... Cyrano n'avait jamais été dans cette position. Pas de frères ou de soeurs ayant suivi sa difficile naissance, qui auraient pu apporter à ses parents la joie de petits-enfants ordinaires. Non, juste lui, et son amour qu'il avait tu trop longtemps pour une femme qui méritait plus que ce qu'il pouvait jamais lui offrir...
"Il est dommageable qu'un tel exemple soit donné à cet enfant. En grandissant, il ne saura guère trouver mieux que de me traiter de "nain" ou de "nabot", à l'image de sa mère. Regrettable, vraiment. Peut-être devrions-nous élargir son vocabulaire..."
Une nouvelle fois, Cyrano fit signe à l'inconnue de s'asseoir, un sourire malin aux lèvres. La conversation commençait sincèrement à l'imaginer...
"Allons, un peu d'imagination, un peu d'éloquence. Est-ce tout ce que je vous inspire, un simple "hideux" ? Un ordinaire "nabot", comme s'il ne s'agissait pas de l'évidence même ? Sûrement, vous avez mieux que cela..."
Etait-il réellement en train de proposer à une parfaite inconnue de l'aider à trouver de meilleures formules pour l'insulter ? Du Cyrano tout craché, lui dirait Le Bret avec une expression entre désapprobation et amusement... Dieu, que son ami lui manquait, après tout ce temps...
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Sam 23 Avr - 20:19
If you're not my brother, who are you?
feat. Cyrano
Pas l’ombre d’une salutation, en effet. Cersei ne s’était pas embarrassée – ou à peine – d’en adresser à son frère par le passé, elle n’a pas la moindre intention d’y changer quoi que ce soit maintenant, encore moins alors que ce dernier se permet de le traiter comme il en a si souvent l’habitude, avec cette insolence qui l’insupporte. Tyrion a toujours eu le don de tout réclamer, et surtout ce qui ne pouvait en aucun cas lui revenir, et c’était insupportable à vivre. Impossible de faire abstraction de son existence tant il s’évertuait à vous la rappeler de toutes les manières possibles. Le manque de courtoisie, à ses yeux, lui vient de celui qui devrait baisser le regard plutôt que de chercher en toutes circonstances à le défier.
« Dis plutôt qu’ils occupent la tienne », soupire Cersei quand son interlocuteur observe qu’à présent moins laid, il se rend plus tolérable auprès des femmes et des enfants. « Ne t’en fais pas, il y aurait toujours eu quelque putain dans cette ville de malheur qui aurait eu pitié de ta misérable apparence », réplique-t-elle sans savoir s’en empêcher.
Il la provoque et elle s’en rend bien compte, mais c’est plus fort qu’elle que de vouloir répliquer. Avec d’autres, elle tient sa langue, elle s’autorise davantage de retenue, elle admet que le mépris peut parfois être l’arme la plus efficace, et même, elle peut dissimuler ses pensées les plus acerbes derrière un masque de fausse courtoisie… Mais quand il est question de Tyrion, elle redevenait cette enfant de quatre ans qui le haïssait pour avoir pris la vie de leur mère et priait les dieux pour échanger sa vie contre celle de son frère, rêvant toutes les nuits d’apprendre à son réveil que son frère avait été noyé. Cette haine jamais résorbée s’exprime dans chaque mot qu’il lui adresse, et plus il affiche son arrogance, plus elle ressent l’envie de la lui faire avaler. Elle baisse le regard sur la place vacante qu’il tapotait à son côté mais elle reste debout : Cersei n’a pas la moindre envie d’accorder cette faveur à son frère : c’est même hors de question. Alors elle se contente de toute sa hauteur, savourant ce pouvoir superficiel et absurde qu’elle sait avoir sur lui en cet instant.
« Tu n’approcheras pas mon fils ni plus jamais qui que ce soit de mon sang », fait-elle avec dégoût en songeant douloureusement à Joffrey, d’un geste protecteur, elle tente d’écarter Tywald, dont la présence de Tyrion, il est vrai, louui avait fait négliger la présence. « Je ne compte pas faire l’étalage de tes tares multiples, nous y serions encore demain, et contrairement à toi, j’ai de plus hautes responsabilités. » Elle grimace. « Pour lui, tu ne seras jamais rien d’autre qu’un inconnu, j’entends que les choses demeurent ainsi. » Elle marque une pause. « Tu ne l’approcheras pas, Tyrion. Et si tu dois toucher ne serait-ce qu’à un seul de ses cheveux. »
La lueur de menace dans son regard est manifeste.
