Penny avait reçu une enveloppe au courrier du matin, un courrier qui lui demandait de rencontrer quelqu'un du nombre de Megatron et de trouver le cadeau idéal pour lui. Elle n'avait pas la moindre idée de qui il était, mais si elle faisait sa connaissance, il devrait lui être possible de découvrir ce qui lui ferait le plus plaisir au détour d'une conversation. En attendant de faire sa connaissance, elle prépara une bonne plâtrée de cookies, qu’elle enfourna en se disant que l'individu qu'elle allait devoir interroger apprécierait peut-être de délicieux cookies pendant leur conversation.

Soudain, elle entendit sonner à sa porte et se détourna du four pour aller répondre. Mais quand elle ouvrit, elle ne vit personne. Surprise, elle crut un instant à une mauvaise blague et ce n'était pas parce qu'on était à la période de Noël qu'elle se sentait d'humeur à accepter les petits comportements de ce genre. Mais soudain, en baissant les yeux, elle constata la présence d'un sac qui semblait contenir des jouets. Elle ne savait pas du tout ce qu'il faisait là, mais il y avait une carte qui indiquait qu'il fallait livrer ses jouets aux enfants de la ville.

« Me voilà changer en mère Noël », se dit pensivement Penny, avant de commencer à fouiller le sac de cadeau.

Soudain, une odeur désagréable vint lui chatouiller les narines. Préoccupée par ce qu'elle avait trouvé devant la porte, la quadragénaire ne s'était pas rendu compte qu'elle avait complètement oublié les gâteaux au four. En poussant un juron, elle alla en ouvrir la porte pour constater les dégâts. Ils étaient complètement immangeables. Elle allait devoir gérer sa mission secrète sans cookies pour l'aider. Qu’à cela ne tienne, elle se débrouillerait sans. Le plus logique était de toute façon de partir pour commencer à distribuer le sac qu'elle avait trouvé sur le pas de sa porte. Elle finirait probablement par tomber sur l'individu dont le nom était sur son courrier.

Joyeux Noël

Quelquefois, Penny ne pouvait s'empêcher de se demander où les gens allaient pêcher leurs noms, en envoyant certains sur les emballages des paquets cadeaux. Cela dit, si elle était venue avec un nom et un prénom, il fallait prendre en compte que certains n'étaient arrivés qu'avec un seul nom qu'il avait fallu remanier pour en faire un nom et un prénom et que certains venaient de mondes tellement bizarres que leur prononciation n'avait peut-être rien à voir avec la sienne. Ils n’empêchaient que c'étaient des plus curieux. Ce n'était quand-même pas un boulot facile que celui de Père Noël.

En plus, c'était fastidieux. Elle devait trouver le nom sur les boîtes aux lettres et s'embêter ensuite à trouver le cadeau qui correspondait. Elle avait parfois l'impression que le sac l'aidait en poussant sa main dans la bonne direction, un peu comme une planche ouija de Noël, mais elle n'était pas sûre que ce soit effectivement le cas ou juste une impression de sa part. Ses pas l’amenèrent au niveau de l'orphelinat de la ville, ce qui avait du sens puisque les jouets étaient évidemment destinés aux enfants. Elle commença à interpeller les uns et les autres lorsqu'il lui sembla que quelqu'un faisait exactement la même chose qu'elle un peu plus loin.

« Vous là-bas ! »

Elle se rapprocha de l'individu qui semblait être en difficulté avec un des paquets. Il avait peut-être du mal à trouver la bonne personne à qui l'offrir mais il ne savait pas bien ce qu'il devait en faire. Elle décida de se porter à son secours. Si ça se trouvait, il était précisément le type de qui elle devait découvrir le cadeau préféré, ou idéal, ou elle ne savait plus exactement ce que le mot disait. Si ce n'était pas lui, Elle aurait au moins fait une bonne action en lui donnant un coup de main. Après tout, c'était un homme et les hommes avaient souvent besoin de coups de main. Heureusement que ces dames étaient là pour leur venir en aide.

