Chagrin d'amour [PV Astarion Ancunín]

Mar 2 Jan 2024 - 11:42

Chagrin d'amour

Le cœur lourd, Malon écouta sonner la cloche de l’église de Lockwood Hill, un seau d’eau dans les mains. Elle venait de remplir la mangeoire et l’abreuvoir des animaux et le fond d’eau qui resterait allait sûrement arroser les fleurs encore endormies près de la maison. En ce moment, tout le monde s’enlaçait et se souhaitait la bonne année. Malon avait effectué des tâches jusqu’à minuit pour oublier que le soir était à la fête. Elle aurait pu passer le Nouvel An avec des amis, ou encore à un des évènements organisés par la ville, mais elle avait décidé de rester seule. Elle n’avait pas le cœur à la fête.

Malon était amoureuse. Si cela aurait dû remplir son cœur de joie, ce n’était pas le cas. Bien-sûr, il était gentil. Un véritable prince charmant. Il lui avait offert des fleurs et il l’avait fait rire. Mais voilà, ça ne pouvait pas être simple. Il était marié. Elle ne le savait évidemment pas quand elle l’avait rencontré. Il était venu pour monter à cheval, et il s’était montré charmant et plein de douceur envers elle. Ils avaient passé un joli moment à se promener, terminé par un chaste et élégant baiser sur la main. Il y avait eu les fleurs, les promenades au clair de lune. Et puis, elle avait appris. Il était marié, bien entendu, il allait divorcer, mais pour le moment, il devait jouer le jeu. Malon devait bien comprendre. C’était Noël, il ne pouvait pas rompre à Noël. C’était donc elle qu’il étreindrait ce soir, à elle qu’il souhaiterait la bonne année.

Alors que cette pensée atteignait son paroxysme dans son esprit, la jeune fille ne put se contenir davantage et ses larmes commencèrent à couler sans plus pouvoir s’arrêter. Elle se heurta au mur de la demeure et se posa dessus, une main sur le visage. C’était si dur. Elle n’aurait jamais cru que ce serait si dur. Elle savait qu’elle serait on futur, mais comme il était difficile de ne pas être son présent. Elle leva ses yeux larmoyants au ciel, son regard croisant la lune, qui était si rouge en ce premier janvier. Pendant un instant, une idée transperça son chagrin. Elle se demanda ce que cette nouvelle lune rouge allait leur réserver comme surprise.

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Chagrin d'amour

La première chose qui me soit arrivée est de tomber, à genoux, dans la lumière rougeoyante de la lune et... d'inspirer.

J'avais oublié ce que cela faisait de devoir respirer pour vivre. Un bruit rauque provenant de ma gorge, une gorge qui n'a plus laissé passé de l'air à part pour parler depuis... deux cents ans. Puis, mes yeux commencent à laisser place à une vision de plus en plus nette. J'ai l'impression d'être aveugle dans le noir, de ne voir que les contours des choses, comme si j'étais sous l'emprise d'un sort de cécité. Il faut que je pense à respirer, tout le temps, c'est... très agaçant. Mes côtes s'écartent, mon ventre s'arrondit, cela m'apaise étrangement.

Je ne suis pas sur Faërun, je le sais, je le sens.

Une sonnerie d'alarme retentit et je me sens me raidir. Il s'agit d'une attaque. J'ai le réflexe de porter ma main à ma ceinture pour dégainer mon arme, prêt à disparaître dans les ombres, mais rien ne vient. J'ai l'impression d'être juste un corps inerte qui se découvre maladroitement. Je me tourne vers le bâtiment qui a donné l'alarme, une église. Ce n'est pas une tour de garde. Mes yeux se plissent et elle s'arrête au douzième coup.

Minuit.

Et c'est alors qu'une nouvelle vérité m'apparaît. Je suis libre. Je ne suis pas seulement libre de mon maître. Je ne suis pas seulement libre d'un parasite. Je suis totalement libre. Actuellement, rien ne me parle dans ma tête

Je me redresse et me place face à la lune rouge. Comme pour lui rendre hommage, j'écarte lentement les bras, inspire à nouveau, plus lentement, presque pour le plaisir et pas uniquement pour me nourrir de cet air dont je n'ai jamais eu besoin.

Une sensation nouvelle me vient, celle du froid qui mord la chair. Je touche mes mains, place mes paumes l'une contre l'autre, doucement. Oui, ma peau est chaude. Au creux de mes doigts, la chaleur se met à irradier, pas beaucoup dans cet air extérieur, mais suffisamment pour que ce soit aussi délicieux que désagréable. La plante de mes pieds commence à me mordre de la croûte de glace qui mange le sol. C'est alors que je comprends que ma nouvelle vie va commencer à être problématique.

Je ressens le froid.

Cette fois, ma gorge se serre, mes muscles commencent à s'engourdir, j'ai de plus en plus de mal à respirer. Instinctivement, je pose mes mains sur mes épaules qui se mettent à trembler. De ma bouche s'élève une fumée blanchâtre alors que ma gorge relâche un nouveau râle. Cette fois, je me laisse à nouveau tomber, sur le côté, les genoux contre ma poitrine. Il y a un feu à l'intérieur de moi, un feu désagréable. Si je reste comme ça, je sais que je vais mourir de froid, mais je ne peux pas me résoudre à bouger. Je souffle et je n'ai que vaguement l'idée de souffler sur mes doigts avant que ma vue ne se mette à se brouiller.

Mourir alors qu'on vient à peine de renaître.

Fuck.

Quelque chose me fait revenir à moi, ce sont des pas, qui s'approche. Comme toujours, je ne vois pas la silhouette qui s'avance, je la devine seulement.

Mon ange gardien ? Que fait-il là ?

