Cela faisait quelques semaines maintenant que Gwendolyne avait repris sa place dans la société. Ses journées restaient très monotones, vide de sens même. Car elle ne se souvenait de rien. Elle ne savait même plus qui elle était. Et ça la tuait petit à petit. Les médecins lui avaient dit qu'elle pourrait retrouver la mémoire dans deux jours, trois ans ou jamais. Et ça terrifiait la jeune scientifique. Elle ne jurait que par les preuves, par la science. Et là, elle ne pouvait rien expliquer. Heureusement, la jeune femme avait obtenu de l'aide. Viviane. Une femme exceptionnelle d'après Gwendolyne. Une femme âgée d'une gentillesse incroyable qui avait accepté de l'héberger. De lui fournir le soutien dont elle avait désespérément besoin en ce moment. Et Gwendolyne essayait de tout faire pour lui rendre sa gentillesse.

Le petit-fils de Viviane était venu passer le week-end avec elles. Gwen appréciait sa compagnie, il semblait avoir à peu près son âge et ça lui faisait du bien de discuter avec quelqu'un de sa génération. Elle se disait, que peut-être ça pourrait lui faire revenir ses souvenirs. Malheureusement, voilà que le jeune homme appela sa grand-mère, lui demandant si elle pouvait venir à son travail pour lui ramener son sac qu'il avait oublié et dans lequel se trouvait les documents qu'il devait présenter aujourd'hui. C'est là qu'interviens Gwendolyne. Car Viviane lui demanda si elle pouvait lui rendre un service, elle avait rendez-vous avec l'une de ses amies et donc ne pouvait pas aider son petit-fils. C'est sans hésitation et avec joie que Gwendolyne accepta de faire cela à la place de sa bienfaitrice. Elle s'habilla et après une bonne marche se retrouvera devant le laboratoire. La jeune femme prends une grande inspiration puis entre. Parce qu'elle était attendu, elle obtint un badge lui permettant l'entrée dans les étages. Elle trouvera alors le petit-fils à son étage et lui laissera son sac. Mais alors qu'elle s'apprêtait à repartir, la main sur la poignée de porte menant aux escaliers, elle sentit quelque chose. Un lien qui la retenait de partir. Comme si sa vie en dépendait. Elle tourna alors la tête et son regard se posa instinctivement sur un grand brun se trouvant quelques mètres plus loin, son attention fixé sur ses travaux. Gwendolyne fronça les sourcils, elle relâcha la porte et s'avança de quelques pas pour mieux voir le jeune homme. Et avec un meilleur angle de vu, elle pu voir son visage.

Pas forcément la meilleure idée que de se rattraper à la première chose qui lui arriva sur la main. Car à la seconde même où son regard analysa le visage du brun, elle fut assaillis de souvenirs. Elle n'arrivait pas à tout comprendre, à tout assimiler. C'était tellement désemparant, qu'elle en eut des vertiges, d'où le fait qu'elle s'accroche à la première chose, à savoir une femme qui poussa un petit cri de surprise. Directement, le regard de Gwen se posa sur le jeune homme de ses souvenirs, elle voulait savoir s'il avait été attiré par ce léger chaos. Et oui. Leurs regards se croisèrent. Son cœur se mit à battre la chamade, et sans qu'elle ne demande quoi que ce soit, elle se vit avec lui, au sommet d'un pont. C'était lui, Peter, le seul lien qu'elle avait avec son ancienne vie. Un seul mot s'échappa alors de ses lèvres tandis qu'elle le fixait toujours. « Peter...»

Sa tête menaçait d’exploser, les choses qui lui revenaient en tête étaient bien trop douloureuses, et trop en désordre pour qu’elle comprenne quoi que ce soit. Par contre une chose semblait plus claire que le reste, la tour d’un clocher, elle se balançant dans le vide, retenu par une toile, sa vie tenant littéralement qu’à un fil. Peter au-dessus se battant contre quelqu’un qu’elle n’arrive pas encore à identifier. Puis tout explose, la toile se coupe et elle fait une chute libre. Est-ce qu’elle était morte ? Est-ce que sa vie s’était terminée ainsi ? Au vu de la réaction du jeune homme au loin, c’était probablement le cas. Il semblait avoir vu un fantôme. Gwendolyne relâcha la femme à laquelle elle s’était agrippée, s’excusant, mais ne prenant même pas le temps de la regarder, son regard était fixé sur le biochimiste à quelques mètres d’elle. Elle le regarde s’approcher d’elle. Il sait qui elle est, sinon il ne viendrait pas. Pas vrai ? Elle eut la confirmation lorsqu’elle l’entendit prononcer son prénom. Elle eut un nouveau flash, la bagarre entre Flash et Peter et le moment qu’elle a partagé avec Peter après. Elle se laisse aller contre le contact avec la main de Peter. Elle n’est pas sûre de tout comprendre, cependant elle parvient à formuler une réponse positive quant à se demande d’aller quelque part de pus calme. « Je… Oui. » Mais elle lui doit d’être honnête. « Je sais que tu es Peter. Mais tout est flou. » Elle baisse la tête. Elle se sent honteuse, elle serait incapable de résumer sa vie et pourtant elle ose dire certaines choses. « Tu m’as manqué aussi, je le sens, là. » Elle reposa son regard sur son visage, sa main se posant sur sa poitrine, au-dessus de son cœur.

Elle attrape la main de Peter et l’emmène à l’extérieur du bâtiment, elle trouve un café, qui vu l’heure, est clairement vide de clients. Parfait. Elle entraîne le jeune Parker à l’intérieur. Elle s’arrête au comptoir, pour commander. « Un café au lait s’il vous plait. » Puis elle va s’installer à une table, et elle repose sur son regard sur Peter. Elle laisse un soupire s’échappa de ses lèvres. « Je suis désolée, tu devais t’attendre à me retrouver moi, entière. Pas une version brisée et avec des pièces manquantes. »  Elle ne sait pas comment se faire pardonner du fait de ne pas se souvenir de leur histoire. « Tu étais la seule personne dont je me souvenais. » Elle attrape la main de Peter par-dessus la table, lui adressant un faible sourire. « C’est en te voyant que j’ai commencé à me souvenir. Mais je pense que… quoi vingt ans de vie c’est pas fait pour revenir d’un coup dans la mémoire de quelqu’un. »

Beaucoup de souvenirs étaient entrain de se battre dans la petite blonde de Gwen. C'était à qui faisait le plus de dégâts en revenant à l'esprit de l'ancienne scientifique. Une véritable guerre à laquelle Gwen devait survivre. Elle revoyait des choses, parfois des souvenirs d'une douceur incroyable et puis la seconde d'après elle se trouvait aux funérailles de son père. C'était épuisant. Mais Peter était là, sa raison de vivre. Elle avait cependant peur qu'il décide de partir en apprenant qu'elle n'était qu'une version brisée de celle qu'il avait connu. Mais non, il lui proposa d'aller autre part, histoire d'être plus au calme. Le cœur de la blonde rata un battement lorsque le brun embrassa sa main. Des papillons furent libérer dans son corps. Clairement son être tout entier se souvenait de Peter et de l'amour que la jeune femme éprouvait envers lui. Un petit rire s'échappa de ses lèvres à sa remarque. Il essayait de détendre l'atmosphère et elle le remercia silencieusement pour cela. « Non non tu as raison, c'était impossible pour moi de ne pas te reconnaître.» Elle lui adressa un doux sourire, le remerciant doucement pour sa proposition.

Les voilà au calme dans le café. Elle le regarda, et elle fut tellement honteuse de voir les yeux brillants du grand brun face à elle. C'était elle qui lui causait tant de peine. C'était de sa faute s'il était au bord des larmes. Elle s'en voulait tellement. Et entendre sa voix tremblée n'était qu'un coup en plus. Elle aurait voulu le prendre dans ses bras là maintenant, mais elle ne savait pas si c'était le bon moment. « Pas même un peu ? Je suis là mais sans être totalement là...»

Elle parvint à lui adresser un faible sourire. « Merci Peter. Je pense que juste t'avoir à mes côtés est déjà la meilleure chose que tu puisses faire.» Et c'était vrai, parce que même si son esprit continuait de l'attaquer avec ses souvenirs, le fait de se concentrer sur Peter diminuait considérablement la douleur qui s'associait avec certains de ses souvenirs. Elle soupira longuement avant de répondre à Peter. « Juste toi, ton visage. Je savais que j'éprouvais un amour immense pour cet homme que je voyais dans ma tête. Je savais que tu étais Peter. Mais c'est tout. Rien à côté.» Caressant doucement le dos de la main du brun avec son pouce, elle repris, essayant d'expliquer au mieux le bordel qui occupait son cerveau. « Je me souviens de mes parents, de mes frères. De la première fois qu'on a réellement parlé. Je vois des scènes, mais je suis persuadée qu'il m'en manque.»

Et alors que leurs boissons arrivaient, Gwendolyne décida de reprendre la parole doucement. « Je peux te poser une question ?» Peter accepta et dans un souffle, comme si elle avait peur de la réponse, Gwen demanda : « Harry... Il est mort ?» Elle ne savait pas ce qu'elle souhaitait comme réponse. Elle ne voulait pas être un monstre à espérer qu'il ait perdu la vie, mais en même temps, elle ne savait pas si elle souhaitait qu'un homme comme lui continue de fouler la Terre. Elle repris bien vite. « Et... combien de temps s'est écoulé pour toi depuis que je suis... morte ?»