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[terminé] When the chips are down [Alana]

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Anonymous

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Lun 13 Déc - 17:52



When the chips are down



feat. Alana



Elle n’a jamais envisagé d’avoir des enfants, comment imaginer donner la vie dans un monde tel que celui où elle vivait ? Comment oser ne serait-ce que caresser le projet d’avoir une autre bouche à nourrir que la sienne quand la faim lui dévorait les entrailles constamment. Ce n’était pas une question de le vouloir ou non, il n’était question que d’être un tant soit peu sensé. Même sous le charme d’Orpheus, même en vivant à ses côtés, même en caressant l’espoir que sa chanson ramènerait le printemps de nouveau, elle ne pouvait se focaliser sur de tels espoirs. Alors, en définitive, elle n’a jamais été vraiment sûre d’avoir la fibre maternelle…

C’est en côtoyant la petite Lou au quotidien qu’elle s’est découvert une tendresse naturelle pour les enfants. Ce n’est pas pour autant qu’elle envisage d’en avoir elle-même (pour cela, il faudrait qu’elle se trouve dans des conditions qui le permettent, et c’est loin d’être le cas), mais elle sait tout du moins qu’elle trouverait sa vie un peu plus vide si elle ne pouvait pas profiter tous les jours des fantaisies de la petite Lou, dont elle envie plus que terriblement la douceur et l’innocence. De même qu’elle s’est aussi habituée à la présence régulière de Morgan, le petit que Sam garde régulièrement, et auquel elle s’est attaché presque autant qu’à la petite Lou. Elle se réjouit toujours des occasions qu’elle peut avoir de passer du temps en leur compagnie, leurs rires enfantins étouffent son sentiment de solitude, cette détresse qu’il lui arrive encore parfois de ressentir, pour ne plus éprouver qu’une sorte de plénitude qui n’est toujours que de courte durée, certes, mais si plaisante… un apaisement comme elle sait trop peu en ressentir.

Aussi, elle se réjouit de voir le petit Morgan sur le pas de sa porte tandis qu’elle leur ouvre la porte, à lui et à sa mère. Elle-même ne travaille pas aujourd’hui, elle aura donc tout le loisir de passer du temps avec ces deux petits rayons de soleil qui réchaufferaient n’importe quel cœur de glace.

« Bonjour Morgan, bonjour Alana. »


Elle leur laisse l’espace d’entrer et referme la porte derrière eux. Si elle n’en sait pas les raisons, elle sait en revanche qu’Alana fait toujours preuve de beaucoup de prudence quand il est question de son fils. Certains acteraient peut-être qu’elle se montre trop protectrice, Eurydice n’est pas de cet avis. Elle ne sait certes rien de ce qu’a pu être la vie d’Alana dans sa vie passée, mais elle sait en revanche que celle-ci doit forcément impacter notre comportement ici-bas, et que c’est là quelque chose d’absolument naturel.

« Sam est sorti faire une course, mais il ne devrait pas tarder, ça ne te dérange pas de l’attendre ? Je vais nous préparer du café. »
Avant de tourner son regard vers le petit Morgan. « Tu peux rejoindre Lou si tu veux, elle joue dans sa chambre. »


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Mar 14 Déc - 11:22


When the chips are down.

feat. Eurydice
La nécessité de faire garder Morgan ne s'était pas immédiatement imposée. Alana n'avait, dans un premier temps, pas décidé d'ouvrir son cabinet et s'était acharnée à comprendre son nouvel environnement et ses limites, tout en veillant sur Morgan sans se séparer de lui. Ce n'était qu'après un peu plus d'un an passé dans cette ville qu'elle s'était décidée à reprendre son emploi, ne serait-ce que pour tenter d'en apprendre davantage grâce aux récits de ses patients. Alors, la nécessité de trouver une personne de confiance pour garder son garçon s'était imposée.

Fort heureusement, elle avait rencontré Sam. Si elle avait d'abord été dubitative, c'était son comportement avec la petite Lou qui l'avait persuadée de lui confier son fils. Il savait se défendre, de plus, ce qui était un atout qui importait.

Et donc, elle s'apprêtait de nouveau à confier la garde de son fils à cet homme. Mais ce fut Eurydice qui lui ouvrit. Alana appréciait cette jeune femme. Elle savait peu de choses à son sujet, mais le regard d'Eurydice était en permanence voilé d'une forme de tristesse qui la rendait touchante.

Alana lui adressa un sourire.

- Bonjour Eurydice. Je peux l'attendre, oui. Et volontiers pour le café, merci.

Elle défit son écharpe et la tint avec son avant-bras, mais garda sa veste. Elle retint doucement Morgan qui s'apprêtait à rejoindre la petite Lou, et s'accroupit pour lui permettre d'embrasser sa joue. Elle lui souffla de se tenir sage et de bien s'amuser avant de le laisser finalement quitter la pièce.

Elle se redressa alors et focalisa son attention sur Eurydice.

- Comment vont tes fleurs ? plaisanta-t-elle sur le ton de la conversation.

Lui demander comment elle allait, elle, aurait été plus simple. Mais une déformation professionnelle lui soufflait toujours que, concernant Eurydice, son état d'esprit était constamment mélancolique. Elle lui épargnait donc d'avoir à lui mentir, tout en lui laissant la possibilité de se confier si elle le désirait.


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Mer 15 Déc - 20:54



When the chips are down



feat. Alana



Aussitôt le café demandé, Eurydice s’affaire à le préparer. Encore maintenant, elle peine à le préparer convenablement, elle a souvent la main trop lourde, oui trop légère… mais pour les quelques fois où elle en avait proposé à Alana, cette dernière ne s’en est jamais plainte, alors elle suppose que ça devrait lui convenir. Toute occuper à lancer la cafetière, elle observe avec une certaine tendresse la mère déposer un baiser sur la joue de son fils.

