Fourchette à droite, s'il vous plaît [PV Jo March]

▿ Date de naissance : 14/05/1995

Fourchette à droite, s'il vous plaît

Même si quatre années avaient passé, Eve avait toujours de la difficulté à comprendre comment les humains fonctionnaient. Dans le cadre de son travail, ce n'était pas tellement compliqué. Elle se contentait de protéger son client et on avait pris d'habitude de son manque de socialisation. On la laissait généralement tranquille, du moment qu'elle ne se montrait pas hostile envers les autres. Elle faisait simplement attention à cela. Dans la vie de tous les jours, elle apparaissait comme une personne froide et distante qui ne disait pas bonjour, mais ça ne l'empêchait pas de faire tout ce qu’il fallait pour vivre une vie relativement normale.

Malgré tout, elle souffrait de cette solitude. Elle avait appris à apprécier la sensation de compagnonnage en rencontrant Wall-e. Elle souffrait un peu de ne pas savoir comment créer des liens ou se faire un réseau d'alliés. Heureusement, ses collègues avaient appris à la connaître et à l'apprécier telle qu'elle était. Certaines d'entre elles avaient essayé de lui donner des conseils pour mieux s'intégrer dans la ville. Elle en avait suivi une certaine partie, mais il demeurait qu'il y avait toujours des éléments obscurs à ce sujet. Elle était pourtant pleine de bonne volonté pour améliorer ses contacts, mais elle manquait de références.

Une de ses collègues, Jo March, était une auteur à succès et elle savait manier les mots. elle était douée aussi pour savoir ce qu'il fallait dire ou ne pas dire et comment communiquer avec les gens. Elle avait accepté généreusement de donner des conseils à sa collègue pour mieux s'intégrer dans sa nouvelle vie humaine. Eve lui en était reconnaissante même si elle n'était pas certaine de pouvoir réussir à surmonter ses faiblesses en la matière. Elle avait plusieurs fois dit à Jo qu'elle espérait ne pas lui faire perdre son temps. Mais la jeune fille était pleine de conviction et certaine que Eve en était capable.

Elles avaient donc rendez-vous dans un salon de thé, où l'ancienne sonde allait pouvoir découvrir comment les humains échangeaient et se retrouvaient autour d'une tasse de thé. C'était un exercice apparemment très simple, mais qui se complexifiait quand on partait du principe qu'elle ne savait même pas à quoi servait une fourchette et un couteau de base. Bien évidemment, Jo lui avait déjà appris quelques petites choses en amont et elle pouvait donc raisonnablement espérer pouvoir passer à la prochaine étape sans trop de difficultés. Mais elle n'était pas à l'aise avec ce type d'exercice. Elle hésita donc un instant avant de pousser la porte du salon de thé et de se diriger vers l'endroit où se trouvait son professeur improvisée.

« Bonjour, Jo », dit-elle, la voix un peu tremblante. « Merci de m’offrir ton aide. »

Fourchette à droite, s'il vous plaît [PV Jo March] Xw69

▿ Date de naissance : 18/08/1999

HJ:

Fourchette à droite, s'il vous plaît

Jo avait bien remarqué qu’Eve ne saluait pas particulièrement les gens et faisait preuve d’une certaine froideur. Mais, aussi toute sa maladresse dans le domaine social. Alors, non seulement, elle ne lui en voulait pas, mais lui avait même pensé à lui proposer son aide. Sa collègue ferait ensuite ce qu’elle voudrait de ses enseignements, mais du moins aurait-elle les clefs en mains concernant le comportement à avoir et connaîtrait les us et coutumes. Seulement, Eve l’avait devancé et lui avait fait elle-même la demande en ce sens et la jeune femme y avait bien sûr consenti. Sa collègue voulait faire de son mieux pour s’adapter, alors, l’y aider lui paraissait la moindre des choses. Et si Jo était un véritable garçon manqué, colérique, avait pas mal de défauts, c’était aussi une femme généreuse et serviable. Sauf qu’elle ne voyait pas ce service comme un geste de générosité, mais comme une façon d’entretenir un bon climat entre collègues, comme une façon de tendre la main à son prochain et faire ainsi honneur à l’éducation qu’elle avait reçue.
Ponctuelle, Jo attendait Eve au salon de thé où elle lui avait donné rendez-vous pour avancer dans cet enseignement. Elle s’était assise à une table et l’y attendait.

« Bonjour Eve. Mais, je t’en prie. Comment vas-tu ? » lui répondit-elle, aussi chaleureuse qu'à l'accoutumée.

