[TERMINE] La passion comme racine [PV Neville Londubat]

Si Penny se réapprovisionnait le plus souvent en forêt, il lui arrivait d'avoir besoin de plantes spécifiques qui ne poussaient pas à priori naturellement dans les environs de son officine. Heureusement, elle avait trouvé quelques botanistes qui avaient un don pour procurer des plantes que l'on trouvait difficilement ailleurs. Parmi eux, il y avait Neville Londubat. Sa boutique était sur Hogwarts Place et elle y était allée à plusieurs reprises pour trouver des plantes qui l'avaient globalement satisfaite en termes de qualité et de soins apportés à la préservation. Elle était clairement devenue une habituée, même si elle se procurait encore une grande partie de ces plantes à la fraîche.

Aujourd'hui, elle avait besoin de refaire le plein car elle commençait à manquer d'ingrédients pour ses potions préférées. Au début, elle avait fait en moins grande quantité les potions impliquant des ingrédients externes, mais maintenant, elle avait un réseau d'habitués dont certains avaient besoin de ces potions régulièrement. Elle était bien obligée de s'adapter à la clientèle. En poussant la porte, elle essaya de repérer le jeune homme toujours aimable qui vendait ces plantes. Elle avait toujours apprécié d'avoir un instant de conversation avec lui quand elle venait chercher ce dont elle avait besoin. C'était quelqu'un de touchant.

« Neville ? C'est Penny. Tu es dans le coin ? »

Il n'était pas forcément à son comptoir. Il n'était pas impossible qu'il soit à l'arrière en train de s'occuper de fleurs. Il était évident que le jeune homme éprouvait infiniment plus de plaisir à s'occuper des plantations qu’à les vendre. Penny le comprenait car elle prenait beaucoup plus de plaisir à fabriquer les potions qu'à les vendre, mais il fallait bien faire le nécessaire pour se procurer un logement et de la nourriture et cela ne tombait pas tout cuit du ciel. En avançant, elle regarda autour d'elle pour apprécier la fraîcheur des plantes et la qualité de celles qui étaient séchées. Elle faisait mentalement la liste de ce dont elle allait avoir besoin.

Evidemment, il était dans l'arrière-boutique à s'occuper des plantes. Penny savait bien que, à moins qu’il ne se trouve avec un client, il était forcément en train de s'occuper des plantes. Neville passait le plus clair de son temps auprès de ces fleurs et il était peu probable de le voir ailleurs. C'était une passion chez lui et c'était aussi une raison pour laquelle on trouvait des plantes particulièrement puissantes et bien soignées chez lui. Elle avait déjà remarqué la qualité de ces plantations dès qu'elle l'avait vu pour la première fois, mais elle savait maintenant pourquoi, à force de mieux le connaître.

La vieille dame n'était pas comme lui. Même si elle aimait sa petite tranquillité, elle était plutôt avenante et avait tendance à ouvrir grand les bras aux clients qui venaient lui acheter des potions. Neville n'en était pas à faire peur aux gens, il ne fallait tout de même pas exagérer, mais il n'avait pas besoin de fréquenter la clientèle pour se sentir à son aise au contraire. Pour autant, il le fallait bien pour vendre. Il était évident que Neville le savait, mais ça ne lui facilitait pas la communication pour autant.  

« Je m'en suis doutée. Où pourrait être Neville ailleurs qu'après de ces plantes ? Oui, je commence à manquer de certains ingrédients. Mais tu dois avoir ce qui me manque, j'ai fait une liste. »

Elle lui tendit le petit papier sur lequel elle avait précisé les plantes qu'il lui fallait fraîches et celle qu'elle préférait acheter directement séchées.  Elle avait confiance en Neville Londubat pour préparer ses plantes et les faire sécher efficacement. C'était toujours une bonne chose d'avoir de bonnes adresses de sorciers botanistes capables de prendre soin de ce qu'il récupérait et de les vendre en bon état. Ce n'était pas pour rien si elle lui avait accordé de la confiance et une certaine forme d'amitié. Elle avait du respect tout spécialement pour les personnes qui étaient capables de se comporter avec les animaux et les plantes comme cette personne le faisait.