Ces gestes d’affection, d’attachement infini, qui n’attendent après aucune logique, parce qu’ils sont simplement naturels et plus forts que tout, ont toujours le don de la bouleverser plus qu’il ne le faudrait sans doute. En dépit de l’équilibre qu’elle a trouvé ici, des quelques amitiés qu’elle a construite, du soutien qu’elle a trouvé auprès de Sam et de Lou, Eurydice se sent seule, elle se sentira sans doute toujours seule sans Orpheus à ses côtés, et la complétude que d’autres savent trouver entre eux lui rappellent toujours, constamment, à quel point elle-même se sent incomplète.

La question qu’Alana lui pose alors pourrait presque paraître intrigante, singulière, mais Eurydice ne l’entend pas comme telle, davantage comme une invitation douce et subtile à parler ou à se taire, sans jamais rien forcer. Parler d’elle-même est toujours compliqué pour Eurydice. Elle y parvient un peu avec Sam, elle y parvient parfois avec Alana, mais dans l’ensemble elle demeure très secrète. Elle n’aime pas évoquer son passé… ou ce dont elle réussit du moins à se souvenirs.

Certaines bribes de mémoires sont floues, d’autres si brumeuses qu’elles se nimbent d’irréel, si bien qu’elle ignore en quoi elle peut croire ou non. Certaines choses sont oubliées, d’autres veulent oubliées. Quand Alana lui demande comment se portent ses fleurs, elle sait que ce qu’elle lui demande, en creux, c’est comment elle se porte, elle, et elle ne sait trop comment répondre. Parce qu’elle ne va pas plus mal, elle ne va pas forcément mieux. Comme en latence, constamment, prisonnière d’une mélancolie si grande que rien ne semble susceptible de l’en guérir.

« Les tulipes et les jacinthes me manquent »,
répond-elle avec une certaine douceur dans la voix, le regard teinté d’une tristesse qui ne s’explique pas vraiment si l’on ignore à quel point elle redoute par-dessus tout de ne jamais voir revenir le printemps. Elle sait pourtant qu’ici, rien n’est comme d’où elle vient, mais cette inquiétude lui étreindra toujours le cœur, ou du moins pendant longtemps. Aussi longtemps qu’il y aura des hivers un peu trop froids, et des étés un peu trop brûlants. « Mais elles reviendront », ajouta-t-elle avec un fin sourire avant de constater que le café est prêt et de leur en remplir de tasse. « Tout se passe bien pour vous ? Morgan doit être impatient de fêter Noël, n’est-ce pas ? » suggère-t-elle avant de porter sa tasse à ses lèvres et de manquer se brûler celles-ci.


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Jeu 16 Déc - 16:51


When the chips are down.

feat. Eurydice
Elle attendit patiemment que le café se prépare, et en profita pour engager la conversation. La réponse offerte par Eurydice l'intrigua. La jeune femme était bien mystérieuse concernant son passé. Ce qu'elle ne pouvait guère lui reprocher, elle-même n'étant pas particulièrement portée sur le plaisir de partager son histoire. Certains événements valaient d'être enterrés dans les méandres du passé et des souvenirs vagues.

Alana devinait que sous cette réponse se cachait un sens plus large. Au-delà des fleurs évoquées, c'était autre chose qui peinait Eurydice. Mais Alana n'avait pas accès aux éléments qu'il fallait pour comprendre le second sens de cette réponse. Elle ne pouvait donc que lui offrir sa compassion et son écoute, ce qu'elle fit en lui adressant un léger sourire. Ce qu'elle devinait de sa personnalité, en revanche, continuait de l'intriguer et elle l'exprima en l'interrogeant :

- Tu n'apprécies pas l'hiver, je me trompe ?

C'était plus fort qu'elle. C'était un besoin presque naturel, chez elle, que celui de vouloir comprendre ceux avec qui elle interagissait. Et, dans certains cas, de les aider. Même si c'était là une mauvaise habitude qu'elle s'efforçait de maîtriser, ayant retenu les leçons de son passé. Elle n'accordait plus son implication qu'aux êtres suffisamment stables et humains pour ne pas se montrer abusifs. Mais avec Eurydice, elle estimait que le risque était faible et que, bien au contraire, la jeune femme devait précisément faire partie de ces rares personnes qui auraient véritablement besoin de soutien.

- Morgan ne me parle que de ça,  confirma-t-elle d'un air amusé. Et il a développé une fascination pour les guirlandes lumineuses qui m'affole un peu... Sa chambre en est remplie.

Elle souffla sur la surface du café et en prit une gorgée. Elle était toujours reconnaissante de pouvoir apprécier cette boisson en début de matinée. Peu importait la puissance du café, elle y puisait toujours un réconfort et une énergie qui n'étaient pas de refus pour affronter la monotonie des journées passées en cette ville.

- Tu as pu profiter du marché de Noël et des activités mises en place par la ville ?

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Ven 17 Déc - 20:56



When the chips are down



feat. Alana



Eurydice affiche un sourire amer en guise de réponse quand Alana suggère, à juste titre, qu’elle n’apprécie pas l’hiver. C’est un doux euphémisme. Quoique les hivers ici soient bien plus supportables qu’ils ne l’étaient d’où il vient. Ici, elle a la chance d’avoir un endroit chaud où se réfugier quand le froid se fait trop mordant, et toujours l’occasion de profiter d’un bon repas chaud. Ici, les hivers ne sont pas éprouvants, ils peuvent même être agréables, quand on a l’occasion de savourer un bon feu de cheminée et un bon plaid, quand on peut regarder la neige tomber à travers une épaisse baie vitrée. Mais l’angoisse de ne plus jamais retrouver le printemps demeure malgré tout, parfaitement irrationnelle, oui, mais elle n’y coupe pas, et elle lui revient de façon cyclique. C’est une période qu’elle est toujours soulagée de pouvoir dépasser enfin.

