Celà faisait peut être plusieurs mois que Charlie était à ce poste. Il n'était pas intransigeant et il aimait ce qu'il faisait. Parler aux gens, leur donner le sourire le matin. Il avait été enfermé pendant tant de temps qu'il appréciait la compagnie des gens. Et malgré que Charlie était un garçon discret, il pouvait se montrer particulièrement bavard parfois.
Il n'avait jamais eu l'occasion d'aller à la fac. Sa mère n'avait pas les moyens. Elle qui était une mère célibataire, elle s'était toujours plié en quatre pour son fils, Charlie. Elle lui avait donné une bonne confiance en lui à l'époque. Bien que le garçon n'eut jamais eu de figure paternelle, car sa mère avait tendance à changer de copain comme de chemise. Elle a toujours été présente pour le garçon et il a été entouré d'amour.
Jusqu'à la mort de celle-ci et à travers la mort. Elle ne le quitta pas sans lui laisser un dernier mot, mais Charlie avait fini par souffrir de son absence. Il était fusionnel avec sa mère alors c'était comme si on lui avait arraché une partie de lui.
Couper le cordon ca n'est pas facile. Mais Charlie était un garçon pleins de ressources, car le voilà ici, souriant, laissant ses soucis de son autre vie derrière lui. Car il n'est qu'un p'tit gars gentil Charlie, il ne cherche pas les embrouilles... Enfin, sauf quand c'était par amour et pour Gabriella. Il avait remué ciel et terre pour elle. Mais il ne devait plus y penser, sous peine de retourner dans les méandres chaotiques de son coeur.
Charlie passe sa mâtinée sans encombre, puis l'heure de sa pause déjeuner vint. Il se fait remplacer par son collègue. Il prend quelque chose à manger. Un simple sandwitch, une bouteille d'eau et une pomme avant d'essayer de trouver une place dans la vaste cafétéria.
En laissant ses yeux trainer, il voit une jeune femme qu'il connaissait et qu'il appréciait. C'était Daphné. Fidèle à elle même, elle était vraiment un rayon de soleil. Charlie s'avance timidement et s'invite à sa table.
" Je peux ? " Demande-t-il. Ils n'avaient pas eu le temps de vraiment échanger en dehors de leurs échanges autour de son service. Bien qu'ils pouvaient dévier très régulièrement sur les lectures de la jeune femme. " Qu'est-ce que vous lisez aujourd'hui ? " Tente Charlie dans un sourire, sachant que Daphné était une crème, elle ne l'enverrait pas bouler. " Vous savez, j'ai suivi vos conseils concernant le livre que vous m'avez conseillé. Si vous en avez d'autres, n'hésitez pas à me le dire. " Dit-il avec gentillesse tout en déballant sa nourriture.
Depuis son arrivée ici, Daphné n'avait pas forcément pensé à se faire des amis à la cafétéria. En réalité, elle avait beaucoup de temps pour elle et ses livres. C'est en tout cas ce qu'elle aimait dire. Elle détestait surtout parler en mangeant. Ce qui était surprenant, puisqu'avant elle avait, la plupart du temps, des repas animés. L'explication était toute simple : cela lui rappelait sa vie passée. Elle aimerait retrouver ces repas avec toute la fratrie Bridgerton. Mais cela semblait impossible. Tellement impossible qu'elle avait décidé d'oublier cela. Chose qui se révèle être bien compliqué. Compliqué parce qu'on oublie pas les choses aussi facilement. Pas ça. Pas sa famille. La famille de Daphné était tout pour elle. Son désir d'avoir des enfants plus tard se trouvait exacerbé par cela. Elle voulait retrouver un semblant de vie familiale. Le seul changement serait qu'elle aurait la place de Violet, sa tendre mère. Tendre, mais têtue. Oui on peut dire qu'elle est triste, malheureuse d'être seule. Non, pardon, elle a Simon. Mais Simon ce n'est pas Violet, ni Anthony, Benedict, Colin, Eloïse, Francesca, Gregory et Hyacinthe. Huit enfants dont la complicité était certaine. Mais où sont-ils ? Les reverra-t-elle un jour ? Rien n'est moins sûr.
