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Be my guest.
« L’impératrice souhaite vous voir. Et que vous mettiez ça. Ne tardez pas. »
Le garde impérial déposait une robe somptueuse sur le lit de la prisonnière. Elle appartenait à l’ancienne reine de ces lieux il y a fort longtemps, Padmé Amidala, disait-on. Malgré sa complexité apparente, elle était de loin la robe la plus simple qu’il lui ait été donné de porter. Elle n’avait pas perdu de sa superbe, le tissu était toujours intact et de bonne fabrique, malgré les mauvaises conditions dans lesquelles elle fut gardée. À cause des avancées rebelles, les forces impériales n’eurent nul autre moyen que de battre en retraite le temps d’établir une nouvelle stratégie pour mater ces groupes dissidents. Pas étonnant qu’ils aient répliqué avec violence étant donné que l’ennemi détenait l’une des figures importantes de leur bataillon : Pearl. Luka Skywalker, fraichement nommée impératrice, avait eu beau ordonner – et conduire – des séances de torture plus affreuses les unes que les autres, conduire des interrogatoires musclés à l’égard de Pearl, cette dernière n’avait rien lâché. Cette position avait créé deux sentiments totalement contradictoires chez Luka. D’une part, n’arriver à rien avec elle l’avait plongé dans une colère terrible, d’autant plus que personne n’avait manqué de lui rappeler ô combien ce genre de choses ne serait jamais arrivée avec son père qui avait des méthodes bien plus expéditives. Mais d’autre part, la rebelle lui rappelait la jeune femme qu’elle fut quand elle appartenait encore à leur camp avant de sombrer dans les si chaleureuses ténèbres que son père lui offrait gracieusement. Elle trouvait son combat et son abnégation nobles en dépit de tous les mauvais sentiments que lui inspirait la rébellion. Oui, l’impératrice éprouvait une certaine sympathie pour la rebelle.
Le palais de Naboo, conquis par l’Empire il y a quelques années de cela et planète pour laquelle Luke s’était autoproclamée (avec l’aide de la répression violente et sanglante) reine, était le nouveau lieu de villégiature pour ses armées et ses nouveaux plans d’attaque. Les généraux avaient été contre cette décision, mettant en avant l’argument d’une retraite plus aisée en restant dans les airs, mais personne n’avait plus osé la contredire quand elle avait balancé sans ménagement par-dessus bord l’un des contestataires après l’avoir étranglé à l’aide de la Force. Nombreux sont ceux qui se laissaient avoir par l’innocence de ses traits angevins hérités conjointement de sa mère et de son père, pensant pouvoir aisément la manipuler, mais Luka n’hésitait jamais à rappeler à ses détracteurs qu’elle avait également en elle les démons qui avaient bien longtemps animé son paternel. Les choses devaient être faites comme elle l’entendait, un point c’est tout.
Le garde impérial escortait la prisonnière de l’impératrice jusqu’à l’un des jardins intérieurs du palais. On lui avait encore une fois déconseillé sa nouvelle tactique : redistribuer les cartes avec Pearl en se montrant sous un nouveau jour puisque rien n’avançait avec elle. La personne à l’origine de cette contestation fut purement et simplement transpercée par la lame rougeoyante du sabre de Luka avant qu’elle n’ajoute au reste de la tablée, impassible, froide et un brin arrogante. « Si quelqu’un a autre chose à ajouter, c’est tout de suite messieurs, je suis tout ouïe. » Le silence de mort qui avait suivi lui apportait entière satisfaction.
L’appellation « jardin intérieur » était assez trompeuse puisqu’il était bordé d’un balcon qui surplombait le lac. Disons qu’il avait hérité de ce nom purement et simplement parce qu’il n’y avait pas moyen d’y accéder depuis l’extérieur — une enclave verdoyante au sein du palais. Une fontaine à inspiration Grèce antique trônait au centre de la cour. La statue qui la décorait était à l’image de la reine Amidala, entourée par un jeu de jet d’eau qui ne faisait que la sublimer. Luka se plaisait souvent à la regarder en se demandant ce que sa vie aurait été à ses côtés, élevée par cette femme dont la réputation n’était plus à faire. Elle n’y pensait jamais très souvent, cependant, comme ce genre de réflexion la plongeait bien souvent dans une tristesse profonde que son rang ne pouvait tolérer. Elle se contentait alors de s’assoir sur son rebord et de méditer, à la mode Jedi, seul reste de ses anciens enseignements dispensés par Kenobi. Les plantes et arbrisseaux d’une rareté sans pareille donnaient un air encore plus idyllique et paisible à ce jardin déjà bien féérique grâce à l’architecture du palais. Une table avait été préparée à la demande de l’impératrice pour un diner qui s’annonçait somptueux. Elle était accoudée à la rambarde du balcon quand elle sentit Pearl et le garde arriver. Elle les voyait descendre l’escalier qui menait au fameux jardin. « Ah ! Voilà mon invitée. » Un sourire élégant et faussement doux prenait place sur ses lèvres quand elle s’avançait vers la rebelle. Luka avait troqué ses habits Sith et militaires pour une robe qui appartenu également à sa mère : fluide, élégante, rehaussant davantage sa stature de reine et d’impératrice en ces lieux. Le noir qui habillait le bas de la robe en dégradé ne laissait aucun doute quant à ses inspirations. La Sith notait que ses ordres avaient été respectés quand elle remarquait les poignets de Pearl libre de tout lien. On lui avait dit que cette idée pouvait être dangereuse, mais Luka clarifiait immédiatement la situation auprès de Pearl. « Ne tentez rien à mon égard : je serais fort peinée de vous tuer le ventre vide si une telle chose devait arriver. » Elle tirait avantage de l’innocence de son visage pour prendre un air véritablement désolé face à son interlocutrice. Mais, par sa fausseté, le soupir quel poussait soulignait sa menace et ses yeux d’un bleu vif, intense, accentuaient la dangerosité de sa menace sous-jacente. Luka ne sous-estimait pas la femme qu’elle avait en face d’elle — elle la savait puissante, rusée, aussi douée qu’elle au combat, alors elle redoublerait d’attention et d’efforts pour l’affronter et/ou la tuer si elle devait en venir à de telles extrémités. « Mais, fort heureusement, nous n’en sommes pas là. Vous êtes mon invitée ce soir. » Son sourire angélique fit une percée sur son visage. Nul ne saurait dire s’il était sincère ou non, ce qui augmentait la menace que représentait l’impératrice ; jamais personne ne savait ce qu’elle avait dans la tête, calculant tout le temps le moindre de ses gestes et la moindre de ses actions. Elle fit signe à Pearl de la suivre jusqu’à la table qui avait été préparée pour l’occasion. Avait-elle le choix de toute manière ? Le garde impérial barrait la seule entrée/sortie possible et il ne valait mieux pas défier la reine quand on savait ce qu’elle faisait de ces victimes. « Nous sommes parties sur de mauvaises bases toutes les deux. Et vous m’en voyez navrée. Je sais que je peux me montrer…caractérielle par moment. » Le ton que Luka employait était tout bonnement insupportable puisqu’elle ne cachait en rien son ironie. Son petit rictus discret et en coin en rajoutait également une couche. En parallèle, elle remplissait deux verres d’un alcool qu’on pourrait assimiler à du vin, un nectar somptueux pour lequel beaucoup de gens pourraient s’écharper compte tenu de sa valeur marchande. Elle en tendait un à Pearl, le sourire clair, mais le regard voilé sans perdre de sa superbe, révélant la constante ambivalence de son comportement. Le danger logeait effectivement dans cette faille : qui savait ce que l’impératrice avait réellement en tête ? Que manigançait-elle avec ce diner ? Que cherchait-elle ? D’autant plus qu’elle se montrait un brin séductrice avec ses œillades cachées, subtiles, que seul l’inconscient pouvait remarquer. « Buvons à ces…réconciliations, voulez-vous ? » L’araignée tissait doucement sa toile autour de sa victime.
Pearl considère la robe déposée sur le lit avec un mélange d’infinie défiance et d’exaspération. La tenue est sublime, vraiment sublime, de celles que Rose aurait pu porter quand elle se présentait encore sous son titre de diamant, tant il est luxueux, mais outre le fait que Pearl se soucie peu d’extravagance ou d’élégance, elle ne supporte pas l’idée d’obéir à aucune des directives de Luka Skywalker, dût cette directive être aussi innocente, en apparence, que de lui demander de porter une tenue très habillée. Elle ne voulait en aucune manière donner satisfaction à l’impératrice, de quelque manière que ce soit. Cependant, elle sait que consentir à un semblant de compliance pourra éventuellement être ce qui lui permettra de tirer son épingle du jeu et de se tirer de la situation désastreuse dans laquelle elle se trouve. Des semaines de torture et d’interrogatoire musclées l’ont éprouvée physiquement et mentalement (mentalement surtout) mais n’ont pas le moins du monde eu raison de sa détermination la plus totale et entière. Résignée, elle mourra pour ne pas parler, c’est ce que Rose attendrait d’elle… Mais perdre du terrain sous le prétexte de ne pas avoir voulu porter une simple robe serait absurde alors, à contre-cœur, elle finit par accepter d’obéir.
La tenue est d’une criante élégance, trop élégante pour elle, sans doute, qui en tant que perle ne pouvait naturellement prétendre à aucune forme de noblesse. Elle se sent déguisée, dans cette tenue qui contraste si sûrement avec ses habitudes, et qui limite par bien des aspects ses capacités de mouvements (est-ce que c’est que Skywalker recherche ou surinterprète-t-elle les faits ?). Ceci dit, elle peut reconnaître qu’elle est sans doute plus belle dans cette tenue qu’elle ne l’a jamais été, et qu’il n’est pas déplaisant de porter des vêtements propres.
Escortée par un garde impériale, elle est menée jusque dans un somptueux jardin intérieur, élégant, apaisant peut-être si l’on ne redoutait pas autant que Pearl l’ire d’une impératrice réputée pour avoir hérité de son père un tempérament des plus violents et sanguins. Elle ne sait pas à quoi rime tout ceci, mais elle est sur ses gardes, avec, à l’esprit, l’idée qu’être pour une fois hors de sa cellule peut éventuellement lui donner une opportunité en or de prendre la fuite. Encore faut-il qu’elle y parvienne bel et bien, et ce n’est pas forcément gagné. Skywalker est là, accoudée au balcon, tandis que Pearl avance dans sa direction, adressant au passage un regard circonspect à la table dressée à leur attention. Voilà une éternité qu’elle n’a pas avalé de vrai repas, ce ne serait certainement pas de refus… Mais elle préférerait, tant qu’à faire, dîner en une tout autre compagnie qu’en celle de la femme qui lui a déjà tout prix, et semble pourtant vouloir en réclamer davantage. « Voilà une bien étrange manière de qualifier vos prisonniers », réplique sèchement tandis que Luka Skywalker se tourne vers elle, avec sur le visage une douceur qu’elle trouve au fond plus alarmante que si l’impératrice affichait d’office son animosité à son égard.
Dans sa robe élégante, il se dégage d’elle un charisme auquel il est difficile de ne pas être insensible. Pearl reste néanmoins focalisée sur sa seule situation, en quête d’une échappatoire. Pour la première fois depuis longtemps, ses poignets ne sont pas liés. Elle pourrait invoquer sa lance, attaquer, peut-être même réussir à la tuer… mais quelles seraient ses chances de s’en sortir alors ? Et comment pourrait-elle-même, d’ailleurs, envisager s’en sortir ? Luka Skywalker est évidemment bien plus forte et redoutable qu’elle ne saura jamais l’être. Alors non, elle ne tentera rien, pas tout de suite, du moins, mue par un instinct de préservation qui ne l’a pas encore complètement désertée en dépit de ses moments de plus grande détresse, où plus rien n’avait l’air de compter.
Chacune des paroles prononcées par l’impératrice éveille chez Pearl une inquiétude neuve, elle n’est pas le moins du monde rassurée par son discours mielleux, auquel elle ne goûte pas le moins du monde. Pearl a bien des défauts, mais la naïveté n’en fait définitivement pas partie. Alors que Pearl s’installe à table, à contrecœur, un sourire infiniment cynique vient étirer ses lèvres au moment d’entendre l’impératrice ajouter qu’elles sont partie du mauvais pied, qu’elle peut parfois être… caractérielle ? Ben voyons ! A ce stade, ce n’est même plus un doux euphémisme. Évidemment, il est ironique, et elle ne s’en cache pas, d’ailleurs. Le rictus sur son visage en dit bien assez long et ne fait qu’intensifier l’animosité de Pearl : elle se croit toute-puissante, elle se croit intouchable. Et jusqu’alors, rien ni personne n’a su lui prouver le contraire. Serait-elle capable de changer la donne ? Elle est loin, bien sûr, de s’imaginer posséder un tel pouvoir, mais en l’esprit, elle ne peut s’empêcher de rechercher une faille, n’importe laquelle, dans laquelle s’engouffrer.
« Pour espérer une réconciliation, il faut que les deux partis veuillent faire la paix, si je ne m’abuse. » Elle considère un instant son verre, pas convaincue qu’en boire le contenu soit une idée en quoi que ce soit judicieuse, avant de reporter son attention sur l’impératrice. « Entre vous et moi, il sera impossible de trouver le moindre terrain d’entente, pas même un semblant de conciliation. » Elle la toise. Elle doit reconnaître, au-delà de l’inquiétude que, tout naturellement, elle éprouve, être aussi intriguée. « Pourquoi ce dîner ? Que cherchez-vous, exactement ? »
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Tu étais une personne très théâtrale. Chacun de tes gestes était une mise en scène à eux seuls, une parade pour ton audience, peu importe laquelle. Tout ce qui émanait de toi, sans exception, devait marquer les esprits. Au départ, c’était un simple jeu et maintenant cette manipulation s’était greffée à ton naturel. Tu pensais que cela participait à l’iconisation de ta personne dans les esprits. Par ce biais, tu voulais qu’on te craigne, mais aussi qu’on t’admire, adoptant ainsi la stature d’une déesse. Que personne ne vienne insinuer que tu étais mégalomane ou narcissique — iel finirait la tête tranchée. C’était l’apanage des dieux de toute manière de punir ses enfants dès que sa suprématie était remise en question. Parfois, l’effet produit était tout bonnement éblouissant et tu pouvais arracher n’importe quoi à n’importe qui, mais dans ce contexte-là, c’était plutôt risible. Tu n’en avais cure ; tu restais dans ton rôle. Tu attrapais ton verre du bout des doigts comme s’il était fait d’un métal rare et précieux alors qu’il n’était qu’en cristal — matériau plutôt commun ici. Même la gorgée que tu dégustais était un petit spectacle en soi, rien qu’à voir comment tu claquais ta langue contre ton palais pour signifier ô combien le nectar qui glissait dans ta trachée était un délice. « Merveilleux. » Et c’est avec une certaine lenteur que tu reposais ton verre sur la table avant de t’asseoir sur la chaise qui trônait au bout comme un salut que tu adresserais à ton public uniquement composé de Pearl. « Pour manger. Quoi d’autre sinon ? Asseyez-vous. » L’ordre était manifeste quand tu levais tes doigts pour les agiter afin de te servir de la Force pour la contraindre à s’asseoir. Ton regard était nettement moins sympathique cette fois-ci, brillant d’un éclat différent, plus menaçant. Si Pearl était plus près, elle aurait même pu déceler l’éclat orangé typique des Sith qui miroitait brièvement dans tes iris. Mais le bleu retrouvait vite sa place naturelle. Il en allait de même pour ton sourire et ta voix faussement innocents. « Oh ? Vous croyez ? Pourquoi être aussi pessimiste ma chère Pearl ? Vous êtes une femme intelligente. Je suis une femme intelligente. Il est évident que vous et moi arriverons à faire de petites concessions. » Avec l’aide de la Force, tu attirais l’un des plats à toi pour te servir. En faisais-tu de même pour ta convive ? Non. Qu’elle se débrouille. Parce que tu n’avais pas fini t’interpréter ton rôle dans ta petite scène. Tu retrouvais cet air désolé, tu poussais même un soupir attristé pendant que tu avalais ta bouchée. Puis tu regardais dans le vide, l’air de rien, murmurant alors que tu passais ta main dans tes cheveux pour les rejeter en arrière. « Mais si vous ne consentez pas à la paix, personne ne vous forcera, ma chère. Quel dommage que le petit Steven soit obligé de pâtir de votre manque de bonne volonté dans cette histoire. Alors qu’il suffirait de me donner quelques noms pour que son supplice s’arrête. Lui qui a tant d’espoir en vous… J’en ai presque le cœur brisé quand je l’entends crier votre nom. Presque. » Tu haussais les épaules d’un air ironique comme si tu t’excusais de n’avoir aucune empathie envers le pauvre garçon. Pourquoi en aurais-tu de toute manière ? Tu avais perdu toute bonté et tout cœur le jour où Dark Sidious s’était amusé à te torturer devant ton père, impassible, afin de détruire toute trace de valeur Jedi en toi pour te préparer à l’après, à la souffrance, à ne plus avoir de pitié pour quiconque. Personne n’en avait eu pour l’adolescente que tu fus. Quand ton propre père ne peut te sauver, personne ne le peut. Tu avais pourtant crié à l’aide de toutes tes forces lors de ces moments funestes, mais jamais personne n’était venu te sauver. Personne n’aurait de pitié pour Steven, surtout pas toi. Qu’il soit adolescent ne changeait rien, c’était même pire : cela excitait le démon sadique en toi.
Le petit jeu s’arrêtait quand tu reposais ton regard sur ton adversaire. Cette fois-ci tu ne dissimulais pas la noirceur de ton regard. Bas les masques ! Le monstre s’éveillait enfin, las de se dissimuler sous cette couverture qu’il haïssait. Pearl avait devant elle la bête que tout le monde décrivait avec crainte, la terreur vissée au ventre si un jour iel devait se retrouver entre les griffes acérées de ce cerbère. Tu pris une énième bouchée, déchirant la viande avec une certaine bestialité, comme si c’était un des muscles de Steven qui se trouvait entre tes crocs. « Quel dommage qu’il soit tombé entre mes mains sur votre planète de merde avant qu’on ne la réduise en miettes. » Un rire d’outre-tombe sortait de tes entrailles quand tu la dévisageais. Tu sourirais de toutes tes dents pendant ta gausse — un rictus qui brisait cet angélisme pour révéler au grand jour l’animal sauvage en toi. Et ce rire insupportable continuait pendant que tu tapotais contre tes lèvres, et avec une élégance sans pareille, une serviette pour essuyer ta bouche. « Croyez-moi, vous finirez par consentir à la paix, Pearl Pinkstone. » Pour prouver que tu ne bluffais pas, tu lui glissais brusquement, sur la table un lecteur holographique. Si Pearl appuyait sur le bouton, elle y découvrirait la retransmission des caméras de surveillance de la cellule de Steven, très mal en point. Il n’avait pas échappé aux tortures, qu’importe qu’il ait seize ans ou non, il restait un rebelle, un traitre aux yeux de l’Impératrice.
Comment en était-il arrivé là ? Pendant le siège de leur planète avant l’explosion, il avait eu le malheur de ne pas réussir à fuir à temps, de se retrouver à l’écart de Pearl une fraction de seconde… Une occasion que tu avais saisie pour en faire ton prisonnier. Qui aurait pu remarquer son enlèvement alors qu’une apocalypse s’abattait sur sa planète ? Il était ton meilleur atout, car jamais tu n’abattrais Pearl. Tu avais besoin d’elle dans cette guerre et surtout, les rebelles profiteraient de sa mort pour l’ériger en martyr, chose que tu refusais catégoriquement. Parce que les martyrs sont vecteurs d’espoir, d’idées à défendre. Ils sont un regain d’entrain, une essence pour nourrir le cœur d’une rébellion de plus en plus ardente. Pearl était une figure trop importante, tandis que Steven n’était qu’un détail dans cette grande histoire. Il finirait par mourir tôt ou tard.
Pearl ne sait s’empêcher de voir une certaine forme de provocation dans le comportement de l’impératrice, quand cette dernière savoure le contenu de son verre pour s’en délecter avec une emphase que ne nécessiterait peut-être pas même le plus délicieux de millésime. Cela ne la convainc pas pour autant de toucher à son propre verre. Dut-elle mourir de soif, elle se promet de ne rien boire ni manger de ce qui se trouve sur cette table tant qu’elle le pourra. De toute manière, et quoi que puisse en dire la très théâtrale Luka qui se délecte à l’évidence du sentiment de pouvoir qui ne peut que l’animer en cet instant, et de l’influence qu’elle a naturellement sur elle, pas que sur elle d’ailleurs, sur quiconque dans son entourage. Échapper à son emprise semble être une tâche bien vaine, mais c’est bien là l’effort que la gemme a la ferme intention de fournir… Elle est coincée, acculée, mais elle a aussi fait une promesse, de celles qui ne se brisent pas. Quel que doive être son sort, elle ne cèdera pas sans se battre. Et certains combats s’engagent parfois par la parole. C’est même bien souvent le cas des combats les plus redoutables. Et Pearl n’a aucun doute quant au fait que celui-ci le sera largement.
Assise mais alerte, comme prête à bondir à tout moment, Pearl prête une attention fine à tout ce qui l’entoure, veille à chaque élément et à leur emplacement, envisage tous les scénarios possibles, ceux qui pourraient lui permettre d’attaquer, de se défendre, de prendre la fuite. Chacun de ces scénarios lui paraît plus absurde que le précédent. A la place, elle avise mais ne baisse surtout pas sa garde, il n’en est pas question. L’impératrice se sert, ne remplis pas son assiette, ce qui convient très bien à Pearl, qui est fermement décidé à ne pas manger quoi que ce soit. A la place, elle s’imprègne de chaque parole, cherche la faille s’il y en a une, une échappatoire. Elle ne se laisse pas amadouer par ses compliments. Elle se sait intelligente, elle ne néglige pas l’intelligence de son ennemie, mais elle n’a aucune intention pour autant de lui concéder quoi que ce soit. A ses yeux, ce ne serait pas là une marque quelconque d’intelligence mais bien de pure bêtise.
Seulement, elle ne s’arrête évidemment pas là. Mais bien sûr, elle n’avait pas encore abattu toutes ses cartes, et au moment de le faire, Pearl a le sentiment que la terre est en train de s’effondrer sous elle. Elle a Steven… Et bien évidemment, l’odieux chantage auquel elle espère la soumettre prend, au regard de cette information nouvelle, une tout autre tournure… Steven est à la fois l’espoir et l’innocence. Surtout, Steven est tout ce qu’il lui reste de Rose. Nul ne saurait être sacrifié sur l’autel de la concupiscence et de la cruauté de l’impératrice, mais encore moins Steven… s’il devait lui arriver quoi que ce soit, elle sait déjà qu’elle serait tout bonnement incapable de s’en remettre. Penser avoir retrouvé celui qu’elle considère comme son fils pour le perdre aussitôt ? Non, cette pensée est trop violente et absurde à la fois.
Pearl a l’intention de protester, de gagner du temps, du moins, de demander des preuves. Elle ne peut négliger la possibilité que Luka Skywalker bluffe bel et bien, et que ce soit tout simplement impossible. Mais au moment de voir glisser le lecteur holographique sur la table, elle comprend… Son doigt tremble au moment d’appuyer sur le bouton, mais elle a besoin de savoir, de le voir…
L’image de Steven lui apparaît alors, mais c’est un Steven amaigri, sale, le visage strié de cicatrices qui paraît sous ses yeux. Pearl lui trouve le courage et la dignité qu’il a sans nul doute hérités de Rose, elle sait qu’il ne parlerait jamais, elle sait qu’il préférerait mourir que de la voir céder au chantage de Luka. Du haut de ses seize ans, Steven est une véritable force de la nature, et elle l’admire tellement… elle l’admire parce qu’il est capable d’une volonté dont elle-même ne serait jamais capable. Elle se sent partagée, tiraillée… Elle a déjà presque tout perdu, perdre Steven en plus du reste serait lui porter le coup fatal, mais peut-elle vraiment espérer que ses décisions changent quoi que ce soit ? N’est-il pas naïf de s’imaginer qu’il ne sera pas tué, qu’elle parle ou se taise ? Elle tourne son regard vers l’impératrice, voit au creux de ses prunelles cette insondable noirceur qui lui donnerait presque la chair de poule.
« Comment est-ce que je peux être sûre que ces images ne sont pas préenregistrées ? » demande-t-elle alors en essayant autant que possible de conserver son sang-froid, une véritable épreuve pour elle, clairement, mais nécessaire vu les circonstances. « Je veux lui parler. »
Ce n’est pas une offre, une suggestion, une supplication, elle l’exprime comme une exigence : parce que c’en est une – il faut qu’elle lui parle.
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