Jeu 4 Jan 2024 - 10:36

Chagrin d'amour

Alors qu’elle était en train de s’effondrer dans sa douleur, collée contre le mur du ranch, l’attention de Malon fut attirée par un mouvement dans l’ombre. Elle tourna la tête et s’approcha de ce qu’elle percevait, prudemment. Le coin n’était pas très sûr et il valait mieux prendre ses précautions. Il y avait une forme recroquevillée vers l’entrée du ranch, un homme, et il semblait avoir froid. Il s’était peut-être réfugié ici en espérant échapper aux tourments de l’hiver, mais il était possible que ce soit plus. Personne n’était encore arrivé depuis le tout début lors des lunes rouges, mais il avait l’air déboussolé.

« Monsieur… ? » tenta-t-elle, doucement.

Il frissonnait, non, il tremblait carrément. Il était peu vêtu et Malon comprenait qu’il ait froid. Le pauvre, que ce soit par souci financier ou parce qu’il arrivait de nulle part, il n’avait pas vraiment de solution pour se réchauffer rapidement, mais Malon oui. Elle était la propriétaire non officielle des lieux, en tout cas, personne ne lui avait jamais demandé de loyer, et elle pouvait lui proposer un abri. Elle se précipita aussitôt auprès de l’homme pour le soutenir de sa frêle constitution de jeune fille toute simple, qu’elle avait quand-même renforcée en portant les barils de lait et en soignant les animaux.

« Mon pauvre Monsieur, vous êtes frigorifié. Venez, je vais vous emmener à l’intérieur et vous donner quelque chose de chaud. »

Elle n’avait pas de vêtements pour homme, mais il devait y avoir moyen de s’en procurer dans les jours suivants. Pas le premier, évidemment, les magasins ne seraient pas ouverts. Ce n’était pas grave. Malon s’occuperait de lui si c’était nécessaire jusque là. Elle avait totalement de quoi loger et nourrir un homme pendant vingt-quatre heures et avec son lait, il reprendrait rapidement des forces. Pour le moment, elle le soutint jusqu’à l’intérieur de l’habitation. Dès qu’il fut installé dans le confortable fauteuil de Malon, elle le couvrit d’un plaid et se précipita vers sa cuisine pour se mettre aux fourneaux.

« Je vais vous faire un bon chocolat chaud. Vous n’êtes pas intolérant au lactose ? »

Elle avait appris à demander ces choses-là. C’étaient des choses qui ne faisaient pas partie de son quotidien en Hyrule, mais les gens étaient bizarres ici. Entre ceux qui ne buvaient pas de lait, ceux qui ne mangeaient pas certains produits de la terre et ceux qui se révoltaient contre les animaux élevés en captivité comme les vaches et les chevaux, Malon avait appris à montrer patte blanche pour ne pas déplaire à ses concitoyens.

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Chagrin d'amour

Non, mon ange gardien n'est pas ainsi, il est plus maniéré, condescendant. Il se permet même de penser que ma fidélité lui est entièrement consacrée dès l'instant où je lui obéis aveuglément. C'est une jeune femme que je ne connais et ne reconnait absolument pas.

Elle pose sa main sur moi et je suis beaucoup trop faible pour pouvoir faire un mouvement d'épaule pour la dégager. Je serre les dents. Je me rends compte que quelque chose cloche avec mes canines. Ont-elles été limées ? Elle me soulève comme elle peut et je n'ai d'autre choix que de la suivre. Quand nous entrons dans sa maison, j'apprécie immédiatement la chaleur qui s'en dégage.

Mes poumons se décontractent et je peux enfin m'exprimer.

"Qui...qui êtes vous ?"

Je suis assis dans un siège qui est l'un des plus confortables sur lequel mon postérieur s'est assis et elle me met une couverture d'une étrange douceur et d'une légèreté inhabituelle. Je me demande de quel animal elle peut provenir.

Avec mon léger réchauffement vient naturellement une méfiance qui ne m'a jamais quittée. Qu'est-ce qu'elle me veut ? Serait-ce une gueunaude ? D'ordinaire, elles n'ont pas cette forme de femme délicate et jolie, mais la manière de faire reste la même. Et si elle m'avait lancé un sort de froid ? Ou d'engourdissement ? De toute façon, je ne le saurais qu'en lui demandant.

"Que me voulez-vous ?"

Non, je ne peux pas croire que qui que ce soit puisse être aussi altruiste. Je ne suis pas naïf.

"Je vous préviens, je n'ai rien de valeur."

Et d'ailleurs, je n'ai aucune arme. Je penche la tête sur le côté pour essayer de détecter une quelconque mauvaise intention dans son regard, mais je ne vois rien. Pas même l'ombre d'une nuance de malhonnêteté. En fait, j'ai rarement vu autant de pureté et d'honnêteté dans des yeux intelligents.

Ses yeux ne reflètent rien d'autre qu'une brillance triste.

Bien.

Je me décontracte, et battu et vaincu, j'annonce alors...

"Je ne sais pas ce qu'est un chocolat chaud... et je ne sais pas ce qu'est le lactose... en fait..."

La moitié des objets qui nous entoure me sont totalement étrangers, et l'autre moitié ne m'est absolument pas familier.

"Où sommes-nous ? Comment m'avez-vous téléporté jusqu'ici ? Et..." Je me redresse pour poser mes pieds par terre et m'avancer jusqu'à elle. Doucement, je lui effleure le visage, je n'ai pas rêvé, elle a pleuré. "Que vous est-il arrivé ?"

Dim 21 Jan 2024 - 2:23

Chagrin d'amour

Quand elle était en face de quelqu'un qui était dans le besoin, Malon oubliait immédiatement ses problèmes pour s'occuper de la personne concernée. Il était difficile de savoir si c'était une bonne ou une mauvaise chose mais en l'occurrence, s'occuper de cet homme faisait qu'elle pensait un peu moins à son chagrin pendant un instant. Elle n'était pas vraiment certaine qu'il ait envie de l'accompagner. Il avait l'air plutôt méfiant. Mais il n'était pas en état pour lui résister et de toute façon, il n'y aurait pas à s'inquiéter ensuite puisqu'elle ne risquait pas de lui faire du mal. Mais évidemment, il ne pouvait pas le savoir.

