Mission top secret [PV Marinette Dupain-Cheng]

Il fallait beaucoup pour que Françoise accepte de partager son secret avec quelqu'un. Pour son père adoptif, la question ne s'était pas posée. Il l'avait découverte en costume mais démasquée et blessée. Il avait forcément demandé des explications et c'était ainsi qu'il avait appris le secret de la jeune fille. En s'occupant d'elle et en acceptant de l'aider, il lui avait non seulement évité l'orphelinat, mais il lui avait permis de continuer à être discrètement la justicière qu'elle était. Finalement, il était clair que cette collaboration avait non seulement du sens mais qu'elle était bénéfique, tant pour l'un que pour l'autre.

Elle avait fini par s'ouvrir également à sa prof de sport après avoir appris que c'était une ancienne espionne et qu'elle avait des capacités à s'attaquer à des individus plus dangereux que ce dont Françoise avait l'habitude. Elle lui avait donné quelques bons tuyaux et Françoise avait apprécié. Mais ça n’avait rien de commun avec la troisième personne à connaître son secret, sa meilleure amie ici, Marinette. Marinette n'avait rien à voir avec Ficelle et Boulotte, ses meilleures amies à Framboisy. Les deux filles n'avaient jamais su qui elle était réellement et avait toujours admiré Fantômette de loin. Mais Marinette était différente.

Françoise avait compris rapidement qu'elle détenait aussi un secret. Malheureusement, son secret dépendait de pouvoirs qu'elle ne possédait plus. Elle ne pouvait donc retrouver sa position de justicière comme Françoise l'avait fait puisqu'elle n'avait, elle, aucun pouvoir. Au début, les deux filles s'étaient contentées de partager leur expérience dans la position de justicière, chacune dans leur propre univers et finalement, Marinette lui avait confié qu'il était difficile pour elle de ne plus pouvoir contribuer à la paix et à la sécurité comme elle l'avait toujours fait. Françoise lui avait fait valoir que ce n'était pas forcément en ayant des pouvoirs que l'on pouvait sauver le monde et qu'il suffisait parfois de pouvoir se concentrer un minimum et développer ses propres capacités pour y arriver. Elle avait proposé à Marinette de lui montrer quelques trucs en attendant le retour de ces pouvoirs.

C'était la raison pour laquelle elles arpentaient les rues de la ville cette nuit-là en cherchant une piste concernant une bande de fier-à-bras qui terrorisaient les élèves de l'école qui s'attardaient dans les rues trop tardivement le soir. Elle voulait aussi tâcher de voir si elle pouvait retrouver le fruit de leur rackets. C'était une mission idéale pour montrer les bases du combat pour la justice sans magie à Marinette. Avec un peu de chance, elles allaient même pouvoir affronter un individu qui montrerait à la lycéenne qu'on n’avait pas forcément besoin de pouvoir pour se battre.

« Alors, tu te sens comment ? Prête à combattre du voyou ? »

Françoise pouvait parfaitement comprendre que l'on puisse se sentir vulnérable quand on n'avait pas accès à tout ce qui faisait que vous étiez spécial. Si elle n'avait pas besoin de pouvoir pour assurer la protection des autres, malgré le soutien de Françoise, il était entendable que Marinette se sente désemparée en l'absence des pouvoirs qui lui avaient permis d'affronter les forces du mal dans son monde d'origine. C’était pour lui redonner confiance que la jeune justicière avait décidé de lui montrer qu’il était impossible de construire des choses et d'aider des gens sans posséder de magie. Marinette pouvait poursuivre son œuvre.

Certes, les choses étaient infiniment plus faciles pour Françoise qui n'avait jamais eu accès à la magie et qui se débrouillait seule depuis qu'elle était à l'école primaire. Par la suite, elle avait eu Ajax, mais son absence avait été moins difficile à supporter, compte-tenu du fait qu'elle avait connu une époque où elle avait agi sans l'aide de l'intelligence artificielle. Ça ne rendait pas forcément le changement de monde facile, mais ça lui permettait de voir d'un autre œil les difficultés que ça pouvait lui apporter. Elle avait envie d'en faire profiter cette justicière qui pensait que tant que sa magie n'était pas revenue, elle ne pourrait plus sauver les gens.

