Alphard avait un gros problème. Enfin ce n’était pas vraiment un problème… Si c’était quand même problématique. Mais au final, est-ce qu’on pouvait vraiment parler de problème ou plutôt de désagrément ? Qu’importe. Il avait fait l’acquisition d’un livre à un prix ridiculement bas. L’ouvrage était magnifique, relié en cuire avec de la feuille d’or. Il aurait dû valoir cher pour n’importe qui. Mais voilà, à l’intérieur, il y avait cette langue que personne ne connaissait. Avec tous les univers qui se croisaient dans la ville, il y avait fort à parier que cette langue était connue par quelqu’un, mais le vendeur n’avait pas su trouver quelqu’un qui aurait pu traduire la chose. Et puis pourquoi traduire un livre qu’on ne pouvait pas lire ? L’objet en lui-même ne valait rien.
Alphard l’avait acheté immédiatement. Il aimait cela plus que tout dans son métier : résoudre des énigmes sur les choses qu’il dégotait. Au début, ce travail avait été une nécessité pour se faire de l’argent, mais il ne pouvait pas nier qu’il y prenait du plaisir. Alors quand cette énigme était apparue dans sa vie, il avait été content de saisir sa chance. Ce n’était pas un livre qu’il revendrait cette fois-ci. Il n’aurait aucune valeur si seulement quelques personnes étaient capables de le lire. Mais il ne faisait pas ça pour l’argent, mais pour l’excitation de la chasse. De l’enquête qu’il menait.
Naturellement, il était allé voir Regulus pour lui demander son avis vu qu’il s’agissait d’un livre, mais celui-ci n’avait jamais vu cette écriture. Alors Alphard avait fait appel à son réseau. Les linguistes n’étaient pas capables de lui en dire plus. Les apothicaires n’avaient jamais vu ça, mais reconnaissaient la beauté de l’ouvrage dans sa globalité.
Il commençait à se dire qu’il n’aurait jamais de réponse à son mystère. Il avait essayé avec d’autres livres de faire des liens, mais sans jamais y parvenir. Il s’était même demandé un soir, s’il n’était pas en train de chercher à lire un livre qui signerait la fin du monde ! Après tout, si personne ne parlait cette langue, s’agissait-il d’un livre interdit ? Un livre que seuls les démons étaient capables de lire ?
On lui avait donné une dernière piste. Un petit monsieur qui tenait une petite boutique. Il venait apparemment d’une autre contrée, mais c’est tout ce qu’il savait. Cet homme était quelqu’un de cultivé et de très respectable. En-tout-cas, il avait très bonne réputation auprès de son indicateur. Il lui semblait qu’il venait d’un monde éloigné de ce qu’Alphard connaissait. Peut-être aurait-il une idée de ce qu’était ce livre. C’était sa dernière chance, après il arrêterait les recherches. Il fallait savoir être tenace, mais aussi savoir s’arrêter quand il y en avait le besoin. C’est donc déterminé qu’il arriva dans la librairie.
- Bonjour Monsieur, est-ce que vous êtes Monsieur Baggins ? Je m’excuse de vous importuner, mais j’aurais un livre à lui faire expertiser. On m’a dit qu’il pouvait peut-être m’en dire plus à son propos.
Ce faisant, il sortit de sa sacoche l’épais volume et le posa avec délicatesse sur le comptoir.
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Posé dans son Cul-de-sac, où il pouvait récolter ses livres, servir ses quelques clients de thé ou de café, et à l’occasion profiter des quelques alcôves qui s’y trouvait, Bilbo était tranquille. C’était un quotidien plutôt agréable que d’être lui en ces occasions. En soit, il était posé dans son petit coin, jouait d’hôte tous les jours, et à l’occasion, partait à l’aventure. Mais rarement. Parce que cette ville regorgeait d’une magie dont il ignorait tout : la science. La technologie. Il avait bien du mal, Bilbo, avec tout ça. Mais heureusement, il s’en était accomodé à force. Et puis, il avait quelques personnes qui pouvaient l’aider.
Dans tous les cas, il préférait rester au même endroit malgré tout : c’est à dire, Cul-de-sac. Son si précieux endroit propre à lui, qui ressemblait à ce qu’il avait été un jour, dans un lointain qui lui manquait malgré tout. Posé ce jour là, à fumer une pipe dans son arrière boutique, il consultait un dernier arrivage de livres. Quelques romances auquel il n’accrochait pas, mais, qui, selon les ventes, paraissaient plaire à ses clients. Trop longtemps célibataire, Bilbo avait parfois du mal à concevoir une vie autre que celle qu’il possédait actuellement, avec quelqu’un dans sa vie.
Dans tous les cas, il entendit la sonnerie légère tinter lors de l’ouverture de porte. Posant sa pipe avec soin et prudence dans un coin, il sortit de l’arrière boutique. Là, se tenait dans l’entrée un homme fort bien apprêté, qui, savait parler. Il lui demanda s’il était lui-même, et parla d’un livre à expertiser. Quelque peu surpris, Bilbo s’avança lentement vers l’homme. Un livre à faire expertiser ? Ce n’était pas vraiment dans les compétences de l’ancien hobbit, qui bien qu’il appréciait récupérer quelques vieux livres ou belles éditions, n’avait jamais prétendu pouvoir faire quelque chose d’aussi précieux que les “expertiser”.
Néanmoins, sa curiosité était piquée.
- Bonjour, je suis bien Monsieur Baggins. Et vous êtes, monsieur…?
