Bien qu'il semble relativement calme, Jayce s'efforce de ne pas succomber sous le poids du stress qui l'envahit. À peine avait-il franchi les portes du vaste édifice abritant Parker Industries qu'il fut brusquement interrompu par l'un des secrétaires de son employeur, prétextant que ce dernier souhaitait s'entretenir d'urgence avec lui. La surprise était de taille, mais elle était bien moins grande que la pression qui s'était subitement abattue sur ses épaules à la suite de l'annonce.
Se répéter inlassablement que cette convocation ne présage pas nécessairement de sombres nouvelles, et que les risques de renvoi sont minimes, c'est un moyen pour lui de se rassurer (une méthode plus ou moins efficace). Tout comme passer en revue les derniers jours qu'il a passés aux côtés du Parker, dans l'espoir de dénicher le moindre élément susceptible de justifier cette convocation subite. Mais rien à faire, rien ne vient à l’esprit du Talis, qui fouille pourtant les tréfonds de son cerveau — qui a la fâcheuse tendance de s'embrouiller en présence d’un homme qui l'impressionne autant qu'il le déstabilise.
D’ordinaire, Jayce n'est pas en proie à ce genre d'émotions. Souvent, c’est lui qui suscite cette sensation chez ses compères. Ce sentiment, aussi étrange et nouveau soit-il pour lui, n'est pour autant pas désagréable. C'est même agréable d'avoir trouvé une personne qu'il peut admirer, ici aussi. Au-delà de l'employeur compétent et bienveillant qu'il est, Peter Benjamin Parker est pour lui l'incarnation du bien. Il l'idéalise peut-être un peu trop, mais Jayce le trouve incroyablement inspirant, que ce soit par ses exploits ou son comportement. Ce qui amplifierait d'autant plus sa déception si la nouvelle qui se profile s'avérait être négative.
Il a conscience que le licenciement arbitraire ne fait pas partie des coutumes de la maison, toutefois son anxiété prend de l'ampleur lorsqu'il franchit le seuil de l'ascenseur, censé le conduire tout droit vers le bureau de monsieur Parker. Les parois réfléchissantes de la cabine lui offrent l'opportunité de s'assurer qu'il se présentera au moins sous son meilleur jour, et lui permettent de se préparer mentalement à cette rencontre. Le miroir lui renvoie son expression naturellement suffisante, celle qui le fait paraître, à tort ou à raison, comme un homme arrogant. Pourtant, sous cette façade polie et cette attitude confiante réside une profonde vulnérabilité, perçue par peu. Derrière l'assurance se cache un désir profond de reconnaissance, un besoin impérieux d'entendre des mots approbateurs d'une personne qu'il estime. Même si savoir que ce qu'il fait est apprécié ne ferait que renforcer davantage son besoin de se surpasser.
Lorsque l'ascenseur s'immobilise et que les portes se déploient, révélant toute l'immensité du luxueux bureau, Jayce estime avoir apaisé suffisamment ses nerfs pour faire face à la situation avec dignité. Il entre avec une assurance savamment contrôlée, masquant un cœur battant à un rythme bien trop rapide pour être qualifié de normal. Il se prépare à affronter l'une de ses nombreuses inspirations, un homme apparemment absorbé par ses documents, qui semble à peine remarquer sa présence.
Le Talis se racle la gorge pour attirer son attention. « Monsieur Parker ? », il marque une pause. « Votre secrétaire m’a informé que vous vouliez me voir. », ajoute-t-il d'une voix maîtrisée, malgré le stress. « Il y a un problème ? », une question qui suffirait à refléter toutes ses craintes, si elle était posée par une autre personne, peut-être. Ses yeux passent des bouts de papier qu'il tient encore entre ses mains à lui, se demandant s'ils ont un lien avec sa présence ici.