(Abandonné)(AU) The abyss from where no traveler is permitted to return [Citra]
Invité
Mar 8 Mar 2022 - 10:54
The abyss from where no traveler is permitted to return. × ft. Citra
« Allez, Vaas ! Je suis sûr que t’oses pas y aller ! Gros bébé ! T’es toujours dans ton petit temple dans les jupes de ta maman ! » Railla Haku en direction du plus jeune de la bande. Les autres enfants rigolèrent à ces propos. « Moi, j’ai déjà été au moins deux fois ! » Ajouta un autre gamin. « Menteur ! T’as jamais été… » Ajusta la seule fille du groupe. « Allez ! Y a rien là-dedans ! Si la déesse a empêché l’accès, c’est juste pour nous faire peur. » Continua Haku. Face aux moqueries, Vaas baissa la tête et serra les poings. Le courage n’était pas son fort… Non, il avait beau être le descendant d’un guerrier vénérable et de la déesse de sa tribu, il restait un petit garçon, terrifié par beaucoup de choses. Prenant son courage à deux mains, il bouscula Haku. « Oh ! Regardez-le ! Il veut affronter le monstre de cet endroit, tout seul ! T’as même pas le courage de tenir un arc ! Tu es nul, Vaas ! Alors, tu vas faire quoi ? » Les moqueries continuaient de pleuvoir, mais déterminer, il poussa un bout de taule grignoté par le temps. Son frêle corps réussit à se faufiler entre le métal et le béton. Ses amis se regardèrent. Une certaine inquiétude s’empara d’eux. Vaas ne donnait aucune nouvelle. « Vaas ? » Appelèrent-ils. Toujours aucune réponse… « Et si le monstre l’avait mangé ? » Haku déglutit. Subitement, la voix de s’éleva. « Je suis là ! Vous venez ? » Malheureusement, le gamin venait d’entrer dans un vieux bâtiment ravagé par les flammes, un piège spécialement préparé pour Jason. Les structures fragilisées par le feu et le temps menaçaient de s’effondrer à tout moment. Le garçon parcourait l’environnement dangereux, la peur au ventre. Les reflets du soleil dans cette vieille bâtisse créaient des ombres effrayantes… Le cœur tambourinait dans sa poitrine. « Y a quelqu’un ? » La voix chevrotante fit de l’écho. Rien… Personne… Maladroit, il trébucha et s’écrasa lourdement au sol. Le planchée se craquela sous son poids. Une réaction en chaîne débuta. Le bois pourri s’affaissa et entraîna dans sa chute une bonne partie du bâtiment. Une course effrénée débuta, il courait vers la lumière. Ses cris résonnaient dans tout le complexe. D’ailleurs, les autres gamins prirent la poudre d’escampette sans se préoccuper du sort de Vaas. Étendu sur le sol, les poumons en feu, l’enfant avait réchappé à une mort certaine. Il pleurait à chaude larme et appelait doucement sa mère. Petit à petit, une personne s’approchait de lui en gloussant. Une arme de poing pendait le long de son corps. Sa rangers se posa sur l’épaule du gamin et le poussa pour le mettre sur le dos avant de s’accroupir. « Maman ? » Interrogea sa voix tremblante. Un autre ricanement. La main de l’inconnu empoigna le col de ses vêtements pour le redresser. « Non. Essaie, encore ! » Face à l’effort conséquent, le gamin sombra dans l’inconscient. « La génération de demain… » Se moqua l’inconnu.
Affalé sur un fauteuil, la radio crépitait des musiques aux consonances hispaniques. Une légère fumée émanait d’un cigare posé sur le cendrier. Le corps du gamin reposait sur une paillasse humide. Un gémissement attira le regard de l’homme. Vaas ouvrit les yeux et aperçut l’inconnu. La peur le saisit immédiatement lorsqu’il bougea. « Je peux savoir ce que tu fous, ici, petit merdeux ? » Pris de peur, Vaas se recroquevilla. « Vous… Vous êtes le monstre du complexe ? Ne me mangez pas… S’il vous plaît ! Je veux juste retrouver ma maman ! » Implora-t-il. « Un monstre ? » Gloussa-t-il. Effectivement, il avait été le monstre de son peuple pendant plusieurs années, mais désormais, il ne l’était plus. « Hum. Ta maman ? Si tu voulais, réellement, revoir ta maman chérie… Pourquoi t’es venu, ici, hein ? Pauvre petit con ! » Cracha-t-il. Sous le ton agressif de l’homme, le garçon ferma les yeux et sanglota. « Non ! Non ! Arrête de chialer ! Bordel de merde… » Un long soupir s’échappa de ses lèvres. Décidément, il n'avait pas gagné en patience durant ces six années. Désespéré, il décida d’invoquer son statut. Parfois, la fierté ne servait à rien, en moment de crise ! « Je… Je suis le fils de la Déesse de la guerre… Et… Et… Celui du guerrier le plus fort des Rakyat… Je… Suis…Vaas Talugmai ! » Trop d’informations d’un coup. Donc, il avait attrapé le gamin de la cheffe de l’île. Par déduction, il comprit rapidement que Citra avait eu un gosse… Une autre information heurta brusquement son esprit. Le gamin s’appelait Vaas ! « Ouah… Attends ! Attends ! Quoi ? Mais, c’est moi, Vaas ! Non… Elle se fout de la gueule du monde. Tu te fous de ma gueule ? C’est ça ? » N’appréciant pas spécialement la plaisanterie, il se redressa violemment et s’approcha du bambin. « Non… Non ! C’est vrai ! Citra est ma maman… Et… Mon père est Jason… Je ne connais que son prénom. » Brutalement, son corps s’arrêta. Son regard observait avec minutie l’enfant. Aucun détail ne lui échappait. Ses mains empoignèrent la tête du gamin et son regard se planta dans le sien. « T’as ses putains de yeux… Oh ! Jason… Jason… Biquette… Tu t’es tellement fait baiser. Je t’avais dit qu’on s’était fait baiser… Que t’allait te faire baiser. Peut-être qu’avec une poitrine et des tresses, t’aurais écouté, connard ! » Soupira-t-il. L’enfant ne bougeait pas et pleurait à chaude larme entre les doigts de l’ancien pirate. « Qu’est-ce que je vais faire de toi… » Gros dilemme : dévoiler au monde son secret ou bien continuer sa vie. Ses mains délaissèrent le garçon et il s’assit sur son lit. « Vaas… Vaas ? Bordel de merde, j’ai l’impression de délirer… » Nettement moins impulsif qu’auparavant, il réfléchissait. Sa sœur remuerait ciel et terre pour retrouver son marmot. Néanmoins, jeter son corps aux requins brouillerait les pistes… « Hé, gamin ! T’es venu seul ? » Face à la détresse de son mini-lui, il le secoua pour le calmer. « Je te pose une putain de question ! » Vociféra-t-il. « Non… Oui… Mes amis sont de l’autre côté. » Le destin s’acharnait sur lui… Il ne pouvait pas le faire disparaître. Cette option n’était plus envisageable. Teigneuse, elle viendrait fourrer son nez dans ses affaires. Peu de solutions s’offraient à lui…
Les vagues s’écrasaient lourdement sur la coque du navire. La lune se reflétait sur les eaux calmes de Rook Island. Les deux Vaas avaient longuement discuté pour que l’adulte puisse comprendre la situation. Sincèrement, il se demandait ce qu’il foutait. Il se jetait littéralement dans la gueule de l’ennemi. « Tu connais ma maman ? » Demanda-t-il. « Hum. » Il refusa de répondre. « Et mon papa ? » Questionna-t-il. « Un peu ! » Le garçon hocha la tête et mangea son morceau de mangue, généreusement offert par Vaas pour qu’il se taise ! « Hé ! Tu connais Dennis ? Il est incroyable, tu sais. » Continua-t-il. Intrigué par cette profonde connerie, il entra dans son stratagème. « Non ? » Il sauta de son siège. « Oui ! C’est le meilleur guerrier des Rakyat… Il m’entraîne ! Même si je ne suis pas très bon… J’essaie de faire au mieux… Il est très patient avec moi. Tu sais qu’il a le tatouage ! J’ai de la chance ! » Annonça le petit garçon. Connaissant le niveau médiocre de Dennis, Vaas ne put s’empêcher de rire. « Tu t’es fait baiser, gamin ! » Rétorqua-t-il. « Ça veut dire quoi, baiser ? » Le questionna-t-il en venant se tenir à sa jambe. « Tu demanderas à ta mère ! Hé, lâche-moi ! » Grommela-t-il en secouant sa jambe. « Assis ! » Sincèrement, il se maudissait d’avoir choisi cette option. Cette crevette l’emmerdait profondément.
Amarré, non loin du temple, ils abandonnèrent le bateau et continuèrent à pied. Son esprit continuait de peser le pour et le contre de cette idée stupide. Pendant six ans, il avait vécu dans cette jungle sans l’aide de personne. Il avait survécu à cette foutue lame du dragon. Cette tranquillité, il allait la foutre en l’air pour un gamin. Les braseros illuminaient l’entrée du temple… Deux gardes surveillaient les alentours. L’ancien trafiquant se demandait quelle menace pesait sur les îles. Les papillons ? Les oiseaux ? Le sentiment d’insécurité de sa sœur devenait maladif. Grâce à l’obscurité, son physique serait moins reconnaissable. Vêtu d’un blouson kaki, d’un pantalon militaire et de rangers, son style vestimentaire le trahissait. Désormais, il ne se pavanait plus avec sa crête et abordait une barbe poivre et sel de quelques semaines. Sa cicatrice trônait toujours sur son crâne. Le gamin interpella les deux hommes qui accoururent annoncer la bonne nouvelle. Arrivée dans l’enceinte du temple, l’orateur se leva pour accueillir sa déesse. « Citra. Nous avons retrouvé ton enfant ! » L’arme sur la tempe de l’enfant, Vaas avançait en tenant le gamin. « Menteur… » Siffla-t-il. Face à cet affront, tout le monde se tourna en direction de Vaas. Dennis observait avec stupeur ce fantôme du passé. « C’est impossible ! Vaas… Tu es. » Il fut immédiatement coupé. « Mort ? Apparemment. Tu devrais essayer. On s’éclate après un coup de poignard ! » Protecteur, Dennis déroba un fusil d’assaut et le pointa en direction des deux Vaas. L’adulte haussa les yeux au ciel, très peu impressionné. « Une seule rafale et le gamin y passe. Pas sûre qu’elle apprécie. T’as appris à viser entre deux ? Pose ton arme, hermano. » Incapable de rester sans rien faire, le conseiller de son Altesse poursuivit. « Tu vas mourir, ici et maintenant ! Tu ne viendras pas arracher la vie de son enfant ! Tu ne te vengeras pas. » Beugla-t-il. L’ancien pirate gloussa et avança avec le gamin. « Espèce de petit enfoiré… Dennis. Dennis. Tu oserais manquer de respect à ta Déesse ! Abattre un homme d’une balle dans la tête dans ce temple, hermano… Tu es un guerrier, non ? Apparemment, le meilleur de cette putain d’île. Tu entraînes son fils ? Oh non… Tu l’aimes toujours ? C’est ça. Tu veux la sauter. Ah… L’amour… On ne peut pas vivre avec… Et. Et c’est tout… » En colère, le canon de l’arme trembla légèrement. « Qu’est-ce que tu viens faire, ici ! Finir ce que tu as commencé ? Détruire sa famille ? » Blasé, Vaas continuait son ascension des marches et aperçut le tronc de l’arbre. « Toujours aussi con… » Soupira-t-il. « Où est-elle ? » Bien entendu, la réaction du guerrier fut stupide. Il jeta l’arme et agrippa sa machette. « Un combat à mort ! Je te défie ! Tu ne lui feras rien ! Alors, lâche le gamin… Prends ton courage et affronte-moi ! Tu es un traître ! Tu dois mourir et ne plus jamais revenir ! Il a échoué, mais je n'échouerai pas ! » Voyant que la grande cheffe n’était pas là, il baissait la tête vers le gamin. « Fous le camp ! Allez ! Dégage ! » Sans attendre, l’enfant se carapata vers sa mère.
Se débarrassant de son arme et de son holster, qu’il jeta au pied de l’arbre. Contrairement à la coutume Rakyat, Vaas n’agrippa pas de couteau et laissait Dennis dandiner le sien dans tous les sens. « Oh… Un véritable guerrier et sans la lame ? Bordel… Tu vaux que dalle ! Rien. Nada. » Ricana-t-il. Cet argument engagea le combat entre les deux hommes. La maigre assemblée ne quittait pas des yeux les deux hommes. Vaas narguait son adversaire en esquivant sans riposter. Par moment, la machette passait à quelques centimètres de sa chair. Arrivant près d’une colonne en pierre, il empoigna férocement ses vêtements et l’encastra à deux reprises contre le pilier. Opportuniste, Dennis tenta de sectionner avec son arme l’arrière des jambes de Vaas. Fort heureusement pour lui, son combattant assommé visait à côté. Néanmoins, il ne put anticiper le coup de poing qui s’abattit sur sa mâchoire. Le paria recula sous l’impact et cracha son sang dans les fougères. Le regard de Vaas changea ! Fini de jouer ! Brutalement, il désarma son adversaire et abattit un sérieux coup au niveau de son foie. La machine enclenchée, il ne s’arrêtarait pas. Le guerrier encaissa le premier coup, mais la suite fut sans appel. Hargneux. Bestial. Violent. Sa force continuait de s’abattre sur Dennis. Rien ne semblait arrêter Vaas dans cette boucherie, la tête ensanglantée et boursoufler de son adversaire ballotait dans tous les sens. Sans force, étourdi, il n’y avait plus aucune riposte. Férocement, ses mains empoignèrent son t-shirt et le redressèrent. Sa tête prit de l’élan et son front s’abattit contre le sien. Cette ultime action scella l’issue du combat. Le corps inerte de Dennis s’écrasa lourdement au sol. Mort ? Non, il ne l’était pas, mais salement amoché. Il lui faudra plusieurs jours pour récupérer de l’agression de cette force de la nature. Pour marquer davantage cette humiliation, il appuya sa botte sur sa tête. « Ah… Dennis. Toujours aussi incompétent. Un chiot au pied de sa maitresse. T’apprendras jamais ! Hein ! T’échoues encore une fois… Tu viens, t’ouvres ta grande gueule. Tu crois pouvoir refaire la même chose, encore et encore, en espérant que ça change ? Pauvre taré ! Regarde-toi ! » Gloussa-t-il. « Une pute vaut un paquet de fric, mais toi… Toi et tes copains, vous ne valez même pas une balle. » Cracha-t-il avant de récupérer son arme qu’il range à sa ceinture. Il épargnait la vie de ce crétin. L’humiliation sera un fardeau plus dur à porter que la mort.
