Cette boîte, simple et légère, confectionnée par les bons soins de Peter à partir de composantes technologique qu’il ne saurait prétendre comprendre et identifier, a changé la vie de Regulus par bien des aspects, réduisant l’influence du médaillon à peau de chagrin quand il l’y dépose afin de s’accorder un peu de répit… mais il ne peut malheureusement pas compter sur ce gadget constamment. Il le veut d’autant moins que la menace grandissante représentée par celui qu’il devine gagner en pouvoir et en influence au fil du temps est comme un piège refermé sur lui. Il se sent oppressé, comme prisonnier d’une pièce sans porte et sans fenêtre dont les murs se refermeraient sur lui petit à petit jusqu’à le broyer totalement.
Il veut bien reconnaître être un peu paranoïaque. Une porte qui claque, des bruits de pas, un bruissement de feuille, tout cela est susceptible de le faire partir au quart de tour… il a beau savoir ses craintes légitimes, il doit aussi admettre que la fatigue, l’angoisse constante et ce fichu médaillon n’arrangent rien. Par deux fois, il a échappé aux attaques de son ancien maître, mais ces deux fois, il sait qu’il ne s’en serait jamais sorti s’il avait été seul. C’est la chance et les circonstances qui l’avaient sauvé. L’intervention de Peter dans le premier cas, le soutien de Sirius dans le second… Mais il ne peut pas toujours compter sur ceux qui l’entourent, il ne veut pas toujours compter sur ceux qui l’entourent. Tôt ou tard, la chance tournera, et ce jour-là, ceux qui auront cherché à le protéger pourraient bien en payer le prix fort, et il ne peut pas l’accepter… Tôt ou tard, aussi, il sait que le seigneur des ténèbres aura regagné suffisamment de force pour l’attaquer en personne, et à ce moment-là, le sort en sera jeté… Tant que le médaillon n’aura pas su être détruit, il est en danger, mais pire encore, il met tous ceux qui l’entourent en danger.
Et parlons-en, de ce fichu médaillon… Dernièrement, il a le sentiment que ses effets sont plus violents que jamais. Est-ce l’objet qui gagne en puissance, ou son maître ? Éventuellement les deux. Parfois, intuitivement, il ressent comme une brûlure au niveau de son avant-bras, mais la marque des ténèbres tatouée dans ses chairs n’a plus jamais eu l’usage qu’elle avait autrefois. Il sait que ce doit être une vue de son esprit, mais comme bien d’autres, elle a tendance à se révéler un peu trop convaincante. Ce qu’il sait quoi qu’il en soit, c’est que quand il se contraint à le porter, en somme toutes ces fois où il lui semble dangereux de ne pas l’avoir directement sur lui afin de s’assurer que personne ne mette la main dessus, il se sent bouillonner intérieurement d’une colère qu’il ressent ne pas être complètement la sienne… des émotions vives, brûlantes, qu’il ne contrôle pas complètement mais qui, malheureusement, auront toujours tendance à le contrôler, lui, quoi qu’il veuille et quoi qu’il fasse.
Déjà qu’il est loin d’avoir un caractère amène et sympathique et qu’on lui reproche bien souvent – et à juste titre – son absence totale de relationnel et son incapacité crasse à brosser sa clientèle dans le sens du poil, il est encore plus acerbe et irritable ces derniers temps, et il sait que c’est un tout. Il dort très peu, s’inquiète constamment, ah… et il garde ce putain de horcruxe sur lui constamment, qui le rend absolument, complètement, résolument dingue. Et plus il y pense, pire c’est. Aujourd’hui, il travaille seul à la librairie, et il n’y a pas grand-monde de présent… et tant mieux, parce qu’il serait capable de sauter à la gorge du moindre de ses clients et de ses collègues. Dans un soupir, installé derrière son comptoir, il s’autorise un instant à retirer le fichu pendentif de son cou et ressent presque immédiatement une vague de soulagement traverser son corps tout entier. C’est quasiment au même moment que la porte de la librairie s’ouvre, et c’est dans un geste un peu brusque que Regulus tente de dissimuler le médaillon au creux de sa paume, avec le sentiment qu’il lui brûle l’intérieur de la main, en plus de le dissimuler peu efficacement.
« Bienvenue à la Rose éternelle, je peux vous aider ? » fait-il presque mécaniquement, de la manière la moins commerçante que l’on puisse concevoir.
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Dr. Hannibal Lecter
▿ Ton univers : Tétralogie (( Dragon Rouge (1981) Le Silence des agneaux (1988)﹒Hannibal (1999)﹒Hannibal Lecter : Les Origines du Mal (2006) )) + Films (( Le Silence des Agneaux (1991)﹒Hannibal (2001) ))
▿ Date de naissance : 20/01/1968
▿ Age : 56
▿ Métier : Neurochirurgien
▿ Quartier : Baker Street Avenue
▿ Côté cœur :
“I'll confess it is pleasant to look at you asleep. You're quite beautiful, Clarice.” ― Hannibal Lecter to Clarice Starling
Merope Gaunt n’a jamais cru au surnaturel. La Merope Gaunt de l’île, qui est une chirurgienne cardio-thoracique d’excellente réputation, n’a jamais cru au surnaturel. Les souvenirs qui s’agglutinent en elle bercent ses pensées et réduisent son champ des possibles à peau de chagrin. Merope Gaunt ne croit pas en la magie. Elle n’est rien d’autre qu’une scientifique, cartésienne et nullement fantaisiste. Pour dire vrai, elle déteste même tous les feuilletons fantastiques qui passent à la télé ou sur les chaînes de streaming. Merope Gaunt ignore qui elle est en réalité, qui elle a été dans le monde magique. Elle n’a pas même connaissance d’une quelconque progéniture, et pourtant, elle est la mère du mal, celle qui a enfanté le pire fléau que l’humanité sorcière ait rencontré. Lord Voldemort, de son véritable nom, Tom Elvis Jedusor. Pas même dans ses rêves les plus fous, la Merope Gaunt chirurgienne n’aurait pu imaginer une pareille infamie. Jamais elle n’aurait pu avoir idée de la personne faible, amoureuse et pitoyable qu’elle a été, lorsqu’elle se regarde aujourd’hui dans le miroir. Ce qu’elle voit tous les jours en se levant le matin, dans l’immense glace de sa salle de bain, c’est une femme pleine d’assurance à qui tout réussi depuis des années. Un contraste aveuglant avec la Merope Gaunt du passé. La Merope Gaunt qui a préféré abandonner la magie pour un amour toxique, malsain et surtout unilatéral. La Merope Gaunt qui a décidé de mourir plutôt que de vivre, lorsque ledit amour s’est fait la malle, en l’abandonnant avec un nouveau-né sur les bras. Elle a choisi d’abandonner son enfant, Tom, scellant à tout jamais son destin. S’il est ce qu’il est aujourd’hui, s’il est ce monstre assoiffé de pouvoir, d’une cruauté innommable, c’est entièrement de sa faute. Elle a ouvert la voie vers les ténèbres pour qu’ils prennent possession de l’âme de son unique enfant, son fils prodige. Un enfant détraqué à la naissance, fruit des amours forcés d’une cinglée de première.