« Je peux vous aider ? Penny Halliwell », se présenta-t-elle. « Vous aussi, vous avez trouvé un sac devant votre porte ? Montrez. Certains de ces noms ne sont pas toujours faciles à déchiffrer. »

Elle était bel et bien tombée sur la personne qui était sur sa lettre. Au moins, c’était un premier pas. Elle allait pouvoir effectuer les deux tâches qui lui étaient confiées, distribuer les cadeaux et tenter de savoir quel était le cadeau qui ferait vraiment plaisir à celui qui était son Secret Santa. Elle était contente de l’avoir trouvé et elle ne tenait pas particulièrement à poursuivre le travail toute seule. Ce serait beaucoup plus sympathique de le faire ensemble. En plus, ils pourraient bavarder tranquillement et passer un moment agréable en travaillant pour le Père-Noël. Elle ne savait d’ailleurs toujours pas pourquoi on lui avait demandé ça.

« Nous voilà compagnons d’armes, alors ! »

Elle s’avança vers lui tandis qu’il lui expliquait son souci et ses doutes. Il ne voulait pas perdre le charme de l’esprit de Noël, et Penny le comprenait. Mais ils n’avaient pas les pouvoirs du Père-Noël, ils ne pouvaient pas deviner spontanément à quelle maison et à quelle personne quel cadeau était destiné. Il fallait donc bien vérifier le destinataire. Évidemment, cela perdait un peu de sa magie, mais l’important était que le contenu des deux sacs arrive à destination. La matriarche des Halliwell était déterminée à livrer tous les présents aux personnes qui devaient les recevoir, quoi qu’il en coûte.

« C’est vrai que c’est dommage, mais on ne peut pas faire autrement, on n’a pas le pouvoir de deviner malheureusement. »

Elle lui sourit gentiment. Il pouvait s’estimer heureux, elle était rarement aussi aimable avec un homme. Cela dit, ce n’était pas une occasion comme les autres et puis, elle avait accepté de participer à ce Secret Santa, autant le faire jusqu’au bout. Elle pouvait bien accorder le bénéfice du doute à cette personne pour le moment. Il n’avait rien fait. Dans l’absolu, quand ils n’étaient pas intimes avec elle ou avec un autre membre de sa famille, elle n’avait trop rien à reprocher à un homme en particulier qu’elle rencontrait à peine. Même si, bien entendu, cela pouvait changer très vite, trop vite.

« Nous pourrions distribuer nos sacs ensemble. Cela nous permettrait de lier connaissance, qu’en dites-vous ? »

La matriarche de la famille Halliwell oubliait parfois que tout le monde n'avait pas les mêmes références et n'avait pas vécu les mêmes histoires. Des choses comme Noël qui faisaient suffisamment partie de la culture pour impliquer un certain nombre de personnes lui semblait aussitôt universel alors qu'il n'en était rien. En ce qui concernait les sacs dont ils avaient la charge, Penny n'avait pas vraiment d'idée pour y intégrer la magie de Noël, compte-tenu du fait que ni lui ni elle ne possédait les pouvoirs du Père Noël et que cela compliquait un peu les choses. Mais elle avait peut-être quand même une solution pour lui donner un certain regard sur le sens de cette fête.

Les sorcières n'étaient pas forcément sensées célébrer les fêtes humaines et en particulier, celles qui avaient une connotation religieuse. Mais Noël était toujours particulier. Il y avait peu de souvenirs aussi joyeux que les fêtes que Patty et elle avaient passé avec les trois sœurs à l'époque où elles avaient l'âge de croire encore au Père Noël, même si cela dit, Penny ne se souvenait que des premiers avec Prue et Piper. Il y avait beaucoup de choses sur lesquelles la mère et la fille n'étaient pas toujours d'accord mais dans ces moments-là, leurs différends tombaient et toute la famille partageait un moment de joie. Elle se rappelait encore les sourires de ses petites-filles au matin en découvrant les cadeaux comme n'importe quel enfant de la terre.

