Camilo Madrigal est un jeune homme serviable, avenant, toujours prêt à redonner le sourire à quiconque oserait froncer les sourcils en sa présence. Mais parfois, il ressent le besoin de s'éloigner de la vie festive étudiante pour se retrouver dans son autre passion : l'art, sous toutes ses formes. Sa première passion reste bien évidemment le théâtre. Mais lorsqu'il n'a ni répétitions, ni représentation, il se plaît à s'intéresser aux autres artistes de la ville, qui sont nombreux, il le découvre un peu plus chaque jour.
Ce soir-là, il est donc accoudé au comptoir des Trois Balais, son verre en main, les yeux rivés sur les instruments qui reposent dans un coin de la pièce. Là où, semble-t-il, un concert va avoir lieu. Curieux, il sirote son cocktail, paille en bouche, et se redresse quand il voit enfin arriver le musicien.
Et, toujours bon public, il est l'un des plus enthousiastes auditeurs. Il remue des épaules dans un semblant de danse, il encourage en levant les bras ou en adressant des sourires trop larges à son entourage et au chanteur... Bref, il se plonge entièrement dans l'ambiance.
Et lorsque vient la fin de la représentation, il applaudit à s'en faire mal aux mains, et siffle avec enthousiasme pour féliciter le chanteur. Enthousiaste, il est trop excité par le frisson de la découverte pour accepter de s'en retourner chez lui de sitôt. Il traîne donc au bar, et il traîne tant et si bien qu'il voit finalement venir du coin de l'oeil l'homme qu'il acclamait un peu plus tôt.
Aussitôt, son verre en main, il se tourne vers lui et, lui adressant un sourire ravi, prend la parole :
- C'était génial ! Quelle présence ! Vous êtes super doué, monsieur.
Il aurait presque envie de prendre l'apparence de celui qui lui fait face pour lui montrer à quel point il a de la présence. Mais d'une part, il se doute que cet homme sait déjà qu'il a du charisme et d'autre part, il sait que dans cette ville, son pouvoir peut surprendre voire faire fuir ses interlocuteurs.
C'était un des soirs que Hector aimait plus que tout ! Celui où il pouvait prendre sa guitare et se présenter sur scène. Pas qu'il n'aimait pas sa vie de tous les jours. Hector restait un bon vivant dans l'âme. Mais ces soirs là il se sentait revivre simplement.
Il avait décidé de faire une première partie en reprenant une chanson de chez lui, puis une seconde de sa propre composition. Tout ça sur un rythme tout a fait joyeux et entrainant. Car les gens venaient ici pour se ressourcer et pour ne pas penser à leur journée déprimante. Le public était là ce soir-là. Il remarqua un p'tit gars qui semblait vraiment à fond dans sa musique et Hector le montra du doigt, en lui disant qu'il y avait des gens qui savent s'amuser alors... on allait s'amuser.
Mais en même temps, Hector avait ce don de faire dérider les gens sur scène. Qui n'aimait pas la musique d'Hector ? On peut parler d'un don, même si Hector le voyait plutôt comme quelque chose de normal. Il ne se prenait pas la grosse tête.
Après sa représentation, Hector aimait aller au bar se joindre aux gens. Il n'aimait pas se retrouver à faire le beau dans les coulisses, comme certains qu'il avait pu croiser. Il prit le temps de se rafraichir en coulisse avant de se diriger vers le bar et demanda une bonne téquila. Alors que le serveur lui glissa son verre, il entendit une voix près de lui. On l'interpella. Hector, toujours accoudé, glissa sur le côté et pris son verre entre ses doigts.
" Mais t'es le p'tit gars à fond de tout à l'heure ? " Dit-il un large sourire amical. " On devrait tous avoir un public comme toi ! " Il tapote son épaule amicalement. " J'apprécie le compliment amigo ! Et appelle moi Hector, les monsieurs... brrrr... C'est pour les vieux chnok. Et comment tu t'appelles chamako ? " Il fronce les sourcils, cette appellation faisant force en lui, mais ne sachant pas exactement ce qu'il créait en lui. Impression de déjà vu ? Ou simplement la fatigue d'après concert ? Il se reprit pourtant, son sourire s'étirant de nouveau.
HJ: je me suis permise de reprendre ton code, car il est joli ton code.
Invité
Lun 21 Fév - 16:06
Un poco loco
Un sourire ravi illumine le visage de Camilo en apprenant que le chanteur le reconnaît. Il ne s'attendait pas particulièrement à cela en affichant autant d'enthousiasme, mais ce n'est pas pour lui déplaire malgré tout.
- Eh oui c'est moi ! répond-il, tout fier.
Le terme d'Amérique centrale achève de lui plaire. Il leur devine des origines communes qui, par chauvinisme, lui plaisent. Camilo est colombien, et se doute qu'ils ne viennent pas exactement du même pays, mais ils ont au moins une langue en commun et ça... Ce n'est pas donné à tout le monde, dans cette ville étrange.
- Enchanté Hector, alors ! Moi c'est Camilo. Camilo Madrigal, déclare-t-il sans masquer la fierté qui anime sa voix en évoquant son nom de famille.
Sa famille est exceptionnelle, après tout. Et il est fier et heureux d'en faire partie. La faire connaître, de par ses récits, de par ses représentations, c'est un plaisir dont il ne se prive pas et qu'il aurait même tendance à considérer comme un devoir.
- Alors, vous jouez souvent ici ? C'est la première fois que je vous vois, mais je viens pas souvent...
Même si, après un tel concert, il commence à se dire qu'il ferait mieux de s'intéresser plus souvent à ce genre de soirées. Les rencontres, les découvertes, ce sont des choses qui plaisent à Camilo. Tout ce qui peut donner le sourire aux gens lui plaît, en fait. Et l'attitude amicale de son interlocuteur lui fait penser qu'Hector aussi est ce genre de personne à aimer répandre la joie tout autour de lui.
