T’as longuement hésité… enfin… pas tant sur le fait d’agir que sur la manière de faire. Tu as toujours été trop dramatique pour ton propre bien, Leta, on te l’a d’ailleurs reproché plus d’une fois… il ne fallait pas s’étonner en conséquence des divers stratagèmes qui t’ont traversé l’esprit au moment d’envisager la meilleure manière d’officialiser vos retrouvailles. Première chose, tu n’en as pas parlé à Theseus. Tu le sais pertinemment, une telle démarche et d’un égoïsme sans nom, mais tu voulais pouvoir le retrouver seule, sans que plane autour de vous l’ombre certes bienveillante mais également accaparante de ton fiancé. Ensuite, tu as envisagé de passer son entretien d’embauche sous un faux nom, pour de vrai, juste pour te donner une excuse… Mais finalement, tu as choisi une entrée en matière plus sobre…. Moins manipulatoire, peut-être également… que Newt mérite plus que largement.
A travers des quelques informations que tu es parvenue à récolter çà et là, tu es parvenue à trouver son adresse, et c’est donc sa porte que tu te trouves à présent, le cœur battant. Tu portes, pour l’occasion, une robe élégante, pris grand soin à ta coiffure autant qu’à ton maquillage. C’est un fait, un fait que tu pourrais difficilement nier à l’heure actuelle – tu veux lui plaire, lui laisser une impression marquante, habiter ses pensées après ton passage… Tu n’as pas la moindre idée de ce que vous vous direz, ni de ce qui vous attend… Tu as encore moins idée de ce qu’il pense savoir de toi, ce cette fin qu’il t’a connue et que toi-même tu ne te remémores pas véritablement avoir rencontrée, dissipée dans les vapeurs d’un songe de moins en moins réel à mesure que le temps passe.
Ton doigt suspendu au-dessus de la porte, tu te satisfais quelques secondes du vertige de l’inconnu, incapable de savoir plus précisément ce qui t’attend réellement de l’autre côté… mais au fond si impatiente de le découvrir… Dans cet instant suspendu, tu peux tout t’imaginer, tout est encore possible… Bientôt, le champ des possibles se cantonnera à ce que tu capteras dans ce regard qui, comme toujours, sera fuyant. Une seule façon de le savoir. Ton souffle suspendu retrouve un rythme relatif au prix d’une longue inspiration, même si tu oublies néanmoins d’expirer au moment de frapper à la porte.
Tu entends du mouvement de l’autre côté. Il est là. Et après quelques secondes d’une attente qui te semblera durer bien plus longtemps, il finit par t’ouvrir. Il n’a pas changé le moins du monde, et ce seul constat a immédiatement le don de te faire sourire, un sourire doux, fugace, dont le fantôme flotte dans ton regard.
"Bonjour, Newt."
Et si elle n'a pas tant à raconter... toi, Queenie, de ton côté, on peut dire en revanche que tu en as, des choses à dire. Et plus d'une.