Comme à son habitude, son impulsivité avait primé. Les autres personnes présentes dans le temple observaient avec effarement ce qu’il venait de se passer. Personne n’y croyait ! Mais les regards fuyant de certains indiquèrent à Vaas l’apparition de la cheffe. Des murmures s’élevaient. Le rebelle se retourna et aperçut sa sœur. Elle gardait la même prestance. Un silence de plomb tomba. L’un comme l’autre se jugeait du regard, cherchait le moindre signe de faiblesse. « T’as pris des hanches, Citra. » Simple observation, le ton était neutre. Le gamin apparut derrière sa mère. « Tu devrais faire attention à tes affaires ! Imagine… Imagine un instant qu’un monstre habitait dans ce complexe, il serait déjà mort depuis longtemps. Tu as de la chance. Beaucoup de chance ! Il est tombé sur moi. » Un sourire narquois animait son visage. Connaissant le passif de Vaas et les Rakyat, ce commentaire était déplacé et sarcastique. Sa main passa sur sa barbe et soupira en voyant que les autres le tenaient en joue. Réellement, il se maudissait d’avoir cette stupide idée. « Bien. On va s’entretuer, c’est ça ? » La brillance d’un objet à ceinture de Citra attira l’œil de Vaas. « C’est toi qui l’as. Ouah… Je savais que c’était un sac à merde, mais pas à ce point. » La réflexion n’amusa pas sa sœur, ni l’assemblée. « Bon. Je t'ai ramené ton marmot, j'y retourne. Allez ! À plus. » Ni apeuré ou intimidé par le canon des armes pointant dans sa direction, il s’apprêtait à quitter les lieux. « Attends ! Sérieusement. C’est vraiment une putain de blague. C’était drôle… Foutrement drôle ! Il m’a dit qu’il s’appelait Vaas, c’est vrai ? »
Dernière édition par Vaas Montenegro le Lun 6 Fév 2023 - 20:01, édité 4 fois
Invité
Jeu 10 Mar 2022 - 0:21
The abyss from where no traveler is permitted to return
Vaas & Citra
Six années s'étaient écoulées depuis que Jason avait été son guerrier. L'Américain avait réussi à se débarrasser de tous ces cafards qui s'étaient accaparés Rook Island, permettant de nouveau la paix et la reconquête des terres des Rakyats. La déesse restait toujours sur ses gardes concernant une potentielle invasion d'étrangers. Hoyt l'avait fait pour y créer son business illégal et sans vergogne, alors quelqu'un d'autre pourrait aussi avoir cette idée, s'il venait à connaître Rook Island. Néanmoins, malgré une potentielle menace pouvant venir de l'extérieur, la paix était belle et bien présente. Celle-ci avait également apporté la paix intérieure à la prêtresse. Plus d'ennemis, plus de guerre. Ses ambitions étaient atteintes. La relève serait assurée coûte que coûte après sa mort. Les Rakyats perdureraient puisque le guerrier parfait était présent parmi eux. En effet, ce guerrier parfait, n'était nul autre que son fils, Vaas. Un enfant de six ans déjà débrouillard pour son âge et si amoureux de la vie, de son île et de son peuple. Vaas était né de sa relation avec Jason. Le guerrier avait décidé de ne jamais retourner en Amérique après tout ce qu'il avait accompli sur cette île et il n'avait pas hésité un seul instant à renier sa vie passée, quitte à tuer tous ses amis pour obtenir les faveurs de Citra. Cependant, la déesse n'avait jamais imaginé gouverner en compagnie de Jason. Le guerrier resterait toujours à ses yeux un étranger, une arme qu'elle avait manipulée avec soin pour arriver à ses fins. De même que s'il avait sauvé leurs terres, Jason restait également l'assassin de son frère. Malgré son deuil, pour avoir accepté cette fatalité car Vaas était devenu une menace pour son peuple, une part d'elle avait aimé ce renégat. C'est pourquoi, Citra n'eut aucun regret à le tuer lors d'un rituel où le guerrier et elle entretenaient des relations intimes. La déesse mettrait au monde son enfant, lui transmettrait toute sa puissance, sa force et sa détermination. Les neufs mois d'attente furent une bénédiction, un moment où la déesse pu faire une introspection de sa vie. La jeune femme pouvait se consacrer corps et âme à ce bébé à venir. Avant même qu'il ne soit né, Citra ne cessait d'être protectrice, de lui chanter des chansons, lui raconter des histoires. Son amour était inconditionnel et elle serait prête à tout pour lui. Son peuple était également présent pour l'accompagner à terme. La déesse reçue de nombreuses offrandes et cadeaux pour elle et son petit héritier. Le jour de l'accouchement fut pour elle la plus belle des délivrances. Entendre ce petit être pleurer et crier, apprendre qu'il s'agissait d'un garçon et le sentir contre son corps, la remplirent de joie, des larmes de bonheur coulèrent le long de ses joues. Son fils devenait son monde, son univers. Citra décida également de l'allaiter elle-même et de s'occuper de lui, il était hors de question qu'elle le laisse à des nourrices de peur qu'il puisse lui arriver malheur. Lorsque la prêtresse décida de lui donner le prénom de son frère décédé et ennemi de son peuple, les Rakyats furent dans l'incompréhension. Comment pouvait-elle donner le prénom d'un monstre qui avait trahi les siens et les avait décimé ? Dennis tenta de la faire changer d'avis, en vain. Citra expliqua son choix par un renouveau. C'était un moyen pour elle de redorer ce prénom, prouver que la paix était l'élément fondamental de son règne et celui de Vaas, mais également de rendre hommage secrètement à son frère. Si son cadet n'avait pu régner à ses côtés, il le serait à travers ce petit bout. L'enfant se mit d'ailleurs à grandir à vu d’œil au fil des ans. La déesse appréhendait déjà la fin de son innocence, dans la mesure où celle-ci lorsqu'elle avait pris fin, avait progressivement détruit la relation qu'elle entretenait avec son frère. Pour le moment, Citra ne lui mettait donc pas la pression bien qu'elle exigeait qu'il suive correctement son éducation Rakyat et qu'il comprenne qu'il devait devenir un guerrier, plus tard ce serait lui qui gouvernerait sur Rook Island. La prêtresse souhaitait qu'il profite pleinement son enfance comme elle l'avait fait autrefois. C'est pourquoi, la jeune femme le laissa jouer avec ses amis dans la jungle tandis qu'elle vaquait à son rôle de cheffe. La mère de famille était loin de se douter que son enfant et ses camarades étaient partis se rendre au complexe de Vaas, sinon elle aurait été ferme sur la question. En effet, Citra y avait fait interdire l'accès depuis la mort de son frère et des ennemis tués de la main de Jason. Il y avait trop de mauvaises ondes, de mauvais souvenirs. Les Rakyats ne s'y aventurèrent guère...à quelques exceptions près. Les plus téméraires et avides de sensations fortes, y étaient allés pour tenter de piller les vestiges de la gloire passée du pirate. Néanmoins des bruits étranges, l'ambiance des lieux et son obscurité, les faisaient fuir. Certains racontaient même avoir croisé le fantôme de Vaas Montenegro et qu'il était toujours aussi enragé, son âme ne reposant pas en paix. De ce fait une légende était née et perdurait au grand dam de Citra. La jeune femme refusait de croire à ses idioties, bien qu'elle devait admettre que d'imaginer un seul instant cette possibilité lui donna des frissons. En effet, la déesse n'avait pas pu lui offrir une sépulture et son corps avait dû pourrir dans un coin de son repaire, mangé et dévoré par les animaux sauvages. Le jour fit place à la nuit. La lune ornait le ciel remplit d'étoiles, mais aucune trace du petit Vaas. Ses amis étaient revenus quelques heures auparavant, mais pas son fils. Citra ressentit une pointe dans sa poitrine. La déesse essaya de ne pas céder à la panique, mais la peur de ne jamais le voir revenir, prit le dessus. La prêtresse ordonna à ses hommes de fouiller la jungle. L'idée d'imaginer son fils perdu au milieu de cette jungle hostile, blessé lors d'une chute au fond d'une grotte ou poursuivit par un animal sauvage la rendait malade. S'il arrivait quoi que ce soit à son fils, elle en deviendrait folle. Citra était restée au temple afin de l'accueillir à tout moment. La déesse tournait en rond comme un animal en cage, tandis que Dennis tenta de la rassurer, en vain. Il n'y avait rien de pire que la détresse d'une mère. Alors qu'elle s'apprêtait à ne pas dormir de la nuit, réfléchissant aux endroits que sa progéniture aimait s'aventurer. C'est alors qu'une voix la fit sortir de ses pensées, indiquant qu'ils venaient de retrouver Vaas. Citra jeta un regard en direction des deux hommes lorsqu'elle vu son fils entre les mains de...son frère... ? La déesse n'en croyait pas ses yeux, c'était impossible...Vaas était par la lame du dragon, tué par Jason....et puis il y avait ces six ans où elle ne revit plus son visage...Les rumeurs sur son fantôme étaient vraies ? Son cadet était bien en chair...et il avait changé physiquement...un fantôme...les années se reflétèrent sur son visage. Le son de sa voix lui donna des frissons suite à l'échange qui était en train de se produire avec Dennis. Il était bel et bien vivant...imprévisible autrefois, Citra n'eut pu s'empêcher de redoubler d'inquiéter en voyant son fils en sa compagnie et avec une arme sur la tempe. Etait-il venu ici pour se venger ? Tuer sa progéniture devant ses yeux ? Dennis prit leur défense, silencieuse, elle observa cette provocation en duel. La déesse n'aimait décidément pas la tournure que la situation prenait. Tout d'abord parce qu'ils étaient dans un temple, un lieu sacré, qu'il y avait son fils en plein milieu d'un conflit et pour finir parce qu'elle ne s'était pas remise de ses émotions entre la peur qu'elle avait éprouvée et ses retrouvailles avec le pirate. Citra eut un haut le cœur lorsque Dennis pointa son arme en direction de son fils...décidément, ce dernier commença à vouloir rendre des comptes sur le passé, quitte à mettre en péril la vie de l'héritier des Rakyats. Par chance ou par acquis de conscience, Vaas demanda à l'enfant de fuir. Ce petit bout d'homme vint retrouver sa mère. La déesse s'agenouilla afin de le prendre dans ses bras. Elle le serra de tout son cœur, lui avouant avoir eu peur et de ne plus jamais recommencer. La cheffe cacha le visage de son fils contre sa poitrine, afin de lui éviter de regarder une telle scène. Dennis comptait énormément pour l'enfant, un duel à mort n'était pas l'idéal pour le préserver de son innocence. Citra se redressa ensuite et cacha Vaas derrière elle afin qu'il ne voit pas les dégâts causés par son oncle. Vaas était toujours aussi violent...en revanche, il sembla épargner la mort de son adversaire aussi étrange que cela pouvait paraître.
« Je n'aime pas voir du sang couler en ces lieux et encore moins y voir la mort. Le temple ne doit pas être désacralisé. » soupira-t-elle à l'intention des deux hommes, même si elle doutait que Dennis puisse l'écouter comme il était dans un sale état, inerte au sol. « Faites venir la guérisseuse. » ordonna-t-elle à l'intention de ses disciples. Citra se tenait droite devant Vaas, seulement quelques mètres les séparaient. Comme à son habitude, son frère ne manqua pas de répartie. Décidément, la prêtresse avait du mal à le cerner, doutant du changement qui semblait opérer par son look et ses actes. La mère de famille leva les yeux au ciel face à sa remarque sur son physique avant d'écouter ce qu'il avait à dire. Le pirate lui demanda de faire attention à ses affaires...son fils...et au vu de son discours, Citra comprit où s'était aventuré son enfant, dans la tanière du tigre. Un frisson parcouru son dos, l'idée qu'il puisse mourir dans ce complexe désinfecté et des mains de Vaas lui faisait terriblement peur. La petite tête aux cheveux d'ébène fit son apparition derrière sa mère afin d'observer Vaas.
« Maman c'est lui le monstre du complexe ! Il m'a donné une mangue et ramené ici, il n'est vraiment pas méchant, mais ça fait peur chez lui, c'est tout noir. » l'enfant remarqua Dennis au sol accompagné de la guérisseuse et des hommes pour le faire soigner à l'infirmerie. « Pourquoi tu as fait du mal à Dennis ? Je t'ai dit que Dennis était un véritable guerrier, c'est aussi mon ami. Toi aussi tu es mon ami maintenant. » Son fils eut une mine triste, ne comprenant pas tout ce qui se passait actuellement. Il attrapa la main de sa mère. Citra coupa le petit homme avant même qu'il ait pu reprendre la parole : « Tu te souviens quand maman t'as dit de ne pas te mêler des histoires de grands ? S'en est une. » rétorqua-t-elle avec autorité et un calme remplit de tendresse avant de s'adresser à son frère avant que lui aussi rétorque : « C'est un enfant. » Sous-entendant qu'il n'avait pas intérêt à répondre à l'intervention de son fils, lui brisant ses rêves d'enfants. « Nous n'allons pas nous battre. En tout cas, pas cette fois. » Ignorant tout de ses intentions, la déesse préféra émettre une trêve avec une potentielle riposte s'il venait à passer à l'offensive dans les jours qui viennent. La cheffe ne releva guère pour la lame et elle était prête à le laisser partir lorsque celui-ci s'arrêta pour lui demander si le gamin s'appelait vraiment Vaas. Elle hocha positivement de la tête :
« C'est en effet le cas. Je lui ai donné ce prénom à la naissance. »
Citra évita d'exposer ses raisons, si Vaas savait réfléchir, il comprendrait peut-être un jour pourquoi elle avait fait ce choix. L'enfant tira sur la main de sa mère pour essayer d'attirer son attention. Alors, c'était tout ? Sa maman allait laisser partir cet inconnu ? La déesse n'avait plus toute sa tête, trop d'émotions, de sentiments et de nostalgie s'étaient emparés d'elle lorsqu'elle avait posé les yeux sur ce fantôme du passé. Elle souhaitait comprendre sa survie et les raisons de son silence. Également et comme semblait le partager le petit Vaas, il fallait qu'elle le remercie pour ce qu'il avait fait ce soir.
