(abandonné) Here I am [PV Zeus Pantokrator]

Et donc, Artemis était née. C'était un drôle de sentiment que de venir au monde et d'avoir immédiatement conscience avec une grande maturité de qui on était et de ce qu'on avait affaire dans ce monde. En un instant, elle grandit assez pour prendre l'apparence d'une fillette de sept ans, et elle n'eut pas le temps de s'appesantir sur des questions de conscience. Sa mère était près d'elle, en travail, et Artemis sentait qu'elle avait besoin d'aide. elle resta auprès d'elle, l'encourageant, essuyant la sueur de son front. Elle semblait naturellement savoir quoi faire.

Le visage de sa maman était crispé sous la douleur des couches et cette détresse sera le cœur d'Artemis. Cela lui fit également suffisamment peur pour qu'elle décide de ne jamais en passer par cette infamie. Elle préférerait ne jamais se laisser toucher par un homme que de subir la torture que sa mère était en train de vivre. Son jumeau mis au monde, elle se promit d'être là pour chacune des femmes de ce monde, mais de ne jamais subir le même sort. Elle avait d'ailleurs l'intention de ne jamais subir quoi que ce soit. Ce serait-elle qui serait aux commandes.

Ce fut forte de cette conviction qu’elle se rendit au sommet de l'Olympe pour rencontrer son père, Zeus, et lui présenter ses respects. Il était tout à fait possible qu'elle ne laisse jamais un homme l'approcher et la toucher, mais son père aurait toujours une place particulière et elle ne pourrait complètement l'exclure de sa vie alors qu'il était celui grâce auquel elle faisait partie de ce monde. Il y avait des choses qui vous faisaient prendre une place à part dans la vie de quelqu'un. L'enfanter en était une. En arrivant devant le palais de Zeus, et ayant l'apparence d'une fillette de douze ans, elle le salua avec tout le respect dû à son père.

« Bonjour Père. Je suis enchantée de faire votre connaissance. »

Artemis s'était doutée que son père avait déjà était informé de sa naissance et de son intention de lui rendre visite. Il n'y avait pas besoin de grandes annonces, de toute façon. Il avait dû suivre la grossesse de Leto tout au long de celle-ci. Et lorsqu'on naissait en tant que Dieu ou Déesse de l'Olympe, le premier signe de respect que l'on devait avoir pour le Seigneur des Dieux était de se présenter devant lui. Quelle soit sa fille ne changeait pas grand chose à ce devoir, même si elle avait encore plus de raisons de le faire. Elle se savait la bienvenue sur l'Olympe. Leur naissance avait sans aucun doute contrarié Hera, mais les valeurs qui étaient celles d'Artemis devaient inspirer beaucoup de bienveillance à l'épouse de Zeus.

Malgré tout, elle avait quelques doutes sur le fait que sa naissance et celle d'Apollon réjouissent l'Olympe tout entier. Dans la plupart des familles, une naissance était accueillie avec beaucoup de joie et de bonheur, mais tout était beaucoup plus compliqué au royaume des Dieux, où régnaient la jalousie, la tromperie et le chaos le plus total. Artemis n'avait pas forcément envie de s'éterniser en ces lieux, désirant impatiemment parcourir le monde et en découvrir les mystères, accompagnée d'une troupe de jeunes filles fidèles et loyales qui lui tiendraient compagnie et se battraient à ses côtés.

« Très cher père, c'est un honneur de posséder une place au sein d'un groupe aussi exceptionnel que les Dieux de l'Olympe. Je vous remercie de cet honneur. »

Si Leto demeurait une Titanide, Artemis avait conscience que Apollon et elle étaient intégrés au panthéon des Dieux. Elle avait pu sentir la force de son pouvoir, même si elle ne l'avait pas encore expérimenté concrètement. Elle n'était pas surprise non plus d'apprendre que Zeus avait déjà conscience de la résolution qu'elle avait forgée en son sein. La prescience du maître des Dieux était quelque chose que chacun de ses enfants connaissait dès leur éveil à la vie. Elle lui fit un signe de tête alors qu'il exprimait cette particularité qui n'était pas commune, même dans leur monde et que Artemis avait.

« Je vous remercie, Père. Je sais que nous nous devons de protéger les humains ou tout au moins, que chaque Dieu a un domaine dans lequel les humains qui en font partie sont protégés. Après ce que j'ai vu, je souhaiterais que la protection dont je peux faire bénéficier le monde aille en priorité aux femmes, et notamment aux jeunes femmes qui vont donner la vie, et également aux enfants, dont je sais qu'ils n'ont pas encore de protecteur dédié. »

Ce qui n'était pas le cas des femmes, et en particulier des méres. Hera était la protectrice de la maternité et même si elle voulait prendre sa part dans la protection des jeunes filles, Artemis ne briguait pas de lui prendre ce qu'elle avait. Elle voyait plutôt quelque chose de complémentaire. Mais le moment était venu de parler de ce dont elle avait envie pour commencer sa vie de Déesse. Zeus l'invitait à formuler sa demande et parce qu'elle était sa fille, Artemis savait qu'il était prêt à lui offrir tout ce dont elle aurait besoin. Mais la déesse désirait gagner la plupart des choses par elle-même.

