Blood Ties (Harry)

Blood Ties

feat Harry

T'es prêt sans l'être, James. En même temps, tu crois pas que quoi que ce soit au monde puisse véritablement te préparer à ce qui t'attend, là, tout de suite. Parce que t'as beau avoir voulu et chercher ce moment, t'as pas vraiment su t'y préparer convenablement. Le mieux, comme bien souvent, c'est encore de foncer dans le tas, comme t'en as toujours eu l'habitude. T'es prêt sans l'être, mais t'y vas, et t'es impatient. Tout comme t'espères ne pas être déçu.

Parce que c'est pas parce qu'il a le bon nom, le bon prénom et la bonne date de naissance (enfin, sauf l'année, mais ça ça ne veut plus dire grand-chose, de toute évidence) que ça veut dire que c'est forcément lui mais... C'est le plus près que t'aies jamais été de le revoir alors... Tu choisis l'espoir, l'espoir de revoir enfin ton fils et de pouvoir le prendre dans tes bras.

On va être honnête, ça te rassure pas des masses quand même, parce que c'est pas tout de retrouver ton fils, c'est un jeune homme que tu vas rencontrer, qui aura vécu et grandi sans toi. Comment on peut se préparer à ce genre de rencontre ? T'en sais rien... c'est d'ailleurs pour ça que tu t'es gardé d'en parler à Lily, en tout cas pour le moment. T'attends de voir ce que ça donnera. Tu veux rien brusquer. Certes. Mais t'as jamais su faire dans la dentelle non plus.

T'aurais pu lui passer un coup de fil, ou lui écrire une lettre, ou va savoir quoi d'autre encore, mais t'as choisi finalement une méthode plus radicale. Mais qui te laissera moins longtemps dans l'hésitation. T'es allé directement frapper chez lui. Et alors que t'attends sur son palier, en espérant qu'il ouvre bel et bien, et qu'il soit chez lui, tu te fais mille scénarios sur la manière dont les choses pourraient bien se passer. Puis il ouvre finalement. Et c'est flagrant. Dans ton regard, il voit les yeux de Lily, dans sa dégaine, tu trouves beaucoup de toi.

"Harry..."

C'est lui, c'est bien lui.

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Harry avait déposé Maxine après sa visite surprise dans le foyer dans lequel elle réside en ce moment, il avait songé à la recueillir un temps pour l’éloigner de son harceleur, mais il n’avait pas encore les moyens financiers pour et surtout, apparemment, cette histoire d’enfants biologiques le travaille sans cesse. Il songeait à jeter un œil aux orphelinats aux alentours, au cas où. Vu comment les retrouvailles froides avec son deuxième fils, il appréhenda les retrouvailles avec les deux autres. Il aura bien le temps de s’en préoccupait plus tard, il avait d’autre chose important à faire, comme ce qui va manger ce soir, et ça tombe bien, la paie du chômage du mois est tombée. Il en avait profité pour faire du stock de nourriture à la supérette du coin, il avait besoin d’une soirée au calme. Enfin, toutes ses soirées sont calmes, mais ces derniers temps, des personnes de son passé, (bien qu’il n’en ait pas trop le souvenir, mais il en a le ressenti) débarquent ou croisent son chemin et il finit par être assez triste pour eux. Ce soir-là, les retrouvailles allaient être d’un tout autre niveau, et par chance, il a ses cachetons pour tenir le coup. Avachis sur le canapé avec un café à la main, il regarda une des émissions de divertissements d’un œil morne, puis il se mit à rire franchement  d’une présentatrice loupant une marche avec ses talons trop hauts. « Ron aurait aimé voir cette émission. » Ron. Ron. Ron. C’est sortie tellement spontanément qu’il en oublie de le marquer dans ses nombreux papiers. Il lâcha un gros bâillement à s’en décrocher la mâchoire au moment pile qu’on toqua à la porte. L’angoisse remonte et il coupe le son de télé automatiquement. Généralement, les visites qu’il a eues ses derniers temps étaient très compliquées niveau émotion, des révélations et des retrouvailles ou peut-être c’est encore l’ex-bourré de la voisine en dessous qui revient à la charge et même sous amnésie, il ne peut pas s’empêcher de sauver la veuve et l’orphelin. C’était plus fort que lui, même des pulsions, à ce stade-là, il ferait n’importe quoi pour n’importe qui, peut-être qu’au fond, il avait besoin d’avoir de la reconnaissance de tous ? … Ah oui, la porte. Il se leva et traîna les pieds vers la porte d’entrée, sa tasse à la main et en ouvrant la porte, il se figea. Un peu déconcerté de voir un homme qui lui ressemble énormément.  Il resta bêtement à regarder son “sosie”, la bouche entrouverte comme un poisson mort. L’homme qui était en face de lui est sa copie conforme, même jusqu’aux lunettes ! Sauf qu’il avait l’air bien plus en forme, bien coiffé, bien habillé, les yeux marron, comme sa… fille. Harry se sentit un peu honte, d’autant plus qu’il n’avait pas une mine des plus rafraîchissantes, il faisait un peu pitié dans sa dégaine de chômeur professionnel*.* Il pensa tout d’abord avoir un frère caché, mais là non plus, ce n’est pas possible, pas avec tout ce qu’on racontait sur lui.

