Another waste of time ?

feat. Sirius

Même si cela fait plusieurs semaines à présent que Regulus et Jo sont officiellement ensemble, Regulus ne s’y fait toujours pas. Il a beau retourner la question dans tous les sens, impossible pour lui de comprendre comment une fille aussi exceptionnelle que Jo March a pu jeter son dévolu sur lui, Regulus Black, le sorcier revêche et sans beaucoup d’attrait, qui avait tendance à rembarrer les gens avant d’envisager de les écouter, et dont les sourires étaient si rares qu’il fallait faire des jours où il souriait l’occasion d’une fête nationale. Quand il y pense, non, ça n’a pas de sens, quand il décide d’y réfléchir un peu moins, il admet qu’il a simplement de la chance, et que maintenant, c’est surtout à lui de ne pas gâcher cette chance.

Il n’est pas rare que les deux tourtereaux se donnent rendez-vous l’un chez l’autre (le plus souvent chez Jo, quand même, mais ça, c’est parce que Regulus n’est pas forcément à l’aise quand il est avec Jo et que Peter est dans les parages, ça aurait presque le don de lui faire perdre quatre-vingt pour cent de ses moyens), raison pour laquelle il ne se méfie pas le moins du monde quand sa petite amie lui propose de passer ce jour-là.

Peu avant d’arriver, elle lui a laissé un message pour lui suggérer de ne pas sonner et d’entrer directement, sans plus d’explication. Regulus a songé qu’elle serait peut-être dans une pièce de laquelle la sonnette s’entend moins, qu’elle aurait ses écouteurs sur les oreilles, ou encore que la sonnerie était défectueuse. Va savoir. Dans tous les cas, il ne cherche pas vraiment à comprendre et accepte les conditions soumises par Jo sans trop se poser de questions. Il le regrettera amèrement incessamment sous peu. Arrivé chez Jo, il ouvre donc la porte et la referme minutieusement derrière lui, il a toujours la précaution de regarder dans son dos, c’est plus fort que lui. Dernièrement, il a plus que jamais cette inquiétude, celle d’être poursuivi par une ombre qui n’attendrait que de fondre sur lui. Il le sait, il doit stopper cette paranoïa, mais c’est bien souvent plus fort que lui.

« Jo ? »

Regulus se dirige vers le salon, et la personne qu’il découvre sur le canapé n’est pas Jo le moins du monde, mais Sirius, tranquillement installé chez elle… Bordel… Que ce soit un coup de Jo, de Peter, ou d’il ne sait pas qui encore, il sent déjà que cette nième tentative grossière de réconciliation va rapidement lui taper sur le système, parce que si les frères Black ne sont pas parvenus à se réconcilier plus tôt, ça ne risque pas d’arriver maintenant. On pourra autant de fois qu’on le voudra les mettre dans une situation supposée les inviter à se parler, à communiquer, à mettre les choses à plat, ils se sont déjà prouvé qu’ils en sont positivement incapables. Ça ne risque pas de changer.

« Je rêve… », grimace-t-il en regardant à peine Sirius pour la peine.

Another waste of time ?

feat. Sirius

Bon… La situation n’est pas difficile à comprendre, en l’occurrence. Jo a tout manigancé pour les obliger à se parler, comme, il y a quelques mois, Peter avait voulu faire de même exactement dans le même but… Sauf que si ce dernier n’a pas réussi, Jo n’a pas plus de chances d’y parvenir. Avec ou sans médiateur, les deux frères sont totalement incapables de se parler sans soit monter dans les tours, soit se refermer comme des huitres. Et si Regulus avait ne serait-ce qu’envisagé de faire un pas vers Sirius (mais ça n’avait pas vraiment été le cas), ça lui serait rapidement passé, en vérité, après l’épisode du Bal de Noël, où il l’avait littéralement humilié en présence de sa petite amie. D’accord, il l’avait peut-être en partie (en partie) mérité en se montrant publiquement insultant à son adresse mais… Tout ça, c’est un fichu effet domino, et qui n’en finit pas, encore et encore… Il ne suffirait sans doute pas de grand-chose, au fond, pour qu’ils mettent leurs différends de côté, mais plutôt que de faire un pas vers l’autre, ils reculent à chaque fois que leurs chemins se croisent.

