Sa journée aurait pu être la plus banale possible. Il avait réussi à trouver une annonce lui proposant une colocation dans le campus, et la femme lui ayant fait la visite ne semblait réticente à l’idée de laisser un adulte absolument pas étudiant venir habiter ici. Probablement parce qu’il était censé être un adulte responsable et probablement aussi parce qu’elle se doutait donc qu’il pourrait assurer sans problème au niveau financier. Il avait donc visité l’appartement, n’ayant pas eu la possibilité de voir son futur colocataire, celui-ci étant en cours au moment. Mais le destin avait décidé de lui apporter quelque chose en plus aujourd’hui.
Il était sincèrement juste entrain d’apprécier la musique que passait l’établissement, jamais il n’aurait cru se retrouver devant la femme qui l’avait mis au monde. Car dans cette foule, Teddy avait aperçu une jeune femme avec des cheveux d’un magnifique violet. Il n’avait clairement vu que son dos, celle-ci ne lui faisant pas face, mais Teddy avait été intrigué. Il avait vu très peu de personnes avec des couleurs de cheveux non naturels, lui-même avait dû faire avec son châtain banal pendant 3 ans. Alors sans trop réfléchir, il s’approcha d’elle, tapotant sur son épaule. « Vous avez des cheveux d’enfers ! » Et puis la femme se retourna et le choc fut intense pour le jeune garçon. Il savait que sa mère était présente, c’est sa grand-mère qui lui avait dit. Mais il ne pensait pas la retrouver ici. Ses cheveux virèrent au violet en quelques secondes. « Oh… » Il était clairement entrain de trembler. Il jeta son verre sur le bar avant de prendre sa mère dans ses bras. Les larmes furent juste impossibles à stopper, il sanglotait, et ses cheveux avaient du mal à se décider entre le violet et le bleu foncé. Il était à la fois tellement content de rencontrer sa mère mais en même temps triste. C’était compliqué à expliquer. Il finit par se détacher de la jeune femme qui semblait surprise d’une telle expression d’affection. Teddy passa une main sous ses yeux, essayant d’essuyer ses larmes. « Je… pardon. Je dois avoir l’air d’un total détraqué. » Lui dit-il en se mettant doucement à rire.
« Comment j’explique… » Continua-t-il avant de soupirer. Il prit une grande inspiration avant de lâcher le bout. « Je suis Teddy… Ton fils… » La probabilité qu’elle ne le croie pas était immense. Après tout, la dernière fois qu’elle l’avait vu il n’avait qu’un mois, maintenant il avait la vingtaine dépassée. Et il y avait pire, peut-être que comme sa grand-mère elle pouvait ne pas se souvenir de lui. Andromeda ne semblait pas se souvenir que sa fille avait eu un fils. Peut-être que Nymphadora ne savait plus non plus qu’elle avait eu un enfant.
Est-ce que tu finiras par être capable de traîner Remus dans ce genre d’endroits ? Honnêtement, tu en doutes fort, en revanche, tu as bien envie d’essayer. Tu sais qu’il ne serait pas totalement à son aise, mais tu es aussi convaincue qu’il finirait par se sentir dans son élément, si tu es là pour l’aider un peu. Remus et toi avez beau avoir le même âge à présent, ton mari reste l’homme que tu as épousé, en conséquent bien plus mâture que toi et pas forcément du genre à vouloir s’exposer dans des circonstances bruyantes. Pas grave, toi, tu t’amuses très bien, tu as tes propres amies pour ce genre de sorties, et ce n’est pas forcément plus mal.
Aujourd’hui, tu t’es décidée pour une couleur violette bien flash et pimpante afin d’orner tes cheveux. Après leur avoir fait subir les pires supplices en te contraignant à les teindre à la main, tu as enfin récupéré ton don de métamorphomage. Tu aimerais aussi récupérer le reste de ta magie, sans laquelle, même après tout ce temps, tu te sens singulièrement démunie, mais tu es quand même déjà bien heureuse de ce premier progrès. Donc ce soir, c’est cheveux violets et musique à vous vriller les tympans. Un très bon programme, selon toi.