Tout se passait bien dans sa vie jusqu’à sa rencontre avec son enfant, Tom, sur la table d’opération, une première fois, puis dans sa chambre, une seconde fois. Elle ne l’a pas reconnu, alors qu’il lui avait vociféré des insultes et des reproches comme s’ils étaient… affiliés, comme s’ils étaient du même sang. C’est d’ailleurs l’expression que Tom a employé en parlant de l’illustre maison des Gaunt. Elle est restée d’une apparente indifférente, de marbre et glaciale, mais quelque chose s’est cassé en elle. Quelque chose s’est réveillé, dans le tumulte de ses émotions, une braise, une toute petite braise qui n’attend qu’un peu d’attention pour s’embraser toute entière et dévaster la nouvelle vie qu’elle s’est construite sur l’île. Merope Gaunt a senti une certaine familiarité en plongeant ses beaux yeux noisette dans les deux orbes glacés du jeune homme, alors qu’il se trouvait dans un état de vulnérabilité sur la table d’opération. Elle a ouvert sa poitrine à l’aide d’un bistouri, sans la moindre hésitation, et là, ce fut le drame. Pour la première fois de sa carrière, le docteur Gaunt s’est senti anormalement fébrile. Elle n’avait jamais contemplé un si beau palpitant entre ses doigts gantés de latex. Un cœur exceptionnel. Un cœur qui a éveillé le sien à la vérité, cette même vérité refoulée au plus profond de son âme, parce qu’une part de Merope Gaunt ne veut pas se souvenir de la vraie personne qu’elle est. Cette rencontre hante les rêves et les pensées du docteur Gaunt depuis des semaines. Depuis au moins quinze jours, pour être exacte. Elle ne cesse d’avoir des flashs difformes, aux couleurs contrastées, d’un jeune homme au visage parfait sur un cheval, qui la dédaigne. De la magie, beaucoup de magie. Une mixture étrange, concoctée dans une cuisine vétuste. Un baiser partagé dans une petite chapelle, en pleine campagne anglaise. Un abandon, la douleur ressentie lorsque l’homme de sa vie, son mari, s’enfuit après l’avoir insulté de sorcière. Sale sorcière. Une phrase qui se perd dans un sanglot désespéré : Ce n’est qu’un Moldu, après tout, c’est père qui a eu raison, mais je l’aime, je l’aime tellement. Reviens moi, je t’en supplie, Tom. Reviens-moi. Je t’aime, je ne peux vivre sans toi. Nous ne pouvons vivre sans toi. Il a besoin de son père et j’ai besoin de toi. Nous nous aimons, j’en suis persuadée. Nous nous aimons… Un enfant. Un nouveau-né qui arrache son premier cri de vie, avant de lui ôter son dernier souffle de vie. Puis, ce fut le trou noir. C’est la première fois qu’elle se confronte aux réminiscences de son ancienne vie, ce jeune homme a réveillé en elle un espoir. Une flamme, toute petite, fragile et docile. Cette même flamme devient au fur et à mesure une terrible obsession, dévorante et aveuglante. Merope cru bien devenir complètement folle les premiers jours qui ont succédé cette rencontre déterminante.
Presque comme si cette rencontre avait été le déclencheur d’une thérapie d’auto-méditation, elle se mit à farfouiller dans son grenier le lendemain de l’intervention chirurgicale. Elle ne saurait expliquer ce qui l’y a poussé, une force extérieure sans doute, mais comme le croit pas en la magie, Merope a bien vite éludé cette possibilité fantasque. Elle s’est mise à chercher dans les vieux cartons, comme s’il pouvait y avoir la trace d’une explication. C’est ainsi qu’elle tomba dessus. Un petit coffret ancien, de forme rectangulaire, avec des gravures étranges. Une bague se dissimule en son sein, une merveilleuse bague très vieille et rare, sertie d’un onyx noir avec une inscription en forme d’œil au milieu. Merope ignore encore pourquoi, mais cette bague est extrêmement précieuse. Elle incarne à elle seule l’un des horcruxes les plus puissants de son fils, cette fameuse pierre est l’une des reliques de la mort. La pierre philosophale. Son premier réflexe fut de prendre ce bijou en main, afin d’en ressentir toute la puissance. Cette bague l’appelle. Elle la supplie de la mettre, de la garder près d’elle pour toujours, de la protéger du mal que représente un autre de ses porteurs. Un autre héritier des Gaunt, des Peverell. Pendant des nuits entières, Merope a conservé cette précieuse relique sur la table de chevet, toujours près d’elle, en l’emmenant même à l’extérieur, pendue au bout d’une chaine dorée, autour de son joli cou. Cette bague, c’est également l’espoir que ses souvenirs s’éclaircissent enfin et que la raison prenne le pas sur la folie.
C’est cette même flamme d’espérance qui conduisit Merope Gaunt à travers les ruelles bondées du quartier d’Hogwart’s Place. Elle marche sans réellement savoir où aller, comme si une force extérieure à elle avait pris possession de son corps. Il doit bien y avoir quelque chose à faire, n’importe quoi. Quelque chose. Quelque chose pour calmer ces angoisses, pour faire disparaître ces flashs… ou pour mieux les comprendre. Merope est agitée depuis des semaines depuis cette fameuse journée au Grey Sloan Memorial Hospital. Il lui faut des réponses, ici et maintenant, n’importe quoi, mais il lui faut des réponses à ses interrogations. Elle doit comprendre ce qu’il en retourne et d’où viennent ces flashs qu’elle identifie depuis quelques jours comme des souvenirs, probablement des souvenirs d’une ancienne vie. Lorsqu’elle passe le pas de la porte de la petite librairie de la rose éternelle, la première chose qui attira son attention fut cet étrange et jeune libraire apparemment mal à l’aise. Elle remarqua qu’il essaye d’enfouir quelque chose dans le creux de sa main. Merope fronça les sourcils, blanche comme un linge. Ce qu’elle entrevit est fugace, un éclat doré et un bruit de chaîne métallique. Il y avait même un léger reflet verdâtre… Ce qu’elle suppose être un bijou semble étonnamment familier. « Ce… médaillon. » murmure-t-elle en le pointant du doigt avec une certaine fébrilité. « C’est un objet de famille. » affirme-t-elle avec condescendance. La réponse lui vint presque naturellement comme une évidence. Merope ne se trompe pas. Elle connait ce médaillon. Il s’est même trouvé en sa possession pendant des années avant qu’elle ne s’en débarrasse contre une modeste somme d’argent, après le départ de son mari. « J’ai l’impression de l’avoir déjà vu quelque part… » Un murmure à peine audible, trouble. Merope agite négativement la tête en voulant reprendre le contrôle de ses pensées. Assez de divagueries. Elle baisse les yeux et observe l’intérieur de la libraire pendant quelques secondes, contemplant ce côté un peu vintage, avant de reporter son attention sur le jeune libraire. « Bonjour, pardonnez-moi. J’étais dans mes pensées… Je ne sais pas ce que je fais ici, en réalité. Je cherchais quelque chose de différent pour changer… » Un discours qui n’a ni queue ni tête. Merope se rend compte de la bêtise de ses explications en les formulant. « Je perds sans doute mon temps. Navrée de vous avoir fait perdre le vôtre… » Alors qu’elle s’apprêtait à faire demi-tour, elle fut soudainement prise d’un violent vertige. Merope s’accrocha au comptoir, comme si quelque chose venait de frapper son palpitant de plein fouet. Une vibration invisible, puissante, demandeuse. Une force qui la supplie de prendre possession d’elle. Dépassée par ces énergies négatives qui lui intiment de ne pas se déplacer, Merope renforce sa poigne sur le meuble en bois ancien. « Il y a comme une… tension. » C’est le médaillon. C’est l’effet qu’il lui procure en l’ayant retrouvée, c’est le médaillon qui lui parle, tout comme la bague (bouh ils sont hantés !). Le médaillon et la bague l’appellent, ils connaissent les dessous de l’histoire ; ces deux reliques connaissent son aura, celle d'une digne héritière de l’illustre maison Gaunt, descendante de Salazar Serpentard et du sang des Peverell. Ils savent qu'elle est leur maîtresse. « J'ai entendu dire que vous étiez l'une des plus vieilles librairies du coin. » murmure-t-elle en reprenant progressivement ses esprits. Elle suppose qu'en tant que vieille librairie, c'est certainement celle qui a le plus de chance de posséder toute une collection de livres anciens et surnaturels. Jusqu'à cette rencontre et cette mystérieuse bague de famille, elle n'avait jamais été portée sur les choses spirituelles ou surnaturelles. Merope ne peut nier le fait que ces coïncidences sont fortement troublantes. Elle pose ses doigts au niveau de ses tempes, afin de calmer ses migraines lancinantes. « Est-ce que vous avez un rayon... plus spirituel ? » Ces mots ont du mal à sortir de sa bouche. La spiritualité... C'est un concept qui la dépasse, c'est quelque chose d'intangible et de fantaisiste. Merope grimace légèrement. Pendant cette brève conversation, elle s'est accrochée à sa bague, dissimulée sous son chemisier. Elle ne saurait expliquer pourquoi, mais cette bague supplie. Cette bague hurle même d'être en contact avec sa peau et son sang. Au fond d'elle-même, cette bague n'est pas qu'un simple bijou, c'est un héritage familial. Merope en est convaincue, non pas seulement parce qu'elle l'a trouvé dans son grenier, mais parce qu'une petite voix murmure dans un coin de son esprit des paroles rassurantes et fantasques.