« Je connais votre générosité, Père, pour les enfants que vous pouvez avoir au moment de leur naissance. Malgré tout, il me tarde de prouver ma valeur sans avoir à en passer par votre générosité divine. Je désirerais cependant rester éternellement jeune afin de pouvoir garder l'apparence adolescente si je le souhaite. Je souhaiterais devenir Déesse du Désert, ainsi que quatre-vingts adeptes, des jeunes filles qu'elles soient mortelles ou non, prête à me suivre et à suivre mon exemple de vie. Je désire qu'elles me soient loyales et pouvoir leur donner la vie, la force et la vitalité mais aussi l'obligation de garder leur innocence éternellement et de ne mourir qu’au combat. Et nous chasserons ensemble à travers le monde. Je pourrais ainsi montrer ma valeur. »

Il lui faudrait aussi des armes et peut-être des chiens de chasse, mais elle savait que bon nombre de ses oncles, tante et cousins lui proposeraient sans aucun doute de lui venir en aide pour cela.

Artemis savait pertinemment que la mesure et la tempérance ne faisaient pas partie de la nature profonde des dieux de l'Olympe. Elle avait aussi compris que leur bienveillance avait certaines limites et que les personnes les plus vulnérables pouvaient se retrouver en difficulté si quelqu'un n'essayait pas de les protéger. Il ne fallait pas se mentir, Artemis était certainement capable de causer bien des tourments à quelqu'un qui ne respecterait pas sa divine nature et les lois qu'elle avait l'intention de mettre en œuvre. Mais dans la mesure des choses, elle tenait tout de même à protéger les innocents autant qu'elle le pourrait. Cette décision lui valait les louanges de Zeus dont elle savait pourtant qu'il n'avait pas forcément ces mêmes convictions.

Malgré tout, le maître suprême des dieux semblait considérer comme une chose importante les valeurs défendues par Artemis et comme quelque chose d’honorable son envie de protéger les innocents. Elle était heureuse qu'il ait décidé d'accepter ces demandes car ainsi, elle avait ce qu'elle voulait mais elle supposait que c'était aussi son cas. Après tout, si Artemis prenait cette protection à sa charge, la place était prise et ces populations seraient protégées sans que quelqu'un d'autre ait à s'en mêler. Il n'était peut-être pas mécontent de se débarrasser de cette façon de ces aspects de la population humaine.

« C'est trop de compliments, Père. Si je puis faire honneur aux principes que je veux défendre, alors ma propre satisfaction de moi-même devrait suffire pour que j'en sois heureuse. Je vous remercie de m'accorder ces titres. »

Ses présents de jeunesse de force et de vitalité était tout ce dont Artemis avait besoin. Mais elle tenait à connaître la limite de ses pouvoirs. Tout pouvoir devait avoir une limite, en particulier ceux des dieux que Zeus ne tenait pas à voir l’égaler. Cependant, elle savait aussi qu'il y avait beaucoup de choses que l'on pouvait faire, en particulier envers les humains qui étaient capables d'une dévotion sans égale à l'égard des dieux. En ce qui concernait la jeune femme, elle tenait également à savoir si elle pouvait récompenser ses adeptes comme certains autres dieux avaient la possibilité de le faire.

« Je souhaiterais savoir, Père, la portée de ce pouvoir que vous me donnez. Aurais-je la possibilité de prendre l'apparence de mon choix, celle d'une jeune fille ou peut-être celle d'un animal si j'en ai besoin ? Et pourrais-je accueillir moi-même de nouvelles jeunes filles prêtes à suivre ma cause ? En leur offrant ce que vous offrez vous-même aux jeunes filles qui m'accompagneront dès à présent ? Où devrais-je me contenter de ces jeunes filles-là ? »

Il était exact que la jeune femme pouvait s'attendre à avoir de nombreux cadeaux de naissance de la part de tous les dieux. Il y avait peut-être des guerres et des conflits, mais l'arrivée d'un nouveau membre de la famille était généralement le moment ou ces guerres diminuaient un peu de puissance pour accueillir le nouveau venu. À moins que celui-ci ne provoque d'entrée de jeu, il était généralement épaulé et il démarrait sa vie de dieu avec un minimum de capacité et d'objets à sa disposition.

