The Valiant and the Magnificent

feat. Sirius

Il n’est pas rare que Lucy se rende aux Trois-Balais… Elle n’est pas une grande buveuse, mais elle aime fréquenter les bars, elle aime l’ambiance, faire de nouvelles rencontres, et aux Trois-Balais, on croise très souvent des personnes intrigantes et intéressantes… suffisamment pour captiver son attention, en tout cas. Il règne à cet endroit une atmosphère qui réussit à être à la fois originale et familière, et qui plaît vraiment beaucoup à Lucy, qui se sent comme un poisson dans l’eau… Si bien que parfois, elle s’y éternise même quand ses amis ont décidé qu’il était temps pour eux de rentrer pour une raison x ou y. Rester seule dans un bar, ça ne la dérange pas, elle a l’abord facile et ne reste jamais seule très longtemps… et pour ce qui est des avances un peu lourdes des types qui pourraient décider de venir l’aborder sans son consentement ? Bah ! Lucy est une grande fille – mieux que ça, elle est une reine – et elle sait parfaitement se défendre !

Raison pour laquelle elle ne se presse pas pour lever le camp alors que son groupe d’amis s’est petit à petit dissolu jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’elle. Elle, elle sirote tranquillement sa bièraubeurre (quelle étrangeté que cette boisson ! et quel drôle de nom, franchement), tout en regardant autour d’elle et en s’imprégnant de l’atmosphère alentours. Elle ne remarque la présence du type qui manque s’affaler sur elle et se rattrape de justesse à ses épaules qu’au moment de sa maladresse alcoolisée…

« Caspian ? »

C’est les premiers mots qui lui viennent à l’esprit quand elle l’entend et qu’elle le voit, alors qu’elle est partagée entre la surprise de l’altercation et la surprise de découvrir un visage à ce point familier. Vraiment, vraiment familier… Si ce n’est pas Caspian, il lui ressemble trait pour trait… Vraiment. Mais… non, ça colle pas. Elle veut bien qu’elle ait changé depuis la dernière fois qu’ils se sont vus, mais il l’aurait forcément reconnue, non ? Et puis, il vient vraiment de l’appeler « love » ? La Lucy intimidée qui commençait à peine à s’intéresser aux garçons et découvrait les affres de la préadolescence aurait été dans tous ses états si Caspian ou quelque garçon charmant lui ressemblant l’aurait appelée Love… pas que ça ne puisse être le cas, présentement, mais elle est un peu trop… perturbée par la singularité de cette altercation, en l’occurrence.

« Non, tu n’es pas Caspian. Mais c’est dingue… tu lui ressembles, et quand je dis que tu lui ressembles, c’est vraiment, vraiment beaucoup. » Elle sourit. « Enfin, ça doit te faire une belle jambe vu que tu sais pas de qui je parle. » Elle marque une pause. « Moi c’est Lucy. Je t’offrirais bien un verre mais je crois que tu as déjà pas mal abusé, non ? »

C’est dit avec plus de bienveillance que de jugement. Après tout, le jeune homme a l’air relativement ivre, en revanche, il n’a pas l’air malintentionné.

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feat. Sirius

« Et moi, j’ai une tête à m’appeler Love ? » répond Lucy du tac-au-tac quand son interlocuteur lui confirme qu’il n’est définitivement pas Caspian.

En même temps, oui, à quelques subtils indices, ça se remarque effectivement, et si l’on y regarde d’assez près, on ne peut pas s’y laisser prendre… Enfin, ses souvenirs pourraient lui jouer des tours, cela dit : ça fait longtemps, vraiment longtemps qu’elle ne l’a pas vu… Enfin, non, ce n’est pas lui, juste quelqu’un qui lui ressemble (et en son for intérieur, Lucy ne peut s’empêcher de songer à ce que serait la réaction de Susan si elle devait croiser la route de ce jeune homme : à coup sûr, elle n’en reviendrait pas). Dans tous les cas, le malentendu levé, elle se rend bien compte qu’elle est parvenu à éveiller l’attention du jeune homme.

« La deuxième, vraiment ? » Elle songe un instant que ce jeune homme a peut-être rencontré Susan, mais non, sinon il aurait reconnu le nom de Caspian, c’est donc que ce jeune homme a plus d’un sosie qui coure… Comme c’est étrange… Oui, vraiment étrange, mais on aura sans doute vu plus étrange dans ce monde qui n’a de toute façon ni queue ni tête quoi qu’il en soit. « Caspian est un prince, et des plus valeureux, tu peux être honoré d’être confondu avec lui », reprend-elle sur le ton de la conversation.