Évidemment, elle n'était pas sûre de se sentir prête. Françoise avait anticipé ses craintes qui lui faisaient penser à celle d'une enfant dont on avait ôté les petites roues du vélo. Marinette apprendrait à pédaler et quand les petits roues reviendraient, ce ne serait plus qu'un bonus et une facilité au quotidien, et non plus une nécessité. Elle lui sourit d'un air réconfortant et plein de compréhension. Elle avait un peu l'impression d'être une grande sœur et commençait à comprendre la beauté que cela pouvait être d'avoir un compagnon d'armes avec qui travailler au quotidien.

« Je sais bien que c'est difficile. Tu dois te sentir un peu vulnérable. Le plus important, c'est d’avoir toujours une solution de fuite et aussi que les autres ne voient pas ta vulnérabilité. Je joue souvent avec l'humour pour obtenir cet effet. En plus, ça décrédibilise. On me voit comme un petit lutin fripon et plus comme une adversaire dangereuse. Ça me donne des avantages. »

Fantômette avait l'habitude de grimper sur les hauteurs afin de voir loin ce qui pouvait se passer, et aussi de se mettre à l'abri facilement et rapidement. Mais elle n'avait aucun pouvoir particulier et se contentait de faire confiance à sa forme physique pour grimper et sauter. Cela impliquait de s'entraîner beaucoup plus mais ensuite, on n’avait plus besoin que de soi-même. Elle trouvait cela assez valorisant, sans compter la sécurité de pouvoir se reposer entièrement sur soi et aucun élément extérieur.

« Il suffit de savoir y faire. Le plus dur, c’est d’y grimper et d'en descendre. Une fois là-haut, tu trouves facilement un chemin pour circuler et au pire, il ne faut que quelques talents en gymnastique pour arriver à circuler sans aucun mal. Je vais t'apprendre. On s'approche de l'endroit où les racketteurs sévissent. Je vais t'emmener à un endroit où on pourra grimper facilement et se retrouver en hauteur. »

Marinette semblait manquer profondément de confiance en elle et c'était une chose que Françoise avait remarqué dès le début. Elle ne pouvait pas dire à quel point la jeune fille avait raison de se méfier de ses propres réactions, elle ne la connaissait pas assez dans le feu de l'action. Mais elle savait pertinemment que la meilleure solution était encore de faire face à l'adversité et essayer d'aller plus loin plutôt que de rester convaincu que on n'était pas capable d'y arriver. Il n'était pas impossible que la difficulté soit bien réelle pour elle, mais Françoise était prête à lui donner un coup de main et à la soutenir autant qu'il le faudrait.

« Tu n'es pas obligée d'utiliser les mêmes techniques que moi. Et tu sais, ça arrive à tout le monde de gaffer. Je ne te dis pas le nombre de fois où j'ai frôlé la mort parce que je suis stupidement tombée hors de ma cachette sans savoir comment je m'y étais pris. Petit à petit, tu développes quand-même un petit peu tes compétences. »

L'adolescente oubliait souvent que sa meilleure amie avait eu un partenaire en tant que super-héroïne dans son monde. Elle ne parlait là pas de la chose qui lui avait donné ses pouvoirs, mais d'une autre personne qui possédait des pouvoirs pour la même raison, a priori. C’était aussi quelqu'un qui utilisait l'humour pour se donner une contenance, visiblement. Françoise savait bien que ce n'était pas là son apanage mais quand on était jeune et peu crédible sur le combat au corps-à-corps, l'humour pouvait être un biais de distraction qui permettait de prendre l'avantage sans en avoir l'air. Il n'était pas étonnant que d'autres aient recours à ce genre de technique.

« Il doit te manquer, ton partenaire. Je n'ai jamais eu l'occasion d'avoir un partenaire régulier dans mes aventures nocturnes. On apprend à se débrouiller seul, mais il est dur de ne pas pouvoir partager ça avec quelqu'un. J'avais un ami qui connaissait ma double identité, un journaliste. Mais c'était un allié ponctuel bien davantage qu'un partenaire de combat dans l'action elle-même. C'est ce que j'avais de plus proche d'un vrai partenaire, en tout cas. »

Françoise avait déjà escaladé un mur pour peu qu’il ait suffisamment d'aspérités pour pouvoir le faire. Mais avec ce que Marinette lui avait raconté, elle en savait assez pour être à peu près sûre que ce n'était pas idéal de pousser son amie dans cette direction. Il valait beaucoup mieux choisir une façon de grimper qui corresponde davantage à ce qu'elle savait faire afin qu'elle ne renonce pas dès la première aventure et qu'elle s'accroche. Il était évident que la brune était beaucoup plus athlétique que sa camarade, mais elle s'adapterait. C'était une de ces forces, elle s'adaptait facilement aux situations.

