Bound by Destiny - ft. Jason Todd

Tout avait mal tourné, au possible. Ce qui n’était à la base qu’une conversation tranquille entre deux hommes, dans une ruelle sombre en pleine nuit, avait fini en bain de sang. Les poings encore rougis du sang qu’il avait ramassé en se défendant contre un pair de gangsters mal fringués, il courait maintenant sur les toits des immeubles pour essayer d’attraper celui qu’il était venu interroger. L’homme que Roy pourchassait était une petite frappe. Un délinquant de bas étage mais qui avait vu et entendu suffisamment de choses pour que cela intéresse Arsenal.

Il y avait une recrudescence dans le quartier de trafics en tout genre. Et avec tous les effets négatifs que l’on peut connaitre : règlements de compte sauvages entre dealers, camés qui trainent dans les rues et espaces publics en pleine journée, etc. Pas de quoi fouetter la police locale, mais juste assez pour l’agacer lui. Il avait un certain passif avec la drogue, alors autant dire qu’il en faisait une affaire personnelle.

Et le jeune délinquant lui avait tendu une embuscade. Roy n’en avait rien à faire de cet énergumène à la base. Ce n’était pas de la grosse viande comme il aime. Ce qui l’intéressait au tout départ était simplement les quelques informations, noms ou visages que la petite frappe aurait pu lui donner. Des indices que Roy aurait pu se mettre sous les dents pour remonter plus haut, infiltrer le milieu et couper quelques têtes.

C’était raté. Le délinquant avait préféré appeler ses potes, d’autres gus à l’allure peu fréquentables. Ils pensaient qu’à plusieurs, ils allaient pouvoir le battre, ce qui n’avait pas manqué de tirer un rire d’Arsenal. Mécontents, ou surtout vexés dans leurs égos, ils avaient attaqué sans prévenir. Mais l’ancien héros ne s’était pas laissé avoir et leur avait montré une bonne leçon. Coup de pied par-ci, coup de pied par-là… Coup de boule, et coup de poings. Une vraie démonstration de force. Très vite, le petit groupe était à terre, gémissant et pleurant, se tordant dans tous les sens pour essayer de calmer la douleur… Tout ça pour constater que le petit rigolo s’était fait la malle, effrayé par la machine de guerre qu’était Roy.

C’était ainsi qu’il se retrouvait en pleine nuit obligé de jouer au chat et à la souris avec l’apprenti dealer. Ce dernier avait visiblement l’habitude de s’enfuir en courant car il allait vite, et ne semblait pas s’épuiser. Manque de bol, dans la pénombre, la petite frappe manqua un saut entre deux toits et trébucha. Il se fracassa contre le bitume du toit suivant, se blessant probablement aux jambes dans sa chute. Aussitôt, Roy déboula à son tour, sans tomber toutefois. Il se positionna face à celui qu’il voulait interroger, plaçant son pied sur son torse pour l’empêcher de se relever, laissant appuyer tout son poids.

Arsenal sentit une présence dans son dos au même moment, aussi il attrapa son arc qu’il arqua d’une flèche, tout en se retournant…

Comme presque tous les soirs depuis quelques années maintenant, tu arpentais les toits de cette ville. Elle n'avait pas le nom de Gotham mais elle n'en était pas moins la soeur. La criminalité était la même, peut-être même qu'elle était pire que là bas car des criminels d'espèces différentes et la plupart du temps inconnues par toi avant, se développaient comme une invasion de champignons. Aussi résistants que de la mauvaise herbe, t'avais l'impression que le nettoyage allait être long et pénible. Mais au moins, cela nourrissait ton côté sombre et te permettait de te défouler.

C'est de ton perchoir que tu as remarqué des corps au sol et que t'es descendu voir. Tu reconnais immédiatement les petites frappes de la boite
de la dernière fois. Tiens donc. Quelqu'un leur avait pété la gueule et bien comme il fallait. Tu les ficèles et t'envoies un message aux flics du coin du portable d'un des gars avant d'essayer de traquer ce qu'il restait de la petite bande. Faut dire qu'il y avait deux séries d'empruntes qui filaient loin de la scène.