« Je vous demande pardon ? » demande Regulus d’un ton glacial et absolument pas professionnelle quand sa cliente, qu’il est loin de considérer en cet instant avec les égards qu’il devrait adresser à une cliente lambda, point du doigt le médaillon qu’il a caché trop fébrilement et trop maladroitement (bravo Regulus, vraiment, bien joué…), et observe que c’est un objet de famille.
Elle ne dit pas qu’il ressemble à un objet de famille, elle ne dit pas qu’elle a l’impression de l’avoir déjà vu dans sa famille, non, elle semble catégorique, non, pas seulement catégorique… Condescendante… Regulus veut soutenir son regard et en est aussitôt dérangé par ce que son interlocutrice lui inspire de… familier. Il ne saurait dire quoi plus précisément… Quelque chose dans son regard, dans l’expression de son visage, comme s’il l’avait déjà vue quelque part, tout en étant absolument certain de ne l’avoir jamais rencontrée… C’est idiot. C’est encore plus idiot dans un monde où il a la fâcheuse tendance à rencontrer sa copie conforme à peu près tous les quatre matins. Non, ce sont ses paroles venues de nulle part qui le troublent, et pourtant, il ne devrait y accorder aucun crédit. Il ne connaît pas cette femme, et quoi qu’elle puisse prétendre, il est de toute manière impossible que ce médaillon ait été dans sa famille… n’est-ce pas ?
« Vous vous trompez », fait-il en oubliant une fois de plus d’être un tant soit peu commerçant, le tout en glissant le médaillon dans sa poche, afin de ne plus offrir à son interlocutrice le loisir de le contempler. Il a le sentiment que le pendentif lui brûle les doigts au fer rouge au moment de le dissimuler à la vue de la jeune femme, mais la sensation se dissipe rapidement… son anxiété et sa colère, en revanche, pas vraiment. « Je possède cet objet depuis toujours, c’est le mien… »
La totale illégitimité de cette affirmation lui laisse un goût amer en travers de la gorge, pourtant, il le dit avec une certaine assurance qui le surprend lui-même. Il s’est battu pour que ce médaillon n’atterrisse pas entre d’autres mains, il s’est sacrifié pour que celui qui en avait été le légitime propriétaire ne l’ait plus jamais à sa disposition. Il a mérité de l’avoir, il a mérité de le considérer comme sien.
Quand la jeune femme passe de l’affirmation à la supposition, Regulus parvient à se détendre légèrement. Elle a l’impression de l’avoir déjà vu quelque part. Avoir l’impression, c’est déjà trop. Est-ce qu’elle cherche à se jouer de lui… Est-ce qu’elle est un de ses sujets ? Certes, Regulus ne la reconnaît pas, mais qu’elle n’ait pas été une adepte du seigneur des ténèbres du temps où lui-même était à son service ne signifie pas grand-chose. Après tout, le règne de terreur de Lord Voldemort a duré bien plus longtemps que la pathétique et courte existence de Regulus Black. Mais il doit rester professionnel, essayer de rester professionnel. Il s’est emballé pour rien, et peut-être même qu’il a entendu de travers ce que lui dit son interlocutrice. Quand il est question de médaillon, le seif-control – déjà très relatif – de Regulus s’envole par la fenêtre, et c’est une véritable catastrophe. Il fait de son mieux pour garder contenance mais il peine à y parvenir. La fatigue, l’anxiété, la paranoïa, le tout exacerbé par le médaillon n’aident en rien.
« Vous… »
Regulus ne sait pas vraiment ce qu’il s’apprêtait à dire, sans doute allait-il essayer de lui servir une quelconque recommandation impersonnelle, lui suggérer tel ou tel bouquin qu’ils ont en réserve, mais il n’a pas le temps de dire quoi que ce soit… il a l’impression que la jeune femme va tourner de l’œil, ou pas loin. Elle semble lutter contre un profond malaise.
« Tout va bien ? »
Il y a comme une tension, dit-elle. Il le ressent aussi, mais sans doute pas pour les mêmes raisons… Il a l’impression que l’horcruxe s’agite au creux de sa poche, ce n’était jamais arrivé avant… et il n’aime vraiment, vraiment pas ça. Fourrant ses mains dans ses poches, il serre le médaillon au creux de son poings, à présent. Sa brûlure mordante a presque quelque chose de réconfortante. Tant qu’il la ressent, il n’a pas perdu. Le médaillon ne lui a pas échappé… pourquoi a-t-il soudainement la sensation qu’il serait capable de s’évader rien que par la force de sa volonté d’objet… objet certes, mais pas inanimé.
« Vieille librairie, ça ne veut pas dire grand-chose, ici », fait-il sans clarifier sa remarque. Mais il est vrai qu’il serait difficile de déterminer l’exacte origine de ces ouvrages de même que l’impossibilité d’un tel endroit d’avoir préexisté à la présence de tous. Pas que ce soit un débat très important pour l’heure. « Rayon spirituel, ça veut tout et rien dire », fait-il, vraiment de mauvaise grâce. « C’est quoi, ce qui vous intéresse ? Le développement personnel ? Les sciences occultes ? » Il marque une pause. « Qu’est-ce que vous recherchez exactement ? »
Une phrase à laquelle on aura raison de donner plus d’un sens.
