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Jeu 17 Fév - 2:37
Speed-Dating : Peter & Clarice
Le grand jour est arrivé ! Vous voilà dans cette grande salle où tout a été soigneusement préparé pour que vous puissiez rencontrer l'amour de votre vie - ou simplement celui qui partagera votre journée. Hormis la décoration adaptée à l'événement, des tables ont été dressées sans que rien ne soit laissé au hasard. A votre arrivée, un numéro vous est distribué ainsi que la première table où vous devez vous installer pour que votre premier rendez-vous puisse commencer. Attention, n'oubliez pas d'aller à l'essentiel, vous n'avez pas toute la journée pour apprendre à vous découvrir.
Prétendre que je suis à mon aise serait mentir : ce n'est pas le cas le moins du monde. J'ai envisagé plus d'une fois de tout annuler avant de finalement me raviser. Je suis obstinée dans tout ce que j'entreprends, c'est parfois une qualité et souvent en défaut. Que je m'engage à quelque chose, y compris à quelque chose d'aussi futile qu'une séance de speed-dating, je me ressens dans l'obligation presque impérieuse de mener cette entreprise à bien, même si je ne risque pas de décevoir grand monde si je dois me désister.
Certes, Ardelia, qui m'a plus que largement encouragée à me pointer au rendez-vous, trouvera certainement son mot à dire à ce sujet, et me répétera que je dois savoir faire preuve de plus de spontanéité et de laisser-aller, mais dans tous les cas, elle ne se privera pas de me le dire, que j'y aille ou pas... Ceci dit, elle ne m'a pas mis le couteau sous la gorge au moment de me suggérer de m'inscrire à ce speed-dating. Si j'ai accepté de m'inscrire, c'est que j'en avais envie, et que les arguments de mon amie trouvaient de sérieux arguments en moi.
Je ne peux, éternellement, m'enfermer dans le travail ou dans mes enquêtes, officielles comme officieuses, et me dissimuler derrière elle comme un prétexte à ne pas vivre d'une autre manière... Il est vrai qu'il faut que j'envisage d'avoir une vie en dehors de celles que j'essaie de décortiquer, ou sauver... Je ne cours pas après l'amour à tout prix, je ne suis pas tout à fait certaine que les relations sentimentales soient faites pour moi, en fin de compte, mais je crois quand même que ne serait-ce que rencontrer de nouvelles personnes sera déjà une bonne chose. Alors soit... Je suis là, je ne me suis pas débinée, et donc j'irai jusqu'au bout, même si je me sens déguisée, dans cette robe prêtée par Ardelia pour l'occasion, moi qui me contente en temps normal de mes vêtements trop larges et de mon uniforme de travail (trop large lui aussi). Au moins, elle n'a pas réussi à me faire passer par la case maquillage - j'ai catégoriquement refusé. C'est... déjà ça, on va dire ?
Avec réticente, je récupère le numéro qui m'a été indiqué, on me guide vers la table où se trouve donc le premier jeune homme avec qui je ferai connaissance ce soir. Je dois le reconnaître, il n'est pas désagréable à regarder... ce n'est pas ce qui va forcément m'aider à me détendre, cela dit, je suis presque aussi nerveuse que si je m'apprêtais à mener un interrogatoire - on peut le dire : ce n'est pas exactement bon signe.