Tu suis les traces jusqu'à les perdre jusqu'à ce que tu repères une échelle pour les toits. Go tu remontes et tu retrouves des traces que tu suis. Tu sautes de toit en toit. T'entends que t'es sur la bonne voix quand tu entends un cri de douleur un peu plus loin. Un mec venait de se viander en sautant, t'en mettrais ta main au feu. T'arrives en silence, discrètement pour voir un mec le pied sur le torse d'un autre gars. Mais ce mec... Ca te fait un de ses effets que t'oublies de masquer ta présence. Putain de merde... Arsenal? Bordel de merde c'est Arsenal... Une combi moulante rouge, un arc pointé sur ta gueule mais pas encore lâché, des dealers en miettes plus bas... Y a que lui pour avoir un look pareil.

Il maintenait son pied fermement ancré sur le torse du moins-que-rien, alors qu’il faisait face à l’ombre dans son dos. Les doigts agrippés solidement à la flèche et à la corde de son arc, il eut un sursaut de surprise qui manqua de le déstabiliser et lui faire lâcher sa flèche. Immédiatement, il abaissa son arc en entendant la voix de son vieil ami, qui venait lui aussi de le reconnaître et d’avoir la même réaction d’électrochoc en pleine face.

- Putain de bordel Jason, tu m’as foutu une de ses frousses ! Ça ne va pas de débarquer en fourbe comme ça ! J’ai failli te planter la tête !

Voilà des mois, voir des années, qu’il parcourait la ville en quête de retrouver ses amis d’antan. Roy avait fini par croire que c’était peine perdue, et qu’il était le seul à avoir basculé dans ce monde. Tomber cette nuit là sur Jason relevait du miracle. Bien qu’il ne sache pas si se retrouver bloquer dans cette ville était une bonne chose ou non. Peut-être aurait-il mieux valu qu’il ne retrouve jamais Jason, espérant au fond qu’il menait la belle vie dans le « vrai-monde ». Bien qu’il sût pertinemment au fond que ce n’était pas possible, mais l’espoir faisait vivre n’est-ce pas ?

Les yeux écarquillés, l’air hagard, l’archer ne savait pas trop ce qu’il devait faire. Ce qu’il était convenable de faire. Devait-il lui sauter autour du cou ? Accepterait-il au moins ? Ou simplement lui serrer la main, ou lui faire un check comme des ados ? Il n’eut toutefois pas le temps de se prendre la tête à ce sujet.

Profitant de ce moment de surprise partagé, et voulant se jouer de la distraction de son geôlier, le criminel tenta de s’échapper de l’emprise d’Arsenal avant de s’enfuir en titubant. Roy le regarda du haut de son air amusé, conscient que sa proie n’avait aucune chance. Il décida toutefois de laisser son compère en profiter un peu, comme on partageait un dessert au restaurant.

- Je t’en prie, fais-toi plaisir.

L’invita Arsenal en ouvrant le bras pour l’inviter à achever le petit délinquant et d’en faire ce qu’il en avait envie. Roy lui laissait tout entier, profitant du spectacle qui allait se jouer sous ses yeux, les deux reposant sur son arc et un sourire coquin sur le coin des lèvres.

Sa réaction te fait rire. Tu contrôles pas. Il a toujours eu cet effet sur toi. Celui de t'arracher naturellement des sourires qui n'existent jamais sur ton visage dans d'autres circonstances. Tu secoues la tête. Tu te rends compte d'à quel point il t'a manqué quand tu l'entends jurer. C'est fou ce que le cerveau occulte pour votre survis.

Allons ... Je suis sûr que tu dramatises. C'est jamais arrivé et ça arrivera jamais. T'as de trop bons réflexes pour ça.

Pas de faux compliment ou de tentative de flatterie. Juste la vérité. De toute façon t'es incapable de dire ce que tu penses pas même si ta vie en dépendait. T'es beaucoup trop entier pour ça. Au pote tu fermes ta gueule et tu sers les dents mais jamais tu mens aux gens qui te sont importants. Comme tu ne promets jamais rien. Déjà parce que les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent et ensuite parce que t'es pas du genre à pas faire ce que tu dis.

Tu vois bien qu'il sait pas trop comment réagir et le criminel en profite pour se faire la malle. Il se tourne vers toi avec un grand sourire, les bras ouverts, pour te montrer qu'il te le laissait. Tu souris aussi, décroissant les bras, et tu dégaines. Tu prends deux secondes pour viser. Tu tires. La balle le touche en plein dans le genou ce qui fait s'écrouler le type en gémissant.

Tu te décolles du muret et tu passes à côté d'Arsenal pour aller voir le type. Au passage tu viens mettre une grosse claque sur son fessier moulé dans son costume avant de t'arrêter au niveau du criminel. Tu le mets sur le dos d'un coup de pied. T'as le genou pété je te conseille de pas trop bouger si tu veux pouvoir remarcher. Balle à blanc OK mais t'as jamais promis que les criminels seraient indemnes après en avoir reçu une. Ils en mourront pas... C'est le principal non?

