J'ai commencer à marcher jusqu'au banc où sont posés mon sac à dos et le frisbee de Loky, mes pas sont mécaniques, comme si j'étais un robot. J'entends vaguement ce qu'il se passe autour de moi, ma vision se trouble un peu. Je crois que je suis en train de faire une crise de panique silencieuse. J'essaie de me calmer en respirant calmement et je retrouve ma vision plus nette. J'entends derrière moi, une phrase qui me tique.

« Si ce n’est pas moi, comment saurais-je qu’avant mon arrivé dans ta vie, ta meilleure amie était Souillon ? Et Doudou, comment oublier Doudou ? »

Je m'arrête en entendant l'énonciation de Souillon, puis celle de Doudou. Mon coeur bat la chamade. Loky qui me suivait jusqu'à présent s'est également arrêter et contrairement à moi, je peux voir du coin de l'oeil qu'il suit du regard l'autre taré. Qu'est-ce que je suis sensée faire, comment il connaît l'existence de Souillon, Doudou a la limite, j'aurais pû en parler innocemment en étant bourrée, mais Souillon, même complètement droguée, jamais j'en énoncerais les faits dans ce nouveau monde. J'ai déjà fait les frais plus jeune, je n'ai pas envie que cela recommence. Finalement, je remonte la tête et en face de moi, l'inconnu qui se dit être Stitch m'arrête et mets ses mains sur chacune de mes épaules. Il sourit, un sourire qui m'effraie légèrement. Mes yeux commencent à brûler, je crois que j'ai envie de pleurer. Je retiens ses larmes du plus profond de mon être, hors de question que je pleure devant ce taré. Il continue.

« Lilo c’est bien moi, ton petit Alien bleu aux quatre bras… »

Je reste silencieuse, mais bordel comment il sait tout ça. Je suis au bord de craquer, je ne peux pas jouer avec mes nerfs comme ça. J'ai besoin de savoir si c'est réellement la vérité ou pas. Et alors que j'allais commencer ma phrase, il me coupe sans même le savoir.

« Ohana. Ohana signifie famille, famille signifie que personne ne doit être abandonné, ni oublié. »
« ni oublié. » Je finis la phrase en coeur avec lui.

Je finis par enfin avoir le courage d'affronter son regard, et mes yeux devienennt humides. Je reste la bouche ouverte et lâche un hoquet de surprise. Ma main se pose tout naturellement devant ma bouche suite aux mots que je lâche presque dans un murmure :

« Stitch ? ... »

« Je sais que tu dois avoir des tas de questions, j’en ai aussi et certains encore inexpliquées, mais s’il te plaît, ne t’en va pas, je ne supporterais pas un ultime adieu, deux fois c’est déjà trop dur… »

Et là, je ne peux plus me retenir. Les chaînes qui sont comme ancrées dans cette engrenage, que je retiens depuis maintenant deux ans pour ne pas sombrer à nouveau dans ce chagrin infini qui me semble interminable finissent par se briser. Je les vois, une à une, ces bouts de fer, ils explosent en des milliers de poussières d'étoiles dans mon esprit. Et là, la première goutte lacrymale tombe lorsque ma paupière passe par dessus mon oeil. C'est la première larme d'une longue série. Elles déferlent comme une libération sur mes joues.

«Oh Stitch, mon Stitch, mais que t'est-il arriver...»

Je caresse du bout des doigts ses joues et ne peux cesser de pleurer. C'est un mélange entre de la joie et de la tristesse qui s'évade sur mes joues, mais également du soulagement. J'hoquète, les pleurs deviennent plus intenses.

« Tu m'as tellement manquer, je me suis sentie si seule sans toi. Ne pars plus jamais, ne m'abandonne plus. »

Mes mots sautent avec mes soubresauts, ce sont des sanglots à présent. Il doit sûrement comprendre un mot sur deux, mais ce sont des mots qui sortent du coeur et qui avait besoin de s'évader de ma bouche. Ni une, ni deux, je le prends dans mes bras et le serre très fort contre moi. Ce câlin me rappelle celui du Chenil, sauf que là, c'est moi qui ait décidé de le serrer contre moi. Et je pleure sur son torse, lâchant mon corps et tous le poids de la pression de ces longues années dans cette étreinte si réconfortante. Ici, au milieu d'un parc banal, où je ne pensais jamais le retrouver. Mon Stitch.