Mais peut-elle vraiment parler de tout ça avec Alana ? Elle le pourrait probablement, mais elle n’est pas certaine qu’elle comprendrait vraiment. Même si elle accordait à son histoire le crédit nécessaire, et la tiendrait pour vraie sans la remettre en question, cela n’ôte pas grand-chose au fait que si on a pas vraiment connu le froid mordant, la chaleur étouffante, et la fin terrible, épouvantable, qui vous dévore les entrailles, il est impossible de comprendre ce par quoi elle est passée, et pourquoi elle conserve cette phobie, autant de l’hiver que de l’été, qui ne cesse de l’empoisonner.

Plutôt que d’en dire plus long, elle préfère se concentrer, donc, sur le petit Morgan. Lui doit se réjouir de cette période de l’année. Eurydice sourit en songeant à la chambre de Morgan, décorée de guirlandes lumineuses. L’innocence de Morgan, tout comme celle de Lou, ont toujours été rafraichissantes à Eurydice. Le bonheur simple qu’ils éprouvent à être dans l’instant quand elle-même a toujours le cœur à un passé certes douloureux, mais dont au moins Orpheus faisait partie, et à un avenir trop incertain pour ne pas être angoissant. Le moment présent ne représente pas grand-chose pour elle.

« Non, je n’y suis pas allée. Je ne suis pas vraiment habituée à ce genre de choses, je ne saurais pas vraiment quoi en faire »
, remarqua-t-elle.

Elle n’a pas grand-chose à fêter, ni grand-monde avec qui le fêter. Bien sûr, Sam l’a accueillie comme un membre de sa famille, et elle apprécie toujours de réveillonner en sa compagnie et en celle de Lou, mais ce genre de traditions la dépassent tout de même.

« Ça vaut le coup ? Tu y es allée ? »
Elle marqua une pause. « Qu’est-ce que vous allez faire, Morgan et toi, pour les fêtes, d’ailleurs ? »

Se focaliser sur Alana et sur Morgan, sur leurs vies plutôt que sur la sienne, ça lui semble être un refuge des plus confortables, à vrai dire, dont elle a le plus grand besoin.


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Dim 19 Déc - 15:35


When the chips are down.

feat. Eurydice
Les réactions d'Eurydice intriguaient, bien malgré elle, Alana. Cette dernière développait naturellement une forme de curiosité et de bienveillance à l'égard des âmes perdues et Eurydice semblait tout particulièrement entrer dans cette catégorie de personnes. Elle n'insista cependant pas, comprenant que le sujet de l'hiver semblait être trop délicat pour elle.

Le fait qu'elle ne soit pas habituée à ces célébrations pouvait laisser penser bien des choses, en vérité. Elle n'avait peut-être jamais eu l'occasion d'apprécier les fêtes de Noël parce qu'elle n'avait pas de famille ou de proches pour le faire. Ou, alors, elle n'avait pas connu ces traditions dans son ancienne vie. Par curiosité, Alana décida de l'interroger sur cette dernière supposition :

- On ne fêtait pas Noël, là où tu te trouvais avant ?

Sa curiosité, cette fois-ci, était destinée à en apprendre davantage au sujet du contexte d'où venait Eurydice avant d'arriver dans cette ville. Pour mieux comprendre sa personnalité et ses habitudes.

- J'y suis allée, oui, confirma-t-elle.  

Elle eut un sourire attendri en songeant à la manière dont elle avait croisé Margot. Elle repensa au baiser qu'elles avaient partagé, et une vague de nostalgie saisit son corps. Une forme de mélancolie voila son regard et estompa quelque peu l'éclat de son sourire, mais elle continua de répondre aux questions d'Eurydice avec le plus de douceur possible :

- C'est très joli, et chaque personne que j'y ai croisé semblait s'amuser. Bien sûr, Morgan est encore trop jeune pour que nous y restions trop longtemps mais... Il a bien profité de certaines des animations proposées.

Encore une fois, le visage de Margot s'imposa à son esprit. Elle eut un battement de cils destiné à lui permettre de se concentrer de nouveau sur son interlocutrice et sur leur conversation.

- Je ne suis pas encore sûre du programme précis mais je crois que nous fêterons ça tranquillement, chez moi.

Dans ses rêveries diurnes, elle s'imaginait accueillir Margot pour le réveillon de Noël après qu'elle se soit finalement libérée de l'emprise de Mason, pour de bon cette fois-ci. Mais elle ne poussait pas le vice jusqu'à considérer sérieusement la chose, même si une part d'elle espérait pouvoir aider Margot le plus rapidement possible.  

- J'imagine que Morgan voudra se coucher tôt pour découvrir ses cadeaux au plus tôt le lendemain matin, supposa-t-elle avec humour.

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Mer 22 Déc - 21:31



When the chips are down



feat. Alana



Eurydice fait doucement non de la tête quand Alana lui demande si on fêtait Noël d’où elle vient. D’où elle vient, on ne fêtait pas grand-chose, il faut dire, parce que personne n’avait vraiment le cœur à la fête, en fin de compte. On aurait sans doute organisé les plus belles festivités en l’honneur de la fin de l’hiver ou du retour du printemps, mais rien de tel n’arrivait jamais. Son cœur n’avait été à la fête qu’au moment de son mariage avec Orpheus, c’est tout. Ça ne lui a pas manqué pour autant, on ne peut pas vraiment pas manquer de quelque chose que l’on n’a pas connu, n’est-ce pas ? Mais elle se dit parfois que la rudesse des hivers aurait été peut-être plus supportable avec quelques vagues guirlandes et un sapin décoré de rouge et d’or. Mais qu’importe. Ici, la vie est différente, et elle s’y fait, progressivement. Il reste néanmoins des zones d’ombre, qui n’appartiennent qu’à elle, qui appellent la mélancolie et la morosité, au fond malgré elle.