À l'extérieur, sa peau avait pris une couleur qui n'était pas rassurante, mais la chaleur de la maison commençait déjà à faire son effet et à le remettre en état. Pauvre garçon. Il n'était pas facile d'arriver par un temps aussi froid. Et en même temps, Malon se rappelait que c'était par un temps tout à fait similaire qu'elle était arrivée dans cette ville. On oublie vite les vicissitudes de la vie à partir du moment où assez de temps avait passé. En attendant, il avait recouvré assez de force pour lui demander qui elle était et commencer à exprimer qu'il se faisait du souci sur sa présence dans cet endroit qui lui était inconnu.

« Je m'appelle Malon Lonlon. Vous n'avez rien à craindre de moi. Et je dois reconnaître que tous les gens de ce quartier ne sont pas tous très fréquentables, mais vous êtes en sécurité au ranch. »

Elle aurait dû penser à quel point il était évident qu’il n'était pas à sa place dans un monde moderne. Évidemment, il ne savait pas ce qu'était le chocolat. Elle-même non plus ne le savait pas jusqu'à ce qu'elle arrive ici mais elle avait découvert que la combinaison du lait du ranch avec du chocolat en poudre était à la fois délicieux et ressourçant. Ce serait parfait pour lui et cela lui permettrait de se réchauffer un peu. Elle ne se souvenait pas avoir vu de vêtements d'homme en dehors de ceux des invités, mais ce serait un problème à régler dans un second temps.

« Je suis bête, ce genre de choses ne vous est pas familier évidemment. Je vais nous en préparer. Vous verrez, cela va vous requinquer. »

Alors qu'elle s'affairait dans la cuisine, elle l'entendit lui demander pour quelles raisons elle l'avait téléporté dans ce monde, comme si tout ceci était la faute de Malon. Elle aurait pu se vexer, évidemment, mais c'était sans tenir compte du fait qu’elle était la seule personne qu'il avait pu voir depuis qu'il était ici et qu'il n'avait aucun moyen de savoir qu'elle était exactement dans la même situation que lui, avec seulement quelques années de plus à son actif. Bienveillante et compréhensive, la rouquine ne pouvait pas lui en vouloir.

« Je ne suis pas responsable de votre venue », lui répondit-elle en déposant deux bols de chocolat fumant sur la table à laquelle il était assis. « J'ai été amenée ici, comme vous, ce soir, il y a de cela quatre ans exactement. Je n'étais même pas encore tout à fait adulte, à l'époque. »

Elle s'installa à-côté de lui et le regarda avec ses joues recouvertes de larmes séchées, ses larmes si vite oubliées, simplement parce que quelqu'un avait besoin d'elle. Elle sourit doucement et prit une gorgée de chocolat après avoir soufflé dessus pour éviter de se brûler.

« Faites attention, c'est très chaud. Nous ne sommes jamais parvenu à découvrir qui était cette personne mais qui qu'elle soit, quand je suis arrivée, elle m'a fait don de ce ranch, qui est identique à celui que je possédais dans mon monde d'origine. La vie ici peut sembler déroutante pour quelqu'un comme vous et moi, qui n'ont pas l'habitude de certains développements technologiques, mais je vous promets qu'on s'y fait avec le temps et puis, il y a des communautés qui se sont installées en marge de la ville parce qu'ils sont plus à l'aise de vivre comme ça. L'important est de trouver ce qui vous convient. »

Elle le suivit du regard alors qu'il se levait et s'approchait vers elle pour lui effleurer le visage. Si elle ne faisait plus attention à ces larmes qui avaient coulé, il semblait que lui soit décidé à y faire attention. Elle fut touchée par sa considération, mais elle se sentait si sotte de pleurer pour un moment non partagé alors qu'il y en aurait tellement d'autres qu'elle n'était pas sûre de vouloir le reconnaître. Pourtant, ce n'était qu'en disant la vérité qu'elle pourrait acquérir sa confiance.

« Ce n'est rien. Ce n'est que mon cœur qui fait un petit caprice, ce soir. Ça ne sera pas grand-chose. si cela peut vous aider, je dispose de quelques chambres au ranch. D'ordinaire, ce sont des chambres payantes, mais vous pouvez y rester gratuitement le temps de vous retourner. Il n'est pas forcément facile de trouver sa place en arrivant dans ce monde. »

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La jeune femme se présente et je commence à me détendre au son de sa voix. Je me demande quel type de femme elle est, si elle peut être mon alliée, ou si elle va nécessairement être mon ennemie, elle aussi. Cela m'attristera, je pense, quand je vais devoir lui mettre une dague sous la gorge, à elle aussi. En attendant, elle m'a sauvé, mais je ne parviens pas à comprendre pourquoi.

"Un ranch, d'accord."

Ça, je sais ce que c'est, reste à savoir s'il s'agit de la même chose que je connaissais de ma Faerün. Je n'ai jamais réellement quitté ce plan auparavant, même si j'ai bien conscience qu'il doit y en avoir une multitude. J'espère juste ne pas rencontrer de Gyth par ici. Si j'en compte une parmi mes amis, je dois admettre que ce n'est pas réellement un peuple compatible avec ma personne.

...donc elle en a invoqué d'autres par ici. D'ordinaire, je n'aurais pas apprécié qu'elle me parle de haut, comme ça, mais elle ne me parle pas de haut du tout, bien au contraire. Elle a véritablement l'air de compatir... Comme n'importe quelle diablesse au final. Comme tout diable, elle me prépare à manger, évidemment. Ce qu'elle ne sait sans doute pas est que je ne me nourris que de sang, et j... ce qu'elle me façonne, quoi que ça puisse être, sent assurément très bon.

Elle n'est pas instigatrice, elle est victime. J'ai un regard un peu affolé par ce qui nous entoure. Est-ce une prison ? Est-ce pour cela que nous sommes entourés par un sort de froid ?

Je suis son exemple et trempe le bout de mes lèvres dans la substance chaude. Une soupe, mais... sucrée. C'est étrange et surtout... J'en sens le goût ! J'ai un rire nerveux avant de prendre une gorgée, de reposer le bol, et de me fustiger intérieurement parce que je me suis brulé la langue, alors qu'elle m'a prévenue.

