Maman. Doux mot que Scorpius n’avait plus eu l’occasion de prononcer depuis des temps immémoriaux. Il s’interdisait même d’y penser. Trop douloureux. Scorpius ne cherchait pas pour autant à chasser Astoria de sa mémoire ou même à la noyer dans les mers de l’Oubli. Il préférait juste ne pas éveiller inutilement son souvenir. Elle lui manquait. Atrocement. Pire encore dans ce monde où il n’avait le droit qu’à la solitude — il s’y était condamné de lui-même en s’exilant, mais Scorpius n’avait jamais été un garçon particulièrement entouré. Réduire son existence à l’isolement restait avant tout faux. Peut-être n’avait-il pas grandi entouré d’enfant de son âge, mais à peine fut-il entré dans le Poudlard Express qu’Albus Potter devint la personne la plus importante de son univers. Encore aujourd’hui, bien qu’il ne soit plus là. Il était dans le cœur de Scorpius ainsi que dans sa tête avec la myriade de souvenirs qui la peuplait et c’était tout ce qui importait. Comme pour Astoria, Scorpius ne cherchait pas à éveiller inutilement sa mémoire à son sujet afin d’éviter de perdre pied. Il avait mis des mois à remonter la pente, ce n’était pas le moment de flancher. Il savait quand et comment se souvenir d’Albus, notamment lorsqu’il perdait de vue son objectif premier: le venger. Sur une note plus joyeuse, sa vie sur l’île n’avait pas non plus était faite de solitude. Aelita était le deuxième être à avoir peuplé son univers. Dans le cœur de Scorpius, elle était bien plus qu’une amie — c’était sa sœur. Il ne lui en avait jamais parlé de vive voix, parce qu’il était assez pudique à ce sujet, mais plus les jours passaient et moins il pouvait la considérer autrement que comme une membre de sa famille à part entière. Il ne l’avait pas encore retrouvé, pas par manque d’envie, mais par peur, parce que, comme tous les autres qu’il estimait et aimait, Scorpius l’avait brutalement laissé sans nouvelle.
Il y avait une autre personne importante dans sa vie et sur laquelle le jeune homme pouvait écrire des pages entières — Queenie. Elle avait toujours été là pour lui, mais surtout pour le protéger et lui tendre ses bras quand il en avait cruellement besoin. Drago avait été présent pour son fils d’une certaine façon, mais le souci du père était qu’il reproduisait les erreurs éducatives des hommes de la famille en ne montrant quasi aucune émotion, mais surtout en ne favorisant sous aucun prétexte le contact physique. Scorpius avait en quelque sorte brisé cette malédiction parce qu’il avait plus d’une fois pris Drago spontanément dans ses bras, mais la situation inverse lui manquait à un point que son père ne pouvait même pas imaginer. Et sans qu’elle le sache, Queenie avait comblé ce vide en lui à travers sa tendresse, sa douceur et surtout son attention et sa protection. À bien des égards, la sorcière lui rappelait sa mère, et au fil des mois, elle avait fini par prendre cette place dans la tête et dans le cœur du jeune homme. Il n’oubliait pas Astoria. Jamais de la vie. Sous aucun prétexte. Mais au lieu de dire qu’il avait qu’une mère, Scorpius clamait haut et fort qu’il en avait deux. Si Queenie n’avait pas été là dans les moments de doute avant son exil, il n’aurait pas donné cher de sa peau. Aussi fort soit-il, Scorpius restait un jeune homme de dix-huit ans peureux. C’était Albus son bouclier, Albus qui lui donnait de la force. Depuis sa disparition, il avait puisé cette ressource ailleurs pendant qu’il avait laissé mijoter sa colère et sa soif de vengeance. Mais depuis peu, il se sentit péricliter et ressentait le besoin de sortir de cet ostracisme volontaire en payant une visite à sa mère de cœur.