Clairement, ce jeune homme est un dragueur, et il est alcoolisé : autant dire que ce n’est pas forcément le combo idéal. D’un autre côté, il ne lui semble pas avoir mauvais fond : au mieux, il a un peu abusé sur la boisson parce qu’il avait quelque chose à oublier. Au pire, il est tout le temps comme ça, mais il sait tout de même se montrer un tant soit peu respectueux en dépit de son insistance à l’appeler « Love », et tout le monde ne peut pas forcément en dire autant. Lucy n’a rien de mieux à faire que la conversation, et ce jeune homme, qui ressemble si fort à Caspian et dans le même temps ne paraît pas du tout avoir le même caractère, l’intrigue terriblement.

« Enchantée, Sirius », répond-elle alors, « et je ne m’appelle toujours pas love », ajoute-t-elle avec amusement. « Un verre d’eau qui va bien, trouve-nous une place et je te rejoins, d’accord ? » dit-elle avant de bel et bien se rendre au comptoir afin de leur récupérer un verre d’eau et une bièraubeurre. Quand elle retrouve Sirius à une table, elle le gratifie d’un sourire en déposant le verre sous son nez. « Tiens, ça te fera du bien », décrète-t-elle avant de siroter son propre verre. « Alors, dis-moi, Sirius Black. Ça t’arrive souvent de te mettre des mines et de draguer tout ce qui bouge ou bien c’est une occasion spéciale ? »

C’est dit avec humour, sans jugement aucun, une manière comme une autre d’engager la conversation.

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feat. Sirius

Ben voyons ! Lucy se contente d’afficher un sourire tout à fait sceptique quand son interlocuteur lui assure que si, il a tout à fait une tête à s’appeler Love. Comme s’il y avait qui que ce soit au monde pour pouvoir être affublé d’un nom pareil dans tous les cas (toutes mes excuses auprès de Love). En ce qui la concerne, elle ne s’en offusque pas pour autant, elle sent que son interlocuteur est alcoolisé, peut-être un peu lourd, dragueur invétéré, mais tout de même inoffensif. Peut-être qu’elle est aussi biaisée par la ressemblance qu’elle lui trouve avec Caspian. Certes, leurs points communs s’arrêtent globalement, en tout cas à première vue, à leurs traits physiques, mais il est bien possible que cela influence tout de même la manière dont Lucy le perçoit et la patience dont elle daigne faire parti à son adresse.

« Peut-être bien », répond-elle en l’observant comme si elle réfléchissait très honnêtement à la question quand il lui demande s’il a vraiment une tête à s’appeler Aleksander… ça ne la choquerait pas outre mesure, en ce qui la concerne. Mais soit, lui, il s’appelle Sirius, et c’est donc avec ce Sirius que Lucy Pevensie veut faire connaissance. Et elle sent qu’au-delà du dragueur il y a quelque chose à creuser, une personnalité un rien attachante, peut-être ? Ou bien elle est à nouveau biaisée par sa ressemblance avec Caspian.

Caspian auquel Sirius se compare avec un orgueil mal placé tandis que lui-même évoque sa famille aristocrate aux idées arriérées qu’il a décidé de renier. Elle a donc affaire à un rebelle. A dire vrai, Lucy n’en avait pas franchement douté.

« Oui, tu as l’air de te porter comme un charme, en effet », observe Lucy d’un ton peu convaincu alors que Sirius dit qu’il se porte mieux sans sa famille.

Peut-être bien que c’est vrai, mais en cet instant, il manque quand même singulièrement de crédibilité mais il manquera de crédibilité peu importe le propos qu’il tiendra. Au moment de lui tendre un verre d’eau, elle espère que cela réussira lui remettre un tant soit peu les idées en place. Que ce soit le cas ou non, elle est prête à lui adresser une oreille attentive tandis qu’il vide du sac. Souvent, on a juste besoin de quelqu’un à qui parler, rien d’autre, et c’est l’air de rien souvent plus simple quand on se trouve en compagnie d’une personne que l’on connaît très peu. Ou bien à peine.

