Il y avait deux mondes dans la vie de Françoise. Le premier, qui ne manquait pas d'être passionnant et de réserver toutes sortes de surprises pas toujours excellentes, c'était celui de justicière qu'elle partageait avec Marinette. Mais elle partageait aussi avec sa meilleure amie sa vie de lycéenne toute simple, à l'aube de leur vie d'adultes et qui se préparaient pour les examens les plus importants de leur vie dans ce monde. De nombreux projets et de nombreuses séance d'étude seraient sans aucun-doute nécessaire pour que l'ensemble des élèves de leur classe puissent partir ensuite dans la direction qu'il choisirait. Françoise n'avait pas encore choisi la sienne et elle ne savait pas si elle allait la choisir en fonction de ses activités secrètes ou sans aucun rapport. Les deux options pouvaient avoir un certain intérêt.

En attendant, le professeur de sciences leur avait donné un travail important à faire en équipe. Il y avait une expérience à mettre en place et une fois que l'expérience était faite, il fallait en tirer les conclusions à l'aide d'un certain nombre de documents qui leur avait été référencés. Tout n'était peut-être pas utile et tous ne l'étaient peut-être même pas, mais il fallait sélectionner les informations utiles et les associés à une observation de la situation telle qu'elle était à la fin de l'expérience. Le professeur ne leur avait pas facilité les choses mais il avait fait exprès afin de faire travailler leur autonomie et leur capacité à analyser et à trier des données.

Afin de leur faire également travailler les capacités d'improvisation et d'adaptation à la situation, il ne leur avait pas laissé faire les groupes eux-mêmes. C'était lui qui s'était chargé de réunir les élèves deux par deux en évitant soigneusement les amitiés visibles et les élèves qui avaient l'habitude de travailler en tandem comme c'était le cas entre elle et Aelita, par exemple. Pour couronner le tout, il avait décidé de mélanger les élèves de ses deux classes, étant donné que les résultats ne seraient pas à présenter oralement. Elle s'était donc retrouvée avec un élève qu'elle n'avait encore que peu fréquenté, même s'il était de son âge, et dont elle ne savait pas encore qui il était réellement, ce qui risquait de ne pas manquer de l'intéresser. Il s'appelait Adrien.

« Salut, je crois qu'on va travailler ensemble, c'est ça ? Je m'appelle Françoise. »

Ce nom disait quelque chose à Françoise qui avait la vague impression de l'avoir déjà entendu quelque part. Elle mit une seconde a retrouver et lui adressa un sourire à son partenaire de travail en se rendant compte qu’ils avaient eu connaissance commune, dont elle se dit qu'il allait peut-être être content d'avoir des nouvelles. Elle ne se souvenait pas que Marinette lui ait dit qu'elle avait retrouvé Adrien. Elle avait l'impression que si c'était le cas, son ami se serait sûrement empressé de bien parler. Elle serait peut-être la personne qui permettrait leurs retrouvailles et si tel était le cas, Ce serait quelque chose de formidable pour elle.

« Oh mais j'ai déjà entendu parler de toi ! Je connais Marinette. Tu savais qu'elle était ici ? »

L'idée de se répartir les tâches n'était pas mauvaise, mais la jeune fille devait bien admettre qui lui semblait nécessaire d'assister à tous les éléments qui constituait le travail d'équipe, afin d'être en mesure de le défendre devant leur enseignant, ça n'empêchait pas de se répartir les tâches mais il faudrait ensuite se mettre d'accord et faire le point sur ce qui avait été fait en s’assurant que l'autre avait bien compris. Elle ne pensait pas qu'il y aurait des problèmes de son côté. Elle était plutôt douée à l'école, quelle que soit la matière, mais elle ne voulait pas que Adrien reparte de cette expérience avec des connaissances manquantes.

« Ce n'est pas une mauvaise idée, mais il faudra quand même qu'on s'expose l'un à l'autre notre travail pour s'assurer qu'on a bien compris tous les deux tous les aspects de l'exercice. Je trouve ça quand même plus important d'être sûr d'avoir tout compris qu’autre chose dans un devoir comme ça. »

Il était vrai que le professeur était exigeant mais c'était aussi pour ça qu'il aimait bien Françoise parce que c'était une bonne élève qui ne manquait pas de s'appliquer et qui avait toujours des résultats plutôt encourageants, voire extrêmement bon à la fin d'un exercice. Sans accepter d'être prétentieuse, elle estimait que Adrien n'était pas trop mal tombé en termes de partenaire. Ca ne voulait pas dire que le résultat était garanti à cent pour cent mais il était certain qu'elle ferait de son mieux pour avoir de bons résultats et une bonne note, elle savait néanmoins que le travail d'équipe était important.

« Je m'en sors plutôt bien dans toutes les matières. Mais pour faire simple, disons qu'il ne m'a encore jamais donné d'exercice que je ne sache pas résoudre. Comment tu veux qu'on se répartisse le travail ? »

La différence entre Françoise et Adrien, c'était que lui faisait vraiment partie du monde d'origine de Marinette. Ce n'était pas son cas. Autrement, elle était à peu près persuadée que leurs amitiés se valaient bien et qu'ils avaient plutôt intérêt à être de bons amis s'ils ne voulaient pas poser de problème à la jeune fille à qui on ne pouvait décemment demander de choisir entre deux amis si proches. Mais il avait l'air gentil et il y avait peu de risques pour que la brunette décide de choisir l'affrontement plutôt que la coopération dans le cas présent. Marinette était une vieille amie à ses yeux, à cause du fait que les deux s'étaient retrouvés à cet endroit il y avait longtemps. Mais elle avait sûrement passé plus de temps avec Adrien qu'avec elle quand-même.

« On s’est rencontré en classe pas longtemps après être arrivé ici. La pauvre Marinette a vécu à l'orphelinat. Moi, j'ai eu plus de chance, j'ai été recueilli par quelqu'un dès le premier jour. Il m'a adopté il y a pas longtemps. Il n'en parle pas trop, parce que y a rien d'officiel, mais je crois qu'il adopterait bien Marinette aussi. »

Elle était contente de voir qu'il avait bien l'intention de coopérer sans lui laisser faire tout le travail. C'était plutôt une bonne nouvelle pour la jeune fille qui n'avait pas tellement envie de tout faire toute seule même si elle en était capable. Elle savait qu'il y avait un certain nombre de personnes qui étaient du genre feignantes, mais elle n'était pas du genre à se laisser faire. Elle était gentille et dans une certaine mesure, elle était capable de soutenir quelqu'un qui ne se comportait pas forcément bien en classe, mais il y avait des limites et ce n'était pas n'importe qui.

L'idée de faire chacun un peu du travail et de toutes les tâches possibles lui semblait une bonne idée, dans la mesure où elle estimait nécessaire d'apprendre et d'étudier toutes les parties du devoir pour avancer mieux. Il semblait d'accord avec elle et cette proposition en était un exemple à condition que l'un ne laisse pas tout faire à l'autre. Pour le moment, elle n'avait aucune raison de penser que ça pourrait se passer de cette façon-là. Elle hocha donc la tête, accueillant son idée avec un grand sourire et comme une perspective tout à fait réjouissante.

« Ca me paraît une super façon de procéder. Ça va aller pour commencer les calculs sans moi ? »

Quelques fois, Françoise avait l'impression que son père pourrait adopter tous les orphelins de la terre s'il s'écoutait. La question était de savoir à quel point Andromeda ferait barrage parce qu'elle avait l'impression que celle-ci était plutôt du genre à faire plaisir a son mari autant qu'elle le pouvait. À ce compte là, autant ouvrir carrément un orphelinat. Mais elle n'avait pas l'intention de suggérer cette option à son père au risque qu'ils la prennent au mot. Ce n'était pas exagéré, elle était persuadée qu'il le ferait. De fait, elle n'avait aucun doute sur le fait qu'il allait certainement proposer à Marinette de l'adopter, elle ne savait seulement pas ce que son ami déciderait de faire.

« Elle va entrer dans une belle famille, crois-moi. Le plus curieux dans tout ça, c'est de se dire que le prof d'histoire est notre beau frère. »

C’était curieux, mais ce n'était pas désagréable, étant donné qu'elle avait beaucoup d'affection pour lui. Mais il était temps de se mettre au travail. Elle savait bien qu'il fallait se montrer à la hauteur parce que le professeur était suffisamment exigeant pour le leur faire savoir si la qualité laissait à désirer. Dans de nombreuses situations, même quand elle avait la solution à un problème, si quelqu'un d'autre tenait à essayer sa solution, aussi improbable soit-elle, Françoise s'y pliait de bonne grâce. Combien de fois avait-elle suivi aveuglément les plans tortueux de Ficelle en sachant très bien que ce qu'elle faisait n'avait aucune chance d'aboutir ?

En cet instant, elle était donc totalement à la disposition de Adrien. Il avait décidé de commencer par répondre à la théorie en lui laissant l'apanage de la pratique, elle serait donc sa petite main, quoi qu'il décide. Cela dit, cela partait bien et elle trouvait qu'il y avait du sens dans l'analyse de l'exercice, dans un premier temps. Elle prit donc un chiffon et ce qu'il fallait d'ambre et s'activa pour produire de l'électricité statique. Lorsqu'elle approcha le minéral de ses cheveux et que ceux-ci furent délicatement attirés, elle sourit victorieusement à son camarade, évaluant l'expérience comme un succès.

« Bien joué ! C'était tout à fait inspiré. Mais je crains que ce matériel basique ne nous suffise pas pour la seconde partie de l'expérience. »

Si elle avait dû choisir un professeur pour être dans sa famille, Françoise aurait très probablement sélectionné le professeur Lupin. Il était son préféré parmi tous les enseignants et en plus, il était super gentil. Elle s'entendait bien avec lui et elle était certaine que ce serait aussi le cas de Marinette d'autant plus que le professeur avait tendance à se montrer plutôt familier à partir du moment où il se trouvait dans le cadre familial. Françoise avait trouvé cette façon de faire plutôt sympathique. Il n'avait pas fallu longtemps pour qu'elle augmente un peu son degré de familiarité sans en éprouver de gêne ou de contrariété.

« Il se comporte vraiment de manière très amicale quand nous sommes en dehors de l'école. »

Même si le matériel basique qu'ils avaient utilisé pour la première expérience ne correspondait pas pour la suite, Françoise avait bien compris que c'était dans les objets présents dans la pièce et notamment des objets du quotidien qu'il fallait trouver le moyen de penser les expériences. Essayer de prendre un chemin détourné n'offrirait pas de solution, que ce soit en passant par le professeur ou en passant par la triche. Il avait beau dire que ce n'en était pas, copier ce que faisaient les autres n'était pas dans les habitudes de Françoise qui détestait ce genre de pratique.

« Je n'aime pas tellement copier ce que font les autres. Comment on peut savoir s'ils sont vraiment sur la bonne voie ? Et puis, le professeur a dit qu'on pouvait s'en sortir, donc c'est qu'on a le matériel. On ne le sait juste pas. Il faut chercher. »

Elle commença à regarder autour d'elle pour voir s'il y avait des éléments qui pourraient correspondre aux autres données de l'exercice. C'était Adrien qui devait trouver la réponse, selon ce dont ils étaient convenus, mais il fallait qu'elle donne un coup de main, elle n'hésiterait pas. Après tout, ça restait un travail à faire à deux, Elle n'allait donc certainement pas le laisser trop longtemps en difficulté, surtout qu'il y avait d'autres choses à faire ensuite et que c'était quand-même mieux d'avoir un peu de temps pour le faire. Elle savait bien que c'était ensemble que la réussite était la plus totale.