« Vaas...j'aimerai te remercier pour avoir raccompagné mon fils. Viens donc te joindre à nous pour repas de ce soir et après tu pourras repartir. » Citra fit signe à ses hommes de baisser leurs armes. Ces derniers hésitèrent, mais ils furent contraints de lui obéir. L'enfant regarda son oncle : « Tu vas voir, c'est trop bon ! En plus on a des mangues ! »
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Invité
Sam 12 Mar 2022 - 17:43
The abyss from where no traveler is permitted to return. × ft. Citra
L’œil vigilant de Citra aperçut l’entièreté de la scène. Néanmoins, le statut de Vaas au sein des Rakyat ne le soumettait plus à la sainte autorité de sa sœur. Paria, depuis longtemps, il était le seul maître de ses agissements. À son époque, cet endroit avait été le théâtre de bien des actes, qu’elle condamnait actuellement. Des souvenirs ressurgirent. Des souvenirs, qu’il avait enterrés, depuis sa renaissance. Une longue et profonde introspection lui permit d’abandonner ses ténèbres… Au vu de son passé tumultueux, la lumière ne l’accueillera jamais dans son royaume. Cependant, sa mentalité avait changé. Certaines addictions n’embrumaient plus son esprit avec leurs doucereuses tentations. Son obsession profonde et destructrice envers Citra ne l’entravait plus de ces chaînes. Libre, il se sentait enfin lui-même ! Il se concentrait, enfin, sur sa propre personne, n’étant plus sous le joug de tierces personnes. Désinvolte, son regard se tourna vers la carcasse ensanglantée de son adversaire. « Huh... Ce temple… Rho ! Tu te mens à toi-même. Tu ne te souviens pas de ces pauvres enfoirés qui sont morts, ici ? Non ? De ces clébards qui nous emmerdaient ? Non ? » Gloussa-t-il avant de détourner ses yeux vers l’enfant. « Bien sûr que non… Il accapare toute ton attention. Ah… La beauté de l’innocence. » Un sourire moqueur égaya son visage. Vaas avait parfaitement compris que Citra souhaitait préserver son enfant de cette barbarie. Ses propos voulaient simplement soulever l’hypocrisie de la situation en rappelant à sa chère sœur et à sa noble assemblée leur acte. Il remarquait qu’effectivement les mœurs avaient changé depuis la fin de Hoyt… Elle avait eu ce qu’elle voulait… Comme toujours. Laissant la guérisseuse s’occuper du véritable guerrier de cette tribu, il se rapprocha quelque peu de sa sœur en remettant son holster en place à sa ceinture. Cette action eut pour effet d’attiser la vigilance des gardes qui ne quittaient pas Vaas du regard. L’ancien trafiquant ne s’y intéressait pas et continuait de jouer avec le feu.
La tête de son neveu émergea à côté des jambes de la cheffe Rakyat. Le présumé Vaas prit la parole, chose qu’agaça terriblement Vaas. Il dépeignait un portait idyllique, voire presque charmant de la bête noire des Rakyat. Bien entendu, l’assemblé s’offusqua légèrement aux paroles de l’enfant, mais pouvant-on réellement l’en vouloir d’imaginer l’ancien pirate comme quelqu’un de gentil ? Voici, purement, l’innocence qu’il avait longuement chérie. Quelque peu nostalgie, quelques brins du passé défilèrent dans son esprit. Une époque révolue… L’enfant vit Dennis se faire traîner par ses confrères avec la guérisseuse, la mine triste de l’enfant n’éveilla aucune pitié en Vaas. Certes, il avait changé, mais certaines choses demeuraient. Le fanatisme n’avait pas totalement ravagé l’esprit de la déesse puisqu’elle rappela son garçon à l’ordre. Ce besoin de contrôle maladif amusait son frère… Décidément, les vieilles habitudes ont la vie dure, que ce soit pour l’un ou pour l’autre. Un gloussement retentit. Sa mise en garde ne refréna pas le paria… Après tout, elle ne possédait plus aucune autorité sur sa personne ! « Les êtres chers… Les amis. La famille. Ceux qu’on aime… C’est vrai, ça ? Qu’est-ce qu’on est sans famille ? Hein ! Rien… Absolument rien ! C’est ça ? Avant… Ouais, avant… J’étais prêt à tout pour ma sœur ! » Un léger ricanement l’interrompit, amusé par sa propre bêtise. « Ouais, j’aurais tout fait… Parce qu'il n'y a rien de plus sacré que la famille, non ? Tiens ! C’était pour elle, la première fois que j’ai tu… » Gloussa-t-il. Volontairement, il s’arrêta pour préserver l’innocence du gamin ? Pour énerver sa sœur ? Pour lui éviter ses crimes ? Ses motivations restaient incertaines, mais le sujet dévia. « Un véritable guerrier ? Dennis ? Aussi amusant que cet enfoiré ! Ah… Oui, le tatouage ! Hum… Pauvre chien en quête de frisson… Regarde-le ! Regarde-moi ! Je ne suis pas un guerrier, non ? Je n’ai pas de tatouage, non ? Alors, qu’est-ce que ce pauvre connard fout par terre ! Ton véritable guerrier ? Ton mentor ? » Rit-il avant de se calmer. Son index pointa son buste et indiqua par la suite Dennis accompagné d’un sifflement aigu. « Je devrais être à sa place… Hein ! Moi, pas lui ! Un incompétent parmi tant d’autres ! Même le plus prometteur finit par devenir une charogne… Il passe entre les cuisses d’une certaine personne et devient une saloperie de vendu… Un traître… Au moins, on s’est bien marré. » Effectivement, il évoquait Jason. S’il n’était pas présent en ces lieux, il devait sûrement profiter d’un bon bain de boue dans une sépulture. À nouveau, un gloussement retentit… Les monologues et Vaas, une longue histoire d’amour. « Ah oui… Une dernière chose, gamin, tu devrais faire attention à tes fréquentations. Ta mère serait folle de chagrin si l’un des monstres de cette jungle te bouffait tout cru. » Une menace ? Oui, ceci sonnait comme une menace. Le cercle très privé, qui gravitait autour de Citra, se scandalisait d’entendre les propos de cet homme, même si par moments, ils avaient une certaine légitimité. Trop fier, les membres du conseil refuseraient de lui donner raison.
Le regard sévère de sa sœur le fusillait. Son autorité venait d’être bafouée, mais le rebelle n’avait jamais apprécié les règles. Un simple gloussement retentit et il s’apprêtait à disparaître dans les noirceurs de la nuit, à repartir d’où il venait. Lui n’avait pas envie d’une guerre et, pour une fois, elle semblait s’être attaché à cette paix. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il ne rétorqua pas au fait qu’elle ait donné son prénom à son fils. Ses breuvages hallucinogènes lui avaient, sans doute, ravagé l’esprit. De dos, le monstrueux personnage reprit sa route, s’apprêtant à descendre cet escalier en pierre grignoté par quelques mauvaises herbes. L’invitation de Citra perturba Vaas. Il ne s’y attendait pas. Pourquoi invitait-elle sa plus grande erreur ? Quelques fois, il ne reconnaissait plus sa sœur… Peut-être un subterfuge pour l’assassiner en douce et éviter de répandre le bruit de sa résurrection ? Avec elle, il gardait une certaine méfiance. Si elle tentait quoi que ce soit, il emporterait son fils dans sa chute. Personne ne souhaitait offusquer la reine, les gardes barrèrent le chemin de Vaas et lui indiquèrent d’un mouvement de tête l’endroit qu’il devait rejoindre. « Dire que j’ai failli le tuer… » Son regard se reposa sur le gamin. Décidément, il ne se taisait jamais. « Quelle chance d’avoir épargné ta vie… » La moquerie contenue dans sa phrase n’affecta en rien le garçon, qui appréciait le fait que son nouvel ami mange avec eux. Toujours armé, il recouvrit de sa veste militaire son arme et glissa ses mains dans ses poches. Docilement, il suivait Citra et le gamin. Cela faisait des années que Vaas n’était pas revenu dans ce temple, pourtant, il n'avait pas changé d’un millimètre. La même stupide légende était peinte sur le mur réveillant en lui une profonde amertume. « Tu voudras bien t’asseoir à côté de moi ? Hein ? Dis ? » Essaya son mini lui. Excédé par cette mignonnerie sur patte, il haussa les épaules. Prenant cela comme une acceptation, l’enfant sourit. Cependant, les propos tenus par l’ancien pirate le travaillaient.
Arrivé à la salle des repas, les divers conseillers et quelques prêtresses saluèrent avec respect la déesse. Comme à son habitude, il s’en fichait des coutumes et sans se préoccuper des regards effarés qu’on lui jetait, il s’installa à côté du gamin. « Citra… Je ne pense pas, que lui laisser son arme, soit une bonne idée. » Inquiet, un sous-fifre tenta d’alerter sa déesse. Vaas, incapable de se taire, reprit immédiatement. « Tu te chies dessus ? Hein ? T’as raison, hermano ! Terre-toi comme un rat ! Couine à ses pieds ! Fait encore la même putain de chose. Regarde-toi… Pourquoi je te tuerai ? Pourquoi je gâcherai une balle ? Alors, que je peux t’ouvrir en deux comme tes anciens copains ! » Gloussa-t-il, voyant que la tension montait chez les gardes de la pièce. Vaas reprit : « Ça va ! Je suis calme… Promis, mamá, je ne tue personne. » Lança-t-il en direction de sa soeur. Intimidé, l’homme baissa les yeux et regarda Citra. Sans se préoccuper davantage de ces gens, il piocha sa nourriture et commença à manger. Le moindre geste était épié. Une atmosphère lourde tomba à table. Troublé, personne n’osait regarder Vaas, sauf sa sœur et certains de ses gardes armées. Attiré par le poulet fumé à la braise, il se redressa légèrement et empoigna le pilon de volaille avant de le sectionner avec le couteau prévu à cet effet. Surprise, la plus jeune des prêtresses se recroquevilla, prête à subir la fureur de ce démon. Cependant, le coup ne vint jamais. L’ancien trafiquant se rassit à sa place et continua la dégustation de son repas. « Vaas ? C'est ça ? » Hésita le gamin. Son regard glacial se posa sur mini-Vaas. « Tu peux… Tu peux me couper ma viande ? J’arrive pas… J’ai pas assez de force… » Demanda-t-il timidement en tendant son couteau. Tout le monde retint sa respiration, le monstre du complexe, blasé, empoigna son assiette et découpa la viande en plusieurs morceaux. Une fois sa tâche finie, il lui rendit assez brusquement son assiette ainsi que son ustensile tranchant. « Merci… » Dès qu’il se retourna, les regards fuirent à nouveau et les hommes armés abaissèrent le canon de leur arme. Néanmoins, il y eut un certain étonnement et plusieurs interrogations se soulevèrent. Lassé, Vaas continuait son repas, mais la curiosité de l’enfant ne tarda pas à resurgir. « Tu vis tout seul dans la jungle ? Loin des autres... Dennis dit que les plus forts ont le tatouage… Tu as l’air d’être fort, je crois… Tu as battu Dennis… » Le sang sur ses phalanges et l’état de Dennis réaffirmait cette véracité. « Mais… Alors… Pourquoi t'as pas le tatouage ? C’est parce que t’es pas un Rakyat ? Mais tu sembles connaître, maman... » L'interrogea-t-il innocemment. Son désir de réponse était inexistant, ses iris remontèrent jusqu’à sa sœur. Soit sa mère lui expliquait, soit Vaas raconterait tout son parcours sans prendre de pincettes. Par cet échange de regard, il lui offrait la possibilité de répondre à son marmot.
The abyss from where no traveler is permitted to return
Vaas & Citra
Citra exigea de ne tuer personne dans le temple. Il était sacré et ne souhaitait pas le désacraliser. D'autant que son fils y vivait et que d'autres enfants venaient jouer en ces lieux. Vaas s'empressa de lui rappeler le passé, évoquant les massacres des plus récalcitrants.
« Une nouvelle ère a commencé depuis que la paix est revenue à Rook Island. »
Les armes seraient pour les ennemis, les envahisseurs d'une autre terre. La déesse voulait offrir à son peuple la prospérité et jusqu'à présent, elle y arrivait assez bien. Ils n'étaient pas à l'abri qu'un autre Hoyt s'empare de nouveau de l'île, mais les Rakyats seraient prêts à les accueillir, prêts à défendre leur île. Citra désirait un avenir pour son fils, son guerrier parfait. Elle souhaitait qu'il connaisse le goût de la paix afin qu'il puisse la regretter lorsqu'un étranger s'attaquerait à ce qu'il lui appartenait de droit, à son peuple. La jeune femme ne se faisait aucun souci la-dessus, le petit Vaas aimait leurs traditions, leurs légendes, leur île. Il vivait sa vie de Rakyat sans aucune haine et avec toute innocence. Ce petit être l'avait assagit, apaisé et même trouvé la paix intérieure. Jamais, elle n'aurait cru tomber sous son charme, pensant en faire une machine de guerre. Progressivement, la prêtresse avait songé à voir ce futur guerrier comme une simple machine à tuer, souhaitant faire de lui, le meilleur chef qu'il soit en tout point. C'était donc avec un regard de mère que Citra voyait son fils même si elle restait la cheffe de la tribu. Vaas n'avait pas tort, son fils accaparait toute son attention. Son fils lui attrapa doucement la main qu'elle serra comme pour se rassurer qu'il était bien présent et non une illusion, tandis que le petit offusqua tout le monde par ses paroles. Citra se pencha et lui fit comprendre gentiment de ne pas se mêler des histoires de grands. Malgré l'avertissement de la déesse en direction de son frère pour ne pas s'en prendre verbalement à l'enfant, ce dernier décida de répliquer. S'il n'y avait rien de désagréable pour son fils, la Rakyat était pleinement visée. La cheffe lui jeta un regard noir, ne souhaitant pas qu'il joue à ce genre de jeu et encore moins impliquer le petit Vaas dans cette histoire.
« Vaas ! »
S'exclama-t-elle avec autorité, non pas pour qu'il lui obéisse, mais qu'il s'arrête dans ce qu'il allait dire. La déesse n'avait pas encore parlé au petit Vaas le passé de Rook Island, en tout cas peu de temps avant sa naissance. Fort heureusement, son frère le fit tout seul et il s'empressa de rebondir sur les propos de son fils sur Dennis. Citra leva les yeux au ciel tandis que l'enfant se cacha derrière sa mère en entendant le monstre du complexe s'emporter.
« Il n'y avait aucun mérite dans ce combat, aucun enjeu si ce n'est de montrer qui en a la plus grosse. » Citra fit sortir son fils de sa cachette et s'agenouilla afin d'être à sa hauteur. « Tu te battras pour de nobles causes, pas parce que quelqu'un te jettera un regard de travers. »
La prêtresse caressa tendrement la joue de son fils avant de se relever et de jeter un second regard noir en direction du pirate. La jeune femme évita de répliquer concernant le fait que les guerriers passaient entre ses cuisses. Insinuait-il qu'ils étaient devenus faibles à cause et pour ça ? Du Vaas tout craché, pourtant jadis, ce fut lui qui se retrouva entre les siennes. La menace du renégat sur les fréquentations, fit peur au petit garçon qui serra encore plus la main de sa mère.
