"The scariest monsters are the ones that lurk within our souls" | Violet
Invité
Sam 1 Juil - 15:26
"The scariest monsters are the ones that lurk within our souls"
Votre première rencontre s’était faite à travers des échanges écrits. Après avoir dévoré les romans de Violet, tu avais pris soin de complimenter son style et sa maitrise des éléments horrifiques dans de longs paragraphes, dignes des thèses dont tu étais habitué à écrire. Tu fus étonné d’apprécier converser avec la jeune femme, au point de souhaiter la rencontrer, sans qu’elle ne fasse partie d’un quelconque plan. Deux simples passionnés de littérature, qui allaient discuter de leurs dernières lectures et des prochains écrits de l’autrice.
Tu lui avais donné rendez-vous dans un salon de thé auquel tu avais l’habitude de te rendre, appréciant le calme et l’esthétique des lieux. Tu avais réservé une table et étais arrivé en avance, profitant de l’attente pour te plonger dans la lecture d’une nouvelle. Ainsi, tu faillis ne pas remarquer la jeune femme s’avancer vers toi, après que l’aiguille eut tourné sur le cadran de ta montre. Tu fermas et posas délicatement le livre sur la table, comme l’on faisait attention à la plus fragile des créatures, non sans une once d’adoration dans le geste, puis te levas afin de la saluer d’une main tendue. Peu friand des contacts physiques, ce fût un grand effort de ta part ; la poignée de main fut bref et ferme. Tu repris place ensuite, tête penchée sur le côté tandis que tu la regardais avec curiosité.
- Mademoiselle Harmon, c’est un plaisir de vous rencontrer en chair et en os. J’espère que le cadre vous plaît, c’est une librairie que j’affectionne, et j’ai hypothesé qu’il en serait de même pour vous.
Ça n’était pas du tout dans les habitudes de Violet de rencontrer ses admirateurs ou admiratrices. N’allez pas croire qu’elle n’avait pas envie de rencontrer son lectorat ! Disons plutôt qu’elle préférait minimiser toute interaction sociale comme elle était très loin d’en être friande et surtout, elle avait un mal de chien à se mêler à la foule. Elle n’était pas introvertie ou timide, elle n’aimait tout simplement pas les gens. Et ce depuis toujours. Le harcèlement scolaire qu’elle avait subi toute sa vie n’avait pas aidé à se défaire de ce sentiment.
Avec Jonathan, c’était différent. Au départ, elle pensait que c’était un lecteur comme tous les autres auquel elle avait répondu mécaniquement. Toutefois, il avait su attirer l’attention de Violet avec la justesse de ses analyses, mais aussi avec ses commentaires détaillés et très intéressants intellectuellement parlant qui poussait à la discussion. Au fil du temps, elle ne le voyait même plus comme un lecteur ou un admirateur, mais comme son égal dans l’exploration de l’horreur littéraire. Sur son blog, il n’était pas rare qu’elle lui dédie certains chapitres en l’apostrophant à la fin de son post d’un « Jonathan (il se reconnaitra), j’espère que ce chapitre vous plaira, il m’a donné du fil à retordre ! Votre dévouée ~ » Puis l’écrit avait ses limites alors, un rendez-vous s’était naturellement imposé. Violet avait accepté de boire le thé en sa compagnie. Advienne que pourra !
Violet était un peu en retard. Prise dans l’un de ses écrits, elle n’avait pas vu l’heure passer ! D’ailleurs, elle imprimait son premier jet et le fourrait dans son sac. Elle pourrait le montrer à Jonathan en avant-première et lui demander son avis. D’une honnêteté rare, elle savait qu’il lui dirait sans détour si quelque chose n’allait pas dans son jet. Bref, assez perdu de temps, elle filait une fois ses chaussures enfilées et son sac, chargé de son chapitre, mis en bandoulière. Violet faisait tellement tout pour réduire son retard qu’elle n’avait même pas le temps de s’angoisser par rapport à cette première rencontre.