« Quand un mur a suffisamment d'aspérités pour pouvoir s'y accrocher, il n'y a nul besoin d'une échelle. Mais si les murs sont bien lisses, il faut trouver d'autres techniques. Parfois tu peux monter sur des objets qui se trouvent sur place, ou monter sur un toit plus bas et elle est plus haut avec le temps, mais on trouve des techniques. »

La capacité de Françoise à se transformer en chat au sens figuré faisait peur à Marinette et la jeune fille le voyait bien. Elle aurait voulu la rassurer en lui faisant comprendre qu'elle n'avait pas l'intention de lui faire faire des choses au-delà de ces capacités, mais elle n'était pas sûre que la jeune fille puisse totalement être rassurée sur ce point. Ce dont elle était certaine, c'était que Marinette avait des capacités dont elle ne connaissait pas encore les détails précis. Elle avait bien l'intention que son amie en apprenne davantage sur elle durant son entraînement, mais elle ne savait pas encore ce qu'elles allaient découvrir et c'était pourquoi Françoise augmenterait la difficulté progressivement.

« Ne t'en fais pas, je n'ai pas l'intention de te faire faire des choses impossibles aujourd'hui. Je pense que tu n'es pas forcément capable de voir à quel point tu pourrais arriver à faire des choses mais ça viendra avec le temps. Regarde déjà par ici. »

Elle lui indiqua une maison ou des cartons étaient empilés qui formaient ce qui ressemblait un escalier atteignant le toit. Ce n'était pas très bien dessiné et ce n'était probablement pas la volonté du propriétaire de le faire, mais le toit n'était pas très haut et il offrirait quelque chose d'idéal pour montrer à Marinette qu'il était possible de grimper sur les hauteurs de la ville sans faire trop d'efforts par endroits. Elle l’entraîna à sa suite en sachant que depuis le toit, elles auraient déjà une vision différentes des alentours et de ce qui pouvait s'y passer.

Même sans être adroite et sans avoir développé de grandes compétences dans le domaine de l’auto-défense et de l’agilité, une justicière qui avait passé du temps à pourchasser les forces du mal avait forcément acquis une possibilité de penser de manière la plus constructive possible pour atteindre ses objectifs. Et elle le démontra en trouvant une solution qui n’impliquait pas son pouvoir magique. Un grappin était une bonne idée, même s’il pouvait parfois être compliqué de l’accrocher. Françoise en avait fait l’expérience autrefois pour démontrer sa propre innocence ou du moins, celle de son alter ego. Ce n’avait été que la première étape, évidemment.

« C’est une bonne idée, mais attention, il n’est pas toujours facile de l’accrocher. Ca ne marche pas à tous les coups. Mais c’est bien pensé. »

Il fallait reconnaître que le danger n’avait pas été du même niveau pour Françoise que pour Marinette. Elle avait plusieurs fois cru que la fin était venue. Sans l’intervention providentielle et parfois due au hasard d’une personne miraculeusement là, elle serait sûrement morte. Ce devait être une bonne chose d’avoir des pouvoirs qui vous protégeaient des situations les plus dangereuses. Françoise n’avait jamais imaginé ce que ça pourrait être d’être sauvée par une balle de ping pong, mais elle était certaine qu’elle aurait pu le découvrir à un moment ou à un autre. Elle avait utilisé des ustensiles plus curieux. Elle était douée pour faire preuve d’inventivité avec peu de choses.

« Il s’est passé quoi avant que tu n’arrives en ville ? Moi aussi, je suis arrivée ici dans un sale état. »

Elle l’écouta lui parler de ses alliés dans son monde. Il était tellement douloureux de partir loin de ses amis et de ses proches, mais quand il s’agissait d’alliés au combat, c’était encore pire. Marinette devait se sentir seule et démunie, sans même parler de la perte de ce qui lui donnait ses pouvoirs. Cette ville rendait parfois aux gens ce qu’ils avaient perdu, y-compris les personnes, mais pas toujours et pas selon un principe très clair. De fait, il était difficile de savoir si l’on pouvait espérer ou pas. Françoise n’espérait plus vraiment ses amies. Mais elle aurait été ravie de les revoir pourtant.

