Prétendre être remise de ta gueule de bois de la veille serait, à l'évidence, un immense mensonge, plus gros que toi, et comme tu t'es enfilée cinq portions de frites à toi toute seule la veille, tu pèses ton poids, l'air de rien. T'as encore le crâne en compote, mais t'as pas l'intention de t'arrêter en si bon chemin. Y a un nouveau bar qui ouvre ce soir, et tu veux être là pour l'inauguration. Toi, la reine attitrée de Dreamland, privée de ta terre et de tout ce qui donnait un sens à ton existence, tu te complais dorénavant dans des objectifs bien moins nobles, mais qu'au moins tu es en capacité de remplir (et encore), comme sillonner tous les bars de la ville jusqu'à ce qu'il n'en reste plus aucun.
Bon, la ville est si grande que c'est presque mission impossible, mais tant mieux, quelque part. Comme ça, tu oublieras de t'ennuyer. Tu anesthésies dans l'alcool les problèmes auxquels tu ne veux plus songer. Bon, t'as toujours eu une bonne descente, c'est vrai, mais là, tu sais toi-même que la situation est différentes... Tu veux oublier Luci, Elfo, Mora... Et quand tu songes à ça, au fait que tu as cherché à les oublier, y a rien qui te fasses plus mal, parce que t'as pas vraiment envie de les oublier. T'as juste envie qu'ils reviennent.
Bref, plutôt que de te mettre à toi même le moral à zéro, y a peut-être mieux à faire, non ? Oui. Arrêter de penser à ceux qui ne sont pas là pour te concentrer sur ceux qui sont bien présents. Si tu as l'intention de ne pas décommander ce soir, ce n'est pas pour rien, c'est aussi que tu t'es promis de sortir Victoire, ce soir. Victoire, c'est ta coloc, et même si vos caractères sont aux antipodes, eh bien tu l'adores. Justement, elle te canalise un peu quand tu pars un peu trop en vrilles, et elle te porte une oreille attentive même dans les moments où tu ne le mérites pas franchement, faut avouer. Et donc, ce soir, ton ambition, c'est de la sortir. Et tu es prête à la traîner par les pieds pour ça s'il le faut.
"Pas encore habillée ?" tu fais en la trouvant dans le salon après avoir toi-même enfilé une tenue pour la soirée (rien de grandiloquent cela dit, personne au monde ne te feras jamais porter de talons). "Je te sors ce soir, alors t'as dix minutes pour te maquiller et enfiler ta plus jolie robe et en piste !"
Quand une fêtarde et une amoureuse du travail vivent une vie de coloc ensemble.
Cette colocation avait débutait peu de temps après l'arrivé de Victoire dans cette dimension étrange. Cela lui rappelait un peu ses années à l'internat de Poudlard, bien que ses camarades de chambres ne ressemblaient pas aux deux personnes qui vivaient avec elle. Sans compter que cela lui évitait de se plonger complètement dans la solitude, avec son travail et ses recherches pour retrouver au moins Teddy. Teddy Lupin. L'unique garçon dont elle était tombé amoureuse. Le seul qui avait pu atteindre son cœur de glace, passer au dessus de ses manières de princesse exigeantes. Elle refusait de voir leur histoire se terminer par une séparation de ce style. Elle avait déjà vu des inconnus retrouver leurs proches, dans une rue ou dans les couloirs de l'université. Alors pourquoi pas elle ? Elle n'abandonnerait pas, pas avant de l'avoir retrouvé. Elle s'en était fait la promesse, ne laissant que son travail prendre une partie de son précieux temps. Mais Tiabeanie, une des fameux coloc, ne comptait pas l'entendre de cette manière.
Victoire était déjà sur son ordinateur, s'occupant d'un diaporama pour un cours de la semaine prochaine. Mine de rien, la technologie des moldue était extrêmement utile pour son travail. Il aurait été extrêmement difficile de devoir se débrouiller sans, n'ayant toujours pas récupéré ses pouvoirs de sorcière. Devoir tout écrire à la main, alors que l'université lui demande une certaine rapidité ... ça n'aurait pas été possible. Elle était donc bien contente de pouvoir faire des recherches et construire des diaporama efficacement et rapidement ! Mais alors qu'elle était concentré, la voix d'une femme éclata sa petite bulle. Elle releva la tête, voyant Tiabeanie en tenue de soirée. Elle comptait vraiment sortir, après la beuverie de la veille ? Cette femme semblait n'avoir aucune limite ! Elle arqua un sourcil en entendant qu'elle comptait l'emmener avec elle. Avec tout le boulot qu'elle avait encore ? Non merci !
