There's a double meaning in the word "shooting" [Misa]
Invité
Mer 21 Avr 2021 - 19:22
There's a double meaning in the word "shooting"
Patiemment, elle attend de passer par l'étape maquillage. Elle n'est pas forcément friande du fait de laisser à d'autres le soin de toucher à son charmant minois, elle estime être tout à fait capable de se maquiller toute seule, et de faire au passage un meilleur travail que la plupart des tâcherons qui prétendent au poste, mais elle a bien compris que, dans le mannequinat comme dans la comédie, il faudrait qu'elle tolère que l'on retouche son précieux visage, si parfait soit-il. Villanelle a du mal à se montrer patiente ou docile mais elle ronge son frein. Les shootings photo sont une des rares choses qui parviennent à la divertir dans cette nouvelle vie qui à ses yeux manque singulièrement de... tout. Manque de divertissement, manque de rebondissements, manque... d'Eve... C'est alors qu'elle l'a perdue que Villanelle réalise plus que jamais à quel point sa présence avait le don de combler tous les vides. Jamais elle n'éprouvait le moindre ennui, la moindre lassitude, quand Eve était là, ou juste quand elle pensait à elle. Elle ressentait, ça lui faisait du bien de ressentir. Là, quand elle pense à Eve, elle ressent, mais le sentiment n'est pas agréable. Une sensation de manque et de vide, le même qu'elle avait éprouvée après avoir cru l'avoir tuée, à Rome... Sauf que là, en plus, elle y est pour rien. Si c'est pas injuste, ça...
Oui, les shootings photo, quand on oublie l'attente maquillage, les exigences absurdes ou autre, ce n'est pas mal. Au moins, cela permet à Villanelle de porter de belles tenues, évidemment mises en valeur par sa prestance et son charisme naturels, cela va sans dire. Quoi qu'elle n'attend pas après les shootings photos pour se vêtir comme elle l'entend, et de préférence de manière extravagante... Dire que la plupart du temps, on ne lui laisse même pas garder les tenues pour la peine... Parfois, ce n'est pas plus mal vu la manière dont on choisit de l'habiller, mais cette fois, elle reconnaît que le choix est plutôt élégant. Une robe sombre, plus discrète que ce que sont les habitudes de Villanelle, mais elle saura faire avec. Trop légère pour le temps encore frais de ce mois d'avril, cela dit, elle va à l'évidence se geler les miches au bord de l'océan, mais elle accepte de son sort. Disons que ça... comble le vide ? Et c'est toujours mieux que rien. Et quand on parle de combler le vide, d'ailleurs... ce shooting se fera à deux, et sa partenaire du jour, Villanelle la connaît à force de courir les mêmes castings qu'elle.
Elle s'appelle Misa Amane, une jolie Japonaise avec une bouille d'ange. Les deux auraient peut-être pu s'entendre, dans une autre vie, mais le jeu de la concurrence font qu'elle n'ont définitivement pas d'affinités l'une envers l'autre. Un contrat volé par l'une ou par l'autre, ce genre de contrariétés ont fait que leurs échanges ne sont jamais cordiaux. Si Villanelle devait se remettre à tuer, c'est par Misa Amane qu'elle commencerait, pas de doute là-dessus. "Tu es en retard", remarque seulement Villanelle en faisant les gros yeux à son interlocutrice, loin d'intégrer l'idée de la saluer poliment comme une option ne serait-ce qu'envisageable.
❝Misa & Villanelle❞ There's a double meaning in the word "shooting"
J'ai toujours aimé le métier de mannequin. Je me suis retrouvée dans le milieu presque par hasard, quand on y réfléchit, par un heureux concours de circonstances, mais quand j'y pense, je ne ferais sans doute pas grand-chose d'autre de ma vie, si ce n'est rien du tout. De lucratif, disons, même si on peut être rémunéré autrement qu'avec de l'argent, dans la vie. Aussitôt que je suis arrivée dans ce nouveau monde, j'ai tout fait pour être réengagée. Je sais que j'avance en âge, et les mannequins ont une date de péremption dans leur carrière, c'est comme ça, mais j'ai encore quelques beaux jours devant moi. Je me suis concocté un book aux petits oignons qui, je crois, a fait une très bonne impression à ceux à qui je l'ai présenté. Il paraît que je prends la lumière à la perfection, je suis naturellement photogénique. Je n'irai pas le démentir. Et ma confiance en moi, immense, fait très sûrement le reste, au passage. Et donc, les agences que j'ai démarchées ont toutes voulu de moi. Sans avoir ma réputation d'autre fois, j'ai vite réussi à me faire une place, et c'est donc à un shooting sur la plage que je m'apprête à assister.