❝Bonsoir.❞ Je lui adresse un sourire et lui tend la main (une main un peu moite, peut-être) avant de m'asseoir et de me présenter. ❝Clarice, enchantée.❞ Si formel, Clarice, si formel... pas la peine d'en faire des caisses non plus... ❝Désolée, je suis un peu nerveuse, je n'ai pas l'habitude de faire ce genre de choses...❞
Pourquoi est-ce que Peter a accepté au juste de se prêter à ce jeu ? Sans doute pour faire plaisir à ses sœurs qui ont beaucoup insisté. Il n'en a pas l'air comme ça, mais Peter n'est pas aussi à l'aise que cela avec la gente féminine qu'il n'y paraît au premier abord. Et se rendre donc à ce genre de rendez-vous le stress plus qu'il ne l'aurait pensé. Il a passé tout l'après-midi à réfléchir sur sa tenue. Il a également passé une bonne heure à répéter en boucle ce qu'il dirait à son date à son animal de compagnie, un adorable chat roux. Oh bien sur, ce dernier s'est contenté de le regarder avec de grands yeux ronds. Finalement, Peter a opté pour aller s'acheter un joli costard cravate en ville, faisant avant tout un détour par la banque. Et comme il s'est dépêché, il a trébuché au moins deux fois en ville, se rendant ridicule en public. Heureusement, la douleur au genou n'a pas duré, juste une simple égratignure. En plus, il y a fallu que ce speed-dating tombe ce vendredi soir, alors qu'il a eu une semaine particulière stressante. En effet, le directeur du lycée l'a convoqué plusieurs fois dans son bureau pour son contrat qui a changé. Il a dû ensuite passer chez la secrétaire du lycée pour récupérer son nouvel emploi du temps officiel. Bon tout cela, ce n'est que de la paperasse. En réalité ce qui a été moins facile, ce fut de devoir remplacer un collègue malade et de donner à sa place son cours de philosophie. Quelle galère. Il n'y connait pas grand-chose honnêtement à la philosophie. Il aurait largement préféré remplacer un collègue dans la discipline sportive. Il ne pouvait se vanter d'avoir une forme olympique certes, mais au moins il saurait mieux se débrouiller.
Finalement, le blond a trouvé son bonheur et après être rentré chez lui pour se changer, il s'est finalement pointé à son rendez-vous en se disant pour se donner du courage que ce n'est pas une si mauvaise chose après tout cette soirée. Toujours stressé, il récupère le numéro qu'il lui a été attribué et se laisse amener à sa table. Il est le premier arrivé. Bon, ça lui laisse ainsi le temps de se préparer encore mentalement quelques minutes. Il remercie donc la personne qui l'a amené et prend place à la table. Il en profite également pour observer autour de lui. La salle a été joliment décoré pour l'occasion, il doit bien le reconnaître. Il y a des bourgeons de fleurs accrochés un peu partout dans la salle, accompagnés de roses posées sur les tables ainsi que des guirlandes rouges. Il y a aussi des rondelles d'orange coupées en rondelles, disposées aussi sur les tables. Peter se demande vaguement pourquoi, car cela fait davantage Noël, mais pourquoi pas après tout. Sur la table, il y a également le menu, pour les personnes souhaitant consommer. Par nervosité et curiosité, Peter l'ouvre et consulte rapidement le menu. Il y a plusieurs formules proposées. Il passe cependant rapidement d'anchois en entrée à du tartare de bœuf en plat principal avant de le refermer.
Finalement, une jeune femme arrive à sa table. Tout aussi nerveux qu'elle, il lui adresse un petit sourire crispé.
- Enchanté Clarice, moi je m'appelle Peter. Et ne t'en fais, je le suis aussi un peu pour être honnête. Je n'ai pas l'habitude de ce genre de soirées non plus. On est donc deux.
Dis quelque chose d'intelligent, Clarice. Puisque tu es là, fais au moins en sorte de ne pas transformer votre conversation en un échange terriblement inconfortable où vous ne vous ferez que vous regarder dans le blanc des yeux en échangeant des banalités. Tu sais tenir une conversation, pas vrai ? Tu es même supposée être douée pour ça... Maîtriser les sciences du comportement, c'est supposé vous faciliter votre rapport aux autres, non ? Non, pas du tout. Je me découvre plus douée pour faire la conversation avec moi-même que pour me détendre et juste profiter du moment. Après tout, mon interlocuteur est charmant, il paraît sympathique, il n'a pas l'air du genre à mordre (et croyez bien que c'est une information qui est à prendre en considération - des hommes qui mordent pour de vrai, j'en ai connu. Bon, un seul, mais ça m'en aura définitivement guérie si besoin était vraiment).