En même temps il observa l’ouvrage sur le comptoir, pris un chiffon de tissu propre, et se permit de l’observer. Cela lui disait quelque chose… Mais il n’était pas sûr. Et pourtant, son coeur commençait déjà à battre un peu plus fort dans sa cage thoracique.
- Je me permets de l’ouvrir, si vous voulez bien… Mais… Où l’avez vous trouvé ?
Désignant son chiffon, il fini par ouvrir le délicat ouvrage, qui révéla alors cette langue qui n’était pas sienne, mais dont il connaissait au moins quelques bonnes notions. De l’elfique. De voir cela, le laissa à sourire avec nostalgie. Il se souvenait des elfes avec qui il avait passé quelque temps. Des amitiés qu’il avait pu se créer. Bien que l’aventure que Bilbo avait vécu au delà de sa Comté natale lui avait apporté le sentiment qu’on était bien chez soi aussi, revoir de l’elfique lui rappela de bons souvenirs.
Ecarquillant les yeux, il démontrait par là, que son interlocuteur était tombé sur la personne pour “expertiser” le livre.
- …C’est… Monsieur, ceci est de l’elfique, le saviez vous ?
Il releva la tête, voulant en savoir un peu plus sur celui qui lui avait apporté ce livre si spécial ainsi que ses connaissances.
- Pardon, j’en oublie la politesse. Je suis Monsieur Black. Je dois vous avouer que vous êtes mon dernier espoir pour découvrir des choses sur cet ouvrage.
Il regarda le petit homme en face de lui ouvrir le volume avec un chiffon propre. Il apprécia ce geste, Monsieur Baggins semblait respectueux des belles choses. Ou peut-être simplement des livres, mais dans les deux cas ça lui plaisait. Alphard avait du respect pour les marchandises qu’il achetait. Il se faisait de l’argent grâce à la revente, mais c’était aussi devenu une passion au fur et à mesure.
- Je l’ai trouvé dans un bac de livres à vendre de seconde main dont personne ne veut. Je sais qu’il n’y avait pas sa place, mais comme personne n’arrive à le lire…
Alphard était un peu tendu. Il craignait qu’on lui dise que ce livre n’avait rien d’intéressant. Pourtant, en fixant Monsieur Baggins, il eut l’impression que celui-ci examinait l’ouvrage avec un certain intérêt. Les secondes lui parurent s’éterniser tandis qu’il regardait son vis-à-vis avec beaucoup d’intérêt. Finalement, l’expertise donna quelque chose.
- De l’elfique ? Mais les elfes de maisons ne parlent pas cette langue. Ils utilisent la langue de leur propriétaire…
Le sorcier était perdu pendant un instant. Il existait bien des runes, mais elles ne ressemblaient en rien à ce qui était écrit dans l’ouvrage. Il chercha des sorciers venus de l’orient, mais lors de ses recherches cela n’avait rien donné. Ce n’était pas de l’arabe. Il faisait fausse route… Une idée germa dans son esprit.
- De quels genres d’elfes me parlez-vous ?
Il se rappela les mondes alternatifs dont il entendait parler depuis 4 ans. Entre les sosies ou les gens comme lui qui avaient des capacités qui n’existaient plus ici. Alphard avait réussi à comprendre que tous les gens qu’ils fréquentaient au quotidien étaient venus « d’ailleurs » même s’il ne savait pas trop comment l’expliquer. C’était magique, ça, c’était sûr, mais quel genre de magie pouvait vous faire voir de pareilles choses ? On l’avait pris pour un autre homme qui lui ressemblait apparemment comme deux gouttes d’eau, mais qui n’était pas lui… Pas du tout.
- Est-ce un livre intéressant pour vous ? Je veux dire, vous savez de quoi il traite ?
Parce qu’Alphard savait qu’il ne le lirait jamais, mais il était tout de même très curieux de ce que contenait le volume. Après tout, c’était un bel objet, mais il pouvait, peut-être, être bien plus que cela. Après tout, quels secrets pouvaient se cacher entre ses pages ? Ou bien peut-être s’agissait-il d’une histoire bien banale. Cela ne semblait pas être possible pour un tel chef d’œuvre extérieur, mais parfois, les histoires d’amour prenait beaucoup de place dans le cœur des gens…
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L’homme se présenta assez rapidement, rattrapant son impolitesse. Mais si Bilbo représentait son dernier espoir, il comprenait sa précipitation qui en écrasait les bonnes manières. Il retint donc que l’homme se nommait “Monsieur Black”, et que de toute évidence, il avait sur lui un livre en elfique. Livre trouvé dans un bac à livre…Mais en vérité oui : si ce langage n’était compris de personne alors, quel en était l’utilité et le prix de vente ? Si bas. Pourtant…Bilbo en ressentait toute la nostalgie sentimentale de voir ça devant lui.
Alors, bien sûr que Bilbo réagit avec enthousiasme. De l’elfique. ici. Dans ce monde si moderne, technologique, trop différent du sien. Bien sûr aussi qu’il ne pu s’empêcher de le regarder avec soin. Néanmoins, la réaction de monsieur Black, montrait là qu’il ne venait pas du même endroit que lui. Qu’est ce que c’était des elfes de maison ? Il connaissait les elfes, point final. Pas de maison. D’ailleurs, les elfes vivaient plus dehors qu’autre part. Enfin “dehors”. Disons juste qu’ils ne restaient pas dans la maison.
Dans tous les cas, c’était après bien de savoir que c’était de l’elfique, restait à savoir quel type d’elfique c’était…. Enfin, déjà l’homme réfléchissait et demanda pour le genre d’elfe. Forcément. Il avait bien compris que Bilbo et lui ne connaissaient pas les mêmes.