Si ses malheurs sont présents, Daphné ne les montre pas. Elle est souriante et chaleureuse. Elle n'a rien de mauvais ou de sombre. Elle est un peu comme la maman d'un groupe d'amis. Il y a souvent du monde dans ces groupes. Pas dans celui de la jeune femme aux cheveux châtains. Bien qu'elle soit sociable, elle n'avait pas énormément d'amis. Pourtant, elle avait trouvé en une certaine Violette Baudelaire une petite sœur. Une petite sœur qui portait le prénom de sa mère...disparue ?
Alors quand Charlie s'approcha, elle le vit rapidement. Elle leva le nez de son livre, Bel-Ami, de Maupassant. Souriante, elle l'invita à s'asseoir et elle se rendit compte qu'elle n'avait pas touché à son déjeuner. Elle prit une bouché de celui-ci, la fini et répondit avec une douceur naturelle : « Bel-Ami, de Guy de Maupassant. Très intéressant. Cela parle d'un arriviste très...prononcé. Disons cela ainsi. ». Elle regardait à la fois Charlie et à la fois la couverture de son livre. Enfin...l'un après l'autre. « Je suis navrée j'ai oublié quel sont vos préférences de genre pour les livres ? ».
Charlie n'avait pas envie de manger seul et Daphné était d'une réelle gentillesse. Elle était un vrai élan de fraicheur dans sa vie de tous les jours. Alors c'est vraiment avec confiance qu'il se dirige vers elle et s'assoit près d'elle pour entamer une discussion. Il espérait juste ne pas la déranger.
Il lui demande quel type de lecture elle avait affaire cette fois-ci. Charlie commence à organiser son plateau afin de commencer son déjeuner. Daphné était différente, elle avait une aura particulière. Comme si... elle ne venait pas d'ici. Pas de cette époque. C'était étrange mais celà ne dérangeait pas Charlie.
Elle lui parle de son livre alors. Il ne le connaît pas. Charlie aime lire mais il est loin d'être aussi pointilleux que la jeune femme en terme de lecture. Il n'avait pas fait d'étude mais il profitait de sa nouvelle vie pour pouvoir faire des choses qu'il n'avait jamais pris le temps de faire dans son monde.
" Hooo ! " Dit-il dans un sourire. " Je vois le genre. Il ne doit pas être sympa comme gars à fréquenter. " Il boit une gorgée de sa boisson avant de répondre à la question de la jeune femme. " Je suis assez branché policier. " Lui confia-t-il. " Les enquêtes, ce genre de choses et puis... quand ca lie un brin de paranormal, ca m'intéresse encore plus. " Après tout, il voyait les morts de son côté ? C'était un truc qui le passionnait. Il aimait comprendre comment son don fonctionnait. " Ma mère aimait bien me raconter des histoires avec de la magie dedans. En me disant qu'on avait tous une part exceptionnelle en nous. Ma mère était une femme remarquable. "
Et elle lui manquait parfois. La douleur passe, mais les souvenirs et le vide laissé reste. Oui. Il pouvait le ressentir. Et sa mère avait traversé le voile. Impossible pour lui de lui parler de nouveau. Ou peut être... reviendrait elle comme pour le sauver de lui-même ? Comme cette fois dans cette rue, le faisant reconnaître ce qu'est le véritable amour. Sa mère était une âme sage, bien qu'elle n'a pas eu une vie facile étant mère célibataire, elle a toujours fait en sorte que Charlie s'en sorte. Il revient alors de ses songes pour dire à la jeune femme:
" Désolé, j'ai la nostalgie qui revient parfois me hanter. J'espère que j'ai pas tiré une tête bizarre. "
Daphné essayait d'être gentille avec tout le monde. Elle n'avait jamais été méchante. Elle avait un fond pure et extrêmement humble. Pourtant, il ne fallait pas voir là une occasion de se demander si elle le faisait exprès pour s'attirer les bonnes grâces de tout le monde, oui si elle le faisait parce qu'elle voyait le bien en tous. Il s'agissait là d'une défaut. Simon, son fiancé depuis trop d'années qui ne veut toujours pas sauter le pas du mariage, lui répète encore et encore qu'elle ne doit pas se fier aux dires des autres. Qu'il y a du faux dans certaines personnes. Mais Daphné déteste cette idée et la repousse. Sa perte risque d'être plus rapide que prévu, si elle continue ainsi.
