(abandonné) (( is it too late now to say sorry ? )) — .･✧ aelita & scorpius.

Aelita était de loin la personne qui méritait le plus des excuses de la part de Scorpius. C’était sa meilleure amie. Elle avait toujours été là pour lui et il n’aurait jamais assez d’une vie pour la remercier d’avoir supporté son comportement détestable lorsqu’il avait perdu Albus. Malgré tout ça, malgré l’importance qu’elle avait pour lui et le respect qu’il avait pour elle, il l’avait lâchement abandonnée. Qu’il ne prévienne personne au sujet de son exil volontaire était une chose, mais qu’il laisse Aelita, celle qui prétendait considérer comme une sœur, dans la confusion s’en était une autre. Elle ne méritait pas ce mépris. Elle ne méritait pas ce silence. Surtout de sa part alors que l’affection qu’ils avaient l’un pour l’autre était réciproque. Mais jamais cela n’avait effleuré l’esprit de Scorpius dans sa pulsion égoïste. Sans scrupule, il lui avait infligé le pire des maux. Sa position l’avait même rendu brièvement hypocrite. Combien de fois avait-il reproché à son père sa froideur émotionnelle et son mutisme dès que quelque chose le touchait personnellement ? Trop de fois. Et visiblement, sur ce point, Scorpius était comme Drago ou plutôt il était devenu comme lui. La disparition brutale d’Albus avait fait changer Scorpius du tout au tout. Quelque chose de sombre avait éclipsé le petit soleil qu’il était. Quelque chose de mauvais avait terni son positivisme à toute épreuve et ses peurs d’hier s’étaient transformées aujourd’hui en arme. Pendant des mois, il n’avait cultivé qu’une seule émotion : des tourments violents. Son amitié avec Aelita n’avait pas pu empêcher une telle catastrophe de se produire au point que Scorpius n’avait donc rien trouver de mieux que la fuite pour se reconstruire, mais aussi mariner ses problèmes seuls et revenir avec un plan d’attaque.

Dire qu’il allait bien aujourd’hui était un peu exagéré. Disons qu’il avait réussi à faire la paix avec certaines choses, qu’il avait fait un travail sur lui-même, mais que certaines plaies profondes restaient encore à cicatriser. En quelques mois, il avait pris dix ans. C’était sûrement une exagération immense et grossière de dire ceci, mais c’est ainsi que la mort d’un être cher agissait sur autrui. En perdant Albus dans des circonstances aussi atroces, Scorpius avait perdu un bout de lui-même, déjà qu’une grosse partie était enterrée avec sa mère. Ça avait été difficile pour lui de sortir la tête hors de l’eau, mais il avait réussi par lui-même. Pour le reste, il n’y arriverait pas seul et il avait fini par le comprendre quand le manque d’Aelita se fit cruellement sentir, plus qu’avec ses autres amis.

Comment renouer ? Pas avec un message ou un coup de fil, ça serait tout bonnement minable de sa part et empirerait probablement son cas si Aelita nourrissait à son égard une certaine véhémence. Il n’avait pas d’autre solution en stock que celle de se pointer inopinément soit à la fac, soit à l’orphelinat ou à la boite où elle travaillait en tant que djette et tenter d’entamer le dialogue. Ça serait probablement très maladroit de sa part le connaissant, mais il valait mieux ça qu’un pauvre SMS. Après réflexion, il avait décidé que l’aborder dans la boite de nuit où elle mixait était la meilleure des solutions. Il avait répété le plan dans sa tête et si jamais elle refusait de le voir, il estimait que c’était moins humiliant de partir, cacher dans la foule, que dans un coin qui impliquait plus de solitude. Se rendre en boite ne l’enchantait pas spécialement après tous ces mois à ignorer le monde, mais Scorpius n’avait pas d’autres choix que celui-ci.

Une fois dans la boite, il était complètement en décalage avec l’ambiance, hermétique à la musique. Scorpius était enfermé dans son stress et surtout il avait hésité plusieurs fois à fuir. Il n’allait pas mentir, il était très ému de la revoir et n’avait qu’une seule hâte : la retrouver ainsi que leur amitié si chère à ses yeux. Toutefois, en parallèle, il était persuadé que ça se passerait mal, qu’Aelita n’accepterait pas ses excuses et surtout, il se rendait compte qu’il n’avait pas réellement d’explication à lui fournir au sujet de son silence. En bref, selon lui, il était dans la merde. Pas le temps de réfléchir davantage, voilà qu’elle avait déjà fini son set. Il avait eu une idée, peut-être nulle, pour attire son attention. Il courut vers le bar et commanda auprès du barman la boisson préférée de la jeune femme. « C’est pour Aelita, la djette. » Le barman refusait catégoriquement. S’il devait donner les verres chaque fois qu’un type voulait en offrir aux djettes qui passaient par ce club, il n’aurait pas fini. « S’il vous plait. C’est vraiment important. » Toujours non. Scorpius allongeait alors deux billets. Le barman flancha définitivement quand il en sortit un troisième. Comme quoi, sa morale… Vraiment à géométrie variable. Le barman se dépêchait de rattraper Aelita avant qu’elle ne disparaisse dans les coulisses et lui tendit le verre. « Tiens. De la part du mec blond là-bas. » Il pointait Scorpius du doigt, assis au comptoir. Lorsque Aelita le remarqua, il se raidit, complètement paralysé par son stress. Bien qu’il lui adressait un geste de la main extrêmement timide et bien que l’endroit soit peu éclairé, on voyait bien à sa mine qu’il était profondément désolé, qu’il voulait faire un pas vers elle sans trois savoir comment et que sa maladresse n’était que le fruit de bonnes intentions. Il espérait qu’Aelita vient le rejoindre et que la conversation s’engage sinon… Sinon il n’aurait plus que ses yeux pour pleurer.

