Lucius peut tolérer beaucoup de choses, mais il n’accepterait qu’on dise de lui qu’il a été un mauvais père ou un mauvais époux. Il avait fait des choix douteux, certes, mais ça n'enlève rien à ses qualités en tant qu’homme de famille. Le Malefoy pouvait même aller jusqu’à se considérer comme étant l’un des mangemorts qui, à l’époque, disposait encore d’une certaine forme de lucidité et d'humanité. Enfin… Vous voyez. Il est, certes, exigeant, sévère et plutôt froid, mais il chérit sa famille comme il le peut, prêt à beaucoup pour s’assurer de son bien-être. Il aime comme son père le lui avait montré : mal. Drago en est la preuve. Il aurait préféré le tenir loin de la Marque des Ténèbres et des déboires du Seigneur, mais certaines choses étaient hors de son contrôle une fois les faits accomplis. Il aurait fallu réfléchir avant.
Cela dit, il n’avait pas tellement essayé de se rattraper avec Scorpius qu’il couvait de la même sévérité. Mais Scorpius ne disposait pas la même carapace que son père et, étonnement, Lucius ne restait pas de marbre lorsqu’il voyait ses traits se tordre sous une certaine peur. L’homme n’a pas spécialement l’intention de changer ses manières, mais Cissy l’a un peu forcé à comprendre qu’il faudrait le prendre avec des pincettes pour ne pas le faire fuir lorsqu’il le reverrait. Les grands-pères de ce monde ne feraient pas la file pour avoir un petit-fils comme Scorpius, mais il n’en reste pas moins de son sang. Et apprendre qu’il est lui aussi ici, qu’il vit dans une beach house qui n’avait rien du manoir et qu’il est encore, supposément, en un morceau a libéré ses épaules d’un poids. Plus il peut avoir ses proches à l'œil, moins il anticipe les représailles de Voldemort. L’idée de lui faire face à nouveau le terrifie, on ne peut dire le contraire, mais Lucius reconnait que ce nouveau monde lui offre une plus grande marge de manœuvre et, pour son orgueil et pour chacun de ceux qu’il porte dans son cœur étroit, il ne partirait pas la queue entre les jambes et les yeux au sol.
À sa demande, les bonnes ont préparé le nécessaire pour l’arrivée de Scorpius, entre le thé à l’anglaise et quelques pâtisseries. Il a même mis de côté quelques trouvailles dont il souhaite lui faire don, comme avec un peu d’espoir qu’il puisse partager son amour pour les antiquités. Lucius prévoit lui proposer de venir s’installer au manoir, mais il ne compte pas trop sur une réponse positive. Tandis qu’il a le nez plongé dans un journal (moldu, on fait avec les moyens du bord…), une des domestiques entre dans la pièce au décor sombre pour l’aviser de l’arrivée du garçon. « Faites-le entrer. », somme-t-il, accompagnant ses paroles d’un geste de la main, ce qu’elle fit sans se faire prier. Lucius replie son journal qu’il va distraitement jeter dans le feu du foyer pour le nourrir avant que son petit-fils n’entre dans son champ de vision. Quand ses iris croisent la chevelure quasiment blanche et les traits bien Malefoy du jeune adulte, il peine à cacher sa surprise. La dernière fois qu’il l’avait vu, il ne devait pas avoir plus de douze ans… ou peut-être quatorze ? Il ne sait plus, mais ce n’est pas important pour l’instant… Son regard, contre toutes attentes, s’adoucit un peu. S’il essaie de sourire ne serait-ce qu’un peu, ses lèvres s’affaissent aussitôt. C’est si peu naturel chez lui, dans de telles circonstances, mais il n’en est pas moins… Heureux ? « Tu n’es plus l’enfant dont je me souviens, Scorpius. », laisse-t-il tomber d’un ton calme. Malgré sa propre jeunesse renouvelée, Lucius vient de prendre un coup de vieux. « Qu’attends-tu ? Assieds-toi. », somme-t-il en posant une main contre le haut de son dos pour le mener au fauteuil qui fait face au sien.
(c) DΛNDELION
tea & memories | ft. Scorpius
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