« Ne l'écoute pas, je te protégerai toujours, même du plus infâme et terrifiant des monstres. »
Citra ne quitta pas son regard de celui de son frère. Le message lui était destiné. Si Vaas touchait à un seul cheveux de son fils, il en subirait les conséquences. La cheffe ravala sa rage pour laisser place à la rédemption. En tout cas, elle faisait tout pour remercier le pirate d'avoir ramené son fils sain et sauf. Le petit garçon était enchanté par l'idée, même s'il était perturbé par les différents propos du monstre du complexe. Ce serait également pour Citra l'occasion de constater ou non si son ennemi avait changé et s'il n'envisageait pas de renverser la paix de Rook Island. La cheffe l'invita à la suivre tandis que le petit garçon demanda à son oncle de venir s'asseoir à ses côtés. Le gamin le prit donc comme un oui et retrouva son petit sourire. Le chemin qui mena à la salle des repas fut long pour la jeune femme. Elle pouvait sentir ce dernier derrière son dos tandis que mini Vaas ne faisait que de lui jeter des regards observateurs. Des années s'étaient écoulées et ils n'avaient pas eu la chance de se reparler, pas après la guerre sans nom qu'ils s'étaient donnés. Arrivés sur place, ses sujets n'apprécièrent guère la présence de l'ennemi. Citra ne les blâmait pas, elle les comprenait et savait qu'elle en entendrait parler encore longtemps tout comme le jour où elle avait choisi le prénom de son bébé. D'ailleurs, l'un de ses sujets décida de prendre les devants, souhaitant avertir du danger imminent dans la salle. Vaas partit au quart de tour, ne laissant pas sa sœur en placer une. Néanmoins, il dû remarquer son mécontentement puisqu'il vint à se ressaisir et à se calmer avant de s'asseoir à côté de son neveu et de commencer à manger. Citra fit signe aux Rakyats présents de s'asseoir et leur montra qu'il n'y avait rien à craindre, plutôt oublier ses propos. Cependant, le repas était désagréable pour tous, les Rakyats avaient peur du renégat. La déesse garda une attitude calme, jetant de temps à autre des regards à l'assistance. Elle n'avait pas peur dans la mesure où il n'avait pas tué le petit Vaas, tout comme Dennis ou ce Rakyat. Des actions qui laissèrent à réflexion comme lorsque le pirate aida son neveu à couper sa viande. Son enfant avait l'air content, cette innocence et le fait qu'il n'ait aucune crainte, la renforça dans son opinion. Jamais, auparavant elle n'aurait vu le rebelle se comporter de la sorte. La curiosité de son petit la ramena à la réalité lorsqu'il interrogea le pirate sur des interrogations existentielles. Citra avait espéré lui en parler plus tardivement lorsqu'il serait véritablement en âge de comprendre. D'autant, qu'il était dur pour elle d'expliquer la grande fracture qu'il y avait eu entre son frère et elle. Vaas avait raison sur ce point, sans famille on était rien. La déesse l'avait compris en mettant au monde son enfant. Son cœur espérait au plus profond d'elle la réunir, enfin si son frère avait véritablement changé. Ils mériteraient peut-être une seconde chance non ? La cheffe tâcha de se ressaisir dans sa rêverie, notamment en sentant les regards insistant sur elle et plus particulièrement de Vaas. Lui laissait-il la chance de s'expliquer ? Sans doute, en rajouterait-il une couche si ce qu'il entendait ne lui plaisait pas. Dans tous les cas, elle devrait dire la vérité à son fils. Citra devait des explications à tout le monde. Elle souhaitait que ce repas soit consommé en pleine sérénité, ne souhaitant pas mettre mal à l'aise l'assemblée présente. C'est pourquoi, la jeune femme décida de fournir des explications. Elle donna plusieurs coups de cuillère contre son verre afin d'attirer l'attention et prit aussitôt la parole :
« Nous aurions dû commencer ce repas avec des explications. Il n'est pas trop tard pour le faire, celui-ci n'est pas encore achevé. » Citra regarda les Rakyats : « Je sais que ma décision ne vous plaît guère, mais sachez que je sais ce que je fais que les dieux m'en soient témoins. » Un silence et puis elle reprit : « Vaas aurait pu tuer mon enfant, mon héritier et votre futur chef. Il n'en est rien. Vaas aurait pu tuer Dennis ou l'un d'entre nous et il n'en est toujours rien. Nous n'oublierons jamais notre passé, les actions commises, mais nous pouvons aller de l'avant. Garantir la paix et un avenir pour le peuple Rakyat. » Citra jeta un regard en direction de son frère : « Ne le blâmons pour des questions d'étiquettes, Vaas est un invité et à le droit d'avoir ses idéaux, nous les nôtres. » La jeune femme regarda son enfant : « Je tenais donc à le remercier pour me l'avoir ramené. Si quelqu'un à une objection à faire, il est prié de quitter la salle. »
Citra tendit sa main en direction de son fils. Celui-ci lui adressa un sourire et la lui prit. La mère de famille ne pouvait plus reculer sous les regards curieux et anxieux des Rakyats : « Vaas est ton oncle mon lionceau. Ton oncle ne partageait pas mon amour pour nos traditions et notre peuple, nous nous sommes éloignés....et haït...ton oncle a fait de mauvaises rencontres, des étrangers sur notre île...une guerre a éclaté...elle était inévitable....et a fait beaucoup de dégâts et de morts auprès de notre peuple...Vaas aurait pu être digne du tatouage, être un guerrier, mais il en a décidé autrement....nous avons gagné la guerre grâce à ton père...et nous pensions que ton oncle était mort...il doit avoir ses raisons qui l'ont poussé à ne pas refaire surface après toutes ses années. » Un silence régna dans la salle, Citra ne blâmais aucunement son frère. Elle reprit tout en regardant Vaas, mais continua de s'adresser au petit : « Tu sais mon lionceau...tout le monde à souffert de cette guerre...personne n'a été épargné...pas même ton oncle...je pense que nous nous sommes faits souffrir mutuellement... » Pour la première fois, Citra admit avoir blessé le pirate. « Mange donc à présent. » Elle se pencha ensuite pour déposer un baiser sur son front. La déesse appréhendait la réaction de son frère.
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Invité
Dim 27 Mar 2022 - 18:42
The abyss from where no traveler is permitted to return. × ft. Citra
Malgré les souvenirs, Citra souhaitait la paix. Ce revirement. Ce changement. Il l’avait aperçu de loin terrer dans son complexe. Depuis quelques années, les deux îles n’avaient plus la même dynamique. Le régime de terreur de Vaas et Hoyt n’étant plus, les habitants retrouvèrent le calme qu’ils chérissaient tant. « La paix, huh ? » Gloussa-t-il, moqueur. Vu son passif, il refusait d’y croire. Elle mijotait incontestablement quelque chose. Peut-être que sa future machine de guerre se terrait entre ses pattes ? Qu’importe ! Vaas avait choisi son camp depuis sa dernière tentative de meurtre. Désormais, il se battrait pour lui. Terminé d’être le bon serviteur d’une tierce personne !
Leur vécu semblait déranger sa sœur. La déesse guerrière ne souhaitait pas entacher la belle image qu’elle s’était donnée. Une hypocrite parmi tant d’autres ! L’ancien trafiquant retint cette information. En même temps, comment l’ignorer ? Malgré son changement de sujet, elle se sentit obligée de donner de la voix pour l’en dissuader. Ignorant simplement cette recommandation, il poursuivit son discours en abordant un thème épineux pour les Rakyat : Dennis. Le sang de ce pauvre homme corrompait le sol sacré de cet endroit. Vaas, quant à lui, se portait comme un charme. Sa victoire sonnait comme un affront envers les croyances de son peuple. L’humiliation se portait plus difficilement que le meurtre ! L’enfant se cachait derrière elle, n’appréciant pas le ton du contrebandier. Comme toute mère face à un danger, elle lui fit face et décida de le rabaisser. Une vieille habitude qu’elle n’avait décidément pas perdue. « La prochaine fois… Tu m’enverras ton meilleur guerrier, mamacità ? » Railla-t-il. Ses paroles ne plurent cependant pas à son cadet. Qu’importent les années, la paix ou une autre connerie, la dirigeante continuait de défendre son peuple avec ferveur au détriment de son frère. Lorsqu’elle annonça que son fils se battrait pour des nobles causes, l’ancien pirate ne put s’empêcher d’éclater de rire. Cette pauvre aliénée lui ressortait le même discours… Des années avant l’arrivée de Hoyt, elle lui promettait monts et merveilles. Fatalement, les nobles causes ont volé en éclats… Seules, les atrocités avaient subsisté. Serait-elle assez folle pour reproduire les mêmes erreurs en espérant que cela change ? Son attitude goguenarde s’atténua, laissant place à un air provocateur. La mère de famille le provoquait, il n'arrivait pas à décliner cette invitation. Un sourire carnassier étira ses lèvres. « Ne fais pas des promesses que tu pourrais regretter, hermana. » Le ton du défi était distinct. Vaas ne fit rien. Ses iris se déportèrent sur l’enfant et l'homme gloussa en voyant sa peur.
À l’intérieur du temple, une profonde agitation régnait. Les membres du Conseil n’appréciaient pas la présence de ce paria. Les gardes, sur le qui-vive, ne le quittaient pas des yeux. À la suite de l’altercation avec l’un des pleutres de sa sœur, Vaas se mit à table et mangeait à sa faim. L’empoisonnement était toujours possible, mais dans les mœurs des Rakyat, ceci sonnait comme un acte de lâcheté. Étonnamment, la grande impératrice ne commenta pas son attitude de rustre. D’habitude, elle ne manquait pas une occasion d’asseoir son autorité sur sa personne. Le repas se déroula dans la crainte pour les Rakyat, dans l’ennui le plus total pour Vaas et dans une certaine gaieté pour son neveu, depuis l’acte généreux de son oncle. La curiosité interpella l’entièreté de l’assemblée. Son regard courroucé ne quittait pas celui de sa sœur. Attendant patiemment qu’elle prenne la parole pour expliquer ce merdier. Le bruit cristallin du verre s’éleva parmi les chuchotements, le silence tomba et tous la regardèrent. Le discours de Citra n’intéressa guère Vaas au début. Il pensait qu’elle essayerait à nouveau de noyer le poisson. À l’appellation des dieux, dans sa légendaire insolence, il leva les yeux au ciel. Allait-elle encore parler de son géant à la con ? Non, elle prit une tournure inattendue pour le paria… Étouffant sa surprise avec son air impassible, il ne s’attendait pas à des remerciements publics. Enfin, certainement pas de cette envergure. Certes, il aurait pu répliquer aux faits, que ses cibles ne soient pas mortes, mais elle ne lui laissa pas le temps. La suite n’allait être qu’une avalanche de révélations.
L’élément fatidique tombait ! Elle avouait désormais le réel lien entre les deux Vaas. Le petit semblait ravi de cette nouvelle, lui, qui se sentait affreusement seul et sans figure masculine dans son entourage. Entendez bien que Dennis n’était en rien une figure masculine ! Ce n’était qu’un rat déguisé ! Néanmoins, la version de Citra restait très édulcorée… Elle refusait d’affirmer que c’était elle, qui avait commandité son assassinat. Cette première information l’agaça. Cependant, l’attitude de son frère ne la démonta pas, elle poursuivit de plus belles ! Son habituelle froideur reprit le dessus, prêt à cracher son venin. Son visage se renfrogna lorsqu’elle admit pour la première de sa vie qu’elle avait causée sa souffrance. Elle n’avait jamais avoué ses erreurs ! Incrédule, Vaas tentait tant bien que mal de cacher la surprise de cette révélation trop forte. Certes, depuis sa renaissance, il avait enterré son passé. Il avait tourné le dos à certains de ses vices... À son obsession. Ce changement radical lui avait permis d’enfin atteindre une certaine paix intérieure, du moins une sensation qui s’en rapprochait. Ses paroles, ses excuses à demi-volées ravivèrent une certaine partie de son ancien lui. Non ! Il refusait de retomber dans cette fatalité ! Étrangement silencieux, il remettait de l’ordre dans ses pensées. Jamais, il redeviendrait le bon chien de sa sœur… Citra n’avait jamais été sa lumière… Elle n’était que les ténèbres qui l’empêchaient d’évoluer.
Heureux du baiser de sa mère, l’enfant poursuivit son repas. Sa curiosité ne tarda pas à remontrer le bout de son nez. Timidement, le petit se tourna vers Vaas, mais ce dernier n’avait pas spécialement envie d’être assailli de questions stupides. « Tu sais, parfois, il faut passer par une révolution… Le monde n’a aucune importance, ni la voix du monde, ni la voix de la famille, ni la voix de la société ! Rien n’a d’importance ! Rien. Ils comptent beaucoup trop… On ne peut plus s’en débarrasser… Ils sont constamment là, à nous tirer vers le bas, à nous foutre en l’air ! Quand tu veux t’en sortir… » Un sifflement accompagna sa main qui remontait vers le ciel. « Tu leur tournes le dos. Ah... Petit problème ! Ils te plantent un couteau dans le dos. » Gloussa-t-il, il portait encore la marque de cette tentative dans sa chair. « Cette révolution… Cette putain d’introspection si profonde que même ta propre âme cherche à te buter ! Elle est nécessaire… La mort, le sang, un monde de terreur où le ciel est en feu… Ah… Il y a des moments, où il faut choisir entre vivre sa propre vie. Entièrement. Complètement. Pleinement. Ou de se faire constamment baiser par une existence fausse que le monde, dans son hypocrisie, exige ! Cette même hypocrisie que ces connards ont choisie… Ils glissent leurs emmerdes sous le tapis, préfèrent se parer d'une belle morale… Mais ! Mais… Toi. Tu peux encore choisir… Tu sais, la peur pétrifie certaines personnes. » Son index pointa en direction du Conseil. « Mais elles en libèrent d’autres. » Son doigt n'incriminait personne, mais on pouvait aisément deviner qu'il parlait de sa propre personne. « Vaas… Vaas… Tu ne comprends pas, huh ? » Gloussa-t-il. « Imagine que tu as un bateau… Vraiment, un bateau que tu adores, celui de tes rêves les plus fou ! Il a un moteur, une piscine et plein de petites piques pour planter la tête de tes ennemis. Mais… Parce qu’il y a toujours un, mais. Mais il y a des détails qui t’emmerdent, qui t’agace… Ouais, les problèmes commencent toujours par des détails, c’est comme ça ! Vraiment, ne doute jamais du fait que les emmerdes commencent toujours par des petites merdes ! » Il finit une pause et avala une bouchée de viande. « Tu te rends compte qu’il faut remplacer certaines pièces… Les lattes, les rideaux, les hublots… À force de changer, de remplacer les pièces de ton putain de bateau, il ne ressemble plus à celui d’origine, pas vrai ? Tout ce qui te plaisait a été remplacé petit à petit… Il est cool, ton bateau 2.0, mais c’est plus le même du tout… Avec les gens, c’est pareil ! » Finit-il. Sa main passa sur sa barbe poivre sel.
« Une putain d’île paradisiaque sur une mer démontée… » La nostalgie le gagna quelque peu. Oui, son île paradisiaque… Son rafiot au milieu de cet océan. Il gloussa. « Ouais, Hoyt… Cet enfoiré. Toujours en chemise. Qu’est-ce qu’il m’emmerdait par moments ! Ouais… Les détails à changer de ce joli bateau, mais Papa Jason a fait le sale boulot. Enfin presque... » Un rire étouffé s’entendit et il secoua la tête. « Vaas ? » Interrompit le gamin de sa petite voix. « Quoi ? » Coupé dans son élan, il observa le gamin. « Maman dit que tu as été blessé avec tout ce qui s’est passé… Mais, avec moi, tu n’as pas été si méchant… Alors, tu es devenu un gentil monstre, c’est ça ? » Questionna-t-il avec son éternelle innocence. Vaas plissa les yeux. Son expression n’annonçait rien de bon. Allait-il passer à l’attaque ? Allait-il montrer au monde entier qu’il restait la même bête sanguinaire ? Le Conseil le pensait… Une tension était palpable… Angoissés, ils attendaient la sentence du dit monstre. « Un gentil monstre ? Non… Je suis l’horrible monstre qui se cache sous ton hypocrisie… Ou la leur. Ah ! L’innocence… C’est si beau. » Son attention se porta sur sa sœur, désormais. « Tu y tiens, hein ? » Il parlait de la pureté de son enfant. « La paix. Un gamin. Mon prénom. Une légende... C'est quoi la suite ? Je deviens le nouveau géant à abattre ? » Gloussa-t-il.