Oh bien sûr, elle lui avait déjà dit que prendre des nouvelles pouvait aussi bien être un souci sincère de son prochain qu’un simple geste de politesse et que le faire ne pouvait que contribuer à une bonne ambiance dans un travail ainsi qu’à créer des liens. Elle n’avait cependant pas attendu de voir si son interlocutrice s’en souvenait pour faire ce geste de son côté. Il était devenu naturel et spontané chez elle.

« Tu te souviens de ce que je t’ai dit à propos de l'heure du thé, des échanges qu’on peut être amenés à avoir dans un salon de thé,...? »

Tout d’abord, réviser, voir ce qui était acquis ou non avant d’aborder de nouvelles notions. La base de l'enseignement selon elle. Certainement aussi que son expérience en tant que préceptrice lui servait actuellement.

Codage par Libella sur Graphiorum

▿ Date de naissance : 14/05/1995

Fourchette à droite, s'il vous plaît

L'accueil de Jo était de bon ton. C'était la première chose que la jeune femme pouvait établir par rapport à ce qu'elle avait appris auprès de celle-ci. Elle savait aussi qu'il convenait de répondre à ce qui lui semblait des banalités sur le même ton et en manifestant un intérêt à la fois sincère et mesuré pour la réponse qui était donnée. Ce n'était pas une information aussi précieuse que toutes pouvaient l'être, mais il fallait éviter de féliciter quelqu'un qui ne se portait pas bien. D'ailleurs, elle avait appris que de manière générale, on évitait de mentionner quand ça n'allait pas et que les personnes prétendaient souvent aller bien par politesse.

« Je f… », commença-t-elle avant de s'interrompre en se rappelant que le terme fonctionnait ne convenait pas aux humains. « Je me porte bien. Merci. »

Son propre ton manquait probablement de chaleur, mais ce n'était pas à cause d'un manque de reconnaissance ou de plaisir au fait de la présence de sa collègue. Elle avait simplement tendance à arborer un état neutre la plupart du temps. C'était le meilleur moyen qu'elle avait trouvé pour garder un semblant de contrôle. Il lui semblait tout-de-même avoir réussi le test pour ce qui était de l'accueil de base. Elle s'assit en tentant d'esquisser un sourire, dont elle savait que c'était l'une des mimiques qui était bien vues. Elle avait dû le travailler parce que les sondes n'avaient pas de muscles zygomatiques, et qu'elle n'avait donc pas appris ce que le sourire pouvait vouloir dire.

Jo ressemblait étonnamment à un professeur. Elle commençait par faire un bilan des acquis avant de poursuivre la leçon et quelque chose disait à Eve que c'était la façon normale de faire et qu'il ne fallait pas s'en offusquer. C'était un peu infantilisant, mais elle n'avait jamais reproché à personne d'agir avec elle de cette manière. De toute façon, à une époque elle était au service des humains. Et maintenant, elle savait que la plupart d'entre eux avait des connaissances sociologiques qu'elle n'avait pas et il était normal qu'elle soit considérée comme jeune à ce titre. Elle avait tout à apprendre.

« D'abord, je me souviens que tu m'as dit que certaines dames avaient des discussions sur des sujets totalement inintéressants comme qui se marie avec qui. Et je me souviens même que tu m'as dit que ce n'était pas grave si on ne parlait pas de ça et que ça ne te gênait pas. Je n'ai toujours pas compris pourquoi j'aurais voulu parler de ça, mais je me souviens que c'est ce que tu as dit. Tu as dit qu'on pouvait aussi parler de l'orage et du soleil, je crois ? Quelque chose de ce genre. Et puis ses passions et ce qui nous plaît, apprendre à connaître l'autre. Et aussi prendre des nouvelles, je crois. »

▿ Date de naissance : 18/08/1999

Fourchette à droite, s'il vous plaît

Jo avait bien sûr relevé depuis longtemps la neutralité d’Eve. Si elle ne savait pas précisément que c’était la façon dont celle-ci cherchait à garder un semblant de contrôle, elle était cependant bien consciente que pour inapproprié que cela pouvait paraître aux yeux de certains, cela pouvait cacher bien des choses. Chez certains humains, c’était une forme de carapace, souvent une façon aussi de dissimuler une différence.

« J’en suis heureuse » fit-elle simplement à la réponse d’Eve sur la façon dont celle-ci se portait. Si elle avait soupçonné un mensonge, elle aurait peut-être cherché à creuser, mais ne tenait pas non plus à mettre son interlocutrice mal à son aise et sentait bien que ce n’était pas un sujet qui la passionnait.