« Je ne peux malheureusement pas vous faire vivre la magie de Noël comme on le fait pour les enfants tout-petits, mais je peux vous partager ma propre expérience. Lorsque mes petites filles étaient encore très jeunes, nous avions l'habitude d'organiser de grandes festivités à Noël avec ma fille. La veille au soir nous les envoyons se coucher après avoir laissé des gourmandises pour le Père Noël et ses rennes. Il fallait voir leurs yeux briller le lendemain matin lorsque les friandises avaient disparu et qu'elle trouvait des cadeaux au pied du sapin. Précisément ce qu'elle voulait, en général, pourvu que ce soit dans nos moyens. Je ne vais pas mentir, elles étaient assez gâtées. »

Penny ne les avait jamais trouvés vraiment capricieuses, mais il ne faisait aucun doute qu'elles ne manquaient pas de cadeaux ou de choses qui pouvaient leur faire plaisir. Penny aimait tout particulièrement que cela puisse être en contact avec la magie, mais Patty suivait parfois d'autres chemins. Dans tous les cas, les fillettes ne manquaient de rien et leur mère et leur grand-mère leur apportaient énormément. En faisant cette mission à deux, Penny avait l'impression de respecter davantage le concept du Secret Santa en passant du temps avec la personne qui lui était désignée. S'il s'agissait d'un individu de sexe masculin, il avait cependant la chance de ne pas lui évoquer trop la supériorité masculine, ce qui lui évitait des désagréments avec elle.

« Je crains que oui. Je doute que nous puissions faire autrement sans un moyen d'identifier formellement les adresses et les destinataires. Le Père Noël aurait pu nous laisser une liste plus précise et un moyen d'accéder à l'intérieur des maisons, vous ne croyez pas ? »

Elle ponctua sa phrase d'un sourire malicieux. Au fond, ce n'était pas si grave de se retrouver dans cette situation. Elle songea à Chris à qui elle pourrait faire appel pour la téléporter à l'intérieur des maisons et éviter d'avoir à sonner mais ce serait quand-même mieux de vérifier l'identité d'un destinataire avant de lui donner un cadeau qui lui était apparemment destiné.

Penny n'avait jamais apprécié que des enfants puissent être gâtés au point de faire de gros caprices et de ne rien accepter des choses qu'on leur donnait. Il n'y avait rien de mal à vouloir faire plaisir à un enfant, mais certaines choses devaient être faites avec modération. Elle ne pouvait cependant pas savoir si la façon d'être de cette adolescente était réellement la faute de cet homme. Dans ce monde, il se faisait des mélanges et il était tout à fait possible que l'éducation de cet enfant ait causé des torts de base et que son compagnon du moment n'en ait eu que les conséquences.

« Je suppose qu'il y a toujours moyen de revenir sur une éducation qui a été mal faite, mais je crois que ça n'est pas forcément facile. Peut-être vous faudra il énormément de courage pour réussir, mais je crois que ce n'est pas perdu. »

La possibilité que quelqu'un ne réponde pas devait se poser. Le véritable Père Noël n'avait pas ce problème. En effet, il pouvait s'introduire dans les maisons et déposer ses cadeaux sans que les personnes ne sachent qu'il était là. Ce n'était pas le cas de ces deux-là. Si l'humour de son acolyte n'était pas forcément de bon ton, Penny décida de ne pas s'en offusquer. Après tout, ce n'était déjà pas si mal d'avoir le sens de l'humour. Et puis, personne n'était là pour l'entendre bafouer l'esprit de Noël d'une manière aussi évidente. Pour sa part, elle ne prenait pas suffisamment à cœur son rôle de Mère Noël par intérim pour s'en ressentir vexée.

« Pour être tout à fait sincère, je n'en ai aucune idée. Je suppose que comme tout colis impossible à remettre à son destinataire, nous pourrions tout simplement le laisser à la poste avec le nom et l'adresse de la personne concernée. Je ne sais absolument pas s'ils auraient plus de chance que nous, mais c'est la seule idée que je peux avoir. »

Se séparer ne lui semblait pas la meilleure idée du monde et elle se contenta de le montrer de manière un peu dubitative. Elle n'était pas certaine qu'il comprendrait, mais il valait mieux faire les choses ensemble pour éviter de se perdre. Et puis, c'était leur moment Secret Santa et ce genre de moment était fait pour être partagé. Elle n'était pas certaine d'avoir forcément une envie folle de partager, mais c'était un fait que le but était celui-là. Elle n'avait cependant pas encore trouvé quel cadeau ferait le plus plaisir à Megatron. Elle finirait bien par en savoir plus.