Et autant vous le dire, j'ai hâte. Je m'ennuyais comme un rat mort jusqu'ici, j'avais grand besoin de mouvement, de faire un peu bouger les choses, et je crois bien qu'on y est. Je prends d'autant plus de plaisir à participer au plus de photoshoots possibles que je me dis que l'un d'entre eux finira forcément, naturellement, par attirer l'attention de ceux dont je veux à tout prix attirer le regard, celui dont je veux attirer le regard. Comme pour tout ce que je fais, j'aime bien que ce soit spectaculaire. J'imagine Light, quelque part dans les rues de cette ville, découvrir soudainement sur un arrêt de bus, en devanture d'un magasin ou sur n'importe quel panneau d'affichage, le visage résolu de sa fiancée. Bref, je suis impatiente à ce shooting, mais c'est vrai aussi que je suis en retard.
❝On n'est en retard que si on ne sait pas se faire attendre, Villanelle❞, je réponds à ma collègue, qui est bien davantage une rivale, une ennemie naturelle, quand cette dernière me salue à sa manière bien à elle au moment de m'arriver. Je m'installe à ma table de maquillage et attend qu'on s'occupe de moi. ❝Cette tenue te va à ravir, je dirais même qu'elle t'amincit❞, je dis pour le plaisir d'engager les hostilités.
Si on nous a conviées sur le même shooting, je suis sûre que c'est pour que notre animosité réciproque crève l'appareil. Je ne vois aucun mal à leur donner précisément ce qu'ils veulent, en ce qui me concerne.
❝Et ils ont fait des merveilles avec ton teint, on en oublierait presque des pores disgracieux.❞
Si Villanelle doit bien reconnaître quelque chose à Misa (et elle n'aime pas lui reconnaître quoi que ce soit, alors en règle générale, c'est un exercice qu'elle fait assez naturellement le choix de s'épargner, et sans la moindre vergogne), c'est qu'elle a un sacré sens de la repartie. Sur ce point aussi, elles auraient certainement pu s'entendre toutes les deux, mais non, le destin - et l'ego de Villanelle, mais est-ce que ce n'est pas la même chose, après tout - en avait décidé autrement. Le destin avait décidé qu'elles ne pourraient pas se blairer, et ce n'était pas plus mal. Quitte à se faire une ennemie, autant que celle-ci ait de la repartie, pas vrai ? Cela a le don de rendre leurs échanges un peu moins insupportables. Si possible.
Elle peut bien justifier son retard par ce qu'elle estime peut-être être le caractère indispensable de sa personne, mais au fond, elles savent toutes deux que dans le métier qu'elles exercent, elles sont l'une comme l'autre des entités jetables. Et d'ailleurs, elles ne vont pas en rajeunissant. Tôt ou tard, on estimera qu'elles ne sont plus assez photogéniques, et c'en sera fini une bonne fois pour toutes. Villanelle a beau avoir une haute estime d'elle-même et de sa beauté, elle sait comment le système fonctionne. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle est convaincue de pouvoir tirer son épingle du jeu. Dans tous les cas, la comédie l'intéresse plus que le mannequinat, et dans ce domaine au moins, il peut y avoir un rôle pour tous les âges, du moins tant que l'on sait y faire. "Evidemment qu'elle me va parfaitement", répond Villanelle avec son assurance habituelle, absolument convaincue de sa ligne impeccable, suffisamment pour ne pas se laisser affecter, en tout cas. "Ce n'est pas donné à tout le monde de pouvoir être élégante même en portant un sac à patates, je ne m'attends pas à ce que tu sois capable de comprendre ça."
Misa a de la personnalité, mais elle reste quoi qu'il en soit une petite parvenue sans grande envergure. En rien elle ne saurait prétendre à la classe et à l'élégance dont Villanelle, de son côté, considère être pourvue naturellement. Et tenter de ne serait-ce que s'en rapprocher serait une évidente perte de temps. "Misa, tu ferais mieux de te recentrer. Il y a assez à faire avec toi pour ne pas focaliser toute ton attention sur moi. Tu sais, j'ai entendu dire qu'ils hésitaient à se passer de toi. Alors j'éviterais de leur donner raison, si j'étais toi.", ajoute-t-elle avec un clin d'oeil.
Manipulatrice, comme à son habitude, elle ment totalement, bien sûr, mais ça Misa n'a aucun besoin de le savoir, après tout.