- C'est gentil de penser à moi, mais ça ne va pas être possible. J'ai encore pas mal de travail !
En vérité, elle prenait juste de l'avance. En ce vendredi soir, elle pouvait bien se reposer et s'en occuper le dimanche. Mais elle voulait garder ses week-end pour reprendre ses recherches sur Teddy. C'était trop compliqué en semaine, avec ses horaires et le travail en plus. Alors il était important qu'elle garde précieusement ces deux jours de repos. C'était important, pour elle ! Mais elle ne se doutait pas encore que cela n'allait pas arrêter son interlocutrice. Loin de là !
Tu lèves les yeux au ciel en entendant la réponse de Victoire. Tu l'avais sentie venir gros comme une maison, qu'elle allait se trouver des excuses pour ne pas sortir avec toi. T'es habituée, c'est souvent le cas. Victoire, elle n'a aucun rapport avec toi. Quand tu mènes une vie complètement dissolue et hédoniste, toi, Victoire, de ton côté, t'as plutôt tendance à faire absolument n'importe quoi, à n'en faire qu'à ta tête, de toutes les manières possibles. Toi aussi, tu devrais sûrement travailler, te concentrer, prendre ta vie en mains. T'en es capable, dans le fond. Quand t'as dû prendre les rênes de Dreamland et prendre des décisions politiques, eh bien t'étais là, sûre de toi et fidèle au poste, mais ici, t'es la reine de que dalle si ce n'est d'un corps que tu malmènes en te bousillant le foie de beuverie en beuverie. Elle n'est pas partante, mais tu ne lui demandes pas vraiment son avis, en fait, contrairement à ce que tu as pu laisser imaginer.
"On oublie ça tout de suite, Vic", tu fais avant de te rapprocher de ta colocataire sans la prévenir avant de refermer son laptop sans prévenir une seule seconde.
Elle n'a peut-être pas enregistré son travail, c'est vrai, elle fait peut-être du mauvais travail, c'est bien possible... Peu importe. Tu sais très bien qu'il n'y a pas d'urgence. C'est la veille du week-end, elle aura bien deux jours pour bosser si elle le doit.
"Personne ne bosse le vendredi soir, ça n'existe pas, point", tu décrètes avec détermination comme si c'était la vérité la plus évidente qui ait jamais été formulée en ce bas monde. "Alleeeeez s'teuplaît !!" tu t'exclames en lui adressant tes petits yeux suppliants, en espérant que ça fonctionne. "J'ai envie de passer du temps avec toi, alleeeeeez allez allez allez !!"
Tu te répètes, mais aucune importance. Toi, en ce qui te concerne, t'es convaincue qu'elle finira par céder, et c'est tout ce qui t'importe pour le moment. T'es vraiment, mais alors vraiment décidée à faire en sorte de la sortir et de l'emmener avec toi, peu importe combien elle pourra protester.
Quand une fêtarde et une amoureuse du travail vivent une vie de coloc ensemble.
Sa colocataire semblait déterminée à la trainer dehors, avec elle. Etnotre pauvre sorcière avait fait l'erreur de ne pas la prendre au sérieux, à cause de son train de vie quotidien. Si elle avait fait, elle aurait peut-être pu retourner la situation à son avantage. Et, ainsi, évité d'être arraché à son temps de travail ... Mais elle aurait du y penser bien avant. La blonde avait donc pour objectif d'ignorer la blanche, retournant sur son diaporama et sur ses fiches récapitulatif de ses cours de la semaine. Elle avait bien avancée, bien qu'il allait lui falloir encore un peu de temps pour pouvoir tout boucler avant de dormir. Mais elle y était habituée, n'ayant pas changé sa façon de travailler en trois ans. Tant qu'aucun élément perturbateur ne revenait la déranger, tout irait bien.