- ….Des elfes ? Grands ? Souvent beaux ? Vivant quasi éternellement ? …J’avoue connaître les elfes sylvains, ceux qui vivent en forêt.
Oh bien sûr, si l’autre ne les connaissait pas, ça semblait logique.
- Est-ce un livre intéressant pour vous ? Je veux dire, vous savez de quoi il traite ?
Il se pencha à nouveau vers le livre à la question du type. Bilbo était là bien embêté. Il n’était qu’un hobbit. Il connaissait surtout le westron, ce qui semblait cohérent avec ses origines.
- …On dirait du nandorin… Donc il y a une chance que j’arrive au moins un peu à le déchiffrer… Vous avez de la chance. Les elfes ont de nombreuses langues.
Bilbo se creusait la tête pour tâcher de se souvenir de tout ce qu’il comprenait des elfes et de leurs langues. Il avait reconnu des bases du nandorin parce qu’il s’était renseigné sur le sylvain, mais en vérité ça allait être un défi s’il devait réellement le déchiffrer.
- Si vous trouvez des elfes sylvains, je pense qu’ils pourraient vous aider.
Contrarié, Bilbo l’était : lui qui était si ravi de trouver quelque chose de son monde, savait que ça serait bien plus compliqué que prévu.
- Souvent beaux ? Qui vivent en forêt ? Non, je crois vraiment que nous n’avons pas les mêmes « références » en matière d’elfes si je peux parler ainsi...
Il eut un sourire vraiment amusé en imaginant Kreattur sous les traits d’un beau mâle vivant au sein d’une forêt centenaire. Il ne voulait pas que son interlocuteur pense qu’il se mette à rire à ses dépens alors il décida de lui expliquer à quoi ressemblaient les elfes dans son monde.
- Dans mon monde, les elfes sont petits, ils ont de grandes oreilles pointues mais pendantes. S’ils ne sont pas forcément moches, on ne peut absolument les considérer comme séduisants. Leurs vêtements sont des habits de « travail » pour l’entretien d’une maison. Généralement, il s’agit d’une taie d’oreiller avec des trous pour la tête et les bras. Enfin, vous voyez un peu… Ils sont au service d’une personne ou d’une famille. Ils n’ont pas de dialogue qui leur son propre. Ils parlent la même langue que leur propriétaire.
Il avait beaucoup de mal à imaginer les elfes en des créatures aussi différentes qu’elles semblaient l’être pour son interlocuteur. Il fournissait pourtant des efforts, mais l’image lui apparaissait grotesque. Un visage biscornu sur un corps d’Apollon ou à l’inverse un visage aux traits fins sur un petit corps tout rabougris…
L’homme lui proposa un autre interlocuteur pour la traduction.
- Si je trouve un elfe sylvain ? En avez-vous rencontré un vous-même depuis que vous êtes ici ? Je sais que de nombreuses personnes ont perdu des êtres chers en venant ici…
Cela avait déjà été une sacrée aventure d’arriver jusqu’à Monsieur Baggins, il avait un peu de découragement à se dire qu’il devrait trouver quelqu’un d’autre qui serait potentiellement du même monde que le hobbit et qui soit le bon type d’elfe. Parce que si Alphard avait bien compris, les elfes en question parlaient plusieurs langues…
Jetant un dernier regard sur le livre, il en caressa d’une manière tout à faire révérencieuse la couverture. Il devait admettre que son échec s’arrêterait là. Monsieur Baggins avant sûrement mieux à faire que de traduire un livre dans une langue qu’il ne maîtrisait pas entièrement. Alphard n’avait pas envie de lui infliger cela.
- Est-ce qu’à titre personnel le livre vous plaît ? Je peux comprendre qu’un objet qui vient de son monde à quelque chose de réconfortant. Si c’est le cas pour vous, je vous l’offre de bon cœur. Vous êtes le seul pour qui il fera sens et vous sembliez heureux de voir quelque chose « du pays ».
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Bien sûr, que sur l’instant, Bilbo ne compris pas trop la réaction du gentilhomme face à lui. se mettre à rire des elfes…. Il fallait vraiment que ceux-ci ne ressemblent absolument pas à ceux que Bilbo avait l’habitude. Et, en effet, quand monsieur Black se permis de décrire les elfes à son sens c’était… Difficile à imaginer. On aurait dit des sortes de gobelin mais domestiqués. Petit, des oreilles pointues et pendantes ? Définitivement des gobelins.
Bilbo fronçait donc les sourcils, bien que très intéressé par cette description, qui de fait changeait énormément de ce qu’il avait l’habitude de voir. Il regrettait de ne pas pouvoir en rencontrer, pour percevoir cette grande différence que semblait s’établir entre les elfes de son monde, et de ceux d’Alphard.
Ceux du monde d’Alphard semblaient d’ailleurs bien cruellement traités. Bilbo s’en fit la réflexion, et trouva cela un peu absurde d’en posséder un. Posséder quelqu’un…Quelque chose… Du reste, la question restait : il fallait traduire ce livre. Sauf que le langage n’était pas du westron, mais une langue bien plus difficile à lire pour quelqu’un comme un hobbit. Oh, il aurait pu trouver quelques elfes sylvains, mais comment ? Bilbo n’avait encore, pour le moment, pas retrouvé une seule personne qu’il connaissait. Pas de nain amusant, pas de Gandalf. Et surtout, jamais il ne retrouverait sûrement quelqu’un comme Thorin. Qui était pourtant très important à ses yeux, même si au départ, il avait eu bien du mal avec lui.