« J’espère pour toi qu’ils te réapparaîtront un jour. »

Si Françoise savait bien que ce ne serait pas facile pour Marinette de se mettre à la grimpette alors qu’elle n’avait jamais rien fait de tel de sa vie sans magie, elle était persuadée que tout était possible, pourvu qu’on mette en place ce qui était nécessaire pour cela. Elle choisit donc un chemin praticable. Il n’était pas question de la faire escalader un mur dès le premier soir, mais de lui montrer que les choses étaient possibles pour peu qu’on s’efforce de les faire. Elle grimpa et attendit patiemment sans l’aider que Marinette. Bien entendu, elle ne l’aurait pas laissée tomber, mais elle voulait qu’elle se rende compte de ce dont elle était capable.

« Je suis fière de toi », répondit-elle face à son enthousiasme une fois sur le toit. « Nous irons progressivement sur la difficulté, mais tu peux déjà voir que tu n’es pas nulle. C’est tout à fait ce que tu dis, il faut que tu croies en toi, ni plus ni moins. Et je sais que tu peux faire beaucoup plus que ce que tu ne le penses. Tu verras. C’est beau, n’est-ce pas ? Mais ce n’est que la première étape. »

Françoise n'avait pas la moindre idée du genre de choses qu'elle aimerait faire, une fois qu'elle en aurait terminé avec l'école. Il serait pourtant temps d'y penser, compte-tenu du fait qu’elles étaient en Terminale et qu'il allait bientôt falloir songer à son orientation et à la suite. Au moins, sa meilleure amie saurait quelle direction prendre ou si elle voulait devenir styliste. Françoise y réfléchissait et plusieurs options s'offraient à elle. Elle pouvait facilement intégrer quelque chose comme une société de sécurité ou la police. Mais développer ses compétences à visage découvert pourrait être un peu compliqué pour assurer sa mission de justicière.

« Je me demande souvent ce que je vais faire après l'école, moi. J'ai bien l'intention de rester une justicière, mais je me demande ce qui pourrait me plaire comme métier en parallèle. Je ne suis pas sûre que je devrais rester dans le domaine de la sécurité. J’ai peur que ça me trahisse. »

Mais en soi, elle lui faisait confiance pour adapter le grappin et essayer d'obtenir quelque chose qui soit à la hauteur et qui puisse se fixer facilement. Elle n'était pas certaine que ce soit un enjeu facile, mais ce n'était pas une mauvaise chose de ce donner des défis. La seule question qu'il était capital de se poser, c'était de savoir ce qu'on était prêt à faire pour aller jusqu'au bout. Évidemment, ce serait le genre de choses plus faciles à faire avec des pouvoirs magiques. Françoise n'en avait pas et elle n'en aurait jamais, mais ce n'était pas le cas de Marinette.

« Je suis impatiente de te voir avec tes pouvoirs à l'œuvre, mais il faut que tu saches te débrouiller de toute façon. Ce qu'on fait là te permettra d'être toujours au top et ta coccinelle ne sera qu'un bonus pour te rendre les choses moins compliquées. »

D’ailleurs, la preuve, c'était qu'elle se sentait éminemment fière en cet instant de ce qu'elle avait accompli toute seule. Enfin, ce n'était pas complètement toute seule, elle l'avait accompli avec l'aide de Françoise, mais c'était une expérience individuelle qui la renforcerait dans le sens où elle n'avait pas utilisé de pouvoir pour en venir à bout. Marinette était tellement enthousiaste qu'elle était déjà impatiente de passer à l'étape suivante. Cela fit rire Françoise. Elle espérait réellement que l'expérience soit plaisante pour la jeune fille. Quand elle parla d'augmenter la difficulté, Françoise mit un doigt sur ses lèvres et avança le long du toit.

« Maintenant, nous allons avancer doucement et essayer de repérer nos adversaires. Ils ne doivent pas être loin mais nous devrons peut-être changer de toit. Il faut être sur ses gardes et ne pas trop faire de bruit. S'ils nous repèrent, ce sera trop tard. Nous aurons déjà de la chance, dans ce cas, si nous nous en sortons en un seul morceau. »

Jusqu'à présent, la jeune fille n'avait jamais eu besoin de se poser la question de savoir si ses activités personnelles pouvaient poser un problème pour garder son identité secrète. Elle était une innocente lycéenne qui n'avait aucun souci pour dissimuler ses activités au quotidien, puisqu'elle apparaissait comme vulnérable et inoffensive. Elle n'allait pas dire qu'elle soit moins inoffensive en tant que Fantômette. En réalité, elle avait de la ressource mais ce n'était pas son côté menaçant qui avait le plus d'influence sur sa façon de gérer son combat contre le mal. Elle utilisait plus sa sagacité et sa ruse que la force brute.

