(abandonné) (( legacy )) — .･✧ hermione & scorpius.

Les jours s’enchainent et se ressemblent. Et Scorpius n’avançait pas d’un poil dans ses recherches. Qu’importe les pistes qu’il empruntait, elles débouchaient toutes sur la même chose : une impasse. Même les livres de la bibliothèque de Poudlard, présent sur l’île, ne l’aidèrent pas le moins du monde. Malgré la destruction de Tom Jedusor, les horcruxes restaient un sujet d’étude très opaque et clairement inaccessible — personne ne voulait d’un Jedusor bis. Problème : ledit Jedusor était de retour et bien vivant sur cette île. Autant vous dire qu’il était déterminé à retrouver ses anciens artefacts pour protéger son existence précaire. Il allait bien sûr saisir la seconde chance qu’il lui était donné pour éviter de se faire avoir à nouveau par une bande d’adolescents un peu trop déterminée à le voir mort. Dommage pour lui, il avait un autre jeune adulte aux fesses : Scorpius. Si au départ, le jeune Malefoy ne savait pas dans quel camp aller (Gellert Grindelwald avait des arguments tout aussi séduisants que ceux d’Albus Dumbledore), la disparition d’Albus Potter, son fiancé, avait précipité les choses et surtout son engagement dans cette traque. Savoir par la suite qu’il était en possession d’un horcruxe le convainquit définitivement de s’engager. Le problème, en dehors du fait qu’il ait appartenu à Tom Jedusor, qu’il pouvait « discuter » avec et qu’il ne parvenait pas à le détruire, Scorpius ne savait pas grand-chose d’autre.

Cela serait plus facile s’il pouvait discuter avec des personnes qui ont été en contact avec les horcruxes et qui ont participé à leur destruction. Il y avait bien Albus Dumbledore qui était présent sur l’île et qui avait détruit la bague des Gaunt. Il y avait Regulus Black aussi qui était le premier à avoir mis à jour cette histoire d’horcruxe et à avoir détruit le collier de Serpentard. Énième problème : Scorpius ignorait tout ça, pour le moment. En effet, si le sujet des horcruxes était brumeux, l’identité de leur destructeur aussi — à quoi bon chercher à détruire un horcruxe quand on faisait tout pour cacher leur existence ? D’autant plus que le Dumbledore présent sur cette île n’était pas celui que la timeline de Scorpius avait connu. Même si l’homme était très intelligent et au fait de beaucoup de choses, il ne lui serait pas du très grande aide… Donc, Scorpius était dans une énième impasse. Si seulement Harry Potter, Hermione et Ron Weasley étaient là…

Il avait cru à un mirage d’abord en voyant pour la première fois Hermione Weasley se mêler à la foule d’élèves dans les couloirs de l’université. Quand il la revit à plusieurs reprises chaque fois qu’il empruntait le même couloir qu’elle, en sens inverse, pour se rendre à la bibliothèque, il comprit qu’elle était bien réelle. Il aurait pu lui courir après et l’interpeller afin d’initier la conversation entre eux, mais au moment où il eut l’impulsion pour le faire, il fut saisi d’un doute : était-elle dans le même cas que Dumbledore ? Venait-elle de la même timeline que Scorpius ? Il ne pouvait pas se fier à son âge physique, puisque, après tout, Tom Jedusor était mort à soixante-et-onze ans et l’apparence qu’il arborait était très loin d’être celle d’un vieillard dépourvu de nez. Puis merde, de toute façon qu’est-ce qu’il avait à perdre ? Hermione était sa seule piste tangible depuis un moment. Alors, quand le lendemain il la croisa dans les couloirs, il l’interpella sans détour. « Madame Weasley ! » Il avait du mal à se faufiler entre le troupeau d’élèves. Elle n’était pourtant pas si loin que ça de lui ! « Excusez-moi ! Madame Weasley ! » Avec perte et fracas, Scorpius arrivait malgré tout à se frayer un chemin jusqu’à elle, ayant réussi à attirer son attention. « Excusez-moi, bonjour… » Quelque peu essoufflé et fidèle à lui-même, il lui adressait un sourire timide. Il faut dire que c’était impressionnant de se retrouver face à la ministre de la Magie en personne ! Mais pas le temps de s’extasier. Il avait plus important à aborder. Alors, oubliant toutes les conventions sociales, il rentrait dans le vif du sujet. « Je pense pas que vous devez vous souvenir de moi. Je vous ai toujours vu très brièvement sur la voie 9 3/4 à Londres, mais je suis le fils de Drago. Drago Malefoy. » Ils étaient régulièrement bousculés par les élèves qui gorgeaient l’étroit couloir, désireux d’aller à leur prochain cours. Ça n’arrêtait pas Scorpius pour autant. « Mais c’est pas à propos de ça que je viens, j’aurais besoin de vous parler. Vous auriez cinq minutes ? » Il marquait une pause. Même si elle n’avait pas le temps, il cherchait quoi lui dire pour parer un éventuel refus. « C’est important. C’est… C’est à propos de Tom Jedusor. » Il savait que ce nom lui parlerait. Puis, depuis un moment, Scorpius ne voulait plus l’appeler Voldemort en public. Il refusait de lui donner autant de crédit et faire de lui une sorte de figure mystique avec ce surnom. Il voulait le ramener à sa condition d’humain, de semi-moldu. Il n’empêche que le ton de Scorpius restait grave, espérant avoir en face de lui une Hermione qui connaissait toute l’histoire. Ça rendrait les choses plus simples… Pour une fois.