The abyss from where no traveler is permitted to return
Vaas & Citra
Vaas s'amusa face à l'évocation de la paix. Peut-être était-ce dur à ses yeux de le croire et pourtant, il s'agissait de la stricte vérité. La guerre avait été menée parce que Hoyt et Vaas désiraient détruire le peuple des Rakyats, s'accaparer leurs terres. Une menace que Citra avait éradiqué par l'intermédiaire de Jason. A présent, il n'y avait pour le moment plus aucun danger à l'horizon. La déesse se préparait toujours au pire, ils n'étaient pas à l'abri du monde extérieur avide de possession comme les colons l'avaient fait aux Amériques. La prêtresse ne releva pas, même si son regard froid et son attitude traduisait ce qu'elle pouvait ressentir concernant la réaction de son frère. Vaas avait ramené son fils, c'était ce constat qui la rattacha à la sérénité. Il n'était pas là pour une embuscade ni pour se venger de sa sœur et des Rakyats, enfin c'était l'impression qu'elle avait. Citra pouvait aisément comprendre la méfiance de son peuple, le pirate avait massacré les leurs. Concernant le combat réalisé entre Dennis et son frère, la déesse ne prit aucun parti. Il s'agissait à ses yeux qu'une question de fierté et de testostérone. Ce n'était en aucun cas un combat valeureux. La prêtresse essaya d'appliquer ces valeurs à son fils, se battre pour de nobles causes et non par stupidité.
« Il n'y aura pas d'autres fois Vaas. »
Rétorqua-t-elle d'un ton ferme. Son meilleur guerrier serait son fils et à aucun moment elle ne désirait revivre une confrontation avec Vaas et l'un de ses guerriers, surtout un combat menant à la perte de son propre sang que ce soit son frère ou son fils. Un combat signifiait également la fin d'une paix rudement acquise, un échec qu'elle ne pouvait tolérer. Si Citra arborait toujours une attitude sérieuse, froide et autoritaire, le renégat continua de rire de la situation dans tous les sens du terme. La déesse était formelle, jamais elle ne laisserait quelqu'un s'en prendre à son enfant, pas même son frère. Il ne lui faisait aucunement peur. La Rakyat montra dès lors les crocs comme une tigresse prête à bondir sur sa proie :
« Tu ne connais pas la fureur d'une mère prête à tout pour protéger son enfant. »
Citra était prête à raser des villages, tuer de ses propres mains tous ceux qui s'en prendraient à son lionceau. Être maman lui avait montré une autre perception de la vie. Elle devait penser à ce petit être qu'elle avait porté en elle pendant neuf mois. Il était devenu soudainement son univers. Son amour était plus fort que tout et elle pouvait déplacer des montagnes pour lui, vider l'eau de l'océan à mains nues. Vaas était témoin de cet amour maternel, Citra ne plaisantait pas. L'enfant était à la fois sa force et sa plus grande faiblesse. Cette promesse, elle ne le regretterait jamais et elle la tiendrait au péril de sa vie. Ne revenant pas sur sa décision d'inviter son frère, tout le monde se dirigea en direction de la salle des festivités. Le renégat avait suivi et s'était installé après s'être fait remarquer par son attitude rustre à l'égard d'un Rakyat. Le déesse n'intervint guère, prenant sur elle au risque de décevoir les siens. Assise, la tension continua d'être palpable, tous les regards étaient rivés sur son cadet, chaque geste était interprété et la méfiance était de mise. Certains devaient penser qu'ils risquaient d'avoir tôt ou tard un bain de sang. De plus, la présence du pirate auprès de l'héritier, n'inspirait guère confiance, tout était observé dans les moindres détails. Citra gardait un calme olympien même si elle appréhendait les paroles du rebelle à l'égard de son fils. La prêtresse n'avait pas tout dit concernant ces dernières années à son enfant. Elle préférait attendre qu'il soit en âge et parce qu'elle pensait avoir tout le temps. Ne mangeant rien comme une majorité du conseil, la jeune femme décida de prendre la parole histoire de mettre les choses au clair et instaurer la sérénité au sein du temple. Le silence régna face à son discours. Elle espérait être convaincante tout comme elle espérait que son fils comprenne la situation sans pour autant perturber son innocence. La déesse connaissait par cœur les expressions de son frère plus que quiconque. Elle se doutait que tout ne lui avait pas plu, elle s'attendait même à un ouragan, une réaction destructrice de sa part. Citra ne le quitta pas du regard sauf pour jeter des coups d’œil à son fils, ravi de découvrir un nouveau membre de sa famille. La Rakyat commença à se servir jusqu'à ce que Vaas décida de prendre la parole, s'adressant à son mini lui. Citra écouta attentivement et silencieusement. Comme la cheffe s'y était attendue, Vaas lui adressa des piques, des paroles qu'elle n'appréciait guère dans la mesure où elles étaient blessantes. La jeune femme laissa échapper un soupir tout en gardant une attitude droite, sa main serra la fourchette qui se trouvait sur la table dressée. L'enfant ne comprenait pas totalement l'intégralité des propos de son oncle, il ignorait tout de ce passif, mais il buvait ses paroles pensant écouter une leçon de vie. Une leçon de vie à la Vaas. L'assistance était offusquée, choquée et agacée, ils ne comprenaient toujours pas pourquoi Citra ne bougeait pas le moindre petit doigt. Vaas remarqua que son neveu ne comprenait pas un traite mot de ce qu'il disait et décida de simplifier son argumentaire en évoquant l'image d'un bateau. La déesse le dévisagea si ce n'est qu'elle fronça également les sourcils. La cheffe n'eut pas l'impression que son frère avait changé. Certes, il s'était peut-être assagit, mais il éprouvait encore cette rancœur à leur égard. Citra leva les yeux en l'écoutant parler, elle commençait progressivement à regretter ses remerciements par un repas. Elle aurait dû le laisser partir, lui donner une bourse d'or pour le dédommagement et ils auraient pu très rapidement revenir à une vie normale. Était-ce de la folie d'avoir pensé un seul instant au changement ? L'avantage, c'était qu'elle en saurait plus au fur et à mesure sur ses intentions. Allait-il relancer une guerre ? S'en prendre aux Rakyats ? Autant que ce repas serve même si elle n'avait pas souhaité au premier abord que ce repas soit une démarche politique. Citra décida d'intervenir, elle ne pouvait plus rester de marbre, notamment parce qu'elle n'était pas d'accord avec son frère :
« Peut-être que ce bateau n'est plus le même, mais il reste encore une partie de son âme. S'il n'était plus plaisant, il était possible de le changer, d'abandonner celui-ci pour un autre qui est plus dans les attentes souhaitées. Pourtant, il est gardé, peut-être par nostalgie ou parce que ce bateau restera toujours celui que tu aimes mon lionceau. Certes, il ne ressemble plus à l'original, mais les changements ne font pas toujours du mal, ils ne sont pas forcément mauvais. Ton bateau ne peut qu'être meilleur. Après tout, ces travaux sont faites par la personne qui les exige, alors c'est à elle de prendre les bonnes ou les mauvaises décisions pour faire de son bateau ce qu'elle désire. »
La déesse lança un regard en direction de Vaas. L'enfant lui dévorait la leçon de vie de sa mère et de son oncle. Lorsqu'il évoqua Hoyt et Jason, Citra lui lança un regard désapprobateur. Son fils quant à lui continua de se poser tout un tas de questions. Il décida d'interroger le pirate. Si sa question était innocente et pourrait prêter à sourire, elle mit tout le monde sous tension. Le visage de Vaas annonçait rien de bon. Ce dernier renvoya une pique à l'attention de l'assemblée et de Citra. La déesse leva les yeux au ciel, elle connaissait que trop bien cette citation de la part de son cadet. Elle allait répondre, mettre fin à ce repas qui ne menait à rien lorsque le petit Vaas reprit :
« Je dis toujours la vérité. » l'enfant n'appréciait pas d'être traité d'hypocrite et encore moins les Rakyats. De plus, il était perturbé par sa réponse : « C'est toi l'hypocrite! Tu n'es pas un monstre, tu veux juste l'être pour terrifier les enfants, mais ça ne marche pas sur moi. »
Par chance, Vaas avait dévié son attention sur la sienne. Le pirate souhaitait comprendre où menait cette mascarade. Citra décida d'y répondre : « Oui j'y tiens. » admit-elle avant de reprendre : « C'est à toi de me le dire Vaas. » La déesse souhaitait savoir s'il y avait à craindre une autre guerre, si celui-ci envisageait de devenir ce nouveau géant à abattre. Cette décision ne dépendait pas d'elle, mais bien de son frère revenu entre les morts.
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Jeu 31 Mar 2022 - 20:17
The abyss from where no traveler is permitted to return. × ft. Citra
La fermeté de ses paroles arracha un sourire à Vaas. Le pirate la provoquait par son attitude, mais il ne souhaitait pas redémarrer les hostilités entre eux… Cela faisait six ans qu’il vivait sa vie sur son bout de paradis. Les quelques ignorants, qui s’aventuraient au complexe, prenaient peur au moindre bruit suspect. Finalement, il remerciait quelque peu cette légende, cela lui permit de vivre loin de tous pendant ces six longues années… Toutefois, toute bonne chose a une fin. Ce proverbe, il ne le connaissait que trop bien. Plus d’une fois, Vaas avait dû tourner la page. Changer d’optique de vie. Une fois de plus ou une fois de moins, cela ne changeait rien à ce roublard. Désormais, il aspirait à une vie de contrebandier simple… Le paria avait profité de l’anarchie laissée par Jason pour récolter et planquer les ressources des entrepôts cachés de Hoyt. Lorsqu’elle évoqua la fureur d’une mère, ses épaules se haussèrent. À moins que Citra soit amnésique, elle savait parfaitement que leur mère n’était pas extrêmement protectrice avec eux. Ancienne prostituée, elle se battait surtout pour son égoïsme et sa survie… Ses pauvres enfants n’étaient que des poids à ses yeux et occasionnellement un défouloir pour ses colères impétueuses. Heureusement pour ces deux bambins, le calvaire s’arrêta vers leur six, cinq ans. N’ayant pas le courage de poursuivre cette lutte, Kishi passa la corde autour du cou et abandonna le monde des mortels pour une torpeur éternelle. À partir de cet événement, leurs existences basculèrent, empoissant peu à peu l’esprit de l’ainée avec de stupides idéaux. Les prémices des folies sanguinaires de la Déesse Guerrière des Rakyat étaient plantées… Des fondations solides qui continuaient, encore aujourd’hui, à se battre pour des coutumes antiques et désuètes.
Actuellement, il regrettait profondément d’avoir accepté cette stupide invitation. Si Citra voulait le remercier, pourquoi ne pouvait-elle pas simplement lui rendre la pareille avec des mots ? Il serait parti depuis belle lurette et tout le monde serait ravi. Malgré les rides du temps, ses caprices devaient être comblés. Ce côté agaçant de son caractère se reflétait par moment sur son gamin. Par son statut, il se croyait tout permis. Quel petit être pourri et gâté ! Rajoutez à cet enfant, la bêtise de Brody, et voilà le parfait petit con, à défaut d’être le parfait petit guerrier. Le repas l’emmerdait profondément, mais au moins, son estomac profitait du poulet grillé et du riz. Il n’aura pas besoin de consommer ses provisions. Un mal pour un bien ? L’ancien pirate ne le voyait pas de la sorte, mais une certaine partie de son âme prenait un malin plaisir à gêner l’entièreté de ces sauvages. Comme d’habitude, son monologue ne plut pas, mais il continua d'enrichir le gamin avec ses idées, que les Rakyat prenaient pour des âneries sans fin vu qu’ils ne juraient que par des valeurs mystiques et anciennes. Pour finir, il n’était plus personne sur cette île, qu’ils prennent ses paroles comme bon leur semble. Vivant comme il l’entend depuis la grande fracture, l’avis des autres n’était en rien un frein à son développement. Contrairement à eux, qui se pliaient en quatre pour attirer et obtenir les bonnes grâces de la dirigeante… Foutue hypocrisie environnante ! Son regard sévère le sondait et appliquait un jugement. Vaas imaginait parfaitement ce qu’il se passait dans son esprit. Des regrets concernant son invitation, une profonde envie de clouer son bec et, peut-être, même un désir morbide de planter cet artefact antique dans sa chair, histoire de se rappeler le bon vieux temps.
Lorsque Citra décida de reprendre ses paroles, un long soupir d’agacement s’éleva. Ennuyés, ses yeux se déposèrent sur elle. Décidément, il comprenait mieux pourquoi elle n’effectuait jamais de monologue… Toujours à gâcher une idée aussi recherchée que la sienne. Hébété, l’enfant buvait les paroles de Citra… Un pantin parmi les autres… « Ouah. » Souffla-t-il, ironique. « Continue de te bercer d’illusion. T’as raison, gamin, maman a toujours raison. » Cracha-t-il. Le débat de son côté s’arrêtait là. Le contrebandier détestait qu’on déforme ses propos pour des conneries… Alors, il allait éviter de lui offrir une enfance sans sa chère et tendre petite maman et se taire, une grande première. De toute façon, dans cette configuration, ses chances de survie étaient minimes. Le gamin l’ôta de ses pensées. Ses paroles énervèrent profondément Vaas. Ce crétin osait le traiter d’hypocrite, il en avait fait exécuter pour moins que ça. Sa mâchoire se crispa. Ses doigts serrèrent le manche de sa cuillère. Ses paupières se plissèrent. Son imagination débordante, concernant les mises à mort, caressait déjà l’espoir de lui coller une balle entre les deux yeux ou d’écraser entre ses doigts son frêle cou et d’entendre les os de sa colonne se briser sous sa force. Le fauve était prêt à bondir sur sa proie ! Un éclair de lucidité frappa son esprit et apaisa son souhait destructeur. Petit à petit, sa fureur s’adoucit, l’abandonnait… Un réel suicidaire de tenir tête à son oncle, mais ça, c’était la faute de sa pathétique mère, qui n’avouait pas certaines vérités. « Aussi con que toi, Blanche-neige. » Grommela-t-il, incompréhensible, dans sa barbe. Ses paroles se destinaient au défunt père de mini-Vaas. À cette constatation, un gloussement étouffé s’éleva. L’enfant jaugea son oncle du regard. « Quoi ? » Lança-t-il dans la foulée, souhaitant des réponses.