Scorpius n’allait pas mentir, il avait douté à plusieurs reprises de sa légitimité à revenir dans la vie d’Aelita, de la perturber encore alors qu’il s’était montré méprisant en coupant contact. Il avait été égoïste dans cette histoire et il le savait parfaitement. Certes, sa naïveté s’attendait à ce que tout le monde accueille son retour les bras ouverts, mais il n’oubliait pas qu’il était tout à fait possible qu’on le rejette. Aelita avait, fort heureusement, dissipé cette crainte en l’étreignant. Scorpius se sentit tout de suite chez lui dès qu’il retrouvait les bras de sa meilleure amie qu’il voyait ni plus ni moins comme un membre de sa famille à part entière. « J’ai cru que je te reverrais plus » Lui aussi en avait douté puisque pendant des mois, sa seule envie avait été de mettre fin à son existence pour rejoindre Albus qu’il pensait mort. Se relever avait été incroyablement difficile, mais les moments heureux partagés avec Aelita l’avaient aidé en partie à se sortir de son mal-être. Il restait encore beaucoup de travail, mais chaque chose en son temps. Qu’il profite de l’instant présent pour le moment. Notamment en la serrant en retour de toutes ses forces dans ses bas sans l’étouffer. Il se permit même de déposer un baiser contre sa joue juste après que la jeune femme lui ait dit qu’il lui avait manqué. « Toi aussi, Aeli… Je te jure. » C’était dur sans elle, en vérité. Il estimait qu’il était inutile de lui dire puisque son comportement tendait à prouver le contraire puisqu’il n’avait pas donné signe de vie jusqu’à aujourd’hui. « Mais je te laisserai plus maintenant. » tenait-il cependant à souligner, gardant Aelita encore un peu dans ses bras. Il n’avait pas pu s’empêcher de sourire pour une tout autre chose : Albus aurait probablement pesté de les voir tous les deux enlacés alors que Scorpius n’avait d’yeux que pour lui et Aelita pour Xavier, aux dernières nouvelles.

Puis Aelita rentrait, malheureusement ou non, dans le vif du sujet quand ils se détachèrent de l’un et de l’autre, un peu à contrecœur du côté de Scorpius, il fallait bien l’avouer. « Où est-ce que tu étais ? Est-ce que tout va bien ? » Vaste question à laquelle il n’était pas sûr de savoir la réponse, pour la deuxième du moins. Il pourrait dire qu’il allait effectivement bien parce qu’il avait retrouvé certaines personnes, dont Queenie et Aelita et aussi parce qu’il s’était lié à d’autres comme Queudver et Spiderman (rien que ça !), mais… au fond… il sentait que tout ceci n’était qu’un pansement (certes très efficace) sur une plaie profonde que sa soif de vengeance empêchait de cicatriser. Il savait de toute manière qu’il ne ferait jamais son deuil d’Albus et que de voir Tom Jedusor mort l’aiderait à apaiser sa peine. Il ne se leurrait pas là-dessus. Toutefois, il n’avait pas le cœur à parler de choses tristes pour ses retrouvailles avec sa meilleure amie alors il usa d’un mensonge de complaisance, si on peut dire, pour éviter de trop l’inquiéter : « Je pense que j’ai passé le plus dur et… retrouver les gens qui me sont chers me fait du bien. Je pense… qu’Albus aurait pas aimé que je reste tout seul dans mon coin à ruminer. Il aurait tout fait pour que je sorte en tout cas, pour me changer les idées… » Scorpius esquissait un sourire fatigué avec un fond sincère malgré tout. Il y avait un adage moldu qu’il aimait bien : On est réellement mort que lorsque plus personne ne parle de nous. Alors, même si parler d’Albus lui faisait mal, il ne comptait pas arrêter. « Et pour répondre à ta première question… Je me suis isolé à l’autre bout de l’ile, sur la plage, dans une maison en bord de mer que mon père a achetée. Entendre le bruit des vagues était le seul truc qui me reposait et qui m’évitait de trop penser. » Enième mensonge de complaisance pour la rassurer — Scorpius avait en réalité passé son temps entre cette maison et Poudlard afin d’étudier tout ce qui était de son ressort pour éliminer Voldemort. « En tout cas… » concluait-il « Peu importe les raisons, j’avais pas à disparaitre comme ça et te laisser sans nouvelle, vraiment… Pardonne-moi Aelita. J’ai pas été l’ami que tu méritais. » Il pinçait ses lèvres entre elles, regardant ailleurs, se rendant compte par ce biais qu’il avait presque oublié le tumulte de la boite pendant leur conversation. Il ne lui disait pas ça pour qu’elle le brosse dans le sens du poil ou pour qu’elle ait pitié de lui, mais parce que Scorpius était tout simplement sincère dans son intention de se faire pardonner, surtout auprès d’elle. « Tu vas bien toi, j’espère ? » demandait-il assez timidement pour relancer la conversation et qu’il n’en soit pas éternellement le centre, il avait horreur de ça.