Tu étais où tout ce temps? Que tu demandes à Roy en levant les yeux vers lui, te désintéressant complètement du mec au sol. Qu'est-ce que tu veux à ce gars? Histoire de faire la causette. Tu crèches où ? Ton véritable intérêt. Tu veux pas qu'il s'évanouisse à nouveau dans la nature.

Roy râla en constatant que Jason avait abimé son beau délinquant en lui tirant une balle dans le genou, ni plus ni moins. Les mains sur les hanches, prenant un air faussement offusqué, le rouquin fit remarquer à son partenaire justicier qu’il l’avait connu plus fin et qu’il n’y avait aucun plaisir à chasser des proies en procédant ainsi. Que par conséquent, il n’y avait aucun défi ni plaisir à rôder la nuit ! La prochaine fois, ce sera Roy qui s’occupera de cette partie-là.

Se penchant sur le criminel qui avait tenté de s’enfuir, il l’examinait de haut en bas, jaugeant la blessure pendant que le Todd lui posait quarante millions de questions.

- Je te retourne la question, je t’ai cherché partout mais tu étais nulle part.

Non pas que cela lui faisait plaisir, mais à vrai dire, Roy n’avait pas trop apprécié l’embuscade que le petit malandrin lui avait tendu avec ses potes. Trouvant, sans aucune difficulté, la blessure au genou, Arsenal y fit promener ses doigts tout autour avant de venir soigneusement les y enfoncer, affichant un sourire vengeur au passage.

- Ce troubadour de grand chemin n’a rien trouvé de mieux que dealer quelques cochonneries sous mon nez. Sur mon territoire. Et il s’est cru plus intelligent que moi…

Les cris du délinquant résonnaient sur les toits mais rien n’y ferait. Roy ne relâcha pas la pression, pas avant de longues secondes, histoire que son esprit torturé soit un minima apaisé. Voilà une leçon que le dealeur ne manquerait sans doute pas de retenir avant un moment.

Les doigts désormais salis par le reflux sanguin du rejeton, le rouquin se redressa, avant de venir essuyer ses doigts délicatement sur la veste de Jason. Sans aucune gêne.

- Pourquoi veux-tu savoir où je vis ? Ne me dis pas que mes petites fesses t’ont manquées ? Toi… Jason, le brun dur à cuire ?

L’archer lâcha un rire avant de poursuivre.

- Je ne vais pas te balancer mon adresse devant des oreilles indiscrètes. En revanche… Je peux te montrer, si tu arrives à suivre mon rythme.

Le mettant au défi, littéralement.

Pas réellement satisfait de sa vengeance, Roy prit soin de dépouiller sa victime du moindre de ses affaires. Il s’appropria le téléphone, le portefeuille, la carte de crédit, et la drogue du dealeur. Avant de le déshabiller complètement et de jeter ses vêtements par-dessus le parapet du toit. Il décida ensuite d’abandonner ni plus ni moins le délinquant malchanceux sur place avant de déguerpir en courant, direction, la maison. Comme un petit jeu, il voulait offrir à Jason le spectacle de ses « petites fesses » dodelinant de droite à gauche pendant qu’il trottait ou sautait.

Une fois arrivé sur les lieux, l’archer le laissa entrer dans sa piaule, et l’invita à faire « comme chez lui ». En tout cas, Roy lui se mit à l’aise. Après toutes ces courses, il avait l’impression de chauffer dans sa tenue et qu’il allait finir par empester la transpiration jusqu’à l’autre bout de la ville. Il se défit alors sans hésiter du haut de sa tenue, pour respirer un peu et retrouver un peu de liberté de mouvement, avant de se diriger vers l’endroit où il planquait les bouteilles. En réalité, Roy ne buvait pas. Du moins, plus maintenant, et il évitait les tentations en se tenant éloigné des boissons les plus problématiques. Mais il en gardait toujours une ou deux en stock… « Au cas où ». Et ce soir était un « cas où ». Il servit un verre de scotch bien serré, pour Jason, et un verre d’eau pour lui-même.

Avant de venir s’approcher, vraiment très proche (trop proche ?), de Jason, pour lui offrir le verre.

- Célébrons ton retour ?

Il râle. Ca t'avait manqué tiens. Il te parle même d'une prochaine fois. Ca te fait sourire sous ton masque. A ton tour d'être un peu curieux de ce qu'il devenait depuis qu'il était arrivé ici.

