La mort aurait été plus délicieuse que cette humiliation quotidienne. Les traces, profondes pour certaines, superficielles pour d’autres, sur son poignet étaient le témoin de cette annihilation qu’il avait essayé de s’infliger, en vain. Fut un temps, il aurait été dégouté de cette attitude, lui qui avait une profonde aversion pour la mort — une faiblesse d’humain pour laquelle un sorcier comme lui ne devait sous aucun prétexte succomber. Une plaie était plus importante que les autres : elle bardait salement la totalité de son avant-bras, la faute d’un couteau planté au niveau de son poignet et qu’il avait remonté lentement jusqu’à son coude, scabreux. Il voulait réduire son bras en bouilli, faire le plus de dégâts possible en écorchant nerfs et vaisseaux sur son passage. La grande faucheuse n’était pas venue le chercher malgré son bras éventré et dégoulinant qui le laissa livide sur le sol. Il avait juste eu le droit à un passage aux urgences et dans le service psychiatrique. Tom était resté silencieux du début à la fin, même auprès des psychologues qui ne comprirent pas les raisons de son apathie. Tom était dans un autre monde, voguant vers des Eden de natures différentes pour échapper à cette réalité : les horcruxes détruits, il était condamné à vivre comme une âme errante dans ce purgatoire à ciel ouvert, comme un légume. Bellatrix passait de temps en temps. C’était la seule personne qu’il tolérait chez lui, malgré ce que le silence, les insultes déguisées et les regards noirs qu’il lui offrait en guise de conversation pouvaient en dire. Dire qu’il était devenu l’ombre de lui-même était faux : il n’y avait même plus de ténèbres, aucune substance, juste un vide immense. Il n’était plus acteur de sa vie, son essence n’était plus — une simple coquille décharnée, un robot qui ne savait pas bien pourquoi il devait avancer comme plus personne n’était aux commandes.
Il s’abrutissait devant la télévision, allongé comme une loque sur le canapé. Il n’avait pas d’autre choix que de se perdre devant une télé-réalité débile — la télécommande était tombée par terre et la récupérer lui demandait une force qu’il n’avait pas. Son œil blafard suivait avec nonchalance les protagonistes de cette émission qui se disputaient pour dieu seul sait quoi. Il n’avait déjà pas beaucoup de sympathie pour les Moldus qu’il voulait éradiquer de cette planète alors autant dire que cette émission avait achevé de le convaincre. Il aimerait se servir de sa baguette pour faire exploser et taire cet engin de malheur (ou pour au moins attirer la télécommande à lui), mais même ça, il n’arrivait plus à la tenir. C’était comme si chacun de ses os s’était évaporé et avait rendu sa main toute flasque et inutile. Puis sa baguette était trop loin — il tentait de l’attirer à lui par la pensée comme il avait su le faire autrefois, en vain. Il se rendit compte dans ce genre de moment d’ô combien écrire et lire lui manquait. Aujourd’hui, après deux vies de chaos, il avait simplement le droit d’exprimer sa colère dans le silence le plus complet. Il n’y avait rien de plus impardonnable pour les dieux que le péché d’hubris.