« Autant rester ensemble, ce sera une manière plus sympathique de passer ce moment. Pour ce qui est des jouets que les enfants peuvent avoir, ils sont de beaucoup de sortes comme les voitures, les poupées, ou les chevaux de bois, ou alors ces machins modernes et électroniques que je ne cautionne pas du tout. Mais ce qui est certain, c'est qu’il y a une variété extrêmement importante et différente de possibilités. Certains reçoivent même des robots. »

Il était difficile pour Penny de pouvoir affirmer avec certitude que tout allait s'arranger pour cet homme qu'elle venait à peine de rencontrer avec cet enfant dont elle ne savait absolument rien mais elle avait essayé de lui remonter le moral parce qu'elle trouvait que c'était la bonne chose à faire. Il avait beau lui en être reconnaissant, il semblait douter du fait que ce soit possible et elle ne savait pas ce qui justifiait tellement de doutes. Ça attisa sa curiosité. La matriarche des Halliwell n'avait pas forcément une envie folle de se plonger dans la qualité des relations qu'elle avait avec les différents membres de la famille dont elle avait eu temporairement ou plus globalement la responsabilité, mais elle savait que les rancœurs pouvaient être dures à éliminer.

« Est-ce que vous avez envie de m'en parler ? »

Elle se sentait toute prête à écouter, mais elle n'aurait jamais forcé personne à se confier à elle. Ce n'était pas parce qu'elle était une mère et même une grand-mère qu'elle avait le droit de se déclarer mieux comprendre que les autres la vie et les choses. C’était à chacun de savoir ce qu'il avait envie de partager mais elle serait prête à être présente pour lui en ce jour dans l'esprit de Noël s'il en avait besoin. C’était un peu cela qu’impliquait l'événement qui avait lieu en ce moment et elle avait l'intime conviction qu'il fallait le vivre au maximum et profiter de ce que ça représentait.

Il n'était pas faux de dire que la poste aurait sans-doute eu plus de chance de recevoir un accueil cordial qu’eux n'allaient en recevoir mais ils devaient faire leur job et essayer pour le moins. La question qui se posait maintenant, c'était de savoir combien il parviendrait à en livrer sans se faire insulter ou qu'on leur claque la porte au nez. Quant à deviner ce qu'il y avait à l'intérieur, c'était impossible sans les ouvrir mais la matriarche avait une petite idée des choses qui pouvaient faire plaisir aux enfants de cette ville. Il y avait fort à parier que ces cadeaux avaient vu juste. Quant à Mégatron, il semblait surtout se soucier de ce qu'il pourrait offrir à sa fille pour Noël.

« Je crains que refiler le sac à la poste directement ne soit pas ce qu'on attend de de nous. Il nous allons devoir essayer de faire notre maximum. Pour ce qui est de votre fille, avez-vous la moindre idée de ce qui lui plaît dans la vie ? »

Penny ne savait pas si cet homme allait accepter de se livrer aussi facilement. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il réagisse de manière aussi spontanément positive en commençant à lui parler. Mais elle ne l'interrompit pas et se mit aussitôt en mode d'écoute. C’était elle qui avait proposé la première et cela avait quelque chose de flatteur qu'il ait accepté aussi rapidement. Elle écouta donc cet homme lui dire que cet enfant n'avait pas vécu d'enfance. Elle ne savait pas bien pour quelle raison, mais il était probable que ce n'était pas le genre de choses qui se réglait facilement, surtout s'il n'avait pas été un bon exemple dans son propre monde.