Scorpius ne savait pas comment il serait reçu par Queenie. Elle avait beau être la personne la plus gentille du monde, elle avait ses limites comme tout un chacun et autant dire que l’attitude de Scorpius avait été la pire. Combien de personnes avait-il laissé dans l’inquiétude la plus totale ? Jusqu’à aujourd’hui, ce n’était pas quelque chose qui l’avait préoccupé outre mesure. Sa jeunesse et son impulsivité pouvaient expliquer beaucoup de choses, mais ce n’était pas pour autant une raison. Plusieurs fois il avait songé à rebrousser chemin et retourner se terrer dans son trou sur la plage. Comme un gosse pris en faute, il avait peur de se faire engueuler par Queenie ou, à minima, de se faire remonter les bretelles et il ne savait pas s’il avait la force psychique nécessaire pour affronter des remontrances alors qu’il remontait à peine à la surface. Puis, sans qu’il ne sache réellement comment ni pourquoi, il avait cette petite fierté Malefoy qui le piquait. Imaginer son grand-père le toiser avec une pointe de dédain et de condescendance lui mit un coup de pied aux fesses. Il avait beau craindre Lucius autant qu’il le voulait, on ne pouvait pas lui enlever que c’était une bonne motivation pour se secouer — aucun colère n’était pire que la froideur de son aïlleul à ses yeux. Même celle de son père était plus supportable.
Le voilà devant la porte de l’appartement de sa mère d’adoption. Une petite hésitation persistait encore. Il se sentait bête — peut-être qu’elle n’était même pas là… Le jeune homme prit alors une grande bouffée d’air pour chasser ses questionnements qui n’avaient pas lieu d’être puis il ne perdit pas plus de temps. Il sonnait à la porte. Secoué par l’adrénaline et une certaine impatience, son cœur s’agitait dans un chaos à peine perceptible tant tout en lui était désaccordé. Puis il entendit enfin le verrou de la serrure s’actionner et Queenie apparut enfin. Aucun des deux n’avait eu le temps de dire quoique ce soit que Scorpius fondit en larmes en la voyant. « Maman. » Ça lui avait échappé. Mais plus que jamais, il avait ressenti le besoin de lui dire et son cœur avait parlé pour lui, qu’il le veuille ou non. Il se nichait immédiatement dans ses bras, laissant sa tête trouver sa place dans le creux de son cou alors qu’il la serrait de toutes ses forces contre elle. Sa fierté familiale le poussait dans un premier temps à étouffer ses sanglots, mais il abandonna ce carcan ridicule quand il soufflait avec la plus grande des sincérités: « Excuse-moi d’être parti... » Pour la première fois depuis des mois, il se sentait enfin en sécurité.
Invité
Mar 4 Juil - 10:44
Mom, I'm home
feat Scorpius
Tes grands yeux ronds le fixent avec un mélange de stupeur et de joie. Tu as bien du mal à croire qu'il puisse être véritablement là, sur ton palier... Après tout ce temps. Tu l'as cherché, Queenie, désespérément cherché, pendant des mois durant, inquiète au possible et sans la moindre piste exploitable à sa disposition. T'as cru l'avoir perdu pour toujours, avoir échoué à le protéger. T'as cru que tu ne le reverrais jamais... et avoir perdu, une fois de plus, quelqu'un à qui tu tiens tant... Tu t'es sentie maudite, Queenie, comme si tu ne pouvais que répandre le mal auprès de toi. Mais il est là, à présent, en face de toi. Tes lèvres tremblent légèrement d'émotion, et un voile de larmes baigne ton regard limpide.
"Mon chéri..."
Ces mots, maman, te touchent en plein coeur. Tu as voulu jouer le rôle de mère auprès de lui, tu te sens soulagée de constater que c'est ainsi qu'il te perçoit, en même temps que tu redoutes d'avoir justement échoué en tant que mère. Après Jacob, tu as renoncé à l'idée même de fonder une famille. Non seulement cela te semblait absurde, insensé... Mais surtout, cela te paraissait foncièrement égoïste. Mais si tu ne penses pas mettre un jour au monde un enfant de chair et de sang, tu veux être une mère digne de ce nom... tu veux qu'il puisse vraiment se tourner vers toi, en toute confiance. Tu veux qu'il ne regrette pas d'avoir pris son courage à deux mains pour te retrouver. Tu le serres contre toi, aussi fort que tu le peux, soulagée de le savoir de retour et, semble-t-il, en bonne santé.
"Ne t'excuse pas mon coeur, l'essentiel c'est que tu sois là, maintenant", dis-tu avec toute la sincérité du monde en t'écartant légèrement pour lui adresser un sincère sourire. "Entre, je vais nous préparer du chocolat chaud", tu suggères alors en l'invitant à prendre place dans ton modeste appartement.