Bref, Sirius est donc là, et Regulus a la désagréable impression de s’être fait rouler. Il n’a aucune envie d’être ici, c’est même la dernière chose qu’il veuille, mais visiblement, personne ne lui demande son avis, hein… alors le jeune homme n’a d’autre choix que de ronger son frein, ne lui en déplaise. Il n’en veut même pas à Jo, il sait qu’elle a voulu bien faire. En revanche, il reste absolument convaincu que c’est malgré tout peine perdue. Et le fait de voir les choses sous cet angle fait qu’il est encore moins enclin à faire le moindre effort. Bref, ils ne sont pas sortis de l’auberge.

« Me venger… mais tu t’entends parler ? » réplique Regulus en levant les yeux au ciel. « Non je ne vais pas me battre avec toi, Sirius. J’ai pas que ça à faire. »

Et surtout, s’ils devaient vraiment s’engager dans un duel tous les deux, Regulus est à peu près convaincu qu’il perdrait forcément. Mais non, dans tous les cas, il n’a pas l’intention de se venger. Oui, il a encore le bal de Noël en travers de la gorge, mais ce n’est pas pour autant

« Crois-moi, j’ai pas plus envie de te voir que l’inverse, mais t’inquiète pas, on va résoudre ça vite fait, je me tire », réplique Regulus avec l’intention de transplaner directement hors de la pièce… Sauf que sa tentative reste infructueuse… Quelqu’un a jeté un sort antitransplanage sur la pièce. Ce qui veut dire que Jo n’est pas la seule dans le coup. Lily, évidemment. Regulus pousse un profond soupir. « A quoi elles s’attendent, hein ? J’ai rien à te dire… »

C’est faux, il aurait des dizaines et des dizaines de choses à lui dire, mais non, il ne veut rien dire du tout. La communication ? Pensez-vous, c’est pour les faibles.

Another waste of time ?

feat. Sirius

Bon, pas possible de transplaner, c’est pas grave, pas vrai ? Ils n’ont qu’à prendre la porte, après tout… c’est bien ce que Regulus a fait pendant plus de deux ans alors qu’il attendait désespérément de retrouver ses pouvoirs dans tous les cas. Oui, sauf que non, ça ne marche pas… et ça, c’est évidemment encore un coup de Lily, et il ne faut pas s’attendre, étant donné combien la rouquine est futée, à ce qu’un « alohomora » suffise à la déverrouiller… En même temps, il fallait s’y attendre. Si Lily est allée jusqu’à trouver un moyen de les empêcher de transplaner, ce n’est certainement pas un simple sortilège de déverrouillage qui va l’arrêter. Ils sont donc coincés ici. Et ce qui agace le plus Regulus dans cette affaire, c’est qu’il s’imagine Jo et Lily, bien heureuse du mauvais tour qu’elles sont en train de jouer aux deux frères ?

Pourquoi, par Merlin, faut-il que tout le monde s’évertue constamment à vouloir les réconcilier. D’accord, ça part très certainement d’une bonne intention, et dans le fond, on veut sans doute juste leur donner un coup de pouce pour les mettre face à la réalité de leur affection, mais ça ne suffit certainement pas à les convaincre, ni l’un ni l’autre. S’ils n’ont jamais réussi à se réconcilier avant, pourquoi est-ce que ça changerait maintenant, hein ? Non, ça n’a pas la moindre raison de changer.

Regulus est certainement aussi agacé que son frère, mais comme bien souvent bien moins expressif que lui. Il faut dire qu’il a bien intégré ces préceptes qui lui ont permis de rentrer dans le moule familial quand Sirius s’y est toujours retrouvé à l’étroit. Contenir ses émotions et ne rien laisser paraître, c’est un peu son rayon. Mais goutte après goutte, au bout d’un moment, il n’y a pas de miracle non plus. Évidemment que le vase ne peut que finir par déborder, on pourrait même dire que c’est dans l’ordre inévitable des choses.

