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The fall and rise of the House of Gaunt ((Merope x Tom))

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Anonymous

Invité



Ven 25 Fév 2022 - 10:49



The fall and rise
of the House of Gaunt.
I have said that the sole effect of my somewhat childish experiment—that of looking down within the tarn—had been to deepen the first singular impression. There can be no doubt that the consciousness of the rapid increase of my superstition—for why should I not so term it?—served mainly to accelerate the increase itself. Such, I have long known, is the paradoxical law of all sentiments having terror as a basis.
Pendant plusieurs minutes, le monde s’est arrêté de tourner.

Un bruit de klaxon tonitruant jeté dans la nuit.
Un corps qui s’écrase contre la machine.

Entre le silence d’une éloquence rare.

Carcasse voltige. Carcasse s’écrase sur plusieurs mètres. Le bitume n’en fait qu’une bouchée, marquant le sol du liquide écarlate qui fait de toi un sang-mêlé. Flaques informes, la violence du choc s’inscrit dans leur étendue. Tu roules, tu t’affaisses. La trainée que tu laisses derrière toi te donne des allures de chérubin des enfers — matérialisation de cette vie exterminatrice où seul le sang fut ton plus fidèle allié. Voilà qu’il t’abandonnait en s’échappant de ton enveloppe — crâne fracassé, visage d’ange amoché, côtes broyées… Les portes de sortie étaient nombreuses pour le plasma qui te rappelait ta condition d’humain. Respirer était difficile, bruyant, chargé. La faute à ces os qui ciselaient tes poumons à chaque bouffée. Aux portes d’une mort possible, ce n’est étrangement pas la peur ou la tristesse qui t’effrayait, mais plutôt la colère qui te saisissait : tu étais réduit à ton statut d’humain, à cette partie moldue en toi qui te rappelait ô combien ta condition pouvait être précaire. Surtout sans pouvoir. Surtout sans baguette. Ton heure n’avait cependant pas encore sonné. Les ténèbres t’attiraient simplement dans le monde entre les mondes — le coma — seule solution que ton corps avait trouvée pour t’épargner les souffrances physiques par lesquelles tu étais en train de passer. Tes paupières étaient de plus en plus lourdes et se fermaient contre ta volonté. La voix du conducteur affolé qui cherchait à connaître ton état passait de brouhaha lointain à résidu sonore pour finalement s’éteindre. L’accident aurait-il pu être évité ? Pas vraiment. Tu avais traversé subitement pour échapper à cette dispute violente qui se déroulait sur le trottoir entre Cassidy Owens et toi. Culottée, elle te demandait des comptes. Elle t’ennuyait, excitait tes envies de meurtre, mais tu n’avais nul temps à perdre avec elle. Le chauffeur aurait pu avoir un début d’explication à cet accident si la dénommée Cassidy n’avait pas fui la scène. Tu avais simplement payé le prix fort de ton inattention. La jeune femme estimait que c’était un simple retour des choses après ce que tu lui avais fait subir entre les quatre murs de ta chambre miteuse à l’université.

Le monde se remit en marche. Un univers bruyant happait Lord Voldemort comateux.