Avoir une différence avec les autres, Daphné connaît cette sensation. En arrivant ici, dans ce monde, elle parlait toujours de façon retenue. En réalité elle avait même pris plusieurs mois à s'exprimer autrement. Elle avait eut la chance de rencontrer de bonnes personnes qui la corrigeait. Un jour, elle avait exprimé son envie d'aller à la campagne en parlant de « partie de campagne » qui désignait, à son époque, un petit événement dans une famille qui organise des jeux. Elle ne savait tout simplement pas que ce genre de choses n'existaient pas ici.
« Disons qu'à mon époque il aurait comme qui dirait...fait perdre sa vertus à plus d'une jeune femme. Tout aussi respectable soit-elle, cela n'est pas une insulte. ». Daphné préférait préciser qu'elle n'avait aucun jugement envers les jeunes femmes qui perdent leur vertu dans les bras d'un homme. Les commérages allaient bon train à Bridgerton House, et elle a apprit qu'une des domestique avait eut ce genre d'aventure avec un comte qui lui avait demandé d'être sa maîtresse, terriblement épris d'elle. Elle avait refusé, aimant plus que tout Bridgerton House et ses occupants. Pour dire : Daphné ne se souvenait plus du jour où elle était arrivée aux services des Bridgerton.
« Oh la magie. La première dont j'ai entendu parler était celle de la marraine la bonne fée de Cendrillon. ». Elle sourie, puis rie légèrement. Oui, elle s'était attaqué rapidement aux classiques de ce genre. Surtout pour comprendre les enfants parlant de dessins animés. « Ne vous inquiétez pas ? Votre famille ? La mienne me manque terriblement. ». Alors un sourire de compassion s'étira sur ses lèvres. « Si vous aviez rencontré ma famille, vous ne me verriez plus de la même façon. ». La jeune femme repensait aux dîners, puis aux parties de campagne, aux discussions avec sa mère au coin du feu ou à celles avec Eloïse, sa plus vieille sœur. Il y avait d'abord Anthony, puis Benedict, puis Colin, puis elle et Eloïse par la suite, Francesca, Gregory et bien sûr Hyacinthe, la seule qui n'avait pas connu son père.
Charlie aimait parler de lectures avec Daphné. Après avoir été coincé dans un hôpital psychiatrique pendant trois ans presque complets, pouvoir sortir, croiser des gens et échanger, c'était un vrai bonheur. On finissait par apprécier les petites choses comme un déjeuner en compagnie de gens gentils et agréables avec qui discuter. C'était parfois des choses futiles mais c'était vraiment agréable. Charlie aime lire mais n'avait pas la connaissance de Daphné. Il devait l'avouer. Mais justement, elle lui apportait la connaissance dont il avait besoin pour pouvoir choisir et savourer de nouvelles lectures.
Il est vrai que la jeune femme ne venait pas de son époque et son adaptation devait être plus compliquée qu'il ne l'avait été pour lui. Tout en continuant son déjeuner, il écoute ce qu'elle dit, et Charlie lui répond dans un sourire.
" Je ne vois pas ce qui a de mal, c'est vrai. Il n'y a pas de mal à l'amour et à pouvoir en profiter. En tout cas, à mon époque, ca n'était pas un soucis. Le mariage est devenu plus une formalité. "
Daphné le savait aujourd'hui et avec le temps passé ici. Charlie lui avoue qu'il aime les romans fantastiques et pleines de fantaisies. Elle lui parle alors de Cendrillon, ce conte que Charlie connaissait bien aussi. Il sourit aux dires de Daphné, et se plonge dans ses pensées un instant, repensant à sa mère.
" C'est vrai ? Alors vous me rendez curieux... J'aimerai les rencontrer. " Il sourit et ajoute. " J'ai vécu qu'avec ma mère. Elle m'a élevé seule et... " Son regard se perd de nouveau. " A vrai dire, je ne m'attends pas à la revoir ici. Elle est décédée chez moi. " Il hausse les épaules. C'était la première fois qu'il reparlait d'elle depuis sa sortie de l'hôpital, car il avait toujours cette impression que son ombre planait au dessus de lui, et pourrait le faire replonger dans les méandres de cette dépression qui l'avait conduit entre les murs d'un endroit qui avait fini par l'aider à sortir de toute cette merde.