En regardant Sirius donner un coup de poing rageur à un coussin, Regulus se demande si c’est vraiment ce qu’il voudrait, lui envoyer son poing en pleine figure ? ça aurait le mérite d’être direct… mais ce qui n’est pas ce qui se passe alors qu’il lui balance le dit coussin, qui finit par lui atterrir en plein visage.

« Vraiment ? » réplique Regulus, l’air atterré, en considérant le coussin qu’il tient maintenant entre ses mains. « Tu veux vraiment qu’on se balance des coussins à la tronche comme si on avait quatre ans ? » réplique-t-il, la mine renfrognée. Il ne va pas rentrer dans ce jeu-là, quand même ? Si… Eh bien si, puisqu’il lui renvoie immédiatement le coussin en pleine figure, et aussi violemment qu’il le peut. « Je peux savoir ce que tu cherches, exactement ? Pourquoi tu peux pas juste te contenter de m’ignorer, hein ? Je te demande rien, moi, alors pourquoi tu passes ton temps à venir m’emmerder ? Tu peux pas juste… je sais pas, moi, me foutre la paix une bonne fois pour toutes ? »

Another waste of time ?

feat. Sirius

Regulus affiche une légère grimace quand Sirius, naturellement, refuse ce qui aurait clairement été la solution qu’il aurait suggérée : en bref, rentrer dans sa coquille, jouer les planqués et attendre que ça passe. Lui dans le salon, Sirius dans la chambre, pourquoi est-ce que ce serait un problème ? A un moment donné, Jo voudra rentrer chez elle, pas vrai ? On ne peut pas les enfermer là indéfiniment non plus… et en attendant… les deux autres options qui les attendent : à savoir dialoguer ou se battre, ne sont pas du tout acceptables à ses yeux. Quoique… sans doute qu’il le cherche un peu, quand il balance à son tour ce fichu coussin sur Sirius… et la suite, il ne pourra pas dire qu’il ne l’aura pas provoquée. Regulus fronce légèrement les sourcils au moment de voir son frère poser sa baguette magique sur la table… quoi, il a envie qu’ils se battent à coup de poing comme de vulgaires moldus ? Déjà qu’avec sa baguette, Regulus a peu de chances de l’emporter, alors sans…

« Tu n’as pas besoin de me le rappeler », réplique Regulus, amer, « t’as suffisamment pris plaisir à le répéter, encore et encore, à quel point c’était hoooorrible d’être mon frère. Et à quel point tu étais heureux d’être débarrassé de nous, de partir sans te retourner comme si on avait jamais compté. »

Il résume évidemment très légèrement la chose, mais ce qu’il entend par là, c’est que plus Sirius se plaisait à répéter qu’il était le mouton noir de sa famille et qu’il ne voulait pas s’associer à la famille Black, plus Regulus se sentait renié, rejeté, quand lui-même, en parallèle, devait s’efforcer de porter pour deux le fardeau familial. Il ne pouvait pas seulement être l’enfant parfait, il devait être ce fils idéal, qui ferait oublier à ses parents la déception qu’avait été Sirius Black.

« Tu me fais chier, Sirius, tu me fais chier ! Qu’est-ce que tu veux ? Qu’est-ce que ça va t’apporter, hein, de m’envoyer ton poing dans la tronche à part me rappeler que tu vaux mieux que toi ! Mais c’est bon, tout le monde le sait, tu m’écrases, constamment, pas besoin de se battre pour ça. Mais comme tu veux… » Il tire sa baguette. « A armes égales. Reprends ta baguette. » Il pousse un soupir. « Tu veux te battre, et bien d’accord, on va se battre, comme ça tu seras bien content d’avoir saisi une nouvelle occasion de prouver que tu valais mieux que moi. »

Il pointe sa baguette en direction de Sirius… Est-ce qu’il n’a pas envie de se donner tort à lui-même ? Si, quand même. Et puisqu’ils en sont là, et bien autant se battre, tant qu’à faire. Mais il ne voit pas l’intérêt. Si ce n’est creuser encore plus le fossé entre eux. Comme s’ils n’avaient pas déjà atteint un seuil critique dans tous les cas.

