Mes jambes n'arrivaient plus à me porter. Je m'étais précipitée après la bataille, j'avais couru pour voir si j'étais la seule blessée, si les autres allaient bien, mais je m'étais retrouvée au milieu de nul part ou du moins, au milieu d'un endroit qui n'était ni l'Enfer et encore moins le Paradis. Je m'effondrais sur le sol les muscles ayant été contracté durant trop de temps. J'avais pourtant l'air relativement en forme. Il fallait que je me relève et si je n'arrivais pas à marcher, il fallait que je m'envole, que je trouve un moyen de rentrer. Mes ailes n'étaient apparemment pas plus réactives que mes jambes...

- Sera ! Sera tu fais chier là ! Je veux rentrer.

Exiger quelque chose de la part d'un Séraphin, ce n'était pas la meilleure des manière pour obtenir ce qu'on voulait. Elle ne me répondit pas, il n'y avait rien d'autre que moi au milieu d'un endroit vide, de nuit. Super. Je n'avais même pas ma lance pour me protéger au besoin. J'attendis, ne pouvant rien faire de plus pour l'instant. Pendant ce temps d'inactivité je pris le temps d'analyser ce qui se trouvait autour de moi. Ce qui semblait être la lune brillait au dessus de moi, énorme et surtout rouge vif. Comme lorsque j'avais couru vers Adam, c'était donc probablement lié. Il y avait une sorte de sentier qui s'engouffrait dans la forêt, les arbres s'étendaient sur ma droite à perte de vue. De l'autre côté, il n'y avait, de ce que je pouvais voir, seulement la pleine, l'herbe et les petits fleurs. Quelle merveilleuse manière de me faire enrager.

Après de très longues heures, l'aube s'était levé (enfin, ce qui semblait être l'aube) et j'avais pu atteindre une ville, un endroit qui semblait à peu près civilisé. En passant devant une vitrine, je compris que quelque chose n'allait pas, mon oréole noire et mes ailes n'étaient plus là... Je me mis à serrer les points, à grincer des dents, tentant de me retenir d'insulter Sera et tous les autres Séraphins qui devaient probablement bien se payer de ma tête. Il fallait que je retrouve Adam, que je trouve un moyen de rentrer avec lui. Dans le ciel, la lune n'était pas partie, il ne faisait pas particulier jour non plus. Je laissais un soupir m'achaper et alors que je ne faisais pas attention à l'endroit où j'étais, je manquai de peu de me faire renverser par une voiture. Un homme m'avait tirée pour ne pas que je ne perde à nouveau la vie. Je me tournais vers lui et, toujours aussi agacée par cette situation, je lui marmonnais seulement.

- Merci.

Franchement, ça me faisait royalement chier de me retrouver dans une telle situation. Je ne comprenais pas ce qui m'entourait, j'aurais largement préféré rentrer au Paradis. J'avais des choses importantes à faire, une vengeance à préparer, je ne pouvais pas rester là, à me tourner les pouces. L'idée d'avoir été aidé par un humain me déplaisait tout autant. Parce qu'il n'avait pas d'auréole ni d'apparence déroutante comme celles des Pêcheurs ou Hellborn, il ne pouvait être que ça. Après tant d'années au Paradis, j'étais donc de retour sur Terre. Cette idée me donnait la nausée. Franchement, la plupart d'entre eux ne faisaient pas réellement d'effort pour monter, pour mériter le bonheur éternel. C'étaient des Pêcheurs à venir. Je pris le temps de défroisser mes vêtements avant de comprendre ce qu'il était en train de me dire.

- Nouvelle arrivante ? Pas vraiment. Je ne m'attendais juste pas à atterrir ici.

Je n'avais pas encore pris conscience de ce qu'il voulait réellement dire. Le chemin derrière moi était plein de véhicules, identiques à celui qui avait manqué de peu de me percuter, qui n'arrêtaient pas de se croiser. Leur bruit m'étais aussi insupportable que d'être ici. Désabusée, je le fixais en battant des cils.

- Pardon? Aucun pouvoir ? Mais si nous on en a plus aucun, l'extérieur peu bien nous sortir de là, non?

Je n'avais pas réellement compris ce qu'il voulait dire, ou plutôt j'étais une belle autruche dans le déni de la situation. Je ne pouvais pas être entière, vivante et ne plus avoir aucun pouvoir ou bien encore moins être bloquée en dehors du Paradis.