Il n’était pas facile d’avoir un commerce quand on était un peu timide, mais Penny trouvait que Neville s’en sortait magistralement. Il faisait beaucoup d’efforts pour que sa boutique soit agréable. Elle devait reconnaître que, pour sa part, elle trouvait la boutique tellement agréable qu’elle aurait pu s’y promener sans personne pour lui tenir compagnie, simplement pour profiter de l’ambiance. Ca lui arrivait quelquefois, même quand Neville était disponible, de ne pas le solliciter et de se promener d’abord. Cela sentait bon, pas exactement comme dans la forêt, mais apaisant tout-de-même. Et puis, elle aimait évaluer la qualité des plantes et leur fraicheur.

De ce côté-là, il n’y avait rien à redire. Il savait s’y prendre. Il connaissait les besoins des fleurs et des plantes et il en prenait soin avec toute l’affection d’un parent pour ses enfants. Il était tout à fait évident que c’était dans ce domaine qu’il se sentait bien. Quand il prit sa liste et se dirigea vers les plantes les plus fraîches pour commencer, elle n’hésita pas à le suivre, sachant qu’il serait sûrement ravi de converser un peu avec elle, même si elle n’était pas une plante mais un humain en chair et en os. Elle avait ce privilège.

« Merci beaucoup. Je me demande parfois si tu n’aurais pas été plus à ton aise dans un jardin que dans une boutique, là où tu n’aurais pas eu à interagir avec des gens. »

Elle sourit, ce n’était pas une critique, loin de là. Elle le trouvait plutôt mignon dans sa façon d’être et elle avait une profonde amitié pour lui. D’ailleurs, c’était suffisamment réciproque pour qu’il l’interroge sur son quotidien et ses affaires, à la façon un peu maladroite d’un jeune homme qui n’en avait pas l’habitude, qui n’était pas particulièrement à l’aise avec ça. Mais il était sincère et c’était tout ce qu’elle voulait considérer. C’était pour ça aussi qu’elle le considérait comme un ami. Il se souciait sincèrement des personnes qui comptaient pour lui, comme elle. Et elle en était consciente.

« Ca va. Sarah s’est faite à notre petite vie ensemble. Minnie lui manque, mais elle a toute la famille Halliwell pour compenser. Le magasin tourne bien, juste ce qu’il faut pour que je n’ai pas de soucis à me faire. C’est quand-même bien d’avoir un certains nombre d’habitués qui viennent périodiquement chercher leurs potions. »

C'était assez impressionnant de constater à quel point Neville pouvait se souvenir de détails de la vie de Penny. Il ne manquait jamais de prendre des nouvelles des membres de sa famille et en l'occurrence, de la petite fille qu'elle venait d'adopter. Il la touchait par sa prévenance et sa bienveillance. Il n'était pas forcément facile de trouver des gens sincèrement intéressés par les personnes qu'il côtoyait mais il ne faisait aucun doute que c'était le cas de ce jeune homme là. La seule chose qu'elle ne savait pas, c’est s’il en était ainsi avec tous ses clients fidèles. Cela dit, elle ne pouvait pas être totalement sûre qu'il avait d'autres clients vraiment fidèles.

« Tout le monde va bien à la maison. Je pense qu'il y a quelques coup de mou, parfois, quand on pense aux personnes qu'on a perdu et qu'on n'arrive pas à retrouver mais ça finit toujours par passer. On n'a pas le choix. »

Après tout, il n'y avait aucune possibilité de contrôler ce qui se passait dans cette ville. Certains apparaissaient et d'autres disparaissaient. Et il n'y avait aucun moyen de savoir si un jour on se retrouverait réuni avec les membres de sa famille. Penny n'en avait pas vraiment fait son deuil car elle avait toujours de l'espoir mais disons qu'elle ne considérait pas que tout pouvait arriver comme un véritable miracle et elle se limitait à des attentes réalistes. Elle ne savait pas ce qu'il en était de Neville, mais elle aurait souhaité qu'il ait lui aussi un maximum de ses proches, simplement parce qu'elle le considérait comme un ami.

« Et toi, tu as des nouvelles à m'apprendre ? La clientèle est bonne pour toi ? »

Elle ne pensait pas qu'il ait énormément de problèmes pour sa boutique. Il fallait reconnaître que les fleurs avaient beaucoup de succès à plusieurs niveaux. Il y avait bien évidemment les gens comme elle qui avaient besoin d'ingrédients pour des potions, mais il y avait certainement un grand nombre de personnes qui tenaient à offrir des fleurs à quelqu'un qu'ils aimaient. Il y avait des jardiniers ou des cuisiniers qui demandaient certainement des plans précis. Il y avait du potentiel au-delà de ce que Penny était capable de faire avec ses potions, même si elle se savait être une de ses très bonnes clientes.