❝A notre initiations aux speed-datings, alors❞, dis-je en levant bêtement le verre devant moi une fois assise. ❝Bon, ce serait sans doute mieux s'il était plein❞, je remarque avec un fin sourire avant d'appeler un serveur... un verre, ça ne me fera pas de mal, je crois...
J'ai l'impression de pouvoir entendre, à distance, le rire d'Ardelia qui moquerait cruellement ma maladresse. Je voudrais l'y voir, elle ! Encore que, elle serait sans doute parfaitement à l'aise et charmante, pas le genre à éprouver la moindre gêne. Je commande un verre, laisse à Peter le soin de décider de ce qu'il prendra ou non de son côté avant de me concentrer plus largement sur lui. Déformation professionnelle oblige, je ne peux m'empêcher de songer à ce que chaque micro-expression sur son visage, chaque infime geste de sa part pourrait signifier. Je décèle de la nervosité, mais ce pourrait tout autant être la mienne qu'il déteindrait sur lui, je n'en serais pas spécialement surprise.
❝Alors Peter, parle-moi un peu de toi. Qu'est-ce que tu fais dans la vie ? Qu'est-ce que tu aimes ?❞ je demande en me raccrochant aux b.a.-ba de ce genre de rendez-vous.
L'avantage, c'est que l'on est supposés entrer rapidement dans le vif du sujet, ainsi puis-je justifier ma manière de m'y prendre avec mon interlocuteur, qui sera peut-être lassé - tout comme moi, qui sait, de ces questions qui n'auront pas la moindre chance de sortir de l'ordinaire. Tout en posant cette question je songe à ce que je répondrais sans doute moi-même s'il devait me retourner la question. Ce serait relativement triste, je crois, tant ma vie semble ne graviter qu'autour de mon travail, mais en même temps, se deviner ou non des atomes crochus avec quelqu'un implique nécessairement de se montrer transparent sur qui l'on est, n'est-ce pas ? De toute façon, je suis une piètre menteuse.
- À notre initiation aux speed-dating ! répond Peter en levant à son tour son verre.
Peter n'a pas davantage d'expérience que Clarice en la matière, aussi pour ne pas être malpoli, il s'est empressé de lever également son verre et c'est seulement à la remarque de la jeune femme qu'il constate, en effet, que leurs verres sont définitivement vides. Forcément, c'est moins glamour ainsi. Au moins, ils sont un peu bête tous les deux. Heureusement, le ridicule ne tue pas et surtout, ni Susan ni Lucy ne sont là pour se moquer gentiment de lui. Peter fait preuve de beaucoup de courage lorsqu'il s'agit de sortir son épée et d'affronter des ennemis dangereux ou encore lorsqu'il lui faut protéger sa famille. Mais quand il se retrouve devant une jeune femme qui n'est ni Susan, ni Lucy subitement il devient maladroit. Il est presque certain qu'Edmund s'en sort mieux. Ça aurait été bien plus gênant si ça avait été qu'un seul des deux. La jeune femme fait donc signe à un serveur afin qu'il leur apporte un bon vin. Ce serait bien plus sympa avec un verre définitivement rempli.
Quelques instants plus tard, le serveur revient avec une bouteille de vin blanc. Après avoir servi à verre chacun des deux, il repart pour leur laisser à nouveau leur intimité. Clarice en profite pour lui demander ce qu'il fait dans la vie, ce qu'il aime. Par où commencer ? Que dire ? Son manque d'expérience de ce genre de soirée lui pose sérieusement une colle. Il n'a pas envie de faire une bourde. Alors après un instant de réflexion, il décide d'aller à l'essentiel et de faire un résumé concis mais complet. Inutile d'aborder le sujet Narnia parce qu'il ne sait pas du tout si la jeune femme face à lui vient d'un monde où la magie existe. Si ce n'est pas le cas, il n'a pas envie de passer pour un personnage étrange.