Ainsi, Bilbo secoua la tête :
“J’ai bien vu des êtres appréciant la forêt, mais pas d’elfes…”
Il s’en sentait désolé, c’est vrai. Il aurait aimé pouvoir rendre service à cet homme propre sur lui et aux aspects intéressants. Mais il devait bien l’admettre : il ne pouvait rien en faire… Au final, l’homme demanda si le livre plaisait à Bilbo. Bien sûr qu’il lui plaisait : il était une trace d’un passé qui lui manquait tendrement et avec nostalgie. Et Alphard plaçait là un fait important dans ces propos : c’était un objet réconfortant.
Le hobbit observa le livre. Qu’on lui offre, c’était là un bien beau cadeau, mais il voulait être certain de ne pas avoir l’air d’un brigand en acceptant un pareil présent : - …Je n’ai rien contre ce cadeau néanmoins…Je me sens un peu malpoli de me voir le posséder sans rien vous offrir en retour. Vous semblez apprécier les livres anciens, j’ignore quel but vous vouliez pour ce livre mais… Si je trouve le moyen de le traduire, je vous promets de vous contacter en ce sens.
Il tapota doucement le livre en observant l’homme face à lui :
- Après tout, bien qu’il soit un présent de mon passé, il en reste que vous semblez vous être donné du mal pour trouver le moyen de le déchiffrer. Et si ça ce moment là vous voulez le récupérer, je vous le redonnerais.
Bilbo n’était pas du genre voleur, bien que cambrioleur, et surtout, il avait meilleur coeur qu’il voulait bien le prétendre.
- Aussi, je vous propose de boire un thé ou tout autre breuvage, accompagné de pâtisseries, pendant que nous pouvons parler de ce livre, ou d’autres choses.
Et surtout, Bilbo restait un hobbit. Un hôte exceptionnel, qui détestait devoir décevoir ses invités.
Mr Baggins était un personnage vraiment gentil. C’est ce que transpiraient ses paroles en promettant de rendre le livre si jamais une traduction lui était un jour destiné. C’était très charitable et cela fit encore plus plaisir à Alphard de le lui offrir. Ce n’était pas souvent qu’il faisait une bonne action, mais celle-ci lui semblait tellement naturelle. Et puis, il ne pouvait rien faire de ce livre alors autant qu’il serve un minimum ne serait-ce que par nostalgie.
- Je suis revendeur d’art, je collectionne les petites trouvailles pour les ventes aux enchères. Ce livre aurait, sans doute, fini dans les mains de quelqu’un qui n’a pour lui aucune attache émotionnelle. Je préfère qu’il vous rappelle votre monde.
Alphard savait ce que c’était d’être nostalgique de son univers. Il était lui-même plutôt triste d’avoir quitté son monde de magie. Il avait retrouvé sa baguette, mais il vivait parmi les moldus comme l’un des leurs. Pourtant, sa place n’était pas totalement là, du moins, c’est le sentiment qu’il avait. Alors s’il pouvait faire plaisir à un autre mélancolique, c’était avec plaisir.
- J’accepte avec plaisir une tasse de thé. Je serais curieux que vous me racontiez des choses sur votre terre d’origine. Vous avez donc de grands elfes amateurs de nature ? C’est très loin de tout ce que je connais…
Alphard était curieux, peut-être trop, mais il avait toujours eu de l’intérêt pour les autres. Ce n’était pas toujours sans arrière pensés chez lui, comme tout bon Serpentard qui se respecte et qui favorise sa propre personne. Mais même sans penser à lui, Alphard était sociable et presque indiscret. C’était un trait de caractère que sa mère n’appréciait pas du tout et qui lui avait valu plusieurs roustes, mais il était comme ça et on ne le changerait pas.
- Avez-vous des pouvoirs magiques ? Des capacités hors du commun ?
Peut-être que leurs deux mondes se ressemblaient plus qu’il ne le croyait. Leurs elfes n’étaient vraisemblablement pas faits du même bois, mais qu’en était-il du reste ? Alphard avait entendu des rumeurs sur des créatures capables d’exploit magiques sans l’aide de baguette, mais à sa connaissance, il n’avait jamais fait la connaissance de la dite personne. Peut-être que Mr Baggins était de ceux-là. Alphard avait compris depuis longtemps qu’il ne fallait pas juger les gens au premier coup d’œil. Même si ce salon de thé/librairie ressemblait à un endroit tout à fait paisible et calme peut-être que son hôte était loin de l’être.
- Est-ce que ce café ressemble un petit peu à ce que vous aviez comme commerce dans votre monde ?
Alphard regarda autour de lui en prononçant ces mots. Si c’était le cas, ce serait un endroit fort agréable pour passer du temps. L’endroit était chaleureux et agréable. Il y flottait une bonne odeur de thé et les espaces pour s’asseoir semblaient accueillants. Ce n’était donc pas improbable que l’endroit lui fasse penser à un chez-soi. C’était suffisamment agréable pour s’imaginer vivre là-bas.
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A discuter comme ça avec cet homme bien sur lui, donnait envie à Bilbo de sortir sa pipe, de proposer du thé, bref, de se poser. Mais il estima - et à tort - que de toute évidence, ce monsieur Black allait bientôt partir. Ce ne fut pas le cas, mais peu importe. Bilbo appris que ce monsieur était revendeur d’art, et il n’en fut guère surpris : pour qu’il s’intéresse à des livres comme ça… Il y avait de quoi. Ainsi, Bilbo se laissa à sourire de pouvoir garder un livre de cette valeur. Valeur sentimentale certes, mais qu’elle valeur !