Quand Daphné était arrivée ici, elle n'avait que Simon. Ils s'étaient comme...transportés d'un monde à l'autre et la jeune femme avait eut, comme qui dirait, un choc. Non seulement parce qu'elle ne savait pas vraiment où elle se trouvait, mais surtout parce que personne, vraiment personne, n'avait le même genre de vêtements qu'elle. Ils n'étaient pas raffinés. Les femmes n'avaient pas de jolis collier en diamant ou en rubis. Puis elle avait commencé à s'y faire et à s'acheter des vêtements qui correspondait bien plus à l'époque. Aujourd'hui, elle adore la mode. Elle pourrait passer une journée entière, sans s'asseoir, à aller d'un magasin à un autre pour se trouver quelque jolie robe ou bustier, jean taille haute. Des jeans. Non ? Sérieux ? C'est ce qu'elle s'est dit. Déjà la matière lui était tout à fait inconnu, mais des femmes qui portent des pantalons ? Woaw...Le monde à bien changé.
La jeune femme, avec Charlie, ne pouvait s'empêcher de parler. Il lui était même arrivé de parler en mangeant et sa chère mère l'aurait rabroué bien rapidement. Mais elle n'était pas là...Non. Elle n'était pas là...Ce n'était pas la fin du monde, tout proche fini par partir un jour, mais savoir qu'elle n'était pas partie, seulement dans un autre monde, était encore plus difficile. Comment vivait-elle sans Daphné ? Et Lady Danbury sans son neveu. Tout ça pour dire qu'elle avait envie de parler avec lui, lui faire part de ses connaissances. Elle voulait également en apprendre un peu plus sur la littérature actuelle. Parce que si elle était douée pour l'ancienne, la nouvelle n'était pas encore complètement acquise.
Elle soupira : « Le mariage... ». Elle devrait être mariée, à l'heure qu'il est. Mais Simon n'était pas d'accord avec ça. Il disait l'aimer tout en passant du bon temps avec d'autres femmes. Cela pourrait détruire Daphné, mais elle ne voulait pas qu'il voit son mal-être. Il y avait d'autres choses dont lesquelles il fallait s'occuper. Comme...les partiels de fin d'année.
« Je peux vous assurer que ce n'est pas une bonne idée. Anthony est protecteur ainsi que Benedict, oh Colin est un grand voyageur et, je le soupçonne, un brin rêveur. Quant à Eloise. Oh ma Eloise. Elle est si indépendante. Et franche. Vous ne verrez pas plus franc qu'elle. Elle aime lire également. Peut-être moins que moi, peut-être plus, je ne m'en souviens plus vraiment. C'est ce qui me rend triste. Je ne me souviens seulement de petits détails de ma famille. Il reste Francesca, Gregory et Hyacinthe, mais j'ai peu de souvenirs d'eux. Ils étaient jeunes, quand je les ai quitté. Enfin...Quand je suis arrivée ici. Bon, il avait une dizaine d'années tout de même, mais ils resteront des enfants pour moi. Même comme des bébés. ». Elle souriait, nostalgique de sa famille.
Charlie n'avait pas eu la joie d'avoir une grande famille. Il avait grandi avec sa mère, ses conquêtes, mais celà ne durait pas. Il avait appris rapidement à se débrouiller seul et sans elle. Elle travaillait beaucoup pour subvenir à leur besoin et Charlie s'était toujours senti incroyablement respectueux pour tout ce que sa mère avait pu faire pour qu'il ait une enfance la plus normale qu'il soit. Bien que ca n'était pas évident tous les jours. Il avait aimé sa mère avec infini et sa mort avait été un vrai déchirement qu'il avait même quitté le pays en quête de trouver une nouvelle vie ailleurs.
Alors Charlie se perd un peu dans ses pensées. Il sait qu'il ne doit pas s'y attarder car ca serait foutre en l'air une partie de sa thérapie. Il doit laisser ces pensées passer comme un nuage dans le ciel. Il ne devait pas oublier mais ne pas se laisser envahir par toute ca. Il avait fait une grave dépression à la suite de celà. Le Docteur Lecteur l'avait beaucoup aidé à aller de l'avant. Il essaye de reprendre le fil de ce que Daphné dit quand elle parle de sa famille et il lui sourit.