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▿ Date de naissance : 20/01/1968
▿ Age : 56
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Merope Gaunt ignore la raison de la méfiance du libraire à son égard, mais cette froideur apparente est loin de la déstabiliser. Il en faut bien plus pour la décontenancer. Elle est persuadée que cet étrange médaillon vient de l’appeler, tout comme la bague ancienne qu’elle porte autour du cou. Ces deux reliques anciennes semblent, d’une manière ou d’une autre, connectées entre elles. Merope ne dort pas plus de trois heures toutes les nuits depuis qu’elle l’a trouvée par hasard dans son grenier. Une bague de famille. La bague des Gaunt. Cette bague l’angoisse, elle l’appelle et supplie d’être porte à son doigt, mais à chaque fois qu’elle essaie de l’enfiler, l’air se charge en tension. Il y a comme quelque chose de… malfaisant, dans cette vieille relique. Ses doigts brûlent au contact de la bague, celle-ci est imprégnée d’ondes néfastes. Merope n’est pourtant pas réellement tournée vers la spiritualité ou la possibilité d’une possession par un esprit, mais elle est forcée de remettre en question tout ce qui lui semble jusqu’à présent une science exacte. Il lui vient à croire que l’objet est possédé par une force obscure, comme c’est bien souvent le cas dans les films d’horreur ou les reportages paranormaux. « Vous vous trompez. Je possède cet objet depuis toujours, c’est le mien… » répond-il. Merope fronce les sourcils presque immédiatement. Merope est dubitative, pourquoi semble-t-il si possessif à l’égard de cette étrange relique ? Elle observe le libraire avec attention, une lueur dans le fond de ses iris attire pendant quelques instants son intérêt. Une lueur de convoitise, d’obsession, comme si ce médaillon représentait la prunelle de ses yeux. Elle ne remet pas en cause la parole du libraire, du moins, pas ouvertement. Dans ses pensées, c’est pourtant bien le cas. Cet homme élégant mais désagréable ment. Merope est intimement convaincue des mensonges de son interlocuteur. Il y a comme un faisceau d’indices autour de lui, de ce médaillon. Cet objet, ce médaillon… Ce médaillon l’appelle. Ce médaillon l’a reconnue comme sa propriétaire légitime, contrairement à lui. Peut-être en est-il convaincu à son tour, ce qui est susceptible d’expliquer son comportement possessif. Des flashs lui reviennent en mémoire : un vieil homme qui se gargarise de la toute-puissance du médaillon avant d’en être dépossédé au moment de son incarcération et confié aux bons soins d’une jeune femme, cette même femme qui s’en débarrasse contre une poignée de pièces d’or au fin fond d’une avenue miteuse et obscure… Cette femme, c’est elle-même, quelques années plus tôt et apparemment dans un état psychologique d’une grande instabilité. Merope hésite quelques secondes à plonger au plus profond de ses souvenirs, aveuglée par la brutalité et la sincérité de ceux-ci. Elle se sent bien naïve de croire que ces souvenirs peuvent répondre à toutes ses interrogations. Merope refuse de croire que ce médaillon a bel et bien toujours appartenu au libraire. Ces flashs sont déconcertants de réalisme, laissant doucement miroiter la possibilité d’une réalité alternative dans laquelle ce médaillon aurait toujours été en sa possession. Merope regrette que le libraire ne désire pas s’étendre davantage sur l’existence de cette relique. Ce libraire est anormalement craintif, et cela ne fait qu’amplifier ses doutes sur l’origine du médaillon. Elle scrute ses moindres faits et gestes, remarquant l’homme camoufler le précieux objet loin de ses yeux curieux, craignant sans doute qu’elle puisse l’agresser pour le lui dérober. Loin de là son mode de fonctionnement, Merope espère simplement obtenir des réponses de manière courtoise. Elle-même n’est finalement pas certaine de la véracité de ses théories fumeuses. Peut-on faire confiance à ce qui s’apparente à des souvenirs ? Peut-être n’est-ce finalement qu’une hallucination parmi tant d’autres, provoquée par le manque de sommeil et la déshydratation. Merope est obnubilée par la relique qu’elle détient actuellement, cette étrange bague, qui pulse et qui brûle en présence du plus bref contact physique. Lorsqu’elle fut prise d’un malaise, le libraire sembla s’inquiéter durant une fraction de seconde. Merope, trop fière, éluda cette éventualité. Elle repoussa toute main tendue comme à son habitude. « Les sciences occultes. » rétorque-t-elle froidement. La mauvaise volonté du libraire est criante, mais la chirurgienne s’en accommode. Les sciences occultes. Précisément. Merope sent qu’il y a quelque chose d’anormal dans cette vieille bague de famille. Un objet n’est pas supposé déclencher des vertiges, des bouffées de chaleur, des cauchemars ou bien encore une étrange sensation de… brûlure au contact de sa peau. Toutes ces interrogations la conduisent à se poser une nouvelle question, qu’elle formule presque sans vraiment y penser : « Vous pensez que les objets peuvent avoir une volonté propre ? » dit-elle enfin en réfléchissant à voix haute. « J’entends par une éventuelle… possession ? » Quelque chose dans le style, se retint-elle de préciser, en craignant de passer pour une folle furieuse. « Je n’ai jamais cru en ces choses-là, mais un évènement est arrivé récemment et m’a fait prendre conscience que la réalité n’est pas toujours ce qu’elle semble être. » Merope repense vaguement à sa rencontre avec ce Tom Jedusor, et tout ce qui en a découlé ensuite, jusqu’à sa trouvaille dans les vieux cartons du grenier de sa maison. « Vous avez l’air d’être le genre de personne à accorder de l’importance à ces choses-là. » Simple supposition sans fondement. Merope essaie, d’une manière détournée, d’obtenir des confessions par rapport au mystérieux médaillon. Elle éprouve le besoin de se raccrocher à cette possibilité, cela expliquerait les réticences du jeune homme vis-à-vis de son étrange relique. « Pas vrai ? » souffle-t-elle en plongeant ses deux orbes noisette dans les siens, afin d’apporter une touche de sérieux à ses mots.
Regulus n’a jamais été particulièrement ni à l’aise, ni franchement agréable avec aucun des clients de la librairie, raison pour laquelle, autant qu’elle le pouvait, Belle, Merlin, ou n’importe lequel de ses collègues plus amènes et compétents se chargeaient généralement de l’aspect relationnel du métier, mais jamais il n’avait ressenti ainsi pour un client ne animosité si vive qu’elle en est presque… surnaturelle ? C’est absurde, dit ainsi, mais en présence de Merope, il sent toutes les émotions néfaste que son cœur abrite gagner en intensité, au point que c’en est proche d’insoutenable. Et il ne sait pas l’expliquer. Est-ce uniquement parce qu’elle a lorgné sur le médaillon, parce qu’elle a suggéré qu’il lui appartenait. Est-ce parce qu’il a reconnu en elle une certaine forme de menace ? – mais dans son état de paranoïa avancée, tout le monde peut prétendre au titre, en réalité… Il a le sentiment que ce n’est pas exactement ça, ou du moins pas entièrement, et cela ne le déconcerte que davantage encore, pris au piège de ce qu’il se révèle dans l’incapacité la plus totale d’expliquer, de comprendre, d’analyser. Il y a quelque chose d’étrange chez cette femme, et tant qu’elle sera à proximité, Regulus sait d’avance qu’il ne pourra pas se sentir à son aise : c’est tout bonnement impossible. Alors il voudrait qu’elle s’en aille, trouver le meilleur prétexte possible pour la faire fuir… il devrait sans doute se contenter de lui assurer qu’elle ne trouvera rien de ce qu’elle cherche ici, fin de l’histoire, mais quelque chose, irrésistiblement, l’en empêche… Et là encore, il ne saurait trop dire quoi, quelque chose qui le pousse à se montrer professionnel en même temps qu’il veut être l’inverse de cela.
Il s’apprête à lui indiquer le rayonnage où elle pourra éventuellement trouver son bonheur sans la guider davantage quand elle reprend la parole, posant une question qui le prend totalement de court. Est-ce que les objets peuvent avoir une volonté propre… être possédés ? Il a de plus en plus de mal à afficher une attitude mesurée face à de telles interrogations. Elle sait, c’est ce qu’il ne peut s’empêcher de se dire. Elle sait forcément. Qui poserait ce genre de questions, autrement ? Mais qu’est-ce qu’elle attend de lui, exactement ? A quoi est-ce qu’elle s’attend ? Il y a quelque chose d’intrigant, dans son comportement. Tout prête à croire qu’elle sait, qu’elle se joue de lui et de ses nerfs, et pourtant… dans la manière qu’elle a de se défendre, de prétendre qu’elle ne sait pas à quoi s’attendre, eh bien… elle a l’air sincère ? Bien sûr, Regulus sait qu’il ne doit pas s’y tromper. Il en a connu beaucoup, des menteurs qui étaient capable de vous faire passer des vessies pour des lanternes mais… Il sent bien que quelque chose lui échappe, là, tout de suite…
« J’accorde de l’importance à ces choses-là parce que je sais qu’elles existent », réplique-t-il alors…
C’est étrange, cette impression qu’il a de dévoiler ses cartes alors qu’il n’a, au fond, pas la moindre idée d’à quel jeu il est en train de jouer à l’heure actuelle. Si c’est seulement un jeu… Il n’aime pas cette sensation d’être trop transparent, de pouvoir être trop aisément percé à jour, et dans le même temps, il devine que son interlocutrice ne lui rendra pas la courtoisie (ne le fera sans doute pas dans tous les cas), s’il ne fait pas cet effort de son côté.