« Oui, effectivement, avec certaines dames, c’est un passage obligé, mais ça n’est pas mon cas. Tu te souviens bien. Eh bien, parfois, on peut ne pas être intéressé par un sujet, mais il peut se trouver qu’il soit de circonstance, qu'il soit approprié. Plus généralement, on s’adapte aux personnes avec lesquelles on se trouve et leurs centres d’intérêts. C’est exact pour l’orage, le soleil, c’est ce qu’on appelle parler de la pluie et du beau temps. C’est généralement un thème assez passe-partout… Si on ne sait rien de notre interlocuteur, sans être forcément intéressant à proprement parler, il peut être très pratique. Tout ce que tu dis est exact. Ce n’est pas vrai avec tout le monde, mais en principe, il est bien de faire parler son interlocuteur de lui-même. Et connaître les centres d’intérêts et passions de celui ou celle avec qui l’on parle est une bonne manière de savoir de quoi on peut parler, quelles activités on peut faire avec cette personne. Ça permet de savoir aussi ce qu'on a en commun et donc derrière, de créer des amitiés. » acquiesça-t-elle, tout en précisant certains points.

« On est dans un salon de thé, donc on doit commander au moins quelque chose à boire. C’est une question de goût, d’envie du moment, parfois aussi de budget. Si tu as besoin d’explications sur la carte, n’hésite pas à m’en demander. Plus généralement, pour la suite de cette séance, je vais te laisser mener un peu la conversation, pour voir comment tu t’en sors. Et te guider bien sûr si je vois que ton attitude ne convient pas ou reprendre en main la conversation si je vois que tu arrives au bout de tes idées. » expliqua-t-elle.

A force de vivre ici, Eve avait sûrement acquis des notions de savoir-vivre sans que Jo ne le sache, il n’y avait donc qu’en la voyant agir, parler, qu’elle saurait quelles notions elle devait apporter en plus ou corriger.

« Pour moi, ce n’est pas grave, mais sache que quand tu parles d’un ton très neutre comme tu l’as fait tout à l’heure, ça ne sera pas toujours bien reçu par tout le monde ou du moins, ça peut tenir à distance certaines personnes. D’autres sauront que ça fait partie de ta manière de faire face aux relations humaines. » tînt-elle à l’informer, qu’elle ne soit pas surprise si cela venait à être mal reçu à un moment donné par quelqu’un, surtout si elle commençait à vouloir se faire des amis, approfondir les relations qu’elle avait.

Codage par Libella sur Graphiorum

▿ Date de naissance : 14/05/1995

Fourchette à droite, s'il vous plaît

L'adaptabilité était peut-être la chose avec laquelle Eve avait le plus de mal. Elle aurait voulu qu'il n'y ait qu'une règle à respecter et que ce soit tout le temps comme ça. Ce serait infiniment plus facile que de devoir deviner ce qu'il conviendrait de faire avec une personne ou avec une autre. Et cela lui semblait vraiment hasardeux comme façon de fonctionner. c'était comme s'il fallait discuter avec une personne en amont afin de pouvoir discuter avec elle. C’était une image qu'elle avait et qui était peut-être plus ou moins proche de la réalité, mais qui avait au moins le mérite de mettre un visuel sur un comportement. N'empêche, ça la perturbait beaucoup.

« C'est une chose avec laquelle j'ai toujours beaucoup de mal. Comment peut-on savoir de quoi parler avec une personne alors qu'on ne la connaît pas, si on doit s'adapter à ce qu'elle aime ? Est-ce qu'il faut systématiquement demander de quoi la personne a envie de parler ? Je peux faire ça. »

Elle pouvait suivre un schéma bien établi ou prendre des décisions à l'aide d'un arbre qui lui donnait des informations précises sur ses différentes branches. Les comportements automatiques qui induisaient d'autres comportements automatiques correspondaient à ce qu'elle pouvait établir de mieux. Mais ça ne voulait pas dire que c'était la bonne solution, elle s'en rendait compte. Ça pouvait l'être mais elle n'en était pas sûre. Les humains étaient bien compliqués mais elle s'était promis d'apprendre à domestiquer cette façon de communiquer, et elle y parviendrait.

« Parler de la pluie et du beau temps, c'est ça. Il faut que je retienne cette expression. Et quand est-ce que je bois dans la tasse ? Avant ou après avoir parlé de la pluie et du beau temps ? »

Apparemment, cela pouvait vexer quelqu'un si on se mettait à boire ou à manger quand on avait quelque chose devant son nez pour le faire alors que l'autre personne parlait. Pourtant, il lui semblait que c'était un endroit pour boire et manger. Cela la rendait vraiment perplexe. Elle mit le nez sur la carte et retrouva quelques-unes des saveurs dont elle avait entendu parler monsieur Marsh. Elle savait donc à peu près quoi choisir pour ne pas être déçue, même si elle était reconnaissante à la jeune femme de vouloir l'aider à faire son choix.