Tu n'attends pas qu'il soit installé à la table de ta petite cuisine pour t'affairer à lui préparer la boisson chaude la plus gourmande possible, armée de ta baguette magique, que tu agites en l'air avec expertise - la force de l'habitude.
"Où est-ce que tu étais ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Raconte-moi..."
Tu t'installes à la table, en face de lui, tout en déposant sa tasse devant lui. Bien sûr, tu connais une partie de l'histoire, l'élément déclencheur, tu sais ce qui est arrivé à ce pauvre Albus... Mais tu veux connaitre son histoire, de son point de vue, et surtout, tu veux savoir comment il s'en est sorti, et comment il compte s'en sortir. En espérant que le pauvre Scorpius saura rebondir après toutes ces épreuves. En ce qui te concerne, tu as l'intention de lui tendre la main et d'être présente pour lui, à présent, quoi qu'il advienne.
PrettyGirl
Invité
Mer 16 Aoû - 21:38
Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
Par où commencer ? Comment expliquer qu’il n’arrivait pas à faire son deuil malgré tous ses efforts ? Comment expliquer qu’il avait une soif impossible à étancher de vengeance et qu’il souhaitait retrouver Voldemort à tout prix pour le saigner à blanc ? Comment expliquer que sa colère et sa tristesse étaient le moteur d’une haine sans limite et de sa motivation dans cette entreprise de destruction ? Comment expliquer qu’il n’avait plus envie de vivre lui-même parce qu’il estimait qu’une vie sans Albus à ses côtés ne méritait pas d’être vécue ? Il ne pouvait pas le dire à sa mère. Il ne pouvait pas se permettre d’être égoïste. La plupart du temps, Scorpius parvenait à maîtriser ses pulsions suicidaires parce qu’il avait un but précis en tête, des semblants de rationalité qui remontaient à la surface de manière cyclique — Je ne peux pas infliger ça aux gens que j’aime. Mais… Au fond de lui, il savait qu’une fois sa vengeance accomplie, il partirait le rejoindre. Parce que le manque d’Albus était insupportable. Invivable. Inextricable. Surtout lorsqu’il ne cessait de s’accroitre. Tu ne peux pas faire ça à Queenie, Scorpius. Ni à Aelita. Ni à tous les gens qui t’aiment. Albus ne voudrait probablement pas ça, supputait-il, mais Scorpius avait bien du mal à voir le bout du tunnel, à se raisonner. Il n’avait que dix-huit ans et pourtant il avait été confronté à la mort à de trop nombreuses reprises et il n’en pouvait tout simplement plus. Elle ne faisait pas de quartier, emportant à chaque fois les êtres qu’il aimait le plus au monde. Du plat de sa main, il tentait d’endiguer cette vague de larmes qui déferlait sur ses joues. Il s’aidait parfois de sa manche, mais rien n’y faisait. À regret. Il était inconsolable, piégé dans ses regrets et ses remords.
Il s’assit enfin à table de la cuisine, mordant ses lèvres pour en contenir les tremblements. Cette année d’isolement avait fait naitre chez lui une certaine pudeur et fierté émotionnelle qu’il n’avait pas spécialement auparavant, mais devant Queenie, il ne pouvait pas mentir. « Mh… Je… » Il cherchait ses mots. Son trop-plein d’émotions rendait ses pensées encore plus confuses qu’elles l’étaient déjà. Timidement, il se lançait : « Je… Tu crois qu’un jour je… j’arriverais à… à vivre sans Albus ? Sans que ça me fasse mal constamment, là ? » Il désignait son sternum. Depuis que l’amour de sa vie avait disparu, Scorpius vivait constamment avec une boule d’angoisse et de colère logée ici. Il ignorait s’il voulait réellement s’en débarrasser, habitué à ce qu’elle soit là et qu’elle le démolisse un peu plus autant qu’elle lui donnait une raison de se lever le matin. « Parce que… C’est super dur. Trop, trop dur… » Les yeux rougis, il jetait un bref regard à Queenie avant de passer ses deux mains sur son visage pour essayer de se ressaisir, en vain. Il se rabattit alors sur le chocolat chaud. Ça lui réchauffait le cœur, brièvement. C’était mieux que rien. « J’en veux à la terre entière, mais surtout à moi-même. Je l’ai