Si Penny et Neville avaient beaucoup de points communs, ils avaient aussi un certain nombre de différences. La passion des plantes était le moyen qu'ils avaient de se retrouver et d'échanger en comprenant l'autre au sujet de quoi il parlait, et leurs boutiques respectives se complétaient bien pour avoir, d'un côté, les plantes dont on avait besoin en sorcellerie et de l'autre les potions que l'on faisait à partir de ces plantes. Mais même avec toute la meilleure volonté du monde, il y avait toujours des choses que vous ne partagiez pas de la même façon et des sujets que l'on n'avait pas en commun.

Penny ne pouvait pas dire qu'elle adorait passer du temps avec ses semblables, surtout les membres de cette humanité particulièrement désagréable ou machos. Il y en avait une paire qui, de par leur simple comportement avec elle, auraient pu se retrouver face a une main dans leur figure. Mais la présence de ses proches dans sa vie était quelque chose qui était capital pour elle. Si la solitude ne lui était pas désagréable, le manque qu'elle aurait de toute sa famille s'il n'y en avait aucun dans ce monde serait cruel à son cœur et à ses yeux. Elle avait donc le désir clairement avoué de les garder auprès d'elle dans sa vie.

Pour Neville, ce n'était pas une priorité. Il avait plus de goût pour la solitude que pour le contact humain, même celui de ses proches. Penny n'aurait pas été jusqu'à dire qu'il n'avait absolument aucune envie de se retrouver face à sa famille ou à ses amis mais ils ne lui manquaient pas autant qu'il pouvait le faire à d'autres personnes. Elle ne le jugeait pas. Ce n'était pas quelque chose que l'on pouvait contrôler et le plus important, c'était qu'il soit heureux quoi qu'il en soit. C'était d'ailleurs ce que la matriarche pouvait souhaiter de mieux à n'importe qui pour qui elle ait un minimum d'affection.

« Je sais bien que la solitude ne t'effraie pas et qu'elle te ferait même plaisir, mais j'espère que tu as quand même quelques projets pour Noël qui impliquent quelques bons amis ou la compagnie de quelqu'un qui puisse te faire plaisir. Je serais triste pour toi si tu devais passer les fêtes entièrement seul. »

Pendant une seconde, Penny se demanda de quoi Neville pouvait bien parler en parlant d'une lettre qui lui demanderait de préparer une fête pour quelqu'un qu’il ne connaissait pas. Son premier instinct, c'était de se dire qu'il y avait anguille sous roche et que c'était un piège. Penny avait peut-être tendance à voir tout en noir mais dans sa vie, elle avait appris aussi qu'il fallait se méfier de tout ce qui ne pouvait pas être vérifié. Si une de ses filles recevaient un message qui n'était pas attendu, sa première idée, c'était que cela pouvait venir d'un démon. Elle était un peu extrême et ce n'était pas toujours le cas, elle devait bien le reconnaître.

En la circonstance, après un instant de réflexion, elle se rappela avoir reçu une lettre semblable concernant un certain individu et elle comprit tout de suite de quoi il s'agissait. Il était étonnant que Neville n'y ait pas pensé parce que d'après ce qu'elle savait, c'était un événement sur inscription et il avait donc dû s'inscrire pour y participer. Peut-être qu'il y avait été inscrit par quelqu'un qui voulait lui faire une farce ou un ami qui voulait le sortir un peu de sa réserve et qui avait oublié ensuite de lui en parler. Quelle qu'en soit la raison, c'était organisé par la ville et il y avait de fortes chances que ce soit sans danger. Elle rangea donc sa paranoïa au placard.

« Ah mais oui, j'en ai reçu une aussi. C'est le Secret Santa de la ville. Tu ne te rappelles pas t’y être inscrit ? »

Si quelqu'un lui avait fait une mauvaise farce, ce n'était pas très gentil mais le souci était moindre. Il n'avait pas à chercher un cadeau mais seulement à envisager une cérémonie selon quelque chose qu'il connaissait. Il n'empêchait qu'il valait mieux éviter d'inscrire quelqu'un à un événement sans le lui dire. Après, elle n'était pas sûre que ce soit le cas. C'était peut-être simplement qu'il s'était inscrit finalement et qu'il ne s'en souvenait pas. Cela pouvait aussi ressembler à Neville.