Another waste of time ?

feat. Sirius

« Mais cette famille de tarés, c’était moi aussi. J’aurais fait quoi en partant avec toi, hein ? J’aurais créché chez ton crétin de frère bis ? Très peu pour moi », réplique Regulus avec le plus grand agacement.

La vérité, c’est que Regulus n’a pas la moindre envie de s’entendre dire qu’il aurait pu choisir de partir avec son frère… parce que c’est le cas, oui, et qu’il a bien conscience d’avoir manqué sa chance à l’époque… S’il avait agi différemment, s’il avait pris les bonnes décisions au bon moment… tout aurait été différent, sans doute, et même s’il ne veut pas l’assumer, il ne demanderait qu’à revenir en arrière pour modifier le cours de ses décisions. Sauf qu’il n’en avait rien fait. A l’époque, l’influence familiale était la plus forte. Pire encore, il avait été convaincu de faire le bon choix en rejoignant les mangemorts.

Ça n’avait pas été qu’une obligation, ça avait été une fierté pour lui… une fierté d’autant plus grande qu’en s’engageant aussi activement auprès du seigneur des ténèbres, il avait le sentiment de laver l’honneur de sa famille, de rattraper quelques-unes des erreurs de son frère. Oui, c’était bien sûr une affaire de mauvais choix, tout ça. De mauvais choix, et de fierté mal placée. Est-ce qu’il ne serait pas plus simple d’admettre d’office qu’il avait eu tort ? Si, bien sûr. En revanche, ça lui arracherait clairement la gueule. Alors, bien évidemment, ça n’arrivera pas. Encore moins si Sirius lui gueule dessus… Même si dans le fond, c’est bel et bien la réaction qu’il avait espéré provoquer. L’un et l’autre se poussent très clairement dans leurs retranchements respectifs. Et force est de constater que ça marche plutôt bien, pour le coup.

Et pour une fois que c’est Regulus qui accepte la confrontation, pour une fois qu’il est bel et bien prêt à en découdre autrement que verbalement, c’est finalement Sirius qui se ferme comme une huître et décide de lui refuser de poursuivre plus loin un conflit qui, ils le savent, sera forcément stérile. Regulus serre les dents. Est-ce qu’il n’est pas au fond un peu soulagé de savoir qu’il n’aura pas à se battre contre son frère ? Si, peut-être bien. Mais par contre, il ne faut certainement pas compter sur lui pour en montrer quoi que ce soit, définitivement pas. Regulus observe la baguette de son frère, que ce dernier vient de jeter à ses pieds quand, dans le même temps, un bruit violent retentit. Les fenêtres volent en éclat, traversées par un rai de lumière rouge. Le premier réflexe de Regulus qui agit plus à l’instinct qu’autre chose, est de se précipiter vers Sirius afin de le plaquer au sol afin d’échapper à d’autres sorts.

« Ils sont là pour moi, il faut que tu te tires d’ici », lui fait Regulus en se redressant, la baguette toujours au creux de son poing, aux aguets.

C’est l’épisode de la librairie qui se répète, mais Regulus refuse que Sirius en soit une victime collatérale.

Another waste of time ?

feat. Sirius

Regulus serre les dents mais a tout de même le bon ton de ne pas répondre quand son frère trouve l’occasion de lui faire une remarque déplaisante quant au fait qu’il n’a pas remarqué qu’il était surveillé. Ils ont plus urgent à faire pour le moment que de se tirer dans les pattes, c’est clair, n’empêche que cette réflexion lui reste en travers de la gorge. Même dans ce genre de circonstances, il semblerait qu’ils ne soient pas capables de faire autrement que de s’en envoyer plein la tronche – ceci dit, le stress n’aide peut-être pas, il faut le reconnaître.

