À dire vrai, j'ignorais que ces gadgets noirs et rectangulaires avaient la capacité d'appeler leur maître. Pour une fois, feindre l'innocence n'a absolument pas marché. La police est simplement venue me chercher et il est heureux que je n'étais pas là où j'habite à la maison à ce moment-là. La vérité est que j'ai visiblement dérobé la mauvaise personne. Je n'ai pas spécialement apprécié les bracelets qu'on m'a fait enfiler de force avant d'être mis en cage. Le fait est que je connais ce type de cage et immédiatement, je commence à en observer la serrure avec attention. C'est presque dommage qu'ils ne m'aient pas laissé mes bracelets, parce que j'aurais adoré réaliser la prouesse de me sortir d'ici avec les mains liées... Je lève mon regard sur les caméras. Je sais ce que sont ces choses, et elles ne me font pas peur, je ne me réfléchis pas plus dans un miroir que mon image peut se faire capturer par une "photo" ou une "vidéo", plus maintenant que je suis redevenu vampire.
Je glisse une main à ma ceinture pour en sortir mon rossignol, et un crochet plus particulièrement. Je prends absolument tout mon temps. Rien ne presse, vraiment. C'est alors qu'un cliquetis satisfaisant se fait entendre, mon sourire se fait quasiment félin. Une dernière petite caresse à l'intérieur de cette serrure et...
Tchick... Glong.Et voilà.
Ma main pousse délicatement le battant et je me faufile en dehors de la petite cage. Normalement, j'aurais dû fuir, sans me retourner, et aller fêter cela quelque part... Mais...
Ma langue passe sur mes lèvres. Il y a une odeur de sang par ici. Non, pas de sang, d'un autre fluide ? Il faut fuir, ce n'est pas le moment de laisser ses faiblesses prendre le dessus. Plein d'animaux juteux m'attendent. Ici, je ne peux pas me permettre de boire le sang de qui que ce soit, ce serait... Inconvenant...
Caché dans les ombres, je me dis qu'un simple coup d'œil sera sans aucune conséquence. Et alors, je
la vois. La toute première chose qui me frappe, est cette cicatrice dans son cou. Déformation professionnelle, j'en ai peur. Toujours est-il qu'avant même sa peau pâle ou ses cheveux blancs, mes yeux ont immédiatement dilaté leur pupille dessus, comme un réflexe viscéral et bien ancré. Je me fige au moment où ses yeux de diablesse gris et noirs trouvent les miens.
Elle m'a vu.
Je n'ai plus qu'une chance de sortir sans encombre à présent. Je ferme les yeux.
"Bonjour à vous ! Je suis navré de vous interrompre, on m'a laissé entrer."Je prends place à côté de la femme et la regarde avec un air profondément atterré dans les yeux.
Allez, joue le jeu !"C'est ma petite sœur. Elle a un traitement à prendre. Nous sommes tous les deux..." c'était quoi, ce terme, qu'on m'avait prêté, déjà ? Bon, laissons tomber.
"... Sensible à la lumière. Nous allons devoir rentrer. Vous en avez fini ?"Je feins l'innocence, le fait d'être pressé, mais poli. Tous les ingrédients sont là pour la faire sortir d'ici au plus vite. La seule chose qui reste encore dans l'ombre est : mais pourquoi je fais ça ?