Une nouvelle journée, une nouvelle livraison. Noël était passé, mais j'avais encore la marque sur la joue. Un petit souvenir que m'avait laissé une brute au refuge FREE. Au moins, j'avais eu un cadeau. Oui, on va le voir comme ça. Juste une forme de câlin un peu trop appuyée. De toute façon, ce n'était pas comme si je pouvais me permettre des jours de congés. Et puis avec un visage aussi amoché, j'avais le droit à des pourboires un peu plus généreux en général. Ou alors c'était la période de fête de fin d'année. Question intéressante ? Au contraire. Si avoir un œil au beurre noir aidait à avoir des pourboires plus conséquents, l'adage comme quoi il faut tendre l'autre joue devenait encore plus intéressant. Ce n'était pas du masochisme, mais du business. Mon Dieu... Voilà que je raisonnais comme Norman Osborn. Non... Il fallait que je m'enlève tout de suite cette idée de la tête. Voilà ce que ça donnait quand j'étais trop éloignait de la recherche scientifique. C'était pour cette raison que dans mon sac à dos, j'avais pris des bouquins de physiques que j'avais trouvés dans un vide-grenier. Le prix n'était vraiment pas cher... Donc, forcément, j'avais payé le double. Ces personnes n'avaient aucune idée de la valeur de ce qu'ils vendaient... Bon forcément, cela ne m'avait pas aidé pour payer mon loyer, mais les heures supplémentaires étaient là pour ça. À quoi pouvait bien servir d'avoir de l'argent si ce n'était pas pour aider ceux qui étaient autour de nous ? D'ailleurs depuis la fin de ma carrière de Spider-Man, à bien des égards, j'avais fait de grosses économies. Je n'avais plus de toiles à fabriquer, ni de gadgets, ni même de costumes à réparer. D'une certaine façon, je n'avais jamais été aussi riche. Ce qui donne une idée du niveau de pauvreté auquel j'étais habitué. Bien sûr, quand je m'étais mis avec MJ, cela avait changé. Elle avait toujours su mieux gérer les choses que moi. 

Cependant, elle n'était pas là et j'étais seul sur ma moto qui ressemblait plus à une mobylette qu'autre chose. Je zigzaguais entre les voitures avec plus de facilité qu'entre les problèmes de la vie. Il fallait dire qu'à force de le faire tous les jours, je commençais à gagner en expérience. Après tout, je n'étais pas prêt de reprendre le costume. Mes pouvoirs ne revenaient pas, ce qui était une excellente chose. Et même s'ils revenaient, Pete était largement suffisant comme Spider-Man. Il était mature pour son âge, plein de vie et d'espoirs. Il était plus que la petite araignée sympa du quartier. Il était une source d'inspiration. Moi de mon côté, je ne pouvais que le conseiller. Lui apporter une expérience qu'il n'avait pas. Des savoirs qu'il n'avait pas. Par exemple sur tout ce qui était des gadgets. Lui, il avait eu Tony Stark pour l'aider. Moi... J'avais appris par moi-même. Cela ne lui enlevait pas du mérite, au contraire, il avait su être conseillé là où moi, j'avais mis trop de temps pour accepter les mains tendues. Donc, comme il travaillait souvent seul, je l'aidais sur cet aspect. Cependant, j'avais refusé quand il m'avait proposé de me présenter aux autres. Je ne voulais pas vraiment m'intégrer à un groupe de justiciers, même s'ils étaient des versions différentes de Spider-Man. Ils n'avaient pas besoin de moi. Je vivais ma petite vie loin de tout cela. Pete avait tout pour réussir. Des alliés, un petit ami, une famille. D'une certaine façon, ça m'aidait moi aussi. Quand je doutais, je relisais nos conversations et cela me redonnait le sourire directement. Rien que là, entre deux quintes de toux en raison des voitures qui commençaient à dater au vu de la noirceur de la fumée de leur pot d'échappement, j'avais un petit sourire attendri, ayant hâte de notre prochaine soirée autour des legos et de bons morceaux de pizza. 

J'arrivais finalement à l'adresse indiquée. Je n'avais pas fait attention au nom de la commande. C'était chaque fois des noms à coucher dehors que je n'arrivais pas à prononcer. Je m'inspectais une dernière fois. Le pantalon était un peu troué en raison de l'altercation de l'autre jour dans la ruelle, mais il était propre. Le t-shirt blanc virait toujours au gris voire marron en raison de la pollution, mais ce n'était pas grave. J'avais bien mis ma veste rouge et ma casquette rouge de livreur de pizza avec mon nom noté sur la veste. La pizza était là, encore chaude, ce qui indiquait que j'étais dans les temps. En revanche, niveau coiffure et pilosité faciale, cela se voyait que je me négligeais un peu. Ce n'était pas tellement que je me laissais aller. Enfin si... Mais ce n'était pas que j'allais mal. Non, clairement pas. Juste je n'avais pas le temps de prendre soin de ce genre de détails. Pourtant, mon cœur se serrait alors que je frappais à la porte. Comme si quelque chose m'attendait derrière cette porte... Pas encore des voyous, j'espère. Je n'aurai pas une jolie fille pour me sauver à chaque fois... Je secouais la tête. « Tu es bête Peter... » Avec un petit sourire en coin face à ce pessimisme qui ne me ressemblait pas, je finis par avoir un sourire, partiellement de façade dans l'espoir de transmettre une certaine bonne humeur au client que je servais. Le sourire n'était pas seulement une chose que l'on faisait pour soi, mais aussi pour les autres.