Quand tu sens qu’on te tapote l’épaule, tu te retournes vers l’inconnu, prête à envoyer balader un éventuel lourdaud qui s’imaginerait pouvoir faire ce qu’il veut avec toi, mais à la place, tu te retrouves face à un jeune homme qui complimente ta couleur de cheveux : premier bon point pour lui. Tu le dévisages un instant, tu constates qu’il te dévisage à son tour, et alors, il se passe quelque chose de vraiment très étrange. Tu es certaine de ne jamais avoir croisé ce garçon de ta vie, et pourtant, tu es certain de le connaître. Comment est-ce seulement possible ?
Les remerciements que tu voulais lui adresser se perdent dans le néant quand tu vois le jeune homme sangloter, tout en se précipitant dans tes bras. Ses cheveux… Tu es tellement déstabilisée qu’en vérité, tu ne te donnes même pas l’occasion de le prendre pour un détraqué, non… Tu sens juste qu’une information t’échappe, et tout devient clair, et si peu clair en même temps quand il t’explique.
"Teddy…", tu répètes, absolument décontenancée.
Comment est-ce possible ? Teddy, le Teddy que tu as passé ces trois dernières années à rechercher, que tu étais au désespoir de ne jamais retrouver, ce Teddy est… un jeune homme. Tu n’y croirais sans doute pas si tu n’avais pas déjà retrouvé tes parents et ton mari à des âges qui n’auraient pas dû être les leurs, de même que ton cousin, ou même Dumbledore, qui dans ton esprit aurait toujours dû être un vieux à la barbe de un mètre.
Tu t’arrêtes net et le monde cesse d’exister autour de toi, seul importe ton fils, sur les joues duquel tu déposes tes mains afin de le regarder plus en détails. Il pourrait te mener en bateau, mais tu n’y crois pas un seul instant… Quel serait l’intérêt ? Et puis, maintenant que tu sais… Tu comprends ce sentiment de familiarité. Ces traits communs que tu lui trouves avec Remus, mais aussi avec ton propre père. Et sans doute un peu avec toi également.
"Je t’ai tellement cherché…", dis-tu, les yeux embués de larmes. Tu déposes ton front contre le sien. "Mon fils…" Puis tu tentes de prendre un ton plus léger. "Tu dois en avoir, des choses à me dire, pas vrai ?"
Teddy était un parfait mélange de ses parents, il avait récupérer certaines facettes extraverties de sa mère mais en ayant le sens de responsabilité et la capacité à être calme de son paternel. Mais parfois tout pouvait se mélanger et faire réellement n'importe quoi. Et dans ces moments là c'était pratique qu'il soit un métamorphomage puisque ses émotions se lisaient littéralement sur sa tête. Comme en ce moment même. Retrouver sa mère ici n'était clairement pas prévu mais c'était réellement la meilleure chose qu'il puisse imaginer. Et pourtant il les avait imaginer ces retrouvailles avec ses parents. Il s'était mille et un scénarios sur la façon de les rencontrer pour la première fois. Le miroir du Rised, de la magie noire à base de projection dans le monde des morts si seulement c'était possible. Il avait beaucoup trop réfléchit à ça. Mais jamais il n'avait imaginé qu'il pourrait les revoir grâce à une lune rouge et un changement de monde.
Il devait avoir l'air si pathétique, là à pleurer devant sa mère qui ne comprenait pas encore ce qu'il se passait. Mais il se fichait clairement de ce que les gens pourraient penser de lui, la seule personne qui lui importait au moment présent, c'était sa mère. Nymphadora était même mieux que dans les rêves du jeune sorcier. Elle était juste parfaite à ses yeux, et pourtant elle arrivait là maintenant à surpasser la perfection. Bon il n'était clairement pas capable d'avoir une mauvaise impression de sa mère, il était un peu biaisé.
