Marin un jour, marin toujours (Leodagan)

Marin un jour

Marvin & Leodagan ;

L’armée. De toutes les institutions, c’était la dernière à laquelle j’aurais pensé pouvoir être rattaché. J’avais toujours eu de la peine avec le concept d’agression physique encore moins si c’était pour agrandir un territoire au prix de nombreuses… très nombreuses vies humaines. C’était d’un puéril et primaire. Cela manquait terriblement de finesse et d’originalité. Pour moi, un combat ne pouvait avoir de la valeur que sur un plan intellectuel et les challenges ne se valaient que s’ils consistaient à améliorer la vie de tous et garantir la survie de toutes les espèces. Jamais je n’aurais donc pu m’imaginer que je m’y engagerais. Et même si mon cerveau avait été boosté en laboratoire à de fins militaires, jamais je n’aurais pu imaginer être attaché à cette institution d’une quelconque manière. Tout du moins pas avant que je ne rencontre le manchot qui allait changer ma vie, mon très cher ami Skipper.

Skipper avait toutes les qualités que l’on prête d’ordinaire à un officier de la marine. Courageux et dévoué, il se pliait en quatre pour aider les personnes dans le besoin par des actes désintéressés. Pour lui, tout ce qui comptait était de garantir la sécurité et la justice dans notre petit zoo de Central Park. C’est lui qui m’avait transmis ces quelques valeurs qui étaient devenues si cruciales dans mon existence. Je me sentais enfin utile à quelqu’un. Je n’étais plus une arme de destruction massive mais bel et bien un agent de la paix au service du plus grande nombre. Durant des années, utiliser mes capacités intellectuelles pour faire le Bien m’avait apporté tant de bonheur.

Et puis, il y eu ce jour tragique où tous mes rêves furent brisés. Un simple déclic dans mon cerveau et je m’étais transformé en monstre, en véritable machine à tuer. J’avais tué tellement de monde dans ma folie. J’étais persuadé que rien ne pourrait jamais laver le sang que j’avais sur les mains. Aujourd’hui encore, j’étais hanté par toutes ces images horribles et l’envie de me racheter. Cette envie de me dépasser et de sauver bien plus de vies que je n’en avais sacrifiées.

J’avais trouvé un certain équilibre dans le domaine de la médecine. Et la recherche me passionnait toujours autant. Mais il y avait quelque chose qui me manquait malgré tout. Cette petite impression de déjà-vu qui avait fait tout le sel de mon existence. Ce n’était donc peut-être pas un hasard si je me retrouvais toutes les semaines au terrain d’entraînement sportif pour suivre les séances données par un coach qui avait tout d’un officier de l’armée. A bien des égards, il me faisait beaucoup penser à Skipper. Je pensais alors avoir retrouvé mon vieil ami même s’il s’avérait avec le temps qu’il ne s’agissait pas de cela. Je continuais cependant à observer ces petits spectacles de loin, me demandant si un jour il finirait par me remarquer. Je ne savais pas très bien si c’était ce que je désirais ou non. Seul l’avenir me l’aurait dit.

L’avenir frappa un jour à ma porte. Les sportifs s’entraînaient avec des ballons, un petit tour de chauffe traditionnel avant de passer aux choses sérieuses. Puis, soudainement, l’un d’entre eux fut tiré dans ma direction. Je l’arrêtais miraculeusement avec mes mains et attirais toute l’attention sur moi. Je descendis alors des gradins pour me diriger vers le coach. Hésitant, je finis par lui donner le ballon.

« Je… je pense que ceci vous appartient. »
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b l a c k f i s h

Marin un jour

Marvin & Leodagan ;

A ne pas en douter, l’homme qui se trouvais en face de moi était un dur à cuire. Du genre de ceux qui ne se trouvait pas à chaque coin de rue. Certains auraient dit qu’il correspondait totalement au cliché du soldat. Mais il y avait quelque chose de péjoratif dans le terme cliché et je n’adhérais pas du tout à cette théorie. Oh peut-être avais-je été assez bête durant mon enfance pour le croire mais j’avais rapidement changé d’idée. Il faut dire que pour avoir été la nageoire droite de Skipper, j’avais eu tout à loisir d’admirer ce que les qualités de force physique et de courage pouvaient accomplir dans un milieu aussi dur que celui que pouvait être l’armée. C’est pourquoi, bien que surpris par son geste de percer le ballon, je l’avais été beaucoup moins par sa décision d’envoyer ses jeunes recrues courir pour expier leur faute. Lorsqu’il me demanda ce que je faisais là, je restais un moment bête. Je ne savais pas réellement comment répondre à cette question. Je comprenais que ma présence pouvait au mieux le surprendre, au pire l’agacer. Je n’étais qu’un inconnu après tout. Je haussais alors simplement les épaules avant de laisser un sourire éclairer mes lèvres.

« Ma réponse va sans doute vous surprendre… c’est la nostalgie de l’armée qui m’a conduit ici. »

Je me rendais compte que ma réponse était totalement déplacée. Après tout, avais-je réellement le droit de me trouver en un pareil endroit, moi qui n’étais plus qu’un civil depuis longtemps.

« Rassurez-vous, ce n’est en aucun cas de l’espionnage. Je ne travaille pas pour l’ennemi. Je suis plutôt admirateur du travail que vous accomplissez avec eux. Vous semblez posséder toutes les meilleures qualités d’un leader. »

Je regardais alors les soldats effectuer des tous de piste. Sévère, il devait l’être bien évidemment. Mais n’était-ce pas tout ce qu’on attendait de lui finalement ? De plus, j’avais pu remarquer des progrès chez ces jeunes recrues au fur et à mesure des semaines. Preuve en est qu’il devait être drôlement efficace.

« Je ne vais pas vous mentir, cette vie me manque parfois un peu. J’ai été soldat durant de nombreuses années et je me demande encore actuellement si je ne fais pas fausse route en la délaissant totalement. »
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b l a c k f i s h