Nightwing, the kryptonian legend

Superman.

Il était pour Dick, et pour bien d'autres personnes, un symbole d'espoir que l'Homme d'Acier lui avait insufflé lorsque le jeune Robin, craignant à l'époque d'être consumé par l'ombre du Chevalier Noir, cherchait à donner un autre sens à sa vie. Il lui avait alors conté l'histoire inspirante de Nightwing, issus d'une célèbre légende kyptonnienne. Ce fut à travers ce nom d'emprunt que Dick trouva la force de se forger une nouvelle identité et de prendre cette indépendance qu'il désirait tant. Rien n'aurait été possible sans le soutien de Clark, que l'acrobate considérait comme un exemple, un mentor mais aussi un ami de confiance. Il lui avait d'ailleurs promis de veiller sur son fils, Jon, et de le guider sur le droit chemin, car l'Homme d'acier avait foi en la bonté du Grayson. Une mission, qu'il ne pouvait plus honorer depuis cinq ans à son plus grand regret.

Nightwing faisait de son mieux, avec ses alliés, pour rendre cette île un peu plus sûre. Mais il devait bien l'avouer, la présence de Superman n'aurait pas été de trop.

Après plusieurs recherches, il s'avéra qu'un certain Clark Kent travaillait comme reporter au Daily Planet. Avec un peu de chance, l'homme lui sera familier. Dick voulait en avoir le cœur net. Alors, il mit en place une filature pour vérifier ses informations. Plus qu'un justicier, il était aussi employé comme détective au commissariat de Racoon Square. Une décision qu'il avait presque regrettée en apprenant que sa supérieure n'était nulle autre que Babs, enfin une version alternative particulièrement remontée contre son homologue du même nom, et dont il payait injustement les pots cassés.

Assis sur un banc à scruter le journal du jour, posté non loin du Daily Planet, Dick scruta discrètement l'entrée dans l'espoir de voir sortir un homme brun et taillé comme une armoire à glace.

Bingo.

Il posa ce qu'il était en train de lire pour le suivre à la trace, passant du café à une bouche de métro dans laquelle il ne s'engagea pas tout de suite, faisant mine de boire le mocachino qu'il avait acheté avant de reprendre sa filature l'air de rien. Dick accéléra le pas, tout en s'assurant de garder une certaine distance. Voyant que Clark pouvait se retourner à tout moment, il se planqua derrière un conteneur pour échapper à son regard. Mais le voilà grillé, n'ayant pas d'autre choix que de se dévoiler. Pour être honnête, c'était son objectif final de pouvoir rencontrer le kryptonien au moment opportun. Personne ne devait savoir qui ils étaient vraiment.

Dick sortit donc de sa cachette et leva les bras en l'air pour montrer qu'il ne représentait aucune menace. Il valait mieux être prudent, compte tenu de la possible capacité de l'homme à pouvoir balancer des lasers de ses yeux en une fraction de secondes.

« Tu as ...Je veux dire, vous avez l'œil. »

Admis-t-il sur un ton assez léger. Le vouvoyer n'avait plus rien de naturel pour le Grayson et aussi longtemps qu'il se souvenait, gamin, il le tutoyait déjà.

« Vous êtes bien Clark Kent, n'est-ce pas ? »

Pour lui, c'était évident. Quelques pas les séparaient et pourtant, malgré cette ressemblance frappante qu'il venait à constater d'un peu plus près, Dick était désormais persuadé que cet homme n'était pas celui qu'il connaissait.

Même en débarquant dans cet univers inconnu, Dick n'avait pas renoncé à son aspiration de rendre les rues plus sûres, tout comme de nombreux alliés qu'il avait rencontrés ou d'autres, plus familiers, qu'il avait retrouvé sur l'île. Leur présence ici relevait d'un mystère dont personne n'avait encore de réponse. Les raisons pour lesquelles Dick Grayson exerçait en tant que détective étaient multiples, et l'une d'entre elles consistait à assembler les pièces du puzzle pour résoudre cette énigme dans le cadre légal de la loi. Nightwing s'efforçait aussi de la respecter, mais s'octroyait plus de liberté. Parfois, il lui arrivait de retrouver par hasard la trace de certaines de ses connaissances, jusqu'au jour où le nom de Clark Kent lui vint aux oreilles.

Les deux hommes se retrouvèrent enfin face à face, mais ils étaient presque comme deux étrangers, dont seul l'un connaissait l'identité de l'autre. Peut-être était-il amnésique, ou peut-être que Dick Grayson n'existait tout simplement pas dans son monde d'origine. À vrai dire, plus rien ne l'étonnait. Mentir à l'Homme d'Acier sur sa présence ici ne présentait aucun intérêt, et puis, ce n'était certainement pas dans sa nature de ne pas être honnête.