Plutôt que de s’épancher sur la question comme elle s’épanche rarement sur elle-même dans tous les cas, elle préfère parler de la manière qu’Alana a, elle, d’appréhender les fêtes… Pas seulement Alana, bien sûr, mais le petit Morgan qui, après tout, est à l’évidence le public cible de telles festivités.

« J’irai peut-être y faire un tour »
, dit-elle un peu sobrement, peut-être trop pour être convaincante.

Pourtant, ce n’est pas exactement un mensonge, c’est surtout qu’elle n’en sait trop rien. Elle ne sait pas ce qu’elle irait chercher là-bas. Ça doit être plus simple quand on a une responsabilité, un but, un petit être sur lequel veiller, ce genre de choses. Pour sa part, elle ne saurait trop qu’en dire, en vérité. De même pour les fêtes en elle-même. Elle suppose que cette année comme les précédentes, Sam et Lou seront ravis de l’accueillir à leur table, et elle sera heureuse d’être parmi eux, mais elle n’aura pas le sentiment pour autant d’être complètement à sa place, en dépit de toute la patience et de toute la gentillesse dont ils font toujours preuve envers elle.

« Oh, ça me fait penser, j’aimerais lui offrir un petit quelque chose, cette année, vous auriez une idée ? Leurs goûts changent si vite, à cet âge ! »


Et elle ne voudrait pas être totalement à côté de la plaque non plus et par conséquent commettre elle ne sait quelle erreur qui ferait perdre à Morgan son charmant sourire et son enthousiasme. Elle, comme chaque année, ne demandera rien et recevra quand même. Elle sait qu’elle a beaucoup de chance, et qu’elle devrait parfois apprécier mieux cette chance qu’elle ne le fait réellement.


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Lun 27 Déc - 13:19


When the chips are down.

feat. Eurydice
La réponse de la jeune femme fit sourire Alana. Sa sobriété en disait long sur son état d'esprit et sur l'incertitude qu'elle avait à ce sujet, mais Alana n'insista pas davantage. Si elle savait parfaitement lire entre les lignes et repérer ce que ses interlocuteurs voulaient taire, elle savait également se faire discrète en-dehors de son travail. Toute personne avec qui elle interagissait n'était pas intéressée par une analyse constante. A vrai dire, la majorité des personnes qu'elle rencontrait redoutaient un potentiel diagnostique. Eurydice était une personne secrète, tout comme elle-même l'était devenu, par la force des choses. Il lui fallait respecter cela.

Elle se tut donc au sujet du marché de Noël, et eut un air attendri au moment pour la jeune femme de mentionner un cadeau qu'elle souhaitait faire à Morgan. C'était une belle relation, qu'avaient son interlocutrice et son fils. Il était rassurant, en tant que mère, de savoir que son garçon pouvait bénéficier de la présence simple et bienveillante de ces personnes.

- Rien ne t'y oblige, Eurydice. Mais c'est très gentil de ta part. Il t'apprécie beaucoup.

Alana marqua une pause pour s'accorder un temps de réflexion. Les goûts de Morgan étaient divers et variés, et avaient un peu trop tendance à changer au gré de son humeur et de ce qu'il entendait ou voyait autour de lui. Mais il y avait quelques constantes néanmoins.

- Il aime les chevaux. Je crois qu'il appréciera tout cadeau qui a un rapport plus ou moins direct avec eux.

Elle avait été très émue, la première fois que Morgan avait manifesté un tel intérêt. Il ressemblait tant à Margot, sur ces petits détails de la vie courante... Si tant de menaces ne pesaient pas sur lui, elle lui aurait volontiers payé des leçons d'équitation. Hélas, l'idée de le laisser entre les mains d'instructeurs qu'elle ne connaissait pas lui était insoutenable tant qu'elle n'était pas certaine que Mason serait incapable de s'en prendre à lui.

- Je suis sincèrement heureuse que tu sois là pour veiller sur lui également.


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Lun 3 Jan - 17:04



When the chips are down



feat. Alana



« Ça me fait plaisir, et moi aussi je l’apprécie beaucoup »,
répond Eurydice avec douceur quand Alana lui fait remarquer que rien ne l’oblige à offrir quoi que ce soit à Morgan.

Elle le sait, bien sûr, tout comme elle sait qu’Alana n’exigerait rien de tel de sa part. Mais c’est justement parce qu’elle n’exige rien qu’Eurydice se sent d’autant plus prompte à cela. La générosité est une vertu qu’elle doit complètement réapprendre ici. Orpheus donnait sans craindre de ne rien recevoir, elle n’était pas comme ça. Elle, elle prenait le peu qu’elle pouvait obtenir, elle y voyait une question de survie, ni plus ni moins. Alors, naturellement, offrir, partager, rendre un peu de ce que l’on donne, c’est quelque chose de progressif, mais une chose à laquelle elle prend goût. A présent que la faim ne lui tord plus le ventre, il est plus simple de se satisfaire d’un sourire, et de se dire que ce sourire suffira toujours.

« Les chevaux, d’accord, je note, je trouverai bien un petit quelque chose »
, ajoute-t-elle alors. L’avantage, c’est qu’avec ce genre de goût, il ne lui pose pas beaucoup de difficultés, il ne devrait pas être trop difficile de lui offrir quelque chose qui sera susceptible de lui plaire et qui rentre dans son bien maigre budget. « Je ne fais pas grand-chose, tu sais, je suis juste présente, c’est tout », ajoute-t-elle quand Alana lui dit être sincèrement heureuse qu’elle soit présente pour son fils.

Eurydice apprécie le compliment, mais elle n’est effectivement pas certaine de le mériter. C’est par défaut qu’elle se retrouve à être si présente pour lui, par défaut et au nom de cette sorte d’impulsion naturelle qu’elle se découvre quand elle est en compagnie de Morgan ou encore de Lou, capables de leur consacrer de longues heures de jeu et de conversation sans même s’en rendre compte. Elle cultive à leur adresse une affection toute naturelle, et qu’elle n’avait absolument pas anticipée. Elle voudrait être capable de veiller vraiment sur eux et de les protéger, mais elle ne pense pas en avoir ni la force ni le pouvoir (et n’a pas la moindre idée, par ailleurs, de ce que sont les menaces qui pèsent sur la vie du pauvre Morgan).