- Eh bien mon complet est Peter Pevensie, j'ai 27 ans bientôt 28. J'ai deux soeurs et un frère plus jeune que moi. On est très proche tous les quatre et ils comptent énormément pour moi, sans eux je peux dire que je ne suis rien. Je suis né en Angleterre à Londres et j'ai fait des études de médecine. Je suis actuellement médecin-assistant. Ce que j'aime autrement, tout d'abord mon métier, mais aussi la nature et les animaux.
C'est un bon début. Mais Peter se rend compte qu'en parlant, il prend davantage confiance et se sent déjà plus à l'aise. Adressant un sourire poli à Clarice, il la regarde et attend de voir si elle a quelques questions complémentaires à lui poser ou non.
- Je pense avoir dit l'essentiel. Et toi ? Que fais-tu dans la vie ?
Va savoir si Peter a levé son verre par réflexe sans réaliser non plus qu'il était vide ou dans l'intention de me soutenir dans ce grand moment de solitude, mais dans un cas comme dans l'autre, le geste reste appréciée. Je suis à peu près certaine à présent de ne pas être en face de quelqu'un qui moquera ma maladresse. Je sais faire face aux remarques désobligeantes, j'ai eu mon quota, mais j'aimerais bien passer un bon moment plutôt que de me tourner en ridicule. Bon, à présent, nos verres sont remplis, le pire est évité. Et je veux croire que nos langues se délieront aussi un peu plus facilement avec un semblant d'alcool dans le sang... Ce n'est pas totalement un mythe que de prétendre que cela vous donne du courage.
Peter accepte donc de m'en dire davantage à son sujet. Je note ces quelques détails qui peuvent sembler anodins mais qui ne le sont pas - déformation professionnelles de mon passage par le VICAP. Je note, oui, que pour parler de lui, c'est d'abord de son frère et de ses soeurs qu'il parle. Il est, à l'évidence, très proche de sa famille et c'est une qualité qui me plaît, même si me concernant, je n'ai pas vraiment pu être très proche de la mienne.
Les termes qu'il emploie sont forts, il ne fait pas dans la demi-mesure, mais au fond, j'apprécie. Jusqu'ici, tout ce qu'il dégage est assez encourageant, en réalité. Il coche toutes les cases du gendre et donc du compagnon idéal, à bien y regarder, si bien que ce serait presque trop beau pour être vrai : bel homme, belle situation, intelligent, amoureux des animaux et de la nature. Quand il me retourne la question, je me vois avec toutes les failles qui me caractérisent et songe qu'il va me trouver terriblement imparfaite.
❝Je travaille pour la police, c'était déjà le cas avant mais pas exactement au même poste. Certains veulent prendre du galon, moi j'ai voulu faire un pas de côté...❞ Je me rends compte que je me justifie peut-être un peu trop. Une gorgée de vin blanc m'aide à évacuer cette pensée. ❝Mon père était flic, lui aussi, je suppose que j'ai ça dans le sang.❞ Et surtout, ça a été une manière pour moi de garder une part de lui malgré tout, mais on n'est pas là pour être trop personnel, pas vrai. ❝J'aime beaucoup la nature aussi, j'ai grandi dans une ferme du Montana, avec des champs à perte de vue, alors...❞ Je marque une pause. ❝Je n'ai pas de frères ou de soeurs, mais j'aurais bien aimé.❞ Nouvelle pause, j'essaie de lui épargner les regards scrutateurs qui ont un effet boeuf lors des interrogatoires standards. ❝Tu es vraiment attaché à ta famille, ça se ressent. Ils sont ici ?❞
Il est vrai que pour Peter, sa famille a toujours été très importante. En même temps, les évènements qu'ils ont connu dans leur vie n'ont fait que renforcer leurs liens familiaux. Devant fuir la guerre pour la campagne, ils ont alors découvert le monde incroyable de Narnia. Ils ont vécu en tant que rois et reines pendant 15 ans ce monde magique. Ils ont gouverné en famille. Alors forcément, ça crée de liens forts. Et même en grandissant, ils sont restés proches les uns des autres. Alors oui, Peter a tendance parler de son frère et de ses sœurs en premier dans un sujet de conversation. Il sait bien que tout le monde n'a pas sa chance d'avoir une famille soudée comme la sienne, mais lorsque c'est une force, il estime important de le relever. En fait, il en parle sans même s'en rendre compte parfois. Et pourtant, ça peut être terriblement blessant pour une personne dont les rapports familiaux ne sont pas au bon fixe. Seulement Peter l'oublie parfois parce qu'il est bien trop fier de sa famille.