Une ribambelle de tuyaux ainsi que d’autres artifices te maintenaient encore en vie. Ton cœur s’était arrêté une fois durant le trajet, mais il repartit aussitôt grâce au personnel présent dans le camion de pompier. Mais toi tu étais ailleurs, dans un autre monde, loin d’être conscient de tout ce qu’il se passait autour de toi. Accompagnés d’infirmière, les pompiers franchirent les portes de l’hôpital en tirant ton brancard jusqu’au bloc le plus proche tout en faisant leur topo aux soignants, encore pris dans leur adrénaline : « AR. Homme. Vingt-cinq ans. Traumatisme crânien et thoracique, suspicion d’hémorragie interne. Un AC sur le chemin… » Un état plus que critique retranscrit par ces mots, pourtant simples, mais empreints de l’urgence de la situation. Si elle n’était pas réglée au plus vite, tu allais bel et bien mourir cette fois-ci. « Bipe la chir’ Gaunt. Qu’elle vienne ASAP. » Gaunt. Un nom que tu aimais autant que tu le haïssais. Un patronyme que tu aurais rêvé de porter pour la symbolique qu’il représentait — nom sorcier, descendants de l’éminent Serpentard. Le meilleur moyen de te débarrasser une bonne fois pour tout de ce foutu Jedusor coller à ton prénom qui te réduisait à l’état de piètre moldu, cette sale race qu’il fallait exterminer au plus vite. Ton père était ton plus grand malheur, cette part en toi que tu avais tant idéalisée pour la haïr sur la fin une fois que le mythe s’était effondré. Mais ton dégout ne lui était pas uniquement adressé : Merope en profitait aussi ; cette sorcière de seconde zone, cracmol de son état qui avait succombé aux charmes d’un humain lambda, salissant votre sang sacré de sorcier avec le sien au travers de ta création. Tu étais l’incarnation de cette trahison, de cette souillure. Tu avais beau te convaincre de ta suprématie magique, de la fierté de ton ancêtre à ton sujet s’il t’avait connu, tu savais au fond de toi qu’il t’aurait exterminé malgré tout et c’était là que le bât blesse. Tu étais un enfant de nulle part — trop sorcier pour être moldu, trop moldu pour être sorcier selon les codes des Gaunt et de Serpentard lui-même. Impossible pour toi donc de porter le nom de Gaunt : tu ne voulais pas être lié à ta mère par ce biais, salir davantage cette famille, plus qu’elle ne l’avait fait. Tu avais préféré te créer ta propre identité — Voldemort — plutôt que devoir te complaire dans la médiocrité dans laquelle ta génitrice avait plongé ta famille.

Quelle ironie de savoir que Merope Gaunt, la femme que tu détestais le plus dans l’univers serait celle qui te sauverait la vie.

Même si on aurait pu croire le contraire à cause de sa transgression en épousant un moldu, Merope ne fut pas annonciatrice de décadence ou de chaos. Elle était à l’image du printemps : créatrice, initiatrice de renouveau. Elle permit aux Gaunt de s’élever et de retrouver leur grandeur en engendrant Lord Voldemort. Toi. Et Merope continuait d’insuffler ce renouveau en réparant sa progéniture. Certes, Merope rayonnait moins que ses sœurs dans les Pléiades, un sacrifice de sa part simplement pour te permettre de briller. En ce point résident probablement les raisons de son trépas : elle sut qu’elle ne pourrait pas vivre dans ton ombre, elle qui avait toujours vécu dans celle de son père et de son frère. Tu restais un Gaunt avec toute la violence et les vices que cela impliquait. Mais les temps changent. En ce jour, sans qu’elle ne le sache, c’était elle qui avait le pouvoir sur le fruit de cet amour vain affalé sur sa table d’opération — ce même pouvoir de vie et de mort que tu avais eu pendant tant d’années. Ce pouvoir jouissif qui permet à quiconque de se prendre pour Dieu, pour le maître des univers sans personne pour contester sa suprématie. Mais Merope n’était pas toi et ne le sera jamais ; elle faisait le bien en recollant les morceaux de ce toi éparpillés un peu partout sur cette table froide juste pour te permettre de t’élever. Elle était le Printemps. Elle était Dieu, cette divinité créatrice pensant faire de bonnes choses : donner la vie. Une nouvelle fois, Merope Gaunt engendrait un fils, dans la douleur et la fatigue — l’opération au bloc dura plusieurs heures.