« Oui oui, tu es très sage, je n’en doute pas », répond Lucy avant de boire une gorgée de sa bièraubeurre. « Je suis désolé pour ton frère. J’en a deux, moi, des frères, et une sœur. Ils sont ce que j’ai de plus précieux au monde, alors j’imagine que ça doit être difficile. » Elle marque une pause. « Tu veux en parler ? De pourquoi vous êtes en froid, tous les deux ? »

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feat. Sirius

« T’es pas un pauvre type. »

C’est la première réponse que Lucy adresse à son interlocuteur, sincère et catégorique, quand il se demande pour quelles raisons elle prendrait la peine de l’écouter. Elle se rend bien compte que c’est une chose qui ne semble pas naturelle à tous… Elle a toujours été comme ça, Lucy, à l’écoute des autres, curieuse de tout le monde, de nature à sympathiser avec de parfaits inconnus – on avait souligné plus d’une fois que c’était là un comportement qui pourrait se retourner contre elle et lui porter préjudice un jour, ou bien l’on pointait du doigt ce qui serait de la naïveté, mais elle n’est pas d’accord : elle préfère présumer des autres le meilleur plutôt que le pire, voilà tout, et ce n’est pas pour autant qu’elle n’a pas conscience de la cruauté dont peuvent être capables certains : elle a été aux premières loges pour la contempler. Et elle a un plutôt bon instinct de ce point de vue. Et justement, son instinct lui assure qu’elle n’a pas affaire à un pauvre typer. Paumé, peut-être bien, mais certainement pas mauvais.

« Alcoolisé, ça, je dis pas, mais j’ai vu pire. »

Elle est étudiante, elle aime bien assister aux soirées et elle-même ne boit que modérément, alors forcément, assez naturellement, elle a croisé des personnes dans des états d’alcoolémie très avancés. Bon, ça se voit que Sirius n’est pas de toute première frapicheur, mais certainement pas au point de dissuader Lucy de bavarder avec lui, d’autant qu’il sent que son interlocuteur a besoin de la parole, et Lucy ne refuse jamais de discussions avec des personnes qui ont besoin de parler. Il est parfois si difficile de trouver une oreille attentive ! Alors, si elle peut être cette oreille attentive, c’est évidemment avec plaisir.

Et finalement, Sirius accepte de se confier, il lui parle de leur éducation : des parents cinglés, ça peut vouloir tout et rien dire, mais ce que Lucy retient surtout, c’est que son interlocuteur en a souffert, et ça, c’est une chose terrible. Aucun parent ne devrait jamais faire souffrir ses enfants, encore moins les élever dans la haine l’un de l’autre. Il n’y a pas de manuel du parent idéal certes, et Lucy est capable de trouver des circonstances atténuantes à chacun dans une moindre mesure, mais il y a tout de même des limites… Et une fois ces limites dépassées, il devient plus difficile, en revanche de tolérer la moindre explication ou la moindre excuse.

« Les gens comme moi ? Qu’est-ce qu’ils ont, les gens comme moi ? » demande Lucy d’un ton plus intrigué et amusé que véritablement offusqué.

Certes, c’est à l’histoire de son interlocuteur qu’elle veut s’intéresser en premier lieu, mais elle ne peut pas passer à côté de cette réflexion. Et alors, elle songe au verre explosé… Est-ce que…

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feat. Sirius

« Oh… tu es un sorcier alors ? » fait Lucy qui croit directement Sirius sur parole sans remettre en question sa parole un seul instant.

Certes, il est si alcoolisé qu’elle pourrait penser qu’il baratine, mais on en croise beaucoup, qui se disent sorcier, dans ce pub en particulier et même ailleurs, et à côté de ça, elle a croisé plein d’individus aux talents particuliers, et elle-même a été reine d’un royaume où les animaux parlent… bon, elle en a vu d’autre.

« Tes parents étaient un peu bêtes. Heureusement, t’as pas l’air d’avoir hérité ça d’eux. » Elle sourit. « Même si tu déduis quand même très vite que je ne suis pas une sorcière. Qu’est-ce que t’en sais, après tout ? » Elle laisse passer un temps de pause. Bien sûr, elle le mène en bateau, mais elle vient d’être qualifiée de « Moldue », alors elle peut bien faire ce qu’elle veut. « Tu sais, d’où je viens je suis reine et mon meilleur ami est un faune, il en faut plus pour m’impressionner », déclare-t-elle avec légèreté, pour la peine. « Alors c’est dingue, mais pas tant que ça, au final. » Elle marque une pause. « Ceci dit, puisque tu es un sorcier, je veux bien une démonstration de ton pouvoir. – enfin, si tu es encore suffisamment sobre pour lancer un sort convenablement », elle ajoute, laissant parler pour la peine sa curiosité plus que naturelle.