- Flic ? Wouha, je ne l'aurais pas cru. Ce n'est pas un métier trop stressant ? Tu travailles dans quelle division exactement ? En tout cas, je te rassure, mon dossier est vierge, je ne suis pas un candidat intéressant. dit-il un peu maladroitement en essayant de faire un peu d'humour.
Ce n'est peut-être pas la meilleure chose à faire de plaisanter sur ce sujet avec un flic, mais en même temps, Peter n'a strictement rien à cacher ou à se reprocher. En tout cas, il est admiratif qu'elle veuille exercer le même métier que son père. C'est en effet une belle façon d'honorer son père. Pour être honnête, il a déjà lui aussi songer à devenir soldat. Mais la guerre avait fini par prendre fin et une carrière dans l'armée n'avait plus le même sens. Et puis Peter a toujours aspiré à devenir médecin. L'envie d'aider et de sauver la vie de son prochain ont toujours occupé ses pensées.
- Ah la campagne, j'y ai aussi vécu quelques temps. Enfin, c'était pour fuir la guerre à vrai dire. Pour tout t'avouer, je suis au né en 1927, de là où je viens. Mon père avait dû partir combattre et notre mère avait décidé que ce serait plus sûrs pour nous de quitter la ville. C'est en quelques sortes comme ça qu'on est devenu très proche. On avait pas vraiment le choix.
En revanche, Peter n'est pas convaincu que lui parler immédiatement de Narnia soit une bonne idée. Oh, il ne doute pas que la jeune femme a déjà rencontré des personnes venant d'univers magiques, mais ils font tout juste connaissance. Il préfère donc laisser ce sujet pour plus tard s'il en a l'occasion bien sûr.
- On a vécu beaucoup de chose ensemble. Oui, je les ai retrouvé il y a peu.
J'affiche une légère esquisse de sourire quand Peter affirme qu'il n'aurait pas cru que je travaillais dans la police. Est-ce qu'il suggère par là que je n'ai pas la tête de l'emploi ? Je ne le prends pas mal dans tous les cas : je sais que je ne paie pas de mine en premier lieu, les moins respectueux de mes collègues s'en servaient comme une manière de penser pouvoir m'écraser, et je m'appliquais à leur donner tort. Quoi qu'il en soit, j'ai l'impression que l'intérêt de Peter est sincère, quand il me parle de mon travail, et tout naturellement, ça me fait plaisir, même s'il est certain sujets sensibles sur lesquels il est préférable de ne pas trop s'appesantir.