« En tout cas, c’est organisé par la ville et ce ne serait pas très sympa de ne pas y aller. Cet Addams va t’attendre, quoi qu'il en soit. »

Penny n'était pas vraiment surprise de découvrir que Neville pouvait avoir oublié un événement auquel il s'était inscrit, probablement par souci de faire un peu de publicité à son magasin. Il était toujours quelque peu distrait et elle avait déjà remarqué cet état de fait à plusieurs reprises. Si c'était une des choses qui le rendait attachant, ce n'était certainement pas l'une des caractéristiques les plus faciles à vivre au quotidien pour lui-même. Il ne faisait aucun doute qu'il devait parfois regretter sa distraction lorsqu'il se confrontait à quelque chose d’aussi ordinaires qu'un événement programmé et oublié.

Elle ne savait même pas pourquoi elle-même s'était inscrite. Ce n'était pas le genre de jeu qu'elle affectionnait particulièrement et donner un cadeau à quelqu'un qu'elle ne connaissait pas sans rien savoir de ses goûts n'était pas vraiment facile à faire. En plus, elle avait une chance sur deux de tomber sur un homme. mais elle l'avait fait et elle en prendrait son parti. Ça ne durerait sûrement pas très longtemps de toute façon et ça la ferait bien voir de la part de toutes les personnes qui pouvaient l'accuser de ne pas bien se comporter envers les hommes. Ho, elle ne se comportait pas bien envers eux, mais il était inutile que tout le monde le sache.

« Je ne pense pas que ce qu'on nous proposera durera bien longtemps de toute façon. Et ça fera toujours de la pub pour nos petites entreprises. »

En parlant de publicité, Penny n'avait pas hésité à parler de lui à sa petite fille lorsque celle-ci lui avait fait part de son intention de monter une entreprise. Elle tenait à ce que Melinda profite des meilleurs apports pour ce qui était de ses besoins de produits de base et elle ne connaissait pas meilleur fournisseur dans le domaine des plantes que Neville Londubat. Elle n’hésiterait donc pas à le recommander à quelqu'un qui était vraiment important pour elle autant que pouvait l'être son arrière-petite-fille. C'était aussi un bon moyen de faire fructifier l'entreprise de quelqu'un qu'elle considérait comme un ami.

« Au fait, Melinda m'a dit qu'elle pensait à créer une boutique de potions également. Je lui ai parlé de ta boutique. Attends-toi à la voir débarquer de temps en temps pour quelques ingrédients. »

Penny devait bien avouer qu'elle était curieuse de cet événement de Noël et de ce qui allait en être fait. Mais ça ne l'étonnait pas plus que ça que quelqu'un comme Neville ait oublié que cet événement allait se produire. Il était déjà étonnant qu'il se soit inscrit, étant donné qu'il était le plus souvent dans son monde. S'il n'avait pas fallu remplir tout un formulaire, suffisamment long pour se rendre compte de ce qu'on faisait, Penny aurait presque pu en conclure que quelqu'un l'avait fait signer sans même qu'il s'en rende compte, ou sans qu'il fasse attention. Mais c'était rigoureusement impossible.

Restait à savoir comment il allait s'entendre avec la personne qui lui avait été attribué. C’était vrai pour tout le monde, mais elle avait la sensation que ce serait quelque chose de plus complexe pour le jeune homme timide. Il ferait sûrement les efforts nécessaires, surtout pour de la pub pour son magasin, mais elle était persuadée que ce ne serait pas une partie de plaisir pour lui. En tout cas, elle lui apportait son soutien autant que faire se pouvait. Après tout, elle était attachée à lui et elle avait envie de veiller sur lui, un peu comme elle le faisait pour ses filles dans cette ville où tout était étrange.

« Je suis sûre que tu t'en tireras très bien. »

Elle mentionna qu'elle avait donné son adresse à sa petite-fille, en ce qui concernait son projet de développement autour des potions, elle aussi. Si Melinda avait envie de prendre le chemin qui suivait les mêmes traces que sa grand-mère, celle-ci préférait d'autant que la jeune femme ait des fournisseurs à la hauteur, et qu'elle fasse ses produits avec des ingrédients d'une qualité supérieure. Dans le domaine de la botanique, elle ne voyait pas où il pourrait y avoir des ingrédients supérieurs à ceux que vendaient Neville. Ce n'était pas pour inquiéter son fournisseur presque exclusif depuis longtemps.