Tu te réveillais le lendemain le corps engourdi, douloureux. Ta peau te tirait au niveau de ces nouvelles cicatrices qui décoraient ta chaire — des balafres qui te connectaient encore et toujours à ta mère à l’instar de ce nombril, l’unique vestige de ce lien qui vous unissait jadis. La folie te consumerait probablement au moment où tu sauras la vérité, toi qui ne pensais pas connaître ta génitrice un jour. Pour l’instant, tu essayais juste de comprendre où tu étais une fois que tes iris s’étaient habitués à la lumière crue de ta chambre d’hôpital. Tu remarquais les fils qui te connectaient à diverses machines — une forme d’emprisonnement qui éveillait ta grogne, une irritation exacerbée par le bruit entêtant des machines qui vérifiait sans cesse tes constantes et que ton cœur battait bel et bien. Tu avais si mal au crâne… Tu n’arrivais pas bien à réfléchir… Sans compter cette envie de tout démolir pour faire taire tout bruit parasite qui empêchait un réveil doux. Tu tentais de te redresser : en vain. L’élancement était encore vif. Il te paralysait au point de lâcher un gémissement de douleur avant de te laisser retomber dans un soupir exténué pour le peu de centimètres que tu avais gravi. Cette fois-ci tu n’étais pas simplement irrité, tu étais fou de rage de te voir aussi faible, soumis à tes affres sans magie pour les abréger. Encore plus que durant les trois années que tu avais traversées, tu subissais dans cet état ta condition de moldu. Tu avais l’impression de vivre ton pire cauchemar : vivre dans la peau de ton père. Un effet renforcé avec son nom que tu étais forcé de porter et qui te traversait subitement l’esprit dans ce moment où tu ne contrôlais rien. Ton cerveau te jouait des tours, te torturait. Si tu avais été en possession de toutes tes facultés magiques, tu aurais sûrement fait exploser sous la colère et à l’aide de tes pouvoirs télékinésiques que tu cultivais depuis l’enfance les machines autour de toi.

Pas le temps de s’énerver davantage, une infirmière fit irruption dans la chambre toute joyeuse, toute guillerette. « Ah, monsieur, vous êtes réveillé ! » Elle t’adressait un sourire. Tu lui réservais simplement un regard noir qui l’intimidait pendant qu’elle vérifiât dieu seul sait quoi sur ta perfusion. Tu avais envie de l’étrangler, défouler ta colère sur cette pauvre malheureuse qui effectuait simplement son travail. « La chirurgienne qui vous a opéré va passer pour tout contrôler. Avant ça, j’aurai quelques questions à vous poser pour votre dossier médical… » Parce que tu étais arrivé en pur anonyme ici puisque tu n’avais aucun papier sur toi. Tu refusais d’en avoir, parce que tu ne devais rien à personne et surtout parce que tu refusais d’ancrer ton existence dans ce monde moldu. Bientôt, tous sauront ton nom — Voldemort — et ils le craindront tant qu’ils n’oseront même plus le demander ni même le prononcer. « Sortez d’ici. » Ta voix avait beau être trainante, faible et décousue à cause des effets de l’anesthésie, mais surtout de la lourdeur de l’opération et de ton court coma, elle n’avait en rien perdu de sa superbe menaçante et dangereuse. Il ne restait plus rien du bleu qui tintait tes yeux — les ténèbres avaient pris toute la place. Si tu avais pu, tu l’aurais tué pour t’avoir ainsi dérangé juste par sa présence bien futile. Fort heureusement, l’infirmière était sauvée par l’arrivée de la fameuse chirurgienne qui te laissa de marbre. Tu n’avais guère plus de considération pour elle que pour l’infirmière. « Faites attention… Il est plutôt agressif… » Tu n’entendais pas ce qu’elle murmurait à Merope en guise d’avertissement, parce que ton attention était focalisée sur autre chose… un détail que bien des gens auraient sûrement ignoré. Un choc… Tu remarquais un badge accroché à la poche de sa veste de médecin. Le nom inscrit dessus, en plus de te provoquer une fièvre intense, te donna le vertige.

Dr. M. Gaunt.
Chir. card. et thora.