Si le flot de ses larmes avaient diminués, il repris de plus belle lorsque Nymphadora posa ses mains sur ses joues. Elle le croyait, ou du moins elle cherchait à s'en assurer. Teddy n'était désormais qu'une fontaine, s'accrochant aux poignets de sa mère comme si sa vie en dépendait. Et pourtant malgré l'émotion qui le submergeait il réussit à sortir une phrase d'imbécile en riant doucement. « J’imagine que tu me cherchais pas à cet âge » Il profita du contact avec sa mère, son front contre le sien. Elle était réellement là, devant lui. Il parvint à sortir quelques mots, son cerveau tentant de redémarrer. « Je… Beaucoup de choses, beaucoup de questions... » Il se détacha à contre cœur de sa mère, mais en prenant ses mains dans les siennes. Ses larmes s'étaient arrêtés mais on voyait clairement le trajet humide qu'elles avaient laissés. Mais ça n'empêcha pas un beau sourire d'illuminer son visage. « Mais avant… Maman, je t’aime. » Il déposa un baiser sur son front. « Je ne pourrais pas avoir un meilleur cadeau de la vie que de te retrouver… »
Tu fais doucement non de la tête. Tu ne vois désormais plus Teddy qu'à travers un épais voile de larmes. En effet, tu ne pensais pas le retrouver à cet âge, mais sans doute que tu aurais dû y penser. Tu songes à l'émotion que ça avait dû être pour ta propre mère de te retrouver sous cette apparence quand elle n'avait même pas le souvenir de ton entrée à Poudlard... C'est une émotion complexe... Tu es à la fois si heureuse de l'avoir retrouvé, et tout de même, tu dois l'avouer, un peu triste qu'il ne soit pas cet enfant que tu pourras serrer dans tes bras. Ton fils est là, devant toi, et te donne la confirmation définitive qu'il a grandi sans toi... et tu le retrouves à présent à un âge où il n'a peut-être plus vraiment besoin de toi, qui sait ? Mais qu'importe, tu seras là pour lui malgré tout. Et tu le ressens, ce puissant instinct maternel qui n'est définitivement pas qu'un mythe, tu seras présent à ses côtés, envers et contre tout.
"Tu es si beau. Tu ressembles tellement à ton père", tu reprends en évitant que ta voix tremble de trop, ce qui est un effort plus complexe que tu ne l'aurais cru, presque insurmontable en réalité.
Des choses à se dire, vous en avez l'un et l'autre plus qu'il n'est possible d'en compter, et des questions... Il en a, toi aussi... Tu veux tout savoir de sa vie, de tous les événements importants auxquels tu n'auras pas pu assister... Tu t'es battue pour lui offrir la plus belle des vies, et tu espères que ce sacrifice n'aura pas été vain, mais le constat de ce temps long qu'il aura passer sans pouvoir même cultiver aucun souvenir de toi te serre malgré tout le coeur.
"Je t'aime aussi, Teddy", tu réponds, le coeur serré et en même temps si heureuse de pouvoir entendre ces mots de sa part. "Je suis là pour toi... Je serai là pour toi, maintenant."
Tu veux lui faire comprendre que vous pourrez rattraper tout le temps nécessaire, en quelques paroles maladroites mais néanmoins très sincères.
"Est-ce que ça te dit qu'on sorte un peu ? On sera mieux pour parler."
Teddy n'imaginait même pas à quel point les gens pouvaient mal les regarder. Ils se mettait en scène sans le vouloir. Il pouvait presque entendre les remarques des gens, certains se demandant si quelque chose de grave leur était arrivé et d'autre crachant presque le fait que c'était pas un endroit pour pleurer. Mais est ce que le jeune Lupin s'en fichait totalement, oui. La seule chose qui lui importait à l'instant même c'était sa mère.