❝Je travaille pour la DAV, la délégation aux victimes❞, je lui explique alors, en espérant pas ne pas perdre son intérêt en discutant trop concrètement de ce qui est à peu près la seule chose que je possède dans la vie, en fin de compte. ❝Avant je travaillais pour le VICAP, c'est une branche du FBI❞ - je ris un peu nerveusement - ❝Désolée, ça fait beaucoup d'acronymes. J'étais une profileuse, j'étudiais le comportement humain❞, j'explique alors, convaincue d'en dire trop en n'en disant pour autant pas grand-chose. ❝Je vois des criminels à longueur de temps, et de la pire espèce, si tu n'as pas tué quelqu'un depuis au moins trois heures, tu gagnes déjà des points❞, j'ajoute pour rebondir - très maladroitement - sur sa blague.
Mais la vérité, c'est tout de même que Peter Pevensie a l'air d'être quelqu'un de bien. Ce n'est qu'une première impression, et il est dangereux de se contenter de sa première impression, mais il m'inspire confiance. J'ai toujours eu le chic d'attirer à moi les mauvaises personnes (doux euphémisme pour évoquer des tueurs cannibales), j'aimerais sincèrement pouvoir engager des relations plus saines avec des personnes raisonnablement saines, même si elles ne doivent être qu'amicales.
Peter se confie davantage en retour, et il m'apprend qu'il vient d'une autre époque, lointaine... Moi qui suis passée des années 1990 aux années 2020, j'ai déjà dû beaucoup m'adapter, je n'ose imaginer à quel point c'est difficile pour Peter, même si j'ai l'impression qu'il a effectivement réussi à se faire une place, ici.
❝J'imagine que ça a dû être vraiment difficile... Et j'imagine à quel point ça doit être compliqué de s'adapter, ici - j'ai trois bonnes décennies de décalage avec ce monde et j'ai déjà du mal, alors...❞, je remarque, tout en m'agaçant de me contenter de ces lieux communs. ❝Toi et tes frère et soeurs, vous avez pu compter les uns sur les autres, c'est une chance. J'aurais adoré avoir des frères et sœurs. J'ai vécu un temps avec mes cousins mais... ce n'était pas pareil.❞
À ses questions, Clarice prend le temps de lui répondre et de lui expliquer dans quel domaine elle travaille. À l'évocation de la DAV, il fronce un peu les sourcils. Il faut dire que ses connaissances sur le monde moderne est plutôt limité à cause de l'époque dont il provient, sans compter qu'il est mort dans son monde à seulement 22 ans, quelques années seulement après la fin de la seconde guerre mondiale. Alors même si en l'espace de trois ans, il s'est plutôt bien accommodé, il y a encore de nombreux sujets sur lesquels il n'est pas au point. Heureusement pour lui, Clarice prend le temps de lui donner des détails. Au moins, il a déjà entendu parler du FBI, c'est déjà pas mal, car cette unité a été crée au début du 20ème siècle aux États-Unis. En tout cas, il est plutôt impressionné. Cette jeune femme doit avoir un certain cran pour travailler dans ce secteur. Voir des cadavres et des personnes victimes de maltraitance régulièrement, ça ne doit pas être joyeux tous les jours. Il faut avoir une grande force morale et bien qu'il soit courageux, Peter ne pense pas être taillé pour ce domaine. Lui, il préfère nettement se battre sur un champ de bataille avec une épée ou sauver de vie en tant que médecin.
- Non, je suis parfaitement en ordre sur ce point-là. Moi, je sauve des vies, je n'essaie pas d'en prendre. dit-il en essayant de prolonger la petite blague.
Il faudra qu'il pense à demander à Lucy de lui enseigner l'humour, car aucun doute qu'il est maladroit dans ce domaine-là. Heureusement pour lui, Clarice semble être faite du même bois que lui et il n'y a donc pas de malaise entre eux qui s'installe, bien que Peter se sente un peu idiot. Il est très étonnant qu'il se soit si à l'aise en compagnie de ses deux sœurs et si maladroits avec d'autres femmes. Pour sa part, Peter apprécie beaucoup également Clarice. Elle est très différente de lui, son monde également, mais ça lui plaît justement. Il aime s'ouvrir à de nouvelles choses. Néanmoins, il se demande vaguement si dans son monde à elle, la magie existe. Elle semble provenir d'un univers tout à fait normal, comme le sien à vrai dire.