« Je vais rester quelques temps sur l'Olympe avec votre permission, afin de rencontrer les différents membres de ma famille. Je suis consciente que notre naissance à moi et Apollon n'était pas forcément désirée par tous les dieux, mais si je suis la bienvenue ici, je ferai en sorte de ne pas porter de rancune et de visiter la demeure des dieux dans la paix. »

Les guerres entre les dieux n'étaient pas vraiment ce à quoi Artemis voulait participer. Mais si jamais on lui cherchait des histoires, elle partirait avec ses acquis et ses chasseresses et ne reviendrait pas, même si elle savait que ça ne plairait guère à son père. Mais elle avait conscience qu'il y avait peu de risques que cela se passe comme ça. Les dieux étaient plus prudents avec leurs semblables, même si Léto avait probablement manqué de prudence. De toute façon, la plupart des jeunes femmes qui s'étaient mises Héra à dos devaient probablement en vouloir à Zeus qui était généralement le principal responsable.

Pour le moment, il exprimait sa fierté et le soutien qu'il lui manifestait d'une telle façon qu'elle ne pouvait faire autrement que de le croire. De toute façon, elle était sa fille et probablement l'une des rares à n’être définitivement que cela. Elle ne pouvait s'empêcher de se demander à ce titre si cela allait avoir une influence sur sa relation avec lui. En tout cas, s'il s'amusait d'un peu trop près avec ses chasseresses, il était certain que ça aurait un impact sur leur relation, mais elle voulait croire qu'il n'avait sincèrement pas l'intention de faire ce genre de bêtises. S'il le faisait, il devrait se débrouiller avec les conséquences. Avant de partir à la rencontre du reste de la famille, il lui restait une question à poser.

« Père, il est une chose qui me tourmente encore et une question que je me pose. Qu’adviendra-t-il désormais de Léto. Devra-t-elle toujours rester cachée et encourra-t-elle toujours les foudre de Héra ? »

Artemis était reconnaissante à son père qui lui avait accordé la totalité des demandes qu'elle lui avait faites en l'honneur de sa naissance. Elle avait désormais les pouvoirs et le statut qu'elle avait elle-même choisi et il n'était nul qui pourrait les lui reprendre dans la mesure où Zeus les avait acceptés. Cela ne voulait pas dire qu’elle ne s’affronterait jamais à l'hostilité d'un autre Dieu mais c'était une histoire qui arriverait plus tard car les dieux avaient souvent de nombreuses raisons de se fâcher les uns avec les autres. Artemis n'adhérait pas forcément à cela mais les choses se feraient et se déferaient et en attendant, elle avait déjà cela.

La question du degré et de la portée de ses pouvoirs questionnait beaucoup la toute jeune déesse qui avait à cœur de se construire un entourage à la hauteur de ses ambitions et de ses espoirs et qui espérait pouvoir en choisir les futurs membres. En plus, même si ses filles ne pouvaient plus mourir des faits de la vieillesse, elles étaient destinées aux combats et sur ce plan-là, elles n'étaient pas invulnérable à la blessure et à la mort. Il paraissait normal de lui accorder la possibilité de renouveler son équipe si elle perdait trop de ses membres.

« Je vous remercie pour tout cela également, Père. Soyez certain que j'en userai avec sagesse et que les jeunes filles que j'accepterai parmi mes loyales chasseresses acquerront cette opportunité par leur valeur et leur courage. Mes filles se joindront également aux envoyés des dieux si des affrontements exigent une force supplémentaire. Sachez ma loyauté envers vous, Père. »

Artemis était contente que son père ait pris des dispositions pour protéger Leto de la colère de Héra à l'avenir. Après tout, c'était de lui que venait les principaux problèmes avec la déesse de la maternité et il était temps qu'il assume un peu les conséquences de ses actes. Elle espérait d'ailleurs qu’il laisserait sa mère tranquille à présent et n'essaierait pas de la reconquérir car elle doutait que les accords avec Héra survivent à un autre manquement de la part du maître des dieux. Elle était quand même rassurée de savoir que sa période de trouble était passée pour le moment.

« Je vous suis reconnaissante d'avoir pris ces dispositions. Je dois admettre qu'il y a peu d'êtres qui me sont aussi chers que ma mère et mon frère.

Parlant d'Apollon, Zeus se demanda visiblement s'il pouvait s'attendre à en recevoir la visite. Artemis ne connaissait pas le détail des intentions de son frère mais elle savait que dans l'immédiat, son intention première était de veiller sur leur mère qui se remettait difficilement de la naissance des jumeaux. Elle avait donc laissé le jeune Dieu auprès de sa mère et ne s'était pas imposée, notamment parce qu'elle avait conscience qu’il était à son tour d'avoir un instant privilégié avec sa mère qui construirait probablement son identité comme c’avait été le cas pour elle.