Violent entrait dans La Muse des Lettres avec perte et fracas. Quelques clients la toisaient même du regard à cause du bruit qu’elle avait causé, mais c’était le cadet de ses soucis. Elle était plus occupée à balayer la pièce du regard à la recherche d’un homme seul — c’était tout ce qu’elle savait sur Jonathan. Quand elle pensait l’avoir trouvé, elle se dirigeait vers sa table. « Jonathan Crane… ? » Demandait-elle assez fébrile, serrant l’anse de son sac. Visiblement, elle était tombée sur la bonne personne puisque le principal intéressé refermait son livre et lui tendait sa main. Violet, qui avait du mal avec les interactions sociales, était décontenancée et ne savait pas quoi faire de sa main au départ avant de se souvenir qu’elle avait juste à la serrer. Une fois les salutations maladroitement faites, elle s’assit en face de lui et souriait à ses paroles. Elle s’autorisait même une petite plaisanterie pour lui répondre. « Mh… Je suis un peu déçue, je dois dire… » Elle regardait autour d’elle. « Vu notre amour pour l’horreur, j’aurais cru que tu m’attendrais dans une ruelle sombre, un couteau à la main… » Si elle savait qui elle avait réellement en face d’elle… Elle reposait son regard sur Jonathan et après avoir gardé son sérieux pendant une seconde, Violet riait. « Je plaisante. C’est parfait. » Elle lui offrait un sourire tandis qu’elle se débarrassait de son sac, posant la lanière sur le dossier. « C’est aussi un plaisir pour moi de te rencontrer. C’est cool de passer de l’écran à la réalité. » Malgré son stress. Malgré le fait qu’il avait fallu qu’elle se mette un sacré coup de pied aux fesses pour ne pas annuler mille fois le rendez-vous à cause de son anxiété sociale. D’ailleurs, ce n’est qu’à ce moment-là qu’elle se rendit compte qu’elle avait peut-être été un peu trop familière. « Oh, je peux te tutoyer, au fait… ? » Elle mordait sa lèvre, rougissant légèrement de peur d’avoir commis un impair. Violet avait trop pris l’habitude de tutoyer les gens qui avait plus ou moins le même âge qu’elle.
Invité
Lun 25 Sep - 23:58
"The scariest monsters are the ones that lurk within our souls"
Vos regards se croisèrent, et tu notas qu’elle était observatrice, d’avoir réussi à te trouver parmi les autres clients avec le peu d’informations que tu lui avais laissé quant à ton apparence. Elle semblait socialement anxieuse, et tu attendis patiemment qu’elle saisisse ta main, sans aucun jugement. Tu haïssais ce genre de gestes, retenant pour votre prochaine rencontre – s’il y en avait une – que cela ne sera pas nécessaire.
A sa plaisanterie, que d’autres auraient trouvé de mauvais goût, tu laissas échapper un souffle amusé. Tu étais amusé par l’ironie, également. Non pas que tu l’aurais assassiné ainsi, comme la plupart des meurtriers sans aucune imagination. Tu ne désirais pas, de toute manière, te débarrasser d’elle, même avec tes méthodes habituelles : elle était bonne écrivaine, et tu attendais impatiemment la sortie de ses prochaines œuvres.
- Allons, cela aurait manqué d’imagination. Quelqu’un qui maitrise autant l’horreur mérite une mort digne de ses écrits. Nous pouvons nous tutoyer, oui, si cela vous permettra d’être plus à l’aise.
Tu avais observé son rougissement et son mordillement de lèvre anxieux. Elle craignait de commettre une erreur ; la peur du regard des autres était couramment associée à la timidité. Sa carrière d’écrivaine pouvait l’aider à passer outre sa carapace, si sa notoriété était positive, ou au contraire la fragiliser davantage si les critiques et les lecteurs en faisaient la personne à abattre. Cela serait bien dommage, vu son talent.
- Tu n’as pas à être inquiète, je ne suis pas à cheval sur les règles sociales, loin de là. Elles sont, bien souvent, une perte de temps. Et puis ce n’est pas tous les jours que j’ai l’occasion de rencontre un auteur que j’affectionne… Après tout, ils sont tous décédés depuis des siècles.
Un léger rictus, à peine perceptible, agrémenta ta blague.