« Ne le prenez pas mal mais… j’ai le sentiment que vous vous inquiétez vraiment pour lui. Plus que n’importe quelle mère pour son enfant. »


Et son propos est sans doute déplacé, il n’empêche qu’elle le pense, tout en ayant bien conscience du fait que ce genre de choses ne se disent normalement pas. C’est seulement une chose qu’elle a observée, même si elle est tout à fait compréhensible, en réalité, car dans un monde comme celui-ci, auquel il est bien difficile de comprendre quoi que ce soit, ne pas céder à l’inquiétude ou à la paranoïa, surtout quand cela concerne la chair de votre chair, est très probablement une entreprise ce qu’il y a de plus impossible, en réalité.



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Mar 11 Jan - 21:42


When the chips are down.

feat. Eurydice
La relation qui s'était tissée entre Eurydice et Morgan était touchante, du point de vue d'Alana. Cette dernière était soulagée de savoir que son fils pouvait sociabiliser, que ce soit avec Lou, Sam ou Eurydice. C'était important, à son âge. Et elle savait qu'en Eurydice, le garçon voyait une sorte de figure fraternelle qui ne pouvait qu'être bénéfique pour son développement. Cette jeune femme était droite et bienveillante. Alana était donc ravie que Morgan l'ait choisie comme modèle, ne serait-ce que légèrement.

La psychiatre but une gorgée de son café pendant qu'Eurydice lui faisait remarquer, à raison, qu'elle se souciait particulièrement de la sécurité de Morgan. C'était finement observé.

- Je ne le prends pas mal, Eurydice. Tu as raison. Et il était temps que tu sois dans la confidence, toi aussi.

Elle ne comptait, naturellement, pas lui révéler l'étendue des drames qui avaient influé sur sa vie ainsi que sur celle de Margot, et qui mettaient désormais Morgan en danger. Mais puisqu'elle vivait sous le même toit que Sam, Eurydice était impliquée malgré elle. Et il aurait été injuste de ne pas l'avertir à ce sujet.

- Morgan a la malchance d'être né dans un contexte qui le désigne comme cible privilégiée pour certaines personnes. Or, tu penses bien qu'il m'est intolérable qu'il subisse le moindre mal. C'est pour cette raison que j'ai choisi de le confier à Sam quand je ne peux pas être présente. De grandes menaces pèsent sur ses épaules. Il n'en sait rien, bien sûr, et je tiens à ce que ça reste ainsi. Tout enfant devrait pouvoir conserver son insouciance.

Elle savait que ses propos pouvaient alerter son interlocutrice. Elle ne pensait pas qu'Eurydice avait un tempérament prompt à paniquer, mais elle avait néanmoins conscience que c'était une possibilité. Alana ne voulait pas risquer que ces brèves révélations entachent la bienveillance de la jeune femme à l'égard de Morgan, aussi elle planta son regard dans le sien et ajouta avec gravité :

- Je sais que c'est beaucoup t'en demander, mais je compte sur ta discrétion. Elle est capitale.

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Jeu 13 Jan - 19:51



When the chips are down



feat. Alana



Eurydice avait redouté de s’être montrée indiscrète. Elle a déjà pu constater que certaines observations ne méritaient pour autant pas d’être relevées, mais quand bien même elle avait été consciente de ce constat, elle avait parfois du mal à contenir sa curiosité pour autant, et ce encore moins quand il était question de personnes à qui elle tenait. Et en l’occurrence, Eurydice a une immense affection pour Morgan. Elle le voit grandir, évoluer, le considère un peu comme un petit frère, tout comme elle a tendance à considérer Lou comme une petite sœur. Alors, forcément, elle est bien en peine de contenir ses inquiétudes quand elle en a. Et elle est ravie, mais aussi honorée d’entendre Alana accepter de répondre à ces questions. Sans doute a-t-elle estimé qu’il était temps, et qu’elle lui avait bien assez prouvé qu’elle était digne de confiance. Et c’est une chose qu’Eurydice apprécie d’autant plus.

Alors, Alana lui apprend toute l’histoire. Enfin, pas toute l’histoire, mais suffisamment pour comprendre que l’inquiétude de la psychiatre concernant sa progéniture n’avait rien de déplacée : non, Alana avait de très bonnes raisons de vouloir protéger Morgan, envers et contre tout. Morgan, cible privilégiée de certains individus, sans doute assez dangereuses pour qu’elle veille à sa sécurité de manière constante, afin de préserver son insouciance. Si petit, et déjà un tel poids sur ses frêles épaules. Bien sûr, il n’est au courant de rien, et Eurydice est d’accord avec le fait qu’il vaut mieux que les choses demeurent ainsi. Malgré tout, elle ne peut s’empêcher de se sentir décontenancée, déstabilisée face à ce qu’elle apprend. Comment se peut-il que Morgan, cet enfant si adorable, si innocent, soit ainsi la cible de personnes si dangereuses.