pas assez protégé. Je lui ai pas assez dit de se méfier de ce type qui lui tournait autour comme un charognard, je savais que quelque chose n’allait pas, mais j’ai rien fait pour le protéger. Rien du tout. Je me suis pas battu pour lui. J’ai été trop lâche, comme toujours. C’est de ma faute s’il est mort, maman. C’est de ma faute, la mienne. À moi. » Il était terriblement en colère — cela se voyait à la manière dont son visage se tordait. Cela s’entendait également dans sa voix, martelant chacun de ses mots avec rage. Voilà les vraies raisons de son exil : il s’en voulait. Et parce qu’il s’en voulait il ne se sentait plus capable d’affronter le monde, ne se sentait plus digne d’y vivre. Se relever seul était difficile. Se nourrir de colère et de haine, ça ne va qu’un temps. Sa présence ici en était la preuve — il était à bout. Il avait terriblement besoin d’aide, terriblement besoin d’être rassuré. Il n’avait que dix-huit ans, rappelons-le. Et qui de mieux placé que sa mère pour l’accompagner sur ce chemin de paix ? « Voldemort lui a peut-être porté le coup fatal, mais moi je suis celui qui lui a fourni l’arme, en ne faisant rien. » La voix de Scorpius était plus posée, mais surtout résignée, amère, détruite. Il n’osait même pas regarder Queenie, se noyant dans la contemplation de son reflet déformé dans le café. Il avait trop honte en plus de toute la négativité qu’il ruminait quotidiennement. « J’ai l’impression d’être maudit. Comme mon père. » Il soupirait, le regard dans le vide.
Invité
Mar 5 Sep - 10:42
Mom, I'm home
feat Scorpius
De mouvements fluides de ta baguette magique, tu t'affaires à préparer à Scorpius le plus gourmand des chocolats chauds, avec supplément biscuit et crème chantilly. Tu sais pertinemment que cette boisson chaude ne suffira pas à apaiser le coeur du pauvre adolescent, mais tu sais aussi que le bonheur et la joie de vivre passent aussi par l'estomac, et pour cette raison, tu veux le mettre dans les meilleures dispositions possibles. Tu tiens également à ce qu'il se sente complètement apprécié et soutenu, tu tiens à ce qu'il sache qu'avec toi, il peut absolument tout dire, sans que jamais tu ne lui opposes le moindre jugement. C'est important pour toi de tenir avec lui le rôle que tu as toujours voulu assumer. Un rôle que tu estimes t'aller comme un gant.
Tu déposes sa tasse sur la table devant lui et ton sourire se fige quand il te demande si un jour, il supportera la peine qu'il subit et qui le tourmente à l'idée de ne plus jamais revoir Albus. Irrésistiblement, tu penses à Jacob, à ce sentiment déchirant qui t'a habitée au moment de comprendre que vos chemins n'étaient faits que pour se croiser... Est-ce que tu cesseras un jour de penser à lui... est-ce que penser à lui cessera un jour de te faire mal ? Non... et lui, au moins, est en vie, heureux et en bonne santé. Tu as connu ça, la perte d'un être cher, pas seulement celle de Tina et Queenie, avec lesquels tu penses ne jamais renouer, mais aussi celle de tes parents, autrefois... Cette douleur sourde, tu la comprends, tu l'as vécue.
"Mon chéri..." tu te rapproches de lui pour ébourriffer doucement sa chevelure blonde, une lueur tendre et compatissante dans le regard. "Je ne dis pas que ce sera plus facile un jour, je ne dis pas que tu oublieras mais... la douleur se changera en autre chose, et ça deviendra une force. En attendant..." Ta voix tremble. Tu t'efforces de ne pas absorber sa douleur. Au-delà de ce que tu captes si aisément de ses pensées, exacerbées par sa vulnérabilité, tu es naturellement empathique, Queenie, et tu ne peux pas être indifférente à cette situation. "Tu ne dois pas avoir peur ou honte d'exprimer ce que tu ressens. Tous tes sentiments sont légitimes, d'accord ?"
Il exprime sa culpabilité, il songe à tout ce qu'il aurait pu ou dû faire différemment. C'est douloureux, mais surtout, ce n'est pas... sain... Non. Il n'a pas à porter le poids de la perte d'Albus. Il n'a absolument rien fait de mal.