« Qu’est-ce qui vous est arrivé précisément ? » demande-t-il alors sans plus de détour, se moquant bien d’être trop indiscret, il a comme l’intuition que toute cette situation a dépassé le seuil de l’indiscrétion dès l’instant où cette femme a mis un premier pas dans la librairie, quoi qu’il en soit. « Qui êtes-vous exactement ? »
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Merope ne peut expliquer clairement d’où lui vient cette étrange sensation de déjà-vu, mais quelque chose lui intime de se reposer sur le jeune libraire. Il est véritablement infecte avec elle, et ce n’est clairement pas quelqu’un de sympathique. Elle devine ses intentions avec une facilité déconcertante ; il désire plus que tout qu’elle s’en aille par la grande porte. Merope est particulièrement intuitive. Elle sait qu’il ne désire pas sa présence plus que nécessaire dans sa librairie. Comme s’il y avait quelque chose de… maléfique en elle. Comme si elle dégageait quelque chose justifiant une pareille animosité de sa part. Elle soupire intérieurement et se pose sérieusement la question de rebrousser chemin. Les manières du libraire l’incommodent fortement, bien que ce n’est pas la première fois qu’on s’adresse à elle avec autant de désinvolture ou de mépris. Dans d’autres circonstances, Merope s’en serait allée en claquant la porte sous le nez de la personne. Mais pas là. Là, il y a ce médaillon. Depuis qu’elle l’a eu à portée de vue et de main, tout a basculé en elle. Sa bague brûle contre la peau de sa poitrine, maintenue à l’aide d’une simple chaine en or fin. Ce médaillon l’intrigue fortement et lui laisse penser que tous ces flashs ne sont finalement pas tant que cela le fruit d’une imagination débordante ou d’hallucinations résultant de ses insomnies. Mais pour enfin obtenir des réponses à ses questions, elle ne peut que se plier aux caprices du libraire en espérant le mettre suffisamment en confiance. Elle veut le voir encore une fois. Rien qu’une fois. Peut-être même le toucher… Peut-être qu’en le touchant, quelque chose se débloquera en elle. Peut-être qu’elle comprendra fin quelle est sa place dans toute cette histoire. Est-ce que la science explique toujours tout ? Merope commence à avoir des doutes de plus en plus sérieux. Cela lui retourne littéralement l’estomac, en plus de la foudroyer de vertiges.
Lorsqu’il s’exprime enfin, c’est avec une phrase bien énigmatique, loin de la laisser indifférente. « J’accorde de l’importance à ces choses-là parce que je sais qu’elles existent » lui dit-il. Parce que je sais qu’elles existent… Qu’elles existent… Merope reste songeuse. « Parce ce qu’il y a des personnes éclairées et d’autres non ? » grommèle-t-elle en croisant les bras contre sa poitrine, non sans une brève douleur qu’elle dissimule habilement. Sa bague vient de la brûler une fois de plus, en s’enfonçant un peu plus dans sa chair après avoir pressé maladroitement ses avant-bras contre elle. « Ce sont des conneries, ce que vous me dites. » rétorque-t-elle enfin après une courte pause. Merope est dépassée. Vraiment. Elle refuse d’y croire un seul instant, alors qu’il existe un faisceau d’indices flagrant et indiscutable. Merope agite nonchalamment la tête de droite à gauche. Sa condescendance se heurte toutefois à une étrange sensation de familiarité, lorsqu’il évoque ses mésaventures. Des flashs apparaissent une fois encore dans ses pensées. Son frère, enfin, ce qui lui semble être un membre de sa famille, qui s’enquit de lui demander ce qu’il s’est passé avec son père. Thorfinn… Finn… Morfin. Ce prénom s’impose brutalement en elle, fissurant quelque peu le vernis de ses mensonges. Morfin, pense-t-elle de manière claire et limpide. Morfin. « Je… J’ai rencontré quelqu’un. » confesse-t-elle, en se sentant absurde mais elle ressent le besoin impérieux de commencer cette explication de cette manière. « Je travaille à l’hôpital. » Merope se doute que cette précision risque de faire lever les yeux au ciel de son interlocuteur, mais elle prend toutefois le soin de l’apporter. « Je l’ai trouvé étrange. Depuis, il m’obsède. J’ai eu l’impression de l’avoir déjà rencontré, qu’il m’était aussi familier qu’un membre de ma propre famille… » Sauf qu’elle n’en a pas de famille dans ce monde. Elle est persuadée d’être orpheline depuis janvier 2019. « Depuis, je fais des rêves. J’ai trouvé quelque chose chez moi, un objet de famille apparemment, et ce qui est encore plus étrange… c’est que depuis le début, cette chose se trouvait chez moi, mais je ne l’ai trouvée qu’après avoir rencontré ce jeune homme. » En parlant, son rythme cardiaque s’accélère et la sensation de brûlure s’amplifie sous son corsage. « D’où ma question sur votre médaillon. J’ai pensé que vous pouviez comprendre ce genre d’objets. » Ce genre d’objets… Elle parle sans comprendre, sans avoir la moindre idée. Elle ne joue à aucun jeu, sa sincérité est totale, mais les mots s’échappent toutefois de ses lèvres avec une grande confiance. « Comme s’ils étaient frères. » marmonne-t-elle, plus pour elle-même qu’à l’intention du jeune libraire. Cette vérité s’impose en elle alors qu’elle n’en a aucune idée. Merope n’est pas une éclairée des choses de la magie. Pas encore. Mais elle est pourtant un être magique. Après un court moment de silence, cherchant ses mots, elle souffle enfin : « Merope. » Bien qu’indiscret et cynique, ce libraire semble être enfin disposé à s’intéresser à son problème. Elle ne voit donc aucune difficulté à lui révéler son identité. Qu’est-ce que cela peut impliquer, de toute manière ? Elle n’est que chirurgienne au Grey Sloan Memorial Hospital. « Gaunt. Merope Gaunt. » Deux mots que très peu d’adeptes connaissent dans son véritable monde. Merope passe inaperçu. Gaunt est un patronyme illustre, une puissante famille de sang-purs aux sombres desseins et au passé trouble. Terrifiante en raison du dernier de ses héritiers, et non pas des moindres, un mage noir. Dire que Merope Gaunt a rencontré son propre fils, il y a tout juste quinze jours, étendu sur sa table d’opération. « Vous acceptez de me renseigner ? » s’enquit-elle enfin, avec une impatience fébrile.
« Bien sûr », réplique Regulus de but en blanc quand son interlocutrice lui demande s’il existerait donc des personnes éclairées et d’autres non.
Bien sûr, c’est une vision binaire des choses, qui peut aisément être démentie par un nombre restreint d’exemple, mais c’est bel et bien ainsi que Regulus pense toujours. Il a dû déconstruire, après sa mort et son arrivée ici, nombre de biais qu’il avait parfaitement intégrés dans son ancienne vie, sous la vigilance constante et minutieuse d’une mère qui n’avait de cesse de lui rappeler combien les Moldus valaient le dixième de ce qu’un sorcier de sang pur pouvait être. Depuis, bien sûr, nombre de choses ont changé, il a fait des choix différents, il a pris des risques inconsidérés (suicidaires et stupides), sa vision des choses a progressés, mais on ne met pas à mal des années d’endoctrinement en un claquement de doigt. Aussi, il assume son discours avec quelque chose qui ressemblerait fort à de l’orgueil, quand bien même il est sans doute le moins bien placé pour en afficher le moindre.
Regulus ne cherche même pas à argumenter quand elle affirme qu’elle vient de lui servir un tissu de conneries. Pourquoi se soucierait-il de ce qu’elle pense, hein ? En temps normal, il ne s’en soucierait pas, à vrai dire, mais il y a chez cette jeune femme quelque chose d’intrigant, et pas dans le meilleur sens du terme. Il se sent… menacé en sa présence, et si elle ne semble pas en avoir tout à fait conscience elle-même, Regulus aurait presque tendance à penser que cela ne la rend au final que plus dangereuse. Qu’elle continue de ne pas croire, cependant, ce serait sans doute le meilleur service qu’elle puisse lui rendre, qu’elle puisse leur rendre à tous les deux. Quoique… Ce n’est pas en ignorant la présence de cette femme et qui elle est qu’il se rendra service si vraiment, d’une manière ou d’une autre, elle doit avoir quelque rapport que ce soit avec le médaillon de Serpentard.