Bilbo proposa donc le thé, et tout en allant préparer le nécessaire, il écouta d’une oreille attentive les questions que lui posais ce monsieur. Elles concernaient les elfes, ses pouvoirs, ses capacités hors du commun. Des capacités hors du commun, Bilbo n’en avait guère, sinon le fait d’être assez petit comparé à la moyenne. Mais ici, ça ne changeait pas grand chose. Tandis qu’il laissait l’eau se chauffer, et qu’il préparait les tasses, il se sentit un peu minuscule, comme ça lui arrivait parfois : pas de pouvoirs, contrairement peut-être à ce monsieur Black. Mais le fait que l’homme l’interroge sur l’aspect du café, le fit sourire. S’il ne tenait pas un commerce à Hobbiteville, il n’empêchait pas que le lieu actuel où les deux se trouvaient, ressemblait aux maisons où vivait les hobbits, et ça lui faisait bien plaisir.
Finissant de préparer les tasses, il les posa sur une table dans l’arrière boutique et invita son visiteur à s’installer. Préparant également sa pipe, il fini par répondre :
- Les elfes sont en effet grand de là où je viens…Enfin il faut dire que moi je ne suis pas bien grand. Je n’ai pas de pouvoir spécial, ou de capacité à noter, sinon ma petitesse comparé aux autres. Enfin…Les nains ne sont pas bien grands non plus. Quant à ce commerce… Il ne garde de mon passé, que l’aspect des maisons d’où je viens. Les hobbits ont tendance à vivre dans des sortes de trous similaires à ce que j’ai tenté de reproduire.
Servant le thé avec soin, il observa son interlocuteur :
- Dites moi si le thé vous conviendra. Et du reste… C’est mon premier commerce, donc vous pouvez être critique à ce propos.
Il eut un sourire, et s’installa, allumant sa pipe, fumant un peu :
- En vérité, je ne suis pas humain de base. Je suis un hobbit. Je ne sais pas si vous voyez ce que c’est ?
Après tout, si leurs elfes étaient très différents, peut-être que cet homme ignorait tous des hobbits. Pour le moment Bilbo se contentait de répondre aux questions, mais il ne tarderait pas à les retourner pour en apprendre un peu plus sur son invité.
Alphard écouta avec grand attention tout ce que son hôte lui expliquait à propos de son monde. Il ignorait tout des elfes grands ou des nains sans parler des hobbits. En revanche, si ce commerce ressemblait à une maison de hobbit, il fallait reconnaître qu’ils savaient comment rendre un endroit chaleureux et accueillant.
Le sorcier s’installa confortablement et remercia Bilbon pour le thé, qui était très bon.
- Je ne connais rien de votre monde. Je suis même navré de vous dire que je n’ai jamais entendu parler des hobbits. Vous avez en revanche un très bon coup de main quand il s’agit de construire un commerce accueillant Mr Baggins. Et votre thé est délicieux. Ce n’est pas rien de faire du thé jugé délicieux par un Anglais.
Il reposa délicatement la tasse après quelques gorgées qu’il savourait. Il fut étrangement satisfait de voir l’autre homme sortir sa pipe. Il avait le sentiment que cela prouvait un certain confort entre eux. Il se demandait si son vis-à-vis avait été plus petit dans son monde, mais il n’osa pas poser la question de peur d’être impoli envers un hôte si agréable. « Vous n’êtes déjà pas bien grand, c’était pire avant ? » Ce n’était pas vraiment très poli…
- Vous savez ce qu’est un Anglais pas vrai ?
Si le monde de l’un était inconnu à l’autre peut-être, était-ce réciproque même si Alphard avait l’impression que connaître la géographie de base était naturel. Il fallait qu’il oublie que ce qui était commun pour lui ne l’était pas forcément pour les autres. C’était toute la difficulté avec cette ville : on rencontrait des gens si différents de soi. Mais c’était aussi ce qui en faisait sa richesse.
- Pouvez-vous me parler des hobbits ? Vous n’avez pas de capacités particulières, mais je suis sûr que vous avez vos coutumes et vos talents tout de même.
Reprenant une gorgée de thé qui était toujours autant un régal, il jeta un nouveau coup d’œil autour de lui et sur tous les petits détails de l’endroit.
- C’est votre premier commerce me disiez-vous. Comment vous en est venue l’idée ? Est-ce que votre habitation était déjà un lieu de rencontre pour les passionnés de thés et de lectures ?
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Bilbo était ravi d’entendre son invité féliciter son thé. En tant que hobbit, il tâchait de toujours offrir le meilleur à ses invités, et attendait bien sûr parfois qu’on le félicite en ce sens. Alors que ce fut le cas le ravissait. Il n’était finalement pas surpris que monsieur Black ne connaisse pas les hobbits. S’il ne connaissait pas les elfes de son monde à lui, ça n’avait rien d’étonnant. Quant aux anglais… Bien sûr que Bilbo les connaissait. Déjà parce que dans ce monde c’était assez connu, ensuite, parce qu’il avait lu des livres en parlant.
- Je sais ce que c’est oui. Aussi, votre compliment me va droit au coeur.
Après tout, Bilbo avait très bien compris que les anglais étaient très attachés à leur thé, et le fait que le hobbit en ait préparé un qui ait plu à éventuellement un des leurs, lui allait parfaitement. Fumant doucement sa pipe, souriant, il alla pour demander confirmation à son invité quant à ses origines anglaises. Mais ce dernier l’interrogea sur les hobbits, puis sur son commerce.