"Tu n'es pas maudit, mon coeur, et tu n'es pas responsable de ce qui est arrivé. Ne pense plus jamais une chose pareille. Il y a des forces contres lesquelles il est impossible de lutter... C'est ainsi."
Et ça aussi, tu en sais quelque chose, n'est-ce pas Queenie ?
PrettyGirl
Invité
Sam 23 Sep - 15:56
Douces, réconfortantes et surtout pleines d’amour. Comment ne pas trouver l’apaisement grâce aux paroles de Queenie, toujours aussi justes ? Scorpius n’arrivait pourtant pas à embrasser la sérénité qu’elles tentaient d’instiller dans ses veines. « La douleur se changera en autre chose, et ça deviendra une force. » Malheureusement, sa peine s’était muée en colère sourde et profonde, en un tourment de haine si intense que Scorpius avait par moment l’impression de se débattre avec sa véritable nature. Chaque fois qu’il tentait d’apaiser son cœur, la tentative était infructueuse pour la simple et bonne raison que son envie de tuer était plus forte que le reste. Et une pensée intrusive en amenant une autre, ses vieux démons se moquaient de lui en trouvant bien ridicule que lui, un petit sorcier de bas étage, puisse avoir l’audace de penser qu’il pourrait un jour abattre le Seigneur des Ténèbres. « Il y a des forces contre lesquelles il est impossible de lutter… C’est ainsi. » Mais Scorpius voulait lutter. Scorpius voulait s’impliquer, montrer à Voldemort qu’il y aura toujours des gens pour se dresser contre lui-même s’ils risquaient de connaitre une mort douloureuse. Scorpius était peut-être loin d’avoir la maitrise magique de Lord Voldemort, mais il refusait de se laisser abattre en dépit de cette petite voix dans sa tête qui lui murmurait des choses horribles. C’est d’ailleurs ce qu’il répondit à Queenie. « Mais je veux lutter, maman ! Pour Albus. Pour tout ce qu’on pourra pas vivre ensemble à cause de lui. Je veux pas rester caché dans un coin. J’ai une responsabilité dans tout ça : c’était mon fiancé. J’étais censé le protéger coute que coute et au lieu de ça, j’ai eu peur ! Je me suis débiné. Il a dû se sentir incroyablement seul et je me le pardonnerais jamais. » Les caresses de Queenie dans les cheveux de Scorpius eurent au moins l’effet d’apaiser ses pleurs. Il restait toujours sur le fil du rasoir, tournait un peu en rond, mais il se fondait bien moins dans ses émotions à vif. Il reniflait, essuyait ses joues du plat de la main. On sentait même la puissance de sa colère au ton de sa voix qui parfois se haussait avant de retrouver une tonalité normale. Les conseils de Queenie étaient sages et réalistes, mais comme toute personne de dix-huit ans, Scorpius manquait de sagesse et de recul. Ses émotions parlaient avant tout pour lui.