« Disons que ça pourrait être utile d'avoir un pied dans ce genre de choses plutôt que de simples contacts, mais je ne sais pas à quel point ce serait nécessaire. En fait, ce qui me pose le plus de problèmes, c'est que je n'ai pas la moindre idée de ce que je voudrais faire et de ce qui pourrait vraiment me plaire. »

Elle avait un peu peur de finir par s'orienter dans un domaine qui ne lui correspondrait pas, simplement parce qu'elle n'arrivait pas a se décider. Elle se faisait certainement trop de soucis, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. C'était le genre de choses qui avait toujours fonctionné comme ça avec elle. Elle prenait la situation dans son ensemble et elle se mettait à cogiter dessus, en général, en évaluant ses capacités en dessous de leur véritable valeur. C'était un bon moyen pour être certain de ne jamais se laisser dépasser mais cela lui valait régulièrement de se voir reprocher d'être trop dur avec elle-même.

Elle n'était pas la seule dans ce cas et elle pouvait constater que Marinette venait de comprendre qu’elle aussi devait faire un effort et s'efforcer de voir ses qualités et ses capacités réelles plutôt que de craindre de ne pas avoir ce qu'il fallait. Ce n'était pas quelque chose de facile à faire, alors Françoise lui offrit un sourire d'encouragement. Elle était sur la bonne voie et s'il y avait bien une chose de sûr, c'était que la brunette serait là pour elle et pour l'inciter aller chercher plus loin et à comprendre mieux ce qui était précieux, si cela pouvait lui permettre de se sentir plus à son aise. Quand elle lui demanda de quoi il retournait exactement, elle haussa les épaules et parla à voix basse.

« Je ne sais pas exactement. C'est la tout le souci. Je suis ici pour enquêter, et quand on enquête, on n'a pas forcément les réponses. La seule chose dont je suis certaine, c'est que les personnes que je cherchais devaient se retrouver ici et qu'il vaut mieux qu'elles ne nous voient pas. »

La vie de Marinette avait l'air tellement plus simple dans sa façon de gérer de son quotidien et les nuances entre sa vie de justicière et les désirs de sa vie personnelle. Elle savait déjà dans quelle direction elle voulait s'engager et elle ne voyait pas de difficulté à vivre son quotidien de justicière en parallèle. Fantômette avait tellement toujours fait partie de Françoise à deux cents pour cent qu'elle n'arrivait pas à agir sans tenir compte de cette autre part d'elle-même. C'était quelque chose qui donnait du sens à sa vie, mais elle devait trouver comment en donner autrement.

Elle réfléchit à ce que lui disait Marinette et il y avait une chose qui lui apparut soudain en évidence. même si elle n'avait jamais réfléchi à ce qui serait son parcours une fois les études obligatoires terminées, il y avait une chose qu'elle avait mise en évidence, c'était qu’Œil-De-Lynx avait passé du temps a la soutenir dans ces enquêtes pour ces articles Et qu'il l'avait fait au travers de son métier de journaliste. Superman aussi avec une couverture de journaliste. C'était peut-être une réponse qu'elle n'avait pas assez envisagé d'autant qu'elle aimait écrire et qu'elle avait un moyen efficace pour savoir si ce métier lui plairait.

Parce que Marinette avait raison en disant qu'il fallait avant tout que le métier lui plaise. C'était sa vie et il lui appartenait de la mener. En plus, elle serait coincée avec cette vie et ce métier pour toute son existence, du moins, tant qu'il serait dans ce monde. Vu les voyage qu'ils avaient déjà fait et toutes les anomalies qu'ils avaient rencontrés, Françoise n'était pas certaine qu'on ne leur réservait pas d'autres surprises, bonnes ou mauvaises, mais en attendant, elle était ici et c'était ici qu'elle devait assurer sa vie pour qu'elle soit la plus confortable possible.