Son enfer ne trouvera jamais de fin. Il en prit conscience quand Merope fit irruption dans son domicile. Tourner la tête en entendant la porte d’entrée s’ouvrir avait été le plus gros des efforts qu’il avait fournis aujourd’hui. Peut-être était-il léthargique, mais il savait encore transmettre à travers son regard toute la haine et la rage qu’il entretenait à l’égard d’autrui et celle alimentée par sa mère était d’une puissante sans nom. S’il en avait eu la capacité, il l’aurait foudroyé du sort mortel qu’il connaissait si bien, mais au lieu de cela, il se contentait de simplement la foudroyer du regard. Tom ne lui adressait pas la parole dans un premier temps. Ses efforts étaient concentrés dans son envie de se redresser du canapé et de se lever, chose qu’il réussit à faire après une bonne dizaine de minutes laborieuses. Il lui adressait un regard mauvais, un sourire sarcastique avant de s’accrocher à la table. « Êtes-vous venue pour admirer le spectacle, ma très chère mère ? » Il étouffait un rire. Sa voix avait beau être trainante, faible et encombrée, on pouvait ressentir tout le dégout qu’il avait pour Mérope quand il parlait d’elle à la fin de sa phrase. « Malheureusement pour vous, je ne vous offrirai pas ce plaisir. » Il n’avait aucune envie de lui parler. Impossible pour lui d’oublier les trahisons multiples de sa mère durant cette guerre, même s’il n’avait jamais eu d’espoir en elle ou de considération pour elle. Encore une fois, elle avait préféré l’abandonner sur le bas-côté pour rejoindre le soi-disant camp du bien. Et malgré lui, malgré toute la froideur et l’indifférence qui vivaient en lui, ce double abandon résonnait douloureusement en son fondement — il serait définitivement le fils de personne, un état auquel il avait été condamné dès l’instant où il avait eu le malheur de s’accrocher à l’utérus de sa mère quand il était encore un simple amas de cellules.
Il ramassait sa baguette sur la table, mais elle ne restait pas bien longtemps dans sa main puisqu’il s’accrochait à tout et n’importe quoi pour se trainer jusque dans la salle de bain, seule pièce assez grande pour s’enfermer. « Sortez. Je n’ai absolument rien à vous dire. Votre présence est décidément une nuisance constante. » Comble du dédain, Merope n’avait le droit à aucun regard de la part de son fils pendant sa fuite lente et franchement ridicule. Ses jambes étaient aussi molles que lui. Elles le supportaient à peine et s’agripper ou se tenir aux murs était aussi insurmontable que l’ascension de l’Everest. Tom avait beau le rejeter autant qu’il voulait, il avait hérité de certains travers de son père ; cette méchanceté et ce mépris envers Merope en faisaient partie. Tom avait assurément la violence des Gaunt qui trainait dans son sang, mais pour les paroles cinglantes et froides… seuls les gènes des Jedusor subsistaient. Il poursuivait sa lente ascension. « J’aurais dû vous tuer dès que j’en avais l’occasion. Comme votre premier mari que vous aimiez tant alors qu’il n’en a jamais rien eu à faire de votre petite personne totalement pathétique. C’est bien la seule chose pour laquelle je suis d’accord avec ce moldu. Vous m’auriez supplié pour que je vous épargne. Comme tous les autres. Parce que vous êtes faite de la même faiblesse qu’eux. Vous auriez dû le voir… Il couinait comme un petit animal sans défense. “Tom, pardonne-moi ! Pardonne-moi ! Laisse-moi partir !”(Il l’imitait avec une voix ridicule, faisait en sorte qu’elle s’approche le plus de celle de son père qui était encore fraîche dans ses souvenirs.) Je l’ai saigné comme le porc qu’il était. Il croyait avoir vu la pire magie avec vous… (Malgré sa mollesse, son rictus était terrifiant quand il tournait sa tête vers Merope. Sa voix ne transpirait d’aucun regret. Il prenait même un certain plaisir à se souvenir de cette tuerie.)…mais grâce à l’étendue de mes pouvoirs, il a pu constater que les vôtres étaient une franche partie de rigolade. You, squib ! Le meilleur moment… fut lorsque j’ai vu la vie s’échapper de son regard déjà bien vide. C’était lent, douloureux… Mais si appréciable, presque apaisant. J’aurais tant aimé revoir une telle beauté dans vos yeux. Votre mort aurait été spectaculaire, contrairement à celle que vous vous êtes offerte. » Son sourire était plus discret sans perdre de son charme, rendant ainsi son récit encore plus terrifiant et effroyable. Il avait regardé Tom Jedusor Snr agoniser pendant des heures, le blessant de différentes manières à travers de nombreux sorts plus terribles les uns que les autres. Les murs du vieux manoir étaient encore imprégnés de ses cris de souffrance et aucune rénovation aussi belle soit telle ne pourrait effacer une telle horreur. Le sang avait durement marqué le luxueux parquet — un visiteur à l’œil vif devinerait les contours de la flaque épaisse malgré les nettoyages successifs. Et dès que le pauvre homme avait eu le malheur de montrer des signes de relâchement auprès de son fils, ce dernier avait repris de plus belle la séance de torture.
Son sourire s’évaporait. Bien qu’enfoncé dans le couloir, Tom voyait encore sa mère d’où il était. Il avait simplement voulu lui faire du mal en répondant à une pulsion plus que primaire. Il ignorait totalement (et s’en moquait) si sa mère avait encore de l’intérêt pour ce moldu, mais il avait eu le besoin pervers et sadique de lui raconter comment son cher mari avait trépassé. Il aurait pu aller encore plus loin dans les détails, mais sa marche de quelques mètres et son discours l’avaient épuisé. Plus que deux pas et il rejoindrait enfin dans la salle de bain, mais ses jambes ne le suivaient définitivement plus. Au moment où il voulait attraper le lavabo pour se trainer, ses jambes flanchaient, sa main dérapait et Tom s’écrasait contre le sol après que sa tête eut tapé contre le rebord de la vasque. À cause de sa chute, sa lyre menaçante de tout à l’heure sombrait dans le néant du grotesque. Regardez-le, le grand mage noir, incapable de marcher ou de faire face à sa pauvre mère ! Il voulait hurler sa colère, sans parvenir à le faire. Il avait contracté l’entièreté de son corps, mais surtout sa mâchoire pour ne pas crier sa douleur qui se résumait à un gémissement étouffé. L’arcade explosée, cette dernière laissait une cascade de sang couler à flots le long de son visage. Il essayait d’arrêter l’émulsion en posant ses doigts contre la plaie, mais rien n’y changeait. Il tentait de se relever, en vain. Il gisait alors sur le sol, extériorisant sa violence en cognant son poing de toutes ses forces contre la porte du placard du meuble logé sous le lavabo. Le bois marquait profondément ses phalanges — il s’en moquait. La mort aurait été définitivement plus délicieuse que cette humiliation quotidienne.
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Dr. Hannibal Lecter
▿ Ton univers : Tétralogie (( Dragon Rouge (1981) Le Silence des agneaux (1988)﹒Hannibal (1999)﹒Hannibal Lecter : Les Origines du Mal (2006) )) + Films (( Le Silence des Agneaux (1991)﹒Hannibal (2001) ))
▿ Date de naissance : 20/01/1968
▿ Age : 56
▿ Métier : Neurochirurgien
▿ Quartier : Baker Street Avenue
▿ Côté cœur :
“I'll confess it is pleasant to look at you asleep. You're quite beautiful, Clarice.” ― Hannibal Lecter to Clarice Starling
« Tom. » chuchote-t-elle en posant ses talons aiguilles dans l’embrasure de la porte de l’appartement. Merope Gaunt s’annonce sans plus attendre, afin qu’il puisse déverser toute la haine qu’il éprouve à son encontre. L’air ambiant est piquant, les deux membres de la noble famille Gaunt se dévisagent avec force, au point que l’on distingue des éclairs dans le fond de leurs prunelles. La température entre eux est toujours aussi glaciale, particulièrement après tout ce qu’ils ont traversés. Jedusor semble se moquer de sa présence, il essaie même de la congédier. Qu’est-ce qu’elle fait là, après tout ? Elle-même ignore ce qui la pousse réellement à défier son autorité. Peut-être… une once de bienveillance, qui se trouve dissimulée tout au fond d’un amas de rancune et de remords ? Merope Gaunt est toujours cette pauvre créature fragilisée par les élans de son palpitant. Ses faiblesses trahissent chacun de ses mouvements, de ses pensées. Tom Jedusor est loin d’être dupe, malgré ses échecs, il reste un manipulateur particulièrement doué. Merope veut le haïr plus que tout au monde, mais elle est encore dévorée par le poids de la culpabilité de l’avoir abandonné à son pauvre sort. Merope se sent dans une sorte de dualité psychologique. Elle le méprise autant qu’elle l’aime, elle veut l’aider autant qu’elle aspire à le détruire. En débarquant dans l’appartement de son fils, Merope Gaunt ne s’est pas attendue à découvrir cette chose traînante et languissante qu’il est finalement devenu. Elle entre avec des arrière-pensées, coupable d’une envie cruelle d’enfoncer le couteau dans la plaie, mais aussi de prendre indirectement de ses nouvelles. « Encore cette ritournelle ? » se moque-t-elle en laissant apparaître un sourire cynique à la commissure de ses lèvres.
Tom ne manque pas de lui vomir toute sa rancune et son mépris en plein visage. Même dans la souffrance et le désespoir, ses dernières pensées sont pleines de haine, contrairement à celles de Merope, qui s’avèrent plus volatiles. Merope soupire une première fois, avant de balayer toutes ses pensées mélancoliques d’un revers de main. Elle refuse d’exposer ses faiblesses ainsi, son fils ne mérite ni sa pitié ni sa tendresse, bien qu’elle en ressente l’envie... En se frayant un chemin jusqu’au canapé où l’ancien mage noir s’est avachi, Merope Gaunt se met à le toiser. Elle souhaite lui imposer la vue d’une personne conquérante d’une lourde bataille. Merope est incapable d’admettre toutes ses parts d’ombre, mais elle désire contempler le visage de son fils déformé par les épreuves. Cela témoigne d’un certain sadisme, mais Merope et Tom ne sont finalement tant que cela éloignés l’un de l’autre. « Je constate que la solitude te va bien au teint, mon fils. » répond-elle avec désinvolture en croisant les bras contre sa poitrine. Tout comme lui, Merope insiste lourdement sur ses derniers mots. Son fils. Sa mère. Quelle ironie. Une mère est censée protéger son fils, tout comme le, fils est supposé respecter l’autorité naturelle de sa mère. Entre Tom et Merope, ce ne sont pas uniquement les liens du sang qui les unissent, mais le mépris qu’ils se vouent entre eux.
« J’ai cru comprendre que tu avais souhaité me rendre visite… » dit-elle ironiquement en faisant référence à son passage au Grey Sloan Memorial Hospital. Ce n’est pas resté un secret de polichinelle, tous ses collègues se sont empressés de raconter les moindres détails sordides de la prise en charge médicale de Tom. On lui a même rapporté des échos sur sa fragilité émotionnelle et physique. Elle s’est alors sentie investie d’une lourde mission, celle de retrouver une place à ses côtés dans ses pires heures. Merope est bien consciente que la première réaction de son fils n’est pas satisfaisante. Il s’embarque presque immédiatement dans des tirades grotesques et cruelles. Merope reste de marbre face à ce flot d’insultes, elle les laisse traverser son âme, sans pour autant l’écorcher. Merope est habituée à la brutalité de sa rancune. Elle s’est attendue à une telle effusion de haine, même si cela la blesse profondément de constater que même dans la douleur, son fils est encore capable de dégager des trésors de cruauté. Lorsqu’il évoque le nom qu’il ne faut pas, son cœur rate un battement. Elle sent que son palpitant se tord au simple souvenir du beau Tom Jedusor Senior. Merope n’a jamais pu oublier le visage de son premier amour, malgré toute la souffrance qu’il lui a infligé. Elle a l’impression de se convulser intérieurement, tant ses émotions sont violentes. D’un certain côté, Merope méprise l’image de Tom Jedusor Senior. Elle a appris à le détester au fil des années. Elle s’est construite une nouvelle vie sur cette île, loin de ses erreurs passées et de l’humiliation d’un amour unilatéral. De l’autre, Merope reste nostalgique et sensible à la simple énonciation de son nom. Elle est autant partagée sur Tom Jedusor Senior que sur le cas de leur fils unique.
Tom Jedusor se confuse en insultes. Tom Jedusor est dans une lente agonie de son triomphe. Son fils est en difficulté. Merope ne peut réprimer les élans douloureux de son coeur en découvrant sa chute. Sa chair et son sang est en souffrance, mais elle ignore comment réagir. Merope Gaunt n’a jamais vraiment eu d’instinct maternel, ce qui l’a encouragée à opter pour la mort au lieu de la vie. « Tu auras beau m’insulter de tous les noms, cela ne changera jamais ce que tu es aujourd’hui, ce que tu t’es infligé par ton entêtement et ton aveuglément. » rétorque-t-elle avec une certaine froideur. Sa voix claque comme la brise d’air en plein mois de janvier. Un froid hivernal, glaçant et piquant s’élève dans la pénombre du salon. « Rien ne pourra non plus changer ce qu’il s’est passé entre nous. » Cette phrase est lourde de conséquences. Elle implique ses propres erreurs : lorsqu’elle a abandonné aussi cruellement sa chair et son sang aux mains d’abominables Moldus, au fin fond de la banlieue londonienne, dans un orphelinat miteux et indigne de l’héritage de la noble famille Gaunt. Lorsqu’il entreprend de faire son show, la voix grave et déformée par la colère, ses sourcils froncés et le visage crispé, Merope demeure stoïque et silencieuse. Elle l’observe se diriger lentement jusqu’à la salle de bain, la congédiant sans plus attendre hors de son appartement. Merope n’abandonne toutefois pas en si bon chemin. Elle fut tentée de s’en aller au bout de quelques minutes, mais quelque chose dans le regard de son fils l’a interpellé. Il est temps pour elle d’être à cette place, la pire d’entre toutes, celle d’une mère capable d’une expression rare d’égoïsme. Merope sent qu’il est l’heure de remplir toutes ses fonctions de génitrice et à défaut d’avoir été une bonne mère, elle doit maintenant en être simplement une.
Elle agrippe son poignet droit d’une main ferme, tandis que l’autre dresse le bout de sa baguette magique contre son torse. Elle plante alors ses beaux iris noisette et tacheté de miel dans le bleu glacial qui se reflètent douloureusement dans ceux de son fils unique. Elle ne peut décemment pas continuer à le regarder en train de ramper au sol comme une pauvre créature à l’agonie après un dernier coup de fusil d’un chasseur. Tom Jedusor est plein de sang et de mépris à son égard. Ses trahisons multiples au cours de la grande guerre ont achevé le Seigneur des Ténèbres, mais elles ont également brisé Merope en mille morceaux. Elle a choisi le camp du bien, non par facilité, mais par amour. Encore une fois. Pas celui de Tom Jedusor Senior. Non, cette fois-ci, la trahison de Merope Gaunt fut de plus lourde importance aux yeux de son fils. Harry Potter est l’objet du litige entre le fils et la mère. Un soupir las s’échappe de ses lèvres entrouvertes, alors qu’elle lui bloque définitivement l’accès à la porte du placard. « Arrête. » ordonne-t-elle. « Arrête tout. » Elle l’empêche de se faire du mal en laissant son poing heurter inlassablement le meuble sous le lavabo. En baissant ses beaux yeux couleur noisette vers le corps décharné et livide du feu plus grand mage noir de tous les temps, Merope Gaunt fit une découverte stupéfiante. Cette vue horrifie la mère du mal absolu, elle scandalise même tout ce qu’il lui reste de principes et de scrupules. Elle aperçoit entre les plis de son vêtement de laine, des traces gigantesques le long de son poignet. Elles s’entrecroisent comme les liens ornant le symbole du caducée. Elles sont blanches avec quelques touches de rose, ici et là, ce qui renforce son idée première. « Qu’es-tu devenu… Tom… » murmure-t-elle d’une voix étonnamment éteinte. « Suis-je vraiment celle qui t’a détruit à l’instant même de te mettre au monde ? » Malgré toute l’animosité que les deux se vouent depuis un an, malgré toutes les insultes et les tentatives de meurtre dont il a été capable de commettre à son encontre, malgré toute la colère et le mépris, Merope Gaunt ne peut rester insensible aux souffrances de son propre enfant. Il est sien, il a toujours été le sien, et il le sera toujours. « Quoique tu en dises, quoique tu fasses… Tu ne pourras jamais changer nos liens de sang. » précise-t-elle à voix basse en posant la main sur ce poignet ainsi offert. Merope en contempla sa pâleur avec un air indéchiffrable au visage, un mélange d’inquiétude et de remords. Tom Jedusor est définitivement tombé bien bas. Alors qu’il persiste à vouloir se relever vainement, elle se permet de jauger ses cicatrices avec une tendresse inouïe. Merope laisse ses longs et fins doigts manucurés se promener sur la peau blafarde de l’ombre de son fils. Oui, l’ombre de son fils. Il n’est désormais plus que l’ombre de lui-même. Ce n’est plus le puissant et grand Lord Voldemort. Ce n’est qu’un homme faible et humain. Comme son père. Comme elle l’a été. Comme nous tous en ce bas monde. Elle caresse ses blessures en priant intérieurement pour qu’elle ne soit finalement pas la cause d’un tel gâchis. Merope est pourtant la seule et unique responsable de la naissance et de la chute de Lord Voldemort.
Tom s’est infligé suffisamment de douleurs physiques et mentales pour continuer ainsi. Sa poigne au niveau de son avant-bras lui permet de mettre un terme à cette abominable mascarade. Tom est un homme, beaucoup plus fort puissant qu’elle en temps normal ; mais dans cet état, il n’est plus capable de lui opposer la moindre résistance. Merope sent que pour la première fois de sa vie, elle est en position de force physique sur un membre de sa noble famille. « Tout est fini. » Trois mois qui glissent sur sa langue et titillent son envie de claquer son palet brutalement. Elle ne semble pas satisfaite de cet état de fait. Merope refuse de le voir poursuivre dans cette vaine quête d’autodestruction, elle-même est déjà passée par ces étapes douloureuses. Cette vision désagréable fait malheureusement écho à ses propres tentatives de suicide. Lorsqu’elle assiste au déclin du plus grand sorcier qui se trouve être, de surcroît, l’héritier de son sang, cela réveille inévitablement en elle des souvenirs douloureux. « Laisse-moi t’apporter mon aide, Tom. » Laisse-moi rattraper toutes mes erreurs passées, pense-t-elle presque automatiquement. Merope a le cœur bien lourd. Laisse-moi panser toutes tes blessures, supplie-t-elle d’un simple échange de regards. Merope n’est pas aussi froide qu’elle en a l’air. Elle est en réalité profondément attachée à l’esprit de famille, d’autant plus maintenant qu’il ne lui reste qu’un survivant. Merope agite nonchalamment son arme en direction des plaies ouvertes et sanglantes, afin de les faire mystérieusement disparaître comme par magie, d’un coup de sa baguette. Les morceaux de bois qui se sont frayés un chemin dans la chair tendre et blanche de son fils disparaissent, les plaies béantes se reforment presque naturellement, ses chairs se retrouvent et cessent alors de saigner. Merope Gaunt semble particulièrement concentrée, elle ne se soucie guère des protestations de son fils. Elle impose sa présence, sa douceur et son aide comme la main du destin qui s’élève implacablement contre les êtres vivants. Merope l’a abandonné à deux reprises, à la naissance et au moment de sa chute, mais elle se sent étrangement happée dans un tourbillon d’émotions contradictoires. Des envies de maternité se distinguent de celles qui l’implorent une nouvelle fois de fuir sans se retourner. Pas cette fois. Elle est enfin plus forte qu’elle ne l’a jamais été. « Je n’irais nulle part cette fois-ci. » dit-elle le plus naturellement du monde, en élevant suffisamment la voix pour étouffer les reproches de son fils. Une promesse, un aveu. Elle s’attend à ce qu’il rejette ses attentions, sa magie ou bien encore ses soins, mais cela lui importe peu. Merope Gaunt est habituée au fait d’être repoussée de toutes ses forces par un homme comme Tom Jedusor. On trouve de la douceur dans ses deux orbes noisette, loin de la froideur et de la colère de tout à l’heure.
MADE BY @ICE AND FIRE.
PEOPLE WILL SAY WE'RE IN LOVE. ( • )
((FF)) After this storm, the sun will not shine again. ((Merope x Tom))
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