Scorpius prit une grosse gorgée de son chocolat chaud pour apaiser ce torrent de flammes colériques qui le consumait. En dépit de ses yeux encore rougis par ses larmes, faisant luire le bleu de ses iris et sa voix secouée irrégulièrement par des trémolos, il s’adressait à Queenie avec beaucoup de sérieux ensuite : « Je sais très bien ce que Tom Jedusor est en train de faire. » À partir de maintenant, il refusait de parler de Voldemort en usant de son surnom qui avait terrifié tant de gens, sans se préoccuper du fait que Queenie ne le connaissait probablement pas. Mais Scorpius refusait de lui donner cette dimension mystique, voulant le réduire au simple sang-mêlé qu’il était. « Il essaie de m’isoler pour mieux m’attaquer comme il a tenté de le faire avec Harry, le père d’Albus et comme il l’a fait avec Albus tout court. Albus n’était que la première étape, il va me traquer aussi pour se venger de ma famille. » Ses pensées semblaient brouillonnes et désordonnées, mais c’était le simple reflet de son trouble interne et comme Queenie le lui avait demandé, il s’exprimait sans honte ni peur auprès d’elle. « Je veux pas le laisser gagner, maman, tu comprends ? » Il buvait une gorgée de chocolat. « Mon père ne s’est pas battu contre lui et il en a payé le prix fort. » Qu’importe ce que Drago Malefoy tenterait pour se racheter, redorer son image, il resterait aux yeux de tous un mangemort. Et c’était quelque chose qui hantait Scorpius parce qu’il savait que son père n’était pas que ça et qu’on ne pouvait pas le réduire qu’à cela. Drago n’avait jamais été à l’aise dans cette peau qu’on lui avait imposée. Et pour que ses arguments trouvent plus d’écho en Queenie, Scorpius se permit d’évoquer Jacob. « Jacob ne s’est pas battu pour toi et t’en a payé le prix fort, maman. » Il espérait qu’elle ne le prenne pas mal, puisque Scorpius ne connaissait pas Jacob et pas très bien leur histoire, n’étant à sa connaissance que l’essentiel. D’ailleurs, la réalité était plus compliquée que ce que Scorpius pensait, mais n’oublions pas qu’il n’avait que dix-huit ans et que certains aspects de la vie pouvaient lui échapper et qu’à cet âge on pensait généralement que tout était noir ou blanc. « J’ai pas d’autre choix que de lutter parce que je veux pas qu’on pense que j’ai rien fait pour l’homme que j’aime. » Sa voix se brisait sur la fin, rattraper par ses émotions toujours aussi à vif.
Invité
Jeu 19 Oct - 10:22
Mom, I'm home
feat Scorpius
Son besoin de lutter, de se battre, sa colère, sa rage, toutes les émotions qui le traversent et le tourmentent, tu es capable de les comprendre. Oui, ça te brise le coeur, mais oui, tu peux totalement te mettre à sa place. Tu ne voudrais pas qu'il ait à éprouver tout cela, t'aimerais être capable de l'en préserver, mais rien n'est jamais aussi simple... Rien ne se passe jamais véritablement comme on l'aurait souhaité. Et la douleur est parfois trop profonde pour être endurée. Mais tu es là, maintenant. Tu es là pour lui, et tu resteras à ses côtés quoi qu'il advienne, présente pour l'aider et le soutenir dans tous les moments les plus insoutenables d'un deuil qu'il n'aurait jamais dû connaître et qui te fend le coeur dans des proportions monumentales.
"Je t'interdis de te sentir coupable de ce qui s'est passé. Tu n'es responsable de rien, mon coeur. Parfois, peu importe à quel point on veut protéger les gens qu'on aime c'est juste... impossible, tu comprends ? Et ce n'est pas ta faute", tu commentes en te reprochant à toi-même de trouver quelque chose de si aisément commun à ta propre histoire dans la réponse que tu articules à l'adresse de ton fils de coeur.
Le seul responsable, c'est ce satané Tom Jedusor, qui doit être arrêté à tout prix... comme doit l'être aussi Grindelwald, ce qu'au fond de toi tu espères sans jamais pouvoir consentir à l'admettre à voix haute, au risque d'endurer des répercussions que tu ne te sens pas la force de soutenir.
"Il pourra essayer de t'isoler, mais tu es là... alors c'est que tu n'es pas seul, n'est-ce pas ? Et tu n'as pas besoin d'être seul pour l'arrêter. Ce n'est pas un combat personnel, c'est beaucoup plus complexe que ça", tu réponds avec douceur, en espérant que tes paroles trouveront un minimum d'écho dans l'esprit tourmenté du pauvre Scorpius. "Je ne te dis pas qu'il faut que tu renonces à tout, ou que les choses doivent rester comme elles sont, mais je ne veux pas que tu te lances dans quelque chose que tu finiras par regretter..."
Un projet de froide vengeance qui s'achèvera naturellement en drame, parce qu'il ne saurait en être autrement. Le sourire bienveillant que t'affichais jusqu'alors, qui n'était pas heureux mais juste sincère, s'efface quand il évoque le nom de Jacob.
"Tu te trompes", tu ne peux t'empêcher de le contredire d'une voix tremblante. "Jacob s'est battu pour moi, c'est moi qui n'ai pas..." Tu ne finis pas ta phrase, ce n'est pas le sujet, et ce n'est surtout pas le moment de penser à lui. "Personne, jamais, ne s'imaginera que tu n'as rien fait pour l'homme que tu aimes, ça je peux te le garantir."