Newt Scamander trônait sur une chaise en bois à côté d’une des fenêtres de son salon qui se trouvait directement sur la gauche lorsque vous entriez. Armée de son carnet de chercheur et d’un stylo, il observait un phénomène qui était à la fois étrange et fascinant pour lui. Il avait découvert il y a trois jours que des fourmis avaient visiblement fait leur nid dans l’embrasure en bois de la fenêtre. L’entrée se trouvait dans le coin droit en bas. Les canaux de la fourmilière devaient probablement filer jusque dans les plinthes ainsi que dans le coffret de la fenêtre qui cachait le volet déroulant. La veille, il avait arraché une partie de la plinthe pour confirmer sa théorie. Voir qu’il avait eu raison lui arrachait un sourire avant qu’il ne consigne le tout dans son carnet accompagné d’un croquis. Les fourmis s’étaient agitées dans la panique, mais Newt s’était empressé de remettre la plinthe comme il fallait. Tâchons de ne pas les perturber davantage ! Il avait été cependant fasciné par la complexité de la fourmilière, ou du moins de la partie qu’il avait pu observer. Aujourd’hui, il était plus occupé à analyser leurs entrées et leurs sorties de leur lieu de vie. Quand les fourmis ne formaient pas un cercle ou ne faisaient battre leurs antennes (Newt déduisit qu’elles communiquaient ainsi), elles ramenaient sur leur dos divers miettes et autres matériaux bien plus lourds qu’elles. Un énième point qui eu le don d’émerveiller Newt qui notait absolument tout dans son carnet à coup de croquis légendés. Si beaucoup s’étaient profondément ennuyés de cette observation et/ou avaient tout fait pour déloger les fourmis et détruire la fourmilière, ce n’était pas du tout le cas de Newt qui les laissait là. Après tout, il n’avait pas plus de droits de propriété qu’elles — elle était sur son territoire autant que lui était sur le leur alors… Autant cohabiter dans la paix. Il fallait surtout retenir qu’il était très difficile de le sortir de son activité de chercheur. Même son chat n’arrivait pas à attirer son attention alors qu’il miaulait passablement fort ou se frottait contre ses jambes avant de trouver une place sur ses cuisses. Il avait faim et le faisait savoir en mordillant le poignet de son maitre. « Deux minutes, Chichi. » Les fourmis ramenaient cette fois-ci le cadavre d’un autre insecte et Newt était trop curieux de voir comment elles allaient le traiter pour considérer les exigences de son chat en priorité.
Les fourmis allaient pourtant devoir attendre. Parce qu’on frappait à sa porte. Newt s’était tellement enfermé dans son monde que ce bruit si soudain le fit sursauter. Le cri de surprise qu’il avait poussé dans la foulée avait fait fuir autant Chichi que les fourmis. Qui cela pouvait-il bien être ? Il n’attendait personne en particulièrement et surtout, il était passablement irrité qu’on soit venu le déranger. Le temps de retrouver ses esprits sur la marche à suivre (qui n’était pas bien compliquée puisqu’il s’agissait simplement d’ouvrir la porte), Newt passait sa main dans ses cheveux avant de se lever d’un bon. Il posait soigneusement son carnet avec son stylo sur la table, rattachait un bouton de sa chemise qui était un peu débraillée. Il gardait cependant ses manches retroussées jusqu’à ses coudes. « Bon, bon, bon… » Oui, il était un peu déboussolé par cette simple visite impromptue. Par exemple, il n’arrêtait pas de reprendre et poser son carnet dans un tic nerveux, sans manquer de faire un tour de la table à la recherche de dieu seul sait quoi, de prendre d’autres objets dans son bazar ordonné et de le poser ailleurs avant de remettre ledit objet à sa place initiale en l’espace de quelques secondes. Puis, il avait brièvement oublié les raisons de ce remue-ménage et… Ah oui ! La porte ! A grand pas, il se dirigeait vers elle et l’ouvrait à la volée.
Newt eut le souffle coupé. Il s’était même figé d’un seul coup, stoppant ainsi son hyperactivité nerveuse qu’il eut quelques secondes auparavant. « Bonjour, Newt. » Il ne bougeait pas, n’arrivait à formuler aucune pensée claire. Un frisson douloureux courrait même sur sa peau. Une vague de chaleur inexplicable à la fois chaud et d’une froideur lugubre le traversait par à-coup. Il ne comprenait pas ce qu’il se produisait en lui. Ca n’avait pas de sens ! Mais l’intensité était déconcertante. Au point qu’il en oubliait presque de respirer. Leta ne pouvait pas être là. Elle ne devait pas être là. Ou peut-être que si… ? Non… Elle était morte. Sous ses yeux. Ceux de Theseus. Non. Non. Non. Elle n’avait pas le droit d’être là. De ruiner tout le travail qu’il avait fait sur lui pout enfouir son souvenir au plus profond de lui, pour que son fantôme ne perturbe pas son histoire avec Tina qui valait la peine d’être vécue. Leta était un spectre diablement et irrésistiblement égoïste. Toute la résilience de Newt venait d’imploser à cause de cette simple vision, magnifique au demeurant et qui le laissait pantois, et ces deux mots ridicules qui eurent bien plus d’effet sur lui que nécessaire. Un part de Newt voulait que Leta soit là. Qu’il le veuille ou non. « Leta. » parvenait-il enfin à lâcher après de longues secondes à l’observer, tenant encore dans sa main la poignée de porte entrouverte. « Je… Je ne m’attendais pas à te voir parce… » Se rendant compte de sa maladresse, Newt se grattait la tête tandis que son regard se dérobait comme à chaque fois. « Mh… C’est pas ce que je voulais dire… Euhm… » Il étouffait un bref rire nerveux, mais le sourire que cela provoquait, illuminait joliment son visage. Il perdait complètement ses moyens, comme toujours en présence de Leta. Ses pommettes s’étaient colorées d’un peu de rose ce qui poussait Newt a regardé encore plus ailleurs. « Ne reste pas là… Entre. » finissait-il par conclure tout en se poussant pour lui laisser le passage. Il était tenté de toucher son bras lorsqu’elle passait à ses côtés pour vérifier que c’était bien elle et non un fantôme ou une illusion de son esprit bien encombré. Trop timide, Newt ne le faisait pas, se contentant de refermer la porte derrière. « Excuse-moi, j’étais… occupé. A observer les fourmis. » C’était plus fort que lui, il fallait constamment qu’il se rabattre sur ce qui le rassurait le plus pour palier son stress — les animaux.