Il lui adresse une oreille plus attentive qu’il ne le voudrait (par pur orgueil, faut-il le préciser) quand son interlocutrice accepte de lui en dire davantage. Avoir rencontrer une personne à l’hôpital où elle trouvaille, quelqu’un qui lui est familier comme si elle le connaissait déjà. Si elle a perdu la mémoire comme c’est le cas de beaucoup d’autres ici, elle devrait se poser les bonnes questions (mais pour cette fois, Regulus décide de garder cette réplique acerbe pour lui afin d’entendre la suite de son récit). Il se sent de plus en plus tendu à mesure qu’elle s’exprime, évoquant cet objet retrouvé après cette rencontre singulière… Un objet qu’elle aurait le sentiment de savoir lié à son médaillon. Tout ça, c’est forcément du baratin… Mais en même temps… ? Elle a l’air perdue certes, mais sincère, et ce serait là une histoire bien trop capillotractée s’il devait s’agir d’une manigance du seigneur des ténèbres, comme s’il ne suffisait pas à ce dernier de le trouver et de lui arracher le médaillon de force comme il avait déjà cherché à le faire par l’intermédiaire de ses sbires. Il songe aux différents horcruxes tels que listés par l’insupportable épouse de Lupin (sa petite-cousine, apparemment…) aux cheveux improbables lors de la réunion de l’ordre du Phénix. S’il demeure réticent, il n’en serait pas moins absurde de ne pas prendre en considération ses propos… de ne pas supposer que, peut-être, cette femme, pour une raison obscure, a bel et bien un horcruxe en sa possession.
« Gaunt… ? » répète Regulus, interdit.
Bon, ce n’est peut-être qu’un hasard, Gaunt n’est peut-être pas un nom si peu courant dans ce monde mais… quand les hasards s’accumulent à ce point, cela devient de la bêtise que de les qualifier encore de simples hasards. Gaunt, c’est un nom qui lui est familier. Et pour cause, son éducation d’une épouvantable rigueur l’a obligé entre autres à jeter un œil attentif au registre des sangs purs et d’en retenir tous les noms. C’était une manière comme une autre d’avoir connaissance des individus fréquentables et de ceux qui ne l’étaient pas. En matière de généalogie, aussi, ils disposait de connaissances assez spécifiques, la tapisserie de la famille Black, qu’on le forçait à détailler du regard depuis sa plus tendre enfance, aidant. Il n’a jamais entendu parler de Merope Gaunt, non, mais il connaît les Gaunt. Des descendants de Salazar Serpentard. Comme le seigneur des ténèbres s’est toujours targué de l’être lui-même. Le médaillon n’est pas le seul artefact à avoir appartenu à Salazar Serpentard, il y a aussi…
« L’objet que vous avez retrouvé, c’est une bague, n’est-ce pas ? » Il prend un air plus résigné, mais en même temps décidé. « Oui, je peux vous renseigner, mais je ne suis pas certain que vous allez apprécier ce que vous allez entendre. »
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Dr. Hannibal Lecter
▿ Ton univers : Tétralogie (( Dragon Rouge (1981) Le Silence des agneaux (1988)﹒Hannibal (1999)﹒Hannibal Lecter : Les Origines du Mal (2006) )) + Films (( Le Silence des Agneaux (1991)﹒Hannibal (2001) ))
▿ Date de naissance : 20/01/1968
▿ Age : 56
▿ Métier : Neurochirurgien
▿ Quartier : Baker Street Avenue
▿ Côté cœur :
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Merope a désespérément besoin de réponses. Quelles qu’elles soient. Pour cela, elle est capable de tout, du meilleur comme du pire. Cette recherche de réponse est obsessionnelle depuis l’instant même où ses yeux se sont posés sur Tom. Tom… Lorsqu’elle repense à ce visage de marbre, angélique, son monde s’effondre une fois encore sous ses pieds. Ses souvenirs sont brouillons, la vérité se dissimule derrière des épais nuages d’un labyrinthe mémoriel. C’est dans un élan désespéré qu’elle s’est rendue dans cette petite librairie. C’est toujours avec l’estomac noué, qu’elle s’est adressé et confié au jeune homme. Dans l’espoir fou et vain qu’il puisse être la personne qui extirpe des recoins de son âme cette vérité brûlante, mais convoitée. Des frissons parcourent sa colonne vertébrale à cette simple énonciation. Ce besoin de vérité est le seul auquel elle se raccroche comme un point d’ancrage, seule la vérité est en mesure de délivrer son âme de ce tapis de mensonges. Quelque chose cloche, Merope en est persuadée. Parmi les souvenirs qu’elle possède depuis son arrivée sur cette île, il y a des choses qui sonnent étrangement fausses. Merope a remarqué certaines contradictions parmi ses souvenirs, mais celles-ci n’ont jamais suscité son inquiétude pour autant. Maintenant, elle réalise qu’il y a des zones importantes de flou. Maintenant, elle désire des réponses. Maintenant, elle veut comprendre toutes ces contradictions et découvrir d’où lui viennent ces flashs. La vérité la délivrera peut-être, mais celle-ci ne risque pas de la préserver de toute douleur. Cette vérité ne la laissera pas indemne. Merope n’en a aucune certitude, c’est une impression qui vibre dans chaque fibre de son âme.
« Oui. Gaunt. » affirme-t-elle en haussant un sourcil, intriguée par le fait que le jeune homme semble avoir tiqué sur son patronyme. Qu’a-t-il de si particulier, pour que la réaction du libraire soit aussi… familière ? Seraient-ils parents, d’une manière ou d’une autre ? Merope est persuadée d’avoir des origines européennes. Gaunt est un nom de famille courant à son avis. Aucun Gaunt ne se trouve sur cette île, à part elle. Comment aurait-il pu avoir connaissance de ce nom ? D’un certain côté, le libraire n’affirme pas la connaître, elle ne se fonde que sur des impressions et de suppositions. En tant que scientifique, il est évident que l’on ne peut tirer aucune conclusion sur la base de pareils fondements. L’intuition n’est pas une qualité dans son milieu professionnel. « Vous avez l’air d’en avoir eu connaissance ? » renchérit-elle, piquée dans sa curiosité contre son gré. Merope reste impassible. Elle s’efforce de l’être, du moins. Merope ne peut nier que cette attitude laisse peser sur elle une étrange tension. L’air ambiant se couvre soudainement d’un léger voile électrique. Gaunt. Ce nom a éveillé en lui quelque chose, elle en est persuadée, mais de quelle nature ? Les questions se précipitent dans son esprit, et derrière l’incompréhension viennent le doute et la crainte. Elle ignore que son nom de famille est loin d’être commun dans son véritable monde. Gaunt est une famille supposément éteinte depuis quelques générations. Jusqu’à son fils unique. Le plus grand mage noir de tous les temps. Sa chair et son sang.
Une bague. Il évoque sa fameuse bague. « Comment le savez-vous ? » s’étonne Merope, stupéfaite. « C’est un bien de famille. » gronde-t-elle, agacée. Elle ignore pourquoi, mais cela la contrarie fortement qu’un inconnu puisse avoir connaissance de son bien le plus précieux. Son rythme cardiaque monte d’un cran, subitement, et une violente brûlure lèche sa peau sous ses vêtements. La bague semble tout autant en colère. Elle perçoit les émotions négatives de sa propriétaire et s’en abreuve avec délectation, comme si celle-ci possédait une volonté propre. « Comment pouvez-vous… » répète-elle, interloquée. Merope est profondément troublée. Elle essaie de trouver une réponse rationnelle, mais rien de ce qu’elle imagine n’est suffisamment crédible pour nourrir son obsession. Elle a beau se retourner cette réponse dans tous les sens, elle ne lui a jamais parlé de la bague et il n’a pu encore l’apercevoir. Il y a forcément une explication. Aussi insensée soit-elle. Comment peut-il avoir une simple idée de ce qu’elle dissimule sous ses vêtements, de la nature même de l’objet qu’elle vient de mentionner ? Merope est de plus en plus stupéfaite. Cet homme confirme ses premiers soupçons, il a connaissance de choses qui la dépassent, mais surtout qui la concernent de très près. Cela ne fait que la conforter dans son besoin de réponses. Elle s’approche un peu plus, et plante ses yeux dans les siens pour appuyer ses propos. « C’est exact. » murmure-t-elle en arborant une mine sinistre, débarrassée de toute malice ou de condescendance. L’expression de son visage semble imperturbable, parce qu’elle s’efforce de contrôler le flux d’émotions très contrastées qui déferle en elle comme un tsunami. Son sourire vient de disparaître, et ce qui laisse son visage dans un état proche de la pétrification.