C'était le truc d'Hector de se poser au bar après une représentation et de parler aux gens. Il aimait bien discuter après une représentation. Il en voyait des musiciens qui rentraient chez eux sans parler avec leur public. Pour Hector c'était quelque chose d'important. Créer un contact avec ceux qui lui font vivre sa passion c'était la base pour lui. Et voir un gamin comme Camilo autant enthousiaste, ca lui donnait aussi des ailes pendant sa représentation. Il était un marchant de bonheur. Il aimait se voir comme celà. La musique permettait aux gens de s'évader l'espace d'un instant. Le gamin se présente alors, et son nom le fait vraiment tilter.
" Mais attends... " Dit il en fronçant les sourcils et avançant sa tête pour observer Camilo avec de petits yeux. " Attends... Attends... " Il fait un geste avec son doigt vers le visage du garçon. " Mais ouiiii... Caramba ! Tu serais pas parent avec cette vieille canaille de Bruno ! Bruno Madrigal ? Je crois qu'il m'a parlé de toi ! "
Le sourire d'Hector se fait plus franc et il trépigne. Il se tourne vers le serveur, tapote le bar et lui dit:
" Amigo, un verre gratis pour le jeune homme ! Je paye sa tournée ! "
Celà enchantait Hector au plus haut point de tomber sur un membre de la famille de ce vieux Bruno ! Il allait surement peut être lui en dire plus sur lui. Bruno ne parle pas tellement, sauf quand il est un peu pompette. Enfin... Y'a des sujets qu'il n'aborde pas !
" Pour répondre à ta question chamako... Dès que je le peux, enfin pas tellement ici, mais y'a plusieurs bars en ville. Sinon je livre des journaux en ville. Moins poétique mais j'aime bien ! Ca me permet de rencontrer du monde... Et toi ? T'as l'air bien enthousiaste à ce que je vois ! Tu chantes ? Tu veux devenir Majirachi ? L'Amérique latine et la musique ca reste une grande histoire d'amour ! J'aime pouvoir rencontrer des gens comme toi ! "
Car oui, c'était plaisant de discuter avec les gens, mais encore plus quand il retrouvait des personnes avec une culture commune. C'est la raison pour laquelle il s'entendait bien avec Bruno d'ailleurs. Avec cette découverte de lien avec Bruno, Hector se faisait très bavard, pas qu'il ne l'était pas en temps normal mais il avait envie de parler au p'tit gars.
" Tiens... En parlant de Bruno. J'essaye de le sortir, c'est pas évident. Pas qu'il me fait de la peine... " Il s'arrête, réfléchit en prenant une seconde et reprend: " Enfin si il me fait de la peine parfois. Et puis tous ses rats là... brrrr... Camilo, faut que tu prennes soin de ton tío hein ? Faut pas qu'on l'oublie ! C'est important et toi, tu peux comprendre. "
L'inspection soudaine qu'il subissait de la part de son interlocuteur l'interloqua. Camilo observa Hector d'un air confus, s'interrogeant sur la signification de cet agissement. Mais son visage s'illumina lorsque le chanteur prononça le nom de son oncle, Bruno.
- Attendez, mais vous connaissez mon oncle ?!
C'était une sacré coïncidence. Mais, à bien y réfléchir, il n'était pas étonné. Et il était même rassuré que Bruno bénéficie de présences amicales de son âge, et aussi douées que semblait l'être Hector.
Quand Hector interpella le serveur pour qu'il lui serve un verre, Camilo écarquilla les yeux. C'était un acte très généreux, mais le jeune homme se sentait embarrassé de se voir offrir quelque chose.
- Oh c'est gentil mais c'est vraiment pas obligé vous savez...
Mais il se tut finalement, plus intéressé par les réponses que lui offrait le chanteur. Il ne fut pas étonné d'apprendre qu'en plus de jouer de la musique et chanter régulièrement, Hector devait aussi distribuer le journal. Malheureusement être artiste, ça ne payait pas toujours. Mais Hector semblait y trouver son compte, ce qui rassura quelque peu Camilo, qui se voyait déjà lui trouver tous les métiers artistiques possibles pour l'aider.
- Non, moi je chante pas, enfin si parfois, mais sous la douche ou pour le loisir, mais pas comme métier... Non, moi, je suis acteur. Enfin, comédien de théâtre, plus précisément, annonça-t-il sans dissimuler sa fierté.
La conversation dévia finalement sur Bruno - quoi de plus normal, après tout, c'était leur connaissance commune et c'était toujours plus simple de trouver de quoi converser concernant les personnes que l'on connaissait. Camilo retrouva son sérieux et se montra même particulièrement attentif, hochant la tête quand Hector précisa qu'il fallait prendre soin de son oncle. C'était une évidence, pour Camilo, mais il était heureux que l'un des amis de Bruno se soucie autant de lui que n'importe quel membre de leur famille.
- Bruno, il a toujours été habitué à être... Plus ou moins seul, vous savez. Et puis même quand c'était pas le cas... Dans la famille, on n'avait pas vraiment d'amis. On restait souvent chez nous ou au village, mais les êtres les plus proches, c'étaient les autres membres de la famille. Alors on n'est pas très habitués au fait de côtoyer régulièrement les autres. Mais je suis content que vous essayiez de le sortir un peu, j'essaye aussi de mon côté, et vous avez raison, je crois que ça peut pas lui faire de mal. Vous en faites pas... Maintenant qu'on s'est retrouvés lui et moi, je compte pas le laisser tout seul.