Elle me parle de technologie, de développements, de... communautés...

Cependant, je regarde la femme qui me fait face et lui demande pourquoi elle est triste à ce point. Ces larmes sont ceux d'un chagrin d'amour, je le sens pour en avoir provoqué plusieurs à cause de ma servitude. Au moins, j'ai un abri pour ce soir. Cependant, nous n'en avons pas encore fini.

"Voulez-vous m'en parler un peu plus ? Si nous devons vivre ensemble, j'aimerais beaucoup apprendre à vous connaître, vous ne pensez pas ?"

Après une nouvelle gorgée du breuvage sucré, le froid du dehors n'est plus qu'un mauvais souvenir. Je me rends compte avec amusement que ma respiration se coupe quand j'avale. Cela fait partie des choses que j'avais oubliées.

"Alors, qui est cette personne dont votre cœur se languit ? Pour ma part, et très égoïstement, je dois admettre que si elle avait été avec vous, je serais sans doute mort à l'heure qu'il est."

...enfin... mort à nouveau.

D'un geste, je me redresse et m'incline profondément, me servant de la couverture qu'elle m'a donné comme d'une cape pour améliorer mon effet.

"Je manque à tous mes devoirs. Je me présente : je m'appelle Astarion, je suis... j'étais... magistrat à Baldur's Gate. Je suis transporté de vous rencontrer, je vous remercie de m'avoir ramené chez vous et de m'offrir un toit pour la nuit. Je ne vous importunerai pas plus que nécessaire."

Quand je me redresse et que je m'assois à nouveau, je me rends compte que je ne sais toujours pas ce qu'elle veut de moi.

"Y a-t-il quoi que ce soit que je puisse faire pour vous rétribuer de ma chambre ?"

Alors... Gueunaude ? Diablesse ? Femme parfaitement innocente ?

Lun 29 Jan 2024 - 2:41

Chagrin d'amour

Il y avait bien une chose dont Malon était sûre, c'était que cet homme était inquiet et qu’il n'était pas sûr de pouvoir lui faire confiance. Évidemment, c'était la sagesse la plus élémentaire de ne pas faire naturellement confiance à la première personne qu'on rencontrait après un tel voyage. Cela pouvait parfaitement être une personne qui vous aurait enlevé et amené à cet endroit contre votre gré. D’ailleurs, il sembla clair à Malon que c'était ce que cet homme croyait en premier lieu. Évidemment, elle n'y était d'autant plus pour rien qu’elle serait incapable de faire de mal à une mouche, mais il ne pouvait pas le savoir.

Il semblait au moins savoir ce que signifiait être dans un ranch et elle pouvait donc raisonnablement penser qu'il ne se sentirait plus si menacé. Du moins, elle l'espérait. Il n'était déjà pas facile de se voir arracher à son milieu pour être amené dans un endroit aussi sordide que celui où il se trouvait. S'il n'était pas dans une ville moderne avant, tout allait lui paraître étrange et inhabituel. Le moins qu'elle puisse faire soit qu'il ne se sente pas en milieu hostile. Elle lui avait déjà offert une boisson chaude et elle lui offrait maintenant un abri. C'était une première étape pour lui et elle comprendrait s'il finissait par vouloir faire autre chose de sa vie mais ce serait un début.

Pendant un instant, devant la gentillesse de cet homme, Malon fut tentée de lui expliquer les tourments et surtout les raisons du tourment de son cœur. Mais avant qu'elle ne puisse commencer à lui répondre, une phrase qu'il exprima lui posa question. Elle se demanda pourquoi il évoquait sa propre mort. Il s'agissait peut-être de jalousie et il était possible qu'il veuille lui faire compliment. Mais où qu'elle ne soit pas assez futée pour comprendre ou qu'il ne parle pas le même langage qu'elle exactement, elle ne comprit pas bien l'objet de son propos.

« Je suis désolée, je n’ai pas compris. Qui devrait mourir et pour quelle raison exactement ? »

Elle ne se rendait pas compte à quel point son air innocent pouvait être touchant pour certaines personnes. Il était malgré tout probable que cet homme qui avait essayé de l’entortiller au bout de son petit doigt avait été touché par cette innocence au point de la vouloir. Elle ne l’avait seulement pas en tête toutes les conséquences de la situation. Mais elle avait laissé son cœur se faire dorloter par cet homme et le résultat, c'était que le manque avait été trop fort et si elle avait été curieuse des propos étranges de l'homme, ça n'empêchait tout de même pas de répondre à ces questions.

« J'ai un amoureux. Nous nous sommes rencontrés par hasard. Nous nous sommes promenés tous les deux en discutant, dans la douceur de ces moments où la ville célèbre Noël et c'était magique. Il m'a dit qu'il était très amoureux de moi mais il est aussi ennuyé parce qu'il a une femme et elle est très gentille. Il ne veut pas la blesser et ce serait un terrible cadeau de Noël qu'une rupture. Alors je dois attendre un peu pour être avec lui. Mais ce soir, c’est la nouvelle année, et il me manque. Je sais, c’est un peu idiot puisque bientôt, nous passerons tout notre temps ensemble. »

Il se présenta et il était évident qu'il était quelqu'un d'important dans son monde. Malon en était persuadée. Un magistrat, ce n'était pas rien et quelqu'un de cette importance trouverait sûrement rapidement un travail qui lui permettrait de se loger chez quelqu'un comme Malon. Mais elle avait l'impression qu'il ne se contenterait pas de cette seule réponse. Il n'aimait peut-être pas avoir des dettes. Elle savait que c'était le cas d'un certain nombre de personnes qu'elle avait croisés en ces lieux. Mais s'il avait envie de travailler, il y avait toujours de quoi faire au ranch.