Même si le type a trop bu, et peut-être parce qu’il lui fait penser à Caspian, d’une certaine manière, elle le trouve attachant, et elle apprécie de passer du temps avec lui, il l’intrigue, elle est convaincue qu’il doit avoir une histoire particulièrement fascinante. En même temps, elle n’a encore rencontré personne dont l’histoire ne soit pas tout à fait remarquable dans ce monde, et c’est une chance de pouvoir rencontrer ces personnes-là.

Il lui parle plus avant de son frère et de pourquoi ils ne s’entendent pas, que son frangin a voulu être le parfait fiston de ses parents et suivre les principes stupides inculqués par sa famille.

« Bon, ton frère est peut-être pas le couteau le plus affûté du tiroir, mais tout le monde peut se laisser influencer, encore plus par ses parents, ça ne fait pas d’eux de mauvaises personnes », fait-elle en songeant à la manière dont Edmund s’était laissé manipuler par Jadis. « Est-ce que tu le lui a demandé directement ? S’il était revenu sur ses choix ? » suggère-t-elle alors. « Tu sais, c’est plus difficile d’admettre ses torts que de pardonner à celui qui s’est trompé… » Elle marque une pause. « Bon, peut-être qu’il a pas changé mais t’en sauras rien si tu te contentes de laisser faire, tu crois pas ? » suggère-t-elle. « Peut-être que tu t’épargnes une occasion d’être déçue, mais blessée tu l’es déjà, je me trompe ? »

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feat. Sirius

Lucy n’a clairement pas la moindre idée de ce que c’est supposé signifier que de parler comme une moldue, pas plus qu’elle ne sait franchement en quoi c’est vexant, mais elle devine que, dans tous les cas, Sirius n’est clairement pas assez sobre pour avoir cette conversation avec lui. Puis elle le sent bien, au fond, qu’il ne cherche effectivement pas à lui manquer de respect mais qu’il en a sûrement gros sur le cœur. Et elle doit bien avouer qu’elle vit très bien, de son côté, le fait de ne pas être une sorcière. D’une part, ça ne l’a clairement pas empêchée de vivre des aventures absolument remarquables, et d’autre part, c’est clair qu’à choisir, elle préfère sa famille à celle que lui décrit son interlocuteur. Elle a conscience du fait d’être chanceuse auprès des Pevensie. Elle est heureuse et épanouie avec ses deux frères et sa sœur, et clairement, elle comprend que c’est un sentiment que Sirius, de son côté, n’a jamais eu la chance de connaître, et ça la rend immédiatement empathique envers lui.

Quand Sirius consent à faire une démonstration de ses pouvoirs, il lui parle de transplanage, et Lucy n’a pas la moindre idée de ce qu’il entend par là, si ce n’est qu’elle devine que cela lui permettra d’être rentré plus rapidement chez lui. Il a entièrement raison, effectivement, il est clairement temps pour lui d’arrêter les frais et de rentrer, il suffit de le regarder trébucher en se levant de sa chaise. Au même moment, Lucy se précipite vers lui afin de l’aider à se tenir droit.

« Si tu le dis », se contente-t-elle de commenter avec un sourire en coin quand Sirius affirme qu’il n’a capté que la moitié de ce qu’elle vient de lui dire. C’est peut-être pas entièrement faux, vu son état, mais Lucy devine surtout qu’il n’a aucune envie de s’épancher plus longtemps sur le sujet, très probablement parce que c’est douloureux pour lui, et elle ne veut pas particulièrement remuer le couteau dans la plaie non plus.

Tandis qu’elle l’aide à sortir de là, Lucy pense que leurs chemins vont se séparer ici, encore qu’elle n’est pas entièrement convaincue du fait que ce soit une bonne chose de le laisser rentrer seul. Sauf qu’évidemment, elle n’a toujours pas compris ce que transplaner veut dire.

« Je peux savoir ce que t… »

Lucy n’a pas le temps de finir sa phrase ni de dégager les mains de Sirius de son postérieur que voilà qu’ils viennent bel et bien de se téléporter complètement ailleurs… bon, d’accord, c’était donc ça, transplaner. De retour sur la terre ferme, elle a immédiatement un mouvement de recul et se détache, un peu nauséeuse.