Le truc, c’est que même si Regulus se garde bien de répondre à son frère, il se pose en réalité la même question : comment, par Merlin, a-t-il réussi à se faire suivre sans même s’en rendre compte ? Il est généralement prudent au point de pouvoir sans doute passer pour paranoïaque, et à présent, parce qu’il s’est laissé distraire, il met la vie de son frère en danger, et la maison de Jo est saccagé. Le moment n’est pas vraiment venu de se fouetter mentalement pour avoir été aussi stupide, en revanche, il doit quand même reconnaître qu’il l’a été bel et bien, stupide, et qu’il n’en est pas fier le moins du monde.

Bref, la colère et la rancœur, soit on les étouffe, soit on les emploie à bon escient. En l’occurrence, Sirius a raison : ils n’ont pas un milliard d’options. Regulus voudrait que Sirius fuie le danger, mais il est évident qu’il ne le fera pas, parce qu’il est comme ça, et que dans tous les cas, fuir n’est sans doute pas si simple. Il ne prend pas la peine de préciser à Sirius que non, il n’est pas un mangemort et ne l’est plus depuis longtemps (c’est un sujet qu’il évite constamment au prétexte de soutenir que son frère peut bien penser ce qu’il veut, ce qui évidemment une chose on ne peut plus stupide)… en revanche, les paroles qui suivent le laissent… complètement médusé. Parce qu’elles le prennent complètement de court. « Hors de question que je te laisse mourir une seconde fois sans rien faire »… Mais il n’aurait rien pu faire, absolument, définitivement rien pu faire… Là encore, c’est une conversation qu’ils auraient dû sans doute avoir il y a longtemps, mais à la place, ils vont se battre, puisqu’il le faut, et ça leur évitera de trop réfléchir.

« Je suis pas aussi facile à tuer que tu le penses », se contente de répliquer Regulus, baguette à la main. Une fois debout, il lance plusieurs sorts à l’aveugle, d’attaque autant que de protection, faute de savoir plus précisément situer ses ennemis… Il parvient finalement à récupérer la baguette de Sirius, dont ce dernier s’était délesté un peu plus tôt, et à la lancer dans sa direction.

« Attrape ! » lance-t-il au moment même ou un sort l’atteint de plein fouet et le fait s’écrouler au sol dans un gémissement de douleur.

Another waste of time ?

feat. Sirius

La remarque de Sirius, dans la tourmente, parvient tout de même à décocher un léger sourire à Regulus, alors que son frère affirme qu’il n’a pas fini de régler ses comptes avec lui. La manière dont il prononce ces mots en dit long sur ce qu’il pense réellement, et même si une oreille extérieure pourrait peut-être s’y méprendre, Regulus y voit un signe de sympathie et de complicité à laquelle il ne s’attendait pas le moins du monde. A croire qu’il fallait les placer dans les situations les plus extrêmes pour que le naturel revienne au galop, et oui, les deux frères, dans une situation dangereuse autant pour l’un que pour l’autre, s’inquiètent l’un pour l’autre : ça fait partie d’eux, et même c’est plus fort qu’eux. Et c’est sans doute pas plus mal que ce trait se révèle dans des situations aussi chaotiques que celle-ci, car s’ils veulent s’en sortir, ils ont plutôt intérêt à unir leurs forces et à ne pas se tirer dans les pattes.

Malheureusement, qu’ils veuillent s’entraider ou non, l’ennemi est particulièrement féroce, et Regulus n’a rien le temps de faire avant qu’un sortilège ne le heurte de plein fouet. Le sort n’est pas mortel, en revanche, Regulus est sonné, il tente en vain de se relever plusieurs fois, constatant que du sang a coulé le long de son flanc. Malheureusement inefficace à quoi que ce soit, il doit laisser Sirius se débrouiller seul face à leurs assaillants. Il sent son frère le traîner à l’abri, mais c’est à peine s’il réalise vraiment ce qui est en train de se passer. Regulus reprend sa respiration, tente de se concentrer pour garder prise avec le moment présent. Il sait qu’il ne doit surtout rien lâcher. Heureusement, grâce au soin prodigué par Sirius, sa plaie se referme et même s’il est loin de se sentir d’attaque, il sait qu’il tiendra bon, ne serait-ce que parce qu’entendre son frère s’inquiéter pour lui est peut-être au fond le meilleur remède à ses doutes et à ses inquiétudes qui puisse être.