« Je suis enchantée de faire votre connaissance. Vous deviez être un homme important d'où vous venez. Vous pourrez très bien me rétribuer lorsque vous aurez trouvé un emploi qui vous convienne. Mais si vous tenez absolument à m'aider, c'est tout à fait possible. Vous vous y connaissez en ce qui concerne les chevaux où les vaches ? Vous savez comment on s'en occupe ? »

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Je me redresse, adoptant une posture beaucoup plus digne de ma condition, au moins par politesse. Patiemment, je réponds à sa question.

"Moi, j'aurais dû mourir. Si vous n'aviez pas été seule, vous ne seriez certainement pas sorti à une heure aussi tardive et par un froid aussi désagréable. Alors c'est une pensée très égoïste, surtout vu le chagrin que vous avez, mais je préfère."

Mon sourire s'étire d'une manière un peu tendue quand elle m'explique son histoire avec son "amoureux". Décidément, les hommes ne changent pas d'un plan à un autre, et ne changeront jamais... Mais faire croire à la fidélité quand on est marié, c'est vraiment stupide. Cependant, je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'une telle naïveté mérite ce genre de leçon.

"Vous pensez réellement qu'il vous dit la vérité, quand il vous dit qu'il vous aime ?"

Moi, je sais qu'en aucun cas, je ne laisserai une femme qui a eu la folie de me choisir pour une autre à peine rencontrée.

"Loin de moi l'idée de vous juger, vous et lui, mais cela me paraît être une histoire vieille comme le monde."

Bien entendu que j'ai fait croire que j'étais amoureux, je suis même devenu un maître en la matière ! Je me demande d'ailleurs en combien de temps je pourrais faire tomber cette femme pour moi. Je la détaille un peu plus, elle est jeune, vraiment très jeune. Elle est jolie et gentille. Je pense qu'avec un peu plus d'intelligence et de finesse, ce serait une femme absolument charmante.

Moui, pourquoi pas, après tout...

Je change d'attitude soudainement, me penchant subtilement vers elle.

"Pardonnez-moi, c'est seulement que jamais, je n'abandonnerai une femme aussi délicieuse que vous un soir de la nouvelle année. Je vous souhaite..." je pose ma main sur ma poitrine, fermant les yeux un instant "... sincèrement... d'avoir une belle vie, vous et lui. Là d'où je viens, c'est bien simple, on ne répudie pas une femme."

Mais là d'où je viens, l'amour a tellement de mal à se faire une place qu'il en devient indestructible.

Un sourire léger nait sur mes lèvres. Un homme important ? Moi ? Oh que non, très chère, mais c'est très bien si tu le crois.

"Je chercherai un emploi aussitôt que possible, dans ce cas."

Ou je me servirai en or chez quelqu'un, ce qui serait plus facile. J'ai enfin gagné le droit de ne plus obéir à des ordres, j'aimerais que cela reste ainsi au moins pour un temps. Moi ? M'occuper de bétail ? Je tique un peu. Oh, et puis après tout, pourquoi pas ? J'ai fait bien pire auparavant.

"Non, je ne sais rien de l'art et la manière de prendre soin des bêtes. Je sais monter à cheval et les dresser à certains ordres, et m'en occuper si nous devons partir en campagne... mais mes connaissances s'arrêtent là, j'en ai peur."

Je finis la tasse de boisson sucrée et je me sens en pleine forme. La nuit aidant, j'imagine.

"Dites-moi simplement ce que je dois faire, je suis désormais votre obligé."

Je me lève et m'incline courtoisement, toujours un sourire en coin aux lèvres.

▿ Date de naissance : 11/02/2002

Chagrin d'amour

En un instant, Malon comprit ce que cet homme avait voulu dire. Ce n'était ni un compliment ni même une parole de réconfort, et pourtant, cela fonctionna merveilleusement sur la jeune fille qui avait cette conception de la vie de voir le positif en toute chose. Cette façon de penser lui allait si bien qu’elle en oublia quasiment son chagrin pour ne penser qu’à cela. Elle avait sauvé une vie. Et il n'y avait rien de plus important pour la jeune Hylienne, que cette vie qui avait été sauvée. Son invité eut donc la chance de voir un sincère et véritable sourire se dessiner sur la bouche de la jeune palefrenière.

« Et vous avez raison. C’est parce que les choses sont ainsi que votre vie a été sauvée ce soir et je ne saurais espérer qu'il en ait été autrement. Une vie est trop précieuse et la sauver et la plus belle chose que l'on puisse faire, surtout à la période de Noël. »

Le principal problème de Malon, c'était qu'elle vivait dans un monde où les choses ne se passaient pas vraiment de la même façon que dans le monde moderne. Elle n'avait jamais eu d'amoureux. Elle s'était toujours contentée de rêver au prince charmant en espérant qu’un jour, ce serait son tour et qu'elle aurait l'occasion d'avoir quelqu'un à aimer dans sa vie. Quand cet homme l’avait complimentée et qu'elle s'était sentie si bien en sa compagnie, elle s'était dit que le moment était enfin venu et elle avait apprécié la chose sans se poser de questions. Mais quand on avait rencontré que de valeureux chevaliers, il était difficile de se méfier d'un homme ordinaire.

« De quelle vieille histoire parlez-vous ? Il m'a dit que c'est moi qu’il l’aimait. Pourquoi l'aurait-il dit s'il s'agissait d'un mensonge ? Je ne comprends pas. Je ne peux rien lui apporter de particulier. »

C’était effectivement bien triste mais Malon n'avait aucune idée de la valeur qu'elle pouvait bien avoir en tant que personne. Elle s'était toujours considérée comme quelqu'un d'ordinaire, ponctuellement présente dans la vie d'une personne extraordinaire. La plus belle chose qu'elle ait faite dans sa vie avait été d’élever une jument qui était devenu la monture d'un héros. C'était là son plus haut fait et elle avait conscience qu'il n'y avait que peu de raisons d'en éprouver de l'orgueil. Aussi, elle ne comprenait pas pourquoi quelqu'un voudrait la manipuler et dans quel but car elle ne savait pas ce qu'elle pourrait offrir à quelqu'un.