Lorsque le jeune homme argue être en mesure de lui apporter ces fameuses réponses, un éclair traverse ses beaux yeux noisette. Des frissons parcourent son corps, faisant même dresser les poils de ses bras. Merope entend les battements de son propre cœur résonner comme un écho entêtant. Ce bruit lancinant se transforme en une répétition, et celui-ci devient assez vite le seul son qui lui est perceptible. « Vous pouvez… Vraiment ? » murmure-t-elle, partagée entre l’envie de l’encourager à poursuivre ses explications et renoncer en si bon chemin de peur d’apprendre des choses effectivement déplaisantes. « Je pense que… Je veux entendre tout ce que vous avez à dire. » Voilà, c’est craché. Après quelques secondes d’hésitation, elle craque finalement. Cette curiosité malsaine gronde en elle, et toute tentative de s’épargner est désormais vouée à l’échec. Merope comprend que ce jeune libraire est en mesure d’éclairer toutes ses incertitudes, c’est même ce qui convainc de sauter le pas. Pourtant, une petite voix dans sa tête lui chuchote de ne pas écouter ce qu’il s’apprête à lui dire. Dans une vaine tentative d’auto-préservation. Comme si ce qu’il allait lui dire pouvait tout ravager en elle. Merope sent que les battements de son palpitant s’accélèrent au fil des secondes. L’impatience grandit comme un feu follet, déferlant dans chaque parcelle de son corps en provoquant de légers tremblements au niveau de ses mains, dissimulées dans son dos. « Quoi que ce soit, dites-les choses franchement. » Comme un sparadrap qu’on arrache d’un coup sec. Elle veut que les choses se fassent vite et sans passer par quatre chemins. C’est inutile, de toute manière. Merope prend soin de préciser ses intentions. Elle est à moitié prête. Une part d’elle crève de découvrir la vérité, et surtout de se rassurer sur le fait qu’elle n’est pas en train de tourner à la crise d’hystérie ou de paranoïa. Une autre part d’elle préfère demeurer dans l’ignorance absolue. Pourquoi ? Comment se complaire dans une situation pareille ? Merope ignore encore pourquoi, mais lorsqu’elle l’apprendra, la vérité ébranlera bien plus que ses convictions.
A la première question de Merope, le taciturne Regulus se contente de répondre par un hochement de tête. Ils se retrouvent, singulièrement, dans une position similaire, tous les deux, chacun attisant indéniablement la curiosité de l’autre. Il y a les déductions de Regulus, et il y a tout ce qu’il n’est pas encore à même de comprendre. Le tout est loin de faire bon ménage et l’oblige à considérer l’abîme, celle-là même qu’il s’efforce de contempler le moins possible, au risque d’y sombrer de nouveau, mais comment faire autrement dans des circonstances telles que celle-ci ? Il ignore encore ce que son interlocutrice pourra avoir à lui apprendre, mais ce dont il ne doute pas, en revanche, c’est que ces révélations auront forcément un impact, peu importe lequel, peu importe son ampleur, et il n’avait pas été préparé à cela.
Il n’avait pas vraiment besoin de la réaction de Merope pour savoir qu’il avait vu juste, mais il sait à présent que le doute n’est plus possible. Cette femme possède bel et bien l’un des horcruxes. Et dans son cas, sans doute a-t-elle raison de le souligner : si elle est bel et bien une Gaunt, alors il est possible qu’elle ait effectivement hérité de cette bague, d’une manière ou d’une autre. Est-ce prudent, en toute conscience de la situation, de lui en dire plus ? Comment être sûr qu’elle ne s’en servira pas contre lui ? Comment être certain qu’elle ne s’associera pas à l’ennemi ? Il ne peut avoir aucune certitude, mais il lui semble plus imprudent encore de ne rien dire, autant pour cette femme que pour lui-même. S’il faut confier la bague à l’ordre du Phénix, il ne parviendra à rien en tentant de la dérober de lui-même. Ce qu’il discerne chez son interlocutrice, c’est un trouble profond, doublé d’une certaine réserve, mais il ne l’imagine pas complètement hostile, seulement perdue… et qui ne le serait pas à sa place ? Regulus l’est bien assez, lui, troublé et dérangé, en toute conscience pourtant de ce que l’objet qu’il est contraint de porter sur lui renferme.
Oui, il peut lui en dire plus, mais a-t-il raison de le faire ? Il ne saurait le dire… Il est trop tard dans tous les cas. Il ne se voit pas reculer, et peu importe le degré d’animosité que cette femme peut bien lui inspirer initialement, si elle possède la bague, elle est forcément en danger. Elle mérite d’être prévenue… Elle lui demande de dire les choses franchement, elle va être servie, il n’est pas vraiment dans les habitudes de Regulus de prendre mille et un détours, et dans cette situation, de toute manière, il voit difficilement comment il pourrait faire autrement que de s’exprimer franchement… Même si l’histoire est telle qu’il ignore comment il pourra être capable de la résumer au mieux. Regulus jette un regard autour de lui, rattrapé par sa sempiternelle paranoïa. La librairie est heureusement vide à cette heure de la journée, mais ça ne le rassure pas beaucoup plus pour autant.
« Pas ici », décide-t-il finalement en lui suggérant d’un geste de le suivre dans l’arrière-boutique. Il attend qu’elle y consente pour refermer derrière eux la porte d’une réserve à peine éclairée et pas spécialement accueillante. Il prend la précaution de marmonner quelques sortilèges d’insonorisation avant de reporter pleinement son attention sur son interlocutrice. Il ignore par où commencer, mais de toute manière, il n’a plus vraiment le choix.
« D’où je viens, le nom Gaunt est associée à une famille très influente, mais dont la lignée a fini par s’éteindre. Une famille de sorciers. Comme moi. » Il la dévisage un instant. « Et très probablement comme vous. » Il marque une pause. « Vous soupçonniez votre bague d’être possédée, vous n’avez pas complètement tort… »
Il réfléchir à la meilleure manière de présenter les choses. Sa voix tremble, autant à la perspective de commettre une erreur en en disant trop que d’inquiétude quand vient pour lui le moment de s’exprimer sur un sujet aussi sensible et délicat, qui le hante et le perturbe depuis beaucoup trop longtemps à présent.
« Cette bague est un horcruxe, elle renferme une part de l’âme d’un sorcier très dangereux qui… » Il va passer pour un fou, tant pis. « Il a divisé son âme et l’a répartie dans des objets symboliquement forts pour lui, comme une manière de se rendre immortel. Le médaillon que vous avez vu… c’en est un aussi. »
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Dr. Hannibal Lecter
▿ Ton univers : Tétralogie (( Dragon Rouge (1981) Le Silence des agneaux (1988)﹒Hannibal (1999)﹒Hannibal Lecter : Les Origines du Mal (2006) )) + Films (( Le Silence des Agneaux (1991)﹒Hannibal (2001) ))
▿ Date de naissance : 20/01/1968
▿ Age : 56
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“I'll confess it is pleasant to look at you asleep. You're quite beautiful, Clarice.” ― Hannibal Lecter to Clarice Starling
Merope s’interroge sur l’apparente nervosité du libraire – celle-ci semble être l’enveloppe d’un secret qui ne la laissera pas indemne une fois porté à connaissance. L’expression de son visage trahi clairement sa détresse émotionnelle. Une détresse que l’on ne peut exclusivement imputer au libraire. Elle reste silencieuse, se félicitant intérieurement d’avoir déclenché quelque chose chez Regulus Black. La vérité – pure et abominable. Est-elle seulement prête à entendre cette vérité ? Il y a quelques semaines, Merope Gaunt aurait certainement ri au nez du jeune homme. Maintenant, les choses sont différentes depuis qu’elle a fait la rencontre de son fils biologique. Bien qu’elle fut incapable de l’identifier, son visage aussi pâle que le plus beau marbre ne cesse de hanter ses nuits et de malmener ses journées. « Pas ici. » ui dit-il. Merope exprime sa surprise par un froncement de sourcils. Elle comprend assez vite que ce qu’il va être question dans les prochaines minutes est certainement le secret le mieux gardé de toute cette foutue île. Merope acquiesce d’un hochement de tête. Elle ne prononce aucuns mots et ses lèvres demeurent closes. Ce n’est plus son tour de parler, c’est à celui du jeune libraire. Elle doit enfin caresser du doigt la sinistre vérité autour de sa bague, mais surtout, de sa véritable identité.
