Quoi de mieux, quoi de pire que le gym? Je l’aime pour tout ce qui s’y trouve – les instruments, les machines, les conseils précieux des entraineurs. Ce que j’aime moins, c’est qu’il y a plein de gens aux « heures de pointe », et de devoir partager la douche avec des inconnus… très peu pour moi. En plus, je ne peux pas trop me permettre de prendre ma douche à la maison, comme je vais au gym trois quartiers plus loin dans la ville. Que voulez-vous, c’était le choix logique malgré la distance, puisqu’ils ont les meilleures installations. J’allais il y a quelques années dans un gym de mon quartier, mais je suis arrivé à un point dans ma routine où j’avais besoin de machines spécialisées pour continuer dans mes gains. Enfin tout ça pour dire que je me rends quand tout le monde est au travail, c’est moins compliqué pour ça, et tant pis pour la douche. Oh; ne vous trompez pas, je n’ai pas de problème à ce qu’on voit mon corps (sinon je ne serais pas sur OnlyFans, j’imagine), c’est l’idée de voir les corps des autres qui me répugne au plus profond de mon être. Encore heureux, les humains ont des concepts de pudeur qui font qu’ils se divisent par genre, parce que sinon je n’en aurais pas fini de vous en parler.

Je m’installe à mes machines pour faire mes petites affaires, j’en profite même pour spot quelqu’un qui en a besoin, faisant le social minimal que je devais faire dans ce processus. Après tout, on le faisait bien pour moi, alors je prend sur moi et je laisse la bonne action se propager. Après ma séance, plein de sueur que je suis, je nettoie l’équipement que je viens d’utiliser avec le nettoyant offert et des papiers bruns (pourquoi ils sont de cette couleur plus qu’une autre, ça je ne sais pas) et je me dirige vers un petit groupe qui s’est naturellement formé. Ce sont les hommes du service de pompier je crois, la plupart en tout cas, ils viennent en effet pendant les heures de creux, enfin, pas officiellement, j’imagine qu’ils ont aussi une salle d’entrainement à la caserne.

Je me joins à la conversation – pas en m’imposant, non, on m’invite alors que je passe à côté et il me fait plaisir de discuter avec les hommes des meilleures techniques ou protéines à utiliser pour continuer dans notre route. Après quelques minutes le groupe se disperse, certains allant à la douche, d’autre reprenant l’entrainement – moi je préfère attendre que les autres aient finis avant d’aller à la douche, alors je planifie planer autour de la salle, mais je remarque, pour la peine, que tu reste derrière. « Si t’es pas pressé de te rendre à la douche » que je lâche, un peu abruptement, « Je prendrais bien ton aide pour cette machine. Ça fait un moment que j’ai commencé le Crossfit, mais y’a peu de gens habilités à me dire si un mouvement est mauvais et dernièrement j’ai une tension à l’épaule. » Mon œil valide se pose sur toi. T’es plus vieux que moi, c’est évident, mais manifestement tu n’as pas usé de cette excuse pour ne pas prendre soin de ton corps, et je peux respecter ça.

« Si personne ne t’attends à la maison, bien sûr » que j’ajoute – moins curieux sur ta situation et plus réaliste, au fond. Tu n’es pas du genre à trainer ici trop longtemps, donc je ne peux pas dire ce qui te pousse à rester ici, mais hey, si je peux en profiter…

« Faut commencer quelque part »  dis-je simplement en me dirigeant vers les appareils pour le CrossFit. C’était quand même une grosse bête à affronter, cette machine, mais je dis : « En soi, je devrais m’en sortir, j’ai regardé beaucoup de matériel sur le sujet. Mais en sport, c’est toujours mieux d’avoir quelqu’un qui surveille. Si tu veux, après, il me fera plaisir de t’accompagner dans tes propres exercices » ouais, ça me semblait être la moindre des choses après tout, c’est donnant donnant ici. Je tique un peu quand tu mentionnes ce que j’imagine être ta femme (je n’ai aucune raison de penser que c’est ta fille). Je ne connais pas grand-chose des relations humaines, encore moins des relations hétérosexuelles au fond, mais il y a beaucoup de médias en ligne qui parlent des problèmes de couples, sans parler des humoristes dont le répertoire complet est axé sur le fait qu’ils n’aiment pas leur femme. Vu comment tu en parles avec autant de tristesse que de résignation, je ne peux qu’imaginer que c’est ton cas. Je viens donner une petite tape amicale dans ton dos, sans rien dire, mais en t’adressant un hochement de tête en support.

Je ne comprends absolument pas ce que tu vis; moi je suis seul à la maison, enfin, sauf avec la présence de Canard, mon lapin, mais lui il est toujours content de me voir arriver. Il y a bien Jack aussi, qui est proche, mais si loin à la fois, mais je ne m’imagine en aucun cas pouvoir penser à sa présence avec tristesse ou résignation. Même si c’est vrai qu’au final nous avons décidé d’un commun accord de ne pas vivre ensemble (pour le moment en tout cas), avoir notre propre espace et notre propre vie en dehors de l’un et l’autre me semble important pour avoir une relation saine avec lui. C’est peut-être un peu extrême, mais je l’aime de toutes les fibres de mon âme et j’ai peur de me consumer en sa personne seulement. Je n’ai pas grandes attaches ici, mais j’essaie d’étendre mon réseau de connaissance.

Qui sait. Peut-être que bientôt, tu en feras partie. Tu as l’air d’un homme sympa, le genre qui a vu bien des choses dans sa vie et qui est peut-être un peu blasé, mais pas méchant. « Vrai, je devrais essayer ce genre d’appareil » que je réponds – et déjà mon esprit s’active à penser à ma propre invention sur le sujet. Le domaine médical me connait peu, c’est vrai, mais peut-être que si je consulte avec le docteur Ghrian, j’arriverai à quelque chose. Après tout, j’ai bien devisé une prothèse fonctionnelle pour l’hôpital.

L’entrainement au CrossFit se passe bien, quoiqu’il fût un peu court – c’est très exigeant physiquement et bien que j’y étais mentalement préparé, je ne vois pas l’intérêt de repousser mes limites du premier coup et risquer une blessure, surtout en sachant que les chances de se blesser avec cet appareil sont très grandes. « Merci » te dis-je, compagnon silencieux que tu es. Le silence me fait bien, c’est vrai, et je n’en pense pas grand-chose, au fond. En sueur, je viens souffler un peu et récupérer ma serviette pour éponger mon front avant que j’entreprenne de nettoyer l’appareil.

« J’ai cru comprendre que tu fais des sports de combat » que j’observe, t’ayant déjà vu dans la section du gym disposée pour ça. « Je… crains que je ne sois pas un bon opposant » dis-je du bout des lèvres; je suis à l’aise en ta présence, c’est vrai, une constatation qui ne m’échappe pas et qui m’est bien curieuse, d’ailleurs. « Je me suis fait la promesse de me tenir loin de toute violence » que j’explique – alors que pourtant je ne te dois aucune explication. Je crois que j’ai simplement besoin de le dire à voix haute, comme pour l’accepter. Je reste silencieux, et puis je dis : « Ah… pardon, mais je viens de réaliser, je ne t’ai pas donné mon nom. Je m’appelle Waverly »

« Des enfants? » fait-il, presque surpris par la question tant ça ne lui était jamais venu à l’esprit; « Non, avoir des enfants, c’est... enfin, le plus près que j’ai, ce sont des drones et de petites créatures robotisées. Avec mon - » il s’arrête – ici, sparkmate ne voudrait rien dire, pas vrai? « Avec mon copain » oh, qu’il déteste ce mot, qui au fond ne reflète pas le sérieux de leur relation. Peut-être aurait-il pu dire âme sœur, plutôt, mais là il était trop tard. « nous sommes tous les deux roboticiens. Enfin, comme tu peux imaginer, entre deux… hommes, il serait difficile d’avoir des enfants, biologiques en tout cas. Mais je suis surpris d’apprendre que ta progéniture ne t’apprécie pas, puisque tu sembles être assez sympathique. Mais bon, ce n'est pas tout le monde qui est régi par la logique… » un petit soupir las, comme si un grand poids lui pesait sur les épaules rien qu’à l’idée de gens qui ne sont pas dévoués à la logique – encore plus en sachant que lui-même avait beaucoup de mal à l’être depuis qu’il était arrivé ici, après être retourné dans la Allspark.

Waverly laisse ses lèvres comme former un mot qu’il ne prononce pas, l’air restant dans ses poumons alors qu’une hésitation marquée s’installe sur son visage. Et puis il se fend d’un sourire contrit, et dit, bien doucement : « J’ai bien peur que tu aies raison, on n’efface pas un passé de soldat » il le savait. Bien trop. Entre le soldat qu’il était, et les horreurs (communément appelées des crimes de guerre) qu’il avait commises le hantaient à ce jour. Mais contrairement à toi, lui essayer de fuir. Il n’en avait pas le droit, mais il faisait ce qu’il pouvait faire pour apaiser quelque peu sa conscience. « Ça ne m’empêche pas d’essayer, tout aussi… illogique que cela puisse être. » dans un mouvement de familiarité qui ne lui était pas normal, il vient poser sa main contre ton épaule et il dit : « Ah, je- je suppose que ça fait plaisir, en un sens, que tu estimes que je ferais un bon adversaire. Après tout, mes muscles ne sont pas là simplement que pour faire beau… ah! Même si mon copain ne se plaint pas de leur allure… » ah, oui. Jack aimait les câlins bien puissants et réconfortants de ses gros bras, après tout.

Il aurait pu terminer de parler là, mais il dit : « En vérité… je n’étais pas si musclé quand je suis arrivé ici. Mais comme beaucoup d’autres créatures non humaines, je me suis retrouvé propulsé dans un corps qui n’était pas le mien, et c’était plutôt difficile à vivre. Je suis venu au gym, au départ, pour donner à mon corps une allure qui me rappelait mieux celle que j’avais avant » surtout au niveau des pectoraux, mais ça, il n’avait pas besoin de le dire. « Et toi, qu’est-ce qui t’a motivé à venir au gym? Enfin, je suppose que pour un pompier, il est important d’être en forme. Et si tu ressens le besoin de faire sortir une énergie combative… ton passage ici est bien logique » oui – il se répondait tout seul, au fond. Waverly n’était en général pas mauvais pour faire des déductions (aussi simple que celle-ci fût), et il était surtout curieux de voir s’il n’avait pas raté sa cible.

Un petit instant de silence – pas gêné, pas malaisant, en tout cas pour Waverly – alors qu’il réfléchit à ce que tu proposes, à ce que tu lui offres. Un sport de combat qui n’était pas axé sur la violence, c’était surprenant, mais, au fond, tout un tas de disciplines étaient surtout axées sur la défense. Et pour un bot tel que lui, qui n’avait utilisé le combat que pour imposer sa dominance, l’idée d’utiliser son corps pour protéger ne lui était pas désagréable. Bon – après, il ne savait pas dans quel genre de situation ça pourrait réalistiquement lui servir ici, mais c’était simplement parce qu’il avait eu la chance de ne pas croiser les monstres qui se sont infiltrés dans ce monde… comme les scraplets, d’ailleurs.

Et puis le corps entier de Waverly entre en panique; il arrête d’avancer et son corps s’appuie contre le mur à ses côtés, ses yeux dardant dans ta direction. Pas de panique s’intime-t-il alors qu’il essaie de rationaliser, calmer ses inquiétudes. Il savait, après tout, qu’il y avait une multitude d’univers, et donc, une multitude de Megatron. Quelles étaient les chances que ce soit « le sien » qui soit ici?Mais il avait bien retrouvé Jack. Et il était difficile pour lui d’imaginer un monde dans lequel un Megatron n’était pas un mégalomane assoiffé de pouvoir. Et pourtant… ici, lui-même s’inventait une vie différente, plus douce. Peut-être devait-il te donner une chance. Un Megatron ne « mérite » pas de seconde chance, mais en tant que son bras droit, un Shockwave non plus. « Excuse-moi, j’ai besoin d’un instant pour me remettre les idées en place » dit-il dans un souffle, papillonnant des yeux comme pour se replacer dans l’univers. « Megatron… c’est un nom peu commun. Je dirais même qu'il ne doit pas exister en dehors de Cybertron... je me trompe? » glisse-t-il ensuite, une fois que la couleur est revenue dans son visage. Cela laisse, évidemment, supposer qu’il en connait un – et c’était, peut-être, l’occasion d’ouvrir un dialogue sur le sujet.

Vous vous comprenez, au fond, si vous allez au gym pour des raisons différentes, le but en tout cas c’est pour vous de vous sentir plus à l’aise dans votre corps, que ce soit sa forme ou pour effacer des douleurs. Et puis être pompier, c’est quand même bien vu comme profession, non? Enfin – Waverly était un peu biaisé parce qu’il passait trop de temps sur son OnlyFans, et là-bas les pompiers sont très populaires, enfin, peut-être pas pour les bonnes raisons, mais lui qui ne ressent pas de honte face à son travail sur la plateforme, il pense aux pompiers comme une profession populaire, tout simplement. Il se dit que ça ne doit pas être disponible pour tout le monde, au fond!

Mais bon, ce moment où vous semblez vous comprendre, avoir une espèce de compréhension, de fratrie silencieuse, il passe rapidement. Vous vous raidissez tous les deux, aveux à moitié chuchotés dans le gym alors que vous devenez particulièrement conscient de votre environnement. Megatron, la mention de Cybertron - et Waverly, de son côté, assume que tu as vite deviné qui il est, il n’est pas difficile de le faire, même si son nom est un peu changé ici. Entre Waverly Shock et Shockwave, il n’y a pas beaucoup de différence…

Waverly soupire; tu es dos à un mur – une position plus facile à défendre, mais lui qui est laissé dos à l’univers, il ne se sent pas confortable, l’espace d’un moment en tout cas. Et puis il se rappelle qui il est; se tient droit, confiant, torse presque bombé alors qu’il t’observe d’un œil critique. « Cette description ne me permet pas d’exclure la possibilité que vous êtes de mon Cybertron » finit-il par dire, œil unique perçant ton regard. « Dans ma continuité » dit-il ensuite, « La guerre s’est terminée, aussi. Les autobots et les décepticons sont devenus uns. » hésitation marquée, et puis - « Je n’ai malheureusement pas pu voir tout ça. Si j’avais été là… » aurait-il tout fait pour saboter les négociations? Il n’en était pas sûr. Sans ses émotions à l’époque, tout pouvait se justifier après tout. « Enfin, comme vous pouvez le deviner, je suis mort pour la cause »

Et il allait éviter de dire comment, pour le moment en tout cas. « Mais selon les informations que j’ai eues par quelqu’un qui a vécu longtemps après les événements, notre Megatron s’est retourné contre l’alliance. Donc vous pouvez comprendre que jusque-là, les informations concordent » mais il sait que ce n’est pas là ce que tu veux entendre. Même si ses déductions sont logiques et importantes pour faire la part des choses, il reste que le point qui pose problème, c’est moins de savoir si tu es de la même continuité, et plutôt de savoir son allégeance courante.

« Et bien, les choses sont telles que je les ai présentées plus tôt. La guerre est derrière nous et je me suis fait la promesse de ne plus commettre de violence. » il te toise, durement, certes, mais on peut reconnaitre là le côté critique et purement logique de Waverly, même si une bonne tonne d’émotions se cache derrière tout cela; la peur, certes, pas pour lui, mais plutôt pour Jack; la colère, aussi, contre toi et ce que tu représentes, mais contre lui-même aussi. Waverly n’a jamais mis la faute de ses actions et de sa logique sur quelqu’un d’autre, mais jusqu’ici il n’avait pas été mis devant ta présence, et c’était maintenant différent. Aussi, il faut savoir – le Megatron de son monde s’est retourné contre tous les Cybertronniens. Il a brisé sa promesse, la raison même pour laquelle ils se battaient, pour laquelle Waverly a donné sa vie, peu importe combien il avait eu tort de le faire.

Et puis, parmi tout ça – lui.

Il y avait longtemps qu’il n’avait pas senti le tiraillement de sa présence à l’intérieur de lui. Cheetor qui lui insuffle de force la pertinence de donner une seconde chance à quelqu’un. Cela lui donne presque la nausée, et si seulement c’était simplement l’impression d’avoir un ange et un démon sur chaque côté de sa tête, comme dans les dessins animés, peut-être que ce serait plus simple pour lui de faire la part des choses. Mais quand cela arrivait, il avait plutôt l’impression que ses émotions et le centre de sa logique se séparaient en deux – et que lui, spark au centre de la tempête… se sent vide. Vide de sens. Complètement lessivé. Ça lui donne le tournis et c’est comme si son corps et son âme étaient décalés, aussi. Il pouvait faire bouger son corps, mais comme s’il était sa main robotique qu’il utilise parfois pour l’aider dans son travail. Bougés par la force de sa pensée, sans que ce soit lui qui fasse le mouvement mécanique.

Bref – Waverly ne se sent pas très bien, mais il essaie d’accepter toutes ces émotions comme étant siennes… ou, à tout le moins, comme faisant partie de lui.