« C’est bon, je suis pas à l’article de la mort », tente de le rassurer Regulus d’une voix plus faible qu’il ne l’avait souhaité. Ceci dit, ça reste la vérité : non, il n’est pas à l’article de la mort, et il est prêt à mener ce combat avec son frère. « Et tu d… »

Il n’a pas le temps de finir sa phrase, des bruits de pas se font entendre à l’intérieur, les mangemorts sont entrés dans la pièce. Au moins, maintenant, ils verront leurs ennemis en face et auront l’occasion de les combattre autrement qu’à l’aveugle. Regulus ne prononce plus un mot, il se contente de serrer plus fermement sa baguette en adressant à son frère un regard entendu, qui se veut volontaire. A son signal, il se tiendra prêt à attaquer, peu importe son état. S’ils se fient au mouvement qu’ils perçoivent, ils doivent être deux, trois à tout casser. Ils peuvent avoir le dessus.

Another waste of time ?

feat. Sirius

Ils n’ont plus le choix que d’attaquer s’ils veulent avoir un semblant d’avantage. Leur cachette ne pouvait pas les protéger un temps indéfini, à l’évidence, et il est à présent temps de faire face à leurs ennemis. C’est là une idée qui angoisse profondément Regulus, pas seulement parce qu’il a peur pour sa vie ou celle de son frère, quand bien même c’est évidemment le cas, mais parce qu’il ne sait pas face à qui il pourrait bien se retrouver, et c’est assez naturellement qu’il redoute de se retrouver face à de vieux « amis ».

Le camp qu’il a choisi est très clair. Peu importe la brûlure que pourra lui faire ressentir la marque des ténèbres à son avant-bras, pour rien au monde il ne rejoindra de nouveau les rangs du seigneur des ténèbres, ce n’est pas pour autant que se retrouver nez à nez avec d’anciens frères d’armes le réjouit plus que cela. Mais il décide d’y penser le moins possible. Il n’a qu’à tourner un regard vers son frère pour savoir ce qui importe réellement… Il ne parviendra peut-être jamais à recoller les morceaux brisés entre eux en dépit de ce qui s’esquisse en cet instant, et qui ressemblerait presque aux prémices d’une réconciliation simple et nette, mais ce qui est certain, c’est qu’il ne laissera rien lui arriver, et encore moins par sa faute.

Et c’est cette pensée, cette détermination, qui parvient à l’encourager à attaquer directement à la suite de Sirius quand ce dernier envoie un Petrificus Totalus à un des mangemorts. Le sortilège fait effet immédiatement, mais il en reste encore plusieurs. Il attaque avec un « Stupéfix » qui, dans un premier temps, manque sa cible, mais enchaîne rapidement avec un second, qui cette fois atteint sa cible, qui s’effondre juste à côté du premier mangemort tombé au sol.

L’air de rien, il semblerait qu’ils ne forment pas une si mauvaise équipe à eux deux, Regulus doit bien le constater. Ceci dit, oui, un sort plus radical ne serait pas de refus, mais en l’absence de Lily, ils sont bien en mal de réclamer son aide, et donc, il va leur falloir s’engager dans un combat acharné, en espérant ne pas s’en tirer trop mal. A découvert, ils découvrent deux mangemorts face à eux.

« Deux contre deux, au moins c’est équitable », observe Regulus dans une vaine tentative de se donner confiance.

Regulus adresse un regard entendu avant d’attaque l’un des deux mangemorts, laissant à son frère le soin de s’occuper de l’autre, sans pouvoir vraiment juger de leur puissance respective et du danger qu’ils représentent. En tout cas, Regulus doit prendre conscience d’une chose, et c’est que le mangemort qui lui fait face est particulièrement coriace. Alors qu’il enchaîne les attaque, son adversaire les pare avec une facilité déconcertante, et ses sortilèges, au mieux, l’effleurent et l’étourdissent, mais sans jamais parvenir à obtenir le résultat escompté. Il espère que Sirius, de son côté, s’en tire mieux que lui : ce n’est sans doute pas difficile.