« Ca devrait aller. J'ai été postée ici. Monsieur Marsh m'a beaucoup expliqué les différents thés et il m'en a fait goûter certains. Je te remercie. »

Important de remercier la personne qui prenait soin de vous. Elle le savait. Elle essayait de ne pas l'oublier, même si elle trouvait parfois que cela faisait beaucoup de remerciements. Elle se demanda si cela ne finissait pas par lasser les gens. Pendant qu'elle se décidait à choisir, sa collègue l'informa que le ton un peu trop neutre dont elle avait fait preuve et qui manquait un peu de chaleur pouvait poser problème à certaines personnes. Eve la regarda avec surprise. Elle n'avait pas voulu être désagréable, bien au contraire.

« Est-ce donc négatif de dire les choses de façon neutre ? Si c'est neutre, comment cela pourrait être positif ou négatif ? »

▿ Date de naissance : 18/08/1999

Fourchette à droite, s'il vous plaît

Jo écouta attentivement les questionnements d’Eve, afin d’y répondre au mieux.

« C’est pour ça que quand on ne connaît pas quelqu’un et qu’on ne va pas parler longtemps ou n’a pas le temps d’apprendre à la connaître, on utilise des sujets passe-partout, comme la pluie et le beau temps. Mais, tu as raison, en dehors de quelques sujets qu’on peut considérer comme assez universels, lorsqu’on ne connaît pas quelqu’un, à moins de l’avoir observé en amont, on ne sait pas forcément ce qu'il ou elle aime ou non. C’est pour cela aussi que lors d’une première rencontre, on essaie de connaître les passions, centre d’intérêts de son interlocuteur, des questions qui peuvent permettre justement d’apprendre à le connaître. On repère une personne qui n’aime pas parler d'elle parce qu’elle ne s’étendra pas sur le sujet, fera plutôt parler son interlocuteur ou même refusera de répondre à une question qui lui paraîtra trop personnelle. »

C’étaient des exemples d’attitudes qu’elle donnait, elle n’en avait peut-être pas fait le tour chacun réagissant à une même situation à sa manière. Elle pensait néanmoins que cela donnerait l’idée générale à Eve ou l'espérait tout du moins.

« Tu peux boire avant ou après avoir parlé, mais pas parler à l’instant où tu portes le verre ou la tasse à tes lèvres. Ni boire avant que les autres n’aient été servis. Dans une fête, il est courant qu’avant de commencer à boire, on trinque, c’est-à-dire qu’on lève son verre à quelque chose qu’on veut célèbrer ou qu’on l’entrechoque avec ceux des autres personnes présentes. Et effectivement, il faut montrer une attitude attentive lorsque les autres parlent, donc parfois, on meuble aussi les blancs de la conversation en buvant. Même s’il y a des règles générales, il est vrai que dans les relations humaines, il faut s’adapter en permanence, chacun réagissant à une même situation à sa manière, en fonction de son vécu. Donc quand on voit qu’un sujet ne convient pas, on en change, quand on voit que notre attitude est mal perçue, on essaie de la corriger avec cette personne,… » expliqua-t-elle.

Le jeune écrivain avait donc proposé son aide à son interlocutrice face à la carte, sachant qu’il n’était pas toujours facile de faire un choix. Apparemment, son élève semblait se sentir à l’aise sur ce chapitre.

« Mais, je t’en prie »

La jeune femme savait bien qu’Eve n’avait pas voulu être désagréable, le problème, c’étaient les gens qui extrapolaient à partir de détails qui aurait dû être insignifiants.

« Quand tu parles de la pluie et le beau temps, que tu ne marques pas d’émotion n’est pas important. Mais, en dehors de sujets comme celui-là, les gens s’attendent à ce que tu montres une expression, une émotion, voire que tu sois chaleureuse. Certains penseront que tu cherches à cacher quelque chose si tu adoptes un ton neutre. En réalité, il n’y a rien de mal à parler ainsi parce qu’on n’est pas à l’aise, le problème, c’est que certaines personnes reçoivent mal cette attitude parce qu’ils l’interprètent de manière erronée. » expliqua-t-elle de son mieux.

« Je sais que ça peut être un peu... compliqué les relations humaines. N'hésite pas à me le dire si je te donne trop d'informations d'un coup » rajouta Jo, consciente qu'elle parlait beaucoup.

Codage par Libella sur Graphiorum

**Contenu sponsorisé**