_ Pourtant je suis là depuis des années...

Comme lui apparemment. Tu croises les bras et n'intervient pas quand Roy appuie sur la blessure du gars au sol, le torturant de manière bien visible. Tu prévois pas de t'en mêler ni d'empêcher Roy de tuer le gars si l'envie lui en prenait.

Les cris du gars résonne là où ton rire est plus discret. Troubadour, vraiment. Il avait de ces expressions un peu vieillottes, démodées, mais si caractéristique de Roy Harper. Pas de doute, il t'avait vraiment manqué.

_ Ton territoire hein?

Il vient s'essuyer les doigts sur ta veste. Heureusement qu'elle est imperméable. Tu le suis des yeux, résistant à l'envie de lui attraper le poignet pour le retenir à côté de toi. T'as un nouveau sourire qui monte.

_ Bien sûr que tu m'as manqué. Je ne vois pas pourquoi je te le cacherai... Pourquoi tu ne me donnerais pas ton adresse, tu cries bien mon prénom sur tous les toits... Hein Roy... Très bien je te suis...

Tu le laisses dépouiller les victimes avant d'envoyer un message à un ddes flics que tu connais pour qu'il vienne ramasser les colis. Tu suis sans mal les "petites fesses" de Roy sans jamais le dépasser. Après tout la vue est agréable.

Quand tu arrives, tu laisses tomber ta veste sur une des chaises pour pas foutre du sang partout et tu vires ton masque. Tu replaces tes cheveux en arrière, un peu trop longs, peut être devrais-tu les faire recouper. Tu observes l'endroit avant de reporter ton regard sur Roy.

-_ Merci...

Tu prends le verre sans te reculer quand il approche. Et quand il te dit "célébrons ton retour", tu passes un bras autour de sa taille, ta main sur sa hanche avant de poser le verre de scotch ans y avoir touché. Tu veux pas prendre le risque d'avoir ce goût-là sur toi.

_ A nos retrouvailles. Je suis... heureux de t'avoir retrouvé Roy.

Quand il le voit enlever son masque, Roy ne peut s’empêcher de dévisager son vieil ami. C’était bien lui, mais il semblait quelque peu différent de ses souvenirs. Les cheveux étaient plus longs. Ce devait probablement être ça. Un sourire perla sur le coin de ses lèvres, amusé par une pensée fugace au sujet de sa pilosité capillaire.

Toutefois, en voyant le bougre délaisser le verre de scotch sans y toucher, il fronça les sourcils. S’il avait su, il n’aurait pas ouvert cette bouteille. Quel gâchis. La prochaine fois, il posera la question avant de servir ses invités. Le Harper trinqua alors tout seul, avec son verre d’eau. Ridicule.

- Et moi donc… Très heureux de te revoir…

Amusé par la situation, ayant encore en tête sa petite boutade capillaire, le rouquin approcha son visage de Jason. Au plus proche, n’arrêtant son manège arrivé qu’à quelques millimètres. Il s’écarta soudain, ébouriffant au passage la masse de cheveux trônant sur le crâne de Jason.

- Je dois avouer que ça m’a toujours quelque peu attiré ce style… « Tarzan ». Ça te rend très… Mystérieux, bad boy… Un brin homme des cavernes quand même.

Il sourit, venant de réaliser qu’il était maintenu aussi proche par sa main sur la hanche. Dans l’émotion du moment, il n’avait pas ressenti la chaleur du geste. A dire vrai, c’était plus que naturel pour eux d’agir ainsi. Le petit rigolo de Roy avait oublié cette sensation. Ça l’avait intrigué depuis longtemps comme un garçon aussi froid et irascible, grognon, de l’extérieur pouvait dégager autant de chaleur en lui-même.

- Hâte de te voir courir de nouveau sur les toits vêtus d’une peau de bête. Quoique… Je risque d’être trop distrait.

Jason allait finir par devoir se faire couper les cheveux car sinon, il s’exposait à des moqueries toujours plus de bas étage les unes après les autres. Roy en avait encore plein d’autres en stock et son esprit en produirait tout autant sur commande.

Il fixe son regard dans le sien, ses yeux clairs grand ouverts, et comme une petite midinette, le rouquin rougit légèrement. Il se mouille les lèvres doucement, bien que celles-ci étaient toujours humide de la gorgée qu’il avait bu quelques secondes plus tôt.

- Tu restes pour la nuit ?