« Je ne dirais rien, c’est promis »,
dit-elle en toute sincérité, et c’est bien une parole sur laquelle elle n’a aucune intention de revenir : oui, c’est ce qu’elle pense bel et bien. Non, elle ne dira rien. Elle ne voudrait certainement pas mettre Morgan dans une situation difficile. De même qu’elle ne le voudrait pas non plus pour la mère de ce dernier, au passage. « Mais je ne comprends pas comment Morgan peut ainsi être la cible d’individus si dangereux ! Ce n’est qu’un enfant ! Et parmi les plus adorables que je connaisse, qui plus est. »

Pas qu’elle soit très objective, ou qu’elle accepterait mieux la situation si Morgan était un enfant difficile ou dissipé. Elle ne comprend tout simplement pas. Et en même temps, elle devine que si Alana ne lu en a pas dit plus, c’est peut-être parce qu’elle ne peut pas ou ne veut pas lui en dire davantage.
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Dim 16 Jan - 17:00


When the chips are down.

feat. Eurydice
La psychiatre hocha la tête en signe de remerciement après qu'Eurydice lui ait confirmé qu'elle garderait le silence. C'était une promesse sur laquelle Alana comptait sérieusement. Elle passa sans doute un peu trop de temps à examiner du regard son interlocutrice, en quête du moindre signe de mensonge. Elle n'en trouva aucun. Elle se mit alors à respirer avec plus de liberté, satisfaite de savoir qu'elle pouvait croire en la parole de la jeune femme.

La suite de ses propos amusa, malgré elle, Alana qui esquissa un sourire. Son incompréhension était rafraichissante. Ses exclamations étaient justes, de surcroît. Oui, Morgan était un enfant adorable, à qui la moindre possibilité que son entourage ait de la peine lui donne les larmes aux yeux. C'était une situation profondément injuste. Profondément cruelle. Malheureusement, le poids des fautes des parents revenait souvent aux enfants. Ce n'était pas l'avenir qu'Alana avait souhaité pour son fils. Elle avait même tout fait pour l'en préserver. Mais il y avait des situations qu'elle ne pouvait pas contrôler, même en faisant preuve de la plus grande prudence possible. Même en anticipant les faits et geste de ses adversaires.

Alana observa son interlocutrice avec affection, et indulgence.

- Il n'a rien fait pour mériter un tel sort, confirma-t-elle doucement. Hélas, ce sont ses deux mères qui se sont fait des ennemis puissants. Et ces ennemis là n'auront aucun scrupule à s'en prendre directement à notre fils pour nous atteindre.

Par mesure de prudence, elle lui passa les détails sur le fait qu'il soit en plus de cela l'héritier d'une fortune colossale.

- Je me suis préparée, il y a de cela des années, à ce que l'on s'en prenne à ma personne. C'est inéluctable. Mais je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que Morgan soit préservé. Morgan, ainsi que sa mère, souffla-t-elle.

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Ven 21 Jan - 18:47



When the chips are down



feat. Alana



Eurydice n’a pas besoin d’entendre la réponse d’Alana pour le savoir : bien sûr que Morgan n’a absolument rien fait pour mériter un sort tel que le sien. Bien sûr que cet enfant est innocent et ne mérite que ce qu’il y a de meilleur. Même l’enfant le plus compliqué et le plus turbulent ne mériterait pas, d’ailleurs que de telles menaces reposent sur leurs frêles épaules. Dans tous les cas, c’est forcément, positivement, résolument injuste. Mais la justice n’est pas vraiment une règle d’or, ni dans ce monde ni dans aucun autre, si Eurydice doit se fier à sa propre expérience et à toutes les autres expériences que d’autres habitants de cette île ont bien voulu partager avec elle.

Eurydice écoute son interlocutrice attentivement, partagée entre la crainte et l’indignation… Entendre que les ennemis qui menaçaient la vie d’Alana n’auraient aucun scrupule à s’en prendre à son enfant, c’est si… injuste… Certes, dans tous les cas, cette situation ne peut être que terrible, absolument insupportable mais là… ça dépasse l’entendement. Que l’on puisse faire montre d’une atrocité telle que l’on oublie d’avoir des scrupules au sujet d’un être innocent… qui donc pouvait posséder si peu d’humanité ? En vérité, Eurydice a quelques exemples à l’esprit, ceci dit, elle veut croire qu’Hadès lui-même ne serait tout bonnement incapable. Des circonstances telles que celle-ci demandent un degré de monstruosité qu’Eurydice a la faiblesse de croire qu’ils ne devraient être imputés à aucun être humain. Cependant, la situation est ce qu’elle est, et Eurydice croit Alana sur parole. Pour la peine, elle éprouve une sincère compassion à son égard : vivre dans cette peur constante, sous la menace, avec une épée de Damoclès si conséquente au-dessus de la tête, ça doit être tout bonnement insupportable.

« Je ne comprends pas davantage pourquoi l’on voudrait s’en prendre à vous »
, remarque doucement Eurydice.

Alana le présente comme quelque chose d’inéluctable, mais Eurydice a du mal à comprendre comment, ni pourquoi. Rien d’aussi grave ne devrait être inéluctable. Mais à nouveau, ce n’est pas forcément son expérience qui lui a prouvé une telle chose.

« Vous avez retrouvé votre épouse ? »
demande-t-elle ensuite.

Le « sa mère » n’avait pas échappé à Eurydice. Elle a déjà, évasivement, entendu Alana ou même Morgan parler de cette autre mère absente du tableau, mais c’est la première fois qu’elle en entend parler comme une actrice bien présente dans la situation actuelle. Elle est intriguée et en même temps inquiète. C’est une nouvelle dont elle ne peut pas tout à fait se réjouir, loin de là.


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Lun 31 Jan - 13:48


When the chips are down.

feat. Eurydice
La remarque d'Eurydice fit sourire Alana. Cette dernière comprenait très bien pourquoi l'on pouvait choisir de s'en prendre à elle. Elle n'était pas dupe. Et elle n'était pas innocente, elle en avait pertinemment conscience. Ses choix avaient des conséquences, et ces conséquences prenaient la forme de monstres humains à la violence rarement égalée. C'était le prix à payer pour avoir choisi la bravoure, pour avoir choisi la vengeance, par le passé.

- Pour être honnête, avec les métiers que j'exerçais avant, ce n'est pas si étonnant. J'ai fréquenté des tueurs en série, j'ai parfois même participé à leur arrestation et j'ai posé des diagnostiques qui les ont condamnés à l'enfermement. J'ai toujours connu les risques.

Mais avant, les risques importaient peu car ils la concernaient elle, et uniquement elle. Ce qui était intolérable pour elle, à présent, c'était la menace constante qui pesait sur Morgan et sur Margot. Pour eux, pour leur sécurité, elle était prête à envisager tous les extrêmes et tous les vices. Y compris le mensonge. Y compris la trahison. Et le meurtre, lui, occupait constamment ses pensées. Après avoir assisté à tant d'horreurs, la morale d'Alana s'était résolue à accepter l'assassinat comme la solution la plus efficace à tous ses problèmes. Rien de mieux que d'éliminer directement le danger pour se retrouver en sûreté.

La mention de Margot avait été involontaire. Aussi, elle mit un certain temps avant de répondre à Eurydice, occupée à se remémorer la conversation. Quand elle comprit à quoi faisait allusion son interlocutrice, elle expira et lui expliqua posément :

- J'ai obtenu la confirmation qu'elle se trouvait sur cette île. Mais elle a perdu une partie de sa mémoire. Celle qui implique mon existence et celle de Morgan, entre autres. Elle ne se souvient donc pas de nous pour le moment.

Sa voix était plus triste, sur ces derniers mots. Le manque de sa famille, réunie et heureuse, était particulièrement douloureux ces derniers temps.

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Mer 2 Fév - 20:33



When the chips are down



feat. Alana



« Oh, vous ne faisiez pas les mêmes métiers, avant ? »


La question semble absurde à Eurydice à peine a-t-elle franchi le seuil de ses lèvres. Est-ce que ce n’est pas le cas d’un peu tout le monde ici ? Outre le fait que l’on suit rarement la même carrière tout au long de son existence, cet endroit exige de vous que vous vous adaptiez. Eurydice n’était pas fleuriste avant, après tout… et elle aurait bien eu du mal à l’être par ailleurs… Ceci dit, le métier qu’exerce Alana actuellement aurait d’ores et déjà pu lui mettre la puce à l’oreille, en réalité, car en tant que psychiatre, elle ne doit nécessairement pas côtoyer que des personnes équilibrées…

Enfin, de là à parler de tueurs en série… Mais apparemment, ça a été le cas, elle les diagnostiquait, elle les faisait enfermer, et donc certains pouvaient avoir l’intention de se venger. Cette information fait frissonner Eurydice : elle n’avait pas pensé à ça un seul instant, pas une seule seconde… pourtant, il fallait bien être un fou dangereux pour décider ainsi de s’en prendre à un enfant innocent tel que Morgan… Eurydice est horrifiée de ce qu’elle découvre, d’autant plus qu’elle songe aux répercussions sur Alana, sur Morgan, mais aussi sur Lou et sur Sam… Et si ce fou décidait de s’en prendre à Morgan et de s’attaquer à Sam ? D’accord, ce dernier a plus d’un tour dans son sac, il ne se laisserait définitivement pas avoir si facilement, mais est-ce pour autant qu’ils seraient véritablement en sécurité et tirés d’affaires ? Sans doute que non… Ce sont des accords qu’ils ont dû passer entre eux, et ça ne la regarde pas totalement, elle le sait bien. Pour autant, elle se sent impliquée, concernée, et face à cette découverte, elle se retrouve à ne savoir ni quoi dire, ni quoi faire. Tout ceci lui semble, définitivement, à mille lieues de tout ce qu’elle est capable de concevoir, et ça l’inquiète.

« Je suis navrée de l’apprendre »,
répond doucement Eurydice quand Alana lui apprend que oui, son épouse est bien sur cette île, mais que sa mémoire a en partie disparu, au point qu’elle ne se souvienne plus d’elle, ou de leur fils. « C’est horrible… de perdre le souvenir de ceux que l’on aime… », reprend-elle doucement, avec une sincère compassion, songeant à sa propre émotion quand à Hadestown, elle s’oubliait, oubliait Orpheus, oubliait tout. Simple enveloppe dénuée de mémoire. « Mais ça ne veut pas dire qu’elle vous a oubliée pour de bon, n’est-ce pas ? Je suis sûre qu’en vous voyant, en parlant avec vous, elle parviendra à recouvrer la mémoire. »

Mais qu’en sait-elle, en vérité ? Rien du tout… Elle l’espère seulement, et elle ne peut que cela : espérer.


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Jeu 10 Fév - 14:35


When the chips are down.

feat. Eurydice
La surprise d’Eurydice fit doucement sourire Alana.

- J’ai toujours été psychiatre, mais c’était un emploi qui s’accompagnait d’autres obligations et d’autres fonctions, explicita-t-elle patiemment en tentant d’être le plus clair possible, songeant qu’Eurydice ne devait pas connaître le même monde qu’elle. J’ai souvent été consultante pour le FBI, qui était le principal service fédéral de police judiciaire de mon pays. Et j’ai également été à la tête d’une institution psychiatrique. Disons que je n’ai pas choisi les spécialisations les plus sûres.

Elle s’inquiéta un instant de la possibilité d’avoir complètement fait paniquer Eurydice avec ses histoires de tueurs en série. Elle percevait le trouble de la jeune femme, mais songeait que ce trouble était rassurant, en vérité. Alana était tellement habituée à côtoyer des individus plus dangereux les uns que les autres que se retrouver en face d’une personne qui considère toujours que le meurtre était une aberration lui faisait le plus grand bien. Mais si elle-même était soulagée par les réactions d’Eurydice, elle se douta que cette dernière ne devait pas être rassurée quant à la situation. Mais le mal était fait, et tout ce que pouvait offrir Alana pour rassurer son interlocutrice, c’était son calme. Elle garda donc le silence, jusqu’à ce que la conversation dérive sur son épouse.

Elle nota silencieusement la manière dont Eurydice employait le présent pour affirmer que perdre le souvenir des êtres aimés était une chose horrible. Cet emploi du présent était particulièrement éloquent, et la psychiatre en elle voulut l’interroger à ce sujet. Mais par pudeur, et par respect pour le caractère secret d’Eurydice, elle ne posa pas la question qui lui brûlait les lèvres. La manière dont sa jeune interlocutrice tentait de la rassurer était touchante.

Alana hocha doucement la tête, songeant à Margot et à son regard triste.

- Je l’espère aussi, admit-elle enfin, étonnamment sincère pour une femme qui se gardait bien de trop s’exprimer au sujet de son épouse par crainte que cette dernière n’en subisse les frais.

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Dim 13 Fév - 9:54



When the chips are down



feat. Alana



Eurydice tente du mieux qu’elle le peut de raccorder les wagons : des organismes tels que le FBI n’étaient définitivement pas choses qu’elle avait connues d’où elle vient, et même si elle pense comprendre, dans l’ensemble, le concept et l’utilité de telles structures, tout ceci reste assez cryptique pour elle, de même qu’elle avait découvert, en vérité, le métier de psychiatre au moment de faire la connaissance d’Alana. Quand cette dernière lui apprend qu’elle avait été à la tête d’une institution psychiatrique en plus du reste, la jeune femme comprend sans mal, en effet, que tous les éléments ou presque avaient effectivement été rassemblés pour la mettre dans une situation dangereuse, une situation dont doit pâtir à présent le pauvre Morgan, qui n’a pourtant rien demandé à personne. Eurydice n’irait guère le reprocher à Alana, bien sûr, c’est ceux qui font directement le mal qui sont à blâmer, peu importe le prétexte, mais elle est dorénavant inquiète, autant pour les Bloom que pour Sam et Lou, qui pourraient être indirectement touchés par ces circonstances terribles.

Eurydice essaie tant bien que mal de ne pas s’angoisser plus que nécessaires. En trois années qu’ils sont ici, rien ne s’est passé, après tout, mais c’est tout de même terrible que d’être mis si frontalement face à cette réalité. Et surtout, Eurydice est convaincue de ne pas avoir le pouvoir d’y faire quoi que ce soit, et c’est une pensée qui lui déplaît plus que profondément, si consciente du fait qu’elle ne peut pas forcer le cours des choses dans un sens différent.

Aussi préfère-t-elle s’intéresser à l’épouse d’Alana, même si elle comprend très vite que le sujet n’est pas forcément beaucoup moins délicat. Mais y a-t-il, en fin de compte, un seul sujet qui ne le soit pas ? Eurydice commence à en sérieusement douter, elle doit bien le reconnaître. Eurydice essaie d’être positive, de suggérer que parler avec sa femme et la revoir aidera la fameuse Margot à récupérer ses bribes de souvenirs envolées, mais il semblerait, en réalité, que rien ne soit réellement si simple. La réponse, laconique, d’Alana, en dit bien assez long à ce sujet. Elle n’est sûre de rien, et à l’évidence, elle ne veut pas en dire beaucoup plus. Alors il serait de bon ton pour Eurydice de laisser couler et de ne pas insister davantage, n’est-ce pas ? Sans doute que oui, pourtant Eurydice ne peut s’empêcher d’insister malgré tout. La sincérité prend le dessus, et elle songe qu’Alana, quoi qu’il en soit, sera largement en mesure de l’arrêter si elle doit estimer qu’elle en demande trop, et qu’elle-même ne désire pas en savoir plus.

« Pauvre Morgan… Est-ce qu’il sait que son autre mère est ici ? »


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Sam 26 Fév - 20:15


When the chips are down.

feat. Eurydice
Deviner les pensées qui pouvaient traverser l’esprit d’Eurydice, en cet instant, était une tâche simple pour la psychiatre. Ce qu’elle venait de lui confier ne pouvait qu’être préoccupant pour son interlocutrice. Mais Alana n’aurait pas partagé autant de détails sur sa vie personnelle si elle n’était pas certaine que la jeune femme pouvait les encaisser. Et, même si elle repérait des micro-expressions et mouvements musculaires qui trahissaient l’inquiétude d’Eurydice, cette dernière sembla prendre le parti de se concentrer sur autre chose que ses angoisses légitimes au sujet de la sécurité de Sam, Lou et certainement de la sienne par extension.

La question consacrée à Morgan fit sourire Alana avec bienveillance. C’était noble de la part d’Eurydice que de se concentrer sur le garçon et ce qu’il savait de cette histoire. La brune scruta son visage en quête d’autres signes de nervosité ou d’hésitation.

- Non, il ne le sait pas. Pas encore. Mais ça viendra… Au moment opportun.

Il était hors de question de séparer son fils de son autre mère plus longtemps que nécessaire. Morgan et Margot avaient besoin l’un de l’autre, c’était une certitude. Le garçon avait besoin de la présence de ses deux mères et Margot et sa mémoire défaillante ne pouvaient que bénéficier du temps passé avec leur fils. L’amour familial qui les unissait tous les trois était réel, et c’était sur cet amour qu’Alana comptait se focaliser. Et les encourager à se focaliser également. Car les épreuves qui les attendaient étaient, elles aussi, réelles et extrêmement périlleuses. Tuer Mason de sang-froid, survivre à Hannibal… Ce ne serait pas de tout repos, mais c’était nécessaire.

Constatant que l’heure tournait et que la conversation prenait une tournure dangereuse, Alana termina son café en quelques gorgées avant de reporter son attention sur son interlocutrice.

- Je suis navrée, Eurydice. Je ne voulais pas t’inquiéter, encore moins de si bon matin. Tu peux être sûre que je déploie tous les moyens pour régler mes problèmes, et encore plus ceux qui touchent Morgan.

Elle jeta un coup d’oeil à sa montre, avant de soupirer.

- Je ferais mieux d’y aller avant de me mettre en retard.

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