« Tout le monde commet des erreurs. J'en ai commis aussi et je ne suis même pas sûre de me les avoir pardonnées. En fait, c'est même plus compliqué que cela. On commet des erreurs tout le temps, au fil des années. Et il est évident que nos enfants nous jugent. L'adolescence est compliquée pour la plupart des enfants et si vous continuez à faire ce qu'il faut, il est possible qu'elle finisse par s'en rendre compte. Mais cela risque de prendre du temps. »

Elle se souvenait de l'adolescence de Patty, mais celle-ci ne lui avait pas causé trop de problèmes. Maintenant qu'elle avait rencontré ses petites-filles et que celles-ci lui avaient parlé de leur enfance et de leur adolescence, elle avait l'intuition que les choses ne s'étaient probablement pas passées toute seule avec Prue et avec Phoebe. Piper ressemblait davantage à sa mère et elle avait dû poser moins de problèmes, mais il ne faisait aucun doute qu'elle avait certainement eu d'autres difficultés. En tout cas, ce n'était qu'en progressant pas à pas que l'on pouvait réparer les torts. Elle en était certaine.

« Peut-être pourrions-nous nous renseigner sur le genre de musiques qui sont à la mode. Et trouver un CD à écouter qui pourrait lui faire plaisir ou quelque chose de ce genre. Qu'en dites-vous ? Et vous-même, y a-t-il un cadeau qui vous ferait plaisir ? »

Après tout, c'était l'objet de son Secret Santa de le découvrir. Et elle ne pouvait pas vraiment prétendre que d'avoir découvert le cadeau idéal pour sa fille répondait aux exigences de ce qui lui était demandé, à moins qu'il n'insiste et ne le verbalise de cette façon évidemment. Elle pouvait faire de son mieux, mais si son cadeau idéal était de faire plaisir à sa fille, alors c'était avec cela qu'elle allait devoir composer. Ça ne la surprendrait pas plus que cela, en réalité. Après tout, s'il vivait essentiellement pour son enfant, il paraissait logique qu'il la mette au centre de ses préoccupations.

Penny n’avait pas toujours très bon caractère et on ne pouvait pas dire qu’elle était une personne sans défaut. Mais elle ne se souvenait tout-de-même pas d’une hypothèse où elle aurait pu détruire la planète. Et cela dit, elle avait conscience que, influencés par des êtres issus des forces du mal, chaque sorcière pouvait avoir l’occasion de subir une influence qui pouvait faire du tort au reste de sa famille. Son amour pour le nécromancien n’avait-il pas failli tout faire basculer. Certains actes étaient plus facilement pardonnables que d’autres, comme ceux motivés par un amour sincère. Mais ça ne rendait pas les choses plus faciles, dans l’absolu.

« Il est compréhensible que votre fille ait du mal avec le fait de vous pardonner, dans ce contexte, je l’admets. Ce n’est pas une situation facile, mais ça ne doit pas vous empêcher de vous efforcer de faire de votre mieux et de garder espoir. Le simple fait d’essayer de changer est à votre avantage. Mais il lui faudra très probablement du temps. En premier lieu, c’est vous qui devez être en paix avec vos choix. Œuvrez dans ce sens et je suis certaine que le reste finira par aboutir. »

Ou pas. Penny ne savait pas ce que la jeune fille avait perdu dans cette guerre et il ne demeurait pas impossible qu’elle ne puisse pas pardonner. Jamais. Mais c’était Noël et elle se refusait à mettre cette réalité en évidence alors qu’elle essayait d’être porteuse d’espoir. Il l’admit et elle se dit qu’elle avait fait le travail. Elle ne pouvait pas faire beaucoup plus. Comment faire des promesses dont elle ne savait pas la portée ? C’était impossible. Elle ne pouvait qu’espérer, et lui trouver un cadeau idéal pour le Noël de la demoiselle soit beau. Elle avait finalement raison, c’était son plus beau cadeau.

« Alors, nous trouverons quelque chose pour la princesse », dit-elle en riant.