" On a perdu beaucoup de notre ancienne vie en venant ici. Nos proches... ils resteront à jamais dans notre coeur. " Il acquiesce doucement. " Vous les retrouverez j'en suis sûr et certain ! " Dit-il avec détermination. " Vous avez eu de la chance d'être entouré. J'espère peut être retrouver ma mère, je verrai bien. "
Il marque une pause, il avait capté qu'elle avait parlé du mariage d'un air nostalgique. Il lui fait un faible sourire après avoir mangé un morceau de son sandwich.
" Et vous avez quelqu'un dans votre coeur ? Mis à part votre famille ? " Il fronce les sourcils et sourit doucement pour se reprendre. " En toute innocence je parle. Je vois que vous étiez nostalgique en parlant de mariage. "
Parfois, Daphné oubliait que tout le monde n'avait pas une grande famille. Charlie n'en avait pas, lui. Il n'avait pas toute une armée de petits-frères et sœurs. Et de grands-frères. Quand il faut se souvenir de sa vie d'avant elle a du mal à ne pas parler avec nostalgie. Et, surtout, avec envie. Elle avait envie d'avoir une grande famille. Simon était là pour elle, Simon était censé être son mari à aujourd'hui, père de son premier enfant. Mais non. Elle avait envie de lui crier dessus. Lui crier son désarrois, ses frustrations, ses envies de mariage et d'enfants avec lui. Il était l'homme de ses rêves. Bien qu'au début ils se fuyaient d'une certaine façon. Mais aujourd'hui elle était amoureuse et le lui dire semblait impossible. C'était un peu de sa faute aussi, si elle était encore fiancée. Parce qu'elle n'avait jamais montré ses sentiments à Simon.
« Merci, c'est adorable. Et j'espère que vous trouverez également votre mère. Ou tout autre personne qui ne vous fait que du bien et ne vous renvoi que du positif. ». Pas comme Simon, aurait-elle envie de dire, mais elle se tut. Ses affaires sentimentales n'avaient rien à voir avec Charlie et Charlie n'avait pas à écouter les déboires amoureux d'une jeune femme torturée.
« Oh Hum... » elle ne répondit pas tout de suite, prenant une autre bouché de son repas, avant de le laisser de côté. « Je suis arrivée avec mon fiancé. Nous venions de nous fiancer, à vrai dire. Il y a trois ans. J'attends toujours qu'il se décide à venir me voir pour me dire : marions-nous. Mais cela n'arrivera jamais j'en ai bien peur. ». Et non, elle n'était pas QUE positive.
C'est ce genre de discussion simple qui pouvait donner de la bonne humeur à Charlie. Dans son ancienne vie, il avait du faire face à de nombreux soucis mais il semble, depuis qu'il était ici, depuis qu'il avait accepté une vie plus simple que tout était plus calme. C'était rafraichissant pour notre jeune homme. Et il aimait son travail, il aimait pouvoir parler aux gens de choses et d'autres, comme avec Daphné à cet instant.
" Je l'espère. Mais j'ai perdu la foi là dessus. " Répond-t-il. Oui, il espérait trouver sa mère même si pour lui, c'était bel et bien une utopie. Elle était décédée dans son monde, et il s'était fait à l'idée. Il avait vu partir son fantôme et elle ne reviendrait pas. Il fallait laisser les morts continuer leur chemin. Il reste un instant pensif alors que Daphné vient à parler d'un autre sujet. Celui de son fiancé.
Charlie voit la jeune femme s'assombrir alors qu'elle parle de son fiancé en lui annonçant qu'ils ne se marieraient surement jamais. Elle perdait cet espoir là après trois ans. Charlie laisse une pause en réfléchissant à ses propos. Il avait l'âme d'un grand romantique. Il devait l'avouer. Quand il aimait une personne, il ferait tout et n'importe quoi pour cette personne.