« C’est vraiment pas cool de faire ça… »

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feat. Sirius

Clairement, Lucy n’est même pas convaincue qu’à ce stade, il serve à quoi que ce soit de faire la morale à Sirius ou de tenter de le raisonner tant celui-ci paraît à l’ouest. Il a clairement bu plus que de raisons. Et pour avoir assisté à plus d’une soirée (au cours desquelles elle n’a toujours bu pour sa part que très raisonnablement), elle sait très bien combien peuvent être irrationnels les types qui ont un coup dans le nez. Sirius est certes du genre avenant, mais il n’est clairement pas agressif, pas plus qu’il n’est forceur. Certes, elle aurait aimé être prévenue avant d’être littéralement téléportée jusqu’à son appartement (enfin, il l’a prévenue à sa manière, c’est juste qu’elle n’a absolument rien compris), mais maintenant qu’elle est là (sans trop savoir où elle est ni si elle est très loin ou pas du bar qu’ils viennent de quitter), elle a quand même l’intention de l’aider. Un geste malencontreux ne lui fait pas oublier l’attachement sincère qu’il lui inspire, pas plus que leur conversation. Elle n’a pas envie de juste s’en aller et de le laisser là, d’autant que vu son état d’alcoolémie, elle se dit que ce n’est peut-être pas plus mal que de veiller qu’il ne sombre pas dans un coma éthylique (même s’il n’a pas l’air d’en être là tout de même.

Elle le suit donc à l’intérieur, et c’est presque immédiatement que Sirius s’affale sur le canapé et s’endort. Lucy hésite un instant mais elle fait le choix de rester tout de même. Elle comprend qu’elle n’a pas le choix en réalisant qu’elle est incapable d’ouvrir la porte. Bon… Elle envoie un rapide message à son colocataire pour le rassurer s’il doit s’inquiéter de ne pas la voir rentrer… Elle se permets de faire le tour du propriétaire. Sirius lui dit de faire comme chez elle, alors c’est ce qu’elle fait, elle examine l’appartement, et bien que le sommeil, dans ces conditions étranges, tarde à venir, elle trouve le lit de Sirius et s’y endort.

Elle se réveille relativement tôt, et bien avant que Sirius ne soit debout lui-même… Histoire de se rendre utile, elle fouille discrètement les placards de la cuisine et le frigo afin de préparer un petit déjeuner digne de ce nom… ça fera sans doute du bien à son nouvel ami, et surtout, ça leur permettra de revenir sur la soirée de la veille autour d’un bon repas, ce qui devrait rendre la situation un peu moins dérangeante.

« Bonjour ! ça va, pas trop mal au crâne ? J’espère que t’as pas trop l’estomac dans les talons, je suis en train de nous préparer des pancakes », fait-elle en versant les dernières gouttes de sa préparation dans la poêle. Une fois que c’est fait, elle prête un regard plus attentif à Sirius. « Tu te souviens de moi, quand même, au moins ? » ajoute-t-elle en glissant les pancakes dans une assiette qu’elle dépose sur le plan de travail. « T’as de la confiture qui traîne quelque part ? Oh, j’ai préparé du café aussi, je me suis dit que ce serait pas du luxe ! »

Show me your world, I'll show you mine.

feat. Sirius

Heureusement, Lucy n’est pas du genre susceptible. Ou en tout cas pas du genre à se vexer pour rien. Elle a bien vu dans quel état d’ébriété avancée se trouvait Sirius la veille, il n’y a rien de particulièrement étonnant à ce qu’il n’ait gardé aucun souvenir d’elle. La jeune femme ne lui en veut pas vraiment, même si elle songe que les paroles qu’ils auront échangé la veille seront par conséquent tombées dans l’oreille d’un sourd. Pas grave, ils vont reprendre du début, et sur des bases éventuellement plus saines, car même si Sirius se coltine sans doute une sérieuse gueule de bois à l’heure actuelle, il est sans doute plus à même malgré tout de bavarder en retenant cette fois les tenants et aboutissants de leur conversation (ou si il ne le fait pas, par contre, elle va véritablement finir par se vexer).

« Par la barbe de Merlin… tu as vraiment des expressions étranges », fait Lucy avec un fin sourire, quand bien même en vérité son vocabulaire n’avait pas grand-chose à envier à celui qu’elle avait fini par intégrer durant son temps passé sur Narnia. Elle ne fait aucun commentaire quant au fait qu’il la trouve charmante. Elle ne réclame pas une telle attention de sa part, et elle veut croire qu’il le comprendra de lui-même sans qu’elle ait besoin d’insister sur ce point. « Lucy », se présente-t-elle tout de même afin que Sirius puisse mettre un nom sur son visage mais sans s’attendre pour autant à ce que ça l’aide véritablement à se faire une idée de qui elle est ou de ce qu’a pu être la nature de leur discussion de la veille.