Il est vrai que l'adaptation n'a pas été facile les premiers mois. En 1949, l'année de sa mort, internet et toute cette technologie moderne n'existaient pas encore. La première fois qu'on lui a donné un smartphone entre les mains, sa réaction a été de demander s'il s'agissait d'une sorte de télécommande à distance pour ouvre des portes, loin de se douter qu'il s'agisse d'un moyen de communication. En plus à ce moment-là, il était seul. Alors effectivement, les débuts n'ont pas été simples pour lui. À sa remarque, il sourit. Trois décennies, ça peut paraître déjà énorme. Il s'en passe des choses en 30 ans, que ce soit au niveau de la mode, de l'avancée scientifique et technologique. Mais pour lui, il a 7 décennies à rattraper, soit 70 ans, ce qui représente presque la moyenne d'espérance de vie de l'être humain, en 2022 s'entend bien.
- Si tu veux tout savoir, la première fois qu'on m'a mis un téléphone portable entre les mains, je n'ai pas su quoi en faire. Et j'ai mis presque une année à comprendre comment internet fonctionne. Je dois admettre néanmoins que c'est très utile. Et pourtant à l'époque, on s'en sortait pas trop mal.
Ses sœurs et son frère sont sa force première, c'est vrai. Il a conscience de cette chance et imagine très bien que la relation n'est pas la même avec les cousins. Il n'a jamais été proche de son cousin Eustache.
- C'est sûr. La preuve, je n'ai jamais été proche de mon petit cousin.
❝Je préfère ce genre de philosophie❞, je réponds avec un sourire très sincère quand Peter m'assure que bien loin de prendre des vies, lui s'applique surtout à en sauver.
Bien sûr, il ne faut jamais juger un livre à sa couverture, et je ne pense pas qu'un simple rendez-vous limité dans le temps suffise à se faire une idée réelle de la mentalité d'une personne, mais j'ai malgré tout envie de croire dans l'honnêteté de mon interlocuteur. Je pense que j'ai affaire à quelqu'un de bien, ce qui est une denrée plutôt rare, en vérité. Ce n'est pas pour autant que je me projette en quoi que ce soit, je ne suis pas sûre de savoir être dans la séduction dans tous les cas, mais au moins je passe du temps en bonne compagnie, et en présence d'une personne qui réussit à gagner doucement mon estime - à plus forte raison que mon trait d'esprit (absolument pas drôle, reconnaissons-le) ne lui a pas fait prendre ses jambes à son cou, apparemment. Peut-être qu'on a tous les deux le même humour - donc pas d'humour du tout ? Mais j'ai tendance à penser, de mon côté, que c'est véritablement un bon point.
❝J'ai connu la naissance d'Internet, j'ai vécu sans à une période, et même assez longtemps, mais j'ai l'impression que c'était une autre vie❞, j'ajoute tandis que l'on évoque notre rapport aux nouvelles technologies. Moi, de mon côté, je n'ai pas connu un décalage aussi important que Peter, et pourtant, je me sens bien souvent perdue, alors je peux facilement me mettre à sa place. ❝Les portables, d'où je viens, faisaient à peu près cette-taille-là❞, dis-je en mimant la forme d'un très ancien portable. ❝Et on ne pouvait rien faire dessus. Le moindre coup de téléphone te coûtait une petite fortune.❞
Quand on discute de nos familles respectives, j'apprécie de voir qu'on sait parler de tous les sujets très légèrement : et ça me fait du bien. J'ai toujours ou presque la tête dans le guidon, je me concentre sur mon travail au point de négliger absolument tout le reste. Je pense que ça me fait du bien, aussi, d'avoir une simple conversation autour d'un verre, qui ne tourne pas seulement autour de mes inquiétudes trop nombreuses, ou d'une quelconque enquête, officielle ou officieuse.