Ignorant royalement l’hériter, son attention se focalisa sur l’hôte de la soirée. Pour une fois, depuis le début de ce repas, elle eut la décence de s’adresser directement à lui. Sa réponse l’amusa énormément. Malheureusement, avec le retour de Vaas, cette innocence était compromise, voire inexistante. Comment pourra-t-elle expliquer les horreurs du paria à son gamin ? Cette grande question restait en suspens, personne n’osait l’aborder, mais tôt ou tard, elle éclatera et Citra devra assouvir la curiosité de cette chose qu’elle a engendré. Hilare, il ricana puis un lourd silence s’installa. « Tu sais… » Finit-il par dire au bout de quelques minutes. « Ta famille. Ta guerre. Ton peuple. Ton île. Ton géant… Tu sais où tu peux te les mettre ? Je n’en ai plus rien à foutre de ces conneries, Citra. Donc, mange avec ta paix et apprends les manières à mini-Jason ! Parce que s’il est toujours en vie, c’est que j’ai un minimum de bonté, non ? » Gloussa-t-il. Son ton était ferme, mais n’exprimait en rien une potentielle menace. Cependant, connaissant la déraison de la dirigeante, elle le prendrait comme un affront à Sa Sainteté. Sans attendre une quelconque intervention, il reprit son repas. Désormais, il se concentrait uniquement sur son repas, méprisant toute interaction sociale, surtout celle de l'enfant.
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Vaas & Citra
Kishi n'était pas un bon exemple de mère, mais Citra n'était pas prédestiné à être comme celle-ci. Certes, elle avait dû apprendre d'elle même à développer son instinct maternel, ne pas faire les mêmes erreurs que leur mère. Cet instinct, la déesse l'avait en quelque sorte eu avec Vaas lorsqu'ils étaient enfants et puis les prêtresses avaient été présentes pour son éducation. Néanmoins, ce dernier s'était affirmé en ressentant ce petit être au fond d'elle, mais aussi lorsqu'elle le sentit contre sa peau la première fois. A ce moment-là Citra ne voyait plus son enfant comme le guerrier parfait, mais son tout, son monde. Cet enfant devenait sa faiblesse, elle misait aussi la barre très haute avec lui dans le but d'allier leur peuple et l'avenir de son fils. La déesse avait été soulagé de voir qu'il n'était rien arrivé à ce petit être. Vaas aurait pu l'anéantir, il avait deja tué pour si peu, mais il ne l'avait pas fait. Souhaitant le remercier et aussi en savoir plus sur ses intentions, la prêtresse avait proposé un repas. Son frère était une personne imprévisible et le mal fait de sa main était toujours présent dans leurs pensées. L'ambiance était tendue et Citra n'arrivait pas à voir ce qu'attendait le pirate. Il ne faisait que de les accabler. La déesse était prise entre deux feux. Soit elle se rangeait totalement du côté des Rakyats et risquait d'attirer les foudres de son frère, soit l'inverse. Dans tous les cas, quelque soit ses réactions, elle risquait d'attirer des mécontentements. La jeune femme n'était pas n'importe qui, ce n'était pas la petite Rakyat du coin à qui on ne se souciait guère de son avis. Citra était la cheffe et chaque décision émanait de sa personne. Son cadet n'apprécie guère qu'elle puisse s'immiscer dans son image du bateau et le fit savoir en s'adressant à son neveu. Citra fronça les sourcils avant de soupirer. L'enfant ne comprit pas ce qu'il se passait, mais Vaas tout comme la Rakyat evitèrent de relancer le débat. A sa grande surprise, mini Vaas vint à traiter son oncle d'hypocrite. Citra comprit ce que voulait dire sa progéniture, ce n'était pas méchant mais son enfant était persuadé que Vaas jouait un rôle et qu'il n'était pas méchant. Une gentillesse louable car il parlait avec les yeux de l'innocence. Néanmoins, contrarier un homme sanguinaire n'apportait que des problèmes. La déesse était sur la défensive, la tension était palpable. Elle était prête à se jeter entre les deux membres de sa famille quitte à se prendre un coup de couteau et pire encore. D'ailleurs, Citra espérait désamorcer cette bombe, en s'empressant de dire :
« Ce n'est qu'un enfant, il ne sait pas ce qu'il dit. »
Ce supplice déjà évoqué auparavant, s'arrêta aussi net lorsque son frère se contenta de pester. L'assemblée et la prêtresse eurent un bref soulagement. Lorsque son fils posa naïvement son petit quoi, s'en fut trop pour la jeune femme qui attrapa fermement la main de ce dernier.
« Cesse donc ! »
Son regard froid voire noir en disait long pour l'enfant qui comprit qu'il devait arrêter tout de suite. Il était rare qu'il mette en colère sa mère. Ce fut enfin le moment fatidique de savoir ce qu'attendait réellement le pirate, de savoir ses intentions. Ce dernier rétorqua avec sa façon bien à lui de le faire. La déesse ne répondit rien, mais comme l'assemblée, elle était soulagée. La paix pouvait toujours régner en maître. Le silence était à présent de mise dans la pièce, la prêtresse ne mangeait toujours pas et le petit Vaas était contrarié, ne comprenant pas la situation. L'enfant appréciait déjà son sauveur, mais il ne comprenait pas un tel refus de sa part. Citra repensa à ses paroles, avait-il tellement changé ? La déesse ne devait plus avoir de doute. Néanmoins, cela lui faisait étrange à entendre, elle ne pensait jamais entendre ce genre de paroles de la bouche de son cadet.
« Ce sera tout pour aujourd'hui. » S'adressa-t-elle à son comité tandis qu'elle se leva. Tout le monde pouvait poursuivre le repas. « C'est l'heure d'aller au lit mon lion. » Citra s'approcha de son fils pour le prendre dans ses bras. Il était lourd, mais elle le porterait autant qu'elle le pourrait. La jeune femme s'adressa à l'attention de Vaas : « Si tu souhaites nous rejoindre tu es le bienvenue. Peut-être pourrions nous converser plus tranquillement tous les deux. Si tu préfères partir après le repas, j'espère que tu passeras me dire aurevoir une dernière fois. »
Citra avait été calme, paisible. Elle ne cherchait pas à relancer une guerre, bien au contraire. A ses mots, la déesse se dirigea vers une autre salle du temple, celle où se trouvait la chambre de son fils. La prêtresse espérait que son frère viendrait la retrouver une dernière fois.
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Sam 16 Avr 2022 - 18:13
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Un enfant ? Cet argument ne prenait pas avec lui. Même avec ce changement radical, son cœur restait hermétique à divers sentiments. La pitié en faisait partie… L’ancien pirate s’en fichait pas mal de savoir que c’est un gamin. Lors de son règne de terreur, les gamins de son âge étaient soit vendus à un bon prix, soit exécutés. Jusqu’à ce jour, ses actions ne l’avaient jamais empêché de dormir sur ses deux oreilles. Donc, Citra exposait les mauvaises raisons afin d’apaiser cette tension grandissante. La supériorité numérique des Rakyat l’obligeait à se contenir… Il n’avait pas esquivé cette racaille pendant six ans pour crever à cause d’un insignifiant et stupide avorton engendré par sa sœur et son ennemi juré. Finalement, le paria se contenta de pester à l’encontre de cette frêle bestiole… Cette réaction provoqua le soulagement de tous les hauts placés et de sa mère. Mini-Vaas venait d’échapper à une mort certaine, mais son innocence l’empêchait de mesurer sa chance. Incapable de garder sa langue dans sa bouche, le gamin revint à la charge. Cette fois-ci, sa mère s’interposa et calma son enfant avec sévérité. Du coin de l’œil, le renégat observait la scène… Il reconnaissait bien là sa sœur et son sale caractère. La grossesse et la paix l’avaient peut-être assagi, mais sous ce masque se cachait ses défauts… Tôt ou tard, cette blancheur immaculée volera en éclats et laissera place à toute cette noirceur. Du moins, c’est ce que pensait l’ancien trafiquant d’être-humains. Il lui faut plus que quelques cuisses de poulets et du riz pour l’amadouer à ce sujet.
Un silence de plomb tomba. On entendait le crépitement des torches allumées aux quatre coins de la salle ainsi que les chants des grillons et d’autres insectes voltigeant trop près des flammes. L’enceinte du bâtiment cachait à ces occupants le bruit strident d’un porc égorgé par les crocs d’un jaguar… L’animal glapit sèchement, mais le voile de la mort l’emportait peu à peu. L’horrible couinement devint un murmure sinistre avant de s’estomper dans un silence mortuaire. L’enfant contrarié tentait d’attirer l’attention de son oncle, mais Vaas préférait s’occuper de son repas. La voix de Citra s’éleva et sonna la fin de sa présence parmi eux. Les sourcils de l’ancien Rakyat se froncèrent. Comptait-elle le laisser au milieu de cette bande de connards ? Certes, il ne souhaitait pas la guerre, mais il préférait éviter ces incapables autant que possible ! Fâché et boudeur, mini-Vaas laissa sa mère le prendre dans ses bras, mais montrait avec conviction son état d'âme… Décidément, il avait hérité de tous les mauvais côtés de Jason... Enfin, si ce dernier possédait une quelconque qualité, ça se saurait.
La nouvelle invitation de Citra intrigua son frère. L’amener dans une autre salle du temple pour l’abattre une bonne fois pour toutes ? Cette idée n’était pas impossible… Elle se pavanait avec la lame du dragon à la ceinture et, plus d’une fois, cette dague antique avait essayé de faire la peau au paria. Vu comme elle tenait à cet enfant et à son innocence, elle ne le confronterait pas à la mort. Pour Vaas, le choix était vite fait. Depuis le début du banquet, il s’était empiffré avec abondance de la nourriture mise à disposition sans se soucier des autres ou des règles de conduite instaurées par la dirigeante de ces îles. Terminant de grignoter son pilon de poulet, il jeta la carcasse de la volaille dans son assiette. Une mangue attira son regard… Le marmot avait raison au sujet des mangues. Incapable de contester son envie de sucre, sa main tâta les fruits et choisit le plus mature. Les propositions offertes par sa sœur revenaient à choisir entre attraper le choléra ou attraper la peste… Quitte à choisir, il optait pour le choléra, ou autrement dit, suivre sa famille entre les murs de ce foutu temple.
Sans la présence rassurante de la haute-prêtresse, les Rakyat angoissaient et lançaient des regards discrets et emplis de haine en direction de Vaas. Des murmures parasitaient le silence environnant. Un gloussement retendit. Un regard assassin s’abattit sur chacun des membres du Conseil. « On se reverra… Et, j’espère que vous serez plus marrants que vos amis. » Le pirate faisait allusion aux Rakyat tués lors de son règne de terreur. Leurs visages se décomposèrent immédiatement. Les souvenirs douloureux refirent surface. Les abandonnant dans cette mélancolie, le paria s’engouffra dans l’allée assombrie. « Citra et son besoin de mystère… » Grommela-t-il. Même après six ans de paix, l’idée d’installer un réseau électrique ne lui était pas venu à l’esprit… Elle ressortirait son argument principal de lieux sacrés, etc. Un dialogue de sourds. Après quelques pas, il aperçut la progéniture et le dos de sa sœur. « Hé ! Tu as fini par prendre une mangue. Trop bien ! T’as vu, elles sont bonnes. » Malgré les consignes de sa mère, cet énergumène continuait de provoquer le fauve. Même s’il n’était qu’un enfant, le respect s’apprenait ! L’ancien trafiquant n’était pas le mieux placé pour en parler, au vu de ses manières exécrables en société.
La pointe de la lame se planta dans l'un des carrés de mangue précédemment découpés. La chair juteuse du fruit se décollait de sa peau avant de finir dans le gosier de Vaas. À l’ultime carré, il abandonna la partie incomestible dans un coin. La nature se chargera de dépouiller le temple de ce déchet. Son épaule appuyée contre le marbre usé par le temps, le paria observait la scène. « Du coup, c’est quoi la véritable histoire du complexe ? » Sa candeur affligea Vaas. Bien décidé à rétablir une certaine part de vérité, il s’avança vers lui. « Le complexe… Un somptueux centre de vacances ! Vraiment, cinq étoiles. Les touristes venaient de partout pour profiter des îles. Je les amenais faire de la plongée, jouer avec les poissons, ce genre de merde. Une activité pour tous ! Les enfants, les femmes, les hommes ! Tout le monde ! » La vérité était déguisée. Toutefois, ces activités faisaient écho aux tortures infligées à ses otages. « Sinon, qu’est-ce qu’on proposait d’autres ? Hum… Ah oui ! Ils adoraient explorer la jungle, découvrir les temples… Une véritable partie de chasse aux trésors ! » À nouveau, le même stratagème relatait ses parties de chasse à l’homme. « On tournait même des petits films. Tu sais pour que toute la famille puisse profiter de ces vues incroyables. Et cela faisait un authentique souvenir de leurs proches. Sans faux-semblant. Juste authentique. Fais avec les tripes. » Cette fois-ci, Vaas évoquait les snuff movies tournés un peu partout sur l’île Nord. Le lieu dépendait de l’atrocité qu’il souhaitait infliger à ses victimes. « Sur la plage, on faisait même des trous et des châteaux de sable… Je t’aurais bien proposé. Mais, depuis le temps, j’ai perdu tous mes seaux… » Pauvre Chris ! Torturé et massacré pendant deux semaines par Vaas. « C’est vrai ? Moi aussi, je veux faire ça, maman ! » Lança-t-il, enthousiaste. « Tranquilo ! Tranquilo ! » Un gloussement sinistre retendit. L’oncle de l’enfant vint s’asseoir au pied de son lit.
« J’avais raison ! Tu vois maman ! J’avais raison. Le monstre du complexe ne fait pas peur. Ça ne prend pas avec moi. » Bouffi d’orgueil, il bombait le torse. « Tu sais… On offrait même la possibilité d’un contrôle dentaire. C’est important de se brosser les dents ! C’est putain d’embarrassant d’arracher des gencives et de les voir en aussi mauvais état ! Certains des copains de ta maman étaient négligeant sur ce point. Nada bien ! » Arracher la dentition de ces guerriers l’avait grandement amusé… Surtout quand il appliquait la pince chauffée sur la chair. Une cautérisation et les sévices pouvaient reprendre ! « Trop bien ! Moi, je fais attention. » Le petit s’approcha de Vaas. Grossière erreur, il tombait dans le piège de son oncle. « Ah oui ? » Rétorqua-t-il, faussement impressionné. L’enfant hocha la tête et ouvrit la bouche. Rapidement, Vaas abandonna l’idée de jouer avec ce couteau pour prendre son arme. Après tout, c’était le délire de sa sœur et non le sien ! Le canon de l’arme termina sa course dans son gosier. L’embout plaqué contre la muqueuse de sa joue. Son autre main empoigna férocement sa tête. « Ah ouais ? Je vois ça ! Belle dentition. Hein ? Quoi ? T’essaies de parler ? » Gloussa-t-il. « Si, j’étais le doux agneau… Pourquoi les gardes, Dennis, et même ta mère se chient dessus en me voyant ! La peur dans leurs regards ne t'a pas suffi ! Tu crois que je me fous de ta gueule ? Un monstre... T'as même pas idée, gamin ! » Vociféra-t-il. Non, il n’allait pas abattre le gamin, ce n’était pas dans ses projets. L’arme n’était même pas prête à l’emploi, le cran de sûreté était toujours actif et empêchait toute mise à feu. En revanche, la réaction de la Déesse risquait d’être moins clémente que la sienne...