Une sorcière ? Lorsque le jeune libraire lui balance cette révélation, le corps de la jeune femme est immanquablement secoué par des tremblements et des frissons. « Une… quoi ? » murmure-t-elle, moyennement convaincue par les affirmations du libraire. « Non… c’est impossible. » bafouille-t-elle en perdant d’un coup sa condescendance. « Si c'est une plaisanterie, elle est de très mauvais goût, mon cher. » argue-t-elle. Merope plonge ses yeux dans les siens, en se rendant soudainement compte que son interlocuteur est plus que sérieux. L’expression de son visage est grave, le son de sa voix est assombri par les légers tremblements qu’elle distingue en fin de phrase. Au fond d’elle, une petite voix lui chuchote qu’il dit vrai. « Vous ne pensez pas que je le saurais sinon ? La magie... n'existe pas. » Merope affirme des faits tangibles. Elle essaie surtout de s’en persuader, car il s’avère qu’est de plus en plus convaincue par l’absurdité de leur conversation. « C'est... impossible... » Merope Gaunt est en pleine confusion. C'est impossible et pourtant... Pourtant, une part d'elle veut croire aux propos du libraire. Une part d'elle est convaincue par ses affirmations. L'existence de la magie expliquerait absolument tout dans sa vie. Le doute demeure malgré tout dans son esprit. Il a l’air honnête, sincère même, bien que ses histoires soient dignes d’un feuilleton de chaîne de streaming. Et s’il se moquait d’elle ? Et si tout cela n’était qu’une vaste blague ? Merope est tiraillée entre l’envie de fuir son destin et de rester à l’écouter. C’est fort heureusement la deuxième option qui l’emporte.
Alors qu’elle se trouve au commencement de sa nouvelle vie, un autre mot vient éveiller en elle une sensation de chaleur dans chaque fibre de son être. Un horcruxe. « Qu’est-ce donc ? » Ce murmure est difficilement audible, peut-être même que son interlocuteur n’en a pas eu connaissance. Il lève le voile sur une autre vérité qu’elle refuse d’écouter et encore moins d’assimiler. Un horcruxe. Ce médaillon et sa propre bague sont des horcruxes. Merope n’a pas à attendre bien longtemps avant que le libraire vienne à éclairer ses soupçons. Merope semble à moitié étonnée. Une part d’elle – bien enfouie – ne l’est pas.
Et puis soudain, quelque chose s’opère dans son esprit embrouillé par ce flot de souvenirs d’une vie différente. Une question s’impose presque naturellement à son esprit, alors que la vérité se précipite dans ses recoins. Elle craint toutefois de la poser, comme si à l’instant même où ce nom s’échappera des lèvres du libraire, sa vie entière en sera bouleversée à tout jamais. Piétinée. Cruellement. Un nom. Un simple nom. Merope le devine, le caresse en pensées, sans pour autant parvenir à mettre le doigt dessus. Ce nom est si familier, qu’il est capable d’ouvrir la boîte de Pandore. Ce nom est capable de mettre à nu sa véritable identité. Elle se sent sur le point de toucher les Enfers du doigt. Elle sent que quelque chose monte, insidieusement en elle et que cette chose va rassembler toutes les pièces du puzzle. « Quel est le nom de ce… sorcier ? »
La surprise de Merope au moment de découvrir ce qui est présumément sa vraie nature semble tout à fait sincère… Regulus sait, bien sûr, qu’il ne doit pas se laisser duper par les apparences, mais celles-ci jouent néanmoins en faveur de la jeune femme qui, si elle devait ne faire que feindre l’étonnement, le fait particulièrement bien. Le libraire se contente néanmoins de seulement hausser les épaules quand Merope suggère qu’il soit impossible qu’elle soit effectivement une sorcière. Il ne se sent ni l’envie ni les compétences de l’en convaincre, en revanche, il estime que cette vérité se devait d’être dite pour qu’une autre soit révélée au grand jour. Il veut lui rétorquer un « J’ai l’air de plaisanter ? » qu’il ne prononce finalement pas, mais qui clairement se lit dans ses yeux. En effet, ce serait une plaisanterie de mauvais goût, mais il n’est pas dans la nature de Regulus Black que de plaisanter. Pour la bonne partie de rigolade et les blagues vaseuses, il était toujours préférable de se tenir vers Sirius.
Il sent quoi qu’il en soit qu’au moment de nier la vérité qu’il vient d’exprimer, elle ne cherche pas tant à le contredire lui qu’à la convaincre elle-même. Rien, ici, n’est impossible. C’est sans doute la phrase la plus clichée qui soit, mais Regulus a fini par s’en convaincre à force de constater que les limites de ce monde semblaient… floues, et constamment susceptibles d’être déplacées. Non, il sait à présent qu’il ne se trompe pas sur son interlocutrice. En revanche, cette dernière semble passée maîtresse dans l’art de se duper elle-même, sans doute aidée en cela par une mémoire toujours plus défaillante. Il pourrait, là encore, user d’arguments à rallonge, il pourrait même faire la démonstration de sa magie, après tout, si cela pouvait servir à la convaincre, mais il n’en fait rien.
Il attend seulement, avec plus de patience qu’il ne se sait en posséder, qu’elle intègre l’information qu’il vient de lui communiquer avant de passer à l’information suivante. La bague. L’horcruxe. Au moment de prononcer ce mot, Regulus est absolument convaincu qu’il a trouvé un écho, même inconscient, dans l’esprit de son interlocutrice. Une part de lui le sait, ce qu’il veut prendre pour une prise de conscience d’une vérité enfouie n’est peut-être qu’une manipulation de la part de son interlocutrice, mais il prend le risque malgré tout de croire en son intuition. D’accord, elle a souvent été mauvaise – très mauvaise, même. Mais elle ne peut pas l’être à chaque fois non plus. Cette fois, il a peut-être mis le doigt sur un élément essentiel, fondateur, et qui pourrait bien faire toute la différence. C’est pour cette raison qu’il répond si directement à sa question, en quête d’une réaction de sa part… Et il sait déjà quelle réaction il attend précisément.
« Il se fait appeler… » Regulus doit se faire violence, rattrapé par ses vieux instinct. On ne prononce pas le nom du seigneur des ténèbres en vain, jamais. Inconsciemment, sa main se porte à son avant-bras, la marque des ténèbres dissimulée sous sa manche lui paraît soudainement brûlante, mais il sait que c’est une vue de son esprit. « … Lord Voldemort. Mais il se faisait autrefois appeler Tom Jedusor », information qu’il a découverte via l’ordre du phénix reconstituée, et qu’il avait ignoré lui-même quand il était encore à son service. En même temps que beaucoup d’autres choses. « Et si vous avez cette bague, alors il est après vous. Et vous êtes en danger. » Il marque une pause. Jouer les grands défenseurs de l’humanité, il a rapidement compris que c’était un domaine dans lequel il ne s’illustrerait pas. Mais à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Il se reconnaît forcément dans la situation de Merope, cela aide, bien sûr. « Je peux vous donner le contact de personnes qui seront susceptibles de vous aider. »
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The heiress of Slytherin [Merope]
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