Tu serrais les draps entre tes mains avec force pour contenir tes tremblements de rage. Tu n’étais plus Voldemort en cet instant, mais juste le petit Tom Jedusor qui cherchait avidement d’où il venait et qui avait laissé exploser sa colère dans le bureau de ce cher Dumbledore en découvrant que son père était un sale moldu et que sa chère mère qui s’était laissé crever comme une chienne était en réalité la sorcière de la famille. Tu riais — un rire à glacer le sang, maniaque. Il n’y avait plus rien d’humain dans tes gestes ou dans ton regard happé par la folie. Seule la bête carnassière en toi subsistait avec son envie obsessionnelle de meurtre et de sang. Merope Gaunt… Tu ne l’avais jamais vu et tu ne ressentais rien à ce propos. Elle n’était qu’un nom, une figure que tu refusais de connaître, que tu voulais oublier plus que tout. Parce que se souvenir de Merope Gaunt, c’était se souvenir de Tom Jedusor père, de ce qu’elle lui avait fait, de ta conception, de tes origines, de ton histoire que tu voulais éradiquer pour que rien n’égratigne ce mythe que tu avais bâti — Voldemort, le mage noir le plus puissant de son temps, dernier héritier de Salazar Serpentard au sang pur. Sans savoir à quoi elle ressemblait, tu sus indubitablement que tu avais bel et bien ta maudite mère devant tes yeux. D’une part à cause de son nom qui ne laissait aucun doute planer, mais d’autre part à cause de ce foutu lien mère/fils impalpable, défiant toutes les lois de la logique, qui vous unissait que tu le veuilles ou non. Son sang coulait dans tes veines. Ses gênes avaient façonné la personne que tu étais. Tu la haïssais encore plus maintenant que tu l’avais sous ses yeux. Heureusement pour elle que tu n’avais pas ta baguette entre les mains, sinon tu lui aurais fait payer sa renaissance. Elle ne pouvait pas. Elle ne devait pas perturber ainsi ton existence. Tu n’étais le fils de personne, seulement né par toi-même grâce à Voldemort et Merope imposait une réalité biologique trop pesante. Elle devait mourir.

Le sourire né de ton rire dément s’évaporait pour laisser ton visage s’habiller de ce masque effrayant et menaçant sous lequel l’entièreté du monde magique t’avait toujours connu. Tes yeux devinrent trou noir de haine, de colère et pourtant, tu restais neutre quand tu lui parlais, avec une pointe de moquerie et de dédain non dissimulée dans ta voix toujours aussi trainante. Tu te servais cependant du peu de force que tu avais pour être au plus fort de ta crédibilité. « Pourquoi ne suis-je même pas étonné de vous voir ici ? A vous complaire dans des activités moldues ? Vous êtes décidément toujours en train de vous mélanger à cette sale race, à souiller notre nom, notre sang en vous abaissant. Je comprends mieux maintenant pourquoi vous vous êtes laissé mourir sur un vulgaire trottoir. Ça allait tellement de pair avec votre médiocrité. Et encore, même le bitume, c’était déjà bien trop de grâce pour vous. » Tu toisais du regard celle qui t’avait mise au monde, sans égard pour ce qu’elle avait fait pour toi cette nuit. Le mépris que tu affichais était sans doute plus insultant que tes paroles elles-mêmes. Tu aurais sans doute eu plus de considération pour un cafard que pour elle. S’il y avait une seule chose que tu pouvais lui concéder, c’est qu’elle avait eu au moins la décence de ne pas reprendre son nom d’épouse, mais cela n’enlevait en rien tout le dégout que tu ressentais à son endroit. Si Merope Gaunt n’était pas aussi stupide que tu ne le pensais, juste à travers tes mots et ton comportement, elle devrait déjà avoir une petite idée de ton identité. Pour le moment, tu lui offrais juste ta fureur aussi puissante qu’un univers entier en plein combustion.
@Merope Gaunt
made by ice and fire.
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Dr. Hannibal Lecter

Dr. Hannibal Lecter

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▿ Ton univers : Tétralogie (( Dragon Rouge (1981) Le Silence des agneaux (1988)﹒Hannibal (1999)﹒Hannibal Lecter : Les Origines du Mal (2006) )) + Films (( Le Silence des Agneaux (1991)﹒Hannibal (2001) ))
▿ Date de naissance : 20/01/1968
▿ Age : 56
▿ Métier : Neurochirurgien
▿ Quartier : Baker Street Avenue
▿ Côté cœur :
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“I'll confess it is pleasant to look at you asleep. You're quite beautiful, Clarice.”Hannibal Lecter to Clarice Starling


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The fall and rise of the House of Gaunt ((Merope x Tom)) Hyklabz

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CLANNIBAL.
(hannibal lecter x clarice starling)
﹣﹣﹣﹣
ϟ [url=]UC(P - 1)[/url] ✰ (MAJ ✎ ??.??)
ϟ [url=]UC (P - 2 • )[/url] ✰ (MAJ ✎ ??.??)