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Invité
Sam 23 Avr - 21:58
I have a sister now?
Cyrano & Cersei
Cyrano haussa un sourcil lorsque l'inconnue souligna à son tour la vacuité de son existence (oh, si elle savait...), et serra les poings aux paroles qui suivirent, crachées avec haine et vilenie. Cyrano avait appris à endurer mille insultes, mille moqueries, et davantage encore, mais ses pensées allèrent vers Roxane qui, pendant un court instant, avait osé l'aimer, et la colère prit le dessus.
Roxane était lumière, belle d'âme et de corps, et elle était capable de tant d'amour que nul autre ne saurait le contenir. Elle n'était pas... Elle n'était pas celle que cette misérable inconnue s'imaginait qu'elle puisse être. Le jeu avait assez duré. Cyrano était d'humeur à endurer les quolibets les plus inventifs que cette dame aurait pu trouver. Mais pas à l'entendre manquer de respect à Roxane de la sorte, même si elle n'avait pas la moindre idée de l'existence de sa chère et tendre...
"Gardez ce mot hors de votre bouche, en particulier pour évoquer la femme qui m'a aimé. Vous pouvez me mépriser à loisir, mais elle mérite davantage que d'être traînée de la sorte dans votre pathétique jaspinage. Je vous interdis de parler d'elle de la sorte."
Roxane avait-elle eu pitié de lui, alors que la mort s'emparait finalement de lui ? Cyrano voulait croire, du plus profond de son être, qu'elle avait été envoûtée par sa prose, l'amour qui débordait de ses mots, et que, un instant durant, elle n'avait eu cure du fait qu'ils provenaient de quelqu'un comme lui. D'une personne qu'elle n'avait pas regardé deux fois toutes ces années, comme si la perspective de l'aimer autrement qu'en ami lui était proprement absurde...
Bien qu'il se soit adapté à cette vie moderne, Cyrano n'en restait pas moins habité des principes de son époque, et il ne pouvait s'imaginer lever la main sur cette inconnue, quand bien même l'envie de la défier en duel le brûlait. Si elle avait été un de ces nobliaux qui s'amusaient de lui et le sous-estimaient, Cyrano l'aurait volontiers fait glisser le long de sa lame dans une ultime et agonisante embrassade... Mais tel n'était pas le cas. Alors, l'homme se restreignait, tant bien que mal, esquissant un sourire sardonique aux paroles que prononça ensuite la dame :
"Je n'ai que faire de votre fils ou de votre famille. J'ose espérer néanmoins que votre enfant traitera son prochain avec davantage de respect et de décence que sa propre mère. Il me tarde d'entendre sa voix enfantine prononcer les horreurs vulgaires que vous énoncez sans aucune vergogne. Quelle indignité..."
Plus le temps passait, plus Cyrano ressentait un profond sentiment d'empathie pour Tyrion. Affligé de la même façon que lui, l'inconnu avait, de plus, le malheur que sa famille soit encore vivante à ce jour pour le haïr, quand les siens avaient péri des années auparavant... Cyrano avait eu Roxane. Le Bret. Christian, même. Qui Tyrion avait-il pu avoir, pour survivre devant un tel déferlement de haine ?
"J'ignore quelles sont vos responsabilités, mais je dois vous avouer que je peine à les imaginer grandioses, car il vous faudrait pour, les assumer, avoir l'intellect nécessaire. Vous n'êtes pas même capable de reconnaître votre frère d'un parfait inconnu, c'en est risible. Excepté pour ce pauvre Tyrion, pour lequel j'ai reçu votre flot perfide et venimeux. J'ose espérer qu'il m'en remerciera."
Malgré le ressentiment dans son coeur, Cyrano ne pouvait s'empêcher d'être curieux. Il avait été mépris pour sa taille, moqué, mais haï de la sorte ? Que cachait donc un sentiment aussi furieux, aussi incontrôlable que les flots agités d'une mer prise dans la tempête ? En lisant des ouvrages modernes de ce monde, Cyrano s'était délecté de l'expression suivante : la curiosité avait tué le chat. Visiblement, dans cette situation, le poète était devenu félin, incapable de s'empêcher de demander d'un ton intrigué :
"Que peut donc justifier ce fiel et cette aversion pour, je suppose, mon semblable, si nous sommes si faciles à confondre ? A vous entendre et vous regarder, j'ai le sentiment que vos mains brûlent de se refermer sur mon cou pour l'étrangler, et bien que d'autres aient déjà éprouvé un tel désir envers ma personne, cela n'a jamais été aussi... personnel ? Viscéral ?"