Pendant notre longue étreinte de retrouvailles, Stitch m'explique brièvement que c'est à cause de ce nouveau monde que son corps de petit être bleu s'est métamorphosé en un humain frisé et banal. Il me demande par ailleurs si je l'aime dans ce nouveau corps, question que je réponds par une grimace de dégoût pour rigoler. Finalement, ne pouvant plus vraiment parler à cause des sanglots, j'optique pour un haussement d'épaules et un petit rire mesquin. J'essaie de lui faire comprendre que ce n'est pas pour son physique qu'il est mon ami. Bien qu'il soit beaucoup moins mignon dans ce nouveau corps. Il essuie de ses paumes les larmes de trop sur mes joues et je renifle la morve qui manque de s'écouler en dehors de mes narines, il me faut vite un mouchoir. Il me dit qu'il ne veut plus me perdre et je décide de me perdre dans ses bras à ses paroles. C'est les paroles du bonheur, du soulagement et c'est un câlin de joie.

Finalement, on finit par s'écarter l'un de l'autre et je renifle un bon coup, un sourire gravé aux lèvres. Stitch me propose d'aller boire un verre pour discuter et j'opine de la tête. Evidemment, maintenant que je l'ai retrouver je ne veux plus le quitter. Je me pose tellement de questions dans ma tête, est-ce qu'il est ici comme moi, depuis trois ans, où est-ce qu'il habite, qu'est-ce qu'il fait dans la vie, est-ce qu'il a retrouver Angel ? Je le vois se mordiller la lèvre et esquisser un sourire puis je sens Loky qui vient poser sa marque d'affection sur ma main et sur la sienne.

« En plus, je connais un super bar pas trop loin du parc qui est plutôt chouette et pas trop cher, on peut aller prendre un café, j'espère que tu aimes toujours autant ça » Je ricane.

Je me rappelle de ce souvenir étant enfant. J'ai décidé de donner à Stitch un biberon de café pour qu'il s'endorme paisiblement, à l'époque je ne savais pas ce que pouvait bien faire la caféine sur le corps humain, du moins Stitch était un alien, peut-être que son orgnaisme le digérait différemment au final, enfin j'en doute. Je marche vivement vers le banc où sont posés mes affaires et je prends mon sac sur mon dos et le frisbee de Loky dans une main. Il essaie d'ailleurs de l'attraper mais je lève le bras juste avant en ricanant.

« Raté mon chien. »

Je trottine vers Stitch et lui prends la main en me serrant contre lui. Finalement, je m'arrête et sors un mouchoir de mon sac et me mouche allégremment dedans et essuie mes larmes. Je propose d'ailleurs mon paquet à Stitch puis on continue notre chemin.

Je ne crois toujours pas à ce qui est en train de se passer en ce moment présent, ici au parc, où j'ai l'habitude de venir promener mon chien tous les week-ends, j'ai retrouver mon meilleur ami. Petit à petit, dans mes pensées, l'espoir commence à renaître, et j'espère à nouveau retrouver toute ma famille. Si j'ai pû retrouver Stitch, peut-être que Nani est aussi dans les parages. Il doit bien y avoir un dossier qui traite sur la population de ce nouveau monde au commissariat, il faut que je le trouve et que je fasse mes propres recherches. Après mes longs mois de solitude, j'avais décidé de tout abandonner, alors je n'ai même pas oser toucher à ce genre de dossier, mais maintenant que j'ai retrouver Stitch, je suis certaine que le destin me hurle de m'y pencher à nouveau et que le bonheur n'est pas loin. Peut-être que la chance me sourit parce que j'ai donner des céréales bio à Doudou ce matin ? Il faudrait que je tente à nouveau cette expérience, après tout, il a ramener le soleil grâce au beurre de cacahuètes alors pourquoi pas les proches grâce aux céréales bio.

Quand on sort du parc, j'ordonne à mon chien de rester toujours à mes pieds et on traverse la rue pour accéder au café d'en face. Je décide de prendre les devants et de guider Stitch vers une table sous un parasol pour m'y asseoir. C'est vrai qu'il fait plutôt chaud pour un samedi de printemps. Mon chien se couche sous la table, à l'ombre et ferme les paupières, sûrement pour faire une petite sieste. J'ai les mains qui tremblent légèrement sous l'excitation et le stress de rencontrer pour la deuxième fois mon meilleur ami. J'ai tellement de questions et à la fois ma bouche est comme paralysée tellement il y a de mots qui veulent en sortir.