R PGROUPE.
﹣﹣﹣﹣
????

R PDUO.
﹣﹣﹣﹣
???



Sam 26 Mar 2022 - 1:08


MEROPE
&
TOM
MOTHER & SON.
The fall and rise
of the HOUSE OF GAUNT
Les minutes et les heures défilent dans l’un des blocs opératoires du Grey Sloan Memorial Hospital. Merope Gaunt a été appelée en toute hâte à la suite d’un terrible accident en plein centre ville. Un homme dans la vingtaine, brun aux yeux bleu lagune, très beau, s’est retrouvé percuté par un véhicule. Lorsque les ambulanciers conduisent la victime au centre de traumatologie, Merope Gaunt est déjà prête à dégainer ses bistouris. Elle est habituée aux situations critiques et urgentes comme celle-ci. Ce n’est un secret pour personne, Merope s’avère d’une redoutable efficacité comme chirurgienne. Pour ne pas exagérer le trait de son perfectionnisme névrotique, elle loge quasiment sur place. Le Grey Sloan Memorial Hospital est comme sa seconde maison. Elle y passe davantage de temps que dans son propre appartement à Baker Street Avenue. Merope enfile l’un de ses calots porte-bonheur, fabriqué dans un tissu rouge en coton biologique et parsemé de motifs géométriques dans les nuances plus claires. « Qu’avons-nous là ? » dit-elle d’une voix parfaitement maîtrisée. Certains vous diront qu’elle s’exprime avec une précision quasi chirurgicale. N’est-ce pas son domaine de spécialité, après tout ? Elle dévisage l’interne qui est en charge de conduire le blessé en salle de radiographie. « Homme de vingt-cinq ans. Accident sur la voie publique. On soupçonne une contusion du myocarde, docteur Gaunt. » répond le docteur Grey avec précipitation. « Vous lui avez fait passer une radio ? » s’interroge Merope en s’emparant de son stéthoscope pour écouter le rythme cardiaque de son patient. Merde, il ne faut pas perdre de temps, songe-t-elle en levant les yeux vers ses collègues. Une contusion myocardique risque d’être fatale au jeune homme. Elle plonge alors ses beaux yeux sur son visage angélique ; avec ses boucles brunes, sa peau blanche comme le marbre et ses traits finement dessinés, l’inconnu revêt les caractéristiques de la beauté grecque. Quelque chose frappe la doctoresse, cette beauté est presque irréelle, mais surtout étrangement familière. Merope Gaunt ne parvient pas à rassembler ses souvenirs, c’est comme si un voile opaque obstruait ses capacités de réflexion. Un voile dissimule la vérité, alors qu’elle se trouve juste sous ses yeux. Ce jeune homme de vingt-cinq ans n’est pas n’importe qui pour Merope Gaunt. Elle ignore encore qu’il s’agit de sa chair et de son sang, en piteux état et un souffle irrégulier, mais bel et bien vivant. Tout comme elle. Bien que perdue dans sa contemplation du jeune homme, Merope reste toutefois attentive au débriefing de son interne. « Non, docteur nous y alli… » bredouille la jeune interne, ce qui a le don d’irriter fortement le docteur Grey. Elle enlève brusquement les bouchons en silicone gris de ses oreilles et pose ses beaux yeux noisette dans ceux de sa consœur. « Qu’est-ce que vous attendez dans ce cas ? » Son ton est presque cinglant. Les personnes présentes se dévisagent, partagées entre la gêne et l’incompréhension. Merope grogne quelques remarques tout en s’affairant autour du patient. Au bout de quelques secondes, Gaunt réalise qu’il se trouve dans un état critique. « Non, attendez – On n’a plus le temps ! On l’emmène au bloc ! » Elle agrippe les bords du lit-chariot avec la paume de ses mains, afin de le pousser dans les couloirs en direction de l’étage des blocs opératoires. « Vous ! Avec moi ! » ordonne-t-elle à l’adresse du docteur Grey. Malgré ses hésitations, c’est une interne extrêmement prometteuse. Les deux femmes disparaissent ensuite entre les portes en acier de l’ascenseur le plus proche, en direction de l’un des étages supérieurs.