Ce fut ce qu'elle pensa naïvement. Jusqu'à ce que son ordinateur ne soit refermé, d'un coup sec. Ses yeux s'écarquillèrent, sous le coup de la surprise. Heureusement pour elle, le site sur lequel elle travaillait enregistrait à la moindre modification. Mais quand même ! Il n'était pas décent d'agir de la sorte ! Elle reporta son attention sur Tiabeanie, montrant bien qu'elle n'avait pas appréciait sa précédente action. Cela ne la découragea pas du tout, continuant d'insister pour que la sorcière sorte avec elle. Savait-elle qu'il y avait des personnes qui travaillaient même le week-end ? Son argument n'était, donc, pas valable. Mais, pour cette fois, elle se garda bien de le dire. Bizarrement, sa coloc lui faisait parfois penser à sa petite sœur. Elles n'avaient, pourtant, pas le même âge. Et Dominique n'était pas du genre à enchainer les beuveries, comme Tiabeanie. Mais la similitude restait proche, à cause de leur caractère de feu. Face à cela, Victoire se rappeler du fossé qui s'était créé entre elles. En partie à cause de ses manières et son orgueil trop prononcé, que Teddy avait su corrigé avec son amour et sa patience. Alors, elle prit sur elle. Ne pouvant, quand même, s'empêcher de soupirer avant de répondre.
- Très bien. Mais puisque tu prends de mon temps, tu m'en donneras du tiens ce week-end pour partir à la recherche de mes proches.
N'attendant pas de réponse de sa part, elle se leva en laissant son travail dans le salon. Elle n'avait jamais clairement dit à sa coloc qu'elle gardait précieusement tout ses week-ends dans ce but. Et elle ne voulait pas en parler. Pas tout de suite, du moins. Peut-être quand ces dernières porteront leurs fruits ? Elle finit donc devant sa penderie, choisissant une robe à la va-vite. Avant d'arriver ici, elle avait été habituée à ne porter que l'uniforme de Poudlard pendant des années. Elle avait bien portée une robe pour un bal organisé là bas, mais cette dernière ne l'avait pas suivit dans cette dimension. Elle prit donc une robe noir, moulant juste ce qu'il fallait sans que ce ne soit trop vulgaire. Elle attacha ses cheveux en un chignon flou et se maquilla. Elle attrapa ensuite des talons noirs et rejoignit sa colocataire, cette dernière l'attendant déjà devant la porte. La blonde n'avait plus qu'à se chausser avant de partir avec elle, fermant la porte derrière elle et gardant les clés dans son sac.
Tu pousses un soupir quand elle met des conditions au fait de t'accompagner, mais en vérité, t'es quand même contente d'avoir réussi à obtenir gain de cause. Vic n'a pas l'air de sauter au plafond non plus, mais t'as quand même obtenu gain de cause. T'es sûre qu'une fois que vous serez dans l'ambiance, elle tirera un peu moins la tête. Elle est soucieuse et c'est normal, d'ailleurs, toi aussi, tu l'es. Mais toi, tes soucis, t'as décidé de les noyer dans une gigantesque quantité d'alcool plutôt que de les affronter en face (espèce de planquée de la vie, Beanie), alors elle aussi, elle finira par comprendre que sortir et s'éclater, c'est encore la meilleure manière de supporter l'absence de ses proches puisque partir à leur recherche ne sert de toute façon absolument jamais à rien, et ça peu importe l'énergie que tu déploieras pour ça. Eh oui, t'es défaitiste, Beanie, mais on ne pourra pas dire, en même temps, que t'as pas de très bonnes raisons de l'être.
"C'est pas joli-joli de me faire du chantage, miss", tu fais mine de te plaindre auprès de ta coloc.
En vérité, elle a bien raison, parce que des deux, celle qui a tendance à faire du chantage - affectif, majoritairement - à l'autre, c'est clairement pas elle, mais toi. Et au bout d'un moment, il s'agirait peut-être d'arrêter les conneries et d'accepter de faire des concessions.
"Mais c'est d'accord. Même si tu sais bien que si t'as rien trouvé jusqu'ici, ça sert à rien d'insister."
Et toi, vraiment, faut que t'arrêtes d'être aussi défaitiste, Beanie. C'est pas parce que t'entrevois aucune chance de retrouver Mora, Elfo ou Luci que tout le monde doit être dans le même état d'esprit que toi.
"Bon allez, qu'est-ce que tu vas mettre du coup ?" tu fais histoire de vous remettre dans l'ambiance. De ton côté, en tout cas, c'est totalement acté, vous allez vous éclater, et Vic te remerciera à la fin d'avoir insisté pour que vous sortiez.
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Ce soir, on sort ! [Victoire]
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