" Le mariage. " Dit-il d'abord. " Chez moi, c'est pas si important et pour moi, c'est l'amour le plus important. Vous vous aimez ? Je le vois... Peut être... attend-t-il le bon moment pour entreprendre tout ça ? Je ne le connais pas donc je ne peux pas émettre de jugement là dessus. " Mais il savait que la mariage chez certaines femmes étaient importants. " Vous devriez peut être lui en parler. Que celà vous plombe... Il ne s'en rend peut être pas compte au final. " Essaye-t-il de donner conseil à Daphné, même s'il ne veut pas jouer le donneur de leçon. Elle ferait ce qui conviendrait le mieux pour son couple.
" Je sais ce que c'est d'aimer quelqu'un et vouloir tout faire pour rendre heureuse la personne. Je connais les amours impossibles, mais quand l'amour est là, tout devient possible. " Il sourit. " Désolé, j'ai un discours un peu... perché. Je suis trop rêveur parfois... Un peu trop romantique... Ca m'a déjà perdu et ca me perdra surement encore... " Se confie-t-il quant à sa propre situation.
Daphné avait eut une vie relativement facile, avant d'arriver jusqu'ici. Surprotégée par ses frères, par sa mère et par son père jusqu'à sa mort. Elle n'avait pas forcément connu beaucoup de difficultés. Elle n'était pas allée à l'école puisqu'elle n'avait pas connue cela, ne s'était pas retrouver avec des gens moins classés qu'elle. Elle entretenait des relations avec quelques familles aux beaux et grands noms. Elle entretenait des relations avec des gens de la cours. Même avec la reine, qui l'avait nommé diamant de la saison.
"Je me dis qu'il faut toujours garder espoir. L'espoir fait vivre. C'est ce que l'on dit n'est-ce pas ?" dit-elle. Il faut croire qu'elle ne connait pas non plus toutes les expressions qui existent sur cette Terre, dans ce monde. Elle ne perdait pas espoir pour Charlie, en tout cas. Il devait croire au miracle. Parce que pour la brune, c'était un miracle de retrouver de sa famille ici.
"Non, vous êtes simplement romantique. J'adore ça, moi. Les personnes romantiques. Je le suis un peu aussi. Peut-être beaucoup, même. Mais je ne sais pas. On en a parlé, on a trouvé un terrain d'entente : il ne voit personne à part moi. Ca a fonctionné pendant un mois et il est redevenu volage. Je crois que je devrais rompre.". Rompre. Chose qui ne se faisait pas vraiment à son époque. Mais elle se sentait plus seule que jamais. Elle voulait que Simon l'aime, lui prouve son amour, mais rien. Rien de sa part. Il était étrange, Simon. Etrange, oui. Si les femmes l'attiraient autant, alors pourquoi était-il toujours là pour elle. Enfin...simple expression. Pourquoi était-il toujours dans les parages ?
Charlie sortait d'une grosse dépression, ca n'était pas évident pour lui toute cette histoire. Mais Daphné essayait de lui redonner espoir. Il la gratifie d'un léger sourire. Il avait besoin d'entendre ce genre de choses. Ca n'était pas grand chose mais parfois, ca vous réchauffait le coeur et ca vous donnait une once d'espoir en l'avenir.
" Vous avez raison. " Il baisse le nez sur son repas, gardant ce léger sourire sur les lèvres.
Il continue de manger tranquillement alors qu'ils discutent. Il devait quand même surveiller l'heure pour ne pas reprendre trop tardivement le travail. Daphné lui redonne aussi le sourire en lui disant que ca n'est pas un mal ce qu'il ressentait, et ce qu'il faisait lorsqu'il était amoureux. Oui, romantique... Certains lui diraient que c'est une faiblesse mais pas elle. Visiblement, elle souffre de la même chose que lui.
" Alors on se comprend. " Lui dit-il dans un sourire. Charlie ne sait pas quels conseils donner réellement à Daphné sur sa relation avec sa moitié. Charlie réfléchit, il ne veut pas dire de bêtises. " Vous savez... Parfois, il faut prendre de la distance pour mieux appréhender les choses. Rompre n'est pas forcément un mal. Celà dépend de ce que vous ressentez vous. Je suppose que vous l'aimez encore ? " Il hausse une épaule. " Parfois les hommes ont du mal à dire ce qu'ils ressentent. Je sais de quoi je parle. Je ne connais pas votre fiancé. Mais... après il arrive que ca ne fonctionne plus si bien que celà dans un couple et c'est la faute à personne. Comme celà peut revenir à la normale après une période de crise. Celà dépend de vous. Simplement. " Lui conseille-t-il. Assez sagement. Sachant qu'il serait totalement aveugle quant à sa personne. Charlie finit toujours par être trop impliqué dans ses relations amoureuses.
