Jaime expira longuement par le nez, fixant sa soeur d'un regard courroucé et belliqueux pendant qu'elle s'éloignait pour quitter la pièce. Mais en dépit de sa colère, il n'esquissa pas un geste et n'exprima aucune volonté de l'en dissuader.
S'il y avait bien quelque chose qu'il ne l'empêcherait jamais de faire... C'était de passer du temps avec leur fils. Au contraire, c'était même un comportement qu'il encourageait. Il savait que Cersei n'était véritablement elle-même qu'en présence de ses enfants. Et il savait que tous avaient eu un effet bénéfique sur elle, lorsqu'elle s'occupait d'eux.
Et donc, même s'il savait que cette envie était en partie motivée par le besoin de s'épargner sa présence et son opinion, Jaime se contenta d'acquiescer sans un mot de plus. Pour sa part, il ne se décolla pas du canapé avant quelques longues minutes, près d'une demi-heure, à vrai dire. Il resta songeur, partagé entre l'agacement qu'il éprouvait pour Cersei et le besoin impérieux de retrouver leurs enfants. Car même s'il blâmait Cersei pour son autorité et pour son acharnement, les paroles de son épouse commençaient à s'insinuer dans son esprit et à le convaincre qu'elle avait raison. C'était toujours ainsi, avec elle. Les paroles venimeuses de sa soeur l'irritaient au plus haut point, mais ces mêmes paroles se frayaient un chemin jusque dans son coeur et finissaient par le pousser à agir selon le bon vouloir de Cersei. Parfois même de manière inconsidérée, juste pour la satisfaction de lui plaire, encore et toujours.
Finalement, Jaime daigna quitter le canapé et partit se coucher, non sans fulminer face à l'évidence : il obéirait à sa soeur, comme il avait toujours fini par le faire par le passé, même lorsque toute sa raison l'en dissuadait. C'était là la preuve de l'emprise incommensurable qu'elle avait sur lui. Et Jaime n'aurait été qu'un piètre menteur s'il s'était amusé à affirmer qu'une part de lui n'aimait pas ce pouvoir qu'avait Cersei sur lui.