Another waste of time ?

feat. Sirius

Regulus, pour ce qui est du combat, est un peu rouillé, il doit le reconnaître, par ailleurs, il n’a jamais été un si bon duelliste que cela. Dans l’urgence, il avait appris à agir et acquis de bons réflexes, mais il avait eu tendance à mener les attaques qui lui étaient ordonnées de manière discrète et insidieuse, il ne laissait que rarement à ses ennemis l’occasion de riposter, et quand c’était le cas, c’était toujours de manière accidentelle. Et trois ans s’étaient écoulées depuis qu’il avait très officiellement quitté les rangs des mangemorts – les pieds devant, parce qu’il n’existe, en réalité, aucune autre manière de faire si ce n’est la plus radicale. Peu importe le côté de la barrière, il n’aurait pas voulu devoir combattre de nouveau, mais il n’a pas le choix, et s’il le fait avec autant d’énergie, c’est définitivement parce que Sirius est à ses côtés.

Sans sa présence, peut-être que Regulus aurait déjà baissé les bras. Pas seulement parce qu’il aurait été dépassé par le surnombre de ses adversaires, même si c’est assez évident, mais parce qu’il lui fallait la présence de son aîné, ce rappel, bien vivant, bien présent, qu’il avait autant de raisons de vivre que de se battre pour comprendre que le jeu en valait la chandelle. Et au final, quand ils cessent de s’opposer l’un à l’autre mais agissent l’un avec l’autre, ils sont capables de se montrer diablement efficaces, en fin de compte.

Le combat gagne en intensité, et le mobilier de Jo n’est définitivement pas épargné. Regulus est trop concentré sur le combat pour songer que l’armoire derrière lui, qui vient littéralement de voler en éclats, est certainement irréparable à ce stade, en tout cas certainement pas à l’aide d’un simple « reparo ». Pour s’excuser auprès de Jo pour les dommages faits à son appartement, il faut déjà qu’il soit encore vivant au terme de ce combat… Et la pensée de Jo est une raison supplémentaire de vouloir rester en vie, par-dessus tout. De toute son existence, il n’a jamais eu autant de raisons de vouloir rester vivant… Et il ne laissera pas ces mangemorts s’en prendre à lui et à son frère, et encore moins l’emporter. L’enjeu, quoi qu’il en soit, est beaucoup trop important.

Concentré sur son adversaire, qui pare aisément nombre de ses attaques, il parvient finalement à blesser ce dernier au bras qui tenait sa baguette, faisant choir cette dernière au sol, que Regulus récupère à l’aide d’un « accio »… mais dans le même temps, l’attention de Regulus se retrouve détourné quand Sirius se retrouve propulsé à l’autre bout de l’appartement, dans la cuisine. Regulus est tenté d’aller le retrouvé, mais il n’en a pas le temps. Son adversaire, désarmé, s’est précipité dans sa direction pour fondre dans sa direction. Regulus a juste le temps de réagir et de lui envoyer un « Petrificus Totalus » avant qu’il ne le fasse tomber au sol. Le corps du mangemort, raide comme un piquet, pèse lourd au-dessus de lui, Regulus le rejette d’un geste brusque et se redresse pour observer l’ennemi plus attentivement. Il a la tentation de soulever son masque, mais l’anxiété l’empêche de mener son geste à terme. A la place, il utilise un maléfice d’entrave pour ligoter son adversaire, juste au cas où, avant de se précipiter dans la cuisine pour prêter main forte à son frère si besoin.

