Le vent frais de la plage éveillait l'épiderme de la brune d'une façon qui aurait été particulièrement désagréable, en d'autres circonstances. Mais, ce jour-ci, Alana était reconnaissante que la nature lui offre cette distraction. Il aurait été aisé de se perdre dans la contemplation de cette cavalière qu'elle observait de loin depuis des jours.
Découvrir que Margot était bel et bien vivante, et présente en ville, avait été un véritable bouleversement pour Alana. Mais ça avait aussi été une grande source d'espoir. Peu dupe, la psychiatre avait pris son temps avant d'agir. Elle savait, pour en avoir entendu les récits chaque jour depuis près de trois ans, ce que cette ville faisait à ses habitants. Elle savait que les traumatismes avaient cette fâcheuse tendance à ressurgir, que les morts ressuscitaient, que les souvenirs, parfois, disparaissaient. Elle espérait que Margot avait été épargnée par ces effets néfastes, mais l'expérience lui faisait tout de même redouter le pire.
Elle l'avait reconnue un jour où elle s'était aventurée sur la plage. Un jour comme celui-ci, au ciel clair mais aux températures fraîches. Ce jour-là, son regard avait été attiré par une cavalière solitaire. La même qu'elle avait connue lors de leur première rencontre. Saisie par cette découverte, craignant de précipiter les choses et de leur attirer à toutes deux des conséquences désastreuses, elle avait attendu.
L'amnésie était un effet qu'elle avait souvent observé chez ses patients. La majorité venait à ce sujet, d'ailleurs. Dans l'espoir de retrouver ces souvenirs enfuis qui les empêchaient de retrouver ou de reconnaître leurs proches. Dans l'espoir de mieux appréhender leur situation. Elle avait aidé de nombreux habitants de l'île à mieux accepter la réalité des choses, qui était souvent opposée à ce qu'ils connaissaient et à ce qu'ils envisageaient pour leur avenir, mais qu'ils n'avaient d'autre choix que d'accepter néanmoins.
Tout comme Alana n'avait eu d'autre choix, au cours de ces dernières années, que d'accepter qu'elle s'était retrouvée seule avec Morgan et que cela n'avait sans doute pas été sans raison. Si Margot se trouvait sur l'île, elle la retrouverait tôt ou tard.
Et elle l'avait retrouvée. Et Alana avait observé. Puis, quand elle avait réussi à en rassembler le courage, elle était allée chercher sa réponse. Elle avait suivi Margot, de loin, pendant que celle-ci faisait ses courses. Puis, après quelques instants dans le magasin, elle avait fait en sorte qu'elles se croisent, avait cherché son regard, et n'y avait lu aucun signe qui indiquerait qu'elle la reconnaissait. Cette vision lui avait brisé le cœur. Après avoir connu la plus délicieuse des passions auprès de cette femme, la voir aussi indifférente était un phénomène extrêmement douloureux.
Mais l'heure n'était plus à la contemplation ni à l'attente. C'était le moment de l'action.
Elle attendit que Margot soit descendue de cheval pour quitter sa position d'observation et la rejoindre. Plus elle s'approchait de la femme, de sa femme, plus son visage trahissait des émotions qu'elle avait refoulées pendant près de trois ans. Le désespoir, l'angoisse, le deuil. Le manque.
A moins de trois mètres d'elle, elle l'aborda enfin, d'une voix moins forte que ce qu'elle avait espéré :
- Margot. Je crois que tu n'as aucune idée de qui je suis, mais... Tu ne peux imaginer à quel point j'ai espéré et attendu cet instant.
Invité
Ven 26 Nov 2021 - 17:56
Can this be my entrance?
C’est son espace de liberté et, si restreint soit-il, elle se l’accapare autant qu’elle le peut. Quand il n’y a plus que le bruit des sabots martelant le sol et la gifle du vent frais contre son visage, elle peut croire en cette illusion, être capable de s’affranchir de tout, y compris de lui. L’expérience lui a tant de fois donné tort, pourtant. Chaque fois qu’elle a cru emporter sur Mason un semblant de distance, il l’a devancée, à chaque fois, au mépris total de son intégrité, autant physique que morale… Il pourrait lui prendre encore davantage, sans doute, et quelque part, il le sait, elle le soupçonne de prendre plaisir à lui laisser ces vagues et illusoires fragments de libertés pour se donner toute la latence de les morceler encore davantage plus tard.
Elle en profite, quoi qu’il en soit. A cet endroit, elle ne comprend rien, elle n’est pas sûre de vouloir comprendre. C’est comme être prisonnière d’un cauchemar sans fin, chaque jour similaire au précédent ou presque, une boucle infernale à laquelle une part inconsciente d’elle-même veut laisser croire qu’elle avait su échapper, pour aussitôt occulter cette absurde possibilité. Elle doit puiser sa force de caractère dans ce qui est envisageable, c’est ainsi qu’elle s’en sortira, en nourrissant un projet concret, pas en embrassant des fantasmes d’une autre vie qu’elle n’a jamais vécue. Et ne vivra jamais.
Après un temps, Margot décide de descendre de sa monture, autant pour la laisser se reposer que pour elle-même. Elle n’a pas la moindre envie de rentrer, mais elle sait qu’elle ne doit pas tarder si elle ne veut pas accuser les foudres de son frère. Mason a toujours été violent et directif envers elle, mais depuis qu’ils sont ici, quelque chose a changé. Parfois, elle a presque l’impression qu’il a peur d’elle, et ce sentiment lui plaît au plus haut point, mais il est très vite balayée par un comportement si brutal et répressif qu’elle n’a dès lors plus en rien l’impression d’avoir un quelconque pouvoir sur lui. Elle ignore le pourquoi de ce comportement. Elle suppose que l’épisode de sa grossesse violemment interrompue lui a laissé comprendre qu’elle était plus déterminée à lui nuire qu’il ne l’avait présumé. Ou bien est-ce seulement le fait qu’il soit coincé ici tout comme elle… Ne pas avoir la pleine compréhension de cet endroit lui interdit ce sentiment de toute-puissance duquel il se délecte tant. Mais il garde ce pouvoir sur elle, et il compense, Mason. Beaucoup trop.
Elle chasse les pensées les plus douloureuses de son esprit en caressant songeusement la crinière de son cheval, jusqu’à entendre une voix féminine l’interpeller, par ce prénom. Cette voix… pourquoi a-t-elle l’impression de l’avoir déjà entendue. Quand elle lève les yeux vers Alana, elle ne la reconnaît pourtant pas. Son cœur réagit à la place de son cerveau, il s’agite, tambourine contre sa poitrine, pourtant, non, elle ne reconnaît pas sa femme, la mère de son enfant, qu’elle ne reconnaîtrait pas non plus si elle le voyait… Mais elle, pourtant, semble si convaincue de la connaître. « Vous avez raison, j’ignore qui vous êtes. » Elle l’observe de bas en haut, de haut en bas, cette femme qu’elle sait trouver sublime en dépit des circonstances. « C’est Mason qui vous envoie ? »
Une fois de plus, la confirmation de ses suspicions était douloureuse. Margot ne la reconnaissait pas. C'était la réalité la plus difficile à avaler. Elle avait bien plus de mal à accepter ce fait qu'elle n'en avait eu à accepter son arrivée dans cette ville, passé le désespoir d'avoir perdu son épouse.
Mais Alana affronta le regard glaçant de Margot et dévisagea avec avidité celle qui lui faisait face.
Hélas, l'évocation de Mason brisa le charme. Décontenancée par cette question, Alana eut un battement de cils, seul indice de la vive émotion qui enserra soudainement son coeur. Par ces mots, Margot venait de rendre réelle une autre crainte de la psychiatre. La plus terrifiante d'entre toutes, hormis celle de l'avoir perdue pour de bon. Mason était de retour, lui aussi. Et avec lui, son emprise sur Margot.
Aussitôt, elle voulut prendre sa femme dans ses bras. Mais la pauvre jeune femme qui lui faisait face n'était plus sa femme, et l'aurait rejetée à raison si elle avait tenté un tel geste dans l'immédiat. Et pourtant... Elle ne pouvait qu'imaginer l'horreur endurée par Margot, sous le joug de son frère. Ce dernier avait toujours été terriblement violent, terriblement mesquin avec elle.
En dépit de sa volonté, un rictus trahit la haine qu'elle éprouvait pour lui.
- Non, assura-t-elle avec fermeté. Ce n'est pas Mason qui m'envoie.
Sa voix était plus froide à l'évocation du frère de son épouse. Elle refusait cependant de s'attarder sur ce nuisible. Elles avaient toutes deux mérité de vivre une conversation sans que ne pèse trop ouvertement sur elles l'ombre de ce sadique.
- Je m'appelle Alana Bloom.
Contrairement à leur première rencontre, elle ne souhaitait pas se présenter par son titre de docteure. Elles avaient dépassé ce type de formalité, depuis des années déjà. Même si, bien entendu, Margot ne s'en souvenait pas. En témoignait le vouvoiement.
- Il fut un temps où nous nous connaissions.
La pensée douloureuse que ces quelques mots résumaient bien piteusement leurs années de vie commune lui traversa l'esprit. Cela faisait plus de deux ans qu'Alana refoulait tout sentiment trop intense, qu'elle se montrait plus froide que jamais. Par nécessité. Par instinct de préservation. Pourtant, face à Margot, elle avait plus que jamais envie de rompre l'impassibilité de son visage pour lui adresser un sourire sincère. Cette femme avait toujours su la troubler par un simple regard.
- Je vous ai longtemps pensée disparue, admit-elle en reprenant le vouvoiement, estimant que le tutoiement, en plus de ses mots, serait trop frontal.
Elle se félicita de ne pas avoir emmené Morgan avec elle. De manière générale, elle évitait de se montrer trop souvent en public avec lui. Elle avait conscience des ennemis potentiels qui se trouvaient en ville, et elle avait plus encore conscience de la menace qui pesait sur son fils. En cet instant, plus que jamais.
Morgan... Il n'aurait pas compris. Il était jeune au moment d'arriver sur cette île, mais il avait pourtant eu conscience de nombreuses choses. Chaque fois qu'il le réclamait - et c'était presque tous les soirs -, elle lui décrivait cette mère dont il n'avait que des brefs souvenirs, alimentés par les récits d'Alana. Elle lui décrivait la forme et la couleur de ses yeux, la forme de ses lèvres, la manière dont chaque ridule s'animait quand elle souriait ou quand elle riait. Parfois, quand elle était d'humeur poétique, elle tentait de lui décrire son parfum. C'était de son parfum que Morgan se souvenait le plus. C'était ce parfum qu'Alana s'acharnait à ne pas oublier.
Invité
Sam 27 Nov 2021 - 9:24
Can this be my entrance?
La réaction de cette femme à l’évocation de Mason n’échappe pas Margot. Quelque chose qui ressemble à du mépris, ou peut-être à du dégoût, peut-être un subtil mélange des deux. S’il est question de Mason, ces deux émotions sont autant légitimes l’une que l’autre, à dire vrai. Ce qui ne veut pas dire qu’elle doit s’y fier, ou qu’elle doit considérer cette femme comme une alliée plutôt qu’une menace. Naturellement, Margot se méfie, elle doit se méfier de tout le monde, y compris de ceux qui pourraient vouloir l’aider ou la protéger. L’hostilité est devenue une des rares armes à sa disposition pour s’adapter à un monde tout aussi hostile. Mais sa vie, quoi qu’il en soit, n’a jamais été exempte de ce genre de considérations.
Elle se présente. Alana Bloom. Allez savoir pourquoi, ce nom trouve un écho particulier en elle, et pourtant, elle serait bien incapable de se remémorer où elle l’a déjà entendu, et si elle l’a déjà entendu. En d’autres circonstances, elle aurait été capable de se détendre, de remarquer comme cette femme était belle, charismatique, attirante. Oh, ces qualités n’échappent pas à Margot, loin de là, mais elle est davantage intriguée. Elle a le sentiment sans comprendre pourquoi ni comment, que cette femme est importante…
Quand elle ajoute qu’elles se sont connues, fut un temps, elle fronce légèrement les sourcils. Quelle manière étrange de se présenter à elle. Croit-elle vraiment qu’elle va être dupe d’une telle affirmation ? Pourtant, tandis qu’elle continue de la détailler du regard, Margot à la tentation de chercher dans cette silhouette, dans ce regard, quelque chose de familier… Et elle le trouverait presque. Cette femme qui l’aborde et prétend la connaître devrait éveiller en elle une vive inquiétude, mais au-delà de la défiance, Margot n’a pas peur… Même, elle éprouverait un sentiment de… familiarité ? De sécurité, en sa compagnie. C’est le fait qu’elle ne soit pas capable de se l’expliquer qui, en réalité, l’inquiète plus que le reste. « C’est impossible », affirme-t-elle après un léger temps, d’une voix qu’elle veut ferme, mais qui dissimule un certain trouble. Elle détourne le regard pour caresser son cheval, passant une main distraite dans sa crinière. « J’ai une excellente mémoire. »
Oui, c’est impossible. Mais l’est-ce vraiment ? Cette femme, qui que ce soit, détient quelque chose sur elle-même, une chose qu’elle-même ne parvient pas tout à fait à appréhender et à saisir… ça, elle le ressent profondément… Comme elle ressent, depuis son arrivée ici, qu’on lui cache quelque chose. Que ce soit Mason, ou même Hannibal, ils ne sont plus tout à fait les mêmes que ceux qu’ils étaient dans leur autre monde. C’était peut-être imputables aux circonstances, si singulières… Mais peut-être pas ? Et si cette femme détenait ce fragment de liberté, cette pièce du puzzle qui lui donnerait enfin le sentiment que l’image est complète. « Comment nous serions-nous connues ? » accepte-t-elle tout de même de demander.
Elle sait qu’elle joue à un jeu des plus dangereux, en l’interrogeant ainsi. Et qu’il serait peut-être probable que ne rien demander soit préférable. Mais il est trop tard.
La méfiance. C'était une émotion bien naturelle, lorsque l'on avait eu la malchance d'être née Margot Verger. La défiance était la seule marge de pouvoir et de contrôle qu'elle pouvait avoir sur sa vie. Pour cette raison, Alana ne s'en offusqua pas. Bien au contraire. C'était rassurant de savoir que, malgré les circonstances, sa femme veillait toujours à se préserver. Nombreuses auraient été celles qui, dans sa situation, se seraient laissées abattre, ou auraient estompé leur fougue pour se renfermer complètement. Mais pas Margot, sa bien courageuse Margot.
La tristesse de ces retrouvailles à sens unique ne l'empêcha pas d'esquisser un sourire après que son interlocutrice lui ait assuré qu'elle avait une excellente mémoire. C'était vrai. Mais, en cet instant, cette affirmation était d'une ironie qui ne pouvait qu'amuser l'esprit corrompu d'Alana.
- Vous souvenez-vous des derniers instants que vous avez vécus avant d'arriver ici ?
C'était tout autant une manière de lui faire comprendre qu'elle se fourvoyait que de satisfaire sa propre curiosité. La psychiatre tout comme l'épouse en elle s'intéressaient à ce dont pouvait se souvenir exactement Margot. Les événements traumatiques avaient été nombreux pour cette dernière, et avaient tous contribué à forger sa personnalité. Plus elle aurait d'informations, mieux Alana saurait appréhender la situation dans son ensemble. Et, elle l'espérait, raviver les souvenirs manquants de sa conjointe.
La question de Margot au sujet de leur rencontre la fit hésiter. Lèvres légèrement pincées, elle continuait de la fixer tout en s'interrogeant sur les détails à fournir. Elle ne souhaitait pas causer davantage de trouble à son interlocutrice en évoquant ce sujet déplaisant au possible qu'était Mason, mais elle allait hélas devoir s'y résigner afin de donner plus de véracité à son récit.
- Votre frère m'a, par le passé, engagée en tant que thérapeute. Je suis venue dans votre domaine pour le rencontrer mais je me suis trompée de sortie de route. Ce qui a fait qu'au lieu de rencontrer Mason en premier, c'est sur vous que je suis tombée. Dans les écuries.
Un sourire tendre anima ses lèvres à l'évocation de ce souvenir. Alana avait été troublée par le charisme et la magnificence de Margot dès qu'elle avait posé les yeux sur elle.
- J'ai aussitôt été captivée par la beauté ensorcelante de cet endroit, souffla-t-elle sans préciser qu'elle avait alors uniquement prêté attention à la femme qui lui faisait face.
Cette femme à la beauté, effectivement, ensorcelante. Et, comme elle l'avait découvert plus tard, à la personnalité émouvante.
Invité
Dim 28 Nov 2021 - 21:00
Can this be my entrance?
Si elle se souvient des derniers moments qu’elle a vécus avant son arrivée ici ? Bien sûr qu’elle s’en souvient ! Du moins est-elle intimement convaincue de s’en souvenir. Un tel épisode ne s’efface pas si simplement de votre mémoire… Mais il est vrai que ce souvenir ne fait pas complètement sens. Le dernier souvenir qu’elle ait, c’est celui de se réveiller chez elle, privée de son pouvoir d’enfanter, blessée, couverte de nouvelles cicatrices, en plus de celles que son frère ne s’était pas privé de lui faire. Mais ces cicatrices n’étaient pas si fraîches à son réveil ici, certaines semblaient même trop anciennes… Elle n’y a pas forcément vu un indice à sa situation… après tout, cet endroit faisait rajeunir certaines personnes, voire leur faisait changer de visage. En comparaison, quelques cicatrices un peu moins visibles ne lui donnait pas l’air d’être grand-chose.
Alors oui, elle est sûr de se souvenir, et c’est ce qu’elle confirme d’un hochement de tête qu’elle veut ferme et convaincue… Mais finalement, convaincue, elle ne l’est peut-être pas tant que cela. Car elle ne peut oublier ce sentiment de vide, ou encore ces rêves étranges, ces pensées fugaces qui lui donnaient régulièrement des indices d’une vie différente de celle dont elle se souvient. Peut-être bien, oui, qu’elle ne doit pas pour autant en faire la preuve de sa situation, mais elle ne peut pas prétendre, en revanche, que tout ça ne soit pas, a minima, intrigant… Suffisamment pour qu’elle ne réagisse si vivement que pour ne pas remuer des émotions qu’elle ne se sent pas prête à gérer, et pas parce qu’elle serait certaine de ce qu’elle affirme.
Alana, alors, cette femme qu’elle ne connaît pas tout en ayant le sentiment confus et incompréhensible de bel et bien la connaître, lui parle des circonstances de leur rencontre, dont elle ne parvient définitivement pas à se remémorer. Elle aurait été la thérapeute de son frère. Elle aurait rejoint les écuries au lieu de passer par l’entrée principale et était tombée sur elle. Elle commente la beauté des lieux, et cette réflexion la fait sourire, comme si elle parvenait à y lire un sous-entendu qu’elle n’est pourtant pas tout à fait de comprendre. Ce sourire, très fin et sincère, se teinte cependant rapidement d’amertume au moment où elle reprend la parole. « Les apparences sont souvent trompeuses », dit-elle en l’observant avec sans doute trop d’insistance. « C’est ce que l’on trouve de plus beau qui renferme souvent le plus de laideur… »
Qu’importe que le domaine des Verger ait été à couper le souffle – et le soit toujours d’ailleurs. Derrière les signes manifestes de richesses se dissimulait – et se dissimule encore – l’horreur à l’état pure. Se pourrait-il qu’il en soit de même pour cette femme. Sublime, elle l’est sans aucun doute, mais cela veut-il dire pour autant qu’elle soit digne de cette confiance qu’elle a pourtant naturellement envie de lui accorder. Si elle a travaillé pour Mason, si elle doit par conséquent l’associer au nom de son frère, il y a de quoi naturellement en douter. « Mon frère n’a jamais fréquenté qu’un seul thérapeute. Le même que le mien. Sans surprise. » Elle marque une pause. « S’il vous a vraiment été donné de sonder l’esprit de Mason, je m’étonne que vous soyez toujours en état d’en parler. »
La précision de Margot quant à la laideur des choses d'apparence sublimes fit sourire Alana, qui acquiesça mais ne commenta pas cette observation. Elle avait pertinemment conscience de toute l'horreur dissimulée par le domaine somptueux des Verger. Mais elle avait également le souvenir vif de toute la beauté de Margot, aussi bien intérieure qu'extérieure et ce, malgré sa souffrance.
Elle perdit cependant son sourire à l'évocation d'Hannibal. Le nom n'avait pas été nommé, mais Alana en savait suffisamment pour comprendre. Elle fronça immédiatement les sourcils, furieuse contre son collègue et contre Mason, qui acceptait de toute évidence de jouer le jeu du tueur en série.
- Vous avez repris vos séances avec Hannibal Lecter, constata-t-elle, malgré elle, avec froideur.
Ce n'était pas réjouissant. Une vive angoisse lui étreignit soudainement la poitrine, mais elle s'efforça de l'étouffer en prenant une longue inspiration. Elle se concentra sur le reste de la conversation et sur l'autre sujet de préoccupation, sans aucun doute le plus important, pour le moment. Hannibal n'avait pas tué Margot, ce qui lui laissait une marge de manœuvre considérable. Il avait toujours aimé jouer avec sa nourriture. Pour une fois, elle en fut soulagée. Cela lui permettrait de se focaliser sur le cas Mason. C'était une évidence, elle devrait le tuer une fois de plus. De préférence, aux côtés de Margot, afin que celle-ci en tire la satisfaction nécessaire à surmonter ses traumas. En tant que thérapeute, ces pensées-là n'étaient pas réellement du domaine de l'éthique, mais elle n'en avait que faire. Tout ce qui concernait Margot de près ou de loin devenait personnel.
- L'inimitié que votre frère et moi portons tous deux à Hannibal m'a épargnée, un temps du moins. Concernant la suite... Vous savez tout aussi bien que moi que Mason est un sadique. L'exécution immédiate ne fait pas partie de ses habitudes.
Une fois de plus, elle hésita à poursuivre. Endormir la méfiance de Margot ne serait pas chose aisée, et elle le serait d'autant moins si elle lui révélait les différentes étapes de leur rapprochement, qui avait atteint son paroxysme au moment où elles avaient tué Mason ensemble. Alana craignait une réaction de rejet si elle lui racontait cela, car comment la croire alors qu'elle devinait le désespoir de Margot face à ce projet qu'elle avait mais qu'elle ne pouvait exécuter sous peine de représailles horrifiantes en cas d'échec ? Cela, en plus du fait que ces propos viennent de ce qu'elle considérait être une inconnue...
Non, elle ne pouvait lui infliger un tel doute, une telle surprise. Pas immédiatement.
- Acceptez-vous de marcher un peu en ma compagnie ? l'interrogea-t-elle avec douceur.
Elle comptait sur cet instant de répit pour se donner davantage de temps de réflexion quant à la conduite à adopter, ainsi que pour permettre à son interlocutrice de se faire une idée plus claire quant au fait de pouvoir lui accorder une part de sa confiance ou non. Le choix revenait à Margot, elle ne forcerait pas leur rapprochement.
Invité
Mar 30 Nov 2021 - 23:49
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Margot fronce légèrement les sourcils au moment d’entendre le constat, formulé avec froideur, de son interlocutrice. Ainsi donc, elle connaît le docteur Lecter. Doit-elle en être surprise ? Peut-être pas, il semble évident que cette femme en sait bien plus sur sa vie qu’elle ne le devrait… ou bien plus qu’elle-même en tout cas. Malgré tout, elle se contente de confirmer d’un hochement de tête, indifférente à ce qu’elle devine être une forme de désapprobation de la part de son interlocutrice, désapprobation dont il lui est aisé de deviner l’origine… Peut-être pas dans son intégralité, certes, mais elle n’est pas sans savoir qu’Hannibal Lecter est un homme dangereux… elle a seulement décidé qu’un tel constat ne l’empêcherait en rien de bénéficier de sa thérapie. « Oh mais je ne parlais pas nécessairement d’exécution immédiate », répond tranquillement Margot en retenant plus précisément les propos de son interlocutrice.
Inimitié est sans doute un terme encore faible pour parler du ressenti de Mason à propos du psychiatre… Margot devine que si ce dernier s’en est pour l’heure sorti indemne, c’est uniquement parce qu’il recherche à exécuter une vengeance digne de ce nom. Certes, elle n’a aucun souvenir de l’état de défiguration dans lequel le docteur Lecter l’aura laissé, mais elle sait malgré tout l’animosité qui l’habite au regard des « précieux » conseils qu’Hannibal lui aura prodigués pour se débarrasser de lui en se garantissant un héritage… Enfin, ça c’était avant. Mais Mason n’a certainement pas oublié. Quant aux raisons de l’inimitié du docteur Bloom, c’est une autre affaire, et Margot ne peut prétendre en deviner l’origine.
Margot a un instant d’hésitation quand son interlocutrice lui propose de marcher avec elle. La défiance reste de mise, avec elle comme avec quiconque. Mais une différence demeure néanmoins. Cette femme, Margot a envie de la connaître. Par curiosité, très certainement, au nom de l’attrait qu’elle lui inspire, plus sûrement encore… Alors, après un temps d’hésitation, elle finit par accepter. Elle fait quelques pas, invitant Alana à la suivre. « Que vous a fait le docteur Lecter pour qu’il vous vienne l’étrange idée de vous associer à un sadique tel que mon frère ? » demande-t-elle après un instant de marche silencieuse.
En vérité, elle a bien d’autres questions, car rien de tout ceci ne fait complètement sens pour elle. Elle aurait besoin qu’Alana lui raconte l’histoire dans le détail, depuis le début, afin de s’en faire une idée plus certaine, plus concrète. Mais elle ignore ce qu’elle sera ou non capable d’entendre, dans quelle mesure elle voudra bien croire cette femme qui lui inspire des sentiments si contradictoires : une méfiance toute naturelle mêlée à l’impression qu’elle pourrait lui confier sa vie les yeux fermés. Elle veut lui laisser le bénéfice du doute, à plus forte raison qu’elle commence à penser que cette femme détient sans doute ces vérités que son frère lui cache, mais elle ne veut pas non plus tomber dans le premier piège venu sous le prétexte d’avoir affaire à une femme à la beauté et au charisme qui ne la laissent pas indifférent.
La brune observait son interlocutrice, prise au piège de sa présence. Après tant de temps à être séparée d'elle, tout son être se consumait d'envie. L'envie de la prendre dans ses bras, de l'embrasser, de la mettre en sécurité... L'envie de retrouver cet amour qui leur avait donné la force de survivre et de se donner une existence meilleure. De par son observation, et parce qu'elle devinait le contenu de ses pensées, elle perçut l'hésitation légitime de Margot à la suivre. Mais, quand finalement elle prit une décision positive, Alana lui adressa un sourire franc et reconnaissant. Il fallait du courage pour surmonter une telle méfiance naturelle, et elle ne pouvait que se réjouir que Margot n'ait jamais manqué d'une telle audace.
Elle garda le silence, dans un premier temps, profitant simplement du plaisir discret de marcher aux côtés de la femme de sa vie. Puis, passé ce temps de pause, elle reprit :
- Pour être honnête, il a bien tenté de m'abattre. C'est vous qui l'en avez empêché.
Ces mots avaient été prononcés avec une tendresse qu'elle n'avait plus qu'en présence de Margot et de leur fils. Le souvenir était cauchemardesque, mais il lui était également précieux. Son coeur saignait d'apprendre que son interlocutrice n'avait plus ce souvenir qui lui aurait sans aucun doute été d'un grand réconfort. Alana ne pouvait qu'imaginer que supporter la présence de Mason devait être plus simple lorsque l'on se savait avoir été responsable de sa mort. Mais Alana avait également conscience que lui faire une telle révélation était un présent à double-tranchant. Se savoir de retour auprès de son tortionnaire après lui avoir échappé une première fois, ce ne pouvait qu'être une expérience terrifiante et cauchemardesque.
Elle prit alors la décision de laisser à Margot le choix de l'interroger ou non à ce sujet. Ce n'était pas une révélation qu'elle pouvait lui imposer, mais ce n'en était pas non plus une qu'elle pouvait lui refuser si sa curiosité l'emportait sur le reste.
La question de Margot au sujet d'Hannibal était légitime. Mais ce serait mensonge que d'affirmer qu'Alana ne redoutait pas d'y répondre. Cette situation en particulier était si dense et complexe qu'elle lui laissait une sensation vertigineuse chaque fois qu'elle tentait d'en faire une ébauche globale.
- Il me faudrait hélas un temps dont nous ne disposons pas pour vous expliquer avec justesse ma relation avec Hannibal.
Elle laissa passer un temps afin de trouver les mots justes pour poursuivre :
- Je le connais depuis de nombreuses années. Et malgré ça, je me suis rendue compte trop tardivement qu'Hannibal n'était pas celui qu'il prétendait être. C'est un fin manipulateur, et de loin l'être le plus dangereux qu'il m'ait été donné de croiser.
Elle s'arrêta sur ces mots et releva ses yeux clairs pour fixer Margot avec gravité.
- Je me dois de vous avertir que vous êtes en danger permanent, auprès d'Hannibal. Au moins autant qu'auprès de votre frère.
Son regard et son sourire se teintèrent de tristesse.
- Et vous l'êtes davantage à présent que je suis venue vous parler. Vous avez toutes les raisons de vous méfier de moi et de mes propos, Margot, mais je ne peux que vous enjoindre à faire preuve de la plus grande des prudences.
Invité
Ven 3 Déc 2021 - 8:17
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feat. Alana
Pendant plusieurs secondes, les deux femmes ne se disent rien, et Margot se surprend à trouver dans ce silence quelque chose de familier, d’apaisant. Tous ses sens devraient être en alerte, elle devrait attendre, non sans une certaine anxiété, des conséquences à sa décision sans doute trop légère d’accepter sa compagnie, mais il n’en est rien. Elle se sent étrangement confiante et en sécurité en sa présence… bien sûr, elle n’a pas la naïveté de ne pas envisager la part de risque que cette femme peut représenter, mais il y a quelque chose d’instinctif, de naturel à se retrouver auprès d’elle… comme si sa place avait toujours été là, et nulle part ailleurs.
Après un temps, Alana rompt le silence. Margot tourne le regard vers elle, comme si elle pouvait déceler un éventuel mensonge juste en la dévisageant. Que Mason ait tenté de l’abattre est une possibilité des plus crédible (à ce stade, c’est à se demander qui son frère n’aura pas cherché à faire taire de façon si radicale), qu’elle se soit dressée contre lui pour empêcher cela est certes une possibilité, oui, mais plus difficile à cerner sans contexte. Contexte qu’elle pourrait aisément réclamer, mais elle ne fait rien, pour commencer. Il y a tant de choses qu’elle veut comprendre… les informations dispensées au compte-goutte ne l’aident pas à se faire une idée plus précise de la situation… mais une part d’elle redoute d’en apprendre davantage…
Alors, elle se concentre sur ce qui lui semble moins la concerner, même si, en réalité, ce n’est pas tout à fait vrai. Elle écoute Alana évoquer sa relation avec Hannibal, un homme qu’elle connaîtrait de longue date, et dont elle n’aurait compris les stratégies et les manipulations que tardivement. Elle ne prend pas la nouvelle avec surprise, ni même vraiment inquiétude quand Alana la met en garde contre Hannibal. Elle ne s’est jamais exactement senti en danger en sa présence, en revanche, elle pense savoir – au moins en partie – quel genre d’homme il peut être.
« Je n’ai plus souvenir d’un moment dans ma vie où je ne me suis pas sentie en danger », répond-elle doucement.
Ce n’est pas une complainte de sa part, ni plus ni moins qu’un constat, formulé avec un certain détachement. C’est seulement un fait. Avec son frère dans son sillage, elle n’a jamais été en sécurité. Ce constat, qu’il lui a fallu faire très tôt dans sa vie, avait cultivé en elle un instinct de survie plus prononcé qu’on ne pourrait l’imaginer, si contradictoire cela puisse-t-il paraître.
« Je dois reconnaître avoir du mal à comprendre quelles sont vos intentions me concernant. Même si je devais admettre la possibilité que nous nous soyons connues, pourquoi cette conversation ? » ajoute-t-elle avec cette curiosité qui ne peut que laisser entendre qu’elle se sent, doucement mais sûrement, capable d’accepter la possibilité, si infime soit-elle, qu’elle soit venue à elle en toute bonne foi. Ce ne serait pas la chose la plus étrange qui lui serait arrivée dans cette nouvelle vie, après tout.
Code by Laxy
Invité
Ven 3 Déc 2021 - 15:54
Alana Bloom
&
Margot Verger
Can this be my entrance?
Le détachement de Margot au sujet du danger permanent dans lequel elle se trouvait alerta Alana. Mais cette dernière ne réagit pas immédiatement, car elle savait pour quelle raison Margot n'avait que ce constat à lui offrir. Lorsque l'on vivait auprès d'un monstre comme Mason, comment craindre davantage celui, plus sournois, qu'était Hannibal ? D'autant plus lorsque l'on ignorait l'ampleur de la menace directe qu'il avait énoncée à l'encontre d'Alana et de sa famille. Sa femme, son fils. Non, ils n'appartenaient pas à Hannibal. Elle ne le permettrait jamais. Mais le fait que Margot continue ses sessions avec lui n'était cependant pas pour la rassurer.
Alana couva son interlocutrice d'un regard affectueux. Elle savait à quel point l'instinct de survie de Margot était développé. C'était une certitude à laquelle elle s'accrochait. La majorité de ses espoirs était animée par l'intelligence exceptionnelle de son épouse et par la bravoure dont elle avait toujours su faire preuve. Même si Margot ne la reconnaissait pas, elle savait qu'elle pouvait lui faire confiance pour agir raisonnablement.
Les interrogations de sa compagne de marche étaient légitimes. Elle reconnaissait bien là la curiosité de Margot. Quelque part, elle fut soulagée de constater que, malgré les années, le tempérament de son épouse n'avait pas tant changé.
Alana plaça toute sa sincérité dans sa réponse :
- Mes seules intentions vous concernant sont de vous permettre de retrouver vos souvenirs. Et avec eux, de vous permettre d'avoir toutes les cartes en main pour que vous puissiez vous défaire des griffes de Mason. J'ai conscience que ce n'est pas grâce à cette seule conversation que je réussirai un tel exploit. Mais pour être honnête...
Elle plongea son regard dans celui de Margot et s'autorisa à s'y perdre quelques instants. Lorsqu'elle reprit la parole, sa voix était plus douce, comme vulnérable :
- Tu me manquais.
Cette confession, ce n'était pas tant à la Margot Verger qui lui faisait face qu'elle la faisait, mais à celle qu'elle avait épousée et qui avait partagé sa vie durant toutes ces années. C'était à la mère de leur fils qu'elle la faisait. A celle qui continuait de faire battre, toujours un peu plus intensément, son cœur. Et ce, malgré la distance qui s'était établie entre elles du fait de cette amnésie partielle.
Invité
Ven 3 Déc 2021 - 21:47
Can this be my entrance?
feat. Alana
Comment accepter de laisser cette femme lui rendre ces souvenirs quand elle estime n'avoir aucun souvenir à retrouver ? Tous ces moments qu'elle prétendra être les siens pourront tout autant être de simples suggestions, qu'elle tiendra pour vraies alors qu'elles ne sont jamais qu'un écran de fumée. Et en même temps... elle ne peut s'empêcher de se demander... et si cette femme avait raison ? Et s'il lui manquait bel et bien une partie de ses souvenirs ? Si tel devait être le cas, oui, bien sûr, elle voudrait savoir, et ne surtout pas passer à côté de cette opportunité... mais comment être sûre ?
La défiance reste la clé... même si elle la sent trop facilement s'étioler au contact de cette femme dont elle ne sait pas grand-chose, ou si peu, mais dont elle se sentirait bien capable de boire les paroles si elle n'y prenait pas garde. Ceci dit, elle a un bon argument : s'il lui manque des cartes indispensables pour se défaire de Mason, elle ne peut passer à côté... encore faut-il s'assurer que les dés ne soient pas pipés. Et comment être sûre de cela ? Non, une seule conversation n'y suffira pas, c'est certain, car il faudrait que Margot soit bien naïve et bien inconsistante pour se laisser convaincre en une discussion seulement. Son instinct doit la pousser à envisager toutes les options possibles... mais son instinct doit aussi la prévenir de suivre inconsidérément tout ce qui pourrait ressembler d'un peu trop près à une quelconque forme d'espoir.
Puis Alana poursuit et la prend de court. Quand elle lui dit qu'elle lui manquait, Margot ne peut s'empêcher de sonder son regard, d'y chercher la trace d'une quelconque sincérité... et elle en trouve plus encore qu'elle ne se l'imaginait. Elle peut douter d'absolument tout, mais pas de l'honnêteté de cette femme... d'une façon ou d'une autre, oui, elle lui a effectivement manqué, elle en est certaine, et à ce constat, elle lutte contre une envie étrange... celle de la prendre contre elle, de la serrer dans ses bras... si elle devait l'étreindre... elle est convaincue que ce serait si naturel...
"Mon dernier souvenir de mon autre vie... c'est un accident de voiture. Mon frère qui me retire la possibilité de..." Intuitivement, sa main se porte à son ventre. "Ensuite, je me suis réveillée ici."
Ou elle croit s'être réveillée ici ? En évoquant ce souvenir, elle admet le fait que ce souvenir en question n'était peut-être pas le dernier, en fin de compte. Elle prend des risques à raconter tout cela, et au fond, elle redoute que ça finisse par se retourner contre elle. En même temps, ça lui fait du bien, d'en parler... c'est là le genre de sujets concernant lesquels elle est supposée s'abstenir. Sauf qu'ici et maintenant, en présence d'Alana, elle n'en a pas envie.
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Invité
Sam 4 Déc 2021 - 0:46
Alana Bloom
&
Margot Verger
Can this be my entrance?
Margot était en lutte contre elle-même et contre des habitudes corporelles qui, sans doute, la laissaient confuse. Alana décelait cette lutte silencieuse et, malgré elle, en fut légèrement réconfortée. Elle détestait l'idée de mettre son épouse dans l'embarras ou de lui causer de la peine, mais le moindre trouble qu'elle détectait dans son attitude, dans ses expressions nourrissait l'espoir qu'elle avait de lui faire retrouver la mémoire en son intégralité. C'était un projet qui demanderait du temps, elle le savait. Mais l'esprit était une arme puissante. Implanter dans cet esprit brillant les graines du doute, provoquer les réactions de son corps, c'était un début. Alana espérait que Margot repenserait à leur conversation et, qu'à force d'y penser, sa psyché accepterait de libérer quelques bribes, quelques réminiscences de leur passé commun. L'inconscient ne pouvait qu'être le meilleur allié de la psychiatre, dans ces circonstances inhabituelles.
Ce souvenir évoqué par Margot, elle le connaissait bien. Et pourtant, tout comme la première fois qu'elle avait obtenu cette information, cette dernière lui serra la gorge. C'était une tragédie. La plus cruelle d'entre toutes celles connues par Margot.
Le regard posé et attentif d'Alana se voila d'une émotion qui se situait entre la tristesse et la compassion. Elle voulut lui apporter du réconfort. Et, tout comme elle l'avait fait après la découverte de cette atroce mère porteuse et du fœtus mort, elle manifesta son soutien de la manière la plus efficace qu'elle connaisse : elle était là, et elle restait, tout simplement. Elle acceptait, en silence, l'horreur d'une situation qui ne pouvait que leur échapper. Mais elle serait, en toutes circonstances, l'épaule sur laquelle Margot pouvait pleurer ou se soutenir. Même si de cela, elle ne s'en souvenait pas non plus.
Elle s'arrêta et, encouragée par un instinct qu'elle ne pouvait plus étouffer, pressa doucement l'avant-bras de son interlocutrice, sans cesser de soutenir son regard. Elle tentait, par ce geste et par ce contact visuel, de lui faire comprendre en silence tout le soutien réel qu'elle voulait lui apporter.
- Mason paiera pour ce qu'il vous a fait.
C'était une certitude, prononcée avec une détermination froide et vengeresse qui était particulièrement éloquente quant au mépris et à l'écœurement qu'elle éprouvait pour Mason. Mais c'était également une promesse. Qu'elle comptait tenir, avec un plaisir qu'elle ne refoulait plus.
Comme par le passé, elle aiderait Margot à s'émanciper.
Invité
Sam 4 Déc 2021 - 11:37
Can this be my entrance?
feat. Alana
Le récit de Margot a le don d’émouvoir Alana mais non pas de la surprendre, et quelque part, cela a le don de réconforter la jeune femme… ainsi, elle ne lui dit rien qu’elle ignore… ce qui ne l’empêche pas de compatir… Et cette compassion lui va droit au cœur, car c’est une émotion qu’on lui adresse rarement, en vérité… Mason est incapable d’empathie, il ne se délecte que de la souffrance de ses pairs, jamais il ne serait capable d’éprouver un semblant de remords quant à ce qu’il a fait. Quant au docteur Lecter… lui non plus n’a jamais manifesté de réelle empathie à son égard, mais elle n’a jamais attendu ça de lui.. Elle ne voulait pas de sa pitié, elle voulait de ses encouragements. Avec Alana, en cet instant, la chose est différente, elle ressent, profondément, qu’elle sait se mettre à sa place, comme si, d’une certaine manière, elle avait d’ores et déjà eu l’occasion d’endurer sa souffrance.
Margot frissonne légèrement au moment de sentir les doigts d’Alana se refermer sur son avant-bras. Ce contact lui fait du bien… plus de bien que ne le devrait un tel geste venu d’une personne qu’elle pense ne pas connaître… Et l’envie de la serrer contre elle se fait plus forte encore. A cette maigre distance, elle peut sentir les effluves de son parfum… il lui semble si doux, si familier… elle l’associe d’office à des images que son esprit presque aussitôt refoule.
« Je sais », répond posément Margot quand Alana lui assure que son frère paiera pour ce qu’il a fait. « J’y travaille », assure-t-elle avec fermeté.
Elle apprécie de constater qu’Alana semble caresser ce désir presque aussi sincèrement qu’elle. Cela veut-il dire grand-chose ? Peut-être pas, en fin de compte. Mais elle y accorde de la valeur. Elle se laisse doucement convaincre, plus brusquement séduire, comme si séduite, elle l’était déjà, en réalité.
« Est-ce que c’est ce qui s’est passé ? » demande-t-elle avec prudence. « Est-ce que parmi les souvenirs qu’il me faudrait recouvrer, je suis parvenue à tuer mon frère ? » demande-t-elle d’une voix terriblement neutre, et sans rien laisser transparaître, du moins le pense-t-elle.
Se raccrocher à l’idée qu’elle aurait déjà tué son frère par le passé lui est perspective plaisante, même si dangereuse, car elle sait qu’elle doit encore et toujours se défier du discours de son interlocutrice. Mais tout en se raccrochant à cette idée, d’autres pensées émergent et se fraient un chemin dans ses pensées. Si elle n’a pas fait d’autre tentative, c’est qu’en l’absence d’héritier, et de la possibilité d’en concevoir, elle se retrouve coincée avec lui, seul moyen pour elle de bénéficier d’une fortune familiale qui devrait pourtant lui revenir de droit… Elle ne peut envisager d’alternative véritablement enthousiasmante à ce constat.
Code by Laxy
Invité
Sam 4 Déc 2021 - 18:56
Alana Bloom
&
Margot Verger
Can this be my entrance?
La fermeté que Margot plaça dans sa réponse acheva de rassurer Alana. Mason, s'il avait gardé ses souvenirs, ne pouvait qu'être plus affreux encore qu'auparavant avec sa soeur. Mais, visiblement, pas suffisamment pour briser l'esprit de Margot et pour lui ôter sa combativité.
Cette conversation la ramena quelques années plus tôt, quand, tout comme en cet instant, elles avaient appris à se connaître et à se séduire. Elles n'avaient pas tardé à mettre en place divers stratagèmes pour que Margot puisse obtenir de son frère tout ce qu'elle désirait et, finalement, pour l'abattre. Aider la jeune femme à prendre sa revanche et à le mettre hors d'état de nuire avait été une évidence, pour Alana. Elle avait toujours voulu défendre les âmes désespérées. Margot avait été la plus sublime et la plus féroce d'entre toutes. Là où elle avait échoué pour Will, elle estimait avoir su accompagner celle qui était devenue, par la suite, son épouse.
La question qui suivit n'était pas surprenante. Alana l'accueillit posément. Son regard vif s'attarda sur l'observation des expressions de son interlocutrice, puis finit par se poser sur sa bouche. L'envie de l'embrasser devenait inévitable. Elle tut néanmoins cette envie en relevant les yeux pour croiser son regard.
- Oui, c'est ce qui s'est passé, confirma-t-elle avec calme.
Une citoyenne exemplaire n'aurait sans doute pas dû discuter de telles choses d'un ton aussi posé, mais Alana n'était plus réellement une citoyenne exemplaire. Seule la sûreté des siens importait, désormais.
Elle s'interrogea sur l'état de Mason. Si le dernier souvenir de Margot remontait à son accident de voiture, il était fort probable qu'elle n'ait pas fait face au Mason en fauteuil roulant lors de son réveil dans cette ville, sans quoi elle se serait naturellement posé des questions concernant sa mémoire. Cela signifiait donc que Mason était en pleine forme, dans cette réalité-ci. C'était une mauvaise nouvelle. Si le tuer avait été une tâche aussi aisée, c'était en partie dû à son manque de possibilité de mouvement.
Décidant de trouver une solution à ce détail plus tard, Alana cessa enfin son inspection silencieuse et détourna le regard pour observer la mer qui les retenait tous en cet endroit.
Elle l'interrogea en retour, d'une voix faussement légère :
- Voulez-vous les détails ?
Invité
Dim 5 Déc 2021 - 9:21
Can this be my entrance?
feat. Alana
Margot sait qu’elle ne peut pas se contenter de croire son interlocutrice sur parole, que ce serait une erreur qu’elle devrait préférablement ne pas commettre, mais elle ne peut s’empêcher, sur l’instant, de vouloir boire ses paroles sans les remettre en question. Et pour cause, Alana venait de lui dire précisément ce qu’elle avait eu envie d’entendre. C’est, bien sûr, ce qui était dangereux dans l’affaire… Elle pourrait très bien la manipuler en l’abreuvant précisément des paroles qu’elle avait eu le plus envie d’entendre, mais comme elle a besoin d’y croire ! de croire que cela puisse bel et bien être possible… Rien ne compterait davantage que cela dans son esprit.
Ce qui l’aide à tenir ici, au jour le jour, en présence d’un Mason plus violent et vindicatif que jamais, c’est la perspective qu’un jour, cela prendra fin. Parce qu’elle y mettra fin. Le jour où Mason mourra, elle en sera responsable : elle se l’est promis, et elle compte bien s’y tenir… elle voudrait seulement que cela ait lieu plus vite… Et l’idée d’y être déjà parvenue, dans une bribe d’existence qu’elle aurait oubliée, lui fait un bien terrible. Pourvu que ce ne soit pas un mensonge élaboré de la part de son interlocutrice : ce qui n’est pas le moins du monde à exclure. C’est même très probable, comme elle pourrait avoir été engagée par Mason pour lui retourner le cerveau, pour une raison qui lui échappe. Mais peut-être, aussi, qu’elle dit vrai.
« Oui », confirme-t-elle avec une certaine fermeté quand son interlocutrice lui demande si elle est désireuse de connaître les détails de ce qui s’est présumément passé.
Même si tout ceci ne doit être qu’un mensonge, elle a envie de l’entendre… parce qu’elle a envie de croire qu’elle sera plus à même de distinguer le vrai du faux dans ces circonstances. Elle se connaît, elle pense se connaître en tout cas : elle sait ce qu’elle serait capable de faire ou non pour sauver sa propre vie, pour se débarrasser de son bourreau. Qu’importe ce dont il est question, elle a besoin qu’Alana partage cette expérience avec elle. Elle en a trop dit et pas assez en même temps. Alana a besoin d’en entendre bien, bien plus.
« S’il vous plaît », ajoute-t-elle doucement.
Son regard, à présent, ne quitte plus Alana, qu’elle observe avec l’attention la plus soutenue, bien décider à sonder son discours en fonction de ce que son corps et sa voix exprimeront, tout en s’efforçant de ne pas se laisser distraire par la beauté presque irréelle qu’elle trouve à cette femme dont, elle doit le reconnaître, l’apparence ne la laisse pas insensible, ce qui ne l’aide peut-être pas à garder l’esprit aussi clair qu’elle le voudrait.
Code by Laxy
Invité
Dim 5 Déc 2021 - 18:31
Alana Bloom
&
Margot Verger
Can this be my entrance?
Alana se contenta d'abord de hocher la tête après la réponse par l'affirmative de Margot. Elle ressentait, par son langage corporel et grâce au ton de sa voix, le besoin qu'elle avait d'entendre ce récit. Et Alana n'avait pas la cruauté nécessaire à lui refuser cela.
Avant de décrire les circonstances de la mort de Mason, elle décida de donner un peu plus de contexte à la situation. Si c'était bien le moment des révélations, elle devait s'assurer que Margot trouve ses propos crédibles. Le moindre doute, en ces circonstances, pouvait être fatal pour son projet de la guérir de son amnésie.
- Votre frère aura sans doute omis de vous en informer, mais au moment de sa mort, il était en fauteuil roulant. Et défiguré.
Elle attendit que ces informations aient fait leur chemin dans l'esprit et l'imagination de Margot. Elle savait que visualiser Mason dans cet état pouvait être une étape importante pour son interlocutrice.
- Il était comme ça à cause de l'une de ses dernières interactions avec Hannibal. Mason a été drogué au point de se trancher lui-même la peau du visage pour la donner à manger aux chiens de Will Graham. Puis Hannibal lui a tordu le cou, ce qui a causé son handicap.
Elle s'interrompit de nouveau, attentive aux réactions de son interlocutrice, et prête à s'interrompre si elle sentait que ces informations étaient trop brusques pour elle. Elle hésita à mentionner l'épisode de la truie en tant que mère porteuse, mais estima que c'était un épisode trop traumatique pour qu'elle lui en parle de cette manière, alors qu'elles étaient à l'extérieur, qu'elles venaient tout juste de reprendre et contact et surtout, qu'il n'y avait ni alcool ni distraction pour encaisser le coup. Alana ne souhaitait pas endommager l'état psychique de Margot.
Après un temps de silence qu'elle employa à chercher ses mots, elle reprit avec une neutralité qui trahissait la satisfaction qu'elle avait à exprimer ce souvenir :
- Je vous ai déjà dit que Mason a tenté de me tirer dessus, et que vous l'en avez empêché en vous jetant sur lui. Grâce à vous, il est tombé dans son bassin, et nous lui avons toutes les deux maintenu la tête sous l'eau. Ironie du sort, c'est son anguille de compagnie qui a fini par l'achever et d'obstruer ses voix respiratoires en s'insinuant dans sa bouche.
Invité
Lun 6 Déc 2021 - 18:32
Can this be my entrance?
feat. Alana
Margot tente l’impossible : rester défiante et garder l’esprit ouvert, tout à la fois. Ce n’est définitivement pas chose facile, car elle ne peut s’empêcher de se dire qu’accorder le moindre crédit aux informations qui lui sont données revient à accepter de tomber dans un piège éventuel… et dans le même temps, ne rien écouter peut revenir à demeurer prisonnière d’une autre sorte de piège. Il faut qu’elle parvienne à faire le meilleur choix, à faire la part des choses, en somme. Elle veut croire qu’elle en a l’intelligence, mais si elle était vraiment à même de toujours prendre les décisions les plus pertinentes, elle ne se retrouverait pas dans la position de devoir admettre qu’on lui a peut-être menti concernant une large part de ce qu’elle a expérimenté dans sa vie passée.
Elle écoute donc, intègre les informations, les digère sans en tirer d’interprétation hâtive. Ainsi donc, Mason, au moment de sa mort serait en fauteuil roulant et défiguré. Cette pensée la fait sourire presque malgré elle. La mort est le seul sort acceptable pour Mason Verger, mais l’idée qu’il ait pu véritablement souffrir avant que cela n’arrive la réjouit franchement. Elle songe à demander des explications à ce sujet, mais Alana les lui donne finalement sans qu’elle ait besoin de les réclamer. Hannibal en serait responsable. Elle n’affiche ni horreur ni dégoût quant à l’horreur de ce qui lui est raconté. Hannibal aurait drogué Mason, l’aurait poussé à s’arracher la peau… avant de lui tordre le cou… et… tout cela se serait passé chez Will ? En l’absence d’informations beaucoup plus précises, il lui est difficile de comprendre ce qui a pu se passer. A moins d’envisager des représailles de la part de Will par l’intermédiaire de Will Graham ? Après tout, en interrompant violemment sa grossesse, il avait aussi étouffé dans l’œuf les velléités de parentalité de Will… En tous les cas, en dépit de ce que cela dévoile de la violence d’Hannibal Lecter, cette information aurait presque le don de lui faire gagner quelques points dans son estime.
Pour Margot, tout ceci peine à faire sens, malgré tout, elle écoute, et elle encaisse. Du mieux qu’elle le peut en tout cas. Une part d’elle, peut-être un peu naïve, songe que ce genre d’histoires ne sont pas de celles qui s’inventent et s’improvisent… mais c’est un peu facile, n’est-ce pas ? La suite aussi serait difficile à improviser… Au moment où Alana lui raconte la scène, elle a presque le sentiment de pouvoir dire l’avoir vécu, comme un flash, des images très précises qui lui reviennent de ce moment, mais qui pourraient bien n’être que des vues de son esprit, induites par ce qu’elle vient tout juste de lui être dit. A quel point ses pensées sont-elles influencées ou non ? Impossible pour elle de le dire.
« Une mort à sa hauteur », observe-t-elle, cynique. « Ici, je peux vous assurer que Mason est en pleine disposition de ses moyens. »
Mais elle ne le prend pas comme la preuve irréfutable que les dires d’Alana ne peuvent être vrais. Après tout, elle a entendu l’histoire d’individus qui auraient changé d’âge, voire d’apparence, en cela, le retour de Mason en parfaite disposition de ses moyens n’aurait rien de bien surréaliste.
« Il est vrai qu’il ne se comporte pas exactement avec moi comme il en a eu l’habitude par le passé », ajoute-t-elle d’un ton songeur en baissant le regard.
Et quand on savait l’horreur de son comportement en temps « normal », on était en droit d’appréhender le pire.
Code by Laxy
Invité
Mar 7 Déc 2021 - 8:31
Alana Bloom
&
Margot Verger
Can this be my entrance?
Il y avait un risque à ne pas négliger au cours de cette conversation. Celui que Margot la prenne pour une démente ou, pire, pour une personne malveillante. Ce qui serait compréhensible, dans sa situation. On ne pouvait survivre à un frère tel que Mason sans développer une méfiance naturelle envers autrui.
Mais au grand soulagement d'Alana, son interlocutrice semblait accepter d'envisager qu'il y avait au moins un fond de vérité dans son récit. La psychiatre n'observait pas de signes de rejet. Ce qui, là aussi, était compréhensible. La mort de Mason ne pouvait qu'être une éventualité envisageable et souhaitée, pour Margot. Possiblement un fantasme.
La confirmation de ses craintes quant à l'état de Mason lui glaça le sang. L'ajout qui suivit la paralysa. Son visage se figea. Mâchoire crispée, elle détourna soudainement les yeux pour observer l'horizon, les bâtiments de la ville au loin, la mer. Tout ce qui pouvait la distraire de Margot et de ce corps qu'elle voulait étreindre, de ces joues qu'elle voulait caresser et de ces lèvres qu'elle souhaitait, plus que jamais, embrasser.
Son imagination ne pouvait que lui fournir mille et un scénarii cauchemardesques au sujet de ce que ce sadique notoire pouvait faire subir à sa sœur. Chaque image qui traversait son esprit accentuait la force de ses désirs d'homicide. C'était ce geste, subtil, qui avait éveillé la férocité de sa fureur. Margot avait baissé le regard. A cause de Mason. Le champ de vision d'Alana se couvrit d'un voile rouge.
Ce changement de comportement, de la part de Mason Verger, n'était pas surprenant. Par le passé, il avait été dépossédé de ses moyens, de la majorité de ses pouvoirs. Il avait perdu cet ascendant si précieux qu'il possédait sur son entourage. Sa soeur, qu'il n'avait jusqu'alors considéré que comme un jouet supplémentaire, plus divertissant de par leur lien de sang, l'avait vaincu. Dans cette ville, ayant récupéré ses facultés physiques, ayant récupéré sa fortune et son influence, il ne pouvait que s'en donner à coeur joie. Et soigner son orgueil blessé, sa "virilité" retrouvée en redoublant de monstruosité. Cette analyse vint naturellement à Alana. Mais elle s'abstint de la partager à son interlocutrice, qui n'avait pas besoin d'entendre cela.
- Je vous apporterai mon aide et mon soutien dans cette vie aussi. C'est une promesse, Margot.
Elle se mordit la lèvre inférieure, s'humecta les lèvres. Pour s'abstenir de les faire rencontrer celles de son interlocutrice. Pour s'abstenir d'ajouter tous ces mos doux, ces murmures réconfortants dont elle voulait l'inonder.
Mais elle ne voulait pas imposer sa volonté. Dans ce contexte, elle occultait trop facilement l'amnésie de Margot et le manque de souvenirs qui élevait des barrières considérables entre elles. Après un instant de silence, elle souffla avec plus de douceur :
- Si vous les désirez, bien sûr. Je tiens à me placer en tant qu'alliée, pas comme fardeau ou source d'angoisse supplémentaire. Si c'est ma discrétion et ma distance que vous préférez, je respecterai votre volonté.
Invité
Mar 7 Déc 2021 - 19:16
Can this be my entrance?
feat. Alana
Que peut valoir la promesse de cette femme qu’elle ne connaît pas, ou du moins qu’elle a le sentiment de ne pas connaître (et l’impression de connaître en même temps) ? Sans doute pas grand-chose. Margot se défie des paroles en l’air, des promesses qui peuvent si facilement être rompues, mais elle doit tout de même admettre avoir un semblant d’espoir dans celle que formule Alana. Peut-être parce qu’elle est capable de deviner à son attitude l’ampleur du dégoût que lui inspire Mason, peut-être encore parce qu’elle conserve le sentiment que toutes deux se connaissent, sans savoir entièrement l’expliquer malgré tout. Dans un cas comme dans l’autre, elle ne sait entièrement rejeter cette main tendue. Il est si rare que qui que ce soit lui parle vraiment, et en pleine conscience de ce qu’elle endure. Il est si rare pour elle d’être pleinement comprise que quand elle a ne serait-ce que l’intuition que c’est le cas, il est assez difficile de ne pas y céder.
Elle voudrait prétendre être capable seule de tuer Mason Verger. Mais elle sait, objectivement, qu’elle ne saurait accomplir une telle prouesse seule… Elle veut bien croire qu’il ait fallu attendre que son frère soit diminué physiquement pour qu’elle réussisse à avoir l’ascendant sur lui. Ici, outre le fait que l’anguille de compagnie de Mason n’ait pas été du voyage, elle doute fort de répéter à l’identique ce qui ne sera peut-être jamais qu’un fantasme, ou bien un souvenir qui ne veut pas dépasser le seuil de son inconscient. Il faudra s’y prendre autrement, soit, et la parole d’Alana, en ce sens, a son importance… encore faut-il espérer que cette dernière ne soit pas motivée par une quelconque impulsion extérieure.
Alana est familière des grands marionnettistes qui régissent son existence. Soit elle veut l’aider à couper les fils pour de bon, soit elle veut se joindre au spectacle, à moins d’être manipulée elle-même. Dans tous les cas, cela ne présage pas les perspectives les plus heureuses et les plus réjouissantes pour elles… pas sans quoi que ce soit de concret pour étayer la promesse de cette femme, en tout cas. Le fait qu’Alana soit prête à se dérober à cette promesse si tel est le désir de Margot intrigue cette dernière mais accroit dans le même temps ce semblant de confiance qu’elle voit naître en elle. Elle lui laisse les rênes, pour peu que l’on puisse prétendre qu’elle en possède, et pour Margot, ce n’était pas rien. Pour Margot, c’est même beaucoup. Une attention plus grande que quiconque lui en a porté depuis des années maintenant.
« De quelle façon estimez-vous être capable de m’aider ? » demande-t-elle, sur la réserve certes, mais disposée néanmoins à discuter de cette possibilité avec son interlocutrice. Comme une opportunité qu’elle aurait tort de ne pas saisir, elle devine que c’est une chose qu’elle doit faire. Que c’est une chose qu’il est nécessaire qu’elle fasse, même.
Code by Laxy
Invité
Mer 8 Déc 2021 - 22:26
Alana Bloom
&
Margot Verger
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Cette occasion qu'elle lui laissait de rejeter son aide n'était pas anodine. Alana voulait offrir à Margot tout le pouvoir qu'elle pouvait tirer de leur échange. La pauvre avait tellement été privée de volonté et de moyens qu'Alana ne pouvait que lui laisser les rênes. Ironiquement, elle en était venue à la même conclusion qu'Hannibal : tuer Mason serait cathartique, pour Margot.
- Je connais votre frère. Je connais ses méthodes. Si Mason savait que je suis ici, nous ne serions actuellement pas en mesure d'avoir cette conversation. Il ne s'attendra donc pas à ce que je vous vienne en aide.
Ce sentiment de supériorité qu'il avait en permanence causerait, une fois de plus, sa perte.
- Plus concrètement... Mon emploi me donne accès à de nombreuses substances. Dont certaines qui, au bon dosage, sont très efficaces pour paralyser un homme. Ou pire. J'ai également accès, officieusement, à des drogues dont l'efficacité n'est plus à prouver. Tout dépend de ce que vous désirez, Margot. Envisagiez-vous une mort lente ou rapide pour Mason, durant vos séances avec Hannibal ? Douloureuse, je suppose.
Pour sa part, elle était partagée. Un pourceau pareil ne méritait pas autant d'attention qu'il n'en fallait pour orchestrer un assassinat lent et douloureux. Mais elle devait reconnaître que s'il y avait bien un homme contre lequel le sadisme se justifiait et était même pardonnable, c'était Mason Verger. Un tel cas ne méritait pas non plus une mort sereine et indolore. Ce qu'il méritait, en vérité, c'était la torture. Ce n'était pas une affirmation qu'Alana prononcerait à voix haute. Elle était consciente que c'étaient ses désirs de vengeance qui s'exprimaient là. Des désirs inspirés par la manière dont il avait traité Margot. Ce n'était donc pas la psychiatre qui intervenait dans ce fil de réflexion, mais l'épouse et la mère. Il était inconcevable de laisser Mason en vie si elle voulait protéger Margot et Morgan. C'était une équation simple. Mason était un danger, et il lui fallait éradiquer ce danger. Quelle que soit la manière.
Même si, pour cela, elle devait accepter de vendre son âme au diable, ou à celui qui s'en approchait le plus dans cette ville.
- Il vous croit isolée et vulnérable, soumise à sa seule volonté. Vous êtes donc la seule qui puissiez l'approcher et... Agir, au moins dans un premier temps, sur lui. Je pourrais vous fournir ce qu'il faut pour le neutraliser.
Invité
Jeu 9 Déc 2021 - 18:20
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feat. Alana
Margot est aussi défiante qu’attentive au moment d’écouter son interlocutrice partager avec elles des suggestions destinées à la débarrasser pour de bon de ce frère violent et oppressif. Elle ne peut pas passer à côté de l’opportunité de se débarrasser de Mason, même si cette opportunité doit lui être offerte par une inconnue… Ou quelqu’un qui lui semble être une inconnue, tout en lui donnant le sentiment de la connaître depuis toujours. Elle estime que c’est son rôle et son devoir de tuer Mason, et elle ne laissera personne d’autre qu’elle s’octroyer ce privilège, mais quand bien même, si il peut être possible de recevoir conseils et recommandations, elle l’accepte. Au plus tôt elle sera débarrassée de lui, au plus tôt son existence, qu’elle ne vit qu’entre parenthèses, pourra bel et bien commencer. C’est comme si dans l’attente, elle se retenait de respirer, et elle n’a que trop hâte de pouvoir enfin reprendre son souffle.
Alana lui apprend avoir accès à des drogues qui, utilisées de manière avisées, pourraient permettre de paralyser un homme. C’est exactement ce qu’il lui faudrait : Mason, incapable de faire le moindre mouvement, contraint d’assister à sa propre déchéance. Elle ne compte pas lui réserver un sort plus clément que celui qui avait été le sien dans cet autre vie dont elle ne se souvient plus, si cette autre vie a seulement existé, ce dont Margot s’estime en droit de douter.
« Je veux le voir souffrir », confirme-t-elle sans broncher, sans la moindre réserve ni la moindre honte. Mason ne mérite pas une mort rapide et indolore, non, il mérite de souffrir autant que Margot elle-même a souffert sous son emprise, depuis si longtemps qu’elle n’a pas souvenir d’un temps de sa vie où l’influence néfaste de son frère n’a pas impacté directement sa vie. « Non, Mason n’aura pas une mort rapide », ajoute-t-elle avec, dans la voix, un cynisme manifeste.
Elle devrait peut-être se cacher des émotions profondément négatives que lui inspire son frère, mais elle ne pense pas que ce soit chose nécessaire, pas en présence de cette femme. Elle en sait toujours trop peu sur elle, certes, mais elle n’a aucun mal à croire que sa haine envers Mason soit tout à fait légitime. En même temps, Mason est bien plus simple à haïr qu’à apprécier. Même parmi ses hommes de mains, elle ne pense pas que beaucoup d’entre eux lui soient tant dévoués au-delà de la somme extravagante qu’il sait leur verser pour les garder à son service.
Alana a raison de le souligner : Mason la pense isolée, vulnérable, il ne s’imagine pas qu’elle soit encore susceptible de se rebeller contre lui, ou du moins qu’elle ait la chance d’y réussir. Qu’elle y soit parvenue une première fois aurait pu lui inspirer un minimum d’inquiétude, mais ce qui semble être ses lacunes de mémoire avaient joué en sa faveur. Du moins faut-il raisonner ainsi si l’on admet qu’Alana Bloom ne fait que lui dire la vérité, ce dont elle n’est pas encore totalement convaincue.
« D’accord », décide-t-elle après un moment d’hésitation. « J’accepte votre aide, oui. »
Qu’a-t-elle à perdrez, après tout ? Plus grand-chose, à bien y regarder.
Code by Laxy
Invité
Ven 10 Déc 2021 - 0:11
Alana Bloom
&
Margot Verger
Can this be my entrance?
Une inquiétude bien cruelle à l'égard de son interlocutrice traversa l'esprit d'Alana au moment de lui exposer ces manières pragmatiques dont elle pourrait l'aider. Cette inquiétude pouvait être résumée ainsi : sans la proximité physique, sans action de sa part pour aider concrètement Margot à anéantir son frère, Alana craignait de manquer de matière à continuer de se rapprocher - à nouveau - de celle qui lui faisait face. C'étaient les semaines passées à visiter quotidiennement le domaine des Verger qui leur avaient permis de devenir si proches. C'était par son implication directe dans les plans de Margot pour se débarrasser de son frère qu'elles s'étaient révélées l'une à l'autre au point de développer des sentiments amoureux. Or, si elles semblaient reproduire un certain schéma dans cette réalité-ci, la distance nécessaire que devrait prendre Alana l'inquiétait.
Naturellement, elle savait que c'était là une préoccupation irrationnelle. Ses émotions tentaient, une fois de plus, de l'aveugler. Elle devait, par ailleurs, se montrer plus confiante. C'était une angoisse bien injuste pour l'entièreté de leur relation. Celle-ci s'était développée dans des circonstances particulières, ce qui les liait l'une à l'autre était profond et complexe, mais sincère. Une fois que Mason serait absent de l'équation, le risque était certes que Margot se désintéresse de ce que pouvait lui apporter Alana. Mais ce n'était pas ce qui s'était passé la première fois. Elle devait avoir foi en leur relation et en cette famille qu'elles avaient fondé ensemble.
Un soulagement visible anima le visage d'Alana suite à l'acceptation de Margot. Pour l'heure, elle y voyait une certitude. Celle qu'elles se reverraient. Et c'était suffisant pour faire taire ces pensées vicieuses et intrusives qui tentaient de lui faire considérer les pires des éventualités.
- Bien. J'aurai besoin de quelques jours.
Elle plongea les mains dans les poches de sa veste. Cette décision annonçait une fin de conversation imminente. Et donc, cela signifiait que le moment des séparations était proche, lui aussi. L'émotion qui étreignait son cœur lors de cette réflexion silencieuse lui déplut. Cette émotion était cependant moindre à côté du bonheur véritable quoique douloureux de l'avoir retrouvée, même si ce n'était que pour le temps d'une conversation.
- Le plus simple serait que nous nous revoyions pour que je puisse vous les confier en mains propres. Avez-vous à l'esprit un endroit, un moment où ce serait chose envisageable ?
Invité
Ven 10 Déc 2021 - 20:14
Can this be my entrance?
feat. Alana
« Je ne suis plus à quelques jours près », répond Margot d’un ton légèrement amer.
Bien sûr qu’elle peut accorder quelques jours à Alana, si cela peut lui permettre d’aboutir bel et bien à un résultat viable sur son frère. Certes, elle pourrait en exiger davantage, mais elle ne ment pas quand elle affirme qu’elle n’est pas à quelques jours près, même si ce constat est particulièrement déplaisant. Depuis combien de temps supporte-t-elle la violence, l’influence, la malveillance de son frère ? Depuis… toujours ? Plus ou moins. Elle n’a pas souvenir d’un jour de sa vie où elle ne se soit pas retrouvée sous sa coupe, où elle n’ait pas eu à souffrir son comportement. Alors oui, chaque jour passé est un jour de douleur, de colère, de désir de vengeance, mais elle peut bien accorder un tel délai à Alana, qui au final paraît relativement insignifiant.
Et donc, à présent que c’est chose dite, elles n’ont plus qu’à prendre congé l’une de l’autre ? Oui sans doute en effet. Après tout, que pourraient-elles se dire de plus ? Et surtout, chaque minute qu’elles passent ensemble peuvent les mettre en danger, autant l’une que l’autre. Elles se doivent d’être plus prudentes que jamais, elles n’ont tout simplement pas le choix… Sans être certaine de ce qu’elle peut croire ou non des paroles de son interlocutrice, Margot sait tout de même que la conversation qu’elles viennent d’avoir est une conversation qui déplairait profondément à Mason. Elles peuvent tout à fait décider de jouer avec le feu, mais il est évidemment préférable de ne pas le faire plus que nécessaire.
Pourtant, à la perspective de mettre un terme à cette conversation, Margot se sent… curieusement, vide. Elle ne supporte pas cette possibilité… Elle n’avait pourtant pas souvenir d’avoir connu cette femme, mais au moment de constater que leurs chemins vont certainement se séparer, elle se sent… vide ?
« Je viens régulièrement ici, toujours autour de la même heure », dit-elle avec le constat déplaisant que ses libertés sont définitivement restreintes à peau de chagrin. Mason n’aurait pas supporté qu’elle s’en aille à n’importe quel moment, il fallait, à tout moment, qu’il sache où elle allait et ce qu’elle faisait. Ces balades à cheval étaient son occasion, sa respiration… si elle s’écoutait, elle partirait, galoperait cheveux aux vents, et ne retrouverait jamais le domaine des Verger, mais ce n’est pas ainsi que les choses devaient se passer. « Si vous venez me chercher ici comme vous l’avez fait aujourd’hui, vous avez de bonnes chances de me trouver. »
Apparemment, cette femme était tout à fait à même de remonter sa trace, et il est plus simple de l’intégrer à ses habitudes plutôt que de fixer un rendez-vous dont la singularité, le caractère exceptionnel, éveillerait peut-être l’attention de son frère et de ses hommes de main.
Code by Laxy
Invité
Jeu 16 Déc 2021 - 15:40
Alana Bloom
&
Margot Verger
Can this be my entrance?
Le moment de la séparation arrivait et Alana constatait douloureusement que ce n'était pas une expérience qui lui plaisait. Tout son être refusait cette distance qu'elle allait devoir s'imposer de nouveau. La proximité physique avec Margot était addictive. En toutes circonstances, Alana voulait être proche d'elle, suffisamment proche pour sentir son parfum, deviner sa chaleur corporelle, la frôler, à défaut de pouvoir l'étreindre. Mais elle ne pouvait pas leur imposer de rester ad vitam aeternam sur cette plage, même si cette éventualité était pour le moins séduisante.
Elle aussi aurait aimé posséder le pouvoir de permettre à Margot de retrouver sa liberté immédiatement. Le plus tôt serait le mieux.
Attentive, elle écouta Margot suggérer qu'elles se retrouvent sur cette même plage. Alana hocha la tête. C'était la solution la plus discrète. Et la plus charmante, aussi. Comme une amorce d'habitude qu'elles pouvaient toutes les deux prendre. Silencieusement, elle se fustigea pour avoir conscientisé de telles pensées. Il était question d'aider Margot, elle devait se focaliser sur cet objectif.
- Je le ferai, promit-elle. Je crois qu'il serait imprudent que je vous laisse mon numéro. Mais si vous souhaitez... Me contacter avant que je ne vous retrouve, s'il y a la moindre urgence, vous pourrez me retrouver sur Raccoon Square, c'est là-bas que se situe mon cabinet et je pourrai vous accueillir si besoin il y a.
Elle expira, longuement. Quitter sa présence était une nécessité plus dure à accomplir si elle croisait son regard. Elle accorda donc son attention au cheval et eut un sourire sans joie.
- A bientôt, Margot. Je vous promets de faire au plus vite. D'ici là... Prenez soin de vous. Et bon courage pour... Tout.
Elle céda et tourna son regard en direction du visage de son interlocutrice. Son sourire prit des allures plus sincères, quoique profondément tristes. Elle hocha la tête pour la saluer et s'empressa de rebrousser chemin, dans la hâte de quitter la plage et la présence déstabilisante de Margot.
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