Finalement, la serveuse arrive et nous coupe dans notre silence respectif. Je commande un diabolo kiwi et de l'eau pour mon chien. Quand elle repart, je prends mon courage à deux mains.

« Bon... Alors... Euh... Quoi de neuf ? »

Mon ami décide de prendre un café noir et sans sucre. Je souris. Décidément, c'est bien le Stitch de mes souvenirs. Après lui avoir poser la question, il me réponds dans un ton de l'humour qu'il vient de retrouver sa meilleure amie il y a dix minutes, réponse qui me fait sourire. Puis il rajoute finalement qu'il a fait beaucoup de choses, notamment qu'il est devenu professeur de sport et qu'il enseigne la danse et la gymnastique. Je roule des yeux avec un petit sourire en coin quand il rajoute le geste du biceps pour se mettre en avant et imager ses propos. Il est aussi artiste, plus exactement il chante et joue de la guitare, du ukulélé, du piano et du djumbé. C'est époustouflant, j'ai l'impression que tout ce que je lui ai appris, il l'a effectuer pour en faire son métier dans ce nouveau monde. J'ai aussi ce poids de défaite qui pèse sur mes épaules quand je m'imagine que lui, à réussit dans le monde de l'art et de la danse, et pas moi. Sans que je ne le contrôle vraiment, j'ai cette petite part de jalousie qui pointe le bout de son nez en plein milieu de nos retrouvailles. Finalement, je secoue intérieurement mes pensées et j'essaie de me dire que ce monde dans lequel il est n'était tout simplement pas pour moi.

Le serveur arrive finalement avec le café noir sans sucre et mon diabolo kiwi, ainsi qu'une gamelle d'eau pour Loky. Décidément, ils sont vraiment gentils par ici, je connais d'autre bar qui n'auraient non seulement pas donner d'eau à mon chien, mais qui en plus, n'auraient pas accepter Loky en terrasse. Je sirote dans mon diabolo pour m'hydrater la bouche et profiter du goût. Le sucre, c'est la meilleure chose au monde.

Quand Stitch me demande ce que je suis devenu, il m'envoie une pique sans le savoir quand il me dit m'imaginer dans le monde de l'art de la danse. J'essaie de ne pas laisser paraître mes sentiments sur mon visage et un petit rire fausemment déguisé sort de mes lippes. Finalement, après avoir pris une autre gorgée de mon breuvage, je décide de lui dire les points les plus importants en un souffle.

« Alors, moi... Je prends une respiration et déballe très vite mes propos. Les premiers mois j'ai pas fais grand chose, puis j'ai essayer de devenir populaire dans la danse de rue, ça n'a pas fonctionner, j'ai payer mon loyer comme je le pouvais en devant barmaid à l'Amnesia, un petit bar cool pas loin d'ici, puis j'ai décidé du jour au lendemain de m'engager dans la police canine, c'est là-bas que j'ai rencontrer Loky et voilà où j'en suis pour l'instant. »

Je bois après ma petite tyrade et agite nerveusement sous la table ma jambe en regardant Stitch dans les yeux. J'ai décidé de ne pas lui parler de la longue période du début de ma nouvelle vie. Elle est peut-être bien trop sombre pour en parler maintenant, dans un moment aussi intense de joie. Je n'ai aussi pas envie qu'il soit déçu de moi, par rapport à mon nouveau choix de métier, alors je ne lui laisse pas le temps de répondre et le coupe avant qu'il n'ait pu répondre à ce qu'il vient d'apprendre.

« Et sinon, à part le boulot, tu habites où ? Tu as des nouvelles de Nani ? Angel ? Les autres ? »

Quand je lui pose cette question, je me rends compte d'une chose. Stitch a décidé de parler de son présent actuel dans ce nouveau monde, et moi, je rapporte toujours la conversation au passé. Moi qui voulait tourner la page sur mon ancien moi, c'est raté. J'attends sa réponse en faisant tourner mon doigt autour du verre, décidément, quand je suis nerveuse, mes tics reviennent comme s'ils n'étaient jamais parti. J'espère secrètement qu'il ait retrouver Nani et que je vais pouvoir la serrer également dans mes bras juste après Stitch.

