Mother, make me Make me a big grey cloud So I can rain on you things I can't say out loud
Sa mère est la femme de sa vie. Elle la lui avait donnée et s’était battue pour lui alors que les circonstances lui tournaient le dos, il lui devait bien cet honneur précieux. Là-bas, le garçon qu’il était avait tout fait pour la protéger à sa façon d’un entourage qui ne lui était que trop insidieusement hostile, si peu digne de confiance. La bienveillance n’avait jamais frôlé le regard qu’il posait sur son propre père, son grand-père ou sur n’importe quel homme ayant adressé la parole à Alicent. Criston Cole, qui avait adopté malgré lui le rôle de figure paternelle, était bien la seule exception. S’il avait fallu qu’Aemond mette le Donjon Rouge, voire même Westeros tout entier, à feu et à sang pour sa mère, il l’aurait fait sans hésiter. Mais s’il se veut être pour elle un rempart solide, une épaule sur laquelle se vider quand le monde devient trop lourd à porter, Aemond est incapable de lui demander la pareille, gardant sa vulnérabilitée tout au fond de lui. La lui montrer reviendrait à affirmer sa faiblesse et à l’inquiéter inutilement. Même lorsque le mestre avait refermé son œil au fil et à l’aiguille avec à peine d'anesthésie, il avait pris sur lui pour la protéger.
Aemond a invitée Alicent dans un petit café luxueux qu’il fréquente parfois pour réviser ou lire tranquillement entre deux cours d’université. Il leur a réservé un petit espace de coworking à l’écart où ils pourraient parler un peu plus intimement. Il aurait pu la rejoindre à la maison, mais il préférait éviter que les enfants ou Aegon viennent les déranger. Pour la première fois, les rôles sont inversés et le Targaryen a accepté de lui révéler un peu des maux qui le rongent. Des maux qui, surtout, naissent de l’inquiétude qu’il se fait à l’égard d’une personne qu’il aime d’un amour plus grand que lui et qui le confronte à son incroyable impuissance. S’il a laissé tombé Aegon qui refuse de s'aider, il s’accroche fermement à Peter dont il supportera le poids autant qu’il le faudra pour lui permettre de garder la tête hors de l’eau et de voir enfin que sa vie vaut la peine d’être vécue pleinement, encore plus s’il est persuadé de la perdre bientôt. Ce serait mentir de dire que la situation ne lui crée aucune frustration, aucune colère qu’il se force à ravaler, mais c’est normal, peut-être. Aemond est encore très jeune et, résultat d’une naïveté qui va de pair avec le début de la vingtaine, beaucoup d’outils lui manquent.
Ce qu’il craint surtout, alors qu’il change distraitement la photo de Peter qui décore le lockscreen de son téléphone, c’est de révéler à sa mère qu’il ne partage pas sa vie avec une jeune femme de bonne famille. Que celui à qui il aurait probablement déjà demandé la main si les temps n’étaient pas aussi troubles n’a rien de ce qu’elle imagine pour lui. En termes westerosis, le Pettigrew vaudrait probablement aux yeux d’Alicent rien de plus qu’un bâtard. Ça ne l’empêche pas, par contre, d’espérer que le temps lui prouve le contraire. Alicent l’aimerait toujours, il n’en doute pas une seconde, mais les mœurs dans lesquelles elle avait été élevée collent à la peau. Il avait beau n’avoir que dix ans à l’époque, les ouï-dires de cour qui circulaient parfois dans les couloirs au sujet de son beau-frère Laenor lui revenaient à l’esprit. Rien pour le rendre confortable.
Lorsqu’il lève la tête et qu’il la voit entrer dans le café, il se lève et s’appuie contre le cadre de la porte du cubicule, les bras croisés, en attendant qu’elle le remarque. Il ose un signe de la main et, dès qu’elle arrive à sa hauteur, il l’accueille d’un fin, mais sincère, sourire et d’un baiser sur la joue. « Merci d’être venue, maman. », laisse-t-il tomber, quasiment solennel, avant de lui tendre la main pour l’inviter à s'asseoir à côté de lui. « Je t’ai commandé ton café et ta pâtisserie préférés, ça ne devrait pas trop tarder. », l'informe-t-il en jetant un œil derrière elle, avant de refermer la porte du cubicule et de retourner s’asseoir. Son regard est moins solide qu’à l’habitude, passant pensivement de sa mère à son téléphone, posé face contre la table. « Dis-moi, tout va bien pour toi ? », qu’il questionne pour tâter le terrain, comme s’il espérait qu’aujourd’hui ne soit pas le bon jour pour lui en parler.
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Pierced through the heart, but never killed | ft. Alicent
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