Sa façon de se rapprocher d'elle et de lui murmurer sa façon de penser tout en douceur troubla Malon, qui était à peu près sûre qu'il serait un amoureux tout à fait convenable pour la personne qu'il choisirait. Le compliment qu’il lui fit lui alla droit au cœur. Et même si ce n'était pas de lui qu'elle avait envie d'entendre qu’elle était jolie et désirable, cela n'empêcha pas que ses paroles soient douces à son cœur. Mais après tout, il n'était pas si étrange de ressentir une belle émotion lorsque quelqu'un vous disait quelque chose de gentil.

« Je… je vous remercie. Je n'ai jamais reçu le moindre égard de la sorte de la part de qui que ce soit et je n'ai jamais pensé que j’étais particulièrement jolie. Mais je suppose que je dois l'être, au moins un peu pour que quelqu'un se soit intéressé à moi. Et je dois avouer que j'ignore comment les choses se passent chez moi. Le seul amour dont j'ai entendu parler était celui de mes parents et ma mère est décédée avant que je ne puisse le constater de mes yeux, ou du moins, que je me le rappelle. »

Elle n'était pas du genre à exiger quoi que ce soit, En particulier d'un homme dans la difficulté qui venait d'arriver et qui allait devoir s'accoutumer à une façon de fonctionner différente de ce qu'il avait toujours connu. Elle n'offrirait pas gratuitement le gîte et le couvert à tout le monde et à n'importe qui. Il fallait bien qu'elle fasse vivre le ranch. Mais elle pouvait tout à fait héberger quelqu'un pendant quelques jours sans que cela ne la ruine et il ne s'agissait pour elle que d'un comportement d'une personne bien élevée et prévenante, telle qu'elle s'était toujours promis de l'être.

« Inutile de vous faire du souci pour le moment. Il y a de la place ici et je sais combien cela peut être déroutant d'arriver dans cette ville sans rien en connaître. Ce n'est pas ce soir que vous aurez envie de faire des projets et de planifier votre vie ici. Il me paraît normal que vous désiriez y réfléchir et découvrir les possibilités avant de vous lancer. Prenez le temps qu'il vous faudra. Et s'il vous vient l'envie de participer au quotidien du ranch, vous n'aurez qu'à venir me voir et je vous montrerai tout ce que je pourrai. »

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Je la sens se rasséréner à l'idée que je lui impose. C'est étrange d'ailleurs. J'aurais pensé qu'elle aurait préféré mille fois être avec l'homme qu'elle aime plutôt que d'être avec moi, même s'il a fallu me sauver la vie pour cela. Alors de deux choses l'une :

- Soit elle ne l'aime pas de cet amour inconditionnel et infini qui n'existe que dans les légendes.

- Soit je lui fais de l'effet et elle est suffisamment... enfin... disons qu'elle est en train de penser que je suis un homme bien.

Ouch.

Ah non, il y a une troisième raison portée à mon attention. Je fais un demi-sourire. Je lui fais même un petit clin d'œil.

"J'aime ta manière de séduire les hommes. Leur sauver la vie est un excellent moyen d'arriver à tes fins. On ne doit rien pouvoir te refuser, après."

Quelque chose se brise en moi. Un peu. C'est réparable, d'ailleurs ce sera réparé d'ici la fin de cette rencontre, j'en suis convaincu. Cependant, je n'aime pas l'idée qu'elle ne voit pas que cet homme se joue d'elle. Pire encore, elle ne peut pas l'imaginer. J'ai joué à ce jeu beaucoup trop de fois, je sais ce que c'est. J'imagine un homme de deux fois son âge... avant de me dire que je suis moi-même certainement sept fois plus âgé que lui.

Elle, pas jolie ? Cette fois, j'hausse les sourcils, amusé. Et la voilà m'avouer toute son innocence. Je ne peux pas m'empêcher de compatir, qu'elle soit tombé entre lui et moi.

"Hé bien laissez-moi vous dire que vous êtes une demoiselle fort séduisante. Si le jouât qui vous sert d'amoureux ne vous l'a jamais dit, tant pis pour lui."

J'ai parfaitement conscience que j'y vais un peu fort. Mes traits se crispent un instant.

"Je vous présente toutes mes condoléances pour votre mère."

Au moment où je m'apprête à recevoir des tâches à faire, elle me fait comprendre qu'il serait plus judicieux que je me repose. C'est vrai que j'ai tendance à avoir une activité plus nocturne, mais il serait sans doute temps que je prenne le rythme des humains.

"Ce serait plus sage d'essayer de passer une bonne nuit. Vous avez raison. Demain, j'essayerai de trouver quelques affaires chez le vendeur le plus proche. Cette chemise est très confortable, mais elle n'est pas adaptée au climat d'ici... Vous faudra-t-il quelque chose ?"

Je serre et desserre mon poing, mes muscles sont encore raides de froid. Au moins, me voilà entre de très bonnes mains. J'espère juste ne pas faire un excès de confiance.

▿ Date de naissance : 11/02/2002

Chagrin d'amour

Malon vira au rouge cramoisi quand l’homme exprima une technique de séduction en le sauvetage d’une personne. Elle n’avait évidemment aucune intention de séduire qui que ce fût, mais la simple mention de cette possibilité lui donna chaud comme si c’était quelque chose dont il aurait fallu qu’elle ait honte. La jeune palefrenière n’était pas le genre de personne qui était du genre à prendre l’initiative en matière d’histoires d’amour. Elle en était plutôt à laisser les choses venir, et c’était ainsi que les choses s’étaient passées avec cet homme. Pour elle, une vie n’était pas quelque chose avec lequel on devait jouer, quoi que soient les circonstances.

« Oh mais non ! Vous vous méprenez, je… »

Elle essaya de se calmer, de sortir de son trouble pour mettre les choses à plat. Elle ne voulait pas qu’il croit qu’elle s’intéressait à lui plus que comme une personne qui avait besoin de son aide. Elle ne voulait pas non plus qu’il croit lui devoir des faveurs de type romantique, ce n’était pas du tout sa façon de voir les choses. Cet homme méritait d’avoir la vie sauve, parce que chaque vie était précieuse. Ça s’arrêtait là. Elle crut bon de devoir préciser cet état de fait dont il ne semblait pas avoir conscience. Elle se demandait comment marchaient les choses chez lui.