Touché de devenir un sujet intéressant, et parlant assez rarement de lui, bien qu’il fut une “curiosité” certaine, quant on y pensait, il réfléchit, et commença donc à répondre :
- Je dirais que pour les hobbits… Eh bien… Imaginez vous un petit homme, aux oreilles à peine pointues, et des poils sur les pieds, j’imagine ? En terme de coutume…Nous aimons avoir nos 7 repas journalier, et accueillir les gens chez nous. Enfin, pour la plupart. Cela dépend de quel hobbit on parle… Au final nous sommes comme les elfes : ils existent toutes sortes de hobbit, bien que ça sois plus limité que les elfes. Et même dans les mêmes types de hobbit on trouve de tout. De mon côté, j’ai du sang de la famille Touc, et si on repense à Bandobras Touc, mon ancêtre…Eh bien… Il était du genre aventureux ? Pour résumer.
Poliment, Bilbo fit une pause pour fumer un peu, boire son thé, et surtout, laisser le temps à ce monsieur Black de digérer cet amas d’information qu’il avait délivré un peu brusquement. Il espérais ne pas avoir l’air malpoli en parlant autant. Mais après tout, il ne faisait que répondre aux questions de son invité.
- Quant au commerce… L’idée m’est venue quant il m’a fallu choisir un métier. Ici tout est différent de chez moi. Mais pas la vente. Ou pas trop. Ma maison… Disons qu’elle était un lieu de rencontre pour des nains désireux de retrouver leur montagne, mais rarement plus.
Il repensa aux nains. A Thorin, aux autres, et à leur chanson qui expliquait bien leur quête. Et puis, à toute la vaisselle qu’ils lui avait laissée. Redressant la tête, il se permit tout de même de rebondir :
- Je me demandais, monsieur Black. Mais vous parliez des anglais…Vous en êtes un je suppose ? Mais êtes vous aussi plus que ça ? Si vous avez de votre côté des “elfes de maison”, peut-être que vous avez aussi d’autres types de personne. Que vous êtes “spécial”.
Il lui sourit doucement, de façon avenante. Il aimait à écouter les personnes, au delà de devoir parler lui-même. Surtout quand la personne était intéressante.
- Et puis après tout, je ne voudrais pas être malpoli et prendre toute la place dans la conversation. termina-t-il d’ajouter
Alphard aimait beaucoup Monsieur Baggins. Il avait une façon assez modeste de parler de lui alors qu’il était tout à fait passionnant. On sentait qu’il s’agissait de quelqu’un de simple dans sa façon de voir le monde et pas dans un sens péjoratif. Il aimait le confort de sa boutique, le bon thé et visiblement sa pipe. Si plus de monde pouvait se contenter de ce genre de petits plaisirs, le monde serait certainement un endroit meilleur.
L’univers du Hobbit était très loin du monde du sorcier. Alphard avait grandi dans une famille riche qui se pensait supérieur à beaucoup d’êtres. D’ailleurs, il gravitait toujours dans un univers assez élitiste avec les passionnés d’art qui étaient prêts à mettre des prix exorbitants pour posséder le travail d’un autre. Il n’en était que plus rafraîchissant pour Alphard d’avoir quelqu’un d’aussi spontané et agréable en face de lui.
- Sept repas ?! Vous savez apprécier la bonne nourriture vous les hobbits ! J’imagine que le repas doit être léger à chaque fois pour avoir l’appétit d’en avoir autant. C’est absolument fascinant en tout cas. J’imagine que mes questions ne sont pas évidentes : il est dur de faire des généralités devant la complexité et la multitude des gens.
Lui-même serait bien en mal de décrire la société magique de son époque tant les sorciers pouvaient être différents selon leur famille. Rien que parmi les Black il y avait des différences radicales. Entre Sirius, Andromeda et peut-être un peu lui, ils étaient les rebelles de la famille. Rien à voir avec Cygnus ou Walburga.
- C’était si différent que cela votre chez vous ? Je veux dire, il n’y avait aucun métier que vous auriez pu faire en vous sentant à l’aise en dehors du commerce ?
Alphard n’avait aucune idée du monde auquel Bilbo avait pu appartenir. Il n’était lui-même pas contemporain de la vie sur cette nouvelle ville, mais il se sentait un peu seul dans son monde magique de 1977. Finalement, il n’était pas le seul à devoir s’habituer à un monde qui avait beaucoup bougé en 50 ans.
Alphard jeta un petit regard autour d’eux pour être sûr de ne pas être écouté avant de répondre à son interlocuteur. Heureusement, les autres clients étaient occupés. Alphard fit quand même attention à son débit sonore : suffisamment fort pour être entendu de son hôte, mais pas pour se faire entendre des autres tables.
- Je suis effectivement anglais. Je suis un sorcier : je suis capable de faire de la magie grâce à une baguette. Dans mon monde, il était interdit d’en parler à un non-mage, mais il me semble que vous saurez garder mon secret et que je vous dois une réponse honnête après que vous m’ayez fait découvrir votre monde. Et c’est un plaisir de vous écouter. Vous ne prenez absolument pas toute la place.
Alphard eut un sourire sincère face au commerçant avant de prendre une gorgée de thé à son tour.
- Dans mon monde, nous avons plusieurs types de personnes : les sorciers, les moldus, qui sont les non-mages, et les cracmols, qui ont un parent sorcier et qui connaissent notre monde, mais qui n’ont pas de pouvoir magique. Nous avons aussi beaucoup de créatures plus ou moins intelligentes qui sont spécifiques. Des dragons, des elfes de maison, des centaures, des sirènes… Tout un bestiaire !
Il était content de parler de tout cela avec quelqu’un. Alphard ne s’était pas fait beaucoup d’amis dans la ville. Il avait de nombreuses connaissances de travail, du réseautage (il avait appris ce mot ici) mais peu de vraies rencontres. Il cachait son secret la plupart du temps, mais quelque chose dans la façon de partager son monde avec le Hobbit lui semblait normal. Simple. Sans danger. Cette confiance était rare, mais il était heureux de se sentir assez à l’aise pour le faire.