Il aimerait apaiser les tourments qui venaient perturber l'esprit de sa mère, il aimerait lui dire qu'il aurait toujours besoin d'elle. Parce que très sincèrement le jeune homme allait désormais s'appuyer énormément sur ses parents nouvellement retrouvés. Et si quiconque lui disait qu'il n'avait plus l'âge d'être entretenu, il utiliserait totalement la carte de l'orphelin. Sans la moindre hésitation ni le moindre regret.
Sa mère vint lui faire le plus beau compliment qu'on puisse lui faire, surtout venant d'elle. Savoir qu'il ressemblait à son paternel le remplissait toujours de joie. Harry lui avait souvent fait la remarque, de la même manière que Remus avait il y a des années fait la remarque de la ressemblance de l'élu avec ses parents. Mais de l'entendre de la part de Nymphadora, c'était un bien plus grand apport de bonheur pour le jeune sorcier. Il sourit derrière le voile de ses larmes. « Et pourtant, en ressemblant à papa j'ai hérité de toi. Regarde.» Il aurait pu prendre l'apparence de n'importe qui, mais il se contenta juste de changer la couleur de ses cheveux, les rendant le plus noir possible.
« Tu as toujours été là pour moi. Du moins c'est ce que je me disais.» S'il avait, comme tout adolescent digne de ce nom, eut des périodes rebelles où il avait l'impression que tout le monde lui tournait le dos, Teddy avait la plupart de temps considéré que ses parents l'observaient de là où ils étaient.
Le jeune homme acquiesça d'un mouvement de tête, attrapant la main de sa mère et lui créant un chemin à travers la foule pour sortir de l'établissement. A la seconde où l'air frais lui fouetta le visage, il pris une grande inspiration. Puis il tourna la tête vers la jeune femme. « J'ai vu mamie, mais elle ne se souvenait pas de moi donc ma question c'est... Quel est ton dernier souvenir avant... ici ?»
Ton sourire s'élargit et ton regard encore brillant de larmes pétille au moment de regarder ton fils - si grand, si différent, mais c'est bien ton fils, c'est définitivement ton fils - te faire la démonstration de ses compétences de métamorphomage en changeant la couleur de ses cheveux. C'est rien, trois fois rien, mais ça te fait du bien de savoir qu'il a hérité ça de toi, et tu réfléchis à tous les coups fourrés qu'il vous a peut-être fait, à Remus et toi, grâce à ses pouvoirs, comme tu t'amusais toi-même, enfant et adolescente, à changer d'apparence constamment, au grand agacement de ton père, qui pourtant possède le même don que toi. Tu veux croire qu'il a tout de même un peu hérité de ton caractère, mais par certains aspects, tu le ressens déjà.
Tu veux tout savoir et tout comprendre de lui, c'est plus fort que toi, c'est même d'une importance primordiale à tes yeux, comme une manière de te convaincre qu'il restera toujours un lien très fort entre vous, même si ton fils est grand, maintenant, que tu ne l'auras pas vu grandir et n'aura pas eu l'occasion de profiter de lui, d'être présente à ses côtés quand il en aurait eu besoin. Il n'a pas l'air de te le reprocher, mais toi, tu sais déjà que tu te le reprocheras éternellement malgré tout.
"C'est vrai...", tu réponds avec émotion. D'une manière ou d'une autre, t'as été présente pour ton fils. T'as trop sacrifié pour lui, pour son bonheur et son avenir, pour t'imaginer qu'il puisse en avoir été autrement. Alors que vous vous trouvez à l'extérieur, tu sens que les questions se bousculent en toi, mais c'est Teddy qui, le premier, rompt le silence. "Je me souviens de tout. De tout jusqu'à la fin." Ton estomac se serre à cette pensée. "Et je me souviens de tout ce qui te concerne, mon coeur." Tu laisses passer un temps de silence, hésitante comme tu l'es rarement. "Qu'est-ce qui s'est passé, après... ? Qui a pris soin de toi ?"
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