Another waste of time ?

feat. Sirius

Au fond, Regulus aurait dû se douter que son frère n’aurait absolument pas besoin de lui (plus il y pense, plus il songe que ça a surtout été l’inverse, ce qui avait rendu son départ de la demeure des Black si difficile à vivre pour lui), et qu’il saurait brillamment faire face à son adversaire quoi qu’il en soit. C’est effectivement le cas. Quand Regulus retrouve Sirius, ce dernier immobilise pour de bon son ennemi… Si miraculeusement cela puisse-t-il paraître, ils y sont parvenus, ils ont vaincu leurs adversaires, et un calme étrange règne à présent sur cette scène improbable. Si on lui avait annoncé par avance la nature de ce combat, Regulus n’aurait certainement pas parié sur leur victoire, et peut-être pas même sur leur survie. Pourtant, ils sont là, bien vivants. Mieux encore, s’ils sont amochés, ils en ressortent en un seul morceau, et leurs blessures, en soi superficielles, finiront bien par guérir.

Quand leurs regards se croisent, Regulus ne trouve pas quoi dire. Il voudrait lui demander s’il va bien, il voudrait lui dire qu’il a eu peur pour lui, il voudrait enfin dépasser cette putain de réserve qui le cloue au sol et l’empêche d’avouer à quel point, peu importe les événements, peu importe ce qui a pu se produire, il tient à lui. Même dans ses moments les plus sombres, où il était pleinement acquis à la cause du seigneur des ténèbres, jamais Regulus n’avait cessé d’aimer son frère, et ça en dépit de toutes les raisons qu’il convoquait afin de se convaincre qu’il devait uniquement le haïr, et qu’il ne méritait tout compte fait ni sa considération, ni son affection.

C’est finalement Sirius qui exprime le mieux ce que Regulus aurait sans doute était incapable de démontrer en dépit de toute sa volonté, alors qu’il se rapproche de lui et le serre contre lui. Au moment de sentir ses bras se refermer autour de lui, Regulus a cet étrange et prégnant sentiment qu’un poids immense lui a soudainement été délesté. Il lui faut quelques secondes pour lui rendre son étreinte, et pas davantage pour sentir les larmes lui monter aux yeux, aveu de faiblesse qu’il ne parvient ni à contrôler, ni à restreindre.

Et évidemment, quand Sirius reprend la parole, c’est encore plus difficile pour lui de contenir ses émotions. Il les a gardées sous clé si longtemps que pouvoir enfin les libérer, d’un coup d’un seul, le perturbe totalement. Regulus aurait pu adresser également les mêmes paroles à Sirius, mot pour mot. Lui aussi lui a manqué, et il s’en est voulu de ne pas avoir su saisir l’opportunité de l’avoir retrouvé pour renouer avec lui, enfin… Et bien sûr que lui aussi l’aime… et il n’a pas besoin de lui demander pardon… il n’aurait rien pu faire à l’époque.

« T’as fait ce que tu pouvais pour me protéger, j’étais juste pas… » Il pousse un soupir. « Oui bon, j’ai été con… je voulais… je sais pas, je pensais que je rendrais papa et maman fiers, et que tu finirais par te rendre compte que j’avait raison. Mais… » Il prend une grande inspiration, parce que cette confession, qui met un coup à sa fierté, est la plus dure à faire. « … c’est toi qui avais raison. Sur toute la ligne. » Ouais, celle-là, elle est dure à avouer. Mais c’est vrai. « Forcément, quand je m’en suis rendu compte, c’était trop tard. J’ai fait ce que je pouvais pour me racheter, mais… » Il pousse un soupir, choisit de ne pas finir sa phrase. « Tu m’as manqué aussi. Beaucoup. Et je t’aime aussi, même si t’es un vrai crétin la plupart du temps », ajoute-t-il pour se donner un minimum de contenance. « C’est moi qui suis désolé. » Il relève le regard pour constater la blessure à la tête de son frère. « Va falloir arranger ça. » Regulus s’empare de sa baguette et s’applique à prodiguer un sortilège de soins à son frère, du mieux qu’il le peut, la voix encore tremblante d’émotion. C’est seulement après s’être assuré que Sirius va mieux qu’il reprend la parole, jette un regard autour de lui. « C’est Jo qui va me tuer quand elle va voir l’état de la maison », fait-il en esquissant un léger rire peu convaincant, dans une vaine tentative de dédramatiser la situation.