Walter s'était réveillé tôt ce matin-là, le pauvre était littéralement tombé du lit. Soupirant alors qu'il fixait le sol de sa chambre avec un grognement de mécontentement. Sûrement avait-il fait un rêve agité, même s'il ne s'en souvenait absolument pas. Il s'était redressé, agrippant des vêtements propres pour aller prendre une douche chaude. C'était une de ces journées où il ne savait pas quoi faire, par ce qu'il était à jour dans ses cours et qu'il ne travaillait pas. Une fois propre, sec et avoir dévoré un petit-déjeuner. Il quitta son appartement sans réellement avir un but. Il se laissa porter par ses pas.
C'était sans doute la raison qui l'avait conduit ici. Il avait traversé la ville sans exactement savoir où il allait. Et voilà qu'il se trouvait devant un complexe sportif, si on lui avait dit qu'un jour, il y mettrait les pieds de son propre chef, même lui ne l'aurait pas cru. Il n'était pas spécialement un grand fan de sport, ses bras chétifs en étaient la preuve et son corps maigrichon également. Pourtant, il avait la sensation qu'il devait venir ici. Walter hésita, avant de finalement entrer à l'intérieur du bâtiment. Peut-être que c'était l'occasion de se bouger un peu, de découvrir des sports qui pourraient l'aider à améliorer sa condition physique et qui sait peut-être se défendre. Il valait mieux savoir comment agir rapidement dans une éventualité où on espérait de se débarrasser de lui.
Il avait visité les lieux avec curiosité, avant de finalement repérer un endroit où il y avait un tatami sur le sol. Il s'arrêta devant l'entrée pour observer la pièce, prenant soin d'admiré l'environnement avant que son regard ne se porte sur la seule personne présente à l'intérieur. Qu'est-ce qu'il faisait exactement ? Il s'entraînait ? Walter ne put détacher ses yeux de lui, du moins pas avant que leurs regards ne se croisent et qu'ils ne se sentent totalement stupides. Ce n'était pas normal de regarder quelqu'un comme ça et il le savait, bon sang, quel idiot !
- Bonjour. Désolé... Je ne voulais pas vous interrompre. Quel genre de sport pratiquez-vous ici ?
Walter essaya tant bien que mal de regarder ailleurs, mais les mouvements de l'inconnu étaient fascinant, il secoua la tête pour finalement reporter son attention sur le tatami qui était devenu très intéressant.
« Quand nous rêvons, nous entrons dans un monde qui n'appartient qu'à nous. » Et ô combien il était parfois séduisant de se complaire dans le monde des rêves. Un monde qui n'appartient qu'à nous.. Ruminait le loup. Si loin du sien, peut-être plus loin encore des siens, Maëlan se sentait parfois aussi creux qu'une coquille vide. Si seul. Un sourire amer se dessina alors sur son visage, lorsqu'il se remémora finalement, ce vieil adage : « Le temps adoucit tout. » Eh bien, il avait appris à ses dépens, que cela n'était pas toujours un fait avéré. Mais le temps, était-il seulement le seul à blâmer pour cet outrage ? Non. Bien sûr que non. La vérité, c'était qu'il pouvait davantage s'en prendre à lui-même, puisque dans le fond, c'était lui qui refusait catégoriquement que le temps adoucisse ses regrets. Il ne voulait point oublier. Ni l'absence, ni la souffrance. Pas plus que ceux qu'il avait laissés dans son sillage... Cette éclipse lui avait tout pris et, bien qu'il eût parfaitement conscience de ne pas être le seul à avoir été dépossédé de sa vie entière, il avait grand peine à accepter l'idée de devoir s'en constituer une nouvelle ici - sans les siens.
De fil en aiguille, pourtant, le destin ou le jeu du sort - nommer cela comme il vous conviendra - avait remis Linus sur son chemin. Et quand bien même leurs anciennes querelles n'avaient pas lieu d'être en ce monde et que, semble-t-il, leur relation d'ordinaire conflictuelle s'était apaisé... Maëlan ne pouvait nier qu'il aurait préféré retrouver Dagnìs ou Elinaë. Voire sa mère, puisqu'aujourd'hui, il savait avec certitude qui elle était.
(...)
Dans ces moments-là, de doute ou de profonde réflexion sur ce qu'il avait été jadis, il n'y avait qu'une seule chose qui parvenait à le calmer un peu : le Bō-jutsu.
Le bō-jutsu étant également un art étudié séparément (ou en complément) des disciplines à mains nues de certaines formes de karaté ou aïkido, le fait d'être seul ne l'empêcherait donc nullement de pratiquer certaines séquences de Katas.
Fermant machinalement les yeux avant de débuter, afin de faire abstraction de tout ce qui se trouvait autour de lui, Maëlan ne tarda pas à se faire en mouvement en commençant quelques enchaînements et, alors qu'il se laissait doucement emporter par chacun d'eux, quelque chose attira finalement son attention. Un regard. C'était presque comme s'il avait pu le sentir sur lui avant même que son propre regard n'aille à la rencontre de celui qui l'avait trouvé le premier. Ne tardant pas alors à découvrir la silhouette qui se tenait là, dans l'embrasure de la porte, Maëlan lui offrit un sourire.
- Bonjour. Désolé... Je ne voulais pas vous interrompre. - Il n'y a aucun mal à cela. Le rassura-t-il. - Quel genre de sport pratiquez-vous ici ? - Le bō-jutsu. C'est un art martial japonais qui, pour être on ne peut plus précis, l'apprentissage du maniement du bâton long - (à ne pas confondre avec le jō-jutsu, qui est, quant à lui, pratiqué avec du bâton court). Lui expliqua-t-il brièvement en gardant ses dernières informations pour lui seul. Il n'avait guère envie d'assommer le nouveau venu avec tout ce blabla théorique.