« Je ne vous ai pas aidé pour cela », dit-elle posément. « Mais je pense simplement qu’une vie mérite d’être sauvée si elle est en danger. Je suis contente que vous ne soyez pas mort. »

Elle baissa les yeux et rougit une fois de plus quand il la complimenta. Elle ne se laissait pas forcément courtiser, en soi, mais c’était toujours agréable de se faire complimenter. Elle se demanda pourquoi il importait tant à cet homme qu’elle ait ainsi confiance en elle, mais elle en était profondément touchée. Il devait être quelqu’un de bien pour se soucier ainsi d’une jeune fille. En tout cas, elle ne pouvait s’empêcher de se demander pour quelle raison il l’abreuvait d’autant de compliments. Il était peut-être tout simplement reconnaissant.

« Merci, vous êtes gentil. A vrai dire, il me l’a bel et bien dit. Moi, je ne trouve simplement pas. Il y a bien des filles plus jolies que moi, vous savez. »

Elle était d’accord pour qu’il l’aide dans le ranch s’il le souhaitait pour pouvoir rester plus longtemps et subvenir à ses besoins. Mais pour le moment, il venait d’arriver et il devait s’habituer à cette vie un peu particulière, qui ne devait ressembler en rien à celle qu’il connaissait. Malon était une fille douce et bienveillante et elle voulait lui laisser le temps de s’adapter. Elle hocha la tête quand il parla de lui rapporter ce dont elle pourrait avoir besoin. Une chose était sûre, il était serviable et ne semblait pas dérangé par l’idée de donner un coup de main.

« Merci. Je ne saurai vous dire. Je ferai le point demain matin. Je vous donnerai aussi de quoi vous procurer ce dont vous aurez besoin. Il est compliqué d’arriver sans aucun moyens. »

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Chagrin d'amour

Elle est absolument adorable quand elle rougit. Je réalise alors que j'en serais physiquement capable à présent, mais je ne sais pas si qui que ce soit pourrait me faire rougir. J'ai vu et fait trop de choses pour être mis dans l'embarras. Peut-être que la colère pourrait y arriver.

J'ai un petit rire quand elle essaie de se défendre, mon sourire se fait d'autant plus amusé, et j'arbore une expression joueuse sur le visage.

"Ne vous inquiétez pas, très chère, je vous taquinais. Je me doute bien que je ne vous intéresse pas sur ce plan-là. Je suis ravi que ma vie vous intéresse à ce point."

Mon sourire s'agrandit. Oh, vraiment ? Cette fois, je me redresse pour me pencher vers elle. Je déguste encore un peu de cette boisson étrangement revigorante.

"Plus jolies que vous ? Je vous en prie, à d'autres."

Ce que je trouve particulièrement fascinant chez elle, c'est sa pureté. Personne ne peut être aussi pur, j'en suis convaincu. De plus, elle me protège, et m'a sauvé la vie, cela contribue, à travers mes yeux, à la rendre d'autant plus inaccessible, et désirable.

... Mais pour cela, il va falloir qu'on s'occupe déjà de l'amoureux.

Je finis ma tasse et me retiens de justesse d'en demander une nouvelle. Bon, il est temps de dormir, si j'ai bien compris. Je pense que mon corps en aura besoin. Mon esprit, quant à lui, je pense qu'il va me torturer de questions pendant tout ce qu'il me reste de nuit.

Je me lève et prends la main de Malon pour la serrer dans la mienne. La sienne est chaude, la mienne ne doit sa température qu'avec la tasse.

"Merci beaucoup, ma demoiselle. Ne vous inquiétez pas pour moi, pour demain, je saurai me débrouiller. Le meilleur que vous puissiez faire pour moi est sans doute de me dire comment vous venir en aide à mon tour."

Ma voix se fait grave, mes yeux plongent dans les siens. Je me demande de quelle couleur ils sont à présent. Je suis incorrigible, à peine arrivé dans un nouveau monde que je me trouve déjà un nouveau gardien... Ou plutôt un nouvel ange gardien sous les traits de cette magnifique jeune femme, ce qui ne gâche rien.

Mer 13 Mar 2024 - 23:02

Chagrin d'amour

Malon n’avait pas l’habitude que l’on flirte avec elle. Elle avait plutôt tendance à se considérer comme une personne quelconque et elle ne savait donc pas comment réagir à ce type de comportement. En revanche, elle trouvait flatteur qu’il s’intéresse à elle. Elle ne savait pas pourquoi, mais c’était flatteur. En soi, elle ne le trouvait pas désagréable à regarder. Seulement, elle était amoureuse et elle n’était pas du genre à aller flirter avec le premier venu. Un miaulement se fit entendre et elle ramassa le petit chat qu’elle avait recueilli quelques mois plus tôt et qui s’était attaché à elle.

« Ca ne fait rien. Vous savez, je pense que toute mort qui peut être évitée est une bonne chose. »

Elle cajola le chat en baissant les yeux alors qu’il appuyait ses compliments. Elle en arrivait peut-être à croire ce qu’il disait d’une certaine façon, mais elle ne s’était jamais mise en avant et ce n’était pas une chose dont elle avait l’habitude. Elle était la jeune fille oubliée dans un coin de ranch que l’on passait voir de temps en temps. Et encore, on ne lui parlait pas toujours. C’était quelque chose de bien triste. Mais elle gardait sa bonne humeur, car elle était là pour être au service des autres. Et c’était ce qui lui était le plus naturel.