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Bilbo se sentit bien amusé de constater que pour Alphard, l’idée de sept repas semblait bien lourde. En soit, il pouvait le comprendre. Mais en somme, les hobbits avaient un métabolisme différent, et au mieux, ils mangeaient en effet léger. Ce qui n'empêchait pas que la plupart de son espèce possédaient un petit ventre à force de bien vivre et se laisser aller.
- Ils sont assez légers. Cela dépend duquel, bien sûr.
Il continuait de s’amuser de se dire que cet homme trouvait son monde fascinant. Pour l’ancien hobbit, c’était toutes les autres personnes qui venaient d’autres mondes, qui l’étaient. Ne voyant pas de clients venir pour qu’il s’en occupe, il était bien content de pouvoir discuter avec cet homme fort agréable. Bilbo réfléchis quant au métier qu’il aurait pu choisir. Il se laissa à un soupir :
- Quelque part, j’aurais pu voir autre chose, oui. Mais… Disons que je voulais garder un peu de chez moi. J’ai vécu une assez grande aventure, pour savoir que le confort de sa propre maison est toujours bien quand on veut y retourner. Ouvrir cette librairie-salon de thé me semblait le meilleur moyen de faire. Et…Ca ne me demandais pas trop de formation pour m’épanouir dans le travail.
Le côté hôte parfait glissant dans son sang naturellement. Du reste, Bilbo avait posé une question, et l’homme concéda à lui répondre, non sans pourtant se pencher vers lui. Le petit homme, toujours sa pipe en main, écouta attentivement. Un anglais, et rien de moins qu’un sorcier. Le souvenir de Gandalf remonta dans son esprit, et il se sentit sourire. Gandalf était un ami, un magicien, et un qui était extrêmement doué… Cela fit étrange que la magie soit cachée aux “non mages”, puisque pour Bilbo, dans son monde, la magie était partout. Rien que son anneau l’était, l’ayant rendu invisible.
Conscient qu’il terminait de fumer, il reposa sa pipe doucement.
Parlant à voix basse pour ne pas contrarier son interlocuteur quant à la confiance qu’il lui offrait, il se sentait d’autant plus curieux sur cette utilisation de la magie, mais le libraire voulu également le rassurer :
- Dans mon monde, la magie est partout et commune…Enfin…. Disons que c’est bien plus compliqué que ça mais… J’ai un ami qui est magicien. Mais il n’utilise pas de…Baguette ? Quant aux dragons… Je connais ce genre de créature. J’ai eu à faire avec un dragon durant ma vie…
Repensant à Smaug, à son trésor, à son côté vantard, et à sa fin, Bilbo se demanda si ce dernier était similaire pour l’homme face à lui. Si la magie pouvait être différente, et les elfes aussi, peut-être que les dragons également.
- Je suis aussi coutumier avec un “bestiaire large”... Même s’il y en a peut-être moins que vous… Des dragons, des géants, des gobelins… Nous avons peut-être plus en commun que nous le pensons, monsieur Black.
Même si les différences fascinaient bien sûr le hobbit qui en avait oublié sa boutique, et ses clients. Tant pis, il verrais cela après, c’était… Bien plus intéressant d’écouter toute cette histoire.
- J’avoue être vraiment enthousiaste de rencontrer quelqu’un comme vous. Il y a tant de choses à apprendre… Tant de différences pour quelques ressemblances !
- Une grande aventure ? Pouvez-vous me dire de quoi il s’agissait ?
Alphard était passionné par ce qu’il apprenait du hobbit. Il n’avait jamais imaginé des elfes grands et lié à la nature alors forcément entendre que son hôte avait vécu quelques histoires intéressantes lui donnait irrépressiblement envie de s’y intéresser.
Alphard apprécia l’effort de Bilbo de baisser le volume de sa voix quand il lui répondit sur sa magie. C’était très agréable que l’homme fasse cet effort pour lui. Surtout avec la réponse qu’il lui apporta en disant que la magie était une chose commune chez lui. C’était intéressant.
- Votre magicien n’avait pas de baguette ?! Ça alors ! Et vous avez affronté un dragon, mais êtes toujours là pour en parler ? Sans pouvoirs magiques ? Mais qui êtes-vous au juste Monsieur Baggins ?
Alphard avait un grand sourire sur le visage en disant tout cela. C’était fascinant et il n’avait encore rien entendu de l’étendue des aventures du hobbit. Depuis que le sorcier était dans cette ville, il avait rencontré pas mal de monde pour son travail. Même si les conversations gravitaient souvent autour du domaine de l’art, Alphard essayait toujours de tisser des liens amicaux pour faire devenir les gens des « connaissances » dans son réseau. C’était aussi ça son talent : arriver à se faire aimer du plus grand monde. Il savait évoluer dans un cadre social qui avait ses propres règles.
Pourtant aujourd’hui, la conversation n’était pas juste polie et sympathique : elle l’intéressait réellement. Il avait toujours aimé cultiver son savoir souvent avec une idée derrière la tête comme tout bon Serpentard qu’il était. Ici, il ne s’agissait que de pur émerveillement à rencontrer quelqu’un de si différent et pourtant si ressemblant par d’autres aspects.
Alphard allait poser une nouvelle question quand il fut interrompu dans son élan par une silhouette dans son champ de vision. Il s’agissait d’un client de la boutique, Alphard l’avait vu lire dans un coin de la boutique.