Il lui proposa d’aller manger une soupe chaude ensuite pour se remettre de leur petite mission. Ce n’était pas forcément le genre de Penny d’accepter d’aller chez quelqu’un qu’elle venait à-peine de rencontrer, mais elle avait retrouvé assez de maîtrise sur ses pouvoirs pour ne prendre aucun risque à accepter cette invitation et puis, elle avait l’impression que sa présence pourrait soulager un peu l’homme qui ne semblait pas tout à fait à son aise actuellement. Elle comprenait pourquoi, cependant. Sa situation n’était pas facile. Mais si elle pouvait y faire quelque chose, elle ne dirait pas non. Elle était une bonne sorcière et puis, il commençait à lui être sympathique, ce qui était assez extraordinaire pour un homme.

« Avec plaisir. Cela nous fera du bien, en effet, de déguster quelque chose de chaud. »

En règle générale, Penny n'était pas quelqu'un de très tolérant envers n'importe qui qui pourrait semblait avoir un rapport avec les forces du mal. Cependant, en comprenant qu'elle avait affaire à quelqu'un de repentant et qui s’efforçait de faire de son mieux pour rattraper ses erreurs passées, et en avouant bien honnêtement qu'elle avait aussi commis des erreurs, elle venait de se positionner davantage dans le soutien et le réconfort que dans l'accusation. Elle pouvait néanmoins comprendre l'attrait du pouvoir et aussi le fait qu'une situation pouvait ne pas avoir de bonnes solutions pour ces différentes personnes aux mêmes vices.

« Malheureusement, l'attrait du pouvoir est une chose commune que peuvent se partager des personnes que tout oppose au départ. Ça ce n'est pas parce qu'on cherche à éviter une injustice existante qu'on n’en créera pas d'autres. Je suppose qu'il est difficile d'agir de manière à équilibrer l'addition pour tout le monde. »

Mais il était vrai que c'était un argument que quelqu'un pouvait ne pas complètement comprendre. Elle avait eu ce genre d'intransigeance. C’était presque dans ce monde qu'elle avait le mieux compris que bien des choses n'étaient pas blanches ou noires. Ses enfants eux-mêmes semblaient considérer certains êtres qu’elle condamnerait avec bienveillance. Lorsque les choses se compliquaient, la seule solution était parfois une analyse poussée qui permettait de savoir exactement à quel degré on pouvait faire confiance à quelqu'un. Une telle analyse n'était pas chose évidente parce qu'elle impliquait suffisamment de clairvoyance pour ne pas se tromper.

« Tous ceux qui sont confrontés à des situations de crise sont persuadés qu'il y a un fautif et que sans cette personne, la paix aurait régné. Mais les choses sont loin d'être aussi évidentes et manichéennes que ça. Cela dit, c'est une chose qui n'est pas facile à appréhender pour une enfant. Je peux le comprendre. »

Lorsqu’on analysait le principe des sociétés et la base de ce qui fonctionnait, il y avait toujours le fond du panier, les pauvres hères qui suaient sang et eau pour que les autres puissent vivre la belle vie et rompre ce système de fonctionnement, en particulier quand la justice était flagrante et profonde et le respect absent, pouvait devenir facilement une obsession pour ces personnes en souffrance. Mais renverser un tel système pouvait l'inverser complètement, ce qui n'améliorerait pas forcément le résultat final. Elle posa une main sur son bras qui se voulait apaisante.

« Il n'est jamais facile d'être l'objet de l'injustice et il est normal de vouloir la combattre. Mais il est compliqué de le faire, sans concevoir une nouvelle injustice vis-à-vis des personnes que l'on a en face de soi. L’équilibre est une chose compliquée, vous savez. »

Elle n'aurait peut-être pas dû accepter aussi vite de se rendre chez quelqu'un qu'elle ne connaissait pas et qui avouait avec étonnamment d'assurance avoir participé à une situation extrêmement grave, mais elle ressentait la sincérité de cet homme dans son discours pour la paix et elle avait envie de croire qu'il disait cela avec la conviction que c'était réellement pour le mieux et qu'il avait l'intention d'œuvrer dans le bon sens. Elle avait généralement du nez en ce qui concernait les hommes.

« Eh bien, si elle est chez des amis, j'attendrai pour la rencontrer. Après tout, j'ai bon espoir que nous soyons amenés à nous revoir si nous voilà quelque peu amis. »