Tiens mais qui voilà ? L’androïd envoyé par CyberLife.
Les yeux rivés sur ses papiers, il déplorait le manque d’outils numérique et digital à sa disposition. Ou d’assistant pour l’aider à tout cela. Mais, Elijah faisait de son mieux pour que son nouveau CyberLife démarre sous les chapeaux de roue. Il avait, à son sens, réunit déjà pas mal d’éléments pour cela. Essuyant ses yeux, il se rappela aussi ce que cela lui coutait. Reposant au final ses lunettes, il se posa contre le dossier de sa chaise, avant de passer un appel important. Celui-ci ne dura pas longtemps, aussi Elijah pu-t-il se lever de sa chaise. Plaçant ses mains devant lui, il observa par sa fenêtre bien plus petite que celle de sa maison originelle.
Se laissant à sourire, il ne semblait pas se décourager de devoir tout recommencer. Après tout, il voyait cela comme un jeu. Un jeu dont il connaissait déjà les règles, en prime.
Ainsi, il pouvait alors s’accorder une petite pause. Une légère, suffisante pour se remettre les idées en place. Cela l’aidait souvent. Laisser sa cervelle en mode off ne la rendait que plus active par la suite. Il vérifia rapidement son agenda, bien qu’il le connaissait par cœur, puis il sortit. Elijah n’avait plus d’ascenseur vertigineux, plus de maison perdue au milieu de nulle part. Il se trouvait déjà en plein milieu de la ville, donc le café du coin n’était pas bien loin. Et c’était de ça dont il avait besoin : d’un bon café pour le réveiller. Le créateur de génie se dirigea donc vers le café, commanda à emporter, remercia le vendeur, et laissa un léger pourboire, pour rejoindre son bâtiment.
CyberLife n’avait pour local pour le moment qu’un bâtiment modeste. Il avait déjà eut la chance de ne pas se trouver avec d’autres entreprises, mais vu qu’il avait besoin d’ateliers, investir dans un bâtiment solitaire avait été obligatoire. Mais, ce dernier restait petit pour les ambitions d’Elijah. Néanmoins, il était heureux d’avoir investi dans une communication qui reprenait à quelques points près la charte graphique de son ancienne entreprise. Moins froide, comme troublée, le logo présentait une sorte d’anomalie comparé à l'ancien, soufflant une idée d'un "chaos" pourtant si ordonné à ceux qui passeraient devant.
Humant son café, le laissant agir, l’homme vérifia que sa queue de cheval - qu’il mettait pour le travail - était toujours en place. Un réflexe qu’il avait pour toujours paraître le plus “parfait”. Du reste, sa tenue restait “simple”. Un t-shirt de gamer sur un jeu de mot sur la Playstation, et une veste bien que le temps se fasse de plus en plus beau.
Levant la tête de son breuvage, il aperçu alors une silhouette reconnaissable. Une pourtant, qu’il n’avait pas vu depuis longtemps. Mais aussi, une, dont la position ne le surpris pas, puisque cette dernière était arrêtée devant CyberLife. Il arriva vers la silhouette, se glissant à sa hauteur bien que Connor restait plus grand que lui.
- Tiens donc, quelle agréable surprise…
Un sourire étira ses lèvres, et il se présenta ainsi au RK qu’il avait aidé dans “son univers à lui”.
- Même si…Ce n’est pas si surprenant.
Il parlait toujours sans trop en dire mais on comprenait facilement là ce qu’il voulait dire par là : pas surprenant que Connor se soit arrêté devant une telle entreprise. Après tout, n’était ce pas de là d’où il venait ?
Connor avait beau ne plus être un androïde, il lui en fallait beaucoup pour être ébranlé.
La première fois fut la réalisation qu'il s'écartait du chemin qu'on lui avait tracé, de sa mission première ; traquer les déviants et arrêter la révolution en marche. L'acquisition d'une conscience propre, d'une envie irrépressible de vivre pour soi, pour Hank. D'être devenu un déviant.
La deuxième fois fut lorsque la lune rouge pointa dans le ciel, l'arrachant au maigre et fragile équilibre qu'il s'était construit auprès du Lieutenant Anderson. L'envoyant ainsi dans un autre univers. Bien qu'il n'en dise ou montre rien, une angoisse permanente lui ronge les sangs. Connor espère que le vieil homme ne replongera pas dans ses vices et travers, pire, dans ces envies suicidaires.
La troisième fois fut l'étrange rencontre avec son successeur, Nines Stern. Un Rk 900, le dernier prototype conçut par CyberLife et qui devait, qu'importe la tournure des évènements, venir le remplacer tôt ou tard au sein des forces de l'ordre. À sa plus grande surprise, le colosse était aussi un déviant. Une chance en soit, enfin, c'est là ce qu'il c'était mit en tête.
Bien que le dicton sonne ainsi : “ Jamais deux sans trois. ”, vient une quatrième fois où l'ancien androïde fut secoué.
Parcourant le net sans grande conviction, et ce, à la recherche de croquettes de bonnes qualités à prix correctes, le nom de CyberLife avait passé son champ de vision. D'abord dubitatif, ayant cru à une hallucination visuelle, Connor mena ses recherches. Une petite entreprise de réparation, d'ingénierie en robotique. Plissant le regard dans un premier temps, ses lèvres s'entrouvrirent à la lecture du nom qui s'affichait noir sur blanc.
“ Elijah Kamski... ”
C'est ainsi qu'en était venu Connor à se retrouver devant la devanture immaculée du bâtiment le surplombant, les lettres lumineuses à la police si particulière qu'il reconnaitrait entre toutes. CyberLife. Pourquoi était-il venu ici ? Aucune idée. Quelque chose en lui l'y avait poussé. L'étrange et ridicule besoin de retrouver un faciès familier, autre que le sien, enfin, celui du Rk 900. Bien que sa rencontre avec Elijah avait été brève et qui plus est, mouvementée, Connor éprouvait une certaine forme de reconnaissance à son égard. Après tout, sans l'indice de ce dernier quant à "la porte de sortie", l'ex rk ne serait peut-être plus de ce monde.
La stature droite comme un i, les rétines accrochées à cette devanture et surtout en l'absence de capteurs ou logiciels de reconnaissances, la voix du maître des lieux le fit frémir. Cascade de frisson remontant du creux de ses reins à la racine même de ses cheveux; il les sentit s'hérisser un instant. Détachant mirettes, celles-ci se posèrent sur son interlocuteur futur.
- Bonjour, Mr Kamski.
L'ex androïde prit quelques secondes pour observer ce faciès qu'il eut vu par le passé et n'aurait jamais pensé revoir un jour, tout du moins, pas en ce lieu, en cet univers. L'homme lui faisant face semblait égale à lui-même, quoique peut-être plus.. détendu ? Connor ne saurait le dire ou mettre le doigt avec exactitude sur ce qu'il ressentait à cette rencontre.
- Aussi bien que faire ce peut. Et vous même ?
Avait-il répondu avec neutralité, conservant son regard rivé sur ce dernier. Il omettait, pour le moment, le fait d'avoir prit une balle dans l'épaule il y avait quelques jours de cela. Son attention revient à CyberLife.
- Vous comptez apporter Detroit ici ?
C'était bien entendu une métaphore, Connor ne parlant bien entendu pas de la ville au sens propre, mais de tout le reste. Les androïdes, la division entre les humains et les machines, la révolution.
Tiens mais qui voilà ? L’androïd envoyé par CyberLife.
Il ne fut guère surpris que Connor le salue avec autant de politesse que ses programmes…Non, que sa nature actuelle lui procurait. Se contentant d’un sourire un peu plus prononcé, son café toujours en main, Elijah le fixait de ses prunelles vertes. Il lui demandait pour son état, et l’ancien androïd - sauf s’il l’était encore ? non. sûrement pas - répondit par la positive. Bien…C’était une bonne chose d’aller bien quand on perdait ce qu’on était pour atterrir dans un monde inconnu. Ainsi, les RK800 avaient de bonnes capacités d’adaptations. C’était…plaisant à entendre. Ou bien, vu les mots employés, cela signifiait que Connor n’allait pas si bien, et que sa politesse lui sommait de ne pas juste dire “non”.
A la première question de Connor, Elijah répondit rapidement :
- Je me porte bien.
Bien sûr qu’il se portait bien. Un monde nouveau, des nouvelles personnes, des nouvelles choses, de la magie, des choses si différentes qu’il connaissait et de partout. Sa curiosité débordait, sa “philanthropie” également, et Elijah profitait de chaque instant pour découvrir ce qui l’entourait. Ceux qui le connaissaient, auraient pu affirmer qu’il était comme un enfant le jour de noël. Bien que, on pouvait se l’avouer, il n’y ressemblait pas du tout, avec ses airs relativement calme. Dans tous les cas, il n’avait pas à être ambigu sur comment il allait à ce niveau là.
Puis, vint la seconde question de Connor. Celle qui lui fit esquisser un plus grand sourire, tandis que l’homme allait rouvrir son entreprise, clé dans une main, café dans l’autre, comme si Connor était une connaissance qu’il avait toujours connu, l’invitant subtilement à entrer après lui.
- Tu aimerais, que j’apporte Detroit ici ?
Se tournant vers l’androïd - l’ex -, il y avait dans son regard ce côté analyse qu’il avait déjà quand ils s’étaient rencontrés. C’était dit sur un ton ambigu, à la fois amusé, mais aussi très sérieux. Comme s’il désirait savoir ce que Connor pensait, juste en prononçant cette question en miroir. A y penser, cela rappelait à Elijah une intelligence artificielle, une des premières qu’il avait découvert par ses études et sa passion, qui imitait les psys, en retournant les questions aux patients. Limitée, mais parfois efficace avec cette façon de faire.
Seulement, Elijah n’était pas un psy. Ainsi, il poursuivit :
- Mais entre donc, Connor. Viens voir ce que devient CyberLife…Tu risques, hélas, d’être pour le moment déçu.
Ou pas. Peut-être que cela rassurait le type face à lui, après tout ? Oh, comme Elijah avait envie de voir la réaction de Connor, quand ce dernier comprendrait que pour le moment, l’atelier se contentait de quelques réparations, et créations plutôt minimes comparés à ce que CyberLife à son apogée avait proposé. Ils entrèrent donc dans le hall, celui où Elijah accueillait les clients. Puis, l’homme l’entraîna dans l’atelier. Le simple petit atelier, qui pour le moment restait encore humble en apparence. Mais après tout, tout tenait sur des locutions adverbiales temporelles, et les lendemains pouvaient apporter leur lot de nouveautés.
Des devinettes, encore et toujours. Elijah Kamski était ainsi, jouant des mots ou micros expression qu'il s'agit des siennes ou bien de ses interlocuteurs. Connor n'échappait malheureusement pas à ce petit jeu, à ces observations, à ces questions qu'elles soient muettes ou clairement posées. D'ailleurs lorsque ce dernier vient à retourner ses propres mots contre lui, l'ancien androïde se figea une poignée de seconde. Si j'aimerais que Détroit soit là ? Flash-back éclate dans sa mémoire, défile à l'instar d'une bande vidéo colorée, images guères plaisantes par moment. Kidnapping d'une enfant par un déviant, tension puis guerre civile entre androïdes et humains, des vies perdues des deux côtés, Amanda.
- Non. Ce ne serai pas une bonne idée.
Répond simplement Connor sans entrer davantage dans les détails. Il n'en a pas besoin, un esprit aussi brillant que celui de son ancien concepteur saurai faire le lien. L'ex androïde tourne le faciès vers son interlocuteur, avisant ses traits anguleux, sa tenue différente d'à leur première rencontre, ses cheveux pour le moins lâches. C'était curieux, le voir si... humain. Penchant de quelques degrés la tête, Connor se contente d'hocher en douceur, suivant ainsi d'un pas tranquille l'autre homme. Son attention revient au logo, à cette police si particulière.
La stature toujours aussi droite, la démarche sûre, le brun avançait sans un mot ; retrouvant presque ses vieilles habitudes d'androïde. Franchissant la porte d'entrée, il détailla le hall, ne retrouvant rien des boutiques qu'il avait pu apercevoir dans les rues de Détroit et encore moins comme l'intérieur de la tour de CyberLife. Continuant sa progression, son observation durait, encore et toujours. Curiosité presque enfantine dans la chaleur de son regard.
L'atelier rejoint, Connor dépassa d'à peine quelques pas l'autre homme, avisant les appareils endommagés ou démontés. Finissant par faire face à son interlocuteur, il l'observa avec un semblant de méfiance.
- Je doute que la question vous paraisse étrange, mais.. Comment s'est déroulée notre première rencontre, à Détroit ?
Après avoir rencontré ce qui aurait pu être son jumeau -à quelques détails près-, Connor préférait se renseigner, poser les bonnes questions. L'ancien RK n'était pas dupe, plusieurs Détroit ou tout du moins univers et donc, plusieurs possibilité.
Avait-il tiré sur Chloé, dans le monde de cet homme ? Son palpitant s'emballa, il espérait clairement que non.
Tiens mais qui voilà ? L’androïd envoyé par CyberLife.
- Non. Ce ne serai pas une bonne idée.
Une réponse intéressante, tout en nuance. Dévoilant là des réponses à des questions, des questions sans réponses, et Elijah sentait bien le besoin d’en savoir plus. C’était pour cette raison qu’il appréciait la présence de Connor ici : sa façon d’être si naturelle, tout en étant ce morceau d’un passé censément achevé mais qui nécessitait encore de dévoiler des choses inconnues. Mais, par cette réponse, Elijah percevait tout le point de vue de l’ex android qui l’accompagnait dans son CyberLife différent.
Présentant son atelier, bien moins épuré, bien moins blanc que dans l’originel, Elijah cherchait à provoquer quelque chose chez Connor. Une réaction. Des questions. Quelque chose d’attrayant. De fascinant peut-être aussi. Mais plus que de s’interroger sur l’atelier, Connor l’interrogea sur leur rencontre.
Voilà qui était curieux.
Elijah savait pertinemment que derrière cette question, se cachait quelque chose de plus profond que juste…Vérifier un souvenir. Posant son regard sur l’homme qui lui faisait face, si différent, et pourtant se ressemblant encore, il réfléchit aux mots qu’il pouvait prononcer pour provoquer les réponses dont il avait besoin.
“Fort charmante… Tu as passé un test, lorsque tu cherchais des réponses à des questions qui, ma foi, n’étaient pas aussi intrigantes que le résultat du test.”
S’approchant de Connor, un peu plus proche, son visage près du sien, le détaillant, voyant là des défauts propres aux humains et non pas aux androïdes - des bouts de cernes, quelques épis dans les cheveux, un nez légèrement humide… -, des imperfections parfaites que jamais Elijah n’avait pu tout à fait reproduire chez les êtres de thirium. Il demanda d’une voix douce :
“Dis moi, Connor. As-tu appuyé sur la gâchette ?”
Il en doutait. Mais si Connor posait la question, c’était qu’il y avait une réponse peut-être alternative à ce dont Elijah se rappelait. Sinon, pourquoi lui demander ? L’idée d’un passé différent entre les deux semblait probable. Incroyable, incongru certes, mais…Probable.
Se reculant, parlant avec légèreté, il ajouta :
“Désires-tu boire quelque chose ?”
Pointant son propre café, Elijah était curieux de voir si Connor allait boire. Et si oui…Ce qu’il désirerait. C’était une toute nouvelle expérience, et l’ancien chef de CyberLife comptait bien en profiter.
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