Harry se sentit fébrile, sa tasse de café tomba au sol dans un fracas, il s’en fout pour l’instant.« Oui, c'est moi. » Harry sentit ses yeux piquer, une larme coula sur sa joue qu’il s’empressa d’essuyer avec la manche de son pull, son cerveau lui faisait défaut, mais le subconscient se rappelle pour lui ; un homme qu’il avait aimé à travers les anecdotes de son entourage grappillé à droite à gauche. « Oui, c'est moi… » Qu’il répéta une deuxième fois pour être certain qu’il a bien été compris tout réprimant un sanglot. Il ne lui resta qu’une possibilité, aussi belle qu’effrayante. Il était content, mais il était bien surtout triste de presque ne rien se souvenir, ces derniers jours ont été un peu rudes émotionnellement pour lui. « Désolé, je ne pensais pas… » Craquer facilement ? Oui.

Blood Ties

feat Harry

Dans les yeux de Harry, ces yeux qui sont à l'identique de ceux de Lily, tu vois briller des larmes, et cette émotion communicative te rend d'autant plus ému, toi aussi... Tu savais, naturellement, que ces retrouvailles revêtiraient pour toi une charge émotionnelle puissante... C'était inévitable. Est-ce que tu pouvais t'imaginer que ce serait à ce point ? Peut-être pas pour autant... Toujours est-il que les minutes pourraient bien être des heures, que vous passez à vous observer, figés l'un en face de l'autre, comme si l'un était le reflet de l'autre, tant la ressemblance entre vous deux est évidente, pour ne pas dire franchement troublante. On t'avait dit que ton fils était ton portrait craché, mais il fallait le voir pour complètement le croire.

"Ne t'excuse pas..." De quoi, d'ailleurs ? T'en sais trop rien, James. Peut-être de ne pas savoir contenir ses émotions, va savoir. Mais qu'est-ce que vous vous en fichez, au bout d'un moment ? T'es trop heureux de le retrouver, lui que tu n'as pas pu voir grandir, lui dont tu n'auras jamais eu l'occasion de lui dire à quel point tu tiens à lui et combien il te rend fier... Alors oui, les émotions peuvent bien s'exprimer en explosant... ça fait tellement longtemps qu'elles attendent l'occasion de s'exprimer enfin... C'est dans l'ordre naturel des choses, au final. "Ne t'excuse surtout pas", tu répètes, avant d'oser te rapprocher de lui et de le prendre dans tes bras.

T'attends pas d'être certain qu'il t'ait reconnu, tu le serres contre toi comme mu par un vieux réflexe... et bon sang ce que ça te fait du bien ! Tu ne t'écartes qu'après quelques secondes pour le regarder plus attentivement.

"On m'avait dit que t'étais mon portrait craché", tu dis en considérant ses cheveux ébouriffés, puis en laissant ton regard s'attarder plus longuement sur la cicatrice au milieu de son front. Ton coeur manque un battement. "Je peux entrer ?"

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