Circuler dans les couloirs de l'université relevait parfois davantage d'un sport que de tout autre chose. Il fallait éviter les étudiants un peu trop distraits qui oubliaient de relever les yeux et ceux qui, pressés, oubliaient qu'ils n'étaient pas capables de passer à travers leurs camarades et leurs professeurs - autrement dit, ceux qui avaient un peu trop l'habitude de pousser tout le monde et qu'Hermione transformerait bien en crapaud, simplement pour leur faire comprendre que ça ne se faisait pas et qu'ils avaient le droit de regarder autour d'eux.

Aujourd'hui était un jour comme les autres. Un jour où, après avoir donné un énième cours, il fallait traverser un couloir particulièrement bondé pour rejoindre son bureau. Un jour où Hermione se répétait qu'il serait bien plus simple de passer d'un endroit à un autre par magie - mais elle s'interdisait l'usage de la magie à l'université, devant tout le monde, alors la question était réglée d'avance. Tant bien que mal, Hermione se frayait donc un chemin à travers les étudiants pressés et bavards. Et bien que la sorcière n'avait qu'une hâte, celle de retrouver le calme et la tranquillité de son bureau, elle allait devoir faire preuve d'un peu de patiente puisqu'un étudiant l'avait interpellée - et pour avoir le courage de braver ces couloirs pour la rejoindre et lui parler, il méritait qu'elle s'arrête, quand bien même sa seule envie était celle de s'éloigner de cette foule.

Hermione s'était donc stoppée pour donner à l'étudiant l'occasion de la rejoindre. Essoufflé, et timide, semblait-il, il s'excusait et la saluait. Hermione, souriante, tentait de se montrer agréable et répondit un simple : « Bonjour. » pour commencer et lui laisser le temps de s'expliquer. Elle s'attendait à entendre une énième question par rapport à un cours qui n'avait pas été compris - même si elle n'avait pas l'impression qu'il faisait partie de ses élèves - ou par rapport à une note ou, en tout cas, par rapport à quelque chose ayant un lien avec l'université ou ses cours. Ses premiers mots étaient donc bien différents de ceux qu'elle pensait entendre et, surtout, ne lui permettaient pas tout de suite de bien comprendre où il voulait en venir. Enfin, elle voyait très bien qu'il ne voulait pas en venir à quelque chose qui avait un lien avec cette université et le rôle qu'elle y jouait. C'en était même très loin - à un univers de différence. Ce garçon venait de son univers. De son monde. Et elle n'avait aucun doute là-dessus - puisque jusqu'à présent, en dehors de son monde, personne ne semblait connaître la voie 9 3/4 et surtout personne qui prétendait la connaître n'avait pour père un Drago Malefoy.

« Scorpius, oui. » Souffla-t-elle, tout en le fixant un instant, pour lui montrer qu'elle se souvenait bien de lui, contrairement à ce qu'il supposait. Hermione était surprise - et c'était le moins que l'on puisse dire. Il lui semblait bien plus grand et bien plus vieux que dans ses souvenirs, mais ses souvenirs, de cette époque, étaient tellement vagues qu'elle n'aurait même pas dû s'en étonner. Et puis, il s'était déjà passé quatre ans dans ce monde, ce qui n'arrangeait rien à cette impression. Bien qu'elle se souvenait de lui, jamais elle ne l'aurait reconnu. D'ailleurs, jamais elle ne l'avait reconnu, si elle l'avait déjà croisé dans les couloirs auparavant. Pourtant, en y regardant attentivement, il n'y avait aucun doute à avoir. Il lui ressemblait. Il ressemblait à son père. C'était donc bel et bien lui.

Elle avait certainement été trop longue à réagir, à dire quelque chose, parce qu'il avait repris la parole pour lui expliquer qu'il avait besoin de lui parler, besoin qu'elle lui accorde cinq minutes. Besoin, pas envie. Aussitôt, au choix des mots, Hermione se tendit - à tort, peut-être, mais elle avait une sorte de mauvais pressentiment. Que se passait-il ? Elle sentait la gravité et le sérieux dans sa voix, elle sentait qu'il y avait comme une véritable urgence derrière ces mots et derrière cette demande, mais pourquoi ?

Et presque aussitôt, elle comprit qu'elle avait toutes les raisons du monde de s'inquiéter, de se tendre, d'avoir peur. Il n'était pas là pour lui parler de Drago, pour lui parler de leur univers, pour lui parler de n'importe quoi ou de n'importe qui. Il était là pour une raison bien précise. Une raison inquiétante. Une raison qui la faisait frissonner. Une raison qu'elle redoutait particulièrement depuis son arrivée ici. Jedusor. Voldemort. Les traits tendus d'Hermione dévoilaient toute son inquiétude et prouvaient que le jeune homme avait réussi à avoir toute son attention. « Tu as toute mon attention, Scorpius. » Et tout son temps. Autant qu'il en serait nécessaire pour comprendre ce qu'il avait à dire. Autant qu'il en faudrait pour comprendre si ce jeune homme était une menace ou un allié. « Mais pas ici. » Parce qu'ils ne savaient pas qui pouvait se cacher parmi les étudiants et parce qu'on n'était jamais trop prudent lorsqu'il s'agissait de Voldemort. « Suis-moi. » Sans attendre la moindre confirmation, Hermione lui avait tourné le dos pour se diriger vers son bureau, se frayant difficilement un chemin au milieu des étudiants qui semblaient toujours aussi nombreux, qu'importe l'heure ou le moment de la journée. « Je t'écoute. » Avait-elle dit, à peine la porte de son bureau franchie. Malgré la peur qui naissait en elle à l'évocation de ce nom - parce qu'elle craignait naturellement pour sa famille et pour les gens qu'elle aimait - Hermione tentait de garder son calme, afin d'être en mesure de réfléchir correctement et d'accorder toute l'attention nécessaire à ce sorcier qui semblait en avoir besoin.