« [b]Je l'ignore, Père. Apollon ne m'a pas tenu au courant de ses intentions. Mais je pense qu'il le fera. Il est resté auprès de notre mère dont l'état n'était guère rassurant après son accouchement. Il semblait prendre très à cœur de lui administrer des soins et je ne serai pas étonnée que la médecine fasse partie de ses intérêts dans le futur. Je suppose que vous aurez l'occasion de lui en parler lorsqu'il viendra à son tour vous témoigner ses respects et vous demander les attributions qu'il souhaiterait. »

En son temps, la lumière de la lune illuminait son échange avec son père, et il la complimenta pour ce qu'elle avait envie de représenter. La jeune déesse à peine née eut l'impression que c'était un présage et que cela allait prendre tout son sens un moment ou un autre. Quand exactement, elle ne le savait pas, mais elle était persuadée que ce serait toujours en harmonie avec son frère. Apollon était à la fois son elle-même et son contraire et elle avait la conviction que cela continuerait avec le temps qui passait. Elle avait simplement l'impression de ne pas savoir exactement dans quelles limites tout cela prendrait son sens.

« J'ignore quel sera le chemin que mon frère choisira, et j'ignore à quel point le mien prendra le sens que je lui veux. Les tentations et les difficultés sont légion et aucun serment ne peut définitivement être assuré avec certitude. Cependant, je crois en le mien et je ne peux qu'espérer qu'il y en a qui croiront avec moi et me suivront. Soyez cependant assuré qu’en aucun cas, je n'accompagnerai cette loyauté d'une tentative d'opposition envers les autres dieux. »

Elle ne voulait pas intégrer à sa vie ces conflits qui étaient ce que les autres dieux prenaient plaisir à entretenir. Elle ne voulait pas que ses loyales servantes la trahissent pour un autre dieu, mais pour autant, elle n'avait pas l'intention de les entraîner à une haine ou à une opposition qui aurait pu leur coûter infiniment plus cher et qui aurait pu le coûter à elle également. Elle avait déjà l'impression que sa mère en subissait les conséquences et il n'était pas question qu'elle en passe par là également. Son père ne semblait pas le craindre, mais elle ne pouvait pas être sûre qu'il soit totalement neutre sur le sujet. L'objectivité ne faisait pas vraiment partie des qualités de Zeus.

« Je souhaite que vous disiez vrai. J'entraînerai en tout cas les miennes à lutter pour la justice et la vérité, à l'image de ce que je crois et en honneur à ceux que j'aime. »

La place de son frère et de sa mère dans le monde des dieux était quelque chose qui lui tenait à cœur, même si elle devait reconnaître que, une fois établi le fait que ni l'un ni l'autre n'étaient en danger, elle estimait que c'était à eux de ce soucier de la vie qu'ils voulaient mener et qu'elle n'avait plus sa place dans le champ des décisions. La seule décision qu'elle devait prendre était de savoir si elle voulait garder des contacts avec eux et ce serait probablement le cas pour tous les deux. Apollon serait probablement toujours le seul homme avec qui elle aurait une attitude vraiment différente de tous les autres.

« Ils suivront le chemin qui est le leur comme je le fais moi-même. Si j'ai une chose à vous demander à leur sujet, ce serait vous supplier de n'intervenir que pour leur bien et de ne pas entraver leur sécurité, en dehors des actes qu’ils commettraient eux-mêmes. »

Elle ne pouvait pas demander à son père de les préserver de tous les dangers auxquels ils choisiraient de faire face et elle était bien consciente aussi que s'ils se montraient indélicats envers le maître des dieux, il serait peu probable qu'ils puissent profiter de sa clémence. Sa fierté et son amour, cela touchait la déesse, mais elle tenait à ce que Zeus l'exprime de loin. En effet, elle n'oubliait pas que bien peu de choses pouvaient retenir la tentation que ce dieu pouvait avoir pour l'art de la séduction, et elle ne voulait pas qu'il change un jour d'avis la concernant.

« Vos mots d'encouragement et vos sentiments, que j'espère des plus sincères, me touchent beaucoup. Mais je crains qu'il ne soit temps pour moi d'aller présenter mes hommages aux autres membres de notre famille et ensuite, il va me falloir réfléchir à ce que je pourrai faire afin de prévoir l'entraînement des jeunes filles que vous me confierez pour qu'elle soit apte à affronter les dangers et les obstacles à mes côtés. M'en voudriez-vous beaucoup si je vous disais au revoir, à présent ? Je suis persuadée que nos chemins auront l'occasion de se croiser régulièrement. »