Dans ce bloc opératoire, Merope Gaunt est semblable à l’une de ces divinités faiseuses de monarques. Elle est comme Circé, première magicienne sous l’Antiquité. Elle dispose du pouvoir de vie et de mort sur ces corps vulnérables qui n’attendent que d’être sauvés. Merope Gaunt sauve des vies constamment, ce n’est pas la première fois et ce ne sera pas la dernière. Ce qu’elle ignore encore, c’est qu’elle tient le bistouri devant son propre fils. Son fils unique, Tom, le fruit de ses péchés. Elle découpe la peau d’albâtre de son fils, afin d’avoir accès au plus bel organe qu’elle n’ait jamais vu auparavant. Elle est si enthousiaste, malgré les deux heures de repos dont elle a bénéficié la nuit dernière, malgré les cernes violacés qui creusent les poches sous ses yeux. Elle est simplement happée par la perfection de ce cœur, qui rivalise de beauté en comparaison de tous les autres. Il est parfait, comme si elle l’avait elle-même façonné avec de la pâte à modeler. Elle ne peut réprimer un soupir d’extase en le découvrant, bien niché dans le fond de la cage thoracique de son patient. Au milieu de son équipe habituelle, le docteur Gaunt lâche un commentaire quelque peu insolite pour quiconque n’est pas habitué des salles opératoires. Elle partage son enthousiasme dans un murmure extatique, faisant part de l’objet de sa contemplation. « Je n’en ai jamais vu d’aussi beau. » Son murmure resta audible sous le masque chirurgical qu’elle porte, et il ne manque pas de faire sourire les infirmières qui travaillent à ses côtés. Ce n’est un secret pour personne. Merope est fascinée par les palpitants, ces organes rouges de vie qui pompent le sang de manière effrénée. Elle est amoureuse des cœurs, de leurs artères, des connexions entre leurs vaisseaux, de ces muscles cardiaques qui enveloppent leur surface bombée et parfaite. Elle tient le cœur de Tom Elvis Jedusor entre ses mains gantées d’un beau latex bleu turquoise. Elle tient le cœur de son propre fils entre ses doigts fragiles, mais à la fois si doués. Ces mains, ce sont des mains de déesse. Merope Gaunt donne la vie chaque jour que Dieu fait grâce à ces mains.

Merope termine son travail d’orfèvre au bout de minutes qui paraissent interminables. Elle s’extirpe du bloc opératoire avec la tête haute, fière d’avoir sauvé une énième vie. Pas n’importe laquelle. Tom Elvis Jedusor n’est pas n’importe quelle vie humaine, c’est même la vie la plus importante dans celle de Merope. Courbaturée et épuisée, Merope Gaunt se dirige vers l’une des salles de repos en espérant bénéficier d’une heure ou deux de calme avant le réveil de son patient. Installée sur l’un des lits superposés en chambre de garde, elle lève la tête vers le plafond et ferme les yeux. Cet homme… Merope ne peut s’empêcher de repenser à son jeune patient de la fin de journée. Elle est incapable de donner une explication, mais quelque chose dans l’expression de son visage a éveillé en elle un intérêt presque obsessionnel. Son regard bleu et vide a évoqué de lointains souvenirs, comme des flashs foudroyants d’un passé qui s’est vu balayé il y a trois ans. Merope est dans une dualité depuis des années, partagée entre deux sortes de souvenirs. Ce qu’elle pense être une réalité, sa vie et ses souvenirs sur l’île, cette identité du docteur Gaunt, cardio-chirurgienne, et les flashs qui lui laissent croire à une autre vie. Une vie misérable dans la pauvreté et l’indifférence, une vie de souffrances en tant que sorcière vivant dans la campagne anglaise. Une vie où elle a été rejetée de toutes part, à la fois par sa famille et par l’amour de sa vie. Un beau jeune homme au teint cireux et aux yeux bleus profonds. Merope Gaunt identifie ces réminiscences comme des hallucinations provoquées par la fatigue professionnelle. Elle a toujours cru que sa vie sur l’île était son unique réalité. Jusqu’à ce qu’elle croise la route de son véritable fils, Merope Gaunt ne s’est jamais questionné sur ces flashs. Elle pensait qu’il ne s’agissait sur de divagations sans grand intérêt, et que celles-ci ne valaient pas non plus la peine d’être racontées à quelqu’un. Tom Elvis Jedusor, son jeune patient de vingt-cinq ans, vient toutefois de mettre un terme à toutes ses convictions profondes. Qui est-il ? Pourquoi a-t-elle ressenti cet étrange sentiment de… familiarité en plongeant ses yeux dans les siens ? Pourquoi est-il si beau, si parfait, mais surtout… si reconnaissable ? Lorsqu’elle l’a vu, un visage s’est naturellement imposé dans son esprit. Tom Jedusor Senior, son premier amour. Un visage qui est aujourd’hui inconnu, un visage parfait qui n’existe que dans le cadre de ses hallucinations. Non, c’est impossible… Je dois être en train de rêver. Je ne l’ai jamais rencontré, alors pourquoi… Pourquoi ai-je si mal au cœur en repensant à son visage ? Merope soupire longuement, et se laisse retomber contre les draps en coton de son lit d’infortune. Son cœur souffre, il saigne en repensant au visage de ce jeune homme. Elle brûle d’envie d’en comprendre les raisons. Merope se retrouve dans une situation qui lui donne des vertiges. Elle s’empare de son visage entre ses mains, afin de contrôler les battements effrénés de son cœur ou les nausées qui lui font perdre pied. Qui est-il ? se répète-t-elle en tapant les paumes de ses mains contre son front. Je le connais… Je le connais… J’ai l’impression… Merope supplie le ciel que l’on mette un terme à ses souffrances mentales.  Elle essaie vainement de rassembler les pièces du puzzle pour donner un sens à sa vie.