Daphné ne savait pas forcément tout du passé de Charlie. Au contraire. Mais elle voyait bien que ses mots le touchaient. Et ça lui faisait plaisir. Elle était heureuse quand les gens étaient heureux. Elle était touché quand les gens étaient touchés. Et elle sentait que quelque chose s'était produit, là, maintenant. Une sorte de mini connexion entre les deux jeunes gens. Oui c'était peut-être un peu beaucoup dire, mais elle avait rarement ce genre d'impression. En tout cas, elle souriait, la belle Daphne.
Ils semblaient comme connecté amoureusement parlant. Pas dans le sens où ils s'aimaient, mais dans le sens où ils étaient tous les deux romantiques. Et le romantisme c'est important pour la belle brune. Elle a du mal en ce moment. Simon lui manque, ses baisers, son touché, son odeur. Tout lui manquait chez lui. Elle avait envie, là, maintenant, de le rejoindre et de le regarder dans les yeux, lui dire qu'elle l'aimait et qu'elle voulait se marier là, maintenant. Mais elle ne pouvait pas. Pour deux raisons précises. Un : elle ne savait pas où il était et deux : elle avait cours dans peu de temps. Elle avait peur, en entendant les mots de Charlie. Elle ne voulait pas que Simon et elle se séparent. Elle ne voulait pas, mais n'était-ce pas une aussi mauvaise idée que cela ? Après tout, ne dit-on pas que nous ne savons pas ce que nous manquons avant d'avoir perdu la personne ? Si Simon perdait Daphné, que ce soit pour une courte durée ou pour une plus longue : est-ce que ce ne serait pas un électrochoc ? « Vous voulez dire que je dois le quitter pour mieux le retrouver, quelque part ? ». Elle y penserait toute la fin de la journée. Jamais elle n'oublierait ce que Charlie lui avait dit. Jamais. C'était un homme et Daphné n'avait jamais écouté les conseils d'un homme à part son père. Et parfois ses frères. Mais c'était si rare. Si...peu commun. Quelque chose lui disait qu'elle pouvait l'écouter. A moins qu'elle ait tout comprit à l'envers.
Il espérait avoir aidé Daphné. Ils ne se connaissaient pas beaucoup, mais Charlie aimait rendre service aux gens. C'était un de ses traits de caractère. Il ne sait pas s'il est de bon conseil mais il espère que ses paroles pourront être bénéfique pour Daphné. Il lui souhaite, dans tous les cas, d'être heureuse et de trouver une solution à son problème. L'amour, ca n'est jamais simple à gérer. C'était un fait.
Après il ne souhaite pas être celui qui met la zizanie dans le couple de la jeune femme. Il voulait juste qu'elle trouve une solution à ses soucis. Il voulait juste qu'elle se sente mieux auprès de l'homme qu'elle aime. Peut être s'investissait-il de trop dans cette démarche ?
Elle lui repose une question en lui formulant les choses directement. Charlie soupire, et laisse une longue seconde de flottement. Il finit par hausser les épaules.
" Je ne sais pas si c'est la chose à faire. Je ne veux pas vous inciter à prendre une décision lourde. " Il baisse la tête. " C'est un peu ça. Prendre de la distance peut être bénéfique dans un couple. Mais je sais que ca n'est pas évident. Surtout quand on aime quelqu'un de toute son âme. " Il sourit doucement. " Je dois vous avouer que j'en serai incapable de mon côté. Quand je suis amoureux, j'ai carrément la tête à l'envers, c'est affolant ! "
Charlie n'était pas que romantique, c'était aussi un amoureux de l'amour. Quand il aimait, il se donnait un peu trop corps et âme.
" J'espère qu'il a conscience de ce qu'il risque de rater. " Dit-il avec sincérité. " Vous êtes jolie, vous avez de belles conversations, vous êtes gentille. Vous êtes pleine de qualité Daphné. Et je suis franc avec vous. "
Moses.
Contenu sponsorisé
I don't want to stay alone (Daphné&Charlie)
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum