M'assoir sur un banc et juger les gens tant qu'y'en a — Valentino

Le temps commençait à se faire plus clément. Le froid, des jours de pluies, ce n'était pas vraiment le genre de choses auxquels j'étais habituée depuis que je vivais au Paradis. Effectivement, c'était aussi ensoleillé et agréable qu'on le disait. L'idée même de porter un pull, de laisser la laine me toucher le cou me grattait terriblement. Pourtant, redevenir humaine m'avait rappelé autre chose: la maladie. Il m'avait suffit d'attraper un premier rhume pour investir dans une armée de pull et de vêtement chaud. Etonnement, j'étais arrivée dans les mois les plus désagréables. C'était comme si je n'en avais pas assez entre mon deuil, l'adaptation forcée et l'impression horriblement désagréable d'voir déchue. Je n'étais pas cette sale garce de Vaggie.

J'avais donc décidé de sortir le nez dehors, de profiter de ce début d'éclaircie. Pourtant, je n'avais aucune idée de quoi faire. J'aurais pu aller voir Adam à sa répet, mais je me rendis plutôt dans là où mes pieds me guidèrent. Je fis un premier arrêt pour prendre une boisson, un gobelet d'une célèbre enseigne à la main et frappant le sol au rythme de Rebel Love Song mes pas me conduisirent jusqu'à un parc. Je pris place sur un banc, fermant simplement les yeux et profitant surtout de la lumière pénétrant agréablement ma peau. En y réfléchissant, cette situation n'était pas si désagréable, bien au contraire. Déjà, ne plus être seul dans mon appartement. Je n'avais pas réellement eu l'occasion d'être seule au Paradis et retrouver l'omniprésence d'Adam avait quelque chose de rassurer malgré tout. Soit, ce n'était pas un logement bien grand -évidemment puisque je l'avais pris seule au départ- pourtant c'était suffisant. J'avais parfois l'impression que l'on se marchait dessus, mais c'était bien mieux que de le croire mort ou simplement d'être seul. Cet appartement était à l'image de ma nouvelle vie, gris, froid et impersonnel. Alors voir trainer quelques vêtements et affaires ou bien même un instrument posé dans un coin, le rendait beaucoup plus agréable. Ce n'était pas le cas de la chambre où le lit était toujours bien fait, bien lisse et où rien ne dépassait du placard, mais ça m'allait, malgré tout ce que je pouvais dire. Même le frigo s'était vu annimé d'une vie toute autre. Il y avait des mots, des notes, des magnets. Sur le côté, un petit tableau velleda blanc était installé. Adam il mettait des barres, mais je n'avais pas pris le temps de regarder ce que c'était. A vrai dire, seul mon planning affiché dessus et ce que contenait le frigo m'importait vraiment.

J'aspirais nerveusement sur ma paille, prenant d'un coup le froid de ma boisson. Cela me fit ouvrir nerveusement les yeux et un jurons m'échappa. Un second m'échappa lorsque je vis une femme habillée avec une jupe aux motifs mystérieux bien trop courte passer devant moi.

- Cette jupe est juste dégueulasse, j'espère que tu ne l'as pas mis volontairement.

Bien envoyé.

Je n'avais pas entendu les jérémiades de la blondasse, parce que la réponse d'une voix masculine venant de ma droite m'avait interpellée. Je tournais la tête et enleva un de mes écouteurs pour entendre la fin de sa phrase qui me fit bien rire. Elle repartit en pestant la voix serrée par les larmes qu'elle retenait. Bien fait. Pourtant, je ne me réjouissais pas de suite de notre petite victoire, voyant que l'homme installé de l'autre côté du banc me regardait et venait de me dire quelque chose que je n'avais pas compris. Il y avait comme de l'espoir sur son visage et je cru comprendre qu'il m'avait pris pour quelqu'un d'autre. Malheureusement non. Il y a quelques semaines, j'avais été dans la même position. J'aurais moi aussi aimé retrouvé quelqu'un more than anything. Je ne pu répondre, ne sachant pas quoi faire. La gentillesse, ce n'était pas mon truc. Massacrer des Pêcheurs, ça ça l'était. Je le fixais et me sentais un peu désarmée. Je me mis simplement à secouer la tête avant de simplement retourner farfouiller quelque chose sur mon téléphone tout en aspirant nerveusement sur ma paille.

S'installa un silence gênant jusqu'à ce qu'une nouvelle personne passe devant nous. Un regard vers l'homme -qui devait facilement faire deux têtes de plus que moi- me fit remarquer qu'il avait aussi vu cette laideur. Je lui souris et lui lançai.

- Parfois, je me dis que certaines personne devrait se faire vomir pour ressembler à quelque chose.

Puis je fis un peu plus attention à son look, il semblait sortir de la couverture de l'un des magasines qui lisait Jerry. Allez savoir pourquoi quelqu'un comme lui passait autant de temps à lire des reviews de modes. Il n'appliquait aucun conseil et surtout il n'avait pas une taille mannequin.

- Il semblerait que ce soit compliqué d'avoir du goût sur cette île.

L'obèse marchait difficilement. Elle semblait avoir du mal à transporter toute cette graisse qui l'enrobait. Cette simple respiration haletante suffisait à m'horripiler. L'homme, plutôt grand malgré sa minceur, s'approcha et sembla me dévisager difficilement à travers de ses verres roses. Je reculais légèrement la tête, assez mal à l'aise d'avoir une tronche aussi proche de la mienne. Il ne semblait ne pas voir correctement ce qui me fit intérieurement rire. Apparemment, même quelqu'un de presque aveugle réussissait à votre les horreurs qui passaient devant nous. J'offris un sourire en coin à mon nouveau partenaire. L'obèse partit rapidement, probablement désireux de noyer sa tristesse dans de la nourriture grasse et mauvaise pour la santé. Un rire m'échappa. Visiblement, c'était une activité que je n'avais pas pratiquée auparavant mais qui était fortement plaisante. Lorsqu'il parla style et goût je compris qu'effectivement il devait travailler dans le milieu et ça me fit plaisir d'avoir eu raison.

- Les gens ne se rendent pas compte du dégout qu'ils peuvent provoquer je crois.

Mon regard fut aussitôt happée par la poussette passant devant nous. Un mioche qui beuglait, faisant probablement un caprice pour je ne sais quelle connerie. Je n'avais pas eu d'enfants et ne le regrettais pas. Parce que si c'était pour rester inactive pendant plusieurs années je n'aurais probablement pas pu supporter tout ça. Sans parler de l'idée même d'être mise en cloque par quelqu'un. D'une certaine manière, ç'aurait été évidemment après le mariage donc j'aurais potentiellement choisir cette personne, mais l'idée même d'avoir un corps étranger dans le mien me dégoutait. En soit, il fallait un avenir et un adulte responsable alors oui, j'avais été chargée de m'occuper de certains enfant Séraphin ou Ange, j'avais évidemment pris mon rôle très à coeur. Pourtant, ce n'était pas une preuve que j'aimais les marmots.

- Tu aurais peut-être mieux fait de le noyer à la naissance avant de te suivider. C'aurait évité bien des ennuies à ce monde.

Ajoutai-je simplement en aspirant à ma paille. Elle semblait déstabilisée et incapable de répondre. Tant pis, dans tes dents. Lors qu'elle fut de éloignée, je me tournais vers l'homme aux lunettes roses -étrange choix- et lui tendis la main.

- Luella. C'est un plaisir.

C'est fou le nombre de personnes qui peuvent passer devant vous en seulement quelques minutes. Les gens n'avaient donc rien de mieux à faire de leur vie ? Ils n'avaient pas un emploi ? Ils ne pouvaient pas tout bonnement éviter d'imposer leur présence aux autres en restant cloitré chez eux ? non, ça visiblement, c'était trop leur en demander. J'avais fini par enlever mes écouteurs, mais le doux son des oiseaux étaient perturbés par des mioches qui jouaient, enfin qui buglaient plutôt. Oui, nous étions au milieu d'un parc, et alors ? Les lieux publics sont pour tout le monde. Cet homme à l'apparence excentrique était intéressant et surtout il semblait partager mon avis. C'était l'essentiel, j'ai envie de vous dire. Je pris le temps de ranger mes écouteurs dans ma poche. Je sentais que je n'en aurais pas besoin de suite. Je pouvais autoriser une pause à ma musique et surtout j'étais curieuse de ce qu'il pourrait dire. Visiblement, lui aussi ne semblait pas apprécier cette sale femme qui passait avec son chiard. Sa phrase m'arracha un rire franc. Effectivement, c'était bien envoyé. Ce n'était pas un style d'humour qui pouvait me rebuter, bien au contraire j'en avais l'habitude à cause/grâce à Adam (à vous de choisir la bonne option). Habituellement, je restais impassible à ce genre de remarque parce que j'avais un rôle à tenir, mais là, je n'étais rien. Je n'étais même plus une Exorciste, encore moins un lieutenant, non je n'étais rien.

- Je n'aurais pas dit mieux.

Elle partie visiblement choquée par ce qu'il s'était dit. Sorry not sorry. Elle n'avait qu'à pas être qui elle était ou du moins faire les efforts pour être mieux. Tout se méritait dans la vie. Enfin, non pas exactement, parce qu'être piégée sur cette île de merde, ce n'était qu'une plaisanterie absurde de Sera, ou d'un autre con ailée qui s'amusait bien de là-haut. Le respect ? Je n'en avais que pour Adam et Dieu, pas pour les autres Séraphins qui s'amusaient à nous laisser pourrir ici. Sans savoir que cet homme si intéressant était en réalité l'une de ses racailles d'overlord des enfers, je pris sa main et lui serra. Il se présenta et son nom ne me parla pas plus que ça. Je le retins, essayant de ne pas l'oublier. Un sourire en coin dansait sur mes lèvres alors que je lui répondis.

- De même. Ils sont tous si coincés.

Franchement, le peu de personne que j'avais pu croiser n'avait pas été des plus agréables. Moi non plus vous me direz, mais peu m'importe. Je n'avais eu que Jerry, cet incapable de flic et d'autres personnes peu digne d'intérêt. Cette vie était un peu trop répétitive, je passais mes journées à attendre avec impatience de rentrer chez moi. Cet emploi n'était pas aussi intéressant que l'avait été d'être Exorciste, mais au moins je me rendais un brin utile tout en ne passant pas mes journées à tourner en rond. Ca me manquait terriblement de trucider quelques Sinners. Pourtant, je savais que ce n'était pas une bonne idée, ici on remarquerait un assassinat et je ne pourrais pas me défouler comme j'en avais le besoin.

- Une vie lassante, répétitive et morne ouais... A croire qu'ils vivent tous dans le déni de leur mal-être en faisant semblant de nous cracher leur foutue bonheur à la figure.

J'avais roulé des yeux à la fin de cette phrase, agacée par ce que je disais. Sérieusement, comment pouvait-on s'habituer à une vie pareil? Il n'y avait qu'Adam qui représentait quelque chose d'important, mais ça, ce n'était pas quelque chose que je pourrais dire à qui que ce soit. Sérieusement, il n'y avait que lui qui me donnait l'impression que je n'allais pas complètement finir folle.

- Il y a des personnes qui ne mérite même pas la mort lente du coup de feu.

N'étais-je pas sensée être du côté de la loi, de l'ordre ? Peut-être, mais encore une fois, les lois et les règles peuvent être contournée et contorsionné pour convenir à ce qu'on veut en faire.