« Tu as raison. Je me demande si je ne devrais pas me positionner sur le même métier que mon père. Journaliste. J'aime écrire et vu que contrairement à toi, ma vie de justicière fait extrêmement partie de ma personnalité. Ca me permettrait de l'exercer en étant sur des scoops. En plus avec un père journaliste, je pourrais facilement obtenir des stages pour savoir s'il y a des chances pour que ce métier me plaise vraiment et que ce soit vraiment ce que je suis censé faire. »

Des indices, elle en avait quelques-uns évidemment, mais le problème, c'était que l'individu n'était qu'en contact secondaire d'un réseau peu développé. Ce n'était pas un membre de leur équipe et dans tout ce qu'elle avait pu entendre, il n'y avait jamais été question de nom. le problème, était que du coup, elle n'avait aucun indice sur la personne à laquelle elle était censée s'attaquer. En plus, il était techniquement très improbable que cette personne soit intéressante à confronter. C’était celui avec qui elle avait rendez-vous qui avait le plus d'intérêt.

« Je n'ai aucune information de nom jusqu'à présent. Le contact dont on m'a parlé n'est qu'un intermédiaire et il n'est pas très intéressant. Nous sommes justement là pour découvrir à qui il va parler. C'est cette information là qui est capitale. »

Marinette les avait repérés à bonne distance. C'était bien joué mais le moment était venu d'observer et de prendre une décision pour la suite. Ce n'était pas cette transaction elle-même que Françoise cherchait à éviter heureusement mais il lui semblait que cette transaction était le prémices de quelque chose de beaucoup plus complexe et dangereux. Elle était à peu près sûre que les plans dont elle avait entendu parler allait être mené par l'organisation dont l'homme qui venait d'effectuer la transaction faisait partie. L'autre n'était qu'un gamin qui vend des quelque chose au nom de quelqu'un d'autre.

« Le type dont on m'a parlé, c'est celui qui a reçu l'argent », murmura-t-elle. « Mais il n'était qu'un indice pour obtenir une piste. Nous devons absolument suivre l'autre. Il nous mènera à son patron. Mais cela peut devenir dangereux à ce niveau, Marinette. Nous allons entrer en contact avec des gens qui ne plaisantent pas et si tu préfères t'abstenir de cette partie de l'enquête, je ne serai pas fâchée. Je comprendrais. »

Plus elle y réfléchissait, plus Françoise se rendait compte que si elle choisissait le métier de journaliste, elle allait commencer à ressembler à une Loïs Lane qui aurait une identité secrète et en même temps, elle n'était pas certaine que ce ne soit pas quelque chose qui plairait à son père. Elle savait qu'il avait envie qu'elle suive ses traces, mais ça ne voulait pas dire qu'il était entièrement ravi en ce qui concernait le fait qu’elle continue à pourchasser les voleurs, quoi qu'il advienne. Cela restait un jeu dangereux auquel il n'aimait pas qu'elle joue et avec toutes les menaces de mort qu'elle avait eues, elle le comprenait.

« C'est sûr qu'il faut être téméraire pour aller chercher les informations, envers et contre tout. Mais avec ma position de Fantômette, je suis plutôt bien placée pour le faire. Et puis, je ne vois pas ce qui pourrait arriver de pire que ce qui peut actuellement m'arriver déjà, quand je vais sauver le monde. »

Suivre un individu pour en piéger un autre, voir toute une bande d'autres, c'était quelque chose d'assez classique dans la vie de Françoise. Elle était obligée d'en passer par là parce qu'elle n'avait pas la force physique ou les pouvoirs magiques qui lui permettraient de protéger les innocents par sa seule force. Alors, elle devait faire preuve de planification et de ruse, afin de piéger les coupables et peut-être de réussir à les livrer à la justice. Mais elle savait que c'était parfois beaucoup plus dangereux de rester derrière et de suivre les voyous plutôt que de se confronter directement à eux, surtout si des complices s'en rendaient compte.

« Non, pas celui qui a reçu l'argent. L'autre ! Celui qui l'a remis ! C'est lui que nous devons suivre. Mais tu as raison, nos téléphones peuvent servir, et il va falloir se montrer très prudentes pour être sûres que personne ne nous suit ou ne nous remarque. »

Marinette s'efforça de la rassurer et il fallait reconnaître qu'elle avait la bonne approche pour ce qui était de gérer le niveau de danger, mais ça ne voulait pas dire qu’elle était pour autant prête à pousser ce danger à son paroxysme. Pourtant, à partir du moment où elle le prétendait, Françoise n'avait rien d'autre à dire. Elle hocha la tête tout en l'attirant vers l'autre personne, puisqu'elle s'était trompée en comprenant ce qu'elle avait dit. Elle commença à filer sa cible de manière silencieuse et très fluide en montrant l'exemple à celle qui l'accompagnait.