Tom considérait la demeure de Jo March avec un certain dédain. Une moldue dans toute sa splendeur vivant comme toutes les personnes de son espèce : avec rien, dans la simplicité la plus dégoutante. Il regrettait le luxueux Manoir Malefoy dans lequel il avait vécu un temps. Il pleurait en réalité la richesse qu’il avait connue dans son autre vie, lui qui ne naquit de rien, sur le trottoir comme un chien. Se complaire dans un tel endroit lui rappelait la précarité qu’il avait connue à l’orphelinat — autant dire que ce simple fait lui donnait des envies de meurtre à l’encontre de la si charmante Joséphine. Comment ne pas l’aimer ? dirait les autres. Dans sa grande bonté d’âme, lors de cette soirée fort ennuyante durant laquelle ils s’étaient rencontrés, elle n’avait pas hésité à inviter Tom (dissimulé sous l’identité de Kenneth Swanson) à la suite de son discours faussement larmoyant sur sa situation fragile. Comment, d’un autre côté, résister aux charmes de ce garçon habillé de ce masque qui avait trompé tant de gens, sauf Albus Dumbledore, à Poudlard ? Tom avait hissé son talent de manipulateur au rang d’art et rien de plus aisé que d’user de ce talent avec une imbécile du niveau de Jo — des courbettes et des sourires et le tour était joué. Après l’avoir rencontré, il comprit pourquoi Regulus Black s’était entiché d’elle — un sot avec une sotte, quoi de plus normal ?
Oui, malheureusement pour Jo, sa rencontre avec Tom fut loin d’être le fruit du hasard. Des semaines qu’il l’épiait, qu’il scrutait à la loupe son emploi du temps pour mieux cerner ses habitudes et se rapprocher d’elle au moment opportun. Pourquoi elle ? Pourquoi faire ? Il avait découvert que son ancien mangemort, un des plus fidèles, était ici et qu’il entretenait une relation avec elle. Mais ce n’est pas ce point qui avait provoqué une telle machination chez l’ancien Mage noir : il avait découvert que Regulus était en possession d’un de ses horcruxes. Par ce biais, il n’en fallut pas plus à Tom pour comprendre que ce dernier l’avait trahi dans leur monde et que ce fut grâce à cette trahison que, des années plus tard, Harry Potter et ses foutus amis avaient déniché et détruit ledit objet. Pourquoi monter un plan si compliqué alors que Tom avait juste à le tuer ? Parce que le Tom de ce monde n’avait rien du Voldemort d’antan et qu’il était loin d’avoir retrouvé tous ses pouvoirs. Il devait de ce fait rester tapi dans l’ombre et attendre le bon moment pour attaquer. Il ne pouvait pas passer par Regulus directement pour lui voler l’objet parce qu’il ignorait s’il avait récupéré sa baguette ou d’autres pouvoirs. Il ne pouvait pas prendre le risque de s’exposer sans moyens de défense. Et c’est en le suivant à plusieurs reprises que Jedusor avait découvert l’existence de Jo. Elle lui servirait de moyen de pression et de chantage pour atteindre Regulus au moment venu. Bien que Tom exécrât de toute son âme ce genre de sentiment, il savait ce que l’amour pouvait faire faire aux gens — l’horcruxe en échange de la vie de Jo. Enfin, c’est ce qu’il laisserait croire à Regulus : dès l’instant où Jo avait croisé Tom, elle se condamna à mort.
Entrer dans l’intimité de Jo était aussi un bon moyen discret pour chercher l’horcruxe. Peut-être que Regulus Black aurait eu la stupidité de le cacher ici, trop effrayé à l’idée de l’avoir sur lui en raison de ce que le pendentif était capable de faire sur quiconque. « Merci encore, Jo, de m’accueillir chez vous. » Il se muait en ce jeune homme charmant et faussement timide pour continuer de berner la pauvre Jo. Il fit exprès de la vouvoyer pour lui faire croire qu’il était terriblement gêné de la déranger dans son quotidien si pathétique. Regulus Black se complaisait dans cette vie ? Mais quelle honte. Un opprobre jeté sur sa famille au sang pur qui n’aurait jamais accepté un tel nivellement vers le bas. Tom avait surtout la nausée d’avoir laissé un tel sorcier dans ses rangs — s’il avait su qu’un de ses soldats aurait un jour tapiné auprès des moldus… Il en avait la nausée. Tom était taciturne avec Jo, pas à cause de cette prétendue timidité, mais parce qu’il divaguait trop dans ses pensées qui ne fit qu’augmenter son mépris et sa répugnance à l’égard de la vie qu’il serait obligé de vivre le temps de retrouver son trésor. Mais qu’était-ce quelques semaines de comédie pour celui qui avait vécu dans la peau d’un autre durant la première moitié de sa vie ? Rien. Une goutte dans l’océan. Tom saurait prendre sur lui. Il n’avait pas le choix. « Où puis-je m’installer ? » Il attendait les indications de Jo, pour lui faire visiter la maison si possible. Une façon de se repérer plus rapidement pour savoir où chercher son dû. De toute manière, ce n’étaient pas ses affaires qui allaient encombrer quoique ce soit étant donné qu’il était venu chez elle qu’avec deux sacs pleins, principalement remplis de livres.
Joséphine avait un sacré tempérament et n'était pas connu pour sa patience. Mais plutôt pour ses réactions parfois excessives. Alors lorsqu'elle avait rencontré Kenneth Swanson, elle avait tout de suite été touché par son histoire. Enfin si par toucher on voulait dire qu'elle avait une folle envie de creuser la chose pour en extraire des idées pures pour ses ouvrages. C'était une proposition quelque peu intéressée qu'elle avait donc fait au charmant jeune homme. L'inviter chez elle, sous prétexte de vouloir lui venir en aide, mais en réalité elle voulait récolter de quoi se faire plus tard de l'argent. Quoi, Jo March n'était pas la fille la plus blanche du monde, il suffisait de demander à sa petite sœur pour le découvrir. Après ça n'empêchait pas que ses parents l'avaient bien élevé et qu'une part d'elle souhaitait réellement lui tendre une main serviable. « Mais c'est totalement normal Kenneth. Ma mère et mes sœurs me feraient la morale si je n'apportais pas mon aide à quelqu'un dans le besoin.» Et c'était vrai, Marmee avait toujours fait de son mieux pour inculquer des valeurs à ses filles, la compassion et l'altruisme avant tout. Et si elle avait bien gérer avec Meg, Beth et Amy. Ça avait été tout autre chose avec Jo. Celle-ci n'avait fini par changer que parce que Beth avait perdu la vie. Parce qu'elle avait fait preuve de compassion envers une famille. Jo avait voulu lui faire honneur, elle voulait que sa petite sœur soit fière d'elle là où elle était. Et elle avait été récompensée, puisqu'elle l'avait retrouvé. Sa douce Betty, son petit ange. Alors elle s'était dit que continuer les bonnes actions était une bonne idée.
Elle lui adressa un sourire avant de désigner l'étage d'un geste de la tête. « Viens, suis moi. Je vais te montrer ta chambre.» Elle attrapa l'un de ses bagages pour se montrer en parfaite hôtesse de maison. Elle était plutôt contente d'avoir fait de nouveaux achats pour sa demeure, histoire de remplacer les meubles qui avaient été désintégrés lorsqu'elle avait fait en sorte de rabibocher les frères Black chez elle. Plus jamais. C'était fini, elle ne s'occupait plus des histoires de famille chez les sorciers, la prochaine fois c'était probablement sa tête qui sauterait plutôt que son canapé. Et elle ne pouvait pas mieux penser. Puisqu'elle accueillait littéralement le Seigneur des Ténèbres chez elle. Alors pour sa défense, elle ne savait même pas qui était Voldemort, Regulus ayant décidé de la tenir à l'écart de cela, et puis c'était Kenneth devant elle, pas Tom Jedusor. Ça n'expliquait cependant pas totalement son inconscience.
Jo pris les devants et monta dans les escaliers menant à l'étage supérieur. La jeune humaine se dirigea vers la chambre d'amis et une fois à l'intérieur elle déposa le bagage de son nouveau colocataire. Elle se retourna vers lui, plongeant son regard dans le sien. Elle aimait Regulus, mais ce serait mentir que de dire que Kenneth n'était pas attirant. « Et voilà, il y a une salle de bain pour toi juste à côté. Ma chambre est de l'autre côté du couloir mais la plupart du temps je suis en bas dans le salon du côté bureau.» Elle désigna les portes en même temps qu'elle parlait, histoire qu'il y voit plus clair. Elle essayait de voir les choses qu'elle pouvait lui dire qui pourrait lui servir. Elle repris alors la parole lorsqu'elle pensa à une chose principale, Regulus. « Je ne suis pas une colocataire compliquée. Par contre peut-être que parfois je te demanderais de faire comme si tu n'existais pas ou bien de sortir, car je ne pense pas que mon copain soit à l'aise avec le fait d'être chez moi quand tu es là.» Et c'est là qu'on pouvait dire que Jo portait clairement les couilles qu'elle n'avait pas. Parce qu'elle venait de dire à Lord Voldemort de faire comme s'il n'existait pas. C'était un jour à marqué dans un calendrier. La pauvre petite moldue qu'elle était venait probablement de signer son arrêt de mort sans s'en rendre compte. Mais Jo était comme ça, cash. L'honnêteté avant tout. Ou presque.