« Je vous remercie pour ces compliments. Je vous trouve très plaisant également. Je ne sais pas si vous étiez humain auparavant, mais si vous ne l’étiez pas, ce voyage vous a sûrement réussi sur ce point. »

Il voulait faire quelque courses et elle était tout à fait d’accord pour financer une partie de ces courses. Elle avait l’impression qu’elle pouvait être sûre qu’il y ait un retour de sa part et elle était curieuse de savoir ce qui allait se passer. Elle se demandait comment les choses allaient évoluer entre eux. En attendant, s’il voulait apprendre à travailler dans un ranch, elle serait ravie de lui montrer tout ce qu’elle savait. Et s’il préférait travailler ailleurs, libre à lui. Tant qu’elle n’avait pas d’ennuis, Malon ne chercherait jamais à contraindre quelqu’un à faire quoi que ce soit.

« Nous verrons cela demain matin. Je suis sûre que vous trouverez une façon de me remercier en temps voulu. Souhaitez-vous voir votre chambre ? »

**Invité**

Chagrin d'amour

Toute vie serait à protéger ? J'hésite entre éclater de rire parce que c'est une blague, et éclater de rire devant sa naïveté. J'hésite un peu trop longtemps pour que ce soit correct. Alors, je n'éclate pas de rire et je souris simplement.

"Je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous sur ce point en particulier. Je pense que certaines morts sont préférables."

Insidieusement, une liste se matérialise dans ma tête, et s'allonge, encore et encore. Elle s'arrête de se remplir au son de sa voix. Elle me trouve... Plaisant ? Qu'est-ce que cela veut dire ? Sexy ? Irrésistible ? Passable ?

Je n'ai pas le temps de me poser une plus ample question qu'elle me propose de voir ma chambre, ce que j'accepte en hochant la tête. C'est alors que je découvre une chambre avec un lit, une petite commode, un bureau, une chaise, et je reste un instant figé devant cette apparition. Sans réfléchir plus que cela, je dis du bout des lèvres...

"Cela fait très longtemps que je n'ai pas dormi seul."

... et la dernière fois a duré un an. J'inspire, tout à coup, ayant réalisé que j'avais oublié de respirer. Je m'approche de la petite commode et un frisson de terreur me parcours. Je me recule vivement devant une ombre avant de comprendre qu'il s'agit d'un miroir. Cette fois, je suis réellement pris de panique.

Je vais me voir, moi, depuis plus de deux cents ans.

Timidement, je me rapproche jusqu'à voir mon épaule, mon buste, ce qui semble être mon menton, mes oreilles, des cheveux noirs, et des yeux verts. Je les savais rouges auparavant, mais là, ils sont d'un vert profond. Étaient-ce leur couleur avant ma transformation ? Je passe une main sur mon visage, comme pour m'assurer que c'est bien le mien.

"Ce monde m'a tellement changé..."

Oui, je suis humain à présent, et je n'ai encore aucune idée de si j'aime bien cela ou pas. Mes yeux s'écartent de mon reflet pour aller sur Malon. Je retrouve un sourire en coin, charmeur, et je m'approche vers elle. Je prends une voix beaucoup plus chaleureuse, presque murmurée.

"Je suppose qu'il ne nous reste plus qu'à nous souhaiter bonne nuit, dans ce cas."

Je me penche pour lui faire un baisemain, une main dans la sienne, l'autre bien sagement rangée dans mon dos.

"Bonne nuit, et merci encore, très chère."

Au moins, je n'aurais pas à hésiter sur le fait de la rejoindre ou non dans la nuit. Être humain... quelle étrange idée...

Dim 24 Mar 2024 - 2:22

Chagrin d'amour

Malon savait que tout le monde n'était pas une personne fréquentable et que certains pouvaient même être dangereux. Pourtant, jamais elle n'aurait préconisé la mort de qui que ce soit. Elle était persuadée qu'il y avait d'autres méthodes que de tuer pour éviter aux forces du mal de devenir plus forte. Cependant, elle ne pouvait faire autrement que d'assumer le fait que Link avait tué Ganondorf, et que cela avait amélioré la vie en Hyrule. Malheureusement, la réalité n'était pas toujours à la hauteur de ce que la jeune pacifiste pouvait s'imaginer.

« Vous avez sans-doute raison, mais je préférerais que ce ne soit pas le cas. Je n'aime pas l'idée de devoir prendre une vie pour en sauver d'autres mais j'imagine que parfois, certaines personnes ne laissent pas le choix. Quoi qu'il en soit, je suis contente que vous soyez en vie. »

La petite rouquine rougit fortement à nouveau ou lorsqu'il mentionna le fait de ne pas dormir seul. Il était peut-être habitué à la compagnie de jolies femmes pendant la nuit, mais il était inconcevable pour la jeune adulte qu'elle était d'envisager de partager son lit. Elle se surprit à se demander comment il était dans ce genre de situation, alors qu'il avait l'air si calme et si paisible. En cela devait le changer de voir la passion l'emporter et elle rougit d'autant plus à cette pensée. Elle humecta ses lèvres pour tenter de se redonner une contenance et ne retrouva le contrôle d'elle-même que lorsqu'il exprima que ce monde l'avait changé.

« Ce monde a changé tous ceux qui y vivent, certains partiellement et d'autres plus complètement. Mais depuis quelque temps, les habitants ont commencé à retrouver leurs caractéristiques natales. Ce n'est pas encore mon cas, mais je me suis retrouvé dotée d'un pouvoir qui ne m'appartenait pas durant la période des fêtes de Noël. Un de mes amis a appelé ça… être de lumière, je crois. Vous retrouverez peut-être qui vous êtes d'ici quelques temps », lui dit-elle avec une voix comprenant une note d'espoir. « J'espère que la chambre vous convient. Il y a une salle de bain de l'autre côté du couloir. Je pense que vous serez bien ici. »

La jeune fille ne put s'empêcher de se demander pour quelles raisons son cœur battait plus vite au moment où l'inconnue prit sa main pour y déposer un baiser avant de lui souhaiter une bonne nuit. Bien évidemment, ce n'était probablement que la politesse de son monde mais ça ne laissait pas la jeune palefrenière indifférente. Mais elle s'efforça de cesser de réfléchir comme une petite midinette. Son invité avait besoin de repos et elle le dérangeait en retardant le moment de son coucher.

« Bonne nuit, Monsieur. Faites de beaux rêves. »

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