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Vaas & Citra
Les retrouvailles avec son frère et ancien amant ne laissaient personne indifférent. Citra devait jongler entre les réactions de ses sujets, son fils et celui de Vaas. A tout moment, une arme pouvait sortir de nulle-part et créer le chaos, tout comme les mots. La parole pouvait être parfois plus blessante qu'une simple arme. La déesse de la guerre essaya d'apporter le calme, la paix et la sérénité, afin d'éviter tout regain de haine et de guerre. Cependant, le trafiquant finit par lui faire comprendre qu'il ne comptait pas se lancer dans une nouvelle guerre, la voilà à présent presque rassurée. Face aux réactions de son fils qui ne comprenait pas pourquoi son sauveur était hostile à son égard, ayant peur qu'il puisse mettre le feu aux poudres et souhaitant avoir un tête à tête avec le pirate, Citra décida que le repas était terminé pour elle et sa progéniture. Le petit Vaas souhaitait rester encore, mais il comprit très vite qu'il n'aurait pas son mot à dire dedans. La Rakyat le porta dans ses bras et invita son frère à les rejoindre, si celui-ci préférait partir, il n'aurait qu'à lui dire au revoir une dernière fois. De véritables adieux en somme. Dans la chambre de son fils, Citra pouvait sentir une présence derrière son dos. Présence affirmée par son petit Vaas qui évoqua le fait que son oncle avait prit une mangue. La prêtresse se retourna pour apercevoir son frère, ils étaient à présent seuls...enfin presque, sa progéniture était toujours réveillée. Le cœur de la Rakyat battait à tout rompre, elle n'était plus entourée de sa cour. C'était comme si elle pouvait se permettre de le regarder, l'observer davantage et constater plus en détail ses moindres changements. Alors qu'elle allait enfin prendre la parole, son fils profita de la présence de Vaas dans sa chambre pour l'interroger de nouveau, cette fois-ci sur le complexe. Le pirate prit plaisir à lui répondre, vendant son camp comme un véritable club de vacances. Citra savait qu'il n'en était rien, il s'agissait d'un lieu propice à la mort et la destruction. Son fils ne comprenait pas l'ironie de son oncle et buvait ses paroles comme si elles étaient vraies. La déesse se contenta de froncer les sourcils, retenant d'exploser son mécontentement. Ses ongles entrèrent dans la chair de ses paumes. Le renégat continua son récit tandis que sa progéniture avait les yeux éblouit par de tels propos. Son fils demanda même à vouloir faire les activités contées par Vaas. La Rakyat allait rétorquer, lorsque son frère demanda à l'enfant de rester tranquille tandis qu'il vint s'asseoir sur le rebord de son lit. Citra n'était plus si sereine, elle était sur la défensive, prête à bondir comme une lionne pour défendre son enfant. Son sang ne fit qu'un tour dans son corps lorsque la guerrière entendit Vaas évoquer cette fois-ci son rôle de dentiste improvisé pour tout ceux et celles qui ne se lavaient pas très bien les dents. Comme tout enfant, le petit Vaas fut enthousiaste pour affirmer qu'il se lavait bien les dents et voulu même les montrer à son nouveau membre de la famille. Néanmoins, tout ne se passa pas comme prévu, sans doute au fait que l'enfant était dans son innocence à l'état pur, ne comprenant pas que l'être humain n'était pas toujours de bonne attention. Citra de son côté, avait eu raison d'être sur ses gardes et pour cause, le rebelle vint à sortir son arme et à l'enfoncer dans la bouche du gamin. La déesse fut prise de peur et de fureur. La peur lui donnait envie de hurler d'effroi, de rester tétanisé tandis que sa fureur lui donnait envie de vengeance, de commettre des actions les plus inimaginables au même titre que son frère. La déesse de la guerre attrapa sa lame du dragon, et vint avec une rapidité féline se mettre derrière le dos de Vaas. Sa lame se colla contre le cou de son frère, sans pour autant y enfoncer sa lame. Son cadet savait à quel point ce poignard était tranchant. La jeune femme devait se retenir pour ne pas lancer l'offensive :
« Je pensais que tu avais un minimum de bonté pour ton neveu. Ce n'est pas ce que tu as dit devant tout le monde ? Tu ne tiens plus tes paroles mon frère ? »
Murmura-t-elle à son oreille avant d'ajouter : « Tu devrais être flatté qu'au moins un seul être sur cette île ne te considères pas comme un monstre et te regarde avec innocence et amour. » Citra jeta un regard à son fils qui était désemparé, il ne savait pas ce qu'il devait faire ni même penser. Était-ce une mauvaise farce ? Devait-il pleurer et avoir peur ? Il n'avait jamais vu sa mère réagir de la sorte jusqu'à présent et encore moins avec une personne qui était censé être proche d'elle. La déesse posa son autre main libre sur l'épaule de son cadet, le tenant comme pour lui rappeler jadis le bon vieux temps. Cependant, ses paroles étaient tout autre :
« Si tu souhaites te donner la mort, fais-le loin du temple. Parce que c'est ce qui va se produire non ? Tu tues mon fils, je te tue....ma peine sera grande, mais je pourrais toujours procréer. » Citra soupira : « Je sais que tu n'as pas fait tout ce chemin pour que tout se termine ainsi... » Pour finir, elle ajouta : « Rangeons nos armes, pas de mort ce soir. » La Rakyat attendait son feu vert, libre à lui de faire de cet endroit le théâtre d'un vrai massacre ou au contraire, de poursuivre leurs retrouvailles après tant d'années.
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Sam 16 Juil 2022 - 17:44
The abyss from where no traveler is permitted to return. × ft. Citra
Aussitôt le canon de son arme dans la bouche du gamin, Citra réagit au quart de tour et glissa la lame du dragon sous la gorge de Vaas. Le tranchant de la lame mordait sa chair et l’entailla légèrement. L’ancien pirate ne sourcilla pas. Ne craignant aucunement de mourir, il n’y porta aucun intérêt. Attaquer de dos, rester l’une technique favorite de sa grande sœur… Le temps avait beau passé, les habitudes de cette garce ne changeait pas ! Son regard se concentra sur le visage de l’enfant. Cette abomination ne bougeait pas, l’incompréhension la plus totale se lisait sur son visage. Il n’était pas au courant de cette histoire, sinon sa réaction aurait été tout autre. Désespérément, elle cherchait à enterrer les horreurs de cette île… Malheureusement pour elle, sa pire hantise refaisait surface après un absentéisme prolongé. Après tout, il n’avait jamais cherché à renouer avec cette bande d’incompétent. Les Rakyats n’étaient que des singes brandissant des arcs et des flèches au nom d’une personne immorale et mortellement égoïste. Le pirate regrettait qu’ils aient pu survivre à ses assauts… Il aurait dû les décimer lorsqu’il en avait l’occasion. Bien que ses plans d’extermination n’étaient plus d’actualités, ses idées restaient les mêmes… Ce peuple, ces légendes avaient causé l’effondrement d’une relation déjà compliquée. Aujourd’hui, même cette relation était du passée… Non, ses sentiments envers elle ne gagneront plus. Donc, si elle comptait jouer de ses charmes, elle pouvait toujours se fourrer un doigt dans l’œil, car cela ne fonctionnerait pas.
Son neveu ? Le fruit de l'union entre Jason et Citra ? Comment pouvait-il apprécier une telle aberration ? Un gloussement retentit. « Déesse de la guerre et tu es incapable de voir que mon arme n’est pas utilisable, hermana. » Sa voix était moqueuse. Comment pouvait-elle porter un tel titre et être aussi ignorante sur le sujet ? Pour soutenir ses paroles, son pouce abattit le cran de sûreté sur le côté de son arme. Désormais, son feu destructeur était prêt à cracher. « Là, je pourrai faire sauter la cervelle de ce petit con. » Sa prise se raffermit. Le regarder avec innocence et amour… Citra était tombée sur la tête ? Ceci n'intéressait pas Vaas… Il s’en fichait éperdument d’être apprécié ou pas par un peuple qu’il haïssait par-dessus tout. « Garde tes conneries pour toi, Citra ! L’amour de ton peuple, tu peux te le foutre où je pense… Ce rôle ne me dérange pas, je l’aime bien, moi ! » La main de Citra sur son épaule n’éveilla en rien l’ancienne époque. Le trafiquant restait hermétique à ce genre de caresses ou d’attention. Pour lui, ce geste ne signifiait plus rien ! Tout était terminé entre eux ! Leur retrouvaille ne l’intéressait aucunement, sinon il aurait refait surface bien avant… D’ailleurs, cette stupide idée, de ramener ce rat à sa mère, l’énervait ! Il se fustigeait mentalement d’avoir eu cette illumination… Il aurait dû le jeter au requin ou le balancer sur la rive à la merci de la faune sauvage. La voici, la véritable Citra… Cette garce ne s’intéressait qu’à son misérable temple et à conserver la paix et la pureté entre ses quatre murs. Un véritable paradoxe connaissant les atrocités commit en ce lieu saint. « Tant que ton bonheur est satisfait… C’est tout ce qui compte, non ? Tu perds ton marmot… T’as qu’à sauter un tes chiens pour en refaire un autre ! Pauvre gamin... » Gloussa-t-il. Il ne se mettait pas dans le lot, car il valait bien mieux que tous ceux qui lui sont passés sur le corps. « Qui sera le prochain papa ? Dennis ou un de tes rats ? Vraiment, je me le demande ! » L’ancien pirate riait. Il se doutait, qu’il ne restait aucun homme à la hauteur de Jason. Elle devra se rabattre sur l’un de ses chiots et la marchandise laissait à désirer.
Toutefois, les propos de son ainée confirmèrent de vieux doutes. Depuis sa longue introspection, quelques questions résiduelles étaient en suspens. Vaas se doutait de la réponse à de telles interrogations, mais n’avait jamais eu de réelle confirmation. Là, avec ses propos et son égoïste légendaire, il comprit que même son gamin lui importait peu… Seule, sa personne comptait ! À cette nouvelle révélation, il rit amèrement. Cependant, il décida de ne pas exposer sa pensée et n’apprécia guère la suite. Citra croyait sincèrement connaître ses intentions… Cette saloperie ne savait rien ! S’il avait décidé d’amener ce marmot à cette païenne, c’était pour préserver ses affaires et éviter qu’elle ne fourre son museau là où il ne faut pas ! « C’est ton géant à la con qui te l’a dit, ça ? » Il ne pouvait pas s’empêcher de la narguer, car contrairement aux autres, il ne la respectait pas. Ses derniers propos lui arrachèrent un rire franc. Décidément, qu’est-ce qu’elle pouvait être drôle ! La mort n'avait jamais voulu de Vaas… Il avait subi diverses tentatives d’assassinat et, pourtant, il revenait toujours du royaume des morts. Son intimidation ne prenait plus avec lui… Tout ceci était terminé ! Si elle souhaitait lui offrir le privilège d’une mort lente, qu’elle le fasse, mais Citra n’avait jamais eu le culot de le faire. Ce n’était pas aujourd’hui que son courage lui permettrait un tel acte. « T’as jamais eu le courage de le faire, mamacità… T’as toujours envoyé tes guerriers me tuer. » Cracha-t-il, sèchement. Sans accéder à sa requête, son corps se redressa. La pointe incurvée de la lame du dragon dévora sa chair sur son passage. Une légère traînée de sang s’écoula le long de son cou. L’entaille était superficielle et n’avait pas effleuré sa jugulaire. Au fur et à mesure, le canon quittait la bouche de l’enfant. Une fois, debout, son arme rejoignit son holster. Débarrassé de tout danger, le marmot se recula et regarda sa mère avec effroi.
Quant à Vaas, il s’extirpa de l’étreinte forcée avec cette nuisance et dégagea la lame d’argent sans difficulté. La douleur se réveilla au niveau de son cou, il se contenta de la canaliser, ne souhaitant donner aucune satisfaction à sa sœur. La souffrance, une vieille amie qui ne l’a jamais quitté au cours de ces années… Connaissant Citra, son acte ne sera pas pardonné par son ainée, ni par les autres, ni même pas l’horripilante petite créature dans son lit. Il détestait qu’on lui manque de respect et cet avorton, par son ignorance et son innocence, croyait en la bonté de Vaas. Il y avait une raison à sa survie… Une raison qu’il ne partagera pas ! Son regard navigua entre Citra et son homologue en miniature. « Ça va, il est vivant ! M’emmerde pas… » Ses yeux se levèrent au ciel. Décidément, en dix ans, les Rakyats s’étaient ramollis, ça ne l’étonnait guère. Pas de guerre, pas de raison d’endurcir les générations futures. « Ouais, ouais... J'ai compris... Je connais la sortie, hermanita. » Soupira-t-il. « J’y vais. » Ses pas se dirigèrent vers la sortie. Les deux individus n’étaient pas faits pour s’entendre… Vaas et Citra ne partageaient pas la même vision du monde et leurs divergences les empêchaient de cohabiter. Dommage, frère et sœur ne trouveront jamais la paix ensemble. Petit Vaas vivra sans famille hormis sa mère. Vaas quittera sans doute son lieu d’habitation pour l’île Sud, abandonnant ses souvenirs et son île d’origine... Tout dépendait de la cheffe des lieux...
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Vaas & Citra
Citra ne pouvait pas laisser Vaas faire cet acte, même pour tyranniser son enfant. Certes, il deviendrait un futur guerrier, mais elle comptait s'y prendre selon l'art de la guerre. Vaas n'avait pas le droit de débarquer de nouveau dans sa vie, jouer les revenants et terroriser tout le monde comme s'il habitait ces lieux. Tout le monde était à cran, sur la défensive et la cheffe des Rakyats ne dérogeait pas à cette règle. Encore plus, lorsque l'on s'en prenait à sa progéniture, celui qui allait tous les sauver. La déesse ne souhaitait aucun mort au temple et encore moins ce soir. Attendant une quelconque réaction de son frère, la prêtresse resta sur ses gardes, la lame du dragon contre le cou de ce dernier. Vaas s'amusa à répondre qu'elle était incapable de voir que l'arme n'était pas utilisable. Citra se fichait de sa pique, elle n'avait pas réfléchi dans la mesure où son acte avait été spontané, prêt à défendre son fils. D'autant plus, qu'elle n'aimait pas utiliser une arme à feu, préférant un esprit traditionnel et rustique. La provocation de son cadet était de mise, il poussa le vice jusqu'au bout en enlevant le cran de sûreté. L'enfant était en panique, des larmes commencèrent à perler le long de ses joues. Peut-être se rendait-il compte que son sauveur était aussi son bourreau. La déesse essaya de le convaincre en ne faisant pas usage de la force, elle déposa affectueusement sa main disponible sur son épaule, mais rien n'y faisait.