Tu laisses le silence vous envelopper sans le contrarier. Tu connais Newt, tu le connais bien assez pour savoir combien gérer une situation du genre doit être une puissante source de stress pour lui, et tu lui laisses le temps, un temps que tu consacres à l’observer attentivement, presque comme si tu le voyais pour la toute première fois. Tu es à l’affût, Leta, de tous les signes, de ce quelque chose dans son regard qui te confirmerait qu’il veut que tu sois là… mais il est toujours difficile de sonder le regard de Newt, car il est rare que Newt vous regarde droit dans les yeux… cela ne rend la chose que plus précieuse.
« Je sais… », tu dis doucement quand il te dit ne pas s’être attendu à te voir. Tu sais pourquoi. Tu sais ce que tu devrais être. Où tu devrais être. Theseus t’en a parlé. La vie t’a recrachée ici comme si la mort elle-même ne voulait pas de toi. Parce que tu n’as ta place nulle part, Leta. Ni parmi les morts, ni parmi les vivants. Et pour la peine, tu as l’impression d’être un peu des deux. Tu flottes au-dessus de la vie à la manière d’un spectre mouvant. Tu n’as presque pas de consistance… Spectre vivant.
« Merci, Newt », tu le remercies avec douceur avant de faire un pas à l’intérieur… Cet intérieur qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau.
Tu reconnais tout de Newt dans son nouveau chez-lui, et tu prends tout le temps qu’il faut pour en apprécier le moindre détail, avec une curiosité non feinte, tes yeux sombres balayant le moindre petit élément de décor. Indice de qui il est, de ce qu’il devient. Tu recherches aussi, admets-le, Leta, la présence d’une autre… comme cette jeune femme que tu avais entraperçue trop brièvement en sa compagnie, à Paris. Et tu te sens soulagée, c’est vrai, quand tu constates qu’elle n’a pas l’air de faire partie de son quotidien, ici. Ni cette Tina Goldstein, ni personne d’autre d’ailleurs.
« Et tu as appris des choses intéressantes ? » tu demandes avec un sourire attendri en t’avançant dans le salon alors qu’il t’apprend avoir été occupé… à observer les fourmis. Ça lui ressemble tellement… C’est si… lui… T’es définitivement pas surprise. Tu prends de toi-même le parti de t’asseoir sur une chaise que tu trouves dans le salon, prenant tout de même soin de vérifier au préalable qu’aucune créature, visible ou invisible, microscopique ou non, n’occupe déjà la place. « Je suis heureuse de te revoir. Tu as l’air en forme… »
Des banalités… mais qui ne sont qu’une manière douce pour toi de céder la place à des sujets plus complexes. Tu prends ton temps. Newt n’est pas si différent de ces créatures qu’il faut doucement apprendre à apprivoiser. Et tu n’as aucune intention de le brusquer, alors que tu devines quel bouleversement cela doit être pour lui que de te trouver ici.
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The taker and the giver (Newt)
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