« Oui, je l'admets, même si ce n'était pas très subtil » répondit-il avec légèreté tout en se frottant nerveusement la nuque. En guise d'appui aux présentations, le jeune homme lui tendit amicalement la main, s'attendant à recevoir la poigne robuste à laquelle il était habitué.

« Dick Grayson. Enchanté du coup ? Peu importe que nous ne soyons pas du même univers, ce que je peux dire, c'est que l'homme avec ou sans ses lunettes est la personne la plus incroyable que je connaisse. On pourrait discuter devant un café, enfin si tu n'as rien de prévu ? »

Par automatisme, il s'était mis à le tutoyer sans vraiment s'en rendre compte. Difficile d'effacer quinze ans de souvenirs en un claquement de doigts de cette époque où il n'était qu'un adolescent sous le masque de Robin, le side-kick de Batman.

« La ville a besoin de Superman. »

Avançant d'un pas, les mains nichées dans les poches de sa veste, son expression se fit subitement plus grave. Si Nightwing pouvait compter sur plusieurs alliés pour maintenir l'ordre en ville, Superman restait un modèle d'espoir dont l'île aurait bien besoin.

« Et par extension, je voulais retrouver un vieil ami. »

Un ami et mentor, à qui Nightwing était à tout jamais redevable pour tous les conseils qu'il lui avait prodigué. Même si ce n'était pas le même Clark, il savait au fond que c'était le même homme.

Le brun se sentait à la fois rassuré et peu surpris par l'attitude bienveillante de Clark. C'était typique de lui, reflétant la nature intrinsèquement altruiste du Kryptonien. Même si Dick avait été amené à faire des allusions à sa double identité pour souligner leur lien venu d'ailleurs, il comprenait que cela puisse être déroutant de constater que quelqu'un qu'il ne connaissait pas en sache autant sur lui. Malgré tout, Dick cherchait à être rassurant. Il n'avait pas l'intention de lui mentir et était même disposé à faire dans les confidences.

« Tu as raison, ce n'est pas juste de ma part. Je te donnerai plus de détails à mon sujet, je te dois bien ça après tout. »

Pourquoi ne pas faire connaissance dans un cadre plus détendu ? Lui aussi, ignorait sûrement des choses sur cet autre Superman. C'est ainsi que Dick proposa à Clark de se retrouver dans un café du coin pour discuter tranquillement. Une suggestion que le Kryptonien accepta volontiers, suivant le brun à travers les quelques rues qui les séparaient de l'endroit en question. Leur conversation était étonnement naturelle comme si, finalement, les liens tissés avec les autres ne s'effaçaient jamais vraiment.

« En plus d'avoir la même profession, vous vous ressemblez comme deux gouttes d'eau, à quelques exceptions près je dirais. Ce n'était pas bien difficile de faire le rapprochement. » Répondit-il simplement, refermant la porte derrière lui après être entré à son tour dans le café, accueilli par une odeur agréable venu lui caresser les narines.

« Toi aussi ? Sans doute mais... »

Bien que dénué de pouvoirs à l'origine, Dick n'était pas directement affecté. Néanmoins, il constatait à nouveau qu'une autre personne, qui avait longtemps vécu avec des capacités hors normes, en avait été privée pour une raison étrange. Certains même les avaient retrouvés - du moins en partie - tandis que d'autres, comme Kory, avaient dû continuer jusqu'à maintenant à vivre sans. Hormis essayer de percer ce mystère, il était tout impuissant qu'eux. Clark avait raison sur le fait qu'il avait affaire en face de lui à un expert en arts martiaux capable de le mettre au tapis en l'état, seulement Dick ne pouvait pas s'empêcher de se sentir concerné par la situation. Vivre dans la normalité, il se demandait s'il le vivait bien ? Alors même que cette interrogation lui avait effleuré l'esprit, il n'eut même pas le temps de la formuler que la serveuse les interpella pour prendre leur commande.

Insistant auprès de Clark pour régler la note, arguant que c'était lui qui l'avait invité, les deux s'asseyèrent dans un coin tranquille au fond, là où les oreilles indiscrètes avaient moins de chance de trainer.

« Alors, par où on commence ? » Demanda-t-il, son enthousiasme à peine dissimulé. Il y avait tellement à dire, assez pour y passer toute une journée, bien qu'ils n'aient probablement pas l'intention de rester aussi longtemps, le travail - ou le devoir -  finirant tôt ou tard par les appeler.