Une part de lui voulait croire qu'il s'agissait plus que de sa condition, que quelqu'un ne pouvait pas réellement détester autant son prochain simplement parce qu'il était différent. Même s'il se doutait pourtant que cela pouvait bien être le cas...
CODAGE PAR AMATIS
Invité
Mer 27 Avr - 18:54
If you're not my brother, who are you?
feat. Cyrano
Oh, il semblerait que Cersei ait su appuyer sur une corde sensible. A ce constat, l’ancienne reine de Westeros ne sait s’empêcher d’afficher un sourire satisfait, quoi qu’elle soit au fond un peu surprise que ce soient ces paroles en particulier qui le fassent ainsi réagir : après tout, n’était-ce pas lui-même qui s’amusait autrefois à faire de l’esprit au sujet des bordels où il avait ses habitudes. Peut-être pense-t-il à Shae ? De ce qu’elle en savait – et pour le peu qu’elle s’y était intéressée –, Tyrion l’avait sans doute aimée, mais quelle naïveté ce serait de sa part que de prendre sa défense avec tant d’emphase quand on savait que tout en occupant le lit de Tyrion, elle s’accaparait aussi allègrement celui de leur père ! Ceci, au fond, lui ressemble assez peu. De quoi lui mettre la puce à l’oreille, peut-être ? Semble-t-il que non, car Cersei demeure convaincue, pour l’heure, d’avoir bien affaire à son frère, et la maigre satisfaction de l’agacer est pour elle suffisamment bonne à prendre pour qu’elle sache s’en satisfaire.
Elle reste indifférente à ses propos quand il ose remettre en question l’éducation qu’elle ferait de ses enfants. Il peut bien prétendre ne pas se soucier de Tywald ou de sa famille, elle sait que ce n’est pas tout à fait vrai, et Jaime le confirmerait sans doute (Jaime à qui elle se gardera bien de parler de cette rencontre, au demeurant, pour des raisons à ses yeux évidentes). Elle pourrait lui rappeler son devoir envers les Lannister, mais que ce dernier souhaite ne pas être considéré comme tel et s’en éloigner l’arrange bien assez pour qu’elle n’y réplique rien. Quoi qu’elle demeure malgré tout absolument sceptique, convaincu du fait que les paroles de son frère ne sont pas totalement honnête… Il a sans doute été le plus honnête de la fratrie, pourtant, et plus encore avec elle, mais ce nouveau monde impose de nouvelles règles, Cersei la première a bien dû le constater.
Elle affiche un sourire teinté d’ironie quand il ajoute que ses responsabilités ne sont sans doute pas bien grandes… encore un reproche étonnant. Tyrion lui a souvent reproché son exceptionnelle cruauté, et de bien des manières, mais jamais son intelligence. Et pour cause, Cersei Lannister est une femme intelligente… du moins si l’on borne l’intellect à quelque chose qui pourrait s’absoudre de toute intelligence émotionnelle, dont elle semblait largement dépourvue, du moins quand il n’était pas question de ses enfants ou de Jaime.
Alors, il lui affirme qu’il n’est pas Tyrion. Elle ne veut pas le croire. C’est forcément une manigance de sa part. Mais pourquoi ferait-il cela ? Certes, elle-même prétendait bien avoir perdu la mémoire… à chacun ses raisons de manœuvrer, dans un nouveau monde aux contours nouveaux, et qu’il fallait savoir apprivoiser alors.
« Tu sais très bien », répond Cersei avec une lueur mauvaise dans le regard quand son interlocuteur lui demande les raisons de son animosité. Pourquoi voudrait-il les entendre une nouvelle fois ? Il les sait déjà toutes. L’apparence de Tyrion était cette tare qui le discréditait trop facilement pour que Cersei ne l’en blâme pas, mais elle n’a jamais été au cœur des véritables proches de la sœur aînée envers son benjamin. Mais si cet homme est bien Tyrion, il sait déjà tout ça. S’il ne l’est pas… il ne mérite pas de l’entendre. « Admettons que tu ne sois pas Tyrion… », avance Cersei sans y croire. « Qui es-tu, alors ? »
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Invité
Lun 2 Mai - 21:25
I have a sister now?