« Continue donc à faire ce que tu sais faire, encore et encore. »
Pesta-t-elle avant de retirer sa main tandis qu'elle continua de tenir fermement la lame du dragon. Vaas n'avait pas changé à ses yeux, elle venait de se fourvoyer en le voyant revenir avec l'enfant. Il ne cherchait qu'à la torturer encore et encore. D'ailleurs, le pirate n'avait toujours pas une haute estime de sa personne, lui aussi pensait qu'elle ne changeait pas alors Citra allait sans doute remettre ses efforts de côté. La prêtresse avait trouvé la paix et son frère ne faisait que raviver cette haine entre eux.
« Toujours à essayer de savoir qui je mets dans ma couche. » La jeune femme ne pu s'empêcher de rire. Un rire jaune et qui marquait très fermement son agacement : « J'aimerais ne pas en arriver là. » Citra n'allait pas se justifier ni raconter à son frère qui pourrait être son prochain amant. Depuis sa liaison avec Jason et la naissance de son fils, la déesse n'avait plus ouvert ses draps à qui que ce soit. Sa mission était accomplie, elle n'avait plus à chercher un autre guerrier. Elle espérait donc ne pas devoir repartir de zéro, ni même voir mourir sous ses yeux la progéniture qu'elle aimait tant. La prêtresse lui avait donné tout son amour. La Rakyat ne riait plus, elle avait repris son sérieux, sa froideur même. La mère de famille avait peur de le perdre. Libre donc à Vaas de croire qu'elle ne se souciait pas de son enfant. Il pouvait même l'accuser d'être égoïste ou d’être une mauvaise mère. Citra ne faisait que d'émettre un simple constat. Si le pirate souhaitait lui faire du mal, ruiner tous ses espoirs, il ne pourrait pas l'empêcher de se reproduire. Elle pourrait toujours refaire un guerrier émanant de ses entrailles. Cela ne voulait donc pas dire qu'elle ne pleurerait pas la mort de son fils ou qu'elle s'en moquait. La jeune femme fronça les sourcils lorsqu'il s'amusa à la piquer sur son géant. Elle ne préférait pas relever, si elle devait le faire à chaque fois que son cadet ouvrait sa sale bouche, elle ne s'en sortirait plus.
« Tu oublies très vite mes tentatives, mais si ça te tient tant à cœur de le penser, fais donc. Je me fiche de tout ce que tu peux penser sur moi Vaas. Tu ignores tout, des raisons qui m'ont poussé à y renoncer de moi-même. Seul un guerrier pouvait le faire, sauver notre peuple sans y laisser ses sentiments...des sentiments autre que la haine... »
Citra avoua à demi-mot pourquoi elle n'avait pas tué Vaas de ses propres mains et pourquoi il était selon elle nécessaire de déléguer cet assassinat à un combattant. Le pirate appuya sa chair contre la lame du dragon. La déesse ne bougea pas, mais elle pouvait ressentir la sensation de peau déchirée contre sa lame. Le renégat retira ensuite son arme, la rangea et s'éloigna de sa sœur. Instinctivement, la Rakyat rangea son arme sans même la nettoyer et vint prendre dans ses bras son fils. Elle le serra tellement fort contre elle, de peur qu'il puisse s'en aller. Son visage se colla contre ses doux cheveux noirs. Vaas n'était guère désolé pour son geste et il était prêt à partir. Citra resta contre son enfant. La déesse ne retiendrait pas son frère, pas après tout ce cirque, pas après qu'il l'ait traité comme un nuisible ou qu'il ait fait du mal à son fils. Cependant, la jeune femme décida de répondre avec sincérité à son interrogation sur sa capacité à le tuer de ses propres mains.
« Tu restes toujours mon frère...si je n'arrivais pas à te tuer, c'est parce que je t'aimais. Je t'ai toujours aimé. » Un silence : « Il était plus facile pour moi de confier cette mission à quelqu'un qui te détestait autant que j'éprouvais des sentiments à ton égard. » La déesse ne savait pas y faire avec les déclarations d'amour et encore moins de se dévoiler. Elle ne laissait jamais transparaître ce genre de sentiments : « J'ai dû faire ton deuil à deux reprises. La première fut lorsque tu t'es perdu dans la drogue et l'argent, préférant suivre Hoyt. La seconde fois fut lorsque Jason t'a tué...enfin c'était ce que je croyais jusqu'à aujourd'hui... j'ai toujours cru que nous allions régner ensemble sur les Rakyats...toi et moi comme autrefois... » elle soupira : « Tu peux partir, plus personne ne viendra t'importuner au complexe. » Citra déposa un baiser sur le front de son fils avant de se lever, tourner le dos à Vaas et commença à couvrir son fils afin de le border.
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Ven 9 Sep 2022 - 13:45
The abyss from where no traveler is permitted to return. × ft. Citra
Refaire continuellement les mêmes actions dans l’espoir d’avoir un quelconque changement… Une sombre vérité qui rythmait la vie de Montenegro. Même avec son introspection, il poursuivait ce chemin destructeur… Même avec son deuil, il poursuivait ses sombres desseins d’antan… Un pauvre homme condamné à baigner dans cette avilissante rancœur rongeant son âme et son corps. Après sa gracieuse résurrection, il eut vent de la victoire des Rakyat sur le colonisateur blanc de l’île Sud. Hoyt n’était plus… Une des chimères de la vie de Vaas abattue… Toutefois, la femme, qu’engendra le plus de souffrance dans son cœur, restait debout, devant lui. Cette sorcière avait accompli tous ses objectifs. Rook Islands jouissait d’une paix méritée et d’un dirigeant prêt à être façonné selon les coutumes ancestrales de ce peuple. L’ancien chef des pirates n’y voyait là qu’un miroir de son propre passé. Un petit homme mené par l’amour familial… Mieux entouré, moins faible, ce petit être aura l’opportunité de s’épanouir et de combler les exigences de la dirigeante des indigènes. Les choix de Vaas l’avaient conduit à cette ignominie… La drogue lui offrait un soupçon de répit lorsqu’elle ne le tiraillait pas avec d’horribles visions. Son existence aurait pu être tout autre ! Il aurait pu réussir... Il aurait pu obtenir son amour… Tant de choses qu’il aurait pu accomplir pour lui, mais surtout pour elle… Néanmoins, la réalité était tout autre… L’échec, il n’était qu’un échec pour elle… Un objectif à abattre… À cet instant précis, devant Citra, Vaas ressentait la haine de son ainée. Ce sentiment ne l’avait jamais quitté. Il n’était que la bête sanguinaire de son peuple… Rester entre ces murs n’apporterait rien de bon, il en était conscient. Sa présence était nuisible à la prospérité. La plus haute instance des Rakyat ne souhaitait pas le voir parmi eux… Cette bête galeuse au cœur pourri… Un monstre infâme… Voilà ce qu’elle voyait, mais la réalité était tout autre. Sous ses traits de bêtes sanguinaires, se cachait un cœur meurtri. Un petit garçon manipulé par des êtres perfides… Car au-delà de sa souffrance, il restait un enfant… Un homme détruit ne s’apercevant même plus de la douleur qu’il infligeait aux autres, car sa compréhension était détruite. Oui, Vaas n’était qu’un homme détruit… Il n’a pas plus de considération pour lui-même que pour les autres, il est juste détruit… Son contrôle avait totalement implosé. Regrettait-il ses choix ? Non, ses taches de sang sur son mur blanc avaient fait de lui l’être qu’il était aujourd’hui… Sa mort fut accompagnée d’un processus de deuil incroyablement violent. Cette introspection lui permit d’y voir plus claire. À sa renaissance, Montenegro avait décidé de renouer avec sa propre personne... D’oublier celle qui l’avait, jadis, poussé à sombrer dans ses vices…
Les paroles de Citra trottèrent dans son crâne… Malgré ses bonnes volontés, il retombait dans sa propre définition de la folie. Toutefois, ses actions ne visaient pas à détruire sa sœur. Cela ressemblait plus à une recherche maladroite de confirmer ses idées, savoir si cette garce restait indéniablement la même et horrible manipulatrice. Quelques éléments au cours de son aventure au temple et de cette discussion lui indiquaient fortement que, par amour, elle avait changé… Non, pas grâce à l’amour de Jason, Vaas comme lui n’était que des pions, mais par amour pour son fils. Vaas devait l’avouer. En temps normal, elle l’aurait exécuté… Mais, ce gamin la rendait meilleure ? Non, l’ancien pirate n’irait pas jusqu’à là, mais il la rendait différente. Depuis son antre, il avait eu le temps d’observer ses changements. Le renégat aurait pu profité de cette reconstruction pour agir et assouvir sa douce vengeance sur sa sœur. Cependant, il subsistait une effroyable contradiction en son sein : son amour. Ce sentiment demeurait. Il ne pouvait pas l’enlever. Certes, il s’était résigné à l'aimer... À se priver de cette idylle avec elle... Tout ceci n’était plus ! Mais, il ne réussirait pas à lui ôter la vie… Cet acte restait proscrit… Vaas avait raison sur un point : on ne peut vivre avec l’amour. Le frisson du sang, perlant le long de son cou, l’ôta de ses pensées. Deux de ses doigts essuyèrent l’hémoglobine, ses iris se posèrent dessus. Tout en écoutant ses révélations, ses doigts malaxaient ce liquide écarlate, lui, se concentrait sur la texture pâteuse que la friction créait.
Elle y avait renoncé. Vaas restait sceptique… Des années de conflit, de manipulation, d’aigreur et guerre l’empêchaient de la croire. Néanmoins, sa voix possédait une sincérité nouvelle. Étonnamment, il ne dit rien, ne fit aucune remarque désobligeante… Silencieux, son regard remonta et observa la scène de retrouvailles. L’enfant se blottit contre sa mère, heureux d’avoir pu survivre à cette mésaventure. Le Rakyat venait d’accomplir l’action de trop, mais il ne comptait pas implorer son pardon. N’ayant pas sa place, entre la mère et son enfant, il s’éloigna et s’apprêtait à quitter les lieux. Contre toute attente, la voix de Citra s’éleva. Assommé par cette démonstration d’émotion, son corps se bloqua. Ses paroles gorgèrent son cœur d’une émotion nouvelle… Ce sentiment enfoui depuis des années venait de renaître. Il refusait de succomber à ses enivrantes sensations… Son amour se revigora, mais son esprit fustigea son cœur. Il refusait d’y céder à nouveau ! Retomber dans cet océan, écouter les paroles de sa sœur… Son être tout entier adorerait retomber dans ses filets. Une bataille tumultueuse se déroulait au fond de ses tripes, mais l’ancien comportement abusif de sa sœur fit pencher la balance. Finalement, un soupir s’éleva. Dos à sa sœur, il tourna sa tête sur la gauche et l’observa par-dessus son épaule. « Citra… Tu es ma sœur. Et... C’est pour ça que je n’ai jamais pu à te tuer. » Pourtant, il en avait eu bien des occasions à l’apogée de son régime de terreur et à sa présumée mort… Sa voix rauque était calme, trop calme. Il regarda en face de lui et s’avança. « … Hermanita… » Murmura-t-il. Cette franchise ne faisait guère partie des habitudes de Vaas. Aussitôt, il s’engouffra dans le couloir.
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Vaas & Citra
Citra n'avait pas pu rester de marbre face à l'attitude de son frère vis-à-vis de son fils. Tout comme une mère protectrice qui se respecte, elle montra les dents ou en l'occurrence ici, la dague du Dragon. Pendant quelques longues minutes, la déesse songea au pire, ne voyant aucune issue joyeuse possible. Cette paix acquise était en train de s'enfuir progressivement. Cependant, à sa grande surprise, Vaas arrêta de traumatiser son enfant. Citra se recula bien qu'elle avait fait saigner son frère contre son gré. En effet, celui-ci avait enfoncé sa peau au plus près de la lame. Fort heureusement, ce n'était qu'une blessure superficielle bien que sans doute désagréable. Son enfant quant à lui, n'avait que des larmes. Comme toutes les mères présentes pour leur progéniture, la Rakyat continua d'être protectrice et vint à le câliner, avant de finir par le border. Celui-ci commença à s'apaiser même s'il ne devait pas tout comprendre de la situation. Sa mère restait énigmatique malgré les quelques révélations par-ci et là entre les deux anciens amants. Alors qu'il allait partir, Citra se jeta à l'eau et décida d'expliquer son comportement passé à son égard. La prêtresse ignorait où cette révélation allait mener, mais peut-être que tous les deux finiraient par trouver cette paix intérieure au sujet de leur relation passée. Ils avaient changé, mais des parts d'ombres restaient en suspend. La jeune femme avait aimé son frère malgré les apparences, malgré que cette haine et cette guerre entre les deux aient pris le dessus. Ils étaient deux êtres blessés, deux âmes en peine qui n'avaient pas eu la bonne éducation adéquate par leurs parents absents. Peut-être que leur relation aurait été différente, qu'ils auraient eu une vie normale... Les deux amants ne pouvaient pas refaire le monde avec des « si », seulement vivre avec leur passé commun. Les Rakyats prospéraient, la paix était présente et Citra avait même donné naissance à un héritier. C'était tout ce dont elle souhaitait le plus au monde. Elle n'avait plus qu'une raison de faire la guerre à son cadet, lui-même ne semblait pas lui déclarer la guerre. A présent, ils devaient apprendre avec leur personnalité changée et qui étaient à maturité. Ils n'avaient pas encore les codes pour se comprendre. Dire ce qu'elle avait ressentit au sujet de son frère, lui enleva un poids du cœur. Citra avait beau avoir fait le deuil de son frère à deux reprises, les regrets persistaient. Elle avait dû endosser pendant longtemps le rôle de commanditaire de son assassinat. Alors que la jeune femme s'attendait à un affrontement oral entre eux, Vaas prit la parole à son tour pour lui avouer que parce qu'elle était sa sœur, il n'avait jamais voulu la tuer. Une révélation. Il était difficile autrefois de croire un tel propos, Montenegro était prêt à tout pour la tuer et exterminer son peuple. Il avait aussi ses raisons. Le silence demeura dans le temps et le pirate s'engouffra dans le couloir. Citra ne le retint pas. Cela ne servait pas à grand-chose, en tout cas, pas maintenant. Il valait mieux qu'ils réfléchissent à ces retrouvailles à tête reposée. Ce que la déesse fit. Au bout d'une semaine, un soir précisément, la Rakyat décida de s'aventurer au sein du complexe. Pour ce faire discrète sur l'île, elle avait mis très tôt son fils au lit, avait mis une cape et avait demandé à un de ses soldats le plus discret de l'accompagner jusqu'à un certain point.Ensuite, Citra termina seule à pied. Devant les murs hostiles et délabrés du complexe, la jeune femme finit par pénétrer à l'intérieur. S'aventurer à l'intérieur était risqué, d'autant qu'à présent, c'était elle qui était à la merci de son frère. « Vaas ? Tu es là ? »
Demanda-t-elle calmement tout en observant les bâtiments du complexe. L'aspect abandonné, désertique et oublié, lui donnait des frissons. Ainsi, son frère était resté ici seul tout ce temps ? Comment était-ce possible ? Citra enleva la capuche de sa tête, espérant le croiser.
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