« Si elle se lance dans le commerce, j'aime autant qu’elle ait un fournisseur fiable avec des produits de qualité. On sait tous les deux que c'est difficile de trouver mieux que toi sur le plan des plantes. »

Quelqu’un qui connaissait Penny savait qu'elle ne faisait pas de compliments au hasard. C'était une personne qui avait cette tendance à se montrer extrêmement exigeante et à faire en sorte que les personnes aillent au maximum de leurs possibilités. Quand elle disait de quelqu'un qu'il était bon dans ce qu'il faisait, et cette personne pouvait se vanter d'être très haute dans son estime. Neville ne devait pas l'ignorer puisqu'il la connaissait depuis maintenant un grand nombre d'années. Elle ne l'avait pas couvert de compliments pour autant, au fil des années, et elle ne s'était permis de lui dire les choses qu’avec mesure.

Elle savait aussi que Neville avait un gros problème d'estime de lui-même et il était extrêmement probable qu'il ne soit pas capable d'accepter les compliments. Même s'il avait bon espoir que ce soit vrai, il n'arrivait pas à en être complètement sûr. Elle le comprenait et le regardait avec douceur sur ce point. L'estime de soi n'était pas quelque chose de facile à mettre en pratique, en particulier quand on avait un passif avec lequel elle avait été mise à mal. Ce n'était pas difficile pour Penny d'être sûre que c'était le cas pour Neville. Quelque chose le lui disait.

« Je ne fais pas de compliments à la légère, alors si je te le dis, c'est que c'est vrai », dit-elle avec un sourire.

De toute façon, s'il n'avait pas été le meilleur botaniste de la ville, ça n'aurait pas été chez lui qu’elle aurait été chercher les ingrédients dont elle avait besoin pour ces potions. La matriarche était très exigeante, sur ce qui lui servait à composer ses potions et il n'était pas question de faire ces préparations avec des choses de seconde qualité. Elle devait bien reconnaître qu’elle serait très embêtée s'il arrivait qu'il disparaisse comme c'était arrivé avec d'autres personnes. C'était un des mystères de la ville avec lequel elle était obligée de composer et qui lui faisait peur. La disparition de Minnie lui avait démontré que n'importe qui pouvait être touché, y compris ses proches. C'était ce qui l'effrayait le plus.

Penny prenait ça comme un succès personnel que Neville accepte un compliment de sa part. C'était probablement une des meilleures preuves de confiance qu'il pouvait lui faire, étant donné sa capacité à douter de lui-même. Elle avait parfaitement conscience qu'il y avait beaucoup de travail pour qu'il voit quelle personne d'exception il était, cela viendrait bien un jour. Il accomplissait beaucoup de choses et elle avait bien l'intention de lui faire de la publicité. La matriarche était assez douée pour pousser quelqu'un dans la direction qu'elle pensait lui convenir le mieux, mais le résultat était souvent à la hauteur derrière.

Elle lui fit donc un clin d'œil, alors qu'il acceptait son compliment, avant de faire l'inventaire de tout ce qu'elle avait pris en vérifiant qu'il ne lui manquait rien. Il lui était déjà arrivé de retourner jusqu'à l'orée de la forêt avant de se rendre compte d'un oubli et de devoir faire le chemin dans le sens inverse. Elle n'était pas un être de lumière qui pouvait se retrouver instantanément propulsé à l'autre bout de la ville. Il fallait qu'elle marche et ce n'était plus de son âge. Non, elle exagérait, elle était encore bien en forme pour quelqu'un de son âge mais quand-même.

« Je crois que j'ai tout ce qu'il me faut. Je ne vais pas te déranger plus longtemps. »

Elle ne savait pas s'il avait beaucoup de choses à faire, mais c'était tout à fait possible et elle ne voulait surtout pas peser sur lui. Il lui arrivait de s'imposer sans s'en rendre compte parce qu'elle avait un caractère fort mais elle essayait de faire en sorte que cela ne se produise plus. Après tout, elle avait aussi une boutique à tenir et elle savait ce que cela pouvait engendrer comme obligation chronophage. Elle ne disait jamais non à discuter un peu avec un client mais s'il restait trop longtemps, elle se retrouvait alors à devoir ruer dans les brancards pour finir sa journée à l'heure et rejoindre sa nouvelle fille.