« Docteur Gaunt ! » s’exclame une voix familière. Le docteur Grey pénètre dans la salle de garde en toute hâte. « Un problème ? » répond la cheffe du service de cardiologie en ouvrant les yeux sur sa jeune interne. « Docteur Gaunt ! Je vous en prie, l’un de vos patients post-op est… Je pense qu’il a besoin de s’entretenir avec vous. » Merope fronce les sourcils, décontenancée par ce que le docteur Grey vient de déblatérer sans prendre la peine de respirer une seconde. « Calmez-vous. » souffle-t-elle en attrapant ses épaules de ses mains. Elle plonge alors ses deux orbes noisette-miel dans les siens, afin de créer un contact visuel qui se veut rassurant et pédagogue. « L’infirmière de garde est auprès de lui ? » Elle se lève de son lit en réponse au vague hochement de tête du docteur Grey. « Très bien. Je descends tout de suite. » Il n’y a rien d’inhabituel dans la requête de la jeune interne, tous les patients ont besoin de solliciter leur chirurgien à un moment donné. Merope soupire d’avance, les patients comme Tom Jedusor figurent sont toujours les cas les plus compliqués. Merope et la jeune interne débarquèrent dans l’une des nombreuses chambres de l’aile réservée aux patients en convalescence. Merope aperçut l’infirmière de garde s’échapper de la chambre de Tom Jedusor pour se diriger vers elle. « Alors ? » Merope est froide. Anormalement froide. Elle contient ses angoisses autant que possible. Quelque chose chez cet homme ne lui donne pas envie de se confronter à lui. « Faites attention… Il est un peu agressif. » l’avertit-elle. « Merci. Je me débrouillerai. » rétorque Merope, sans un regard supplémentaire pour elle. Merope est persuadée de réussir à maîtriser un énergumène tel que lui. Elle pense même être la seule capable de le contrôler, et pourquoi pas, de le comprendre. Quelque chose les lie. En pénétrant dans la chambre, avec la boule au ventre, elle essaie de faire abstraction du sentiment d’intense tristesse qui la submerge en le découvrant dans un état aussi misérable.