Sa phrase me fit rouler des yeux. Je savais ce que je disais, non? Je n'étais plus au paradis, je n'avais plus mes ailes et mon auréole, mais je n'étais pas devenue idiote en cours de route. Je me mis à croiser les bras et roulais des yeux. Avec ce que je venais de traverser, j'avais autres chose à faire, comme une vengeance à préparer, une pétasse de cyclope à trucider et un hôtel à faire effondrer, entre autre chose. Sérieusement j'avais d'autres plans en tête bien plus urgent que cette putain de blague. Pourtant il continua dans le même sens... Ma gorge se serrant "vivants comme morts"... Est-ce que Adam pourrait être ici lui aussi? J'en doutais, et il n'y avait personne d'autre que j'avais envie de recroiser, il était le seul.

- Tu parles, c'est bien le monde des vivants ? Il suffit qu'on m'ouvre un nouveau portail et je pourrais rentrer chez moi enfin.

Les bras croiser, je laissais un rire m'échapper quand il parla de personne que je ne voudrais pas revoir. Il n'avait aucune idée de quoi il parlait et il se permettait ce genre de remarque. Les humains étaient devenus bien insolents avec le temps. Il m'avait sauvée de ces monstres de métal, mais pour autant il ne m'inspirait pas confiance.

Mon coeur était encore endoloris, serré dans un étroit étaux de métal aussi glacial que douloureux. Je venais de perdre ce qui comptait le plus pour moi. Je ne pouvais pas pleurer, je ne pleurais que dans de très rares cas. J'avais versé des larmes il y a peu et ne pouvait pas en laisser couler d'avantages. J'étais encore sous le choc incapable de me dire que tout était bien fini. Et ce connard me parlait comme si j'étais une idiote incapable de comprendre ce qui lui arrivait ? Il avait raison et ce n'était pas réellement un connard (peut-être), mais dans cette situation, je ne pouvais pas voir autre chose, je ne pouvais pas me douter qu'il ne s'agissait pas du monde des vivants. Un sourcils arché, je le regardais, pensant que peu importe ce qu'il avait pris, ça devait être de la bonne. Ce n'est que lorsqu'il me mis des billets dans la main que je me mis à réagir, comprenant qu'il y avait quelque chose qui clochait. Je serrais si fort la main que les billets se froissèrent.

- Mais c'est quoi ces conneries que tu déblatères ? J'en veux pas de ton fric ! Puis on est où là en fait ?

Sérieusement, ce n'était pas vraiment le moment pour me faire chier. Il fallait que je retrouve Adam, que je rentre au Paradis avec lui et qu'on reprenne notre vie, nos Exterminations annuelles tranquillement. Je n'avais aucune putain envie d'être là, peu importait où c'était ce 'là"

Accepter l'aide qui m'était proposée n'était pas vraiment quelque chose que j'avais pour habitude de faire. Encore moi lorsque j'en avais réellement besoin et qu'il fallait ainsi que je la demande. C'est pour ça que je m'étais montrée aussi peu agréable, que j'avais refusé de faire l'effort d'être un brun sympa avec cet homme, dont je n'avais évidemment pas retenu le prénom. Je l'avais toisé, j'étais monté sur mes grands cheveux et n'avait rien trouvé de mieux à dire que...

- Je n'ai pas besoin de chance.

Les jours qui avaient suivis avait été compliqué. Il avait fallut que j'arrive à assimiler la situation, que je fasse avec mes tripes tordues par mon envie de pleurer et surtout que je trouve ce que j'allais pouvoir bien faire ici. Ce fut tout naturellement que je me tournais vers les forces de l'ordre. Ce n'est que lorsque mon regard croisa le sien que je reconnus cet homme fort désagréable que j'avais croisé lors de mon premier jour. Le visage le plus impassible possible, je le regardais de loin... Jusqu'à ce que notre supérieur ne lui demande de me faire visiter le poste... Super...

- Bonjour. Il semblerait que l'on se recroise finalement.

Il avait l'air surpris que je m'adresse à lui. Pourtant, c'était quelque chose d'assez normal pour moi. J'avais une très bonne mémoire des gens qui m'avait brisé les ovaires. Rancunière ? Peut-être. Vengeresse? Pour sûr. Je n'avais aucune envie de lui reparler, pourtant je n'ai pas vraiment eu le choix. Il fallait que cette visite se finisse rapidement. Il fit son travail, me montrant tout ce que j'avais à voir. A défaut d'être con, il était au moins efficace. Il avait l'air de m'apprécier autant que je l'appréciais.

- Merci

Avais-je lancé sans joie, sans me vouloir amicale. J'ignorais à ce moment là ce qu'être mis en équipe avec une personne non désirée représentait. Mais à vrai dire, je n'avais jamais pensé me retrouver avec une personne comme Jerry...