« Oui, je sais que t’es un sorcier. En fait, je sais pas mal de choses sur toi », reprend-elle en prenant un ton excessivement mystérieux tout en sirotant son café afin de semer ne serait-ce qu’un peu le doute dans son esprit. « Mais non, j’en suis pas une. » Elle pousse un soupir. « Déjà, il s’est rien passé, t’as été sage comme une image. » Sentant qu’elle va devoir lui faire un résumé détaillé de la soirée, elle ne se fait pas prier. « On s’est croisés aux Trois-Balais. D’abord tu m’as dragué lourdement, ensuite t’as laissé tomber. Puis tu m’as parler de ton frère lobotomisé par tes parents complètement cinglés. Je t’ai donné tout un tas de conseils très avisés si tu veux mon avis, mais visiblement t’as rien retenu. » Elle affiche un sourire. « T’étais dans un sale état. Je voulais t’aider à rentrer chez toi mais tu m’as… littéralement téléporté chez toi et tu t’es écroulé très dignement sur le canapé sans me dire où étaient les clés de ton appart pour que je puisse rentrer chez moi. » Elle plante sa fourchette dans un pancake avant de reprendre. « Comment tu te sens, là ? Pas que physiquement, je veux dire… le moral, ça va mieux ? » Elle l’observe avec une sincère considération… « C’est pas l’alcool qui soignera tes problèmes, tu sais. »

Show me your world, I'll show you mine.

feat. Sirius

« Oui, je vois qui est Merlin, enfin vite fait. On parle bien de Merlin l’Enchanteur, pas vrai ? » demande Lucy, amusée malgré tout des expressions toutes sorcières utilisées par Sirius. « On m’a pas vraiment parlé de lui en cours, mais la légende du roi Arthur, Excalibur, la fée du Lac, Morgane, tout ça, c’est connu chez nous aussi. » Elle l’observe un instant. « Tu veux dire que Merlin est un vrai sorcier dans ton monde ? »

Cette perspective a immédiatement le don d’émerveiller et de fasciner Lucy. Loin de la remettre en question, elle est juste contente de pouvoir en découvrir plus sur la culture de son interlocuteur, sur sa vie, sur le monde d’où il vient, ce genre de choses… A présent que Sirius lui paraît relativement sobre, la jeune femme se dit qu’elles pourront probablement avoir une vraie conversation sur la question, et ça lui plaît évidemment beaucoup.

« T’as de la chance que je sois pas du genre susceptible », fait Lucy quand son interlocuteur lui répond qu’il ne se souvient ni d’elle ni de son nom. Non, elle ne lui en veut pas, elle a bien vu dans quel état il se trouvait la veille. Finalement, elle a su prendre le meilleur parti de cette situation, et rétrospectivement, elle la trouvera plus drôle qu’autre chose, le genre d’anecdote qu’on se doit de ressortir au bon moment. Le genre d’anecdote qui peuvent forger une belle amitié, aussi. Comme pourrait le devenir la leur. « Tu as sacrément bu, mais ne t’en fais pas, tu t’es presque comporté comme un gentleman, Sirius », ajoute-t-elle pour lui faire comprendre que oui, il s’est effectivement présenté et qu’elle sait qui il est.

Sirius s’excuse de son comportement de la veille. Même si Lucy ne lui en veut pas le moins du monde, elle apprécie tout de même ses excuses. Pour ce qui est des raisons qui l’ont poussé à vouloir lui venir en aide, elle n’est pas sûr d’avoir la réponse. Oui, elle avait eu un peu pitié de lui, effectivement, mais ce n’était pas que ça, elle a surtout eu immédiatement une grande sympathie pour lui, et cette sympathie ne s’est pas estompée au petit matin.

« C’est vraiment pratique d’être un sorcier, moi je passe mon temps à me demander où j’ai mis mes clés », remarque-t-elle avec un fin sourire. « T’avais besoin de parler, de ton frère surtout, et même si t’étais un peu pathétique, hier soir, je t’ai surtout trouvé super sympa. » Elle marque une pause. « Je suis convaincue que tu es quelqu’un de bien, Sirius, alors c’est normal que le vienne à ta rescousse, même si tu as peut-être déjà oublié comment je m’appelais », reprend-elle, toujours sans perdre son sourire et son attitude lumineux. « En plus, c’est toujours pratique d’avoir des amis sorciers, donc je suis gentille par intérêt, tu penses bien », reprend-elle sans évidemment en penser le moindre mot.