-J’aimerais commander à boire, mais visiblement, vous avez mieux à faire que de vous occuper de vos clients.
Alphard se leva, un sourire confiant sur le visage, il tendit la main au nouvel arrivant.
- Toutes mes excuses Monsieur …?
-Monsieur Stewart.
- Enchanté Monsieur Stewart, je suis Monsieur Black. J’ai sans doute accaparé Monsieur Baggins ici présent. Pour réparer mon affront, permettez-moi de vous offrir votre prochaine consommation.
Le client se trouva assez déstabilisé, mais accepta l’offre du sorcier. Alphard laissa le hobbit s’occuper de son client.
- Peut-être que je vous dérange en pleine journée, je ne veux pas vous créer de problèmes…
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Raconter dans les détails son aventure, risquait bien de prendre plus de temps qu’il n’en avait devant lui actuellement. Peut-être un jour de week-end pourrait-il prendre un peu de moment pour parvenir à résumer comme il pouvait tout ce qu’il avait pu vivre. De son chez lui, en passant par la forêt ou les elfes, et en finissant sur Smaug. Mais aujourd’hui…Cela risquait d’être bien compliqué, aussi, il se contenta d’une moue contrite et de faire :
“Je voudrais bien, mais ça serais bien long”.
A défaut, il préféra parler en résumé réellement grossier des éléments qui entouraient tout ce moment si long qu’il avait passé. Cela sembla prendre son interlocuteur par surprise, car ce dernier n’arrivait pas à croire que Bilbo avait affronté un dragon et était toujours là pour en parler. Lui-même devait bien admettre que sans l’anneau, il aurait été en difficulté. Mais à la dernière question du sorcier, l’ancien hobbit se sentit pris d’un sourire, et il répondit tout simplement de façon presque énigmatique :
“Je suis simplement un minuscule individu dans un vaste monde.”
Il prit conscience à cet instant, que sa maison lui manquait. Bien qu’elle avait été reconstruite en partie ici. Parce qu’il n’y avait pas que sa maison. Il y avait les souvenirs attachés à cette dernière. Il y avait Gandalf. Il y avait les nains. Et les habitants de sa contrée. Et il y avait ce nouveau monde tout gris et “moderne” qui de toute évidence, semblait d’autant plus vaste. Tandis que la nostalgie le gagnait, un homme apparu soudainement dans leur champ pour se plaindre. Bilbo se redressa immédiatement. Il était bien occupé à fumer sa pipe et à discuter tranquillement, et le voilà qui oubliait toutes ses manières.
Mais Black pris les devants, et su le faire avec brio. Bilbo se rassura un peu, mais resta sur l’action. Se tournant vers Alphard, Bilbo lâcha :
“J’avoue avoir moi même oublié tous mes devoirs… Notre conversation était très prenante.”
Il lui adressa un sourire :
“Je pourrais vous proposer de repasser après les heures de fermeture, si vous le désirez.”
Ainsi, ils pourraient causer aussi librement qu’ils le pourraient, uniquement retenus par le temps. Du reste, il se tourna vers le dit monsieur Stewart et s’informa pour connaître sa consommation. Puis, il se mit au travail : un thé prenait du temps à être fait, quand on voulait être consciencieux. Il espérait que son interlocuteur ne s’enfuirait pas en catimini - mais il devait payer la consommation donc… -, même si Bilbo se doutait qu’il ne pourrait pas rester, vu que l’ancien hobbit devait travailler.
Alphard voulait bien imaginé que tout ceci allait être une longue histoire. Après tout, il y avait tellement à dire quand on parlait de quête avec des magiciens et des dragons. Il n’était pas question qu’il n’entende pas ce récit, mais le jour semblait ne pas être approprié pour ce genre de discussions. C’était le risque quand on venait dans un établissement ouvert au public en milieu de journée. Le sorcier ne s’était pas attendu à tomber sur un homme aussi agréable et passionnant que Bilbon.
Alphard s’en voulait d’avoir mis le commerçant dans une situation délicate. Il n’aimait pas causer de problèmes inutilement, et même s’il était extrêmement curieux de ces aventures, il ne voulait pas mettre en porte-à-faux un homme aussi gentil que Mr Baggins. Il attendit sagement que le hobbit finisse de préparer le thé de l’autre homme et en profita pour discuter avec celui-ci. C’était une autre méthode pour distraire le client mécontent de la situation. Heureusement pour lui, l’homme lisait un livre qu’Alphard avait déjà lu. Ils purent donc en parler et la tension se dissipa comme si elle n’avait jamais existé.
Quand Bilbon revient de la cuisine avec la commande du client, Alphard salua l’homme et partit au comptoir pour régler. Il afficha un sourire chaleureux au hobbit.
- C’était un plaisir de vous rencontrer Mr Baggins. Je ne pourrais pas repasser ce soir, mais je vous donne mon numéro de téléphone pour convenir d’un nouvel échange avec grand plaisir. Du moins, si vous avez un portable ? Je sais que j’ai mis un certain temps à m’y faire, mais maintenant, j’aime bien. C’est très différent de mon monde.
Il haussa les épaules en souriant toujours. Il savait avant même que le hobbit ne réponde que pour lui aussi, c’était très éloigné de ce dont il avait l’habitude. Mais il fallait vivre avec son temps et ces petites choses technologiques pouvaient se révéler très pratiques à utiliser.
- Je vais ouvrir ma galerie d’art d’ici peu. C’est un projet que j’ai depuis quelque temps. Vous pourrez passer voir si l’envie vous dit.
Après une poignée de main, il se dirigea vers la sortie pour laisser le hobbit à son travail.
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