Merope fut prise d’un vertige en découvrant la mine livide de son patient, qui gigote dans son lit. Elle reste de marbre devant ses insultes et ses menaces. L’infirmière et l’interne qui se trouvent respectivement à sa gauche et sa droite se regardent d’un drôle d’air. « Est-ce qu’il est complètement fou ? » murmure la jeune interne. « Docteur Gaunt, devons-nous appeler le service psychiatrique de l’hôpital ? Ou bien le service neuro ? Vous voulez que je bipe le docteur Shepherd ? » s’enquit à son tour l’infirmière. Des activités moldues ? Elle prend cette remarque comme une gifle en pleine figure. Bien qu’elle ne comprenne pas en quoi consiste une activité moldue, quelque chose en elle éveille un sentiment de honte. Toutes les deux semblent horrifiées par les réactions disproportionnées et inquiétantes du jeune homme. Toutes, sauf Merope Gaunt. « Taisez-vous. » dit-elle d’une voix cinglante. « Laissez-le terminer. » Merope désire entendre la fin de ses tirades. Pour une raison encore inconnue, les paroles de Tom réveillent quelque chose en elle ; des souvenirs enfouis profondément en elle afin de camoufler ce sentiment d’abandon et de tristesse intense. La mère et le fils se toisent, l’un ayant conscience de la vérité et l’autre essayant de la comprendre. Merope observe le patient s’exciter, au prix de lourds sacrifices et d’une douleur incommensurable. Au bout d’un certain temps, Merope décide de prendre enfin la parole. « Vous avez terminé ? » demande-t-elle. « Parfait. Calmez-vous, ne tirez pas sur les fils qui recouvrent vos plaies, vous risqueriez de les endommager et de vous faire beaucoup de mal. » Merope s’exprime d’une voix étonnamment douce, malgré la violence des mots qui se sont échappés des lèvres parfaites du jeune Tom. On essaie de l’en dissuader par une main au niveau de son avant-bras, mais Merope Gaunt s’extirpe de l’emprise de sa jeune interne, pour s’approcher du lit. Elle jette un regard à l’infirmière de garde qui se trouve sur le point d’appeler du renfort. Un regard qui signifie… Il ne me fera pas de mal. « Je suis bien le docteur Gaunt. Merope Gaunt. Vous êtes un Gaunt, vous aussi ? Je ne pense pas avoir de la famille sur cette île. Nous venons d’Irlande… » Merope fronce les sourcils en signe de désapprobation. Elle ne cherche pas à cacher sa suspicion, quelque chose chez lui n’est pas normal. Les ténèbres du jeune homme l’attirent implacablement, elles lui semblent de plus en plus familières. Merope écarte ces possibilités, ce jeune homme ne fait pas partie de sa famille. C’est impossible. Merope n’a pas de famille. Elle est arrivée sur cette île seule, c’est une orpheline d’origine irlandaise. Une fois à quelques mètres du lit, la doctoresse appuie doucement sur la poche translucide qui se trouve suspendue près du lit du malade. Elle veille à répartir uniformément la mixture médicale, afin que le patient reçoive suffisamment de morphine pour calmer ses accès d’agressivité. « Je pense que les effets de l’anesthésie ne se sont pas encore totalement dissipés. » Toutes les personnes dans cette salle, excepté Merope Gaunt, sont convaincues de la folie du jeune homme. Elle doute du fait qu’il soit bon à enfermer dans une aile de l’hôpital. Malgré ces élucubrations, Tom Jedusor a l’air parfaitement lucide et sain d’esprit. Il doit être en train de dérailler ; un mauvais rêve ou un malentendu, sans doute. Merope espère simplement que ce ne soit que les effets néfastes d’une anesthésie fortement dosée. Merope se montre relativement détachée, elle parvient miraculeusement à dissimuler son léger émoi. Elle prend le dossier du patient et commence à le lire à voix haute. Elle bute longuement sur son nom de famille. « Tom… Jedusor, hum ? » Jedusor… Ce nom lui rappelle quelque chose. « Nous nous connaissons vraiment, vous et moi ? Vous ai-je déjà pris en charge dans cet hôpital ? » C'est bien la seule explication parfaitement rationnelle qui lui vient à l'esprit.
I used to not take chances with God's name,
but it's been so long since I last prayed,
and now I'm all fucked up and my heart's changed,
'cause I care more about what other people say.
(what other people say • sam fischer & demi lovato)
PHARAOH LEAP CREATES



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The fall and rise of the House of Gaunt ((Merope x Tom))
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