Je suis surprise que Stitch me propose que l'on danse de nouveau ensemble. A vrai dire, c'est une proposition que je ne peux pas refuser, cela me permettrait de me faire connaître à nouveau, peut-être même que je pourrais en faire mon métier. Mais des pensées malsaines viennent tout ruiner dans mon esprit, ce n'est pas mon monde, du moins ça ne l'est plus. Je risque de me ridiculiser à nouveau. Il faut que j'avance autrement. Et j'aime mon nouveau travail, j'aime travailler avec Loky et résoudre des enquêtes en sa compagnie, non, la danse n'est définitivement plus mon domaine. Finalement, c'est donc une proposition que je décline gentiment en mîmant une réponse négative de la tête.

« On peut danser à nouveau ensemble si tu le souhaites, mais je ne veux pas de rémunération et je veux que l'on soit que tous les deux. J'adorerais danser avec toi à nouveau, mais seulement tous les deux. » Je laisse échapper un petit sourire au coin de mes lèvres.

Je voulais passer à autre chose mais Stitch me dévance et me demande de lui expliquer un peu plus brièvement et nettement à quoi consiste mon nouveau métier.

« Alors, oui ça va j'aime bien. Mon travail consiste à éduquer Loky et d'autres chiens à trouver les malfrats ou les personnes disparues en gros. Parfois j'ai des missions sur le terrain avec Loky, c'est un peu comme la police en soit mais sauf que j'ai constamment mon chien avec moi et que les affaires sont différentes. Après c'est surtout Loky qui fait tout le boulot, moi je m'occupe essentiellement de faire la paperasse. » Je rigole.

Quand Stitch m'apprends qu'il vit dans le même quartier que moi je fais les yeux ronds, c'est incroyable qu'on ne se soit jamais croisés avant ces trois longues années. Décidément, le hasard est vraiment cruel.

« Oh c'est vrai tu as un appartement à Baker Street ? Moi aussi ! Et même que le bar où je bosse est dans ce quartier, c'est l'Amnesia, tu y es déjà aller ? »

Il me dit également qu'il n'a aucune trace des autres sauf moi, depuis quelques heures. Je ne peux m'empêcher de lâcher un soupir entre mes lippes, peut-être même ai-je les yeux légèrement humide, sûrement le pollen. Je sais que j'ai déjà eu beaucoup de chances que Loky saute sur Stitch aujourd'hui, mais les câlins de ma grande-soeur me manque cruellement. Stitch pose sa main sur la mienne et je la prends entre mes doigts, puis il me demande si je suis seule ou accompagnée et je souris tristement.

« Boh tu sais, j'ai toujours eu un peu un caractère de petite peste, alors les gens ne restent pas souvent avec moi. Sinon oui, comme je te l'ai dis j'habite seule à Baker Street, dans un petit appartement. Enfin seule, c'est un grand mot, il y a Loky et Doudou, c'est mon poisson rouge. »

Un petit silence me permets de prendre une pause dans cette conversation et je bois encore une fois dans ma boisson pour ressentir de nouveau ce petit goût sucré qui vient chatouiller mes papilles. Et puis là, comme une ampoule qui s'allume dans ton esprit, tu as une idée de folie.

« Dis-moi, tu as dis que ton appartement était bien trop grand pour toi, et maintenant que je t'ai retrouvé, personnellement je ne veux plus te lâcher. Je fais une pause pour réfléchir. Après peut-être que c'est trop tôt et que tu t'es habitué à vivre en étant indépendant et que tu ne voudras pas... »

Je claque mes ongles contre la table, un peu nerveuse, puis finalement j'y vais au tact, comme je l'ai toujours fait.

« Je veux pas spécialement vivre dans ton appartement, ni même que tu viennes dans le mien, mais si ça te dit on pourrait repartir sur de bonnes bases ? Après tout dépend de ce que tu qualifies de bon ou de mauvais, évidemment. Bon je tourne trop autour du pot, ça te dirait qu'on emménage ensemble ? Bon évidemment, ce ne sera pas forcément un appart' de luxe parce que j'ai pas forcément les frais, mais au moins on sera ensemble et il n'y aucun risque pour qu'on se perde à nouveau de vue, enfin je crois, normalement ? »

Je respire d'un coup, ayant enchaîner ma phrase d'une traite et finit par lui dire :

« Qu'en penses-tu ? »