Cyrano & Cersei
Au-delà de la colère et de la frustration, Cyrano ne put s'empêcher de laisser échapper un ricanement aux premiers propos de la dame, qui répondait à sa question sincère comme s'il était réellement supposé savoir de quoi elle était en train de lui parler. Il commençait à douter de plus en plus de l'intelligence de cette inconnue, qui persistait et s'entêtait à le considérer comme son frère quand la vérité la plus évidente se trouvait dans ses yeux.
Il n'avait ni frère ni soeur, et certainement pas de neveu qu'on ne l'autoriserait pas même à aimer, ou ne serait-ce qu'à regarder. Il ne se laissait pas aller à la grossièreté de cette femme qui n'avait rien de noble, ce qui, il s'en doutait, était probablement un point commun qu'elle avait avec ce frère qu'elle rejetait à cor et à cri. Cyrano n'était pas Tyrion, qui qu'il puisse être. Et la dame continuait à ne pas le croire, quand bien même ses dernières paroles offraient un début d'ouverture à l'idée.
En d'autres circonstances, Cyrano se serait joué davantage d'elle, cultivant le doute qu'elle possédait à son égard, mais il n'était plus d'humeur. Le poète refusait de prétendre qu'il puisse être lié d'une quelconque manière à une personne comme cette femme, dont les paroles offensantes avaient été profondément insultantes pour sa belle Roxane, dont il se devait de défendre l'honneur en toute occasion.
"On me connaît sous le nom de Cyrano de Bergerac. Je faisais partie du corps des Cadets de Gascogne et j'ai combattu pour les intérêts de nobles qui n'ont pas effectué même le moindre pas sur un champ de bataille. Mon coeur a toutefois éternellement battu pour les Lettres, et c'est à elles que je me consacre désormais."
Il était mort à la guerre, même si le Seigneur n'était venu récolter son âme que bien des années plus tard. Même s'il avait cessé de se battre, il avait toujours une certaine fierté à évoquer le corps dont il avait fait partie, soldat parmi les soldats, gagnant le respect de ses pairs à la seule force de sa volonté inébranlable. Quelqu'un comme lui aurait dû mourir au premier conflit, mais Cyrano leur avait tous prouvé à quel point ils avaient tort à son sujet. Tort de le sous-estimer.
Pourtant, il était vrai, les belles Lettres et les mots demeuraient ce qui lui était le plus cher en ce monde. Cyrano n'avait pas plus grande satisfaction que de mettre à profit son éloquence, en particulier pour la belle Roxane, dont le répondant était tout aussi élégant et empli d'esprit. Dieu, qu'elle lui manquait...
"J'ai pris l'habitude de porter un masque, et il m'amusait grandement de prétendre pour un instant être cette personne avec qui vous m'aviez confondu. J'aurais volontiers poursuivi la mascarade si vos propos n'avaient porté offense à la femme qui m'est la plus chère."
Nul ne parlait de Roxane de la sorte. Si elle n'avait pas été une femme, si son fils n'était pas là à ses côtés, Cyrano lui aurait fait regretter ses propos, comme il savait le faire mieux. Il défendait volontiers son honneur à coups de mots et de traits d'éloquence, jusqu'à ce que tirer la lame se fasse inévitable. Mais pour Roxane ? Cyrano était prêt à se battre dans l'immédiat. Sans la moindre hésitation.
"J'aimerais dire qu'un tel fiel me surprend et me désole de la part d'une mère et épouse qui ne manque probablement pas d'amour à donner et à recevoir, mais ce serait faire déshonneur à mes parents que de prétendre oublier leur contribution depuis que, dans un acte manqué, le destin avait permis mon existence. Ils ne manquaient pas d'amour, loin de là, mais me l'accorder était au-delà de leurs forces. Même la plus aimante des personnes se fait capable de la haine la plus virulente devant la moindre différence qui se présente à ses chastes yeux..."
Cyrano ne cherchait pas la pitié. Il se contentait d'anticiper le fiel et les insultes, avant qu'elles ne lui soient jetées à la figure. Il les connaissait par coeur, tous ces discours méprisants et moqueurs, ayant rythmé son existence depuis sa plus "tendre" enfance. S'il les prononçait à la place de ses détracteurs, ces mots n'avaient aucun pouvoir sur sa personne, sur son âme.
"Je me suis présenté à vous, en toute sincérité, cette fois. Me retournerez-vous le geste ? J'aimerais connaître davantage la personne qui a pris la peine de m'insulter avec si peu d'imagination. Pire encore, qui a eu des paroles aussi viles envers une dame qui ne mérite que les plus gracieuses révérences. Je souhaiterais connaître le nom de la vilenie même."
Si elle persistait à insulter Roxane, Cyrano briserait la promesse qu'il avait fait auprès de sa dulcinée et romprait brièvement la distance qu'il avait respecté entre eux, pour lui demander la permission de laver son honneur, en dépit des circonstances. Nul ne méritait de vivre après lui avoir manqué de respect...
CODAGE PAR AMATIS
Invité
Jeu 5 Mai - 18:32
If you're not my brother, who are you?
feat. Cyrano
Tandis que Cersei écoute son interlocuteur déblatérer une succession d’informations à son sujet qui semblent bien trop précises pour avoir été improvisées (quand bien même Tyrion est un fin bonimenteur quand il le décide, et qui sait tirer profit de n’importe quelle situation, elle ne saurait l’oublier). Petit à petit, elle commence à bien vouloir admettre que le nom de son interlocuteur est bel et bien Cyrano de Bergerac, quand bien même elle n’a pas la moindre idée de ce que le corps des Cadets de Gascogne peut bien être et s’en moque assez. Un guerrier, un poète… Deux informations qui ne lui plaisent que partiellement mais qui justifient sans doute sa verve et son sens de la rhétorique. Soit, peut-être bien, oui, que cet homme n’est pas Tyrion… Mais cette ressemblance… Difficile pour elle de passer outre des similitudes à ce point flagrantes. Et en même temps… si troublantes soient-elles, il y a ces points qu’elle n’a pu que constater, comme cette balafre manquante au visage de Tyrion… de même qu’elle sait très bien qu’en dépit des circonstances, s’il s’était vraiment agi de son frère, il se serait interrogé au sujet de Tywald. Ça n’a pas été le cas.
Cersei Lannister, toute drapée qu’elle est de sa proverbiale fierté, déteste de voir reconnaître avoir eu tort. S’excusera-t-elle d’avoir agressé arbitrairement un inconnu sous le prétexte qu’il ressemble à un frère qu’elle a toujours haï ? Pas le moins du monde, non. Son ego légèrement blessé ne réduit pas au silence pour autant la curiosité qu’il continue de lui inspirer.
« Je suppose que votre vie ne vous apporte de vague satisfaction que lorsqu’elle n’est pas tout à fait la vôtre », l’attaque gratuitement Cersei (qui ne va pas soudainement devenir plus aimable sous le prétexte de s’être trompée d’interlocuteur – Cersei Lannister est et demeure une femme profondément déplaisante, et beaucoup pourraient en attester s’ils étaient encore en vie pour le faire. Malheureusement, la vie et la mort ne signifient pas grand-chose ici) au moment d’entendre ce Cyrano affirmer qu’il a l’habitude de porter un masque. « Et comment pourrais-je offenser une femme que je ne connais même pas ? »
Question toute rhétorique, en vérité, elle sait que c’est d’une simplicité enfantine, mais elle n’attend pas véritablement de réponse de la part de son interlocuteur en cet instant. Elle reste indifférente à son discours quand il lui exprime être habitué à des paroles à ce point fieleuses, ses propres parents n’avaient semble-t-il pas été tendres avec lui, et comme elle les comprend. Mais ils ont sans doute été trop cléments eux aussi comme le furent à l’évidence Tywin et Joanna Lannister, qui décidèrent autrefois de garder Tyrion en vie. Un des premiers souvenirs de l’enfant qu’elle était alors fut de suggérer très franchement à son père de noyer cette avorton qui non content d’offenser son regard avait provoqué la mort de son père. Mais il ne l’avait pas écoutée, alors.
« Attendez-vous que je vous plaigne, peut-être ? » suggère Cersei avec la plus grande condescendance.
Elle pousse un soupir. Voilà que sous le prétexte qu’il s’est présenté à lui avec transparence, elle devrait lui rendre la pareille. Elle n’en a pas réellement envie, mais elle cède à la satisfaction de donner un nom à tout ce qui l’insupporte.
« Cersei Lannister », accepte-t-elle de se présenter finalement. « Et quand vous fûtes sans doute un soldat et un poète raté, moi j’étais reine. »
Comme c’est agréable de le dire, elle qui doit s’abstenir de le faire la plupart du temps.
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