❝Il te faisait la misère, c'est ça ?❞ je suggère quand il me parle de son petit-cousin, avec lequel il ne s'est jamais trop entendu de son côté. ❝La famille, c'est un vrai casse-tête. Enfin, je dis pas ça de ton frère et tes soeurs, ils ont l'air d'être des personnes adorables❞, je me rattrape tout de même, des fois que mon propos soit mal interprété. ❝Et en dehors de ça, de ton métier, de ta famille ? Qu'est-ce que tu aimes faire dans la vie ?❞
[HJ : Vraiment désolée d'avoir mis autant de temps à répondre Promis, je me rattrape ]
Invité
Dim 2 Oct - 21:45
Speed-dating
L'avantage d'être médecin, c'est que si Clarice veut réellement s'assurer de ses paroles, elle peut effectuer des recherches sur lui et découvrir qu'il sauve bel et bien des vies. Car ce rendez-vous est un speed-dating et en si peu de temps, il est difficile d'expliquer correctement sa vie, mais aussi de montrer la personne que vous êtes. Peter lui-même ne saurait dire s'il parvient en si temps de temps à bien cerner Clarice. Jusqu'ici, il sait que c'est une policière dont le travail n'est pas toujours joyeux, qu'elle est plutôt maladroite comme lui pour faire de l'humour et qu'elle est comme lui novice en matière de speed dating.
- Ça doit être plus facile de grandir avec internet qui évolue. Pour moi, c'était carrément une claque en plein visage. C'est fou comme l'humanité a pu progresser en terme de technologie en l'espace de 70 ans. En 1949, on avait encore la télévision en noir et blanc. Tout ce qu'on pouvait qualifier de moderne à l'époque, c'était sans doute les téléphones.
Gros téléphones à fils bien entendu. Peter se souvient néanmoins que c'était déjà bien pratique. Mais en comparaison de tout ce que l'on trouve en 2022, ça semble bien dérisoire. Peter se souvient avec un certain amusement que durant les premières semaines dans ce monde, il s'est entêté à chercher des téléphones à fils et à embêter plus d'un vendeur pour savoir où il pouvait s'en procurer. En revanche, le progrès technologique a beaucoup de bon au niveau de la médecine. À l'époque, il y avait encore beaucoup de maux contre lesquels la médecine ne pouvait rien. Aujourd'hui, il n'y a presque pas grand-chose que l'on ne peut pas guérir. D'après ce qu'il a entendu, il y a juste certains cancers et le SIDA. Mais concernant ce dernier, le progrès de la médecine permet dans bien des cas de vivre correctement sans développer le virus. Et puis avec toute la magie et le surnaturel qui existent dans ce monde, Peter est convaincu qu'aucune malade ne peut être soignée.
- Oh mais, c'est déjà bien plus révolutionnaire que les gros téléphones à fils. Ce sont les ancêtres des smartphones je suppose ?
En terme de technologie et de son histoire, Peter est clairement un novice dans la matière. En même temps, il a 70 ans à combler et ce n'est pas rien. Mais, il peut concevoir que les téléphones dont lui parlent Clarice ne devaient pas être le top. Les smartphones d'aujourd'hui sont clairement une avancée prodigieuse.
- Pas vraiment parce que nous avons un grand écart d'âge. Mais, il faisait la misère à mon frère cadet en revanche. D'ailleurs avec ce dernier, on a connu également nos lots de mésententes comme dans toutes fratries, mais en grandissant on a dépassé tout cela. Ce que j'aime faire ? Faire de grandes balades et randonnées dans la nature. Je lis beaucoup aussi, faut que je rattrape le temps perdu et ma foi, j'aime beaucoup le cinéma. Ma jeune sœur m'y a initié et c'est